Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE X
LES CAUSES MORALES DU DÉLUGE

 

Ce n'est pas seulement un océan de malédictions, c'est surtout un débordement de péchés qu'a déclenché la première désobéissance. Avec quelle rapidité la tache s'étend et que ses ravages sont horribles !

En Eden, tout était très bon, Dieu avait créé l'homme droit. Tournez le feuillet : Adam coupable est chassé du Paradis. Un feuillet encore, Caïn tue Abel. Continuez, Lémec glorifie la vengeance et érige la cruauté en vertu. Allez plus loin : Toute la terre est corrompue et pleine de violence, au point que Dieu se repent d'avoir créé l'homme et se résout à le détruire.
Voilà à quoi tend la puissance du mal : compromettre et anéantir l'oeuvre de Dieu.

Ceux qui nient la personnalité du diable et s'obstinent à ne voir dans le mal qu'un défaut imputable à l'ignorance, ceux-là doivent avoir quelque peine à expliquer la progression effrayante du mal, et comment le péché réussit à imprimer son sceau maudit dans le coeur de l'homme et à l'entraîner avec une rapidité déconcertante jusqu'au fond des plus noirs abîmes.

D'où vient qu'à mesure que l'homme s'instruit, il se pervertisse davantage ?
Dieu serait-il l'auteur du mal ? Tout le récit du déluge, confirmant pleinement ce que nous avons dit déjà, s'inscrit en faux contre cette stupéfiante allégation.

L'Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande ; il se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, il fut affligé en son coeur et dit : « J'effacerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail. »

L'homme est tellement un avec la nature dont il est le chef, que sa ruine entraîne celle de cette dernière, comme son relèvement entraînera aussi la restauration de toute la création. Saint Paul dit en effet (Rom. VIII, 19) : « La création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés. »

Il y a donc là une puissance hostile, capable de se mesurer avec la toute-puissance divine, contrecarrant son oeuvre et réduisant à néant ses projets. Pourquoi donc Dieu n'y met-il pas un terme ? Pourquoi, au lieu de chasser l'homme du Paradis, n'en a-t-il pas extirpé l'odieux serpent, le tentateur ? Plutôt que de laisser l'homme à sa déchéance et à son infortune, que n'a-t-il détruit l'auteur de ses maux ?

Mystère insondable à notre esprit borné ; seule l'économie future nous en donnera la clef. Dieu respecte la liberté humaine, c'est un fait d'expérience. Il faut sans doute aussi que Satan, créé personnalité libre, placé en dignité au sommet des créatures intelligentes et responsables, ait donné toute la mesure de sa méchanceté avant de recevoir son salaire. Il fit chavirer, dès ses premiers pas, l'humanité faible dans le malheur et la condamnation. Il devait se manifester plus tard tel qu'il est en faisant clouer à la croix Jésus, le saint, après l'avoir fait condamner, au nom du Très-Haut, par les chefs religieux du peuple juif, le peuple de Dieu. Il vient de combler encore la mesure en jetant les uns contre les autres, en une effroyable tuerie, les peuples christianisés. À l'ordre du Maître : « Aimez-vous les uns les autres », il a réussi à substituer une devise infernale : « Massacrez-vous les uns les autres. »

Quel prodige de ruse, de fourberie, quelle oeuvre de mort médite-t-il encore ? Un proche avenir va sans doute nous le révéler. N'assistons-nous pas déjà à l'apothéose du crime ? « Malheur à vous, habitants de la terre, car le diable est descendu vers vous avec une grande fureur, sachant qu'il ne lui reste que peu de temps ! »

Le déluge, événement cosmique, fut déterminé par des causes morales longuement énumérées dans la Genèse. Cet exposé de motifs ne laisse pas que d'être énigmatique : « Les géants étaient sur la terre en ces jours-là ; ce sont là ces héros qui sont, dès les temps les plus anciens, des hommes célèbres. »

Cette affirmation rappelle les fables répandues chez tous les peuples antiques ; générale était la croyance que les hommes des premiers âges avaient été d'une taille gigantesque. Les Grecs avaient la légende des Titans à la stature colossale, qui tentèrent d'escalader le ciel et furent foudroyés par Jupiter. Il se trouvait encore des géants chez les Cananéens à l'arrivée de Josué et même, en Philistie, aux jours de David qui tua Goliath.
Le fait n'a donc rien d'impossible ni d'improbable : les géants étaient sur la terre en ces jours-là.
Ce qui est étrange, c'est que leur présence semble avoir été la cause déterminante du courroux divin. Quel rapport pouvait-il y avoir entre l'existence de ces hommes monstrueux et la détermination prise par Dieu de détruire l'humanité ?
« Il y eut des géants après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes et qu'elles leur eurent donné des enfants. »

Que faut-il entendre par ces unions de fils de Dieu et de filles des hommes ? On a supposé que les premiers étaient de la race de Seth, tandis que les secondes descendaient de Caïn. L'explication est insuffisante. Pourquoi serait-il résulté de ces mariages, qui n'avaient après tout rien d'anormal, des rejetons d'une taille exceptionnelle ?
À n'en point douter, le récit biblique veut faire entendre que la terre, envahie par des influences supérieures, était devenue le théâtre de manifestations du mal dépassant les limites de la nature. Le terme fils de Dieu, doit s'appliquer aux anges, aux anges déchus, aux démons, ce qui est parfaitement conforme à la théologie biblique. Dans Job 1, 6, on peut lire en effet : « Il arriva un jour que les fils de Dieu vinrent se présenter devant lui, et Satan aussi entra parmi eux. Alors l'Éternel lui dit : « D'où viens-tu ? » - Et Satan répondit à l'Éternel : « je viens de courir çà et là par la terre et de m'y promener. »

