Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA VIE DE JOHN ET DE BETTY STAM





CHAPITRE IX

Soit par la Vie, soit par la Mort

Ce fut dans le superbe hôpital de la Mission méthodiste à Wouhou, d'où la vue s'étend au loin sur les méandres du Yang-tsé-Kiang (ou fleuve bleu), que naquit - le 11 septembre 1934 - le bébé si ardemment attendu : Hélène Priscille. Dès sa naissance, ce fut un gracieux bébé. On avait averti le père qu'il ne devait pas s'attendre à ce qu'un enfant nouveau-né fût beau ; aussi, dans sa joyeuse surprise, il écrit :

« Vous devriez voir notre fille ! C'est le plus délicieux bébé qu'on puisse imaginer... et, pour ce qui est de la beauté, elle pourrait dès maintenant concourir dans une exposition de bébés... »

Quelques semaines plus tard, la maman écrivit sa première lettre à ses beaux-parents, à Paterson. En voici quelques extraits :

« Bébé ressemble à John ; presque tout le monde est de cet avis. Elle a sa bouche et son menton. Elle a de grands yeux d'un bleu foncé ; la petite figure a une expression très douce, et elle est toute ronde. Bébé a une masse de cheveux noirs qui se bouclent quand on les mouille. Nous ne pouvons pas dire qu'elle ne crie jamais ; cependant, elle dort profondément de 10 heures du soir à 6 heures du matin, et une bonne partie du temps entre 6 heures du matin et 10 heures du soir. »

Mme Scott, la grand'maman, entreprit le long voyage de Tsinan à Wouhou pour voir sa petite-fille, qui, a ce moment, avait trois semaines ; et elle y demeura jusqu'à ce que Betty Stam fût complètement rétablie et assez bien pour s'occuper elle-même de la petite Hélène.

« Aujourd'hui, Bébé pèse quatre kilos 200 gr., écrit la jeune maman ; c'est une vraie joie que de la soigner. Je me demande toujours si elle n'a pas trop froid on trop chaud, et je viens souvent vérifier si les pieds et les mains sont chauds. Elle refuse de laisser ses bras sous les couvertures. J'ai donc dû lui mettre un second tricot, que je ferme derrière au lieu de le fermer devant. Hier soir, elle a crié si fort, et s'est tellement démenée, que je crains qu'elle se soit mise en colère. Dès l'instant qu'on la prend, elle devient la petite personne la plus placide, la plus sereine qu'on puisse imaginer ; il y a alors, dans son regard, une expression de reproche qui semble dire : « Pourquoi n'être pas venu plus tôt ? » Nous aurons donc à être sévère avec Bébé ! »

À ce moment, John Stam était retourné à Tsingteh.

« Je sais qu'il ronge un peu son frein de n'être pas avec nous, continue Betty. Mais il a à visiter les chrétiens, à examiner la situation, et à profiter des derniers beaux jours pour l'évangélisation... »

John fut heureux de retrouver les Wang à Miaosheou. Là, il apprit que la plupart des récoltes s'étaient desséchées sur pied, tant la chaleur avait été grande. Mme Wang le reçut chez elle avec sa cordialité habituelle. L'une des premières lettres écrites par le jeune missionnaire nous fait pénétrer dans ce foyer. En voici quelques passages :

« À nouveau, j'ai été reçue par Mme Wang, une chère vieille amie, au sujet de laquelle je vous ai déjà écrit. Son mari était véritablement un homme de Dieu. Une ou deux fois par mois il allait jusqu'à Chiki pour assister aux services. Comme il y avait une distance de plus de 30 kilomètres, il partait le samedi, restait toute la journée du dimanche et revenait le lundi. Et ceci, il le faisait en toutes saisons, même lorsqu'on plantait le riz, ce qui est le moment des grands travaux.

