Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE VI
LE SERPENT ET LA CHUTE

 

Donc, pour s'affirmer, la liberté devait être mise à l'épreuve. L'obéissance eût mené l'homme de l'état originel d'innocence à la sainteté, c'est-à-dire à l'incapacité de pécher qui est l'apanage de Dieu ; elle lui eût assuré la jouissance des fruits de l'arbre de vie, lui conférant la vie éternelle et la gloire qui y est attachée. La désobéissance devait avoir pour conséquence la domination de la chair et la mort. En péchant, l'homme rompait le lien qui l'unissait à la source de la vie, pour choir dans les filets de la mort. Ce n'est pas Dieu qui inflige cette peine : elle est le fruit logique et inévitable de l'amour de la chair : la mort est le salaire du péché. Saint Paul avait raison d'écrire : « Si vous marchez selon l'Esprit, vous vivrez ; mais si vous marchez selon la chair, vous mourrez. » C'est une vérité d'expérience que les faits confirment encore aujourd'hui.

Dieu livre l'homme à la loi naturelle de la dissolution : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière. » Il s'est soustrait à la volonté de Dieu par la désobéissance et, par là, séparé de lui : ilne lui reste plus qu'à subir la conséquence de la misère inhérente à sa nature.

L'homme portait donc en lui deux virtualités et il dépendait de l'usage de sa liberté que l'une ou l'autre prévalût. Ces deux virtualités étaient absolues et exclusives l'une de l'autre.
Un trait bien connu illustre cette vérité :
Un peintre de renom, ayant à faire figurer dans un tableau un chérubin, sortit dans la rue pour y chercher un modèle. Un garçonnet aux yeux candides et aux cheveux bouclés lui parut répondre à son attente et il en fit le portrait. Longtemps après le même artiste ayant à représenter une scène infernale, s'en fut à la recherche d'un type de démon. Il s'arrêta en face d'un homme à la mine sombre et farouche à souhait et le fit monter à l'atelier. Quelle ne fut pas sa stupéfaction, en causant avec lui, d'apprendre que ce personnage hideux était précisément le même qui, dans son jeune âge, avait posé devant lui comme chérubin !
Ange... ou démon !

Mais comment l'homme peut-il ainsi dévier de sa voie et sombrer dans le gouffre ? Qu'est-ce donc qui réussit à briser sa carrière et à l'entraîner dans la mort et la condamnation ? Ne faut-il pas qu'il ait été victime d'une fatalité ou tout au moins qu'une puissance maligne l'y ait poussé ?

Le récit biblique nous met en présence d'une personnalité troublante : le serpent.
Eh bien ! dira-t-on, le serpent est après tout une créature de Dieu, comme les autres. Quoi d'étonnant que l'homme ait eu affaire avec lui ?
Oui, certes. Mais ici il faut lire entre les lignes. Cela saute aux yeux des moins prévenus.

Quel être complexe, amphigourique, déconcertant ! Dès le début de la scène il est évident que, bien que jouant un rôle auquel le prédisposaient sans doute sa circonspection et sa ruse proverbiales, il agit comme un instrument au pouvoir et au service de cet ennemi mystérieux contre lequel Adam avait été mis en garde. Nous dirions en style contemporain qu'il remplit l'office d'un homme de paille dans une affaire louche et véreuse, qu'il fut l'agent d'un inspirateur masqué. Et c'est un drame infiniment complexe qui se déroule : le serpent parle, ment, sollicite, accuse. Il se prête complaisamment aux fins de celui qui nous apparaît de prime abord comme l'être malfaisant par excellence, celui que Jésus désignera comme parlant de son propre fonds quand il ment, et meurtrier dès le commencement. La sentence divine qui clôt la tragédie confirme cette interprétation : visant le serpent, elle passe certainement bien au-dessus de lui et frappe celui que l'Écriture appelle le prince des ténèbres, bien différente en cela de la justice humaine qui si souvent punit l'intermédiaire plus ou moins innocent ou inconscient, et laisse courir le vrai coupable, l'instigateur du forfait.
L'oeuvre divine avait débuté dans la lumière :
« Que la lumière soit ! » Le diable s'entoure d'obscurité dès le commencement.

Le diable c'est l'être mystérieux, incompréhensible, indescriptible, indéchiffrable, qui se cache, n'osant se montrer tel qu'il est, qui se déguise en ange de lumière, jusqu'au jour où le masque lui sera arraché et où il sera révélé dans son horreur aux malheureuses victimes auxquelles il aura fait partager sa condamnation éternelle.

