REINE
BLANCHE EN PAYS NOIR
Vie de Mary
Slessor, missionnaire au
Calabar
QUATRIÈME PARTIE
Nouvelles Conquêtes
1902-1910.
CHAPITRE II
Avant d'aller plus loin, je voudrais vous
dire quelques mots de chacun de ceux qui
constituaient alors la famille de Ma.
Tout d'abord donc, voici Janie, notre
vieille amie, maintenant devenue jeune fille.
Bonne, sympathique, parlant l'anglais couramment et
connaissant sa Bible comme la connaissent peu de
jeunes filles et de jeunes gens européens,
elle était le bras droit de Ma ; elle
s'entendait à toutes les besognes,
dans la maison ou au dehors,
qu'il s'agit de nettoyer, de cuisiner, de porter
des fardeaux, de bâtir une maison, ou de
travailler aux champs (cette dernière
occupation était de beaucoup celle qu'elle
préférait). Bien qu'elle fût
une jumelle, elle avait de nombreux amis parmi les
indigènes.
Ensuite venait Mary ; très
bonne fille, mais point habile à tout
ouvrage, comme était Janie. Servir Ma et
faire ses commissions était la joie de son
coeur.
Puis c'était Alice, petite
créature tranquille, bien bâtie,
laborieuse, mais peu débrouillarde. Elle
s'acquittait consciencieusement de tout ce qu'on
lui donnait à faire, était toujours
obéissante et prête à rendre
service.
Annie ne s'intéressait
guère aux leçons, mais n'était
pas non plus paresseuse ; elle avait toujours
un sourire pour chacun.
Venait ensuite la turbulente Maggie,
vrai boute-en-train, qui aimait
passionnément les bébés et
s'occupait toujours d'eux, à moins qu'elle
ne fût dans la cuisine à se
préparer quelque friandise !
Le bébé de la famille,
Blanchette, était une jumelle aux yeux
brillants, et qui promettait de devenir une
intelligente petite personne.
La famille comprenait aussi deux
garçons : Dan, gai petit bonhomme,
médiocrement intelligent mais gentil tout de
même, et qui avait été
élevé par Janie. C'était le
favori de Ma. Comme c'est souvent le cas lorsqu'un
garçon est encadré d'un tas de
soeurs, Dan était tant soit peu
gâté !
Asoquoe, le poupon qui s'essayait
à marcher,
complétait la famille. Il
aimait tant se mettre quelque chose dans l'estomac
qu'il volait souvent le lait du chat.
À ce moment-là, il y avait
aussi dans la maison un petit garçon qui n'y
resta pas longtemps ; il s'appelait Impie.
Pauvre Impie ! il était difforme et ne
pouvait pas se tenir debout. Il passait ses
journées étendu, très
patiemment, et souriait à tout le monde.
Lorsque, le soir, miss Wright le prenait sur ses
genoux jusqu'au coucher, sa pauvre petite figure
exprimait la béatitude la plus
complète. Heureusement il ne vécut
pas longtemps.
DAN
Dès 6 heures du matin, toute la bande
était debout. Annie allumait le feu et
mettait l'eau à bouillir pour le thé
de Ma que faisait ensuite Janie ou Mary. Puis on
balayait la cour, on allait dans la brousse
ramasser du bois mort ou chercher des
herbes pour faire la
éféré, sorte de soupe
indigène. Au culte du matin les enfants
s'asseyaient par terre sur la véranda ;
ils chantaient un cantique en anglais, lisaient un
chapitre, - les plus grands lisant un verset
à tour de rôle, - Ma expliquant la
lecture au fur et à mesure, car,
pressée ou non, jamais celle-ci n'aurait
fait le culte à la hâte. Après
la lecture et l'explication elle priait en efik, et
tous répétaient ensemble, en anglais,
l'oraison dominicale.
