Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE RÉVEIL EN MANDCHOURIE



II
Extraits traduits du livre (1).

 

Je ne crois pas nécessaire de donner la traduction du livre entier, de 127 pages, mais ceux qui comprennent l'anglais le liront pourtant avec intérêt.
L'introduction écrite par M. Walter Sloan, adjoint du directeur de la mission pour l'intérieur de la Chine, me paraît particulièrement importante parce qu'elle montre comment les réveils du Pays de Galles, des Indes, de Chine, de Corée et de Mandchourie s'enchaînent les uns aux autres, et aussi à cause des quelques détails qu'elle donne sur celui de Corée ; je la traduis donc en entier.

Des premiers chapitres du livre nous tirerons simplement quelques indications sur le commencement et la marche du réveil ; dans les chapitres suivants nous citerons les faits les plus intéressants, et passerons aux résultats acquis, pour terminer par les discours de M. Goforth, déjà mentionnés.
Nous aurons ainsi sur ce réveil une vue générale suffisante pour nous convaincre de l'importance de ce mouvement religieux, et pour augmenter en nous le désir et le besoin d'un renouveau spirituel pour nous-mêmes ainsi que pour nos pays de langue française. Dieu veuille nous l'accorder bientôt !

a. Introduction.
Par M. Walter B. Sloan.

« Le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit. » C'est ainsi que notre Seigneur décrit les merveilleuses opérations du Saint-Esprit.

Les allées et venues des mouvements de l'Esprit ne sont pas à la portée de notre vue charnelle ; néanmoins ses oeuvres rentrent dans le cercle d'observation des hommes, nous pouvons en voir et en suivre les résultats. L'histoire du réveil de Mandchourie ne peut être présentée sans la relier au réveil de Corée ; et l'histoire du réveil de Corée ne peut se raconter sans faire allusion au ministère du Rév. Dr Howard Agnew Johnston

Il était ministre presbytérien à New-York, mais quitta son pastorat pour visiter pendant deux ans dans divers pays les missions de son Église. Sur son chemin il s'arrêta en Angleterre et eut avec Evan Roberts une entrevue dont les conséquences furent immenses. Continuant son voyage, il traversa la Turquie, la Syrie, et l'Égypte, puis passant par les Indes, il vit comment Dieu avait répandu son Esprit dans ce grand pays, et quelle impression profonde avait été produite dans le coeur de beaucoup de ceux qui étaient sortis du paganisme. Passant par Ceylan et le Siam, il arriva en Chine où il resta pendant le printemps et l'été de 1906. Et là, dans un centre au moins, ses récits de l'oeuvre de Dieu aux Indes furent le moyen d'un réveil dont la force et la stabilité sont démontrées par la ferveur et la fidélité de ceux qui ont été atteints. Arrêtons-nous ici pour nous demander ce qu'il y avait de particulier dans le ministère qui produisit ce résultat et d'autres encore dont nous aurons à nous occuper. Nous trouvons la réponse à notre question dans les lignes que voici d'un missionnaire travaillant en Chine : « Il n'y a certainement rien d'extraordinaire dans ce que dit le Dr Johnston, ni rien de fanatique ou d'extravagant dans ses méthodes. Son geste est tranquille et ouvert, et ses allocutions sont, du commencement à la fin, absolument dénuées de recherche de soi-même. Les incidents qu'il raconte ont trait à ce que Dieu a fait non par lui, mais par d'autres. Nous devons forcément renoncer à expliquer par des causes naturelles le travail d'hommes semblables, manifestement revêtus d'une puissance spéciale, possédée par peu de serviteurs de Dieu, et qui semble n'être pas autre chose qu'une plus grande mesure du Saint-Esprit. »

