LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. III
TROISIÈME
ANNÉE 1876
LE CONSEIL DE MARIE, MÈRE DE
JÉSUS
Elle parlait peu ; elle méditait
beaucoup (Luc II, 19). Elle n'a donné qu'un
conseil qui soit consigné dans les saintes
Écritures : il est bon à suivre.
(Vous le trouverez dans l'Évangile de
Jean, chap. II, verset 5).
Le voici :
« FAITES TOUT CE QU'IL VOUS
DIRA. »
C'est de Celui auquel elle avait eu l'insigne
honneur de donner naissance, qu'elle parlait en ces
termes ; - de Celui dont il est écrit
ailleurs : « Quand il introduit le
premier-né dans le monde habité, il
dit : Et que tous les anges de Dieu lui
rendent hommage »
(Hébreux I, 6) ; - de
Celui dont Jean-Baptiste avait dit :
« Voilà l'Agneau de Dieu, qui
ôte le péché du
monde »
(Jean 1,29).
Elle le connaissait ; elle l'avait
nourri ; elle avait
admiré la sagesse et la grâce de ses
paroles, la perfection de ses voies. La vie
retirée, obscure, dont il avait vécu
jusque-là, lui avait permis, à elle,
de le suivre dans tous ses mouvements, pour ainsi
dire ; de sorte que le conseil qu'elle donne
est le fruit de sa propre expérience.
Suivez-le donc, lecteur, et écoutez les
paroles du Fils de Dieu :
IL A DIT :
« SONDEZ LES
ÉCRITURES... ce sont elles qui rendent
témoignage de moi »
(Jean V, 39, 40).
« CRAIGNEZ Celui qui après avoir
tué, a le pouvoir de jeter dans la
géhenne ; oui, vous dis-je, craignez
celui-là »
(Luc XII, 5).
« ENTREZ par la porte
étroite ; car la porte est large et le
chemin spacieux, qui mène à la
perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par
elle ; car la porte est étroite et le
chemin resserré, qui mène à la
vie, et il y en a peu qui le trouvent »
(Matthieu VII, 13, 14).
« Je suis la porte ; si quelqu'un
ENTRE par moi, il sera sauvé »
(Jean X, 9).
« Je suis le chemin, la
vérité et la vie ; nul ne VIENT
au Père que par moi
(Jean XIV, 6).
« C'est ici l'oeuvre de Dieu, que vous
CROYIEZ en Celui qu'il a envoyé »
(Jean VI, 29).
« Celui qui CROIT en moi, a la vie
éternelle »
(Jean VI, 47).
« Je suis la résurrection et la
vie : celui qui CROIT en moi, encore qu'il
soit mort, vivra ; et quiconque vit et croit
en moi, ne mourra jamais »
(Jean XI, 25, 26).
« Je suis la lumière du
monde ; celui qui me SUIT ne marchera point
dans les ténèbres, mais il aura la
lumière de la vie »
(Jean VIII, 12).
« VENEZ à moi, VOUS tous qui vous
fatiguez et qui êtes chargés, et moi,
je vous donnerai du repos »
(Matthieu XI, 28).
« Moi, je suis le pain de vie :
celui qui VIENT à moi n'aura jamais faim, et
celui qui CROIT en moi n'aura jamais
soif »
(Jean VI, 35).
« Je ne mettrai point dehors celui qui
VIENT à moi »
(Jean VI, 37).
« Si quelqu'un a soif, qu'il VIENNE
à moi et qu'il BOIVE »
(Jean VII, 37).
« Que celui qui a soif, VIENNE ; et
que celui qui VEUT, PRENNE GRATUITEMENT de l'eau de
la vie »
(Apocalypse XXII, 17).
« CROYEZ A L'ÉVANGILE. »
(Marc I, 15).
P. C.
LES DEUX ALEXANDRE OU DÉLAI ET
DÉCISION
I. « J'Y RÉFLÉCHIRAI,
MONSIEUR. »
Le travail de la semaine était
terminé, l'horloge venait de sonner dix
heures, lorsqu'un samedi soir, pendant l'hiver de
1865-6, après avoir fait ma tournée
dans plusieurs salles de l'hôpital royal
à Edimbourg, je m'approchai du lit
d'Alexandre S. - II avait été admis
quatre jours auparavant, sur des symptômes
évidents de phtisie. Ce soir-là,
j'examinai sa poitrine plus
soigneusement que je ne l'avais fait jusqu'alors,
et ce fut probablement ce qui provoqua de sa part
cette question :
- Eh bien ! docteur, que pensez-vous de mon
état ?
