REINE
BLANCHE EN PAYS NOIR
Vie
de Mary
Slessor, missionnaire au
Calabar
CINQUIÈME PARTIE
En Avant - Toujours
1910 - Janvier 1915.
CHAPITRE II
En
réalité, ce séjour aux
Îles Canaries fut le premier vrai
congé de Ma, car elle n'eut rien à
faire qu'à se chauffer au soleil et à
se laisser choyer par tout le monde, en particulier
par Monsieur et Madame Edisbury, qui tenaient
l'hôtel où elle descendit. Elle n'eut
à s'occuper de rien, pas même de
parler à des réunions. Quel heureux
temps ce fut pour elle !
LE JUGE SLESSOR ET L'APPAREIL
DU
SERMENT INDIGÈNE
CROIX DE ST. JEAN DE
JÉRUSALEM
« Depuis l'instant de notre arrivée,
alors que nous étions un peu émues de
nous trouver entourées d'étrangers,
dit-elle, jusqu'au moment où nous
sommes reparties, les
coeurs
pleins à déborder, notre visite n'a
été qu'une délicieuse
succession de tout ce qui est beau et
aimable. »
Peu après son arrivée,
elle entendit dire que Madame Edisbury avait un
petit garçon de neuf ans, appelé
Radcliffe, qui était boiteux et ne marchait
qu'avec des béquilles. « Puis-je
le voir ? » demanda-t-elle. Elle
trouva Radcliffe installé dans sa
nursery ; c'était un enfant vif et
intelligent avec lequel elle eut bientôt fait
de s'entendre. Des heures durant, Radcliffe, assis
à ses côtés, ses grands yeux
fixés sur les siens, écoutait bouche
béante les étonnantes histoires
qu'elle lui racontait de sa vie en Afrique.
Avant le départ de Ma, celle-ci
et son petit ami eurent ensemble une longue
conversation et conclurent un arrangement qui
devait rester un secret entre eux deux. Il ne
s'agissait de rien de bien grave ! simplement
de ceci : Ma promettait à Radcliffe
qu'elle demanderait tous les jours à Dieu de
lui rendre l'usage de ses jambes, et Radcliffe
promettait à Ma que lui aussi prierait
à ce sujet tous les jours. Ma comprenait que
ce serait une joie pour le petit infirme de se dire
qu'il y avait entre eux « un secret, dont
même sa maman ne saurait
rien » !
A bord du navire qui la ramenait au
Calabar, Ma écrivit une longue lettre
à Radcliffe.
« Tu étais, dit-elle,
profondément endormi bien avant l'heure du
départ de notre vapeur, en sorte que ni
Janie ni moi n'avons pu te dire adieu. Mais devine
un peu ce que ton cher papa a fait ! Il est
venu avec nous, au beau
milieu
de la nuit, alors qu'il faisait froid et tout
noir ; il s'est chargé de nos bagages
et de nos affaires, et dans l'obscurité il
nous a accompagnées jusqu'au grand navire.
Il a même grimpé le long escalier avec
nous et nous a amenées à notre cabine
d'où je t'écris. Cette cabine sera
notre demeure pendant une dizaine de jours. Et ta
chère maman a veillé pour nous dire
adieu ; ta chère tante aussi ;
elles nous ont comblées de fruits et de
fleurs, et mieux encore de bons voeux et de
souhaits d'un prochain retour. J'étais
heureuse et reconnaissante, mais triste aussi, et
je crois bien que j'ai pleuré un petit brin
quand ton papa nous a quittées. Comme tes
chers parents et ta tante ont été
bons pour nous ! Et comme je suis heureuse
d'avoir fait ta connaissance ! Les heures que
nous avons passées ensemble resteront
gravées dans ma mémoire ; et
pour Janie c'est un bienfait de te
connaître.
« il y a foule à
bord ; et aujourd'hui nous avons eu pour le
thé un gâteau de jour de naissance,
parce que c'est l'anniversaire d'une des dames.