Ce fut en octobre 1906 que le Dr Johnston atteignit la Corée. À Séoul comme à Pyang-Yang, quand il parla de ce qu'il avait vu aux Indes, les coeurs des missionnaires et des chrétiens coréens furent pressés de chercher une manifestation semblable de la puissance de Dieu. Déjà deux mois auparavant, à des études bibliques à Pyang-Yang, les missionnaires avaient reçu une profonde impression et éprouvé le vif désir d'être remplis du Saint-Esprit. Il y eut beaucoup de prières, et de temps à autre des réunions spéciales, d'octobre à la fin de l'année ; ce fut alors pendant les premiers mois de 1907 que commença parmi le peuple un mouvement spirituel, tel qu'il restera à jamais gravé dans la mémoire de l'Eglise de Corée. Environ 700 hommes étaient venus en ville pour les études de la classe d'hiver. Tous les jours, à midi, les missionnaires se rencontraient pour demander à Dieu une bénédiction sur cette classe. Puis on tint le soir des réunions organisées d'un commun accord par les quatre églises presbytériennes de la ville. Le nombre des assistants fut si considérable qu'on dut réunir à part les hommes, les femmes, et les enfants des écoles. Tous les soirs le temple central contenant 1500 personnes était bondé d'hommes seulement.

L'intérêt et la puissance augmentèrent de jour en jour dans les réunions et de grandes choses étaient attendues pour le premier dimanche au soir : mais au contraire il semblait que le Saint-Esprit fût parti ; tout était froid et sans vie. Cela n'eut d'autre effet que de rendre plus intense les prières de la réunion de lundi à midi, et à la réunion du soir nous eûmes la bénédiction. « Vous ne savez ce que vous demandez ! » Quelques-uns des missionnaires ont avoué depuis que s'ils avaient su ce que la proximité de Dieu mettrait à nu dans la vie de l'Eglise et dans leurs propres coeurs, ils n'auraient jamais osé prier comme ils l'avaient fait. Dès le commencement de cette réunion il y eut un sentiment extraordinaire de la présence de Dieu. Quand l'heure fut avancée, on donna à ceux qui voulaient se retirer l'occasion de le faire et environ 500 restèrent. Quand ils se furent rassemblés, commencèrent les premières de ces heures solennelles, où la conviction du péché provoque l'angoisse et l'agonie de l'âme, et qui sont devenues caractéristiques du réveil partout où il a passé. L'un après l'autre ces hommes se levaient, confessaient leurs péchés, tombaient sur le sol et pleuraient ; l'un d'eux cria à travers l'église : « Dites-moi, pasteur, y a-t-il de l'espoir pour moi, puis-je être pardonné ? » Puis se jetant à terre il pleura et sanglota avec une détresse indicible. Quelquefois toute l'assemblée priait, et l'effet produit par ces centaines d'hommes priant ensemble à haute voix était indescriptible. Puis c'étaient des pleurs irrésistibles. Le missionnaire qui racontait cela disait : « Nous pleurions tous sans pouvoir nous arrêter. » Quand il fut possible de terminer cette réunion mémorable il était deux heures du matin.

Le soir suivant ce fut encore plus terrible ; un homme qui était en dispute avec un autre reçut finalement la force de confesser son péché. Il reconnut avoir haï ses frères, entre autres l'un des missionnaires. L'agonie par laquelle il passa défie toute description, tous éclatèrent en pleurs avec lui. Chaque jour, pendant la semaine entière, ces expériences se renouvelèrent, exaltant la puissance de Dieu, d'abord dans l'école des garçons, puis dans celle des filles et enfin dans les réunions des femmes.

Il y a à Pyang-Yang un bâtiment commun réunissant collège et académie pour les deux missions presbytérienne et méthodiste. Il était fermé pendant ce temps de bénédictions. Quand les étudiants se rassemblèrent lors de la rentrée du printemps, le directeur était en prière avec l'un des instituteurs coréens dans l'établissement, et bientôt l'Esprit commença à travailler d'une manière remarquable. D'abord la bénédiction atteignit surtout les étudiants presbytériens ; puis on apprit que l'un des prédicateurs méthodistes était ouvertement opposé à l'oeuvre. Quand enfin les étudiants méthodistes furent réveillés ils confessèrent ouvertement qu'ils avaient eu tort d'écouter les conseils de leur professeur. Ce fut plus que celui-ci n'en put porter, et après qu'il eut avoué son opposition, Dieu répandit sa grâce dans tout le collège. Toute distinction confessionnelle se trouva effacée et les professeurs étaient étonnés d'avoir pu y attacher tant d'importance.