Alexandre S., ouvrier charpentier, était un
beau garçon de vingt ans, dont la figure
calme et intelligente ne dénotait
guère la présence de la maladie qui
avait fait de si terribles ravages dans ses
poumons. Pourtant, il y avait déjà
quelque temps qu'il souffrait, et je jugeai qu'il
devait être préparé à
entendre la vérité.
- Vous êtes assez malade, Alexandre, lui
dis-je, je regrette d'avoir à vous le
dire.
- Je m'en doutais, Monsieur. Pensez-vous que je
puisse me rétablir ?
- Je crains que dans ce froid climat de
l'Angleterre, il n'y ait pas grand espoir de
guérison pour vous. Le seul moyen
peut-être serait d'aller dans un pays plus
chaud, en Australie, par exemple.
- Ah bien ! il n'y a pas de chance de ce
côté-là, fut sa réponse.
Je n'ai pas les moyens de m'y rendre, ni d'amis en
état de me payer le voyage.
- J'espère donc que vous ferez ici tout ce
que vous pourrez pour moi.
- Vous pouvez être tranquille, lui dis-je.
Tout ce que l'art et des soins sont capables de
faire, on le fera.
- Je vous remercie, Monsieur, répondit-il
d'un ton calme.
Il ne paraissait nullement troublé par ce
que je venais de lui dire.
Évidemment il s'y attendait. Il y eut un
moment de silence ; puis, changeant de sujet,
je lui demandai :
- Maintenant que nous nous sommes occupés de
ce pauvre corps périssable, qu'avons-nous
à dire de l'âme ? Êtes-vous
sauvé, Alexandre ?.
- Je ne puis pas le dire, Monsieur.
- Il me semble que c'est pourtant le moment
d'envisager en face ce qui concerne
l'éternité. Pourquoi n'allez-vous pas
à Jésus pour être
sauvé ?
- J'ai déjà pensé à ces
choses, Monsieur ; j'ai lu quelquefois la
Bible, et lorsque j'étais bien portant,
j'allais de temps en temps à la
chapelle.
Je sais que je ne suis pas ce que je devrais
être ; cependant je ne suis pas aussi
vicieux que bien des jeunes gens de ma
connaissance.
- C'est très-possible, Alexandre ; mais
il ne s'agit pas de cela. Lors même que vous
ne seriez pas aussi mauvais que bien d'autres,
croyez-vous que cela vous serve à quelque
chose devant Dieu ?
- Bien sûr que non, Monsieur ; seulement
je n'ai pas trop mal vécu, et
j'espère être sauvé.
- Il ne faut pas simplement
« espérer d'être
sauvé ; » vous pouvez
connaître et posséder le salut en ce
moment même, si seulement vous recevez
Christ.
Voyant que son attention était
éveillée, je m'assis près de
lui et lui annonçai l'Évangile avec
autant de simplicité et de clarté
qu'il me fut donné de le faire. Il
répondit à toutes mes questions sans
trop de réserve, et, à mesure que je
plaçais toute sa
culpabilité devant sa conscience, je pus
voir qu'il était convaincu d'être un
pécheur, et de plus, un pécheur
perdu s'il venait à mourir tel qu'il
était. Je lui parlai alors de la croix,
cette unique porte de salut que Dieu place devant
les pécheurs perdus ; je lui montrai
que Dieu ne lui demandait pas autre chose que de
croire au Seigneur Jésus ; et je le
pressai d'accepter immédiatement la
miséricorde et le salut de Dieu qui lui
étaient présentés.
Il m'écouta tranquillement jusqu'au moment
où l'horloge sonna onze heures, et il me dit
alors avec une certaine emphase :- J'y
réfléchirai, Monsieur.
- Prenez garde, lui dis-je, pourquoi voulez-vous
réfléchir quand Dieu vous demande de
recevoir Christ et d'être sauvé
dès cet instant ? Le geôlier de
Philippes entendit parler de Jésus, il crut
et fut sauvé à « cette
même heure. » Ne remettez pas
à plus tard de prendre une
détermination, je vous en supplie.
