Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE V
LE PARADIS - L'ARBRE DE VIE. - L'ARBRE DE LA CONNAISSANCE DU BIEN ET DU MAL

(Genèse II, 8-16.)

C'est ici le commencement de l'Histoire. Elle débute non dans une grotte obscure retentissant des grognements inarticulés d'un être sauvage, mais dans un... palais, le plus splendide des palais.

L'Éternel Dieu planta un jardin en Eden. Eden signifie délices. L'opinion la plus répandue et la plus plausible est que ce lieu était en Mésopotamie, contrée jadis d'une fertilité proverbiale. On connaît les merveilles paradisiaques de certaines contrées tropicales. Telles îles du Pacifique furent trouvées si belles par les navigateurs qui y abordèrent, qu'ils les dénommèrent les Îles Fortunées.

Un palais, disons-nous, et un palais d'origine, car l'architecture dans ses plus belles créations ne cherche qu'à imiter et à reproduire les formes de la nature ; les troncs majestueux des arbres sont figurés par les colonnades, les dais de feuillage ajouré par le faîte et le fronton décoré d'arabesques.
Peut-on se représenter le privilège de l'homme, placé au milieu des splendeurs de la végétation, contemplant ses fleurs et savourant leur parfum, se nourrissant de ses fruits aux variétés infinies et au goût exquis !
Telle était la résidence qui lui fut assignée au milieu de son empire : Dieu fit pousser du sol tout arbre agréable à voir et bon à manger.

Il était placé là pour cultiver la terre, c'est-à-dire pour travailler. Les paresseux de tout acabit s'imaginent que la nécessité du travail est une malédiction qui pèse sur l'homme depuis sa déchéance. Grossière erreur. L'organisme humain est constitué pour le travail. Sa stature droite, ses bras qui peuvent s'étendre de tous côtés, ses mains, mécanisme prodigieux, tout le prédispose à l'activité physique, et son intelligence devait diversifier celle-ci à l'infini. L'observation de la nature, la curiosité qui lui est innée devaient le conduire graduellement à la découverte des richesses accumulées autour de lui. Cette nature, qui portait le sceau du Créateur, il devait la marquer peu à peu de son propre sceau en la pliant à sa volonté, en l'appropriant à ses besoins. C'est à cette activité que s'applique à la perfection la définition classique de l'art : homo aditus naturae, l'homme ajouté à la nature.

Le travail est pour l'homme la loi universelle et sans exception. En travaillant, il s'honore lui-même, il développe ses énergies, physiques et morales, il s'enrichit, il grandit, il boit à une source intarissable.
Tandis que l'oisiveté le diminue et le dégrade.

Pour cultiver le jardin, cela se comprend aisément et va de soi.
Pour le garder, c'est moins clair de prime abord, cela provoque l'étonnement. Le garder de quoi ? des animaux sauvages, des déprédations des sangliers ou des éléphants ? La réponse est insuffisante.
C'est ici la première évocation d'un danger, d'un ennemi. Quel était ce danger, quel était cet ennemi ? L'expérience devait le révéler à l'homme qui ne pouvait se douter encore de la réalité.
Eden, c'est le berceau de l'humanité. Or, tout berceau a un ennemi contre lequel il faut le protéger. Il faut garder le berceau, garder l'enfantelet qui y repose.
Une noce provoque l'allégresse, un mariage promet le bonheur. Il y a un ennemi : malheur aux époux qui ne sont pas vigilants.
Une villa somptueuse, un riche palais excite l'envie, la jalousie. Ce château a un ennemi qui vise à jeter la désolation dans ce qui pouvait être un lieu de délices.

On voit beaucoup de maisons abandonnées, que l'imagination populaire dit hantées, et où personne ne voudrait plus établir sa demeure. Elles retentissaient pourtant jadis du bruit joyeux de la vie, des cris d'allégresse d'enfants choyés. Un ennemi mystérieux a étouffé ces voix, a chassé de ces murs la vie qui les animait, a voué à la solitude, au silence, à l'abandon donjon et parc. Et l'on passe en tremblant, et les dévots se signent avec terreur devant ces témoins d'un heureux passé qui, sous une influence ténébreuse et maudite, a chaviré dans un gouffre dont la pensée donne le frisson.