L'Écriture est sobre de détails, quant à ce personnage effrayant qui dispose d'une armée innombrable d'acolytes. Saint Paul écrit aux Éphésiens : « Ce n'est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les dominations, contre les puissances, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais qui sont dans les régions célestes. » Il leur demande de tenir ferme contre les embûches du diable et de se revêtir de toutes les armes du chrétien, par dessus tout du bouclier de la foi pour éteindre les traits enflammés du malin.
L'attitude de Jésus au jour de la Tentation, la manière dont il s'exprime et agit en face des démoniaques, les accusations qu'il lance aux chefs du peuple (le père dont vous êtes issus, c'est le diable... menteur et meurtrier) tout confirme la réalité personnelle de l'être puissant qui s'est identifié avec le principe du mal.
L'Écriture parle d'anges déchus, qui n'ont pas gardé leur origine.
Peut-être fut-il archange, voire le chef des archanges, auquel l'administration de la terre aurait été confiée. Ceci peut se déduire de la parole qu'il fait entendre à Jésus. « Si tu te prosternes devant moi je te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été donnée et je la donne à qui je veux » (Luc 4 : 6.)

L'homme étant destiné à être fils de Dieu, et son héritier, donc ayant une vocation supérieure à celle des anges, cet archange orgueilleux eût cédé à la jalousie, pour devenir l'adversaire de son Créateur, en entraînant dans sa propre ruine l'homme en qui il voyait un supplanteur.
Le mal, c'est le grand mystère, aussi bien que la souffrance d'êtres créés pour la félicité.
Hélas ! l'expérience n'appuie que trop les données scripturaires et dénonce comme absolument insuffisante la théorie aux termes de laquelle le mal ne serait qu'ignorance, et l'instruction suffirait à lui opposer une digue efficace. L'instruction ? mais c'est une arme à deux tranchants, elle peut servir le bien, elle peut aussi centupler les forces du mal. La guerre mondiale est, sur ce point, fertile en enseignements. Ce qui l'a rendue si meurtrière et si longue, c'est précisément que toutes les énergies humaines, toutes les ressources de l'intelligence, tous les progrès de la science... et toutes les réserves du globe ont été mis au service de celui qui, ayant séduit les peuples par le mensonge, semblait avoir pris à tâche d'anéantir la race humaine. Pendant ces années néfastes, la terre entière tremblait sous des lueurs d'enfer.

Non, le mal, ce n'est pas l'absence de vérité, c'est l'amour du mensonge ; ce n'est pas l'absence de pureté, c'est la passion de la souillure ; ce n'est pas le défaut d'amour, c'est la soif de la haine ; ce n'est pas l'oubli de la justice, c'est la pratique effrénée de l'iniquité.
Le mal, c'est la substitution des puissances infernales aux vertus divines.

En parlant comme il le fait à Eve, le diable pousse l'impudence jusqu'à dénier à Dieu les deux traits essentiels du caractère divin, la vérité et la bonté, pour se les attribuer à lui-même.
Oui, déjà en Eden l'agresseur coupable plaide innocent et rejette la responsabilité de ses actes sur celui qui a voulu lui barrer la route et empêcher ses crimes !
Dès l'origine il appert que Satan a son plan déterminé et qu'il dispose de moyens redoutables pour le réaliser.
Avec quelle évidence cela ressort de la guerre mondiale !

Se réveillant d'une longue torpeur, l'Eglise chrétienne envahissait le monde, y répandant par ses missionnaires l'Évangile du Salut, en plus de huit cents langues. Un souffle d'enthousiasme parcourut les pays évangéliques, il y a quelques décades. Une armée juvénile se levait aux États-Unis, bientôt grossie d'adolescents de tous pays. Sa devise généreuse était : faire Christ roi au cours de cette génération. Ces volontaires du Christ avaient donc la noble et héroïque ambition de fonder le royaume des cieux sur la terre tout entière. Et, ô miracle, en un temps et en des pays où l'or et l'argent semblent réputés souverains, aux États-Unis en particulier, où l'on est censé adorer le dollar, les millions et les centaines de millions affluaient et les parents étaient fiers de donner leurs enfants à cette croisade pacifique.
La citadelle du diable était sérieusement menacée. Que devenait sa prétention séculaire : Ces royaumes et leur gloire sont à moi ?
Il voulut se venger.
Et quelle vengeance, ô Dieu !
Maniant en sourdine l'arme empoisonnée de la politique, excitant dans les ténèbres tous les nationalismes, il souffla sur les peuples chrétiens un vent d'ambition, d'orgueil, de haine, et réussit à entraîner dans la tourmente infernale le monde christianisé presqu'entier.
Ah ! quelle bravade ! Comme il dut se féliciter de sa réussite et se frotter les mains !

