Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA VIE DE JOHN ET DE BETTY STAM





CHAPITRE IV

Vie au Collège et Vie Intérieure

Un an plus tard, à peu de chose près, Betty entrait au « Wilson College », Chambersburg (Pennsylvanie) ; mais elle n'était plus la joyeuse jeune fille d'autrefois. Alors qu'elle faisait un stage de quelques mois dans une école supérieure, elle tomba gravement malade : c'était une crise de rhumatisme articulaire qui la fit terriblement souffrir. Cependant, elle se rétablit : mais avec une si grande faiblesse cardiaque, qu'elle dut rester allongée sur le dos durant des mois. Heureusement, ses parents n'étaient pas encore retournés en Chine. Heureusement, surtout, la foi de la jeune fille était enracinée dans l'amour de Dieu. Ce furent quand même des mois de grande souffrance ; ils eurent aussi leur côté lumineux, quand la malade découvrit qu'elle pouvait écrire des poésies. C'est à cette époque que s'approfondit son développement religieux.

Il n'est donc pas étonnant que la mentalité de Betty Scott fût différente de celle des autres jeunes filles de dix-huit ans, ses compagnes d'études au Wilson-College. Elle avait déjà beaucoup voyagé, et elle avait fait bien des expériences. Son horizon était plus vaste, et ses sentiments bien plus profonds. Par-dessus tout, les choses divines et éternelles lui étaient devenues plus réelles ; sa foi était maintenant plus personnelle. Et comme le tabac, la danse, et d'autres habitudes mondaines n'avaient pour elle aucun attrait, elle fut vite classée par ses compagnes dans la catégorie de ces personnes pieuses, dont il vaut mieux se tenir à l'écart. Deux ans plus tard, quand Hélène rejoignit sa soeur au Collège, elle put constater que ces préventions s'étaient dissipées. Voici quelques lignes qu'elle écrivit à ce sujet :

« Quand j'arrivai, Betty avait fait la conquête de ses compagnes ; celles-ci avaient reconnu, d'abord, ses dons littéraires qui dépassaient la moyenne, puis, la sincérité de son christianisme. On l'avait élue présidente de la Société littéraire, rédactrice (associée) du journal du Collège, et elle était l'une des plus actives « volontaires ». Elle poursuivit ses études avec succès et obtint lors des examens de sortie la mention très bien. (Magna Cum Lande).

« À cette époque, nous avons vécu ensemble ; Betty s'intéressait à tout ce que je faisais : particulièrement aux sports. Elle-même devait s'abstenir de tout exercice physique à cause de son coeur ; mais elle se réjouissait de mes petites victoires plus que je ne le faisais moi-même. »

Quelques-unes des poésies que Betty écrivit pour le journal du collège révèlent son âme d'artiste. Le morceau intitulé : « Couleur » montre son amour du beau ; chaque ligne est une peinture.
En voici un extrait rendu librement

« La couleur ! Qu'est-ce donc ? Ami, écoute,
Tandis que je fais passer quelques couleurs devant toi.
La couleur n'a pas de signification ? Dis-moi, je te prie,
La nécessité du jaune, ou du rouge, ou du bleu ?
- Ami, tu as des yeux, mais tu es aveugle.

La couleur, c'est la vue et le sentiment, le coeur et la pensée.
« Les lacs bleus de Suisse, et le bleu plus léger du ciel,
Une rose écarlate avec un peu de rosée, emblème d'amour ;
Un enfant d'Irlande avec ses boucles emmêlées, couleur d'or en fusion,
Une prima donna aux cheveux de jais, décorés de perles.
Les champs de GOLDENRODS (1) brunis au début de l'automne,
Les asters rouges au pied d'un vieux mur,
Une couverture indienne noire, rouge et verte,
Une jeune fille au teint bruni, vêtue de guingan pêche. »

Et après la sixième strophe, ces lignes pour finir :

« C'est assez ! J'étais aveugle ! Mais maintenant je puis voir
Dès lors, le monde contient plus de richesses pour moi. »,

D'autres poésies révèlent le côté enjoué et vif du caractère de Betty.
Mais c'était surtout dans les choses d'un domaine supérieur que l'influence de Betty s'exerçait.

Le professeur Nevius, de la Faculté de Wilson, écrit au sujet de la jeune fille :

« Il semble que ce soit hier qu'elle était encore ici aux classes, parmi les Volontaires, ou encore aux séances de la Société littéraire. Sa présence aimable, gracieuse, exerçait une influence paisible, persuasive, sur son entourage ; et celui-ci n'est pas près de l'oublier...