L'homme avait besoin d'être instruit pour ne pas tomber dans le piège, pour garder son bonheur intact, en évitant que le paradis ne devînt un lieu de désolation. L'éducation divine va commencer. L'homme est à l'école comme un enfant.

Deux arbres sont spécialement mentionnés l'arbre de vie, au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Nombre de commentateurs n'ont voulu voir ici que des symboles. Mais ces traits rentrent si naturellement dans le cadre du récit et sont si parfaitement conformes aux premiers pas de l'homme dans la carrière qui lui était proposée, que rien n'empêche de les prendre à la lettre. Quoi qu'il en soit, ces deux termes sont en effet riches de sens. Pourquoi le premier de ces arbres est-il dénommé l'arbre de vie ? L'homme ne tenait-il pas sa vie de Dieu, et de Dieu seul ? Et n'était-ce pas porter atteinte à la souveraineté du Créateur que d'attribuer à un arbre ce rôle-là ?

Il s'agit ici sans doute de la vie physique de l'homme. Et la présence de cet arbre en Eden nous fournit la révélation d'un fait capital longtemps méconnu par les théologiens : c'est que le corps de l'homme n'était pas immortel. Nous l'avons dit, par son être physique l'homme tient de l'animal : il est chair, il est poudre. Or, la chair et le sang n'héritent pas le royaume de Dieu. La matière, forme transitoire et périssable de l'énergie souveraine, ne saurait communiquer ce qu'elle ne possède pas, l'immortalité. Le corps de l'homme ne portait en lui qu'un germe de vie éternelle, et ce germe devait être maintenu et développé jusqu'à ce qu'il eût absorbé l'être entier !

Que la mort ait régné dans la nature avant la chute de l'homme, c'est ce qu'établit de manière irréfutable la science géologique. Des montagnes sont constituées par des débris de coquillages sous-marins jadis vivants, la houille porte encore l'empreinte des fougères et des arbres qui couvraient la terre bien des millénaires avant l'apparition de l'homme ; le pétrole est composé en partie de matières organiques et les fossiles d'animaux de toute sorte qui abondent dans les couches géologiques antérieures à l'homme parlent un langage assez éloquent. Le doute n'est pas possible. L'animal ne fut pas créé immortel ; son corps est naturellement sujet à la décrépitude, à la dissolution qui un jour ou l'autre frappe toute matière.
Ainsi en était-il du corps de l'homme.
Et cependant, il n'eût pas dû mourir. En ceci devait s'affirmer sa royauté sur toute la nature, c'est qu'il échapperait au sort commun des végétaux et des animaux. Son âme immortelle devait imprimer à son être entier le sceau d'une durée infinie, pénétrer tout son corps charnel, de telle sorte que, selon l'expression de saint Paul, ce qui est mortel fût absorbé par la vie.
Et Dieu y avait pourvu : au milieu du jardin était l'Arbre de vie, dont les fruits devaient servir à restaurer ses forces défaillantes et les feuilles à guérir ses maladies, le préservant ainsi de la décrépitude, du déclin, de la mort.

Que l'on ne m'accuse pas de fantaisie et de déraison. À travers tous les âges l'humanité a été hantée par l'espoir d'échapper à la mort. Les alchimistes du moyen âge recherchaient avec foi et avidité l'élixir qui affranchirait l'homme du coup de ciseaux des Parques. L'imagination populaire avait inventé la fameuse Fontaine de Jouvence dans les ondes de laquelle les rides s'effaçaient et où hommes et femmes retrouvaient la vigueur et les charmes de l'adolescence.

Aujourd'hui encore les savants cherchent le moyen de soustraire notre race à l'échéance fatale. L'on a réussi à prolonger les battements du coeur séparé du corps. Le problème s'impose, l'homme de science n'a pas perdu l'espoir.