- Je vous promets d'y réfléchir,
Monsieur. Bonne nuit.
Le voyant décidé à
« réfléchir »
seulement, au lieu de
« recevoir » le message de
Dieu, je lui dis bonsoir, mais à regret.
Le lit d'Alexandre était placé
à l'extrémité de la longue
salle. Je la traversai dans toute sa
longueur ; j'ouvris la porte et j'allais
sortir, lorsqu'il me sembla entendre une voix qui
me disait : « Retourne auprès
de lui et parle-lui encore une fois. »
J'hésitai. Était-ce mon
imagination ?
Était-ce le Seigneur qui voulait adresser un
dernier appel de la grâce à celui qui
refusait de l'écouter ?
« Retourne ! » semblait
répéter la voix.
Je revins auprès du lit d'Alexandre, et, me
penchant sur lui, je lui dis :
- Alexandre, je ne puis vous quitter sur cette
effrayante parole : « J'y
réfléchirai ! »
Décidez-vous à aller à Christ.
Il se peut que vous n'ayez plus jamais l'occasion
d'entendre l'Évangile et d'y croire. Dieu
dit : « Maintenant est le
temps agréable, maintenant est le
jour du salut, » et je suis revenu pour
vous supplier encore une fois de ne pas i y
réfléchir, » mais de
recevoir Christ.
Je fus peiné de voir une expression
d'impatience se montrer sur son visage. Il redit
encore : « J'y
réfléchirai,
Monsieur ! » répéta
une seconde fois : « Bonne
nuit ! » Et je le quittai... le
coeur serré.
II. LE MATIN DE LE MORT.
Le lendemain, jour du Seigneur, à huit
heures précises du matin,
l'infirmière entra précipitamment
dans ma chambre, située dans une partie
éloignée du bâtiment, me priant
de venir immédiatement voir Alexandre. J'y
allai aussitôt. Un silence de mort
régnait dans la salle. Plusieurs malades et
les deux infirmières étaient debout
autour de ce lit, près duquel je
m'étais assis neuf heures auparavant pour
parler de Christ et du salut à celui qui
l'occupait. À mon approche, on
s'écarta et Alexandre s'offrit à ma
vue, le visage aussi blanc que le drap de son lit.
Il était, non pas
évanoui, comme on le supposait ; il
était mort.
Il s'était levé le matin comme
d'habitude, et s'était assis pour
déjeuner, lorsque tout d'un coup, sans que
rien l'annonçât, des flots de sang
s'échappèrent de sa bouche : un
gros vaisseau venait de se rompre dans sa poitrine,
et avant qu'on eût pu le replacer sur son
lit, la vie s'était éteinte.
Jamais je n'oublierai ce moment ! Alexandre S.
n'était plus ! Où était
son âme ? Hélas ! je le
crains, dans les ténèbres
éternelles, dans cette nuit sans matin
où tant d'âmes sont entrées par
la porte fatale du délai.
LA RÉMISSION DES
PÉCHÉS
DIALOGUE
A. Je sais
que les péchés que j'ai commis avant
ma conversion ont été
ôtés, mais que dois-je penser de ceux
que j'ai commis depuis ?
B. Que
lisez-vous en
1 Corinthiens XV, 3 ?
A.
« CHRIST est mort pour nos
péchés, selon les
Écritures. »
B. Croyez-vous
cela ?
A.
Certainement.
B. Croyez-vous
réellement que sur la croix, il y a plus de
dix-huit cents ans, Christ a répondu
à Dieu pour vos péchés
individuels, et qu'alors pour ces
péchés, il a subi le jugement ?
A. Oui ;
la Bible le dit dans
1 Pierre II, 24.
B. Dieu peut-Il
juger deux personnes pour les mêmes
péchés ? Peut-Il juger Christ
pour vos péchés et vous aussi ?
Cela serait-il juste ?
A. Non.
B. Combien de vos péchés Christ
a-t-il ôtés lorsqu'il était sur
la croix ?
A.Tous, je
suppose.