L'un des traits caractéristiques de l'oeuvre de Pyang-Yang, ce furent les ondées de grâce divine qui se répandirent sur différentes assemblées de chrétiens successivement réunis dans la ville pour des études spéciales.

Après que l'oeuvre eut atteint l'église méthodiste aussi bien que l'église presbytérienne, il fut décidé de faire un puissant effort en commun pour l'évangélisation de la ville. La foule remplit tous les lieux de culte et environ 2000 personnes furent amenées à accepter Christ pour leur Sauveur.

Après cette campagne s'ouvrit le cours de mission des méthodistes pour prédicateurs et ouvriers chrétiens, réunissant une centaine de leurs hommes les plus influents pour un mois d'étude. Ici aussi la même conviction de péché, réelle et profonde fit son oeuvre purificatrice ; et quand les prédicateurs se dispersèrent ils retournèrent chez eux avec des coeurs nouveaux et animés envers Dieu et leurs frères d'un amour intense qu'ils n'avaient pas connu auparavant.

Au moment précis de leur départ la classe d'éducation pour les femmes de la mission presbytérienne commença à se rassembler. Il y en avait 550, venant des églises de la contrée ; et parmi elles aussi le Seigneur déploya sa puissance de conviction et de confession de péché, suivies d'une grande joie ; à peu d'exception près, elles rentrèrent délivrées d'un immense fardeau.

Elles n'étaient pas encore à la maison qu'un autre groupe se réunit. Cette fois c'étaient 75 étudiants en théologie de l'église presbytérienne. Ces hommes venaient de toutes les parties de la Corée, et tous étaient engagés pour plusieurs années dans un travail actif. La classe devait commencer le 1er avril, et dans tout le pays on avait mis à part le jour précédent en vue d'intercéder pour ces étudiants. On sentait qu'il était important que tous ces hommes, sur lesquels reposerait essentiellement la charge de la jeune église coréenne, fussent remplis du Saint-Esprit. Dans les circonstances nouvelles, créées par les bénédictions déjà reçues, il était à peu près impossible pour eux de garder quelque autorité dans l'église sans que cette condition fût remplie. Il se passa quelques jours avant que le Seigneur s'approchât « ayant son van dans ses mains », mais quand il vint « il nettoya parfaitement son aire. » Éclairés par l'Esprit, ces hommes se sentirent impurs, incapables et indignes, et il s'éleva vers Dieu un cri de détresse que rien ne peut décrire. Ceux-là seuls qui ont passé par de semblables expériences peuvent s'en faire une idée. Aucune puissance sur terre n'est capable d'amener au jour, comme le tirent ces réunions, les choses affreuses cachées au fond des coeurs. Mais la conviction du péché et l'humiliation ne sont entre les mains de Dieu que des moyens pour arriver à un but ; à la vallée d'humiliation succède la montagne de la transfiguration. Enfin la louange et les actions de grâce éclatèrent de toutes parts. L'un après l'autre, quelquefois plusieurs à la fois, ils rendirent leur témoignage jusqu'à ce que la plupart de ces 75 étudiants eussent déclaré avoir reçu la paix.

À Séoul l'oeuvre fut pareille à celle de Pyang-Yang. La conviction de péché ne fut pas moins intense. Les gens paraissaient chargés d'un poids de péchés qu'ils étaient pressés de confesser pour en être délivrés. Le Saint-Esprit a remué la Corée, partout où il s'est manifesté, comme ni la guerre, ni le commerce, ni l'éducation, ni rien d'autre ne l'a fait depuis des siècles.

