LA VIE DE
JOHN ET DE BETTY STAM
CHAPITRE V
Une Découverte
Betty Scott était depuis un an
déjà à l'Institut Moody, quand
John Stam y entra lui-même. Sa haute stature
attirait naturellement l'attention. De son
côté, il remarqua la jeune
étudiante au maintien modeste, et il se
sentit étrangement attiré vers elle.
Comment découvrons-nous, au printemps, les
violettes dans les grands bois ?
Cette amitié naissante se
développa rapidement, à la faveur des
réunions de la « China Inland Mission
». Celles-ci se tenaient chez M. et Mme Isaac
Page, anciens missionnaires eux-mêmes, et
agents de cette mission pour le Centre-Ouest des
Etats-Unis. Tous deux, fervents propagateurs de la
cause missionnaire, avaient bien des choses.
à apprendre aux jeunes étudiants.
Betty suivait très
régulièrement ces réunions,
car, à ce moment, l'appel pour la Chine
s'était précisé en son coeur.
John Stam y assistait aussi. Parfois, après
la réunion proprement dite, on offrait le
thé ou autres rafraîchissements, et M.
Page parlait de l'un ou l'autre de ses livres
préférés. Il aimait faire la
lecture des Lettres de Rutherford que John Stam
connaissait déjà. Jamais, dit M.
Page, je n'oublierai le regard de Betty Scott
tandis que je répétais les vers
magnifiques intitulés : « Immanuel's
Land ».
Les jeunes gens se rencontraient encore
dans les cours à l'Institut
même ; mais leur façon
d'être était si naturelle que personne
ne devina les sentiments qu'ils éprouvaient
l'un pour l'autre. D'ailleurs, en plus du travail
que John assurait en dehors des cours, il avait
accepté la charge d'une petite église
de village, située à quelque deux
cent quatre-vingt-dix kilomètres de Chicago,
et momentanément sans pasteur. Il
était donc très occupé.
C'était toute une affaire que de se rendre
à Elida deux fois par mois. Mais ce travail
était éminemment utile, comme le
montre ce témoignage :
« Nous nous
souviendrons toujours de son premier service et du
bien que nous a fait son fidèle message. Sa
manière d'être, aimable et courtoise,
son zèle, son enthousiasme, ses sermons
pratiques firent immédiatement notre
conquête. Il avait un long voyage à
faire pour arriver jusqu'à notre petite
ville dans l'État de l'Ohio ; et son
traitement n'était pas brillant. Mais son
intérêt et son affection
surmontèrent les difficultés, et il
fut notre pasteur aussi longtemps qu'il resta
à Chicago, jusqu'au moment où il
reçut son diplôme de fin
d'études. »
Cette église était un petit
édifice construit au milieu de la
campagne ; la paroisse se composait de
familles de cultivateurs. Ceux-ci recevaient le
jeune pasteur aussi bien qu'ils le pouvaient. Pour
John, c'était un bonheur que de quitter la
ville, même en hiver, et ses paroissiens se
souviennent de la joie qu'il avait à
contempler le ciel et les étoiles qu'il ne
voyait, en temps ordinaire, qu'à travers
l'atmosphère brumeuse de la grande ville.
Son activité pastorale avait ses
difficultés et ses encouragements ;
mais il l'avait entreprise en se disant qu'il
verrait par là, s'il était capable de
faire quelque chose pour le Seigneur en Chine. Les
lettres qu'il écrivit à cette
époque prouvent qu'il ressentait vivement sa
propre insuffisance ; mais
elles montrent aussi que ce travail pastoral
développa sa confiance en Dieu.
« Pourquoi ne
produirions-nous pas notre fruit en sa
saison ? (écrit-il à son
frère Jacob) ; et pourquoi n'en
irait-il pas avec nous comme avec l'homme du psaume
premier : « tout ce qu'il fait
prospérera ! » Est-ce trop
attendre de Dieu qu'il fasse plus que nous ne
pouvons formuler ou penser ? Pouvons-nous
mettre des limites à l'omnipotence, ou
épuiser l'Amour infini ? Seigneur,
augmente notre foi ! »
Les membres de la petite église
discernèrent-ils tout le travail
intérieur qui se faisait en leur pasteur,
alors que celui-ci s'occupait de nourrir le
troupeau ? Il est certain en tout cas qu'ils
apprécièrent leur conducteur
spirituel au delà de ce que celui-ci
supposait.