B. A-t-il
ôté vos péchés jusqu'au
jour de votre conversion, ou jusqu'à
aujourd'hui ? Non ; II les a tous
ôtés, que son nom en soit
béni ; car s'il ne l'avait pas fait sur
la croix, il ne le ferait jamais.
Nous lisons en effet en
Hébreux X, 12 :
« Mais celui-ci ayant offert un seul
sacrifice pour les péchés, s'est
assis à perpétuité à la
droite de Dieu. »
Si tous vos pochés n'ont point
été ôtés alors, ils ne
peuvent jamais l'être, car Christ ne mourra
pas une seconde fois ; ce n'est que par ce
seul sacrifice offert une fois sur la croix que les
péchés peuvent être
ôtés. Lorsque Christ est mort pour vos
péchés, ils étaient tous
à venir, vous n'en aviez encore commis
aucun. Voyez ce qui est écrit :
« Et comme il est réservé
aux hommes de mourir une fois, et après cela
le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant
été offert une fois, pour porter les
péchés de plusieurs, apparaîtra
une seconde fois, sans péché,
à salut à ceux qui
l'attendent »
(Hébreux IX, 27, 28).
Supposez que vous n'ayez pas été
converti, et que vous ne le soyez jamais, il vous
faudrait mourir et être jugé pour tous
vos péchés. Mais, du moment que vous
croyez au Seigneur Jésus,
comprenez bien que c'est Lui qui,
dans sa grâce infinie, a pris votre place sur
la croix. Là, II a été
jugé par Dieu pour tous vos
péchés et est mort, de sorte que
maintenant vous n'avez pas à regarder en
avant pour être jugé pour vos
péchés, parce que Christ en a subi le
jugement il y a plus de dix-huit cents ans. Ce
jugement de vos péchés est donc une
chose passée.
A. Mais
n'est-il pas dit que nous devons tous
paraître devant le tribunal de
Christ ?
B. Oui, mais
non pour y être jugés à cause
de nos péchés. Si vous êtes
jugés pour vos péchés par un
Dieu saint, vous êtes perdu, comme l'exprime
David : « N'entre point en jugement
avec ton serviteur, car aucun homme vivant ne sera
justifié devant toi »
(Psaume CXLIII, 2). Mais nous
comparaîtrons là dans des corps
glorifiés comme celui de Christ
(Philippiens III, 20, 21),
« pour recevoir les choses faites dans le
corps »
(2 Corinthiens V, 10), quelques-uns
une récompense, d'autres non (voyez
1 Corinthiens III, 14, 15) ;
mais il ne s'agit pas de nos
péchés ; cette
question-là fut réglée
à la croix. Celui qui est revêtu d'un
corps de gloire semblable à celui de Christ
ne peut pas être jugé pour des
péchés.
A. Mais que
faire des péchés que nous commettons
maintenant ?
B. Les
confesser à Dieu notre Père, comme
étant ses enfants, ainsi qu'il est dit en
1 Jean 1,9: « Si nous
confessons nos péchés, il est
fidèle et juste pour nous pardonner nos
péchés et pour nous purifier de toute
iniquité. » II n'est pas
dit : « II est
miséricordieux et plein
d'amour, » quoique cela soit vrai, mais
« II est fidèle et juste
pour nous pardonner nos
péchés, » parce que Christ
a été jugé pour ces
péchés mêmes sur la croix.
Lorsque nous sommes une fois devenus enfants de
Dieu, nous ne devons plus jamais aller à Lui
comme des pécheurs perdus, mais comme des
enfants vont à leur Père. Qu'est-ce
qui est écrit, dans
Galates IV, 4, 5 ?
A.
« Dieu a envoyé son Fils,
né de femme, né sous la loi, afin
qu'il rachetât ceux qui étaient sous
la loi, afin que nous reçussions
l'adoption. »
B. Vous voyez
donc que l'adoption, - la position d'enfant
vis-à-vis de Dieu, - est une
conséquence de la rédemption que
Christ a opérée.
Il est écrit que Dieu nous a
« prédestinés pour nous
adopter pour lui par Jésus Christ, selon le
bon plaisir de sa volonté, à la
louange de la gloire de sa grâce dans
laquelle il nous a rendus agréables dans le
Bien-aimé, en qui nous avons la
rédemption par son sang »
(Éphésiens I, 5-7).
