Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE MONDE ET L'HUMANITÉ
DE LA CRÉATION AU DÉLUGE



CHAPITRE XI
CAUSES PHYSIQUES DU DÉLUGE

 

De tous les faits préhistoriques, le déluge est celui qui a laissé le plus de souvenirs dans la mémoire des peuples. Les nègres peut-être exceptés, toutes les races humaines en possèdent des légendes.

En Europe, c'est chez les Grecs qu'elles sont le plus précises. Le plus connu des nombreux récits relatifs à cet événement, est celui-ci : Deucalion, fils de Prométhée, construit, sur l'ordre de son père, un coffre où il se réfugie avec sa femme Pyrrha pour échapper à un déluge envoyé par Zeus à cause des crimes des hommes. Après avoir flotté neuf jours au gré des flots, la nef s'arrête sur le Parnasse. Deucalion et Pyrrha en sortent, offrent un sacrifice et repeuplent le monde en jetant derrière eux les os de leur mère, la terre, c'est-à-dire des pierres qui se changent les unes en hommes, les autres en femmes.
On retrouve des vestiges lointains du déluge jusque chez les Celtes du Pays de Galles, chez les Scandinaves et les Lithuaniens.

Ces traditions sont fort répandues en Asie, où elles offrent beaucoup de traits communs avec la narration biblique. Il y en a quatre principales en Inde. Mais c'est en Babylonie que se trouve le parallèle le plus intéressant de notre récit, ainsi que le prouvent les inscriptions cunéiformes du palais d'Assurbanipal.
Ce qui est étonnant, c'est l'existence de cette tradition chez les peuples d'Amérique. La légende mexicaine, en particulier, fixée par l'écriture et par la peinture avant l'arrivée des Européens dans le Nouveau Monde, a des rapports frappants avec le récit biblique.

Oui, il y a ressemblance, analogie entre toutes ces traditions et celle que nous a conservée la Genèse. Oui, quant au fond, au fait lui-même ; mais quant à la forme, quelle différence ! Une immense distance sépare ces littératures païennes de la littérature sacrée, qui grandit démesurément à mesure qu'on en fait la comparaison. Les légendes païennes sont submergées sous des flots d'imagination puérile, fantaisiste et superstitieuse. L'inspiration divine éclate au contraire dans les pages si sobres et si vraies de la Genèse.

Leurs nombreux traits de ressemblance permettent d'affirmer que tous ces souvenirs doivent remonter à une source commune et provenir d'un cataclysme qui anéantit l'humanité au moment où elle était encore groupée dans les plaines de la Babylonie. Les peuples divers, en se dispersant, ont emporté avec eux la tradition de ce fait et, oubliant leur patrie primitive, ils l'ont placée dans le pays où ils se sont fixés et ont donné peu à peu au récit primitif une couleur locale. Mais des modifications plus considérables encore proviennent de l'oubli de Dieu et de la loi morale, ce que l'on relève en particulier dans le récit babylonien, le plus rapproché de la relation biblique au point de vue des circonstances extérieures, mais qui en diffère profondément au point de vue religieux et moral. Tandis que celle-ci est tout imprégnée du sentiment de la grandeur et de la justice du Dieu unique, le polythéisme le plus complet domine le récit babylonien, et les dieux y sont traités avec fort peu de respect. Avant d'agir, ils doivent commencer par s'entendre ; puis il y a parmi eux un traître qui divulgue leurs desseins et sauve Hasisatra à leur insu. Après avoir déchaîné les éléments, ils sont impuissants à les réprimer et fuient devant eux de ciel en ciel pour se blottir enfin, tremblants de peur et serrés les uns contre les autres, « comme des chiens ». dans l'espace le plus élevé.
La supériorité du texte biblique saute aux yeux du lecteur le moins impartial.

Quant à la réalité du déluge, nul ne songe à la contester, car elle est abondamment confirmée par la science. Antédiluvien et postdiluvien sont des termes classiques, universellement admis. Qui n'a vu des représentations d'animaux antédiluviens, plésiosaures, ichthyosaures, mégalosaures, etc. ? Les géologues affirment même que la terre a été, une fois au moins, plusieurs fois peut-être, recouverte en partie d'un linceul de glace. En bien des lieux aussi abondent les vestiges certains de cataclysmes étendus et subits qui ont modifié profondément le régime de vastes contrées.

