Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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REINE BLANCHE EN PAYS NOIR
Vie de Mary Slessor, missionnaire au Calabar



 QUATRIÈME PARTIE

Nouvelles Conquêtes

1902-1910.

CHAPITRE IV

 

Après six mois de déplacements incessants, Ma s'installa à Itu, dans une hutte indigène n'ayant pour tout mobilier qu'une table, une chaise, quelques casseroles et quelques pots. Ses filles travaillaient et couchaient n'importe où ; les bébés, anciens et nouveaux, se traînaient à quatre pattes dans tous les coins et dormaient par terre sur de vieux journaux en fait de paillasses ! Ma aida à bâtir la maison missionnaire et l'église ; puis, lorsque l'une et l'autre furent à peu près terminées, elle demanda à Duke Town qu'on lui envoyât un menuisier pour y poser portes et fenêtres. On lui délégua un artisan missionnaire que les indigènes traitèrent comme leur hôte. Lorsque, le soir venu, il dressait son lit, les jeunes gens du village venaient, selon la coutume du pays, coucher sur le sol, tout autour de lui, en guise de garde d'honneur ; et le matin ils allaient chercher l'eau et la nourriture dont il avait besoin.

Ma travaillait dur. Elle dirigeait une école de semaine, prêchait à des auditoires de quatre cents personnes, tenait une école du dimanche et une classe biblique, était constamment dérangée par une chose ou une autre, explorait la forêt et ainsi se liait d'amitié avec un nombre croissant d'indigènes. De temps en temps elle remontait l'Enyong Creek jusqu'à Arochuku, et s'arrêtait dans les villages riverains. De tous côtés commençaient à s'élever des églises aux murs de terre glaise et aux toits de chaume.
Mais Onoyom, résolu à avoir une « Maison de Dieu » aussi belle que possible, prit une somme de 7.500 francs qu'il avait économisée, et l'employa à bâtir l'édifice. Lorsqu'il ne lui manqua plus que la chaire et les bancs, il dit : « Il nous faut du bois ; allons abattre l'arbre juju ».
Or, pour les indigènes, l'arbre juju était l'habitation du Dieu du village ; aussi les ouvriers d'Onoyom furent-ils atterrés.
- Le juju se mettra en colère, dirent-ils. Il ne nous laissera pas faire ; il nous tuera.
- Le Dieu de Ma est plus puissant que notre juju, répondit Onoyom. Abattez l'arbre.

Et l'on se mit à l'oeuvre ; mais le tronc résista et l'on dut laisser l'arbre debout. « Tu vois ! » dirent ses ouvriers à Onoyom.
La foule païenne faisant cercle était transportée de joie. « Ho ! ho ! cria-t-on : notre juju est plus puissant que le Dieu de Ma ».
Mais le jour suivant, Onoyom revint à la charge, non point cette fois avec les ouvriers de la veille, mais avec de jeunes disciples de la foi nouvelle. Des aides et lui commencèrent par se mettre à genoux et demandèrent au Dieu de la Maman blanche de prouver qu'Il était plus puissant que le juju. Puis, se levant, ils se saisirent de leurs haches, attaquèrent l'arbre de toute la force de leurs muscles et de leur volonté, et le virent chanceler et tomber avec fracas. Ce fut au tour d'Onoyom et de ses aides de se réjouir : le Seigneur les avait exaucés.

Lorsque les églises du Creek furent terminées les missionnaires du Calabar vinrent les consacrer. Et combien grand fut leur étonnement de voir ces auditoires heureux, attentifs, respectueux, - bien habillés, et les sommes qu'ils apportèrent ! Dans un village la collecte, représentée par des barres de cuivre, s'élevait à 500 francs. Or, rappelez-vous que les gens qui venaient à ces églises étaient encore, pour la plupart, des païens, mais des païens désirant apprendre à aimer et à servir le vrai Dieu.