Comme on ne demande jamais à une dame quel
âge elle a, - tu te rappelles notre
conversation à ce sujet ? - on avait
tracé en sucre le chiffre
« 21 » sur le
gâteau ! Mais la dame est une vieille
dame. On lui a donné toute espèce de
cadeaux : une petite poupée, un chien
en porcelaine qui remue la queue, des perles ;
c'était très amusant. Il y a si peu
à faire à bord d'un navire qu'on
finit par s'ennuyer, et qu'on a besoin d'un peu de
badinage pour faire passer le temps.
« Et maintenant adieu, cher
petit ami. Sois sage, sois brave, et
dépêche-toi de faire des
économies pour venir nous voir et pour
rester longtemps. Janie t'envoie ses compliments et
dit : « Ne nous oubliez
pas ». J'en dis
autant ».
Grande était la joie de Radcliffe
lorsqu'arrivaient les lettres de Ma,
« tout droit des pays
sauvages » comme disait celle-ci. Dans
toutes ses lettres elle faisait allusion au
mystérieux secret. « Fiston,
écrivait-elle, j'espère que tu te
souviens de notre traité secret ? Moi
je m'en souviens et je fais ce que nous avons
convenu. Il y a un téléphone et un
télégraphe qui vont d'ici aux
Îles Canaries en passant par le Royaume de
Dieu, voire même une
télégraphie sans fil qui ne fait
jamais défaut. » On bien encore
elle écrivait : « Tu te
rappelles notre secret, mon vieux
chéri ? J'y pense aussi et j'ai
confiance que tout ira pour le mieux.
Persévère. »
Radcliffe aimait que Ma lui
racontât ce que faisaient ses enfants, et ce
qui se passait dans la forêt. Il
s'intéressait aux insectes, aux papillons,
aux mouches, à toutes les bestioles des
buissons qui resplendissaient au soleil. Mais par
dessus tout il aimait les histoires de serpents,
dans le genre de celle-ci :
« Un soir, tard, j'entendis
des cris dans la cuisine. Janie sautait d'un
endroit à l'autre pendant qu'Annie et elle
lançaient des objets vers un être qui,
à la lumière du feu, me parut
épouvantable. Janie répondit à
mes propres cris par des rires, « C'est
un serpent, dit-elle ; ne viens
pas. » Et elle fouettait l'air avec un
bâton ; Annie faisait du tapage,
mais pas grand'chose de
plus.
À pas lents je sortis de la maison ;
Janie tint le serpent à une distance
respectueuse jusqu'à ce qu'Annie et Maggie
eussent aussi gagné la porte ; mais
elle-même resta sur les lieux, et, avec une
petite hache que je lui lançai, elle coupa
le serpent en morceaux. Le lendemain matin tous les
morceaux avaient disparu ; quelqu'autre
bête les avait avalés et il n'en
restait que des traces. Un autre jour, Janie et ses
compagnes poursuivirent une horrible bête
qu'on appelle ici Asawuri. (Je ne sais pas son nom
scientifique).
C'est un animal qui demeure dans un
trou, dans la brousse ; il pousse un
drôle de cri, comme : ou - 0, ou -
o ; il est plus grand qu'un lézard et
tacheté comme un serpent ; sa morsure
est mortelle : c'est probablement pour cela
que Dieu lui a donné ce cri particulier qui
avertit de sa présence et met les gens sur
leurs gardes. Janie l'a tué... Je garde
toujours mon secret ; le gardes-tu
aussi ? Ne te relâche pas ! N'en
parle à personne ! »
Et, pour encourager le garçonnet,
Ma lui écrivait une autre
fois :
« Je suppose que tu es
maintenant à l'école ? Eh
bien ! qu'en dis-tu ? Est-ce que les
maîtres donnent des pensums ? Mais je
suis sûre, que tu n'en mériteras
jamais parce que tu feras toujours de ton mieux.
Quelquefois tu trouveras difficile de
travailler ; quand il fera chaud, par exemple,
tu auras envie de faire tout autre chose !
Veux-tu que je te dise un petit secret ? Moi
aussi je suis stupide au possible quand il s'agit
d'arithmétique ! Je n'y comprends
absolument rien ! Tant pis : je me suis
assez bien tirée
d'affaire tout de même et tu en feras autant.