Le déluge fut-il universel ? Les termes bibliques le donnent à entendre, ainsi que la présence de la tradition diluvienne en Amérique et ailleurs encore.
Et cependant, si la science venait à établir qu'il n'a été que régional, cela n'infirmerait point le récit de la Genèse. L'expression « toute la terre » est employée par exemple au début de l'Évangile de saint Luc pour désigner toutes l'étendue de l'empire romain. L'intention divine ayant été de détruire l'humanité, du moment où celle-ci était parquée dans les plaines de la Mésopotamie, l'inondation a pu fort bien être restreinte à cette partie du globe.
Quelles sont les causes physiques qui la déterminèrent ?
Quarante jours de pluie incessante ? L'esprit le moins averti comprend que ces ondées, si abondantes et si prolongées qu'elles fussent, n'eussent jamais suffi à couvrir les montagnes, car... tous les fleuves s'en vont à la mer, ainsi que dit l'Ecclésiaste.

La Genèse du reste est assez catégorique et complète. La pluie n'y figure même pas au premier rang :
« Les fontaines du grand abîme jaillirent et les écluses des cieux s'ouvrirent et la pluie tomba. »

Les fontaines, cela jaillit d'en bas, et l'abîme désigne toujours les profondeurs de la mer. C'est donc l'Océan qui, attiré ou soulevé par une force inconnue, fit irruption sur les continents. Ce fut en grand ce qui se produit encore fréquemment lors des raz de marée ; le fond de la mer, soulevé par un séisme, rejette ses flots sur la terre. Le fameux raz de marée de Corée fit deux cent mille victimes, celui de Messine, soixante mille.
Et qui n'a remarqué la simultanéité des phénomènes telluriques et des désordres atmosphériques ? Un grand tremblement de terre coïncide ordinairement avec de violents troubles barométriques. Lors de la destruction de Messine, une pluie diluvienne ne cessa de tomber pendant plusieurs jours.
Un soulèvement du fond de l'Océan Indien peut fort bien avoir rejeté la mer sur la Mésopotamie, et l'on comprend ainsi que l'arche de Noé ait été poussée vers le nord, jusque sur les hauts plateaux de l'Arménie.

Une phrase typique de la légende babylonienne donne à penser que l'on s'y souvenait de la double origine du déluge, la pluie et un bouleversement terrestre : « Les archanges de l'abîme apportèrent la destruction ; dans leurs épouvantements ils agitèrent la terre. »

Le fait essentiel, ce n'est pas l'universalité de l'inondation, mais la destruction totale du genre humain, que Dieu avait annoncée à Noé.
« Et toute créature périt. »

Satan avait donc triomphé et réduit en cimetière cette terre sur laquelle il avait déchaîné ses puissances infernales...
Mais non, le plan divin, bouleversé il est vrai, n'est pas anéanti.
L'arche flotte sur les eaux, sauvant celui dont le diable n'a pu faire sa victime : Noé échappe au déluge.
C'est qu'un nouvel élément de l'histoire fait ici son apparition. Les obstacles qui se sont opposés victorieusement à l'oeuvre de Dieu ont déterminé en lui la manifestation d'une disposition nouvelle. jusqu'ici il avait déployé sa sagesse, sa puissance, sa patience, sa sainteté.

Noé trouva grâce devant Dieu.
La grâce divine intervient ; elle constituera désormais la trame des relations de Dieu avec les hommes.

Noé trouva grâce devant Dieu, et Dieu fit alliance avec lui. Alliance dans laquelle l'homme n'apporte que sa faiblesse et sa foi ; dans laquelle aussi Dieu déverse les trésors de sa bonté.

Noé signifie : repos. À sa naissance, son père Lémec (à ne pas confondre avec le descendant de Caïn), s'était écrié : « Celui-ci nous soulagera du travail de nos mains et de la peine que nous donne ce sol que l'Éternel a maudit. » Ainsi, tandis que les personnages de la race caïnite s'étaient établis commodément sur la terre, mettant en jeu toutes leurs facultés pour se rendre la vie agréable, ceux de la race de Seth cultivent la terre de père en fils, employant leurs facultés au service de l'Éternel, attendant patiemment l'accomplissement de la promesse faite au premier couple humain et l'enlèvement de la malédiction qui pèse sur le sol.

Noé était juste, intègre parmi les hommes de son temps.

Trait de lumière traversant un tableau obscur. Juste, c'est-à-dire accomplissant consciencieusement ses devoirs envers Dieu et envers les hommes ; intègre, c'est-à-dire droit, ne tolérant aucune lacune volontaire dans cette justice.
Il marchait avec Dieu, dans la communion duquel il trouva la force de mener une vie si différente de celle de ses contemporains.
Il n'en faudrait pas conclure qu'il fût saint, qu'il fût parfait. Il trouva grâce aux yeux de l'Éternel.
C'est, disions-nous, le début d'une nouvelle économie, au terme de laquelle se réalisera pleinement la promesse faite en Eden.
Trop convaincante, hélas ! est la preuve de la corruption irrémédiable de l'homme et de l'impossibilité où il est de se régénérer par lui-même et de réaliser sa destinée. Avertissements, menaces, tout est en pure perte. Il ne reste plus que le châtiment.
Mais si le châtiment frappe tous les coupables, c'est la destruction de la race entière.
Sans la grâce, tout est perdu.