« La rappeler au souvenir des élèves qui ont partagé avec elle ces quatre heureuses années d'études, c'est évoquer une présence si rayonnante de sincérité et de beauté intérieure, que rien ne pourra l'effacer. Peut-être que ce dont les jeunes se souviendront surtout, ce ne sera ni de sa gentillesse, ni de son amabilité, ni du parfum de son esprit doux et paisible, ni de son réel talent poétique, mais de sa sérénité et de sa foi ; une sérénité qui procédait d'une foi profonde basée sur le Roc, et d'une paix intérieure parfaite. Des valeurs de cet ordre ne peuvent périr. »

C'est au cours de sa seconde année de collège, que Betty fit l'expérience d'une vie transformée. « Non plus moi, mais Christ. » Elle connut alors, et de façon plus profonde, ce qu'est la vie du Cep communiquée aux sarments. Après avoir assisté à une conférence d'été à Keswick (New-Jersey) (2), elle écrivit à ses parents, d'un coeur débordant de joie, les lignes suivantes :

« Keswick est du domaine du passé ; mais j'ai confiance que le message que j'y ai reçu ne passera pas. Que Dieu en soit béni ! Je me suis à nouveau donnée au Seigneur, et plus complètement que je ne le croyais possible. Déjà, il a exaucé mes prières de façon merveilleuse dans les petites choses, et dans les grandes. Presque tous les jeunes gens et jeunes filles de ceux auxquels on n'aurait pas pensé, ont consacré leur vie à Dieu. Le « SAY-SO » meeting (la réunion : « DITES-LE ») hier, fut vraiment un triomphe. Je n'aurais jamais pensé qu'une telle victoire fût possible. Le Chemin, c'est Christ, et une consécration entière à sa volonté dans nos vies. Entre autres choses, je lui ai consacré le don poétique ou littéraire que je puis avoir reçu. Peut-être pourra-t-il l'employer ? Ne serait-ce pas merveilleux ! J'ai été frappée de la manière dont M. Harkness a dédié son talent musical au Seigneur.

« En donnant ma vie à Jésus, j'ai découvert que j'aurais dû le faire depuis longtemps, et maintenant, je me demande comment je puis avoir été si lente à comprendre jusqu'ici ! Ces lignes donnent peut-être l'impression que je suis une petite personne parfaite, alors que je suis toujours terriblement imparfaite, ou bien si vous préférez : parfaite au futur, ce qui signifie qu'il y a encore de l'espoir pour l'avenir. Dès maintenant, quand je donne la première place aux autres, à leur plaisir, leurs intérêts, leur manière de voir, j'en ai de la joie, et tout va mieux. Enfin, Keswick m'a révélé d'une façon merveilleuse combien la vie de victoire est réellement victorieuse. Depuis que je suis ici, mes prières sont exaucées de façon bien définie. Le Seigneur m'a montré la nécessité de me lever le matin de bonne heure pour lire sa Parole, et il m'aide à m'éveiller à temps pour le faire.

« Je ne sais ce que Dieu tient en réserve pour moi, mais je suis prête à devenir une vieille fille missionnaire, ou n'importe quoi, pourvu que je sois ce qu'Il veut. Il est pour moi, clair comme le jour, que la seule vie qui vaille la peine d'être vécue, c'est celle qui est en complète harmonie avec la volonté de Dieu, c'est la vie où l'on veut ce qu'il veut, où l'on se confie en son amour et sa sagesse. »

Un an plus tard, après les difficultés et les épreuves de la vie de collège, la jeune fille ajoute sur ce sujet capital :

« Poins d'impossibilité ni de désappointement pour quiconque veut vivre victorieux et heureux en Christ, mais gardez-vous d'essayer ; confiez-vous en Lui ; laissez-le vivre en vous. J'ai été frappée, hier, en lisant la consécration d'Aaron et de ses fils, par le fait que Dieu Lui-même remplit leurs mains pour toute une semaine (Lévitique 8 : 33) (3). Quand nous nous consacrons à Dieu, nous pensons que nous faisons un très grand sacrifice, que nous lui donnons beaucoup, alors qu'en réalité nous n'abandonnons que des bibelots de rien, et lorsque nos mains sont vides, il les remplit avec ses trésors. »

C'est à l'époque de ce « Keswick » que Betty prit comme devise la glorieuse affirmation : « Christ est ma vie, et la mort m'est un gain. » C'est aussi à ce moment-là qu'elle commença de prier Dieu, au sujet de sa vocation missionnaire pour la Chine, demandant que rien ne l'empêchât de repartir, si ce départ était selon sa volonté.