Ma changeait parfois l'heure de ce culte
matinal, et appelait son monde lorsqu'on
était à balayer la cour ou à
couper du bois ; elle réunissait son
petit auditoire à l'ombre d'un palmier, d'un
cotonnier, d'un oranger, à seule fin
d'apprendre à ses enfants qu'on pouvait
adorer Dieu partout, au travail comme à
l'église.
« Garçonnets et
fillettes, avait-elle coutume de dire à ses
petits amis d'Écosse, apprenez à
prier pendant vos jeux, pendant vos leçons,
aussi bien que lorsque vous vous mettez à
genoux matin et soir. Prenez-en l'habitude ;
levez les yeux au ciel à quelque moment que
ce soit et dites quelque mots de prière.
Rappelez-vous que Dieu s'intéresse à
vos jeux, à vos leçons, comme
à tout ce qui vous
concerne. »
Après le culte du matin venait
une couple d'heures d'étude, et pendant ce
temps Ma visitait des malades ou tenait un palabre.
Après le déjeuner, les grands
garçons et les enfants du village venaient
à la maison missionnaire pour assister
à l'école qui se tenait souvent en
plein air, sous la
véranda. À 6
heures du soir avait lieu le dernier repas, suivi
de nouveau par le culte de famille. Seulement,
comme à ce culte-là assistaient bon
nombre de voisins, Ma le tenait en efik, sans
mélange d'anglais. On chantait un cantique,
Ma racontait un récit de l'Évangile,
puis tous disaient ensemble :
- « Je me couche sans peur,
- Je m'endors sans
frayeur »...
Après quoi on allait se coucher.
Déjà plusieurs des tout-petits
avaient succombé au sommeil et on les
emportait tout endormis.
Le dimanche soir on chantait plusieurs
cantiques (Ma avait ajouté des choeurs
à quelques-uns), et, au lieu de la lecture
habituelle, les fillettes disaient ce dont elles se
souvenaient du sermon que Ma avait
prêché le matin. Janie excellait
à cet exercice ; Mary et Alice ne se
rappelaient souvent que le texte, et, quand venait
le tour d'Annie, celle-ci disait
invariablement : « Nkokop nte Jesus
edi eyen Abasi ! » (J'ai entendu que
Jésus est le Fils de Dieu).
Grande était l'animation quand
revenait le jour du marché. De tous les
villages voisins les gens arrivaient en foule,
apportant des denrées à vendre :
des ignames (quelque chose comme une grande pomme
de terre), des crevettes, de l'huile de palme, des
cannes à sucre, du maïs, de la
volaille, etc. ; presque tous se rendaient
chez Ma pour lui « présenter leurs
compliments », ce qu'ils appelaient
« Koem », pour lui demander un
conseil... ou un
médicament. Tous apportaient de petits
cadeaux aux enfants, souvent des graines à
semer dans leurs jardinets.
Car Ma leur avait appris à aimer
les fleurs. Elle-même connaissait à
fond toutes les plantes sauvages de la forêt.
Ainsi, un jour qu'elle suivait un sentier en
compagnie d'un visiteur, celui-ci se plaignit de
mal aux dents. Au bout de quelques instants de
marche, elle se baissa, et, cueillant une fleur,
elle la remit à son compagnon en lui disant
de bien la mâcher :
presqu'instantanément le mal aux dents
disparut. Le visiteur cueillit alors une autre
fleur qui lui semblait identique à celle que
Ma lui avait donnée, mais Ma lui
dît : « Si vous mangez cette
fleur, vous êtes un homme
mort ».
Ma enseignait beaucoup de choses
à ses chéris ; - de fait
c'était d'elle qu'ils tenaient tout ce
qu'ils savaient. Et de combien de patience elle
avait souvent besoin à leur
égard ! Ses efforts tenaient avant tout
à leur faire haïr le mensonge, - une
des habitudes les plus
invétérées en Afrique ;
elle leur répétait en toute
occasion : « Dites la
vérité ».