Que devenait le nom de Jésus dans cette boucherie ! Et quelle gloire pour Satan qui pouvait dire : Eh ! quoi donc ! c'est à cela qu'aboutissent vingt siècles de civilisation chrétienne ? Sont-ce là les fruits de l'Évangile ? Des extrémités du globe accourent par millions païens et sauvages, qui n'en ont jamais fait autant, et qui viennent voir sur le vieux continent européen, terre classique de l'Eglise chrétienne, et jusqu'en Palestine, berceau du christianisme, comment des chrétiens savent s'entre-tuer !

Cela, n'est-ce pas son chef-d'oeuvre ? Et n'y reconnaissons-nous pas celui qui, sous la peau du serpent, réussit à se glisser dans le jardin d'Eden et à semer la mort où devait régner la vie ?
Ce qu'il y a d'effarant, c'est qu'il se soit trouvé, chez les chrétiens eux-mêmes, un si grand nombre de discoureurs pour saisir la balle au bond et faire écho à ces insinuations machiavéliques en répétant partout : Oui, l'Eglise chrétienne porte la responsabilité de la guerre !
Il y a parmi eux sans doute aussi des âmes sincères, comme il s'en trouvait jadis au Prétoire pour montrer Jésus du doigt et crier « Il a blasphémé ! Crucifie, crucifie-le ! »

À travers les âges, le tentateur reste identique à lui-même. Il disait à la femme : « Si vous mangez de ce fruit, vos yeux seront ouverts et vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal. »

Ne procède-t-il pas de même façon maintenant encore ? C'est un langage pareil qu'il tient au jeune homme attaché à son modeste travail, à la jeune fille qui se consacre aux humbles travaux de la maison et au soin pieux de ses parents âgés. « Viens, et tu connaîtras le monde, et la vie et ses plaisirs. Libère-toi de tes scrupules, secoue tes préjugés, laisse les morts ensevelir leurs morts ! Toi, suis-moi. je te ferai connaître les vraies jouissances, tu goûteras les délices de la liberté ! Dieu, le Ciel, l'Enfer, superstition que tout cela, balivernes inventées par les prêtres de toutes dénominations pour leur profit personnel ! Ces bigots ne se soucient pas de ton bonheur ! »

Et il excite en eux, comme en Eve, la convoitise des yeux (le fruit était beau à voir), la convoitise de la chair (bon à manger) et l'orgueil de la vie (désirable pour donner de la connaissance).
Voilà, tout comme aux premiers jours, le chemin de la honte, de la peur, des regrets stériles et de la mort.
« Eve en mangea et en donna à son mari. Et leurs yeux furent ouverts. »

Comment interpréter ces mots « leurs yeux furent ouverts » ? Est-ce l'indication d'une réaction subite de leur conscience, ainsi qu'il nous arrive souvent d'éprouver du déplaisir et du dégoût dès le moment même ou notre convoitise a trouvé sa satisfaction ? Fils d'Eve, nous nous écrions alors comme elle : « Le serpent m'a trompé ». et nous allons cacher notre honte où nous le pouvons.
Peut-être ! Et cependant une étude attentive du sujet amène à la supposition que l'explication est insuffisante, qu'il a dû se passer quelque chose d'extraordinaire justifiant l'expression : leurs yeux furent ouverts.
La parole qui suit immédiatement nous met peut-être sur la voie. Et la question posée plus haut se représente ici d'elle-même : Comme les fruits de l'arbre de vie avaient une vertu physique pour le renouvellement des forces de l'homme, ceux de l'arbre de la connaissance auraient-ils possédé des propriétés propres à exciter les sens, à paralyser la volonté, à priver l'homme de la maîtrise de soi-même, à lui enlever le sentiment de sa dignité ?
Cela n'est pas exclu. Les fruits ont des vertus diverses et produisent les effets les plus variés ! Les uns sont excitants, les autres soporifiques ; certaines herbes (le haschich par exemple quand on l'enflamme) sont enivrantes.