« Leur habitation est l'une des anciennes grandes demeures d'autrefois, lesquelles n'ont plus qu'une valeur relative puisque, depuis la révolte des Tai-ping, la population a été décimée. Quand je suis chez Mme Wang, je suis vraiment comblé : la maison est très propre, et les repas sont excellents. Elle sait ce qu'aime l'étranger, et ce qui est bon pour lui ; et elle reste autour de moi pour m'entourer de ses soins, comme une chère grand'maman qu'elle est vraiment.

« Après toutes les querelles du foyer Li, c'est une joie que de voir ensemble Mme Wang et sa belle-fille. La manière dont la jeune femme courut, un soir que le froid tombait, afin de chercher un châle pour en envelopper sa mère, en disait long sur l'affection et le respect qui unissent les deux femmes... J'ai d'heureux souvenirs des moments que nous avons mis à part ensemble pour le culte de famille. Comme elles écoutaient toutes deux, alors que je lisais avec elles les psaumes 22, 23, 24, et que nous étudiions le sujet de la seconde venue du Seigneur !...

« Non seulement j'ai visité les membres d'église, mais j'ai pu faire du bon travail dans les rues de Miaosheou, en distribuant des traités, en vendant des évangiles, et en rendant témoignage au Seigneur. Quel merveilleux évangile que le nôtre ! »

En quittant Wouhou, John Stam était accompagné par M. E.-A. Kohfield qui occupait le poste missionnaire le plus proche de Tsingteh, vers le sud. Tous deux avaient fait le projet d'unir leurs efforts, en vue d'une campagne d'évangélisation dans leurs champs d'activité respectifs. Ensemble aussi, ils devaient faire une très sérieuse enquête sur l'état des récoltes et sur le danger que créait la présence de troupes communistes dans la province limitrophe, et l'arrivée de forces régulières pour combattre les « Rouges », les déloger des forteresses qu'ils occupaient, en même temps que protéger le sud de la province d'Anwhei. La présence de forts contingents militaires dans un pays où les récoltes avaient manqué, et où sévissaient des conditions de demi-famine, non seulement aggravait la situation économique, mais encore constituait une menace de guerre, et créait une grande agitation dans le pays. Était-il sage de continuer l'oeuvre missionnaire de ce côté ? Fallait-il se retirer momentanément ?

M. Kohfield souhaitait ardemment de retourner à Tunki pour y continuer son activité, et il tardait à John Stam de s'installer à Tsingteh. Cependant M. W. J. Hanna, le directeur de la « China Inland Mission » pour l'Anwhei, leur demandait une enquête sur place avant que fût prise aucune décision.

« ... Nous sommes allés ensemble jusqu'à Kinghsien, écrivit Mr. Kohfield. En quelques endroits, il y avait eu des troubles ; cependant, rien n'annonçait une avance des troupes communistes. De Kinghsien, nous allâmes jusqu'à Miaosheou, où nous arrivâmes le 24 octobre. Le 25, nous étions à Tsingteh, le poste missionnaire assigné à Mr. et Mrs. Stam. Là, nous allâmes faire visite au magistrat du district, Mr. Peng. Ses premières paroles à Mr. Stam furent qu'il ne devait pas venir immédiatement à Tsingteh. Mais, au cours de la conversation qui suivit, il dit que la paix régnait dans son district et que Mr. Stam pouvait y venir avec sa famille. D'ailleurs, en cas de danger, il les protégerait. »

Au sujet de cette même entrevue, Mr. Hanna écrit :

« Dans son rapport, Mr. Stam m'écrivit qu'il y avait eu des incursions de brigands et de voleurs dans la région de Miasheou ; qu'elles étaient dues à la sécheresse et au manque de nourriture ; autrement, la situation ne paraissait pas troublée. Il relate que le Magistrat les a avertis qu'il y avait des bandes de malfaiteurs dans la région. « Alors, il vaudrait mieux que nous ne vinssions pas tout de suite ? » demanda Stam. Le Magistrat répondit par l'affirmative. Comme Mr. Stam ajoutait qu'il était effectivement préférable de ne pas risquer une rencontre avec les Communistes, Mr. Peng dit énergiquement : « Oh non ! non ! Les Communistes ne sont pas à craindre ici ! De ce côté, rien à redouter ; et vous pouvez venir avec votre famille, je garantis votre sécurité ; et si aucun trouble survenait vous pourriez venir à mon Yamen. »