C'est que la mort est pour l'homme « le roi des épouvantes ». Non seulement parce qu'elle met un terme à son activité - elle est du reste aussi la fin de ses fatigues et de ses douleurs et lui apparaît comme une délivrance - mais surtout à cause de ce qu'elle a de mystérieux : elle se présente à lui comme une anomalie et une malédiction, comme un ennemi, l'ennemi redoutable entre tous, qui n'a pas révélé encore tous ses desseins.
Saint Paul écrit : « Le dernier ennemi qui sera vaincu c'est la mort. »

Les lignes suivantes tirées d'un ouvrage savant sont suggestives : « C'est une illusion de croire que le corps s'use avec l'âge et meurt par suite de cette usure. Nous ne savons pas pourquoi après avoir crû pendant vingt ans il cesse de croître quoiqu'il demeure exactement dans les mêmes conditions d'existence. Nous savons tout aussi peu pourquoi, après avoir acquis son maximum de développement dans ce qu'on appelle la force de l'âge, il commence à dépérir et à s'affaiblir de plus en plus, quoique l'homme âgé, le vieillard, jouisse souvent de plus de repos, de confort et d'une meilleure nourriture que le jeune homme. Dire que son corps est usé est au fond une absurdité puisqu'à soixante-dix ans il n'a plus depuis longtemps déjà le corps qu'il avait à quarante. Puisque l'homme renouvelle constamment son corps, pourquoi ne peut-il pas, à soixante-dix ans, s'en refaire un tout aussi fort et aussi sain qu'à vingt ans ? Dire que ses forces diminuent est tout aussi peu rationnel : la force de la vapeur diminue-t-elle dans une machine, une locomotive bien chauffée dont on renouvelle soigneusement toutes les parties au fur et à mesure qu'elles s'usent ?

« On le voit, pour quiconque réfléchit, la croissance, le dépérissement et la mort du corps sont des énigmes. Aussi un éminent naturaliste s'écriait-il après y avoir longtemps réfléchi : « Je ne sais vraiment pas pourquoi nous mourons ! » Des biologistes comme Bichat et Claude Bernard discutent s'il y a une cause de vieillesse et de mort inhérente à l'homme, ou seulement un concours de milieux, de circonstances nuisibles à la vie et qui, peut-être, pourraient peu à peu être éliminés. »

Ah ! certes, l'arbre de vie avait sa place marquée en Eden ! En mangeant de ses fruits, l'homme devait échapper à la loi fatale, inéluctable de la matière, dissiper ses fatigues, renouveler sans cesse ses forces défaillantes et poursuivre sans arrêt sa course dans la voie qui s'ouvrait à lui pour le conduire à l'immortalité.
Mais les bienfaits de l'arbre de vie étaient subordonnés à une condition essentielle et capitale.

Reprenons la comparaison du berceau guetté par l'ennemi. Comment parer au danger menaçant ? Les parents savent qu'il faut agir au plus tôt sur l'enfant lui-même, l'armer pour la lutte prochaine. À cet effet, il y a chez cet être innocent quelque chose à développer. L'intelligence ? Sans doute, mais c'est insuffisant. Il faut agir sur sa conscience, l'éveiller et la guider, lui enseigner à discerner le bien du mal. Or, il n'y a qu'un moyen, un seul : lui apprendre à obéir. Tout est là. L'obéissance, c'est le grand mot de la vie. Ce qui assure l'avenir de l'enfant, ce n'est pas autre chose que l'obéissance, à ses parents d'abord, à sa conscience, puis à Dieu, auquel le conduiront ses parents et sa conscience. Jésus était soumis. Or, cette éducation, qui prépare tout l'avenir, débute par de petits détails, par des défenses, des interdictions portant sur les choses les plus rudimentaires, le manger et le boire. C'est peut-être en cela qu'a consisté notre premier péché : dérober une friandise.

Tel était le rôle assigné au second arbre mentionné, celui de la connaissance du bien et du mal : faire faire à l'homme le premier pas dans l'obéissance, lui faire gravir le premier degré du chemin qui monte à Dieu.

