Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE VII
LE PARADIS PERDU

 « Le sol est maudit à cause de toi. »
La malédiction ne frappe pas l'homme lui-même, mais le sol qui le nourrit : « Tu as péché en mangeant ce que tu ne devais pas ; tu seras puni en étant obligé de te procurer péniblement tes aliments ; tu as désobéi pour devenir comme Dieu, tu retourneras à la poussière d'où tu as été tiré. » L'homme obéissant, la terre se fût transformée peu à peu par ses soins et par la bénédiction du ciel en un vaste et riche paradis. Au lieu de cela, ses productions naturelles sont plutôt un inconvénient qu'un avantage pour l'homme. sa nourriture, il devra la tirer lui-même du sol en labourant, en arrosant péniblement et en défendant ses champs contre l'envahissement des ronces et des épines. De la terre laissée à l'abandon quelques années, tout ce qui est bon disparaît peu à peu ; le chiendent et toutes les mauvaises herbes y foisonnent. il ne s'agit plus seulement de guider une nature bienveillante et docile ; il faut livrer une lutte de tous les jours contre des forces hostiles.

Dieu semble céder à la jalousie et presque à la peur, lorsqu'il dit : « Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous pour la connaissance du bien et du mal, et maintenant il ne faut pas qu'il avance sa main et qu'il prenne aussi de l'arbre de vie, et qu'il en mange, et qu'il vive à toujours. » Ces mots ont l'air d'une justification de l'accusation odieuse portée par Satan, lorsqu'il insinuait à la femme que Dieu est menteur et jaloux : « Vous ne mourrez nullement ! mais il sait qu'au jour où vous en mangerez vous serez comme des dieux ! »

Il est superflu de dire que le mobile divin était tout autre. La transformation du corps terrestre en corps spirituel eût suivi la connaissance du bien et du mal, si l'homme l'eût acquise légitimement. Mais l'immortalité du corps à la suite de la chute n'eût plus été un privilège, c'eut été le plus dur des châtiments, la terre changée en enfer. Si dure que soit la mort, du moins met-elle un terme aux infirmités et aux maux de tous genres. Nombreux sont les vieillards qui, ne pouvant plus supporter le poids de l'existence, cherchent à s'y soustraire par le suicide. Aussi est-ce par bonté, par miséricorde, que Dieu empêche l'homme de parvenir à l'immortalité en état de péché.

Adam fut chassé du Paradis et Dieu plaça à l'orient d'Eden les chérubins à l'épée flamboyante pour garder le chemin de l'arbre de vie.
Il fut chassé, c'est donc une expulsion violente. Les chérubins apparaissent ici comme les instruments de la justice divine, agissant par le moyen des forces de la nature. Il fait des vents ses anges et des flammes de feu ses messagers.

Au commandement des anges, Sodome et Gomorrhe furent détruites par le feu du ciel. Lors de la promulgation de la Loi, il y eut sur le Sinaï des tonnerres, des éclairs et une grosse nuée, avec un son de trompette, qui jetaient l'épouvante dans le peuple.
Quelque chose d'analogue dut se produire en Eden, un orage, un ouragan, un cyclone qui fit sur nos premiers parents un effet d'autant plus terrible qu'ils assistaient pour la première fois à pareil phénomène. Il leur parut que la colère de Dieu grondait dans le tonnerre ; dans les éclairs fulgurants, ils crurent voir l'épée flamboyante des chérubins exécuteurs du courroux divin.
Ce fut la disparition du Paradis terrestre.

Pour légendaire et enfantin qu'il paraisse, ce récit s'impose avec force à l'intelligence et au coeur de l'homme, car ses aspirations, persistant au sein de sa déchéance, trouvent une réalisation merveilleuse en Eden ; ses expériences douloureuses font retentir chaque jour à ses oreilles l'écho de la chute à laquelle il fait, avec raison, remonter tous ses maux.
Les traditions populaires unanimes confirment, chacune à sa façon, la tragédie qui bouleversa l'ordre primitif des choses et causa l'infortune de notre race. Chez tous les peuples historiques de l'antiquité la poésie s'est plu à retracer les souvenirs d'un âge d'or perdu où la terre produisait tout d'elle-même, où les animaux étaient inoffensifs, où les hommes, vigoureux, ne mouraient que dans une vieillesse avancée, sans souffrances et sans infirmités, après avoir vécu comme les dieux sans soucis, chagrin ni travail, où l'on pratiquait la vertu sans effort et sans contrainte, où les dieux habitaient sur la terre et s'entretenaient avec les hommes. L'existence de ces idées chez tous les peuples ne peut s'expliquer que par une tradition commune, remontant aux premiers âges de l'humanité.