Ces heureuses années de vie
familiale sous le toit de la maison missionnaire
touchaient pourtant à leur fin. Depuis
longtemps, comme nous l'avons vu, Ma était
prête à aller de l'avant, et
n'attendait pour le faire que d'être
absolument sûre qu'elle suivait la route que
Dieu voulait pour elle. Elle en était venue
à la conviction qu'elle ne devait pas
laisser si loin de tout secours médical ou
autre miss Wright seule à Akpap, et qu'il
fallait attendre, pour quitter
définitivement l'Okoyong, l'arrivée
de nouveaux renforts.
Elle décida donc que ce qu'elle
avait de mieux à faire, pour le moment,
c'était de visiter tantôt l'un,
tantôt l'autre des différents endroits
où elle désirait ouvrir une station
et de rester ainsi en rapport avec les
indigènes de l'Ibo, tout en demeurant encore
à Akpap. C'est ce qu'elle fit ; quelle
leçon de patience !
Un jour, descendant à pied les 10
kilomètres qui séparaient Akpap d'un
endroit appelé Cross-River, où elle
comptait prendre la chaloupe du Gouvernement pour
se rendre à Itu, elle alla se reposer dans
la maison d'un instituteur après avoir
commandé à quelques-uns des
élèves de la réveiller
dès que la chaloupe serait en vue.
Hélas ! les jeunes noirs ne se
rappelèrent la mission dont ils
étaient chargés que lorsque la
chaloupe était déjà trop loin
pour qu'on pût lui faire signe
d'approcher ! Péniblement Ma remonta
à Akpap.
« Quel
dommage ! » s'écria miss
Wright en écoutant le récit de
Ma.
Mais Ma sourit en disant :
« Tant pis, fillette. Évidemment
Dieu avait des raisons pour que je ne parte pas
aujourd'hui ».
Lorsque, huit jours plus tard, Ma monta
à bord de la chaloupe et vit le commandant
militaire parmi les passagers, elle ne tarda pas
à découvrir le pourquoi de sa
déception de la semaine
précédente.
« Ma, lui dit le colonel
Montanaro, qui commandait le navire, je vais
jusqu'à Arochuku. Venez-y avec
moi. »
Ma réfléchit, puis accepta
la proposition, bien qu'elle n'eût
emporté ni vêtements de rechange, ni
provisions de route. Elle passa donc devant Itu
sans s'y arrêter et remonta en chaloupe
l'Enyong Creek, un des plus ravissants petits cours
d'eau du monde entier. Ma, accoutumée
cependant aux beaux paysages des tropiques, n'avait
jamais encore rien contemplé d'aussi
splendide. Tout d'abord, la rivière
était large et à ciel ouvert ;
Ma y vit des pêcheurs de crevettes et
certains poissons dont l'attouchement provoquait
une secousse électrique, lui dit-on. La
rivière traversait ensuite la forêt,
paisible comme un lac au coeur des montagnes, mais
assombrie par le feuillage qui se reflétait
dans ses eaux ; à travers des arches de
verdure Ma aperçut des beautés
féeriques ; la surface de la
rivière était couverte de
nénuphars d'une blancheur
éblouissante. À peine si un son
troublait le silence de ces lieux enchantés.
Parfois un martin-pêcheur s'élevait
au-dessus des flots et s'envolait
nonchalamment ; plus loin des singes
écartaient les branches pour regarder
curieusement la chaloupe ; plus loin encore,
des perroquets aux ailes rouges se plaignaient avec
colère d'être ainsi
dérangés !
Ma, étendue sur le pont, buvait
à longs traits la jouissance
qu'étaient pour elle cette beauté,
cette paix... Mais bientôt ses yeux
semblèrent voir autre chose : des pirogues
chargées d'esclaves et qui, de semaine en
semaine, d'année en année, de
siècle en siècle, descendaient ce
même Enyong Creek... Et lorsqu'elle
débarqua, la même pensée la
poursuivit combien de tristes
défilés d'esclaves ces sentiers
avaient-ils vu passer ?
