1. Corinthe était, au temps de l'apôtre Paul, une ville de 700 000 habitants. Située à mi-chemin entre Athènes et Rome, elle déroule encore ses quais, brillamment éclairés le soir, sur la rive de son golfe. Jadis, elle était célèbre par son luxe et son immoralité. On disait corinthiser pour désigner la vie dissolue. On parlait des banquets corinthiens et des buveurs corinthiens. Mais la ville possédait aussi des philosophes et des discoureurs.

Paul arriva à Corinthe en l'an 52 après sa visite à Athènes. Il rencontra dans cette ville quelque opposition, mais surtout des succès, ce qui l'engagea à y passer un an et demi. Il y logea dans la maison d'Aquilas et de Priscille qui étaient faiseurs de tentes (Act. 18. 1-11).

2. La 1re aux Corinthiens est un admirable exposé de la vie de l'église et de la discipline ecclésiastique. Aucune épître ne nous permet mieux de pénétrer dans le coeur de l'église primitive et dans le vif des problèmes qui se posaient devant des chrétiens auxquels l'apôtre pouvait écrire : « il ne vous manque aucun don » (1 Cor. 1. 7). C'est, a-t-on dit, un chef-d'oeuvre de sagesse apostolique (L. Bonnet).

3. L'épître s'ouvre par un admirable exposé de la croix. « La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. Christ a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption. C'est pourquoi Paul ne veut savoir qu'une chose : Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (chap. 1. 17 à 2.5).

4. Le danger de l'église, ce sont les divisions, les disputes. Les uns se réclament de Paul, d'autres d'Apollos, d'autres de Christ. Tout cela est charnel (chap. 3).
Il y aura une récompense pour les ouvriers fidèles. Que chacun prenne garde comment il bâtit, avec de l'or, de l'argent, du bois, du foin ou du chaume. Car le feu éprouvera l'oeuvre de chacun. Les mauvais ouvriers perdront leur récompense.

5. Dans cette église si spirituelle, qui connaissait les expériences chrétiennes les plus hautes, on voyait surgir les péchés les plus graves (chap. 5). Il faut retrancher le vieux levain, car les injustes n'hériteront pas le royaume de Dieu. Vous avez été rachetés à grand prix, glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit (chap. 6 et 7).

6. Un admirable tableau est la course dans le stade (9. 24-27). Il faut courir de manière à remporter le prix, afin d'obtenir la couronne incorruptible.

7. Le chap. 11 nous donne la liturgie de la sainte Cène (v. 17-29), et le chapitre 14 le programme du culte tel qu'il était célébré dans l'église primitive (14.26-33).

8. Les chap. 12 et 14 exposent avec une clarté parfaite et une prudence exemplaire les dons spirituels et les différents ministères.
On compte neuf dons spirituels : trois qui ne se voient ni ne s'entendent : le don de sagesse, le don de connaissance, le don de la foi ; trois qui se voient : le don de guérison, le don des miracles, le discernement des esprits ; trois qui s'entendent : le don de prophétie, le don des langues, le don d'interprétation.

Le chapitre 13 qui décrit le don par excellence, la charité, est un des chefs-d'oeuvre du Nouveau Testament.

Le chapitre 15, consacré à la résurrection, déchire tous les voiles. Mieux que Dante ou Milton, ou qu'aucun écrivain ancien ou moderne, l'apôtre Paul nous dit ce qu'est la mort et le réveil dans l'au-delà. Il décrit le mystère de la dernière trompette et la victoire finale de Jésus-Christ.

Persécuté en Asie (2 Cor. 1. 8), discuté à Corinthe (1. 17 et 6. 12), combattu par les faux docteurs judaïsants (11. 22), attristé par les nouvelles qu'il reçoit de l'église, Paul adresse aux Corinthiens cette seconde lettre, afin de défendre son apostolat et d'encourager les croyants.

« Dans aucun de ses écrits, lisons-nous dans Bonnet, Paul ne met plus complètement à nu son coeur passionné pour la vérité et pour le salut des âmes. Aussi sa parole y coule tantôt comme un ruisseau limpide, tantôt comme un torrent troublé par les débris qu'il entraîne, enfin comme un fleuve qui s'élargit en lacs profonds. »

Cette épître abonde en sujets variés qui peuvent être étudiés séparément :

1. On y trouve tout d'abord le témoignage d'une vie sanctifiée.
Aucun aveu de faiblesse chez l'apôtre, mais l'expérience d'une victoire ininterrompue, grâce à la puissance de Christ :

- Nous nous sommes conduits avec sainteté et pureté, 1.12
- Nous sommes votre gloire, 1. 14
- Grâces soient rendues à Dieu qui nous fait toujours triompher, 2.14
- Inquiets, mais non désespérés, 4.7-11
- Recommandables en toutes choses, 6.4-10.

2. Le secret de la discipline (2.5-11).
Il faut savoir pardonner, de peur que Satan ne prenne l'avantage sur nous.

3. Le secret des deux alliances (chap. 3).

- L'ancienne alliance est abolie en Christ, v. 14.
- La nouvelle alliance est une alliance de liberté, V. 17.

4. Le secret de l'expérience chrétienne.
Il gravite autour de ces mots impressifs :

- Transformés à l'image du Christ, 3.18.
- Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature, 5.17.
- Nous sommes réconciliés en Christ, 5. 19.

5. Le secret de la sainteté.

- Tout d'abord la repentance à salut, 7. 10.
- Puis la séparation d'avec le mal. « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Sortez du milieu deux. Séparez-vous. Ne touchez pas à ce qui est impur. Dieu vous accueillera » (2 Cor. 6.14 à 7. 1.)

6. Le secret de la générosité (chap. 8 et 9).

- Celui qui sème abondamment, moissonnera abondamment, 9.6.
- Dieu aime celui qui donne avec joie, 9. 7.
- Dieu peut vous combler avec abondance, 9.8.

7. Le secret de l'apostolat (12. 1-10).
Paul a été ravi jusqu'au troisième ciel et il a entendu des paroles ineffables.