C'est la plus personnelle et la plus intime des lettres de l'apôtre Paul, écrite de coeur à coeur.
Peu de doctrine. Pas question de péché. Le mot ne s'y trouve pas.
La note dominante est celle de l'espérance. Elle s'exprime dans ce texte : « Notre cité à nous est dans les cieux » (Phil. 3. 20).

Écrite à la fin de la carrière de Paul, alors qu'il était prisonnier à Rome, elle nous permet de pénétrer dans l'intimité des expériences de l'apôtre. Essayons d'en relever quelques-unes.

1. Les expériences d'un missionnaire, 1.3-11. L'apôtre se souvient avec reconnaissance de son arrivée à Philippes, de l'accueil de Lydie et de la conversion du geôlier (Act. 16. 11-34). Il nous fait part de ses prières (Phil. 1. 4, 9), de sa joie (Phil. 1. 5), de sa confiance (Phil. 1. 6), de sa tendresse pour les croyants et de sa sainte ambition pour eux (1. 10, 11).

2. Les expériences d'un prisonnier, 1. 12-20. L'apôtre est prisonnier à Rome, retenu dans le prétoire (1. 12, 13). Mais il ne s'en afflige point. Sa captivité a plutôt servi aux progrès de l'évangile, car nul n'ignore que c'est pour Christ qu'il est dans les liens.

3. Les expériences d'un condamné à mort, 1. 21-26. Le prisonnier ignore quelle sera l'issue de sa captivité, mais il lest prêt à toute éventualité. « Je suis pressé des deux côtés, peut-il écrire. J'ai le désir de m'en aller pour être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur. Mais à cause de vous, il est plus nécessaire que je demeure dans la chair. Au reste il importe peu, car Christ lest ma vie, et la mort m'est un gain. »

4. L'expérience de l'humilité (2. 1-11). Dans l'abaissement de sa captivité, l'apôtre regarde à Jésus-Christ et il propose son humilité en exemple aux Philippiens. Il nous en fait suivre les sept degrés descendants :

1. Il était en forme de Dieu

2. Il s'est dépouillé lui-même

3. Il a pris la forme d'un serviteur

4. Il est devenu semblable aux hommes

5. Il s'est humilié lui-même

6. Il s'est rendu obéissant

7. Jusqu'à la mort de la croix.

5. L'expérience des pertes et des gains, 3. 4-11. L'apôtre met en balance les pertes qu'il a dû subir et qui sont imposées à tout serviteur de Dieu, et les gains qui lui sont proposés.

- Les pertes :

1. Ses origines pharisaïques.

2. Ses mérites de fidèle observateur de la loi.

3. Le renoncement à tout.

4. Les biens extérieurs qu'il regarde comme de la boue.

 

- Les gains se résument dans ces mots :

1. Gagner Christ.

2. Être trouvé en lui avec la justice qui vient de la foi.

3. Connaître Christ et la communion de ses souffrances et la puissance de sa résurrection.

4. Parvenir à la résurrection des morts.

5. Devenir semblable au corps glorieux de Jésus-Christ.

6. L'expérience de la sainteté, 3.12-14. La vie chrétienne se présente à l'apôtre comme une course dans le stade où les coureurs luttent pour remporter le prix (1 Cor. 9.24-27). Pour atteindre le but, Paul dévoile son secret : « Oubliant ce qui est en arrière, je cours vers le but, pour saisir le prix ».

7. L'expérience de la joie, 4.11-20. Chose étrange et admirable, cette lettre écrite du fond d'une prison, dans l'attente d'une mort cruelle, abonde en actions de grâces. Les mots joie, contentement, se réjouir reviennent seize fois dans ces courtes pages. Qu'on médite ces quelques mots qui resplendissent d'une clarté céleste :

- Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur je le répète : réjouissez-vous, 4. 4

- J'ai appris à être content de l'état où je me trouve, 4.11

- J'ai appris à être rassasié et avoir faim, 4.12

- Je puis tout par Christ qui me fortifie

- J'ai tout reçu et je suis dans l'abondance, 4.18

- J'ai été comblé de biens.

Son dernier mot est pour ses lecteurs : « Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins, selon sa richesse », 4. 19.