Perdu, le Paradis

En vain cherche-t-on dans des contrées nouvelles la région fortunée où l'homme le retrouvera. Partout, la terre n'est plus qu'un vaste cimetière ; après l'avoir arrosée de ses sueurs, y avoir étalé sa fatigue et ses infirmités, après y avoir traîné sa misère, il y laisse ses os et retourne à la poussière. Loin du merveilleux berceau où elle naquit, l'humanité se couche quelque part dans le tombeau. Ce dépouillement dernier et suprême fait reconnaître dans le souverain de la création un roi détrôné.

Toute l'histoire est là pour souligner la vérité et la solennité émouvante de l'avertissement divin : « Au jour où tu en mangeras, tu mourras. »

Et l'apôtre Paul pourra écrire cette oraison funèbre : « La mort est passée sur tous les hommes, parce que tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. »

Abordons ici une question mille fois posée et toujours répétée :
Comment, pour une seule désobéissance, Dieu a-t-il déversé sur l'homme un tel flot de malédictions ?

Nous avons démontré déjà que c'est l'homme qui a délibérément choisi cette voie douloureuse, et que ce n'est point Dieu qui l'y a poussé. Quand un père avertit son enfant des maux qui l'attendent s'il quitte le droit chemin et des conséquences effroyables et mortelles de la débauche, et que, malgré cela le fils se dévoie quand même, on n'accuse pas le père d'avoir fait le malheur des siens.

L'homme s'étant détourné du chemin de la vie a devant lui désormais celui de la mort. Il a obéi au serpent ; au serpent donc de lui donner une récompense... de serpent ! C'est logique, et il est étrange que tant de gens crient si aisément à une injustice en Dieu.

Évidemment, nous ne comprenons pas pourquoi le Tout-Puissant ne met pas un terme plus tôt au pouvoir de l'être maudit qui tyrannise notre race. Cela dépasse notre entendement ; c'est un fait brutal devant lequel force est bien de nous incliner. Mais il ne porte en rien atteinte à la bonté de Dieu, qui s'est manifestée à l'origine par le soin avec lequel il a préparé l'habitat de l'homme, et surtout par la glorieuse destinée qu'il lui réservait. Cette bonté, qui s'est révélée amour, éclate par la suite dans l'oeuvre rédemptrice de Jésus et la réparation des ruines accumulées par le diable.
Mais celui-ci a son temps. Pourquoi ? jusques à quand, Seigneur ? C'est le secret de Dieu, dont les dons et la vocation sont irrévocables. L'archange déchu avait une carrière à fournir ; dons et vocation ne peuvent lui être retirés qu'après le temps d'épreuve à lui assigné.
Elle est vraie aussi de tout temps la parole de l'apôtre Paul : « Ce que l'homme aura semé, c'est ce qu'il moissonnera. » Vérité d'expérience, qui s'impose à tous. Nous savons du reste qu'entre cause et effet il y a la même relation qu'entre semailles et moisson : « Un grain en produit trente, un autre soixante, un autre cent... Celui qui sème le vent récolte la tempête... Celui qui sème pour l'esprit moissonnera de l'esprit la vie éternelle ; celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption. »

La mise en garde adressée à Adam dut être précise, instante et solennelle. Le texte hébreu emploie ici une singulière expression : « De mort tu mourras ! » Adam avait vu la mort dans le monde animal et devait en avoir éprouvé de l'horreur ; elle était pour lui sans doute déjà le roi des épouvantes. Tel était le sort qui le menaçait, avec tout le cortège de misères qui la précède.
La mort ! ce mot devait résumer tous les maux !

Adam était sollicité par deux puissances infinies, riches l'une en bénédictions, l'autre en malédictions. Tombée sous la coupe de cette dernière, l'humanité savoure à travers les âges l'amertume sans fin des fruits de la désobéissance.

Dans une petite ville de Hollande on a élevé jadis une statue à un jeune garçon considéré comme le sauveur de son pays. L'on sait que les Pays-Bas sont protégés par des digues contre le flux de l'Océan. Cet enfant se promenant un jour le long de la digue entendit un léger bruit sous ses pieds ; c'était le murmure d'un mince filet d'eau. Descendant au lieu où se produisait le suintement, il s'aperçut que la digue était fissurée et que l'onde amère avait réussi à s'y frayer passage. Il comprit le danger ; la marée montait ; la pression de l'eau arrivant en vagues mugissantes aurait bientôt fait d'élargir l'issue. Il s'arcbouta contre la digue et, de toute sa voix, cria au secours. Ses compatriotes, accourus à temps, réparèrent le dégât ; ils furent préservés de l'inondation et de la ruine et considérèrent comme héros national le jeune garçon qui avait donné l'alarme.
Il avait compris que toute la mer allait passer par la brèche rapidement élargie, et noyer son pays.
Et c'est un océan de malédictions qui se déchaîna sur notre race par la brèche qu'ouvrit le premier péché.