Ce désir se manifestait partout à la fois. Il arrivait même que Ma, seule sur la brèche ne savait où donner de la tête. Jour après jour lui arrivaient des messages comme ceux-ci : « Nous voulons connaître Dieu ; envoyez-nous quelqu'un, même si ce n'est qu'un jeune garçon. » - « Il nous faut une Ma blanche comme vous, pour nous enseigner à laver et à coudre. » - « Nous avons de quoi payer un instituteur ; nous l'attendons. » - Et ainsi de suite. Quelquefois Ma riait ; mais d'autres fois elle pleurait. « Que faire ? que faire ? répétait-elle avec chagrin. Je suis seule et je suis vieille. »

Elle priait, demandait à Dieu de faire entendre ces requêtes à d'autres missionnaires, et d'en envoyer beaucoup dans cet immense champ de travail.
Un jour, un messager arriva d'Arochuku. « Ma, dit-il, les méchants chefs ont décidé de renvoyer du pays les instituteurs. »
Ma tressaillit.
- Et qu'ont dit les instituteurs ? demanda-t-elle. Ils ont répondu, que les chefs pouvaient les chasser du pays, mais qu'ils ne pouvaient pas les chasser loin de Dieu.
- Oh ! quel bonheur ! Et que dit le peuple ?
- Chacun déclare qu'il est prêt à mourir pour Jésus.
- Joyeuse nouvelle ! s'écria Ma avec émotion. Retourne auprès d'eux. Dis-leur d'être courageux et patients et que tout ira bien.

Toujours seule, Ma se rendit ensuite dans une grande et sombre forêt à l'ouest d'Itu, demeure des Ibibios, cette race si longtemps foulée aux pieds et victime des marchands d'esclaves. « Ce sont des sauvages indomptés, sales et sans attraits », disait Ma à leur sujet. Mais c'était précisément à cause de leur triste condition qu'elle avait pitié d'eux et voulait les aider. Plus les gens étaient dégradés et opprimés, plus elle, en vrai disciple de Jésus, en avait compassion.

Le Gouvernement faisait maintenant tracer une route à travers la forêt. Ma, contemplant cette route si droite, si bien nivelée, si large, se mit à rêver de nouveau.
« Je la suivrai, cette route, dit-elle, et je bâtirai des écoles et des églises sur son parcours. »

Un grand nombre de fonctionnaires européens étaient de ses amis ; ils l'admiraient, s'intéressaient à elle et la pressaient de se procurer une bicyclette et d'apprendre à la monter.
« Moi sur une bicyclette ! Une vieille femme comme moi ! »

Depuis longtemps elle observait les bicyclettes des coloniaux, courant sur la route, et elle en avait peur. Elle ne voulait même pas en approcher, « au cas, disait-elle, où la machine ferait explosion ! » N'empêche que lorsque l'un de ces fonctionnaires, revenu d'un voyage en Angleterre, lui fit cadeau d'une magnifique bicyclette, dernier modèle, elle fut guérie de son aversion et dut bientôt monter son nouveau cheval. Sa bicyclette devint pour elle un précieux instrument de travail.

Ma se mit un jour en route, accompagnée d'Etim, pour un village nommé Ikotobonq, situé à dix kilomètres d'Itu, dans un délicieux coin de montagnes. Elle ouvrit école et église. Etim devint maître d'école et se tira si parfaitement d'affaire qu'il eut bientôt une centaine d'élèves sachant lire presque couramment. Ma fit l'arrangement suivant : le chef du village donnerait à Etim sa nourriture, et elle, Ma, lui remettrait 6 fr. 50 par mois pour envoyer à sa mère.

Voici comment une jeune négresse, convertie par elle, raconta l'arrivée de Ma dans le pays. « Lorsqu'elle arriva dans le pays et qu'elle vit les nombreuses idoles que nous adorions tous, elle eut grand'pitié de nous. Voyant que le peuple était assis dans les ténèbres, elle demanda un emplacement où établir son domicile. Les chefs lui donnèrent une jolie petite colline au milieu de la ville. Et dès le premier jour tous les gens s'étonnèrent de sa sagesse, de sa douceur, de son amour parce qu'ils n'avaient jamais vu une personne blanche qui lui ressemblât. Chacun dans la ville fut frappé de ce qu'elle lui disait de Dieu ; et leurs coeurs furent remplis de joie parce qu'elle demeurait parmi eux. Avant son arrivée, les gens se détestaient et ne connaissaient ni l'amour ni la paix ; mais, lorsqu'elle vint à nous, son influence, son amour nous calma. Bien qu'elle fût déjà vieille, elle dut travailler comme un homme fort. Les gens d'Ibibio ne cessaient de s'étonner joyeusement à son sujet, tant elle était pleine d'amour pour chacun et tant elle travaillait jour après jour pour leur bien.
Alors, à cause de toute sa bonté et de toute sa compassion, on l'appela Adiaka Makara, ce qui signifie « la fille aînée de tous les Européens », et Ma Akamba, ce qui signifie « Grande Madame ».