Vers la fin de 1907, M. Douglas de Liaoyang envoya en Corée deux de ses ouvriers qui, voyant ce que Dieu y avait fait, s'en retournèrent en Mandchourie transformés. Ils emportèrent une lettre de l'un des missionnaires de Pyang-Yang, adressée à M. Douglas et contenant cette phrase : « Nos chrétiens prieront pour vous et leurs prières sont puissantes et efficaces auprès de Dieu. » La visite de ces deux frères fut certainement un anneau important dans la chaîne qui relie le réveil de Corée à celui qui se produisit ensuite en Mandchourie.


b) M. Goforth, principal instrument du réveil en Mandchourie.

Avant de relater les faits du réveil, et afin d'en mieux comprendre l'esprit, il sera utile que nous connaissions quelque chose de M. Goforth, principal instrument de ce mouvement et auteur des allocutions prononcées à Londres au centième anniversaire de la Mission dans l'Intérieur de la Chine, allocutions dont la traduction est donnée à la fin de ce volume.

Il fut l'un des pionniers de la mission de l'église presbytérienne du Canada dans l'empire chinois. Pendant de nombreuses années cette église avait eu une mission bénie sur l'île de Formose, mais ce n'est qu'en 1886 qu'elle commença sa mission en Chine même, dans la province de Honan.

Pendant les années précédentes il y avait eu un merveilleux réveil de l'intérêt missionnaire dans les deux principales facultés de théologie de l'église presbytérienne du Canada, et l'un des résultats de ce réveil fut que chacune de ces facultés se chargea de l'entretien d'un missionnaire dans un nouveau champ. M. Goforth fut choisi comme représentant de son collège et arriva en Chine il y a vingt ans. Il fut ainsi au bénéfice de cet entraînement qu'on ne peut acquérir que dans une oeuvre de pionnier en pays païen. Cette circonstance le prépara admirablement pour la nouvelle tâche à laquelle la Providence semble l'avoir appelé.

Avec ses collègues il passa par mainte épreuve pendant la révolte des Boxers. On se souvient que les missionnaires de la province de Honan durent fuir pour sauver leur vie. Dans un voyage périlleux et très mouvementé de vingt jours, ses compagnons et lui furent attaqués par une bande armée et n'échappèrent que par miracle. Plusieurs furent grièvement blessés. M. Goforth reçut plusieurs coups de sabre sur la tête. Pendant un jour et une nuit Mme Goforth et lui-même avaient perdu toute trace de leur petit garçon et avaient renoncé à l'espoir de le retrouver. À une telle école il devint endurant comme doit l'être un bon soldat de Jésus-Christ ; il apprit la patience, le support et le tact pour traiter avec les Chinois, mais par-dessus tout il apprit à saisir la puissance de la prière.

Pendant ces vingt ans passés dans la province de Honan, M. Goforth et ses collègues fondèrent et développèrent une institution chrétienne basée sur l'Évangile ; dès le commencement ils eurent en vue une église autonome et travaillant à son extension avec ses propres fonds. M. Goforth eut là un grand succès. Dans son travail d'évangélisation il chercha à atteindre non seulement les classes illettrées et ayant peu d'éducation, plus accessibles à l'influence missionnaire, mais aussi les étudiants et les écoliers de district, comprenant combien il était essentiel qu'en vue de la régénération de l'empire chinois les hommes influents fussent mis en contact avec les principes rénovateurs de la foi chrétienne. En tout cela il avait montré une grande largeur de vue, une appréciation juste et bienveillante du problème de la mission en Chine, qualités qui, avec beaucoup de bon sens, la connaissance de la langue, de la littérature et du peuple chinois, une foi simple et un zèle d'apôtre, placent M. Goforth au premier rang des missionnaires presbytériens en Chine.

Il vint à Moukden accidentellement, y prêcha, et, en racontant les faits du réveil de Corée, y éveilla tant d'intérêt qu'on lui demanda de revenir pour diriger des réunions d'évangélisation et de réveil. Il obtint plus tard à cet effet un congé de son église, d'abord de quinze jours, puis de six semaines, et c'est ainsi que commença son oeuvre en Mandchourie.