Maintenant je n'ai plus pour me tracasser que les
problèmes que font les garçons de
l'école ; mais je ne leur pose que ceux
que je puis facilement faire et expliquer
moi-même ! Un de ces jours, tu seras
à la tête de ta classe. Tout de
même tu sais : vas-y de toutes tes
forces à essayer de rattraper ; les
autres ; ta petite tante et maman
t'aideront ; c'est pour cela que les tantes et
les mamans sont faites. Mets tes bras autour du cou
de cette petite tante, regarde-la de tes yeux
profonds, et tu verras ce qui arrivera ! Janie
non plus ne sait pas compter ; elle n'a jamais
pu y arriver, et, à cause de cela, j'ai
toujours eu beaucoup de sympathie pour elle. Et
pourtant, que ferais-je sans Janie ? Pour moi
et pour les gens d'ici, elle vaut mieux que des
milliers de
mathématiciens ».
À son retour des Îles
Canaries, Ma passa par Duke Town. Elle y vit des
médecins qui lui assurèrent qu'elle
avait bien des années de service devant
elle, à condition qu'elle prit soin de sa
santé, et lui donnèrent à ce
sujet, par écrit, de minutieuses
instructions. « Vaudra-t-il vraiment la
peine de vivre dans ces conditions ! dit-elle.
Enfin ! pour l'amour de l'oeuvre que Dieu m'a
confiée, j'obéirai aux
médecins. Dieu veut des ouvriers à la
hauteur de leur tâche et comment le
serions-nous si nous ne prenions pas soin du corps
merveilleux qu'Il nous a
donné ? »
Elle revint donc à Use toute
réjouie à la perspective de
travailler encore pour son Maître
bien-aimé et
résolue à suivre les conseils qui lui
avaient été donnés. Ce
n'étaient ni les éloges ni la
renommée qu'elle désirait ; elle
voulait simplement s'employer aux modestes
tâches quotidiennes en aidant chacun de son
mieux, en luttant contre le péché et
l'ignorance qui empoisonnaient autour d'elle tant
de vies.
Pendant deux années elle s'occupa
à la fois d'Use et d'Ikpé et voyagea
sans cesse entre les deux stations, quelquefois en
pirogue, mais le plus souvent dans l'automobile du
gouvernement dont David était le chauffeur.
Cela lui procurait le plaisir de voir en passant
Mary et ses bébés, car la famille
demeurait maintenant à Ikot Ekpene.
Ma prêchait, enseignait, soignait
les malades, faisait du ciment, peignait,
vernissait ; - humble et heureuse
femme.
Mais combien elle était seule et
isolée, malgré sa vie si
remplie ! Il n'y avait pas de courriers dans
ces parages, et elle ne recevait sa correspondance
que grâce à l'amabilité des
fonctionnaires qui se chargeaient de la lui faire
parvenir. « Voilà sept semaines,
écrivait-elle une fois, que je suis sans
nouvelles de qui que ce soit ; pas une lettre,
pas un journal ; rien à lire que les
vieilles feuilles d'annonces qui couvrent les
planches de l'armoire et le fond des caisses. Si
vous désirez des noms d'hôtels ou de
pensions dans quelque coin de l'Europe que ce soit,
adressez-vous à moi : je les sais sur
le bout du doigt ». Quelle joie pour elle
lorsqu'un visiteur blanc faisait son
apparition ! On prenait ensemble une tasse de
thé, on causait ;
et,en partant, le visiteur se
gardait bien d'oublier de laisser derrière
lui un paquet de journaux dont Ma se
délectait pendant longtemps.
En juillet 1913, Ma se rendit dans
l'Okoyong pour la première fois depuis
qu'elle l'avait quitté huit ans auparavant.
Akpap, jadis si sauvage, était devenu une
paisible station missionnaire, si tranquille que Ma
s'y croyait presque en Écosse ! Une
nouvelle église y avait été
construite et deux dames missionnaires y
travaillaient.
L'arrivée de Ma fut un
événement et son séjour une
série de réceptions. Tous voulaient
la voir ; de près et de loin les gens
accouraient pour « Koem » leur
mère, et pour revivre avec elle les
souvenirs d'autrefois. À peine Ma avait-elle
le temps de manger ; et aux amies qui
l'appelaient pour un repas elle répondait,
désignant du doigt ses visiteurs :
« Ceux-ci seront aujourd'hui ma
nourriture ». Les dames missionnaires
d'Akpap n'avaient jamais encore vu une telle
affection se manifester entre missionnaire et
indigènes. Ma n'avait oublié le nom
de personne ni les détails concernant telle
ou telle famille.