Le moment approchait où Dieu allait répondre aux prières de Ma et récompenser sa longue patience. Il le fit en lui envoyant trois grands sujets de joie. C'était en 1905.

1° L'Eglise d'Écosse, dont dépendait la Société des Missions à laquelle Ma se rattachait, décida de faire d'Itu une station missionnaire proprement dite, placée sous la direction d'un docteur, d'y fonder un hôpital qui s'appellerait « Hôpital missionnaire Mary Slessor », puis d'envoyer un petit vapeur pour faciliter l'oeuvre le long de l'Enyong Creek. « On dirait un conte de fée ! » dit Ma.

2° Un missionnaire, venu pour visiter Arochuku, retourna en Écosse tellement enthousiasmé de tout ce qu'il avait vu qu'il reprit immédiatement le chemin de l'Afrique et ouvrit lui-même une station à Arochuku.

3° L'Eglise fit savoir à Ma que deux dames missionnaires allaient venir se charger de la station d'Akpap, et qu'elle n'avait pas besoin d'y retourner.

Enfin ! Enfin ! le ciel de sa vie s'éclairait... le soleil se levait...
Un après-midi elle reçut la visite d'un fonctionnaire qui lui dit :
- « Ma, qu'allons-nous faire ? »

La question ne l'étonna pas vu qu'on la lui posait sans cesse ; tous, depuis les fonctionnaires jusqu'aux esclaves fugitifs, venaient lui demander conseil, et nul n'aurait pris une décision ou formé un projet sans en avoir préalablement causé avec elle.
- Eh bien ! de quoi s'agit-il maintenant ? demanda-t-elle.
- Il nous faut un magistrat pour la région ; quelqu'un de très intelligent, de très entendu, sachant s'y prendre avec les indigènes et s'assurer que justice est faite à tous.
- Et après ?
- Ne comprenez-vous pas à quoi je veux en venir ?
- Superbe ! répondit Ma les yeux pleins de malice. Vous cherchez un homme très intelligent, très entendu, etc, etc. Votre but est digne de tout éloge !
- Comme toujours vous avez raison ! Et vous êtes l'homme que nous cherchons, Ma.
- Ta, ta, ta, mon garçon ! Je crois que le thé vous est monté à la tête !
- Je parle sérieusement. Aucun de nous n'est à la hauteur de ce poste, ne fût-ce que parce que nous ne savons pas la langue du pays. Vous, au contraire, vous la possédez sur le bout du doigt, vous êtes au courant des coutumes des gens et de leurs ruses ; vous avez sur eux un grand ascendant et tous vous respectent. Enfin, - ajouta le fonctionnaire, malicieux à son tour, - quelle belle occasion ce serait pour vous de protéger les femmes et de punir les hommes à votre guise ! Et puis, pensez aux jumeaux !

Ma réfléchit.
- En effet, finit-elle par dire, cela aiderait à l'oeuvre de Dieu. Ce n'est pas dans mes goûts, mais j'accepterai le poste pour cette raison.
- Merci. Votre titre officiel sera celui de « vice-présidente du tribunal indigène », mais, dans la pratique, vous serez présidente, et agirez comme bon vous semblera. Vos appointements seront de...
- Je ne veux pas d' appointements, interrompit vivement Ma. Je n'accepte le poste que pour l'amour de Dieu.

Le Gouverneur écrivit bientôt à Ma, la nommant officiellement vice-présidente du tribunal indigène, et la prévenant que ses appointements seraient payés à la Société des Missions, et qu'elle pourrait ainsi les utiliser pour son oeuvre. (On était alors en mai 1905 ; Ma avait 56 ans).

