Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE IX
CAÏNITES ET SETHITES - UN HOMME QUI NE MOURUT PAS

 Marquons de quelques jalons la descendance de Caïn. Il eut un fils, Hénoc. La mère ne pouvait être qu'une soeur de Caïn, car Adam « engendra des fils et des filles ». Les restrictions apportées dans la suite aux mariages consanguins furent dictées par la diminution de la force vitale, qui possédait toutes ses énergies durant les premières générations ; l'union entre frères et soeurs s'imposait naturellement aux origines de l'humanité, sans les inconvénients qu'elle ne pouvait manquer d'avoir à une époque plus avancée.

La naissance d'Hénoc semble avoir mis un terme au vagabondage de son malheureux père. Dieu n'est pas impitoyable, et le temps efface à la longue les pires blessures. Ce fils construisit une ville, à laquelle il donna son nom ; c'était sans doute simplement un endroit habité protégé par une muraille. Lémec, qui appartient à la septième génération, prit deux femmes : c'est l'avènement de la polygamie, contraire à l'intention de Dieu qui, dit Jésus, créa un homme et une femme. Son fils Jabal fut le père de ceux qui habitent sous la tente et au milieu des troupeaux ; jusque-là, peut-être, on s'était établi dans des grottes ou sous des huttes de feuillage ; c'est le début de la vie nomade. Avec Jubal, son frère, nous assistons à l'éveil de la musique pastorale, harpe et chalumeau.
Dans tous les temps, la vie champêtre a favorisé l'art musical, imitation du chant des oiseaux, du murmure du vent, du fracas du tonnerre. Chez les Grecs, Pan, dieu des bergers, passe aussi pour avoir inventé harpe et chalumeau. David, le pâtre, était harpiste et poète. Tubalcaïn, troisième fils de Lémec, se mit à travailler le fer, forgeant toutes sortes d'instruments tranchants ; c'est le père de la métallurgie. Cette énumération est du plus haut intérêt, car elle nous montre les premiers pas de l'homme dans les arts et dans l'industrie.

Elle aboutit à un morceau poétique : hélas ! c'est un hymne de guerre, qui donne la note morale de tout ce développement. Tubalcaïn fit probablement hommage à son père de sa première lance. Lémec la brandit orgueilleusement et, prenant à témoin ses deux femmes, il s'écrie :

« Ada et Tsilla, entendez ma voix !
J'ai tué un homme pour m'avoir blessé « 
Et un enfant pour m'avoir meurtri.  
Car Caïn sera vengé sept fois Et Lémec soixante-dix-sept fois ! »

Cette fanfaronnade donne le ton de ses dispositions intérieures. Les descendants de Caïn n'ont donc pas tiré profit de la terrible leçon qui lui avait été infligée. L'homme s'accoutume au mal : loin de s'en humilier, il s'en vante ; il renforce encore son endurcissement et sa cruauté, avec sa lâcheté : je tue un enfant pour une égratignure ! On peut deviner les scènes brutales et cruelles qui se cachaient derrière cette arrogance sinistre. Non seulement on n'hésite pas à répandre le sang : l'on s'en fait une gloire. La garantie de vengeance donnée par Dieu à Caïn paraît dérisoire. Lémec sera vengé soixante-dix-sept fois ! C'est de la fureur sanguinaire, c'est un défi à Dieu, qui avait mis un frein à la vengeance.
Le progrès matériel marche de pair avec l'extension du vice.

Le saint livre aurait-il peut-être trop chargé le tableau, l'aurait-il noirci à l'excès, pour soutenir une thèse ?
Hélas ! s'il fallait une confirmation, le présent suffit à la donner, convaincante, effroyable. Nous aurions mauvaise grâce à nous scandaliser. Notre génération, orgueilleuse des conquêtes de la science, n'a-t-elle pas vu tous les arts, toutes les industries, toutes les découvertes, toutes les énergies de l'homme en un mot, comme aussi toutes les ressources du globe au service d'une entreprise meurtrière telle que le monde n'en avait jamais connu ? Les sauvages, accourus des deux hémisphères sur le théâtre de la guerre, n'ont-ils pas été estomaqués de voir à quoi peut servir la civilisation qu'on leur avait tant vantée ? Le javelot de Lémec était jouet d'enfant en comparaison des machines infernales inventées par le génie du XXe siècle de l'ère chrétienne.
Ni morale, ni crainte de Dieu, voilà le sens profond des jactances de Lémec.
Y a-t-il quelque chose de la morale ou de la crainte de Dieu dans la maxime qui a prévalu chez ceux qui déclenchèrent la guerre : Nécessité ne connaît point de loi ?
Et qu'est-ce que les soixante-dix-sept de Lémec, comparés aux vingt millions de victimes immolées sur l'autel de l'orgueil et de l'ambition, sans compter les multitudes d'innocents sacrifiés !