« Quand nous arrivâmes à Tunki, le 27 octobre, continue Mr. Kohfield, Mr. Lo, magistrat du district, et l'une des premières personnes que je rencontrai, nous informa que tout danger était écarté, et que nous pouvions revenir en toute tranquillité... Donc, nous trouvions, ici et là, la même assurance de pacification de la province, et des promesses de protection si cela devenait nécessaire. »

Stam ne faisait rien à la légère. Non seulement il était prudent, mais c'était un homme de prière. De plus, il avait maintenant à penser, non seulement à l'oeuvre missionnaire, niais aussi à sa jeune femme qui lui était très chère, et à son bébé. Ce ne fut donc pas sans un sérieux examen de la situation, qu'il écrivit dans le même sens que M. Kohfield ; c'est-à-dire qu'il ne voyait pas de raisons suffisantes pour ne point reprendre l'oeuvre missionnaire dans le sud de la province d'Anwhei. Cette décision semblait raisonnable à M. Hanna ; cependant, il se réserva de faire une enquête personnelle sur place. Et c'est après avoir fait celle-ci qu'il écrivit :

« Concernant l'oeuvre missionnaire en Chine, il est tout particulièrement vrai de dire que « celui qui observe le vent ne sèmera point, et celui qui regarde les nuées ne moissonnera point ». Tout ce vaste pays vit dans une période de transition profonde et d'inquiétude. Si nous attendons pour aller de l'avant que tout soit paisible, comment cette génération qui souffre entendra-t-elle parler de l'Évangile ? Nous tenons notre mandat de Celui qui a donné sa vie pour nous : « Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit... » Les paroles d'un grand général nous font voir les choses sous leur vrai jour : « Regardez votre ordre de marche, disait-il, qu'y lisez-vous ?... »

Et ce fut avec joie que M. Stam et sa jeune femme apprirent qu'ils pouvaient aller de l'avant. À sa famille, John écrit :

« Je sais que vous prierez tout particulièrement pour nous quand nous irons à Tsingteh. En plusieurs choses, le Seigneur nous a déjà si merveilleusement exaucés ! Nous avons trouvé un cuisinier qui promet, et la petite femme qui n'a qu'un oeil devient une aide splendide pour Betty. Elle est capable et agréable. Elle vient d'apporter des chaussons bien joliment brodés pour Bébé. Je voudrais pouvoir vous les montrer.

« Demandez à Dieu qu'il prépare le terrain à Tsingteh pour que celui-ci reçoive la semence ; demandez aussi que nous sachions saisir toutes les occasions pour Dieu, et que nous soyons remplis de hardiesse. Priez pour Mr. Lo, qui doit se rendre à Miaosheou. Sa femme tremble, parait-il, à l'idée d'y aller. Priez pour eux et pour nous, afin que nous fassions l'expérience que cette promesse est véritable : « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit de puissance, d'amour et de prudence. » (II Tim. 1 :7). Que Dieu soit béni pour le merveilleux Évangile qu'il nous donne à annoncer. Continuez de prier pour nous. Lors du voyage missionnaire que nous avons fait, Kohfield et moi, nous avons souvent remarqué combien le Seigneur prenait soin de nous, en faisant concourir toutes choses à notre bien... »

Signalons ici un tout petit fait, mais qui révèle « la fidélité dans le coeur » de John et Betty Stam, pour employer l'expression du psalmiste (Psaume 51 : 8). Ils n'en parlèrent à personne, mais la chose nous fut révélée par la lecture du journal de la jeune femme, où nous trouvons les lignes suivantes :