Et s'il s'était produit quelque chose de pareil ? Si les deux coupables s'étaient donné alors l'un à l'autre le spectacle de l'ivresse, titubant, déraisonnant, riant sans raison, se livrant à des mouvements désordonnés, à des gestes indécents, pour tomber enfin, après l'absorption d'une grande quantité de ces fruits, dans un sommeil de plomb ?
Dans ce cas, le diable aurait agi comme il fait encore. L'ivresse est son arme préférée parce qu'elle endort momentanément l'être moral et le livre sans défense aux mauvais instincts.
Que fut le réveil ?
Ils connurent qu'ils étaient nus, et cette nudité leur apparut comme une honte et une accusation à laquelle ils ne pouvaient contredire.
« Je me suis caché parce que j'étais nu. »
- « Qui t'a montré que tu étais nu ? N'as-tu pas mangé du fruit défendu ? »

Le serpent, qui avait servi d'agent de corruption, fut maudit.

Qu'une malédiction particulière pèse sur lui, il serait difficile de le contester. Nul animal n'inspire à l'homme le même degré de répulsion et d'horreur. Peut-être cette sentence fut-elle marquée par une déchéance physique. Nous avons quelque peine à comprendre que cet être rampant apparût à notre mère infortunée comme le plus séduisant des êtres de la création. Certaines races de serpents présentent sous la peau de singulières cicatrices dans lesquelles on a vu des rudiments d'organes de locomotion, aujourd'hui atrophiés. Avait-il des jambes... ou des ailes, comme un énorme papillon diapré, ainsi que la légende représente les dragons ?

La scène fatale s'expliquerait plus aisément. Voletant autour d'Eve et jouant avec elle, le serpent l'eût attirée vers l'arbre mis à ban, dont il eût englouti les fruits mûrs, qui étaient peut-être des prunes ou des pêches veloutées et succulentes. Devant l'effroi de la femme, il eût peut-être fait pencher vers elle une branche chargée des plus beaux spécimens et eût pris plaisir à les presser entre ses mâchoires, et à les avaler en roulant les yeux, comme pour dire : « Ciel ! que c'est bon ! Et cela ne fait pas de mal ! Et vive la joie ! »

Et alors tout le dialogue se fût passé dans l'imagination de la femme qui sentait l'eau lui venir à la bouche et qui, vainquant sa résistance intérieure, aurait en riant étendu la main pour en manger à son tour.
Mais la sentence divine ne touche le serpent qu'en passant ; elle frappe en plein celui qu'Eve n'aperçoit pas, mais que Dieu discerne et ne connaît que trop.
Par cette sentence, Dieu ressaisit son oeuvre momentanément compromise, mais qui arrivera pourtant à bonne fin.
« Il y aura inimitié entre toi et la femme. »

L'horreur de l'homme en face du serpent n'est qu'un symbole de celle qu'il ressentira à travers les siècles pour l'auteur de son infortune. Il se rebellera contre le maître qu'il s'est donné, il se débattra pour secouer ses liens infernaux. Le diable sera l'être maudit entre tous. Et, chose merveilleuse, avec l'assistance de son Créateur, l'humanité triomphera enfin. Et ce triomphe sera la justification de Dieu et rétablira sa gloire entachée.

C'est par un ange que la chute s'est produite. Ce n'est pas à un autre ange que Dieu remettra le soin de le venger. De la postérité même de la femme naîtra un jour celui qui écrasera la tête du serpent. Dieu relève le défi de son adversaire : l'avenir se chargera de justifier le plan divin de créer l'homme à son image et de lui donner un corps de chair dans lequel il devait reproduire ses perfections. Un nouvel Adam se lèvera qui dira : Arrière de moi, Satan, et qui libérera la multitude de ses captifs.
Mais cette victoire s'accomplira au prix d'un sacrifice : « Elle t'écrasera la tête... et tu la blesseras au talon. »

Hélas ! le serpent ancien n'a pas encore dit son dernier mot dans l'histoire.
Pauvre humanité ! Qu'est-ce qui t'attend encore ?
L'histoire s'ouvre avec l'intrusion du serpent dans le jardin d'Eden.
Elle se terminera par son expulsion et par sa ruine définitive :
« Le serpent ancien, qui est le diable, Satan, sera enchaîné pour mille ans et jeté dans l'abîme, afin de ne plus séduire les nations. Quand les mille ans seront accomplis, il sera délié et recouvrera sa liberté pour peu de temps.
« Puis il sera jeté dans l'étang ardent de feu et de soufre. »


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