« Enfin, enfin ! se
dit-elle, le règne du paganisme va
finir ! La paix, la bonté, la joie,
vont prendre possession du
pays. »
Elle s'aperçut que villes et
villages se touchaient et étaient
très peuplés.
« Soyez la bienvenue,
Ma ! lui dirent les marchands
d'esclaves ; nous vous attendions. »
Et pourtant ils savaient bien qu'elle allait user
de tout son pouvoir pour mettre un terme à
leur triste commerce !
Elle apprit que quelques
commerçants indigènes de la
côte avaient déjà parlé
de Jésus dans le pays ; alors elle
réunit les chefs pour un palabre, et
décida de commencer par une école et
une église. Et dès le début
assistèrent à cette école, non
seulement les enfants, mais des hommes et des
femmes qui, assis par terre, apprenaient leur A. B.
C., et dont quelques-uns avaient jadis fait la
chasse aux esclaves.
Lorsque Ma quitta Arochuku, tout le
monde lui dit : « Reviens
bientôt ! Tu es la seule personne qui
s'intéresse à
nous ».
Pendant un autre voyage, comme, en
descendant la rivière, Ma guettait des
serpents qui essayaient d'aller d'un bord à
l'autre, tout à coup sa pirogue fut presque
renversée par une autre pirogue venant
à la traverse.
« Excuse-moi, Ma, dit
l'occupant de la pirogue ; voilà bien
des jours que je t'attends. Mon maître
désire te parler ; il habite à
Akani Obi ».
UNE
HUTTE DE PALABRES DANS L'IBIBIO
La pirogue de Ma changea donc de direction et
entra dans une petite anse d'une merveilleuse
beauté. Sur la berge se tenaient un
indigène et sa femme, l'un et l'autre
habillés à l'européenne. Ils
conduisirent Ma dans leur confortable maison ;
et voici l'histoire qu'ils lui
racontèrent.
« Je m'appelle Onoyom, dit
l'homme. Quand j'étais enfant et esclave, un
missionnaire blanc fit un voyage d'exploration
jusqu'ici. À sa vue tout le monde
s'enfuit ; mais moi je n'avais pas peur et
j'offris à l'homme blanc de lui servir de
guide et de le conduire à notre chef. C'est
ce que je fis, en effet, mais j'en fus
sévèrement puni par nos gens.
J'oubliai vite le missionnaire, et, devenu un jeune
homme, j'assistai aux fêtes d'anthropophages
d'Arochuku. À la mort de mon maître,
dix petites filles furent tuées et
ensevelies avec lui ; je devins intendant de
sa maison et gouvernai comme un chef. Mais le
malheur ne tarda pas à s'attacher à
mes pas : ma maison fut brûlée et
mon enfant mourut. Persuadé qu'un ennemi
était cause de tout, je voulais mettre les
gens à mort, mais je rencontrai sur ma route
un homme qui avait autrefois été
instituteur, et qui me dit : - Comment sais-tu
que ce n'est pas le Dieu des blancs qui se
fâche contre toi ? Il est tout
puissant.
- Où puis-je trouver ce
Dieu ? demandai-je.
- Je ne suis pas digne de te le dire. Va
trouver la Ma blanche à Itu ; elle te
le dira.
J'ai pris une pirogue pour venir
au-devant de toi, mais je t'ai manquée.
Alors j'ai laissé un de mes hommes aux
aguets, et c'est lui qui t'a
conduite ici. Maintenant,
dis-moi ce que je dois faire. »
Ma avait écouté, les yeux
brillants de joie. Elle parla longuement de
Jésus et de son Évangile à cet
homme, à sa femme, et à tous les gens
de leur maison ; elle pria avec eux et promit
de revenir, d'ouvrir une école et de
bâtir une église. On lui fit une tasse
de thé et on la ramena à la
plage.