« John et moi, nous avons brûlé pour 37 dollars 50 de timbres chinois pour rendre ce dont nous avions volé la poste chinoise (à notre insu), en insérant d'autres lettres pour l'Amérique avec timbres américains, dans celles que nous envoyions à nos parents. »

Cette manière de faire était naturellement moins coûteuse. Mais, découvrant que ceci était interdit par les règlements postaux en Chine, ils décidèrent de réparer dans la mesure du possible, en brûlant la somme équivalente en timbres-poste. Une paille suffit pour montrer dans quel sens va le courant ; ce petit acte de réparation est éloquent, parce qu'il manifeste la volonté d'agir droitement et en toute bonne conscience, devant Dieu et devant les hommes, jusque dans les plus petits détails. Cela se passait avant leur départ de Wouhou.

Au cours du voyage de Tsingteh, M. et Mme Stam s'arrêtèrent à Süancheng où ils eurent la joie de présenter la petite Hélène à leurs amis. À cette occasion, John écrivit :

« Nous voici donc de nouveau ici, et nous en sommes extrêmement heureux. Toutes nos affaires sont maintenant empaquetées et prêtes à être transportées par brouette jusqu'à Tsingteh, à quelque 70 milles d'ici (116 kilomètres environ).

« En ce moment, il y a des cours bibliques à Süancheng, et le Seigneur les bénit. J'ai été fort intéressé par quelques-unes des séances présidées par des Chinois. Mlle Jeanne Yao a été excellente sur le sujet du Tabernacle ; Mlle Kieng a donné de bonnes leçons sur l'épître aux Hébreux... »

Comme ce séjour à Süancheng fut le dernier pour M. et Mme Stam, nous donnerons ici une lettre de Mme Birch qui contient quelques détails intéressants, et qui montre la place que Betty et John avaient dans leur coeur :

« Chers Betty et John ! Quels excellents souvenirs ils nous laissent. Nous bénissons Dieu chaque fois que nous parlons d'eux. Leurs coeurs étaient débordants de l'amour du Seigneur, et leurs vies resplendissaient de sa Présence. Ce fut un privilège pour nous que de les avoir quelques mois avec nous !

« Betty était si douce, et toujours heureuse. Quel délicieux caractère ! Il n'est pas étonnant que John l'ait aimée. Notre petit David, qui a deux ans, s'est tout de suite attaché à elle. Tante Betty réalisait son idéal. Si elle n'était pas là il voulait toujours savoir où elle était. Tout ce qui l'intéressait, il le lui disait. Maintenant, il sait que sa chère tante Betty et l'oncle John sont au ciel, avec le Seigneur Jésus, et que là-haut ils jouissent d'un bonheur parfait. Mais quand nous le lui dîmes, il demanda que le Seigneur Jésus vint le prendre pour le mener aussi au ciel. Il a maintenant reporté son amour sur la petite Hélène Priscille.

« Avec les Chinois, Betty était charmante. Comme elle n'était pas très forte, elle ne sortait pas beaucoup ; mais quand des femmes ou des jeunes filles venaient la voir, elles étaient certaines d'être les très bienvenues. Elles aimaient Betty et demandèrent souvent de ses nouvelles, après qu'elle eût quitté Süacheng.

« Quant à John, c'était l'un des chrétiens les plus accomplis que j'aie rencontrés. Quel privilège que de l'avoir eu ici, et d'avoir travaillé avec lui ! Les Chinois l'aimaient très particulièrement. Tous, jeunes et vieux, chrétiens et païens l'aimaient. Et les chrétiens se disaient qu'il allait devenir un missionnaire idéal : d'abord parce que son coeur débordait d'amour pour Christ ; ensuite, parce qu'il aimait les Chinois. Il s'intéressait à leur besogne quotidienne et était prêt à leur donner un coup de main. Les Chinois avaient l'impression que John avait toujours le temps, et qu'il désirait les voir. Enfin, le jeune homme était fidèle dans la prédication de l'Évangile, et il aidait les chrétiens quand il le pouvait.