Elle revit Emé Eté, Mana,
Iyé, la maman de la petite Susie, et Esieu,
devenu un des chrétiens influents de la
contrée. Hélas ! Emé
Eté n'avait pas été
gagnée à l'Évangile :
elle était restée païenne et
offrait chaque jour dans sa cour un sacrifice
à une idole représentant une femme
aux yeux en coquilles d'oeufs ! Dans cette
même cour il y avait une sorte d'autel sur le
quel Emé Eté déposait ses
offrandes : du vin de palme, de l'eau-de-vie,
des vivres, parfois une poule ou
des oeufs. Les chambres de la pauvre femme
étaient remplies de charmes tels que
bouquets d'herbes, plumes, bouteilles. Tout cela
fut pour Ma un sujet de profonde tristesse.
Emé Eté mourut peu de temps
après la visite de Ma. Au toit de sa maison
flotta un immense noeud de satin blanc, signe de
deuil chez les païens ; les portes de sa
maison furent fermées et on laissa la maison
elle-même tomber en ruines.
MASQUE
EN USAGE DANS LES PIÈCES
INDIGÈNES
Lorsque Ma se rendit à la nouvelle
église, elle y trouva un auditoire de quatre
cents personnes réuni pour l'entendre :
les hommes et les jeunes gens au centre, les femmes
sur les côtés, les enfants assis en
rangs par terre. Tout ce monde était
proprement vêtu ; et, en se rappelant
l'Akpap d'autrefois, alors que les indigènes
tout nus passaient leur temps
à boire et à se battre, Ma
bénit Dieu et prit courage.
« Oui, disait plus tard un
membre de l'Eglise lorsque Ma est arrivée
dans le pays, les léopards eux-mêmes
sont devenus moins dangereux et moins
audacieux ».
Toute cachée qu'elle fût
dans sa forêt africaine et quelque grande que
fût son humilité, beaucoup de
personnes se rendaient compte de la valeur de Ma et
de l'oeuvre immense qu'elle avait accomplie. Ils
écrivirent son histoire. Ce récit
tomba sous les yeux du Gouverneur
général de la Nigérie, Sir
Frédéric Lugard, et celui-ci en fut
tellement frappé qu'il l'envoya, en
Grande-Bretagne et demanda que le roi George V en
prit connaissance.
Alors, un beau jour, arriva dans la cour
de la maison missionnaire à Use un coureur
indigène porteur d'un paquet de
lettres ; et, parmi ces lettres, se trouvait
une grande enveloppe à l'air important.
« Qu'est-ce que cela peut bien
être ? » se demanda Ma.
C'était un document émanant de
l'Ordre des Hospitaliers de St-Jean de
Jérusalem dont le roi Georges V était
le Grand Maître. On priait Ma de vouloir bien
devenir membre honoraire de l'Ordre et d'accepter
la croix d'argent, décernée en
récompense d'éminents services et
d'oeuvres de bienfaisance.
Ma jeta un regard amusé sur sa
robe défraîchie, sur ses pieds nus,
sur ses mains durcies par le travail, puis elle
contempla sa pauvre petite hutte et se mit à
rire « Une médaille royale pour
moi ! dit-elle ;
mais
à propos de quoi ? Je ne mérite
rien pour n'avoir accompli que mon devoir ; et
même cela je ne l'aurais pas fait sans le
continuel secours de Dieu. À Lui soit toute
la gloire. Tout de même, ajouta-t-elle, cette
décoration aura ceci de bon : elle
prouvera que le roi s'intéresse à ce
qui se passe ici ».
Elle répondit qu'elle acceptait
l'honneur qui lui était offert. Mais qu'elle
se doutait peu de ce à quoi elle
s'engageait !.. Pour recevoir cette croix,
elle dut descendre à Duke Town et y
paraître en public, voire même y parler
en public... ce qui allait tellement à
l'encontre de ses goûts ! - Il fallut
cependant s'y résigner. Laissant la station
à des mains amies, elle descendit à
Duke Town dans la chaloupe du gouvernement, mise
à sa disposition.