Et son message ? il est simple, droit, et ne présente rien de nouveau. Pour commencer nous fûmes mis au courant de l'histoire de l'église de Corée, du réveil par lequel elle a passé, du progrès rapide du christianisme dans ce royaume, de l'accroissement incroyable du nombre des convertis, de la force et de l'indépendance des églises, du nombre d'écoles et de collèges, tous établis dans l'espace de peu d'années, tous subvenant à leurs frais. À notre confusion, nous apprîmes bientôt que M. Goforth était aussi bien versé dans notre propre statistique que dans celle de l'église coréenne. Il en résulta une comparaison sans merci entre les progrès faits là et ici pendant la dernière décade, contraste frappant et humiliant.

Tout en regrettant de faire tomber nos illusions, M. Goforth sentit la nécessité de nous faire comprendre qu'il n'était pas venu en Mandchourie pour exalter notre mission. Il nous supplia de nous enquérir sérieusement de ce qui avait pu produire cette immense différence entre l'église de Corée et la nôtre. Nous ne pouvions la mettre sur le compte de la guerre et des insurrections par lesquelles nous avions passées, la Corée ayant eu sa large part de l'une et des autres. Il n'était pas plus plausible de mettre cette différence sur le compte de la situation politique, puisque la servitude des Coréens et leur joug si lourd les poussaient à embrasser un culte étranger dans l'espoir que les puissances de l'ouest interviendraient pour délivrer leur peuple opprimé et sans force. D'ailleurs l'église avait été franchement anti-révolutionnaire, elle avait montré aux autorités une entière loyauté et avait déployé sous l'oppression une patience qui avait été en exemple à tout le peuple. Ce n'est donc pas à ces choses qu'il faut regarder pour expliquer ce qui s'est passé dans l'Eglise coréenne. « Ce n'est ni par force, ni par armée, mais par mon Esprit, dit le Seigneur. »

Il a été remarqué que dans chaque grand réveil une vérité spéciale a été mise particulièrement en lumière. En 1859-1860 ce fut : « Il vous faut naître de nouveau. » En 1873-1875: « Crois au Seigneur Jésus-Christ. » Le point sur lequel M. Goforth insistait était celui-ci : « Ce n'est pas par force, ni par armée, mais par mon Esprit, dit le Seigneur. » Cette doctrine, répétée sous différents aspects et amplement illustrée, fut le thème distinctif du ministère de M. Goforth en Mandchourie.

La sainteté de Dieu, la nature profondément corruptrice et la culpabilité du péché, l'incapacité absolue de l'homme en dehors de l'action du Saint-Esprit, la possibilité d'empêcher le Saint-Esprit de travailler en nous et par nous - voilà quels étaient surtout les sujets de prédication. Il ne faisait pas de théories abstraites sur l'oeuvre du Saint-Esprit. « Je parle de ce que je connais et témoigne de ce que j'ai vu », semblait-il dire. Il ne dit rien dont il ne soit absolument sûr, mais alors il l'affirme de toutes ses forces. Il croit que l'idolâtrie et la superstition ne sont pas les fruits de l'Esprit, et il le dit. Il croit aussi que des hommes qui ont renoncé à ces pratiques et sont devenus membres de l'église, qui ont été baptisés et professent le christianisme, peuvent néanmoins être ennemis de la croix de Christ. Il croit que l'animosité et la haine, la jalousie et la méfiance, l'impureté et la légèreté, la fausseté et la tromperie, l'orgueil et l'hypocrisie, la mondanité et l'avarice ne sont pas les fruits de l'Esprit de Dieu, et que tant que ces choses sont caressées et sanctionnées dans le coeur des hommes et des femmes qui portent le nom de Christ, nous ne pouvons attendre la bénédiction qui fut la part de l'église de Corée.