« Il a fait nos
services pendant seize mois, écrit un autre
membre d'Eglise. Son grand sérieux fit
impression sur nous. Il ne perdait pas de temps. En
le voyant agir nous nous rappelions ce que disait
Jonathan Edwards : « J'ai
résolu, pendant que je vivrai, de vivre de
toutes mes forces. »
« En chaire, Mr. Stam
avait toujours une tenue très digne. Sa
prédication ne nous a jamais
désappointés. Jamais il ne se
relâcha ; il se préparait avec
prière. Ses sermons étaient
scripturaires, concis, ils ne tombaient jamais dans
la banalité, et élevaient l'âme
vers Dieu. Sa règle de conduite était
de visiter ceux qui ne venaient pas au service.
Ceci l'amenait souvent à faire de
très longues courses pour voir quelque
membre de la paroisse, ou des catholiques, ou
même des incrédules. »
Citons encore ce témoignage :
« Parmi les jeunes
hommes que j'ai connus, John était l'un des
plus charmants. Il aimait sa Bible, et aimait
à parler de Jésus. Il aimait à
se rendre à la campagne pour contempler dans
la nature l'oeuvre merveilleuse des mains du
Créateur. Il aimait les enfants, à
qui il enseignait les histoires de la Bible et des
choeurs. Il aimait à chanter les louanges de
Dieu. »
Ces chants firent une grande impression à
Elida. Non seulement John avait une belle voix de
ténor, mais il amenait parfois d'autres
étudiants à l'occasion de services
spéciaux. Une ou deux fois ses compagnons et
lui formèrent un quatuor et on les avait
surnommés : « Les Quatre
Heureux ! »
« Heureux, certes ils
l'étaient ; et ils chantaient toujours,
même en marchant, écrit l'une des
personnes qui demeurait près du temple et
qui, avec d'autres, les recevait. Leurs
exhortations et leurs chants nous disaient si
clairement qu'ils connaissaient la puissance de
l'Évangile de Christ.
« John était plus qu'un
pasteur pour nous. Ce n'était pas seulement
l'homme qui enseigne et qui prêche, mais
l'ami le plus intime et le plus cher. Il visita
presque tous nos foyers, sinon tous. Il comprenait
la plaisanterie, et ne dédaignait pas d'en
user lui-même. On le voyait toujours joyeux,
où qu'il se trouvât, surtout dans la
compagnie des jeunes et des enfants. Et eux aussi
l'aimaient. Je me souviens encore de sa visite pour
voir nos deux petites-filles, alors
âgées de trois mois ;
après s'être penché quelque
temps sur les berceaux d'osier où elles
reposaient, il dit : « Quelles
toutes petites choses ! Et l'on ne peut
deviner ce que leur réserve la
vie ! »
« Très affectueux, il
comprenait les autres. Et surtout, il rendit
vivante, pour nous, la Parole de Dieu. Chaque
dimanche, avant le service, nous disions, de
mémoire, des passages de l'Écriture
pendant un quart d'heure. L'un des versets qu'il
préférait était
celui-ci : « Tu gardes dans une paix
parfaite celui dont le coeur se confie en
toi. » Et cet autre : « Le
Seigneur est mon aide ; je ne craindrai point
ce que l'homme pourrait me faire. »
« Il aimait à
s'arrêter sur le thème de la
Fidélité : la
fidélité dans la vie du
chrétien, et la fidélité de
Dieu envers ses enfants. De quelle voix il
chantait : « Grande est sa
fidélité ! » Rien que
de le connaître, de l'entendre chanter les
louanges de Dieu, et d'être près de
lui, était un grand privilège. Il
vivait les promesses divines quotidiennement, comme
nous étions fiers de l'avoir pour
ami ! »
Enfin, on se souvient aussi à Elida de
l'accent que mettait le jeune pasteur sur les soins
que Dieu prend de son enfant. « Mon Dieu
subviendra à tous vos besoins selon les
richesses de sa gloire, en
Jésus-Christ. » Il en faisait
lui-même une expérience constante.
Nous en avons la preuve dans une lettre que John
Stam écrivit à son père, au
sujet de la « Star of Hope
Mission ». Celle-ci traversait un moment
difficile. En janvier 1931, le jeune homme se
décida à écrire, comme suit,
après quelque temps
d'hésitation :
« Je ne vous dirais
point ce qui va suivre, si la Mission
n'était pas dans une situation qui vous
préoccupe et, d'autre part, je veux louer
Dieu pour la manière dont il m'a conduit au
cours de l'année écoulée. Il y
a à peu près douze mois, maintenant,
que j'ai épuisé la somme d'argent que
je possédais quand je vins à Chicago.