Quelle était l'essence de cet arbre dans lequel l'imagination populaire s'obstine à voir, sans raison, un pommier ? Notre ignorance est complète. Avait-il des propriétés particulières, propres à « ouvrir les yeux » de l'imprudente qui s'arrêta sous son ombrage ? Ou bien devait-il servir simplement de pierre de touche, de pierre de scandale contre laquelle l'homme pouvait buter et trébucher, mettant ainsi à l'épreuve la vertu de nos premiers parents ? Nous y reviendrons dans la suite.

Bien et mal sont évoqués ici pour la première fois. L'origine du mal ? Gros problème que nous essayerons d'aborder dans le prochain article, mais qui demeurera le grand mystère... jusqu'au jour ou les choses cachées seront révélées. Il ressort avec évidence du récit génésiaque que le bien est de Dieu, c'est Dieu lui-même. Lui imputer la responsabilité du mal serait blasphémer. Le mal n'est pas de lui ; c'est son ennemi.

Or, il y a deux manières de connaître le mal. L'une est négative, elle consiste à l'éviter et à voir de loin ses méfaits. Ainsi le connut Jésus, et nul n'en eut une science plus vraie et plus complète. Il en vit si bien la gravité et l'horreur, qu'il n'hésita pas à sacrifier sa vie pour arracher les victimes du péché au sort effroyable qui les attend.

L'autre manière, positive, consiste à céder à ses trompeurs appas et à le pratiquer. Sur cette voie, l'homme se sépare de Dieu, source de vie, est emporté par le péché et tombe au pouvoir de celui qui en est l'auteur, le prince des ténèbres et de la mort. Ainsi le connut Judas, qui laissa la convoitise pénétrer dans son coeur. Satan entra en lui, consommant sa ruine avec son forfait. Après avoir poussé le cri du remords : « J'ai trahi le sang innocent », Judas s'en alla et se pendit.

Si l'homme obéissait, il apprenait à connaître le bien par expérience, et le mal par la vue du danger auquel il avait échappé, de même que l'ascensionniste mesure du haut d'une cime la profondeur de l'abîme où il aurait pu tomber. S'il désobéissait au contraire, il apprenait à connaître le mal par expérience et le bien comme un bonheur perdu, ainsi que du fond de l'abîme on mesure du regard la hauteur de la cime à laquelle on devait parvenir.
Tels sont les deux modes qui s'offraient à l'homme.

Entre eux il avait à choisir. Il était donc l'arbitre de sa propre destinée, il allait être l'artisan de son bonheur... ou de son malheur éternel.
En un mot, il était libre.

Ah ! pourquoi donc possédait-il cette faculté-là, pourquoi portait-il cette arme à deux tranchants ? N'eût-il pas mieux valu qu'il fît le bien par nécessité, par impossibilité de mal faire ?

Lui arracher sa liberté, ce serait lui enlever sa couronne, le ravaler au niveau de la brute guidée par le seul instinct. L'homme était appelé à refléter Dieu en faisant le bien. Or, qu'est-ce que le bien, sinon l'accomplissement libre et voulu du devoir ? Pour que le bien soit le bien, il faut qu'il soit doublé de la possibilité de faire le mal. Quel est l'homme vertueux, sinon celui qui, ayant été sollicité par le mal, a résisté par amour pour le devoir que lui dictait sa conscience ? L'homme de bien est un vainqueur. La vie se charge de nous l'enseigner... parfois à nos cruels dépens.

Jésus fut le grand vainqueur. Il refit la carrière proposée à l'homme et triompha de l'adversaire. Tenté comme Adam, il sut répondre : Arrière de moi, Satan ! et rester fidèle à la vraie devise de l'humanité : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul. »

La première tâche d'Adam, limitée au jardin, laisse entrevoir celle de l'humanité à l'égard de la terre entière : faire du monde un Eden et de cet Eden le théâtre du règne de Dieu.

« Oh ! si tu eusses été attentif à mes commandements, ta paix eût été comme un fleuve, et ta justice comme les flots de la mer ! »
Hélas !


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