La doctrine de la propitiation ne fut pas spécialement expliquée. La croix n'était pas le thème des prédications, quoiqu'elle fût la base et le centre de toutes les allocutions. Il ne fut pas fait non plus de peinture terrifiante des peines éternelles afin d'effrayer à salut le coeur des pécheurs. Ce qui oppressait les âmes et les consciences des pénitents n'était pas la crainte de la punition des méchants. Cette pensée peut avoir été présente, mais elle fut rarement exprimée. Les coeurs semblaient remplis du sentiment de leur infidélité, de l'ingratitude envers le Seigneur qui les avait rachetés, du péché abominable d'avoir foulé aux pieds son amour.

Voilà ce qui touchait leurs consciences, les troublait jusque dans les dernières profondeurs de leur être et obligeait les multitudes à s'écrier en détresse : « 0 Dieu, aie pitié de moi qui suis pécheur ! »


c) Les débuts du réveil à Moukden.

« C'est l'oeuvre de l'Éternel, c'est une merveille devant nos yeux. »

Au commencement de l'année chinoise, le commerce est suspendu, les gens ont du loisir, les tentations abondent, et les missionnaires trouvent bon d'utiliser ce temps pour rassembler les fidèles dans des réunions spéciales afin de les encourager à commencer l'année avec Dieu. Il en fut ainsi à Moukden en février 1908, entre autres dans la congrégation chinoise de la mission de l'église libre d'Écosse.

C'est une communauté importante dirigée depuis nombre d'années par le pasteur chinois Rév. Liu Ch'uen Yao, l'un des premiers fruits de la mission commencée il y a 35 ans. Pendant les jours précédents il avait présidé une série de réunions de huit jours dans une ville située à 40 milles au sud de Moukden et il en était résulté des bénédictions manifestes.

L'oeuvre commença un samedi soir par une réunion de prière. Le dimanche suivant M. Goforth présida deux cultes, chacun précédé d'une heure de prière. L'assemblée comptait 8 à 900 personnes. Il nous parla beaucoup du réveil en Corée, relatant certains faits frappants que nous avions déjà entendus par d'autres. Il termina par un appel à de ferventes prières pour qu'une même bénédiction puisse être notre part à Moukden. On donna l'occasion de prier à ceux qui s'y sentiraient poussés par le Saint-Esprit, mais personne ne le fit. Il semblait que l'assemblée fût frappée de mutisme. Cela m'étonnait beaucoup parce qu'habituellement les Chinois sont assez prompts à répondre. M. Goforth était désappointé. Et pourtant il y avait dans l'assemblée quelque chose qui me remplissait d'espoir et d'attente. Dans l'allocution cette note centrale avait été donnée : l'oeuvre merveilleuse qui s'était faite en Corée et la nécessité de posséder le Saint-Esprit. « Ce n'est pas par force ni par armée. » Cette vérité, énoncée, accentuée et répétée, ne fut pas sans effet dès le début.

Le soir l'assemblée fut nombreuse et j'en augurai du bien. Voir en Chine 7 à 800 personnes assemblées après le coucher du soleil pour entendre un missionnaire étranger parler de péché et de justice, cela seul me semblait miraculeux. « Ni par force, ni par armée, mais par mon Esprit, dit le Seigneur. » L'allocution de M. Goforth se rattachait à la vision des ossements desséchés d'Ezéchiel. Une seconde occasion fut offerte pour la prière et la confession. De nouveau pas de réponse. Le silence était plus profond que le matin et de nouveau M. Goforth fut désappointé. Mais pour moi qui observais les contenances, ce silence était plus éloquent que des mots.

Les coeurs avaient perdu leur confiance en Dieu et simplement ne pouvaient pas s'exprimer. Mais on sentait que quelque chose s'était fait et que sous la surface un puissant mouvement se préparait.