Je dis alors à Dieu que si je devais partir
pour la Chine, j'avais besoin de faire la preuve,
ici, dans mon pays, qu'il entend la prière.
Et le Seigneur s'est révélé
à moi de façon merveilleuse comme
JÉHOVA-JIRÉ (Genèse 22 :
14). Peut-être, quelque jour, avant de partir
pour la Chine, aurai-je l'occasion de vous dire
quelques-unes de mes expériences. Si je ne
savais pas auparavant que Dieu agit, aujourd'hui
encore, comme autrefois, maintenant je le sais. Me
permettez-vous de vous dire quelques-unes des
leçons que j'ai apprises ?
« Premièrement : C'est
que tout est pure grâce. Dieu ne nous donne
pas ce dont nous avons besoin en récompense
de notre fidélité. Nous sommes des
serviteurs inutiles, même lorsque nous sommes
fidèles.
« Deuxièmement : Il
est inutile de s'agenouiller et de prier si nous
n'avons pas sondé les Écritures, et
si nous n'avons pas laissé les
Écritures sonder notre coeur jusqu'en ses
pensées secrètes concernant le
prochain, et relativement à nos mobiles et
à nos désirs (Psaume 139 :
23-24). Une fois, je dus attendre pendant trois
jours un secours dont j'avais le plus urgent
besoin, à cause de cette leçon qu'il
me fallait apprendre.
« Troisièmement : Ce
n'est pas sur notre foi qu'il faut compter, mais
sur la fidélité de Dieu. Notre foi
n'est que la main tendue pour recevoir ce que
dispense sa fidélité.
« Quatrièmement : Si
la réponse ne vient pas, il peut y avoir
quelque chose en moi qui provoque ce délai,
et entrave LA FIDÉLITÉ DE DIEU.
À cause de SA FIDÉLITÉ
MÊME, il ne peut encourager une fausse
attitude ou quelque tort que ce soit en ses
serviteurs, en exauçant leurs
prières.
« Cinquièmement : La
foi doit être basée de façon
intelligente sur la volonté
révélée de Dieu. Je peux prier
avec assurance, non pas parce que je suis
pleinement convaincu de la nécessité
du secours, mais parce que je sais que la chose que
je demande est selon sa volonté.
« Sixièmement : Je
n'ai pas à attendre du Seigneur qu'il me
réponde de la manière que je crois
être la meilleure. Les moyens, la
manière, toutes choses doivent être
laissées à Dieu. Nous nous attendons
naturellement à ceux qui nous ont
déjà aidés ou qui pourraient
nous aider, oubliant que la source et le secours
sont en Dieu ; oubliant qu'il peut se servir
de n'importe qui, en n'importe quel endroit, avec
autant de facilité et de
liberté.
« Combien je bénis le
Seigneur pour toutes ses bontés pendant
l'année écoulée ! Et
c'est parce que je marchais uniquement par la foi
qu'il a pu, ainsi, me combler. Toutes les
facilités que donne un compte en banque bien
pourvu n'auraient pu remplacer ce que j'ai
trouvé en Lui. Par exemple, comment
aurais-je pu apprendre à me confier en Dieu
si tout avait été facile ?
Comment aurait-il pu m'arrêter dans telle ou
telle direction si je n'avais pas dépendu
absolument de Lui ? Naturellement, il sait ce
dont nous avons besoin. Et nous pouvons jouir d'une
paix absolue et d'un complet repos sans avoir rien
d'autre que ses promesses... La Bible est devenue
pour moi un livre nouveau au cours des mois
passés.
« La promesse contenue dans
Matthieu 6 : 33 a
été pour moi une source de
bénédictions :
« Recherchez premièrement le
royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses
vous seront données par-dessus. »
C'est là un contrat entre deux
parties : Dieu et l'homme. Notre situation
serait vraiment misérable si nos ressources
dépendaient uniquement de
ce que nous discernons ou des
personnes qui ont pris l'habitude de nous envoyer
quelque chose ! Mais, le Dieu Vivant !
Pourrait-il oublier son Oeuvre ? Il ne s'agit
pas de notre travail, mais du sien. Et il s'y
intéresse mille fois plus que
nous-mêmes. Tant que nous demeurons dans la
ligne de conduite qu'il veut, il ne peut nous
oublier. Maman pourrait-elle oublier ses
garçons ? Faites tout ce que vous
voudrez, l'un ou l'autre de vous, vous ne pouvez
pas nous oublier...