Noé qui n'était pas sans tache, fut choisi comme objet de la faveur et de la bénédiction divines. En lui la race humaine fut sauvée et ce salut fut une récompense non des oeuvres, mais de la foi du patriarche.
Pendant cent vingt ans, il fut un prédicateur de la justice. Tandis qu'autour de lui on plantait, on bâtissait, et l'on prenait et l'on donnait en mariage, lui, attentif à la voix intérieure qui l'avertissait, préparait son sauvetage et exhortait ses contemporains.

La construction de l'arche dura probablement autant, car c'était un navire de dimensions colossales pour l'époque : 150 mètres de longueur, 25 de large et 15 de haut, et son aménagement compliqué exigeait un travail énorme. Un bâtiment construit d'après ces proportions n'est pas propre à avancer rapidement, mais des essais ont prouvé qu'il peut supporter une charge plus considérable qu'un vaisseau de type ordinaire. C'est tout ce qu'il fallait pour le but que Dieu se proposait.
L'on se représente aisément les sarcasmes et les quolibets qui pleuvaient sur cet homme, trop prévoyant au gré des autres. Dans la tradition babylonienne, on lit : « Je dis à Ea mon Seigneur : « Le vaisseau que tu me commandes de construire ainsi, quand je le ferai, jeunes et vieux se riront de moi. » Ea ouvrit sa bouche et parla ainsi : « S'ils se moquent de toi, tu leur diras : Sera puni de mort celui qui m'a injurié, car la protection des dieux est avec moi. »

De tout temps, celui qui écoute la voix de Dieu passe pour fou aux yeux des mondains qui le narguent.
Outre sa famille, Noé devait donner asile à des échantillons de tous les animaux menacés de destruction. Mais comment donc allait-il s'y prendre pour constituer cette étrange collection et comment l'animal domestique subsisterait-il à côté du carnassier ?

Dieu avait prévu d'avance la difficulté et l'avait enlevée de l'esprit du Noé, en lui disant : « Des oiseaux, des quadrupèdes et de toutes les espèces d'animaux qui rampent sur le sol, il en viendra vers toi deux de chaque espèce pour que tu les conserves en vie. »

Noé n'avait donc nullement à se mettre en peine, ni même à chercher ; il n'avait qu'à attendre. L'instinct que Dieu a donné à chaque animal, et par lequel il lui commande, allait y suffire. Cet instinct de conservation permet aux bêtes de pressentir ce que l'homme ne peut prévoir, notamment la proximité des grandes catastrophes. Les exemples foisonnent. Des trépidations du sol, des grondements souterrains inusités et imperceptibles à l'oreille humaine, jetèrent sans doute l'angoisse et la terreur dans le monde animal. Et l'on sait comment, dans un danger commun, les fauves perdent momentanément leurs moeurs cruelles et leurs appétits sanguinaires, comment aussi ils recherchent la protection de l'homme.
Il en vint donc de toute espèce, bénévole et tremblants, Noé n'eut qu'à les introduire dans l'abri qu'il leur avait préparé.
Puis, la grande épreuve éclata. Noé l'attendait de pied ferme, confiant dans la promesse divine
« J'établirai mon alliance avec toi. »

Il avait recueilli des bêtes.
Et les hommes donc, les repousserait-il ? Il devait se demander lui-même avec anxiété quelle attitude il adopterait à l'égard de ses semblables quand le fléau se déchaînerait. Barricaderait-il sa porte, les repousserait-il durement ? Problème douloureux. Que répondrait-il à ceux qui lui crieraient : « Tu as pris sous ta garde des animaux... Sauve-nous donc, nous des hommes, nous tes semblables, nous tes frères ! »

Il ne connut pas cette dure extrémité. Non, il n'eut pas à faire la sourde oreille, à fermer les yeux pour ne pas voir les mères suppliantes élever leurs enfants au-dessus des eaux bouillonnantes et les tendre vers lui.
Dieu ferma la porte de l'arche.

Sans doute une vague subite et puissante, une lame de fond rejetée par l'Océan Indien, une poussée formidable du grand abîme emporta-t-elle d'un coup l'immense esquif dont le vent, soufflant en tempête, ferma violemment la porte. Les occupants de l'arche, au milieu de craquements sinistres, furent secoués, balancés, roulés et tangués. Les cataractes des cieux voilèrent l'éclat du soleil, l'obscurité régna.
Noé ne dut rien voir, rien entendre. Dieu peut demander de grands sacrifices, mais il n'eût pas exigé cela de son serviteur.
Ainsi périt la première humanité.


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