Lundi matin, immédiatement après déjeuner, me fut annoncé un ancien hors de charge qui désirait me parler en particulier. D'une voix basse et triste il me dit sa honte, et le besoin qu'il avait de confesser sa faute. Il parla alors d'une somme qui avait été perdue par la suite de la révolte des Boxers et qui plus tard lui avait été restituée comme trésorier de l'église, mais qu'il avait gardée. « Hier, dit-il, quand M. Goforth parla, je devins bien malheureux, je n'ai pu dormir de toute la nuit et je viens vous dire la chose, vous suppliant de prier Dieu qu'il me pardonne ce grand péché. »

Je conduisis le pauvre homme près de M. Goforth et lui fis répéter son histoire. Puis nous nous agenouillâmes ; cet homme fort était brisé, tandis qu'à genoux, la tête baissée il demandait pardon à Dieu. Peu après il nous quitta avec un regard transformé et promettant qu'il rendrait l'argent aussitôt qu'il aurait vendu une propriété. Notre espoir commençait à se réaliser ; M. Goforth était réjoui.

Le même matin à la fin du culte on donna comme d'habitude le temps pour la prière et la confession ; mais ceux-là seulement devaient prier qui y étaient poussés par l'Esprit ; ceux qui n'avaient pas reçu la grâce du Saint-Esprit devaient se taire. Près de moi, un diacre, homme âgé, se leva et fit la remarque qu'il n'était pas sûr du tout d'avoir reçu le Saint-Esprit, mais qu'il désirait dire deux mots : « O Seigneur, pria-t-il, je désire te dire que je me livre à toi de tout mon coeur et pour toujours, amen. » C'était si naturel, si dénué d'affectation que toute l'assemblée répondit. Quelques prières suivirent, encore un peu stéréotypées puis un chant final, bien enlevé. Ce n'était pas la grande manifestation que M. Goforth avait espérée ; pourtant nous étions contents.

Le soir je me tins à la porte pour empêcher les retardataires de déranger, et on ne pouvait souhaiter une assemblée plus convenable. Pères et mères avec leurs enfants étaient tranquilles comme des souris. La voix de M. Goforth résonnait dans l'édifice. Comme d'habitude on réserva un moment pour la prière. L'un après l'autre, hommes et femmes se levèrent pour prier et confesser leurs péchés, souvent avec des sanglots difficiles à comprimer. Une voix s'éleva du côté des femmes. Quand celle qui parlait se fut un peu remise elle sanglota à haute voix, mais au milieu de ces sanglots un cri terrible s'éleva, presque comme si le toit s'effondrait, et un instant toute l'assemblée parut pleurer d'un seul accord. Cela dura environ cinq minutes. Quantité de gens priaient pêle-mêle. On se sentait heureux de n'avoir pas à rendre compte de ce moment ; c'était hors de portée de l'interprétation humaine. Mais les anges qui font le compte de ces faits devaient être là et ils ne devaient pas avoir peu à faire. Le soir nous eûmes une réunion de prière, courte, cordiale, heureuse. Les dames de la mission étaient très encouragées. Elles avaient désiré cela et prié, et maintenant l'exaucement semblait venir. C'était merveilleux de voir venir les femmes, malgré le froid et la boue, deux fois par jour, quelques-unes de très loin. Des familles entières vinrent et furent bénies. Après la quatrième réunion c'était la conviction de tous qu'un mouvement tranquille mais puissant se préparait.

Voici quelques notes de ce qui suivit : Le mardi 18 février, à 10 heures du matin un diacre de Liaoyang nous fit un récit du travail en Corée. Il parlait comme quelqu'un qui a reçu une nouvelle force. « Il n'y aura plus aucune difficulté maintenant pour que notre communauté pourvoie aux frais de son propre pasteur », dit-il. M. Goforth parla longuement. Notre ministre de Moukden, M. Liu Ch'uen Yao a été considérablement vivifié ; son fils le docteur pria, il était profondément ému. Les femmes prièrent avec une liberté, une ferveur et une onction particulières.

Le soir, de cinq à huit heures, l'immense église est aux trois quarts remplie. Un évangéliste nous parle encore de la Corée. Mais il semble tout mesurer à la même aune et on craint de tomber dans une méthode stéréotypée. Ce qu'il y a de beau dans le mouvement qui s'est produit, c'est sa spontanéité ; aucune contrainte, c'est l'action de l'Esprit agissant sur les âmes simplement et naturellement. C'est délicieux de voir les gens se lever de toutes parts pour épancher leurs coeurs dans la prière. C'est de nouveau du côté des femmes que se manifeste le plus de ferveur et de puissance. Quelle surprise d'entendre la voix de Mlle L. Le médecin en désespérait et la voici à la réunion par une nuit très froide, le coeur débordant de louange et d'adoration, et promettant à Dieu de lui consacrer deux jours par semaine. Mme P., la personne la plus influente de l'Eglise, a manifestement aussi reçu une bénédiction particulière, sa prière est merveilleuse. Tant d'autres devraient être citées.