Comme sa pirogue glissait sur les eaux,
la nuit survint et la pluie se mit à tomber
par torrents. Ma, transie et mouillée
jusqu'à la moelle, s'en inquiétait
fort peu ; elle chantait, le coeur
joyeux : le Soleil d'en haut commençait
à se lever sur ce pays si longtemps
plongé dans les ténèbres et le
péché.
Ainsi, descendant et remontant sans
cesse l'Enyong Creek, visitant des lieux
jusqu'alors inconnus, campant où que ce fut,
Ma mena en ces jours-là une vie bien
mouvementée et très fatigante.
Quelquefois elle couchait en plein air, quelquefois
sur le sol des huttes ; parfois elle
était surprise par un orage et n'avait plus
sur elle un fil de sec ; parfois il lui
était impossible de se laver pendant
plusieurs jours ; en d'autres circonstances
ses provisions se trouvaient inopinément
épuisées, et il lui fallait se
contenter d'herbes indigènes ; il lui
fallait verser son thé dans une boîte
de conserves en guise de tasse, etc.
Souvent elle se sentait malade,
souffrait de partout et brûlait de
fièvre ; n'importe : jamais sa
gaieté d'esprit et son rire joyeux ne
l'abandonnaient. Comme un souffle bienfaisant
traversant la contrée, elle allait ça
et là, symbole de la vie nouvelle qui
animait le pays. Le peuple se réveillait
d'un sommeil qui avait
duré des siècles ; tous
étaient désireux de
s'instruire ; partout on demandait à
grands cris instituteurs et missionnaires.
« Si seulement je pouvais
redevenir jeune et travailler davantage !
s'écriait Ma. Si seulement l'Eglise de chez
nous voulait bien nous envoyer des hommes et des
femmes missionnaires ! Si...
si... »
Ses forces la trahirent ; elle
était maintenant si frêle, si
affaiblie par de longues nuits d'insomnie, que son
énergie des anciens jours semblait presque
l'abandonner : elle reculait devant la
tâche qui l'attendait dans l'Ibo. Elle se
levait parfois au milieu de la nuit, errait dans la
maison, puis allait sans bruit contempler le
paisible sommeil de ses enfants.
« Dieu qui veille sur eux
veillera aussi sur moi, pensait-elle. J'ai encore
plus de raison qu'eux d'avoir confiance en Lui,
puisque c'est Lui qui a dirigé tous mes pas
jusqu'ici. Calme-moi, mon Dieu, et aide-moi
à rester calme ».
Il était de règle que les
missionnaires retournassent chez eux tous les cinq
ans, et il y avait déjà cinq ans que
Ma était revenue d'Écosse ; mais
elle était trop malade pour voyager. Elle
prit un long repos qui lui fit grand bien, puis
décida, - non pas de partir pour
l'Écosse, - mais de demander un congé
de six mois qu'elle emploierait à visiter,
à ses frais, les stations missionnaires,
à y faire des séjours plus on moins
longs, et à en fonder de nouvelles.
« Ma », lui
écrivirent les autres missionnaires
lorsqu'ils entendirent parler de
son projet, « à quoi
pensez-vous ! Après vos années
de dur labeur il vous faut des vacances. Allez vous
reposer en Écosse, et à votre retour
vous entreprendrez cette
tournée. »
Mais non Ma avait mis son coeur à
ce projet ; elle ne l'abandonna pas. Elle
descendit à Duke Town pour remettre en
d'autres mains la présidence du tribunal
indigène, puis elle partit à la
recherche de nouvelles tâches et de nouveaux
triomphes.
- Toi qui mènes à bien les
tâches commencées, =
- Et qui prêtes ton aide à qui
veut les finir,
- Mon Dieu ! je te bénis pour
les heures passées
- Et je me fie à toi pour celles
à venir.
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