Il y a aujourd'hui encore, dans le mal, une formidable force d'expansion, qui tend à tout envahir. Des peuples entiers ont disparu parce qu'un jour un trafiquant d'alcool a débarqué chez eux avec un flacon d'eau-de-vie. Bientôt ce fut un fleuve. Et une race s'est éteinte... après quels débordements de vices, de dégradation, d'abrutissement !

Il y a dans la mythologie une fable gracieuse qui illustre de manière frappante ces vérités, c'est l'histoire de Pandore. Il vaut la peine de citer ici cette page, réminiscence ingénue du récit de la Genèse :

« Prométhée, doué d'un esprit supérieur, réussit à former un homme du limon de la terre, et communiqua la vie à cette masse inerte en dérobant une parcelle de feu au char du soleil. Jupiter ne put voir sans jalousie cet ouvrage admirable, et ordonna à Vulcain de former à son tour une femme et... de la donner à Prométhée, Avec de l'argile détrempée, Vulcain, le plus industrieux des immortels, forma la première femme et il sut l'embellir de tant d'attraits que les dieux invitèrent à leur assemblée cette admirable créature, la comblèrent de présents et lui donnèrent le nom de Pandore (ornée de tous les dons). Riche des qualités de l'esprit et des agréments du visage, Pandore fut introduite vers Prométhée, à qui on la destinait. Rien n'était plus beau qu'elle ; Minerve lui avait donné la sagesse, Mercure l'éloquence, Apollon le talent de la musique. À tous ces dons Jupiter avait ajouté une boîte magnifique et bien close que Pandore devait offrir comme présent de noces à son époux.

« Mais Prométhée, qui avait des raisons de se défier de Jupiter, ne voulut recevoir ni Pandore ni la boîte et les proposa toutes deux à son frère Epiméthée, en lui recommandant la circonspection. À la vue de Pandore, Epiméthée oublia toute prudence ; il la prit comme épouse... et ouvrit la boîte mystérieuse. Celle-ci contenait tous les maux qui peuvent affliger l'espèce humaine : maladies, guerres, famines, procès ; et soudain ces maux se répandirent sur le globe entier. Frappé d'horreur à cette vue, Epiméthée referma la boîte... mais trop tard : il n'y restait plus que l'espérance. »

Quelle philosophie... et quelle psychologie dans cette fable antique !
Il ne restait plus que l'espérance ! Mais elle allait devenir le plus doux, le plus précieux des biens que l'homme puisse posséder !
L'histoire de l'humanité, c'est l'énumération de ses déceptions, de ses souffrances... et de ses espoirs.
Nos premiers parents, quittant le Paradis, ne conservaient que l'espérance, fondée sur la promesse divine d'une victoire sur le serpent. Les patriarches plantaient leur tente tantôt ici, tantôt là, cherchant vainement une patrie qui comblât leurs voeux, puis ils élevèrent leurs regards plus haut : ils en cherchèrent une céleste dont Dieu lui-même, qui ne dédaignait pas de s'appeler leur Dieu, fût l'architecte et le fondateur.

L'espérance est le rayon lumineux qui guide les peuples et les individus, comme l'étoile conduisit les Mages d'Orient à Bethléem, aux pieds de Celui que l'ange avait annoncé aux bergers en ces termes : « Bonne nouvelle ! le Sauveur qui est le Christ, le Seigneur, vous est né ! »

Musset, dont, l'inspiration fut parfois si élevée, a exprimé le soupir de l'humanité en ces mots :

Une immense espérance a traversé la terre :
Malgré nous, vers le ciel, il faut lever les yeux.

Et le poète chrétien Banière a célébré l'espérance en ces strophes émues :

Fille des cieux, séduisante espérance,
Ange béni, tu berces notre coeur.
Pleine de charme aux beaux jours de l'enfance,
Console-nous au jour de la douleur.
 
L'homme agité, sur ton ancre fidèle
Trouve un garant d'un avenir meilleur,
L'homme qui rêve une gloire
À ton flambeau ranime son ardeur.
 
Pour un mortel si la vie est amère,
Tu l'adoucis en y mêlant ton miel.
Et, s'il succombe à ses maux sur la terre,
En souriant tu lui montres le ciel.

Table des matières

 

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