L'oeuvre admirable se poursuit, c'est pour tous un temps de rafraîchissement. Je voudrais célébrer un service d'actions de grâces. M. Goforth trouve que c'est trop tôt ; il est heureux de tout le bien qui s'est fait, mais croit que plusieurs sont encore retenus. La réunion se termina par des prières où tous rendirent grâces à Dieu pour l'oeuvre accomplie.

Le mercredi, c'est un Chinois qui parle du réveil de Corée et du témoignage que les marchands coréens rendent aux chrétiens de leur pays qui viennent spontanément régler leurs anciennes dettes. Puis M. Goforth parla. Il n'y a plus maintenant de contrainte dans la prière. L'ancien S. essaie deux fois de se lever et s'écrie enfin dans une émotion indicible : « Je ne puis plus y tenir, c'est plus fort que moi ; » puis il confesse avoir essayé deux fois d'empoisonner sa femme, tandis qu'il était en vue comme ancien d'église.

Le dernier jour de la visite de M. Goforth, le réveil atteignit son point culminant. C'était comme des flots de confessions se pressant les uns sur les autres. Puis fréquemment toute la congrégation éclatait ensemble en prières, c'était merveilleux. Plutôt que d'encourager les confessions, M. Goforth semblait vouloir les arrêter, mais c'était impossible, ces âmes voulaient être déchargées de leurs fardeaux. Le pasteur se lève très ému : « Mes péchés sont les plus grands de tous, ce sont ceux d'un ministre du Christ, priez pour votre pasteur. » L'ancien L. se sent pressé de confesser ses péchés. Il détailla tranquillement de petits actes d'indélicatesse commis des années auparavant. Rien ne semblait nécessiter la chose, mais il dit que cela le tourmentait et l'empêchait d'obtenir la pleine bénédiction. L'ancien H. veut aussi décharger son coeur de choses anciennes, quoiqu'il ait été en grande bénédiction depuis à beaucoup d'âmes. Un vieillard vient dire à son pasteur que son coeur le tourmente, mais qu'il ne sait que faire. « Dis à Jésus tout ce qui t'oppresse. » « J'ai soixante-huit ans, et il y a soixante ans que j'ai dit un mensonge sur le compte de ma mère, qui en a souffert. » Puis ce fut comme si les péchés de toute cette longue vie passaient devant lui, accompagnés d'un déluge de larmes et de contrition. Dans ces moments, un chant comme : « Jésus sauve », ou « Rien que ton sang précieux », faisait toujours du bien.

Impossible de raconter comme le fait le livre anglais la suite des réunions qui furent de plus en plus bénies, en sorte que quand M. Goforth dut partir, elles continuèrent de plus belle, amenant journellement des confessions, des dons, des consécrations, comme on ne le voit qu'en ces temps de réveil.

Le dixième jour, il n'y avait aucun signe de ralentissement. De 10 1/2 à 1 1/2 heures, le flot de prières ne s'arrêta pas. Des champs, des maisons, de l'argent, des marchandises, des bijoux et des céréales étaient donnés en signe de repentance. Plus tard, ces dons prirent plutôt le caractère d'offrandes offertes par reconnaissance. Nombreux furent les ouvriers volontaires qui s'offrirent pour aller gratuitement évangéliser les environs et qui acceptaient joyeusement de s'y rendre, souvent où ils eussent le moins aimé aller.


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1 The Revival in Mandchuria, par le Rév. James Webster (éditeurs Morgan et Scott, Paternoster Buildings, Londres. Prix : 6 pence).

 

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