De nouveau donc Ma se trouva être la seule femme de l'Empire Britannique remplissant les fonctions de magistrat. Le tribunal siégeait à Ikotobong, dans une hutte au toit de chaume. Ma, assise devant une petite table, entourée des chefs, leur enseignait comment agir tout à la fois avec justice et miséricorde envers les coupables. Souvent elle devait rappeler ces chefs à l'ordre, tant ils aimaient à bavarder ; s'ils ne se taisaient pas, elle se levait et allait leur tirer les oreilles.

Elle jugeait cause après cause, souvent pendant des journées entières, n'ayant pour toute nourriture qu'une tasse de thé, un biscuit et ses chers bonbons ! Il lui fallait tout son courage pour prêter une oreille attentive aux terribles récits de dépravation, de cruauté, de honte, qui lui étaient faits. Les missionnaires des autres régions disaient : « Comment Miss Slessor peut-elle écouter toutes ces horreurs ! Ce qui lui en donne la force, c'est évidemment son ardent désir d'arracher des soeurs noires et leurs petits enfants aux souffrances qu'ils ont à supporter ».

Contrairement aux autres juges du monde entier, Ma n'avait à sa disposition aucun code de législation ; sa connaissance des lois et des coutumes du pays et son propre bon sens étaient ses seuls guides. Heureusement elle avait pénétré dans chaque coin et recoin du cerveau indigène ; et, bien qu'il se débitât force mensonges dans un tribunal africain, nul n'arrivait jamais à la tromper. Non qu'on se fît faute d'essayer ! mais c'était toujours en vain : elle découvrait la vérité, et les menteurs s'esquivaient à la dérobée, suivis par son regard pénétrant.

Des questions très difficiles à résoudre embarrassaient souvent les fonctionnaires anglais, mais jamais elles n'embarrassaient Ma. Ainsi, il arriva une fois que deux tribus prétendirent qu'un certain terrain leur appartenait. L'envoyé du gouvernement passa inutilement de longues journées à essayer de débrouiller l'affaire. En désespoir de cause, il fit prier Ma de venir. Celle-ci arriva, et tout de suite, selon sa coutume, en appela aux indigènes eux-mêmes.
- N'est-ce pas votre coutume ici, demanda-t-elle, d'offrir des sacrifices au terrain qui vous appartient ?
- Si parfaitement, Ma.
- Quelle est la tribu qui a sacrifié à ce terrain ? C'est la nôtre, répondit un homme.
- Alors le terrain appartient à ta tribu.
- Bravo, Ma !

Et chacun s'en alla en riant, pleinement satisfait.

Ceux qui étaient « traduits en justice » étaient souvent fort ignorants et stupides ; Ma les traitait alors comme s'ils eussent été de méchants enfants ; elle leur donnait une tape ou un coup sec sur la main, les « savonnait » d'importance et les renvoyait chez eux. Il arrivait aussi que, lorsque des hommes étaient punis d'une amende qu'ils ne pouvaient pas payer, elle les conduisait à la maison missionnaire, leur donnait à manger, puis les faisait travailler et payait leur travail prix de l'amende. Puis, le soir, elle leur parlait de Jésus.

Le serment que prêtaient les témoins était un serment indigène appelé mbiam. On. remplissait d'un liquide mystérieux, sentant horriblement mauvais, un, pot en forme de bouteille ; un des chefs trempait un bâton dans le liquide et en touchait la langue, la tête, le bras et le pied des témoins ; ceux-ci croyaient qu'après cela, s'ils disaient un mensonge, le mbiam les tuerait. Ils tremblaient pendant qu'on le leur administrait. Car il était arrivé qu'un témoin était tombé mort comme il venait de rendre un faux témoignage, et les gens avaient vu là un jugement des dieux.

Le « juge Slessor » devait avoir l'oeil ouvert sur les agents de la police indigène, bien que ceux-ci se crussent gens de grande importance. L'un d'eux s'en alla un jour dans un village et somma les habitants de nettoyer les routes ; puis il entra dans l'école missionnaire pendant que les enfants chantaient leur cantique du matin, et faisant claquer son fouet, il cria : « Sortez et allez nettoyer les routes ! » Les instituteurs portèrent plainte et l'agent de police fut jugé par Ma.