« Bien cher papa, quelle chose
merveilleuse que Dieu juge utile de nous mettre
à l'épreuve. Les ouvriers ne
travaillent que sur des matériaux dont ils
pensent pouvoir faire quelque chose. Dieu
achèvera l'oeuvre qu'il a commencée
en nous. Alléluia ! »
À l'un de ses frères, John avait
écrit quelques jours auparavant :
« Qu'on prenne tout ce
que j'ai, mais qu'on ne m'ôte pas la douceur
de marcher avec le Roi de Gloire et de lui parler.
Il est bon, parfois, de laisser notre pensée
s'arrêter sur la grandeur de notre Dieu, et
sur la merveilleuse bonté dont nous sommes
les objets ! De quelle façon
extraordinaire il nous a conduits ! Que de
marques de sa Providence sur notre sentier !
Et les bénédictions du passé
sont un gage certain pour l'avenir :
« Mon âme, bénis
l'Éternel. »
Cependant de nouvelles difficultés
surgissaient, de nouvelles occasions de mettre les
promesses de Dieu à l'épreuve. Ainsi,
pour le jeune étudiant, l'appel pour la
Chine se faisait toujours plus pressant.
« Chaque mois, un
million de Chinois meurent, auxquels Christ n'a
jamais été annoncé,
écrit-il à son père. Dieu peut
nous employer lorsque nous sommes vides de
nous-mêmes, et comme des vaisseaux
brisés en sa main. Notre coeur et notre
esprit ont infiniment plus besoin de
préparation que notre intelligence. Priez
pour moi afin que j'aie cette
préparation-là. »
Et, dans un autre domaine, il essayait aussi de
discerner la volonté de Dieu. Un grand amour
était survenu dans sa vie. Jamais encore il
n'avait éprouvé ce sentiment pour
aucune des jeunes filles qu'il avait
rencontrées sur sa route. Jusque-là
son coeur était resté tout à
fait libre. D'ailleurs, il pensait à partir
seul pour la Chine, et voulait s'adonner à
un travail d'évangéliste-pionnier
pour une période de cinq ans. La
« China Inland Mission »
l'attirait, et il pensait à lui offrir ses
services pour les tribus des montagnes de l'Ouest,
ou bien pour travailler parmi les Musulmans du
Turkestan Chinois. Mais maintenant, les choses se
présentaient à lui sous un autre
jour. Que signifiait ce grand amour qui embrasait
son coeur ? Dieu voulait-il couronner ainsi
tous ses autres dons ?
Betty Scott, qui s'était
aperçue des sentiments du jeune homme
à son endroit, n'avait pas caché
qu'ils ne lui étaient pas
indifférents. Quelque temps auparavant,
à dix-huit ans, elle avait écrit une
poésie intitulée : Mon
Idéal, où elle décrivait ce
que devait être le héros de ses
rêves. Il est frappant de constater que John
Stam répond à la description qu'elle
fait de son idéal. Mais il y avait en lui
bien plus qu'elle n'avait ambitionné
autrefois. D'ailleurs, chez elle aussi, une oeuvre
en profondeur s'était accomplie. Son
idéal était devenu surtout spirituel
communion d'esprit et de coeur au service de Dieu
toutes choses qu'elle rencontrait dans
l'amitié qui s'offrait à
elle.
Cependant, que d'obscurités sur
la route qui s'ouvrait devant les deux jeunes
gens ! Betty achevait ses études, et
elle allait bientôt quitter l'Institut
biblique. Elle avait déjà offert ses
services à la « China Inland
Mission ». Si on les acceptait, elle
aurait à rejoindre un poste dans
les quelques mois qui suivraient.
John Stam, lui, devait rester encore un an à
l'Institut. Ensuite, serait-il ou non
accepté pour la Mission de Chine ?
Avant d'y entrer, il devait subir un examen
médical ; puis, il faudrait qu'il
fût agréé par le Directeur et
le Comité de la dite Mission. Tout ceci
laissait planer quelque incertitude sur l'avenir.
Comment songer à des fiançailles
quand il n'avait même pas la certitude de
pouvoir rejoindre la jeune fille en Chine ? Et
s'il partait aussi, il pouvait être
appelé à faire cinq ans de service
comme évangéliste-pionnier.
Était-il juste, dans ces conditions, de
penser à des fiançailles ? et de
demander à la jeune fille un engagement sans
terme bien précis ?