« Leur dernière visite dura neuf jours. Les cours bibliques n'étaient pas achevés quand ils arrivèrent à Süacheng ; et tous les chrétiens venus de la campagne et de la ville furent très heureux de les revoir. Très fier, John porta Hélène Priscille jusqu'à la chapelle pour la montrer à ses amis chinois.

« Au cours de la journée de dimanche que les jeunes parents passèrent avec nous, nous eûmes un service chinois présidé par le Révérend H.-A. Weller, de Anking, où la petite Hélène et notre bébé John furent consacrés au Seigneur... John Stam portait lui-même la petite Hélène, et il la remit à Mr. Weller qui la prit dans ses bras. Ensuite, Mr. Weller la donna à sa mère. La fillette fut très sage, et elle semblait si délicieuse sous son petit bonnet rose.

« Nous avons été très heureux d'avoir encore quelques jours avec Betty. Elle faisait une petite maman très pratique ; j'aimais la regarder s'occuper de Bébé Hélène. Chère, chère Betty ! Elle était absolument aimable, gentille, douce, de l'or passé au creuset... »

À propos de ce service, John lui-même écrit :

« Ce fut un moment très impressionnant et très béni. Les deux bébés se sont très bien comportés. Notre petite Hélène semblait tout heureuse, une fois réveillée. Dans sa prière. Mr. Weller demanda à Dieu que notre chère Bébé, comme la Priscille de l'apôtre Paul, grandît pour être une aide dans l'Eglise, et pour le service des saints. Son nom chinois est Ai-lien, ce qui signifie « LIEN D'AMOUR ».

Après cela, il n'y a plus beaucoup de lettres. De Tsingteh, John écrit encore à M. Gibb :

« Nous sommes heureux d'être ici, et nous en bénissons Dieu. Le district semble calme maintenant, bien qu'on parle encore de voleurs de riz dans la campagne. Pour ce qui est de l'oeuvre, nous demandons à Dieu qu'il nous aide à construire sagement et fidèlement. Il est certain que nous avons à commencer comme tout à nouveau... »

M. et Mme Stam vivaient dans l'une de ces spacieuses demeures chinoises adaptée aux besoins d'une famille missionnaire. Le cuisinier et la servante étaient de fidèles amis, et après qu'on eut fait installer quelques poêles, ils souffrirent moins de l'hiver et du froid.

C'est à la fin de novembre qu'ils étaient arrivés à Tsingteh : et comme ils n'avaient emporté que peu de chose avec eux, l'installation n'avait pas pris beaucoup de temps. Quelle joie de se trouver enfin chez soi, en un endroit où ils pouvaient rendre témoignage au Seigneur ; en un district où ce témoignage était tellement nécessaire !

Alors que Betty était encore au collège et jeune étudiante, elle avait écrit à l'un de ses frères les ligues suivantes :

« Personne ne peut forcer une âme, qu'elle soit païenne ou chrétienne de nom, à se donner à Christ. Tout ce que les disciples de Jésus peuvent faire, c'est d'élever Christ aux yeux du monde, de Le porter dans les recoins et les endroits enténébrés d'ici-bas où Il est ignoré, de Le présenter aux étrangers, de parler de Lui à tous, et de vivre si près de Lui et en Lui que les autres puissent voir que Jésus est, puisque des êtres humains prouvent son existence en étant comme Lui, parce que c'est Sa Vie qui se manifeste par eux.