Ayant cette espérance au coeur, et les années de collège touchant à leur terme, elle décida d'aller à l'Institut Moody, à Chicago, pour y avoir une préparation missionnaire pratique.

« Elle choisit cet Institut, écrit sa soeur, parce qu'elle voulait apprendre à gagner des âmes à Christ, plutôt que de faire seulement de la théorie... Les cours de l'Institut Moody lui firent grand bien, en lui donnant une certaine assurance ; quant aux réunions de plein air et dans les prisons, qu'elle redoutait, ce fut pour elle une source de joie et d'affermissement. »

La jeune fille se trouva donc comme plongée dans la vie de ce grand Institut, avec son emploi du temps très chargé, ce qui mit comme à une nouvelle épreuve son entière consécration à Dieu. Dans cette vie de Chicago, lui serait-il possible de rester fidèle à sa devise : « Pour moi, vivre, c'est Christ » ?

Une poésie qu'elle écrivit quelques mois après, nous prouve que la nouvelle épreuve fut une cause de nouvelle victoire. Elle la termine ainsi : « 0 toi, Fils de Dieu, - Permets que je puisse voir ta face ! - Entendre ta voix, - Partager ta gloire, Que rien ne me sépare de Toi, - A Toi, toujours, Et jusque dans l'éternité. »

Renseignés comme nous le sommes sur la vie intérieure de la jeune fille, nous serons intéressés en apprenant quelle impression elle faisait sur les autres étudiantes. Ses amies les plus intimes sont maintenant missionnaires en Chine ; mais une étudiante qui la connaissait bien, sans être de ses amies personnelles, écrit ce qui suit, à son sujet :

« Betty était calme, réservée, droite, sincère, sans raideur ; son intelligence et sa culture générale étaient au-dessus de la moyenne. Elle n'était jamais pressée ni désordonnée. Sa façon de se vêtir changeait avec les circonstances, mais n'était jamais voyante. Pour les cours, elle portait généralement des souliers bas, une jupe de serge bleue, et une jaquette tricotée de teintes foncées. Elle ne portait ni bijoux, ni garnitures, ni fleurs. Elle se coiffait avec une raie sur le côté et relevait ses cheveux en noeud sur la nuque. Ceci seyait joliment à son visage si aimable et plutôt rond. Sa voix, son expression étaient agréables et exprimaient la bonté. Physiquement, elle était bien proportionnée. Il suffisait de la voir pour se rendre compte qu'elle aimait la vie simple ; on sentait qu'elle avait un idéal très élevé, et qu'elle marchait vers un but bien précis. »

Et voici le témoignage d'une autre étudiante :

« Betty était l'une des jeunes filles les plus remarquables de l'Institut... J'ai souvent admiré son zèle et sa douceur... Elle avait une confiance absolue dans le Seigneur, et cet esprit selon Christ, qui était une force et une aide pour ceux qui l'approchaient. Il était évident que ses idées étaient basées sur un examen sérieux et sur la prière. »

À mesure que s'écoulaient les semaines et les mois, ce qui caractérisait toujours plus la jeune étudiante, c'était la profondeur et la sincérité de sa vie de prière, plus particulièrement, en relation avec les autres. Elle apprenait qu'il vaut mieux prier que critiquer, et suppléer à ce qui manque plutôt que de s'étendre sur les lacunes (Éphésiens 4 : 15-16). Quelle preuve de croissance dans les choses spirituelles ! ...