Dans la langue grecque, le mot démon signifie esprit, bon ou mauvais. Socrate se disait conduit par son « démon », et c'est ce qui fit de lui le plus sage des Anciens.
Ici donc, les fils de Dieu sont des anges. Mais ces êtres spirituels ne sont probablement pas entrés en relations directes avec les filles des hommes. Jésus enseigne en effet qu'il n'y a, parmi les anges, ni hommes ni femmes. Ils se seraient emparés de corps d'hommes pour assouvir par ce moyen leurs convoitises. Cas de possession analogues à ceux qui étaient si fréquents au temps de Jésus. À ces deux époques de l'histoire, c'est une corruption terrible de l'humanité qui a ouvert la porte à ces influences infernales, et il est certain que si Jésus n'avait pas paru au temps convenable pour briser la puissance de l'empire des ténèbres, l'humanité corrompue de ce temps serait allée, comme l'humanité primitive, à la rencontre d'un épouvantable jugement de Dieu. La description du démoniaque de Gadara fait voir jusqu'à quel degré pareil état de possession peut pousser le développement physique du corps de l'homme et de ses forces.
« Il faisait sa demeure dans les tombeaux et personne ne pouvait le tenir lié, même avec une chaîne ; car souvent, ayant les fers aux pieds et étant enchaîné, il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le dompter. »

Écoeuré par les scènes qui bravent ses yeux, l'Éternel dit : « Mon Esprit ne contestera pas toujours avec l'homme. » Il avait lutté en vain contre les progrès de la bestialité et de la brutalité. Un espace de temps considérable a dû s'écouler entre les premiers mariages monstrueux et la résolution divine de mettre fin à cette situation. Dieu laisse le mal se développer et porter ses fruits avant de le punir.
La mesure déborde :
« L'homme n'est que chair. »

La créature merveilleuse à laquelle avait été conférée la royauté sur la terre et qui devait conquérir sa couronne en asservissant la matière à l'esprit, avait manqué complètement à sa destinée, elle avait fait naufrage dans le gouffre de la chair ; l'homme était devenu la plus méchante, la plus odieuse, la plus repoussante des brutes.
« Dieu vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre et que tous les desseins des pensées de son coeur n'étaient que mal en tout temps.
« Et la terre se corrompit devant Dieu, et la terre se remplit de violence. Et Dieu vit la terre, et voici elle était corrompue. car toute chair suivait sur la terre une voie de corruption. »

Voilà le résultat auquel avaient abouti les admirables découvertes de Tubal-Caïn et de ses frères : impureté, dispositions perverses et meurtre.
Et Dieu dit à Noé : « La fin de toute chair est venue devant moi, car par eux la terre est pleine de violence. »

On frémit lorsque l'on essaie de se représenter les moeurs dénoncées par ces expressions qui se répètent en alternant. violence et corruption, corruption et violence ! Des démoniaques déchaînés, des géants ne connaissant que le droit du plus fort, tous les vices s'étalant avec impudence.
« Celui qui sème pour la chair moissonne de la chair la corruption. »

Pauvre humanité ! que devenaient donc les petits, les faibles, les malades ? Que de malheureux ; que de gémissements, de lamentations, de désespoirs ; que de blasphèmes surtout, hélas ! Le régime de la force ne profite jamais qu'à une minorité de privilégiés et ne s'établit que par l'écrasement des humbles.
Par un seul homme le péché était entré dans le monde. Avions-nous raison de dire que, par cette fissure primordiale dans la digue que Dieu avait opposée aux desseins du Malin, tout l'océan des plaies de l'enfer allait déferler sur la terre ?
Au lieu de servir à la gloire de son Créateur, l'homme l'a déshonoré. Mais, par un juste retour, cet opprobre retombe sur le coupable qui se plonge en même temps dans le malheur et dans la mort.
Et c'est ainsi que le cataclysme du déluge est un effet de la justice de Dieu outragée.
Les annales de l'humanité en fournissent du reste d'autres exemples analogues.
La dépravation des habitants de Sodome et de Gomorrhe est restée proverbiale. Dieu vit, Dieu descendit : ces deux cités furent détruites par le feu du ciel.

Ceux qui parcourent les ruines de Pompéi s'étonnent des figures obscènes peintes à la façade de certaines maisons en bordure de la rue principale ; ces tableaux, qui subsistent depuis bientôt deux mille ans, sont restés là comme une justification du décret divin qui arrêta soudainement la vie entre ces murs ; le rouge de la honte monte au front devant ces sculptures de marbres qui ne se peuvent décrire, devant ces peintures lascives décorant l'intérieur de maisons somptueuses où les Romains venaient chercher d'ignobles plaisirs. Nul ne songe alors à accuser Dieu d'injustice ou de sévérité exagérée. Et l'on comprend que lorsqu'un peuple, comme aussi un individu, s'est assez dégradé, l'heure du jugement sonne enfin, et Dieu balaie de la terre ceux qui se sont ravalés au-dessous de la brute.
« Ne vous abusez pas, on ne se joue pas de Dieu. »

Et cependant, dans l'annonce même du déluge, la sainteté outragée n'est pas seule à parler. C'est encore la voix de la miséricorde qui retentit, des appels à la repentance qui se font entendre.
L'exécution de la sentence est, en effet, renvoyée de cent vingt ans. C'est le délai imparti aux coupables par la patience et par la grâce divines.
« Les jours de l'homme seront de cent vingt ans. » Cela ne signifie point que la vie humaine sera réduite désormais à cette mesure ; car, même après le déluge, un grand nombre de patriarches dépassèrent de beaucoup cette limite.

Cent vingt ans pendant lesquels les hommes seront conviés au repentir ; comme les quarante jours accordés à Ninive, comme les quarante ans accordés à Israël après le meurtre du Messie.


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