« C'est tout ce que Jésus demande que nous fassions pour Lui. Lui-Même fait le reste. »

« Jésus n'est pas mort ; Il vit toujours ici-bas et dans le ciel ; Il peut toujours parler aux siens, et Il est encore plus puissant et plus parfait qu'aux jours de Son pèlerinage terrestre. Il veille encore au salut des hommes et Il agit en faveur du monde pour le sauver. Seulement, Il ne peut entrer en relation avec un être humain sans que celui-ci le Lui demande. Et qui n'a pas entendu parler de Lui ne peut Le prier d'entrer. C'est ici que se place notre devoir de conduire les étrangers à Christ, bien que, pour le Seigneur, personne ne soit étranger ; car Il connaît et Il aime tous les humains. »

Conduire à Christ ceux qui ne le connaissent pas encore ; vivre Christ, tellement que les autres ne puissent faire autrement que de voir Jésus dans la vie du disciple ; telle était toujours l'ambition de la jeune femme, ambition qui n'avait fait que croître avec les années. Quelques jours après que, - prisonniers des Communistes, - ils eurent quitté leur foyer de Tsingteh, on trouva dans l'une des chambres un feuillet qui avait été piétiné, et sur lequel se trouvaient quelques vers de la jeune femme, vers signés de son nom de jeune fille

Ouvre mes yeux, pour que je voie
Ces âmes muettes, sans joie,
Qui n'espèrent point de salut,
Ces morts pour qui Jésus mourut !

Ouvre mes yeux ! Que je comprenne
La misère de l'âme humaine !
De sagesse et d'amour, Seigneur,
Remplis mon esprit et mon coeur !

Ouvre mes yeux ! Que je proclame
En ce jour à quelque pauvre âme,
Ton grand amour ! Faible est ma foi,
Mais, ô Sauveur, sers-toi de moi !

La fin approchait rapidement. Inattendue, et cependant préparée par Dieu.
Le dernier jour de leur vie dans l'heureux foyer de Tsingteh, le 5 décembre, John écrivait à des amis de Paterson

« Les choses se passent toujours autrement qu'on se l'imagine... Que le Seigneur nous aide à être toujours contents, quoi que ce soit qu'Il envoie sur notre route, aujourd'hui. Que notre désir d'étudier ou de travailler se réalise ou non, qu'Il nous aide à être contents de ce qu'Il décidera, aujourd'hui.

« Parlez d'être « exposés en spectacle ! » (I Cor. 4 : 9), La traduction chinoise (elle est exacte et fidèle à l'original » suggère l'idée que nous sommes faits pour être exposés en spectacle - comme les acteurs d'un théâtre - qu'on vient pour voir et entendre. Si jamais vous partez pour la Mission en pays étranger, vous saurez ce que cela veut dire. Tout ce dont vous vous habillez et tout ce que vous mangez, tout ce que vous faites et dites, tout est examiné de très près, et longuement commenté. Aussi avons-nous très particulièrement besoin d'être soutenus par la prière, afin que Dieu nous aide à briller pour lui, constamment. »

Quelque temps auparavant, John avait écrit pour le numéro de Pâques de la Revue que rédigent les étudiants de Anking, une courte méditation sur un texte qui occupait souvent sa pensée : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté dans la terre, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12 : 24-28). Après quelques données historiques au sujet du texte, il arrive à la grande parole du Seigneur : « Maintenant, mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Mon Père ! délivre-moi de cette heure mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. Père glorifie ton nom. » Le jeune missionnaire s'était senti soutenu et fortifié par ces paroles : « C'est pour cela que je suis Venu. » Voici un extrait de cet article :

« Il est bon de se souvenir que, dans nos vies, Dieu dirige toutes choses ; et ceci est si merveilleusement vrai que nous pouvons être arrêtés à tout moment ; que nous soyons dans la souffrance ou dans la joie, que nous traversions une période d'activité intense ou que nous jouissions d'un temps de repos et de détente à quelque moment que ce soit, nous pouvons avoir à dire « C'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure. » Tout le passé : dans la société, l'église, la famille ; toute notre éducation, que nous en ayons conscience ou non, tout nous a préparés pour les circonstances présentes, afin qu'en toutes choses son Nom soit glorifié. Cette pensée fait que nous abordons notre champ d'activité, libres de toute crainte, sans appréhension, sans nervosité, dans la pleine assurance que celui qui se sert d'un « vermisseau pour fouler les montagnes » peut aussi se servir de nous. « C'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure ; Père glorifie ton Nom ! »

Les deux jeunes missionnaires n'étaient donc pas sans une certaine préparation intérieure lorsque survinrent les événements qu'il reste à relater :

Le 6 décembre, l'armée des Rouges avait envahi Tsingteh. Traversant la région montagneuse par des chemins peu fréquentés, elle avait contourné l'armée gouvernementale à cent kilomètres au sud. Presque sans avoir été signalée, l'avant-garde avait escaladé les remparts et ouvert les portes de la ville.