Même parmi ceux qui étaient les amis de la jeune fille, ils sont peu nombreux ceux qui comprirent la profondeur des expériences qu'elle fit pendant les années de Chicago. Son calme extérieur ne laissait pas deviner que Dieu agissait profondément en son coeur. « Il semblerait presque, écrit son père, qu'elle eût alors, au cours de jours paisibles et heureux, comme le pressentiment des choses terribles qu'elle aurait à souffrir plus tard, par amour pour son Sauveur. Dieu la mit comme à l'épreuve, la préparant pour la tragédie à venir. »

Ce fut aussi pendant les années d'études à Chicago que la jeune fille se demanda où Dieu la désirait dans le champ missionnaire. - Son coeur, ses aspirations, la portaient vers la Chine où étaient ses parents, et où elle avait vécu les années heureuses de l'enfance. Mais, devait-elle se laisser influencer par ces raisons toutes personnelles ? L'Afrique et ses léproseries, avec un personnel infirmier insuffisant, s'imposa quelque temps à sa pensée. Si Dieu lui demandait d'abandonner l'espoir de retourner en Chine, pour se consacrer aux lépreux africains, était-elle prête à répondre à l'appel ? Avec sa droiture habituelle, Betty ne voulait pas laisser la question sans réponse ; et, bien que le soin des lépreux dût être particulièrement pénible pour sa nature qui aimait passionnément le beau, elle put dire qu'elle était prête à donner sa vie aux plus déshérités, si la chose était selon la volonté de Dieu. Quelques lignes d'une poésie révèlent un peu du combat qu'elle dut soutenir à ce sujet...

MON TÉMOIGNAGE

Craindrais-je que Tu me ravisses
Au monde, à ses vaines délices,
Sans satisfaire mon désir
De vrai bonheur, de vrai plaisir ?
Non, non, Seigneur ! Je crois entendre
Dans mon coeur, Ta voix douce et tendre
« Mon enfant, je mourus pour toi !
Puisque tu m'as donné ta foi,
Il n'est bien qui ne t'appartienne,
Toute Ma richesse est la tienne ! »

Avec fidélité, avec ardeur, Betty Scott marchait sur les traces de Celui à qui elle s'était donnée. Sa consécration impliquait maintenant beaucoup plus qu'aux jours de Keswick, quelque cinq ans auparavant. Cependant, elle continuait de grandir comme le prouve le poème envoyé à M. Scott durant la seconde année d'études à Chicago.

« Ce poème exprime la détresse de mon âme, écrivit-elle à son père, et l'angoisse que j'ai ressentie alors que je voulais faire un acte d'abdication totale devant Dieu, abdication comprenant mes motifs et mes pensées les plus intimes, afin que Dieu dirigeât toutes choses en ma vie. La quatrième strophe exprime l'acceptation divine de mon indigne personne. La dernière dit la joie, la satisfaction, la paix, la certitude que j'ai maintenant d'être conduite par Lui, le Seigneur de ma vie. » Voici cette poésie :

« Tenez-vous là, et vous verrez la délivrance que l'Éternel vous accordera. » (Il Chron. 20 :17) (4).

Oui, je me tiendrai là, mon Dieu
Mais la brume obscurcit ma vue ;
De tous côtés, jusqu'à la nue,
Une roche rugueuse et nue
M'emprisonne en ce lieu...

Oui, je reste debout, Seigneur !
Malgré ce rocher qui surplombe
Comme la voûte d'une tombe...
Un vent froid souffle... Ah ! Je succombe
Je frissonne et j'ai peur !

Je reste debout, et j'attends.
Mais ce roc est glissant et rude
Je n'en puis plus de lassitude !
0 Dieu, dans cette solitude,
Dois-je rester longtemps ?

Il m'a répondu ! Dans Sa grâce,
Il fait sur moi briller Sa face
Son amour se révèle à moi ;
Désormais, plus d'effroi !

Oui, je me tiendrai là, Seigneur !
Tu m'as dit : « Ce roc, c'est... moi-même,
Moi, qui te protège et qui t'aime ! »
En t'adorant, Amour suprême,
Je chante de bonheur !

Cette douloureuse expérience d'âme fut-elle permise afin que la consolation surabondante dont elle fut suivie, vînt à nouveau vers la jeune femme durant cette nuit tragique, dont quelques ombres semblent s'être projetées à l'avance sur son métier ?


Table des matières

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(1) Fleurs jaunes qu'on ne trouve qu'en Amérique, paraît-il.

(2) Le nom de Keswick a été donné à des assemblées religieuses vu Amérique, pour marquer l'esprit de ces assemblées, qui est celui de la fameuse Convention annuelle de Keswick (Angleterre). Ed.

(3) Dans ce verset, l'expression traduite par consacrer signifie exactement remplir les mains.

(4) En anglais : Stand still and see. Ces quatre mots sont le titre de cette poésie. On dirait qu'une intuition prophétique l'a inspirée. (Traduction par R.S.).

 

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