S'il eût mieux connu Betty Scott
et ses qualités de coeur, il n'eût
point hésité à le faire. En
tout cas, il ne faisait point de doute pour l'un ni
pour l'autre que Dieu avait ouvert le chemin devant
la jeune fille. Effectivement, la « China
Inland Mission » avait accepté ses
services. Elle allait donc partir. Et pour lui, la
route s'ouvrirait-elle aussi ? C'était
l'inconnu. Elle ne pouvait reculer son
départ. Sur ce point, ils étaient
d'accord. Tous deux avaient pu constater en
d'autres vies les résultats de tristesse et
d'appauvrissement spirituel survenus du fait que la
première place n'avait pas été
donnée au Royaume de Dieu, du fait que
l'idéal spirituel avait été
rabaissé, et que « la vision
céleste » avait été
négligée.
Ayant remis toutes choses à Dieu, la
jeune fille acheva ses préparatifs de
départ ; elle devait s'embarquer
à l'automne de 1931. Traversant les
États-Unis, elle eut la joie de pouvoir
s'arrêter un jour à Chicago.
C'était un lundi. En
compagnie de John Stam, elle se rendit à la
réunion de prière chez M. et Mme
Page. La journée était
merveilleusement belle, et ils l'avaient
passée tous deux au bord du lac, en
conversation et en prière. Ils
étaient à la veille d'une
séparation qui pouvait durer des
années, sans être
fiancés ! Ce sacrifice leur
coûtait beaucoup. Mais leurs deux coeurs
avaient décidé qu'en toutes choses,
Dieu et sa volonté auraient la
première place. Leur loyauté envers
le Seigneur devait rester entière.
« Tous deux vinrent
à la réunion de prière,
écrivit plus tard Mr. Page. Celle-ci
terminée, ils me diront qu'ils aimeraient
avoir un instant de conversation avec moi. De
façon charmante, John essaya de me dire ce
qu'il ressentait pour Betty. Il supposait que nous
ne nous étions aperçus de rien !
Puis, parlant en son nom et en celui de la jeune
fille, il dit que leur projet d'union était
devant Dieu, Dieu déciderait. Cependant,
tous deux avaient le sentiment que c'était
Lui qui les avait conduits l'un vers
l'autre. »
Qu'il est sage de remettre ainsi nos plus chers
intérêts entre les mains de
Dieu ! Et à son père, John
écrivait à ce sujet :
« Betty sait que,
malgré mon amour, je ne puis lui demander de
me donner sa parole pour des fiançailles qui
s'étendront sur plusieurs années
peut-être. Mais nous pouvons entretenir des
sentiments d'affection, sous cette réserve
que l'oeuvre de Dieu aura toujours la
première place.
« La «China Inland
Mission» demande des hommes seuls, pour un
travail itinérant, en des régions
où il est presque impossible d'emmener une
femme, au moins tant que l'oeuvre n'y est pas
commencée... Il y a quelque temps
déjà, j'ai promis au Seigneur que si
l'on m'acceptait pour ce mouvement en avant, je
partirais avec joie.
« Et maintenant, je ne puis
revenir en arrière sans raisons suffisantes,
uniquement pour des considérations
personnelles. Si, après une ou deux
années de labeur, nous trouvons que,
du fait de notre mariage,
l'oeuvre, loin de souffrir, en recevrait avantage,
il ne serait pas nécessaire d'attendre plus
longtemps.
« En me lisant, vous et maman,
vous penserez peut-être que je parle aussi
froidement de ce projet que je le pourrais faire
à propos d'un wagon de bois. Et cependant,
nos coeurs sont très profondément
touchés. Elle et moi, nous avons beaucoup
prié à ce sujet, et j'ai la certitude
que si le sacrifice résolu est inutile, Dieu
nous le montrera, et ne permettra pas que nous
passions à côté de ses
bénédictions sans nous les
approprier. Nos coeurs veulent d'abord ce qu'il
veut... C'est bien ici la chose essentielle,
n'est-ce pas ? Nos désirs personnels
viennent ensuite. Les progrès de son oeuvre
en pays païen, voici ce que nous devons
rechercher d'abord. Il y a des circonstances qui
obligent à s'arrêter et à
regarder la réalité en
face. »
Lorsque cette lettre arriva à Paterson
peu de temps avant le départ de Betty Scott
pour la Chine, M. Stam, après l'avoir lue
(et sentant quel renoncement à
soi-même impliquait la décision des
jeunes gens), ne put retenir cette
exclamation : « Ces enfants vont
certainement être les objets des meilleures
bénédictions de
Dieu ! »
Et il ajouta : « Quand
Dieu a la seconde place, on reçoit des
grâces de second ordre ; mais quand Dieu
a la première place, il donne ce qu'il a de
meilleur. »
|