C'était le matin. À la maison missionnaire, Mme Stam baignait la petit Hélène, quand arriva un messager annonçant le danger. Un deuxième et un troisième messagers le suivirent rapidement. Après une courte et inutile résistance, le chef de district s'était enfui. En hâte, les missionnaires se procurèrent des chaises et des porteurs ; mais avant qu'ils eussent pu s'en servir, la fusillade éclatait dans les rues ; le massacre et le pillage de la ville avaient commencé.

Alors, John et Betty, et leurs fidèles domestiques s'agenouillèrent pour prier. Ils restaient parfaitement calmes. Et quand les Rouges arrivèrent, hurlant, et heurtant violemment la porte, ils ouvrirent avec courtoisie. John parlementa avec les chefs, essayant de satisfaire leurs demandes d'argent et d'objets divers, Betty servit le thé et des gâteaux. Mais la courtoisie fut aussi inutile que l'eût été la résistance. John fut chargé de liens et emmené au quartier général de l'armée communiste. Peu de temps après, les Rouges revinrent pour prendre aussi Betty et le bébé. Le cuisinier et l'aide demandèrent à les suivre. Mis en joue par les soldats, ils durent y renoncer. « Il vaut mieux que vous restiez, leur dit tout bas la jeune femme. Si quelque chose nous arrivait, vous vous occuperiez de bébé. »

Pendant les heures terribles qui suivirent, les jeunes missionnaires ne manifestèrent aucune crainte. Tous les témoins oculaires de la scène sont d'accord pour affirmer que l'un et l'autre dominèrent la situation. Quand on permit à John de rentrer chez lui, accompagné d'une escorte, pour chercher des vêtements et de la nourriture pour le bébé, il eut la force de réconforter les domestiques qui étaient restés dans sa demeure pillée.

« N'ayez pas peur, dit-il à la servante qui lui racontait en pleurant qu'on avait tout enlevé, c'est Dieu qui règne, les petites choses n'ont pas d'importance : notre Père céleste sait ce qui en est. Allez passer la nuit chez Mme Li, et le cuisinier prendra soin de vous. »

Le même jour, au milieu du carnage et des horreurs perpétrés par les communistes, John trouvait le moyen d'écrire cette lettre courte, mais révélatrice :

« Tsingteh, 6 décembre 1934,

« à la « China Inland Mission », Shanghaï.

« CHERS FRÈRES,

« Ma femme, Bébé et moi, nous sommes entre les mains des communistes dans la ville de Tsingteh. Ils demandent 20.000 dollars pour nous relâcher.

« Tout ce que nous possédons, toutes nos provisions, ont été prises par eux ; mais nous bénissons Dieu pour la paix dont Il remplit nos coeurs, et pour un repas, ce soir. Que Dieu vous donne toute sagesse en cette affaire, et à nous la force, le courage et la paix du coeur. Il peut toutes choses ; Il est un merveilleux Ami, en ce temps d'épreuve.

« Les choses survinrent si rapidement ce matin ! Ils étaient dans la ville quelques heures après que la rumeur persistante de leur approche était devenue vraiment alarmante, de sorte que nous n'avons pu être prêts au départ en temps utile. Il était trop tard.

« Que le Seigneur vous bénisse et vous guide, et, pour nous, que Dieu nous aide à le glorifier, soit par la vie, soit par la mort.
« En Lui,
« John C. STAM. »


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