Non, nous n'avons pas lieu d'être fiers et de regarder avec commisération ces premiers hommes qui ont employé de manière criminelle les instruments qu'ils eussent dû vouer à leur travail. L'humanité contemporaine est digne d'eux ; elle a prolongé les lignes qu'ils avaient été les premiers à tracer.
Mais Eve avait donné à Adam un autre fils ; elle l'appela Seth (remplacement) car, dit-elle, Dieu m'a donné une autre postérité à la place d'Abel, parce que Caïn l'a tué.
À Seth naquit un fils ; son nom, Énosch, qui signifie faible, malade, désigne l'homme, mais avec la notion d'infirmité. Tandis que les descendants de Caïn semblent avoir eu l'apanage de la robustesse.
Énosch fut donc probablement chétif, et cette infirmité paraît lui avoir conféré une grandeur morale qui fait défaut aux Caïnites.
« Ce fut alors qu'on commença à invoquer le nom de l'Éternel. »

Tandis que, chez les descendants de Caïn commence le travail d'une civilisation purement terrestre, la race séthite jette les premières bases du royaume de Dieu. L'homme, certes, connaissait l'Éternel dès l'origine et s'entretenait avec lui, mais ces entretiens ne constituaient pas à proprement parler un culte. Il semble que celui-ci n'ait été institué qu'au moment où l'homme a senti toute sa faiblesse et par conséquent aussi toute la distance qui le sépare de Dieu. En effet, cette notice est placée immédiatement après la naissance d'Énosch, dont le nom rappelle l'impuissance humaine. Et cela est parfaitement psychologique et exprime une vérité de tous les temps. Le Psalmiste dira :
« Il m'est bon d'avoir été affligé ; car avant d'être affligé je m'égarais, mais maintenant j'observe tes commandements. »

L'épreuve, source de bénédictions, la souffrance conduisant à Dieu, voilà le thème favori de nombreux poètes chrétiens :

Seigneur, dans ma souffrance
À toi seul j'ai recours ;
J'attends de ta puissance
Un sûr et prompt secours ;
C'est dans les bras d'un Père
Que je me suis jeté,
En sa grâce j'espère,
Car il m'a racheté.
 
Âme faible et craintive,
Pourquoi donc te troubler ?
Quand tu n'es pas captive,
Comment peux-tu trembler ?
Laisse aux enfants du monde
Les soucis et les pleurs ;
Dieu, sur qui je me fonde,
À connu mes langueurs.
 
Qu'il est doux de se dire
L'Éternel pense à moi,
Il sait quand je soupire,
Quand je suis dans l'effroi.
Il recueille mes larmes,
Il veut les adoucir,
À toutes mes alarmes
Il daigne compatir.
 
Oh l viens, dans ma détresse,
Me protéger, Seigneur,
Et sois ma forteresse
Au jour de la terreur.
Sois mon bien, mon partage.
Mon espoir est en toi,
J'obtiendrai l'héritage
Que j'attends par la foi.

Il ne s'agit point seulement d'un sacrifice comme le premier holocauste, mais de pensées exprimées, de louanges, de prières, de supplications.
Et c'est ainsi que la souffrance, déchaînée par Satan, devient un instrument dans la main de Dieu. À travers les âges elle demeurera la grande éducatrice, menant les hommes à la source de la consolation et de l'espérance.

Suit la généalogie des Séthites jusqu'à Noé, énumération monotone, qui tient en quelques mots et se termine invariablement par cette conclusion mélancolique : puis il mourut. Pour monotone qu'il soit, ce refrain est singulièrement éloquent. Il tombe comme un lourd marteau sur chacune de ces générations et contraste tragiquement avec la conclusion majestueuse que Dieu avait formulée à la vue de l'oeuvre de ses mains : « Tout était très bon ! » C'est, dans la longue série des siècles, l'écho répercuté de l'avertissement fatidique : « Au jour où tu en mangeras, tu mourras. »

Faut-il envisager les années ici mentionnées comme équivalentes en durée à nos années de douze mois ? Mathusalem vécut neuf cent soixante-neuf ans ! Des doutes ont été émis ; on a cherché des analogies chez d'autres peuples, où les années sont ramenées à trois, deux, ou même un mois ! L'absurdité de ce calcul éclate dans le fait que, à ce taux-là, plusieurs des patriarches eussent été encore des enfants à la naissance de leur premier fils !