« Vous avez besoin d'une bonne punition, lui dit celle-ci, car vous vous croyez si grand que bientôt votre tête touchera le plafond. » Ces quelques mots plurent infiniment à ceux qui écoutaient, - s'ils ne furent pas du goût de l'accusé !

La renommée de ce tribunal s'étendait partout les gens savaient qu'on y était toujours traité avec justice. Ils finirent même par prendre l'habitude de venir voir Ma dès qu'une dispute s'élevait entre eux on qu'ils étaient dans l'embarras. Ma les écoutait, les obligeait à faire la paix entre eux et leur évitait ainsi d'avoir recours à la loi. Même lorsqu'elle était malade, les gens venaient la trouver. Ils s'asseyaient par terre sous sa fenêtre et racontaient leur histoire à Janie qui la transmettait à Ma ; après quoi Ma élevait la voix, et, par la fenêtre, disait à chacun ce qu'il devait faire !

Un jeune esclave vint un jour la consulter sur les moyens de recouvrer sa liberté. « Je regrette beaucoup, lui dit-elle, que le tribunal ne puisse en rien vous aider ; mais vous avez tout le pays devant vous... »
Le jeune homme comprit : il prit la clé des champs !

Un chasseur en quête de gibier, voyant quelque chose bouger dans un buisson, cria : « Qui est là ? » Ne recevant pas de réponse il fit feu ; mais un cri perçant retentit : il avait tiré sur une jeune fille. Atterré, il transporta celle-ci dans la maison la plus proche, où elle ne tarda pas à mourir. Conduit devant le tribunal de Ma, le meurtrier involontaire fut acquitté. Mais, comme la loi indigène disait : « vie pour vie », les gens réclamaient une nouvelle victime. Le chasseur au désespoir courut chez Ma : se coupant une mèche de cheveux il la lui offrit, ce qui signifiait que tout était en commun entre eux deux, même sa condamnation à mort ! Mais Ma, qui savait que si cet homme restait dans le pays il le payerait de sa vie, l'obligea à prendre la fuite.

Notez bien que, pendant tout ce temps, Ma continuait son oeuvre la plus importante : elle prêchait, enseignait, apprenait aux jeunes à devenir missionnaires autour d'eux, et portait la lumière de l'Évangile toujours plus avant dans la forêt païenne. Puis, - pour ne pas en perdre l'habitude ! - elle rêvait !

Se rappelant le projet de M. Thomson de bâtir une maison de vacances pour les missionnaires, elle se dit : « Ne puis-je pas le faire moi-même ? » Quelqu'un venait justement de lui envoyer un cadeau de 500 francs, et elle décida de l'employer à la réalisation de son rêve. Elle choisit un terrain sur la hauteur à un endroit appelé Use, entre Ikotobong et Itu, au centre d'un magnifique panorama.

Elle fit déblayer le terrain, puis se mit à bâtir de petites maisonnettes, mi-européennes mi-indigènes, dans l'espoir de les voir bientôt occupées par des dames missionnaires. Elle fit la plus grande partie du travail avec l'aide de Janie et de ses compagnes, couchant le soir sur le sol d'une hutte afin de n'avoir pas à redescendre chez elle.

LES MAISONS DE MA À USE

Au sujet des travaux matériels entrepris par Ma, je voudrais vous raconter quelque chose qui vous montrera, dans quel esprit elle les accomplissait. Une fois, on lui demanda en Écosse comment il se faisait qu'elle fût si experte à faire du ciment. « Avez-vous pris des leçons à ce sujet ? » - « Non, répondit Ma ; je tourne le ciment comme si c'était un potage de farine d'avoine, puis je le verse par terre et je l'égalise avec un bâton ; mais, tout le temps, je ne cesse de prier en disant : « Seigneur, voilà le ciment ; si c'est à ta gloire, permet qu'il prenne ». Et mon ciment a toujours réussi. »

Une dame missionnaire en séjour chez Ma devait partir de grand matin le lendemain, et se demandait comment elle serait sûre de se réveiller à temps. « Ne vous inquiétez pas, lui dit Ma : je remonterai le réveil », et elle alla chercher un coq qu'elle attacha au pied du lit. Dès l'aube, ce réveil nouveau, genre réveilla la dormeuse !


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