À Duke Town chacun fut plein
d'égards pour elle ; elle fut
traitée en princesse. Pendant la
réunion publique, alors qu'on faisait son
éloge, racontant l'oeuvre qu'elle avait
accomplie, l'influence qu'elle avait
exercée, son talent à se faire des
amis, elle cachait sa figure dans ses mains. Puis
il lui fallut prendre la parole à son tour.
Se tournant vers les garçons de l'Institut
missionnaire et les filles de l'École
industrielle, elle s'adressa à eux en efik,
et leur recommanda la loyauté envers le
gouvernement, - « chrétien au
fond, dit-elle, puisque le don de cette croix
d'argent était une preuve qu'il
s'intéressait aux Missions ». Pas
un instant elle ne se mit en scène ;
bien au contraire, elle s'y prit de façon
à donner l'impression que le don de cette
décoration était un honneur fait
à la Mission, et que la
croix aurait pu tout aussi bien être remise
à n'importe quel autre missionnaire. Ayant
recouvré un peu d'assurance, elle
prononça alors quelques mots en anglais.
« Si dans ma vie j'ai fait quoi que ce
soit qui vaille, c'est parce que mon Maître
marchait devant moi », dit-elle en
terminant.
Dès le lendemain elle retourna
à Use, emportant avec elle un bouquet de
roses qui lui avait été remis
à la séance de la veille.
Arrivée chez elle, elle détacha une
branche du bouquet et la planta à
côté de la porte de la maison ;
à son intense joie le rameau prit racine...
Une bouture de ce même rosier a
été plantée sur sa
tombe.
Il va sans dire que Ma dut raconter tout
ce qui venait de se passer à son ami
Radcliffe. « On porte cette
décoration dans les grandes occasions, lui
écrivit-elle ; c'est comme si on avait
reçu un prix a l'école. Tu te
demandes en quel honneur j'ai reçu un
prix ? Je me pose la même question sans
arriver à la
résoudre ! »
Afin de montrer à ses enfants
comment se portait cette décoration, Ma
l'épingla sur sa robe : la croix
d'argent se porte à gauche, retenue par un
ruban de moire noire.
Répondant jadis à une amie
d'Écosse qui lui avait écrit que sa
récompense dans le ciel serait une couronne
d'étoiles, Ma s'était exprimée
ainsi :
Qu'est-ce que je ferais donc de
couronnes d'étoiles, sinon de les jeter aux
pieds du Seigneur ! » Et
après avoir reçu la décoration
elle écrivit : « N'allez pas
vous imaginer qu'il y a le moindre changement dans
mes titres ! Maintenant comme avant je
m'appelle Mary Slessor tout
court ; je suis la servante indigène et
inutile du Roi des rois ; mais une servante
ardemment désireuse de le servir. Puisse
l'honneur que je viens de recevoir m'être un
encouragement à faire toujours
mieux ! »
À l'époque dont nous
parlons, Mary et Annie étaient
mariées ; Alice et Maggie faisaient
leur apprentissage à Duke Town, et Dan
était à l'école
également à Duke Town. Ma
écrivit à Radcliffe :
« Dan et son maître ont
remonté la rivière pour aller dans
une contrée ou l'on vient de
découvrir du charbon et de l'étain,
et où nos entreprenants compatriotes vont
construire un chemin de fer. Des terres nouvelles,
de nouveaux peuples, de nouveaux trésors,
vont ajouter à la richesse et à
l'étendue de notre empire. Tu ne peux pas
t'imaginer quelle différence cela va faire
dans le pays d'avoir ici du charbon ! On
dirait un conte de fée. Pense un peu :
si nous avons du charbon, nous pourrons employer
sur place les matières premières qui
abondent ici, et nous pourrons envoyer aux quatre
coins du monde le bois de nos immenses
forêts. Et puis, que de gens vont trouver du
travail dans les mines ou à la construction
du chemin de fer ! Vraiment ce vieux monde est
merveilleux n'est-ce pas ? Et on nous
répète qu'il n'est plus bon à
rien ! »
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