Il n'est point difficile d'admettre que l'existence humaine ait eu dans les premiers âges une durée normale beaucoup plus grande que dans la période actuelle. Destiné primitivement à l'immortalité, l'homme n'a été livré que graduellement à la puissance de la mort. Sa force vitale initiale serait allée en s'épuisant lentement jusqu'à une certaine limite à laquelle elle s'est arrêtée. Moïse dit (Ps. XC) : « Les jours de l'homme mortel reviennent à soixante-dix, et, s'il y en a de vigoureux, à quatre-vingts. » Cependant, il parvint lui-même à cent vingt ans, sans avoir rien perdu de sa vigueur !
L'on sait que nombre d'animaux vivent plusieurs siècles ; pourquoi en eût-il été autrement de l'homme, le roi de la création ?
« ... Puis il mourut. »
« Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort. Et la mort est passée sur tous les hommes. »

Et pourtant... non ! L'un des patriarches fit exception à cette règle inexorable :
« Tout le temps qu'Hénoc vécut fut de trois cent soixante-cinq ans. Il marcha avec Dieu et on ne le vit plus, car Dieu l'avait pris. »

Il y a dans le terme marcher l'idée d'activité, et dans les mots avec Dieu, celle de communion intime.
« Il marcha avec Dieu et on ne le vit plus, car Dieu l'avait pris. » C'est la plus belle oraison funèbre qui fut jamais prononcée.

À remarquer qu'Hénoc, septième chaînon de la généalogie séthite, est le pendant de Lémec, septième de la lignée caïnite. La réalisation parfaite de la vie en Dieu a ainsi correspondu au degré extrême de l'endurcissement et de la révolte.
On ne le vit plus, il disparut, Dieu l'avait pris. Sa tâche morale terminée, Dieu le retire de ce monde et le prend à Lui. C'est sans doute ce qui serait arrivé à Adam s'il fût demeuré fidèle. C'est ce qui arriva plus tard à Elie, c'est ce qui aurait pu arriver à Jésus-Christ, s'il l'avait voulu lui-même, au moment de la Transfiguration.

Cet enlèvement était la révélation d'une vie supérieure, dernier but de la vie terrestre. C'était le moyen de consoler les premiers hommes des souffrances de leur longue carrière terrestre qui, semblait-il, n'avait d'autre issue que la mort. Au moment où Hénoc fut enlevé, tous ses ancêtres, sauf Adam, vivaient encore, et déjà Méthuscélah et Lémec, grand-père et père de Noé, étaient nés, de sorte que ce fait miraculeux eut pour témoins toutes les générations de la race séthite, à l'exception de la première et de la dernière. Dieu leur révèle, en prenant à lui le plus fidèle d'entre eux, que la destination primitive de l'homme n'est pas annulée et qu'elle sera le prix de la fidélité.

Ainsi, chacune des grandes époques du règne de Dieu a eu sa démonstration de la vie à venir : l'époque patriarcale en la personne d'Hénoc, l'époque théocratique en celle d'Elie et l'époque chrétienne en celle de Jésus-Christ.
Et notre âge aussi aura sa démonstration, dont l'heure s'apprête à sonner. L'hostilité entre la postérité de la femme et celle du serpent dure encore et devient de plus en plus aiguë ; elle court à son terme. Jésus a annoncé son retour pour l'époque où l'Évangile du Royaume aurait été porté en témoignage par toute la terre ; l'Évangile est proclamé aujourd'hui en plus de huit cents langues ! Cette époque devait être marquée aussi par des guerres et une tribulation sans nom. C'est le chemin dans lequel l'humanité du vingtième siècle s'est engagée et où elle semble, hélas ! vouloir persévérer.
« Quand vous verrez que ces choses commencent d'arriver, dit Jésus, levez vos yeux, levez vos têtes, car votre délivrance est proche. »

Beaucoup de croyants pressentent cette heure solennelle, où se réalisera pleinement le plan divin élaboré dès le commencement.
Puisque c'est là le programme de demain, donnons-le dans son entier, tel que l'expose saint Paul dans la première épître aux Corinthiens, chap. 15, v. 51-53, et dans la première aux Thessaloniciens, chap. 4, versets 13-18.
« Voici un mystère que je vous révèle : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés en un instant, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons changés. Il faut, en effet, que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité... »

« Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui sont morts, afin que vous ne vous affligiez pas comme font les autres hommes, qui n'ont point d'espérance. En effet, si nous croyons que Jésus est mort, et qu'il est ressuscité, nous devons croire aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici, en effet, ce que nous vous déclarons par la Parole du Seigneur : nous les vivants, qui serons restés jusqu'à l'avènement du Seigneur, nous ne préviendrons pas ceux qui sont morts. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et ceux qui seront morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite nous, les vivants restés sur la terre, nous serons enlevés tous ensemble avec eux au milieu des nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. »faut, en effet, que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité... »

« Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles ! »


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