Si nous croyons en Jésus, nous avons la vie
éternelle, nous sommes devenus enfants de
Dieu, et nous ne pouvons jamais perdre cette
relation bénie. Jésus dit, en
effet : « Mes brebis écoutent
ma voix, et moi je les connais, et elles me
suivent ; et moi je leur donne la vie
éternelle, et elles ne périront
jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon
Père qui me les a données est plus
grand que tous, et personne ne peut les ravir de la
main de mon Père. Moi et le Père,
nous sommes un »
(Jean X,
27-30).
A. Je crois
comprendre que ma position devant Dieu
dépend uniquement de l'oeuvre que Christ a
faite.
B.C'est
déjà un grand point de gagné.
Deux choses en découlent :
1°.Puisque ma position et ma
relation avec Dieu dépendent d'une oeuvre
divine déjà accomplie, elles sont
nécessairement
inaltérables.
2° Je suis tenu de marcher devant Dieu d'une
manière digne de cette position et de cette
relation, - savoir, comme Christ a marché.
A. Je le
comprends. - Mais voilà ce qui
m'effraye : je sens ma faiblesse et mon
incapacité pour marcher dignement ; et,
de fait, je manque souvent.
B. Il ne faut
pas oublier que Dieu nous a donné son
Saint-Esprit
(I Thessaloniciens IV, 8).
Laissés à nous-mêmes, il est
évident que nous n'aurions aucune
force ; mais si la chair existe en nous, nous
avons aussi l'Esprit, afin que nous soyons
gardés d'accomplir ce que la chair voudrait.
Or l'Esprit nous occupe de Jésus et nous
transforme ainsi à son image, et par le
moyen de la Parole, II purifie nos coeurs.
Il est très-important pour nous de conserver
une conscience nette : lorsque nous avons
péché nous devons aller à
l'instant le confesser à notre Père,
sachant que notre relation avec Lui n'est
pas changée et ne peut l'être, bien
que notre communion soit interrompue
lorsqu'il y a un péché sur la
conscience. « Si quelqu'un a
péché, nous avons un avocat
auprès du PÈRE, Jésus
Christ, le Juste, et lui est la
propitiation pour nos
péchés »
(1 Jean II, 1-2).
CONFIANCE DANS LE SEIGNEUR
II y a déjà plusieurs
années que s'est passé le fait
suivant : Dans une campagne aux environs de P.
demeurait une demoiselle chrétienne qui,
pour se rendre aux réunions des enfants de
Dieu, était obligée de faire seule un
long trajet par un chemin désert.
Sa famille, qui ne partageait pas sa foi, la
blâmait souvent de s'exposer aux dangers de
ces courses solitaires ; mais elle
répondait qu'elle avait la certitude que le
Seigneur la garderait de tout accident.
Un soir, elle revenait seule, comme de coutume,
lorsqu'en passant le long d'une haie, un homme,
caché dans l'ombre, s'élança
tout à coup sur elle. Mais, levant les bras
au ciel, elle s'écria :
« À présent, Seigneur
Jésus, c'est le moment, c'est le
moment ! » Et aussitôt,
racontait-elle, cet homme se mit à fuir,
comme si une légion de démons
était à ses trousses.
Ce simple récit nous suggère les
pensées suivantes :
Éprouvons-nous ce besoin de nous
réunir avec les enfants de Dieu pour jouir
de la bénédiction que le Seigneur a
attachée au rassemblement en son nom, ne
fût-ce que de deux ou trois ?
(Matthieu XVIII, 20.) Ce besoin nous
fait-il passer par-dessus les
obstacles, les difficultés, les dangers et
les blâmes ?
Puis, connaissons-nous le Seigneur Jésus
d'une manière si vivante que nous comptions
sur Lui en dehors de toute protection humaine, et
que nous nous adressions à Lui avec la
certitude qu'il nous entend et tient compte de nos
requêtes ?
(Psaume L, 15.)
Mais surtout, avons-nous placé en Lui notre
confiance pour le salut de notre âme ?
Car c'est là le fondement de toute paix, de
toute sécurité devant Dieu. Or, que
craindrait l'âme qui a Dieu pour elle et qui
peut dire : « L'Éternel est
ma lumière et ma délivrance, de qui
aurai-je peur ? L'Éternel est la force
de ma vie, de qui aurai-je
frayeur ? »
(Psaume XXVII, 1.)
MISÉRABLES PÉCHEURS
L'homme est si aveuglé par la propre
justice que même lorsqu'il est convaincu de
péché, il pense encore pouvoir gagner
le ciel par ses prières, ses efforts, ses
lamentations, n'importe quoi, en un mot,
plutôt que de tout abandonner, en
désespoir de lui-même, pour se fier
à Christ seul ; aveugle est-il en
vérité, jusqu'à ce que Dieu
ouvre ses yeux.
u Misérable homme que je suis, qui me
délivrera de ce corps de mort ? Je
rends grâces à Dieu, par Jésus
Christ notre Seigneur
(Romains VII, 24).
LE SANG DE JÉSUS
III
LE SANG DE JÉSUS, ET NON LA CONVICTION DE
PÉCHÉ, SEUL FONDEMENT DE NOTRE PAIX
ET DE NOTRE JOIE.
Mon cher lecteur ! Avez-vous été
réveillé par le Saint-Esprit, et
connaissez-vous véritablement le danger que
vous courez comme vous étant rebellé
contre Dieu ? Reconnaissez-vous que vous
êtes un pécheur coupable,
souillé et qui mérite l'enfer ?
Éprouvez-vous cette profonde
anxiété qui vous fait pousser ce
cri : « Que faut-il que je fasse
pour être sauvé ? Comment
trouverai-je la paix avec
Dieu ? »
Eh bien, pour autant qu'il s'agit du fondement de
votre réconciliation avec Dieu, je
réponds qu'il n'y a rien à faire,
car Celui en qui se trouve la vraie
sécurité pour les pécheurs a
dit sur le Calvaire : « C'est
accompli ! »
(Jean XIX, 30.)
Jésus a fait tout ce que le Dieu juste et
saint estimait nécessaire pour assurer le
pardon complet, l'acceptation et le salut de tous
ceux qui croient en son nom. En Jésus, vous
avez un fondement de sécurité
éternelle. « Car personne ne peut
poser d'autre fondement que celui qui est
posé, lequel est
Jésus-Christ »
(1 Corinthiens III, 11). Il est pour
le salut, la maîtresse pierre du coin
posée par Dieu Lui-même.
« II n'y a de salut en aucun autre ;
car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel,
qui soit donné parmi les
hommes, par lequel il nous faille être
sauvés »
(Actes IV, 11, 12).
C'est sur l'oeuvre parfaite d'expiation qu'il a
entièrement accomplie, et sur cette oeuvre
seule que vous devez vous appuyer pour le salut de
votre âme. Ce n'est donc sur rien que vous
auriez accompli, rien qui soit fait en vous, rien
que vous sentiez ou qui vienne de vous. Il est de
la plus haute importance d'être au clair sur
ce fait, que c'est l'oeuvre de Christ sans nous,
et non l'oeuvre du Saint-Esprit en nous
qui est l'unique moyen par lequel nous
puissions être mis à l'abri de la
condamnation et de la colère à venir,
et établis dans la paix avec Dieu.
Gardez-vous de faire dépendre votre paix de
vos sentiments, de vos convictions, de vos larmes,
de vos prières, de votre repentance, de vos
devoirs accomplis ou de vos bonnes
résolutions. Commencez par aller à
Christ et ne vous figurez pas que vous deviez
d'abord passer par je ne sais quelle
préparation forgée dans votre
imagination. Christ est l'alpha et
l'oméga. Il doit être tout dans
notre salut, ou bien II ne sera rien.
Prenez garde de ne point tomber dans cette
méprise si commune, de supposer que vous
seriez mieux disposé à venir à
Christ comme Sauveur, si la loi vous a fait sentir
toutes ses terreurs. Pauvre pécheur !
Vous serez aussi bienvenu maintenant que vous
pourriez l'être jamais. N'attendez pas pour
aller à Lui de plus profondes convictions de
péché. Préféreriez-vous
ces convictions à Christ ? Vous ne
serez pas d'une ligne plus en
sûreté quand vos convictions de
péché seraient plus profondes que
celle d'aucun autre pécheur. Des convictions
de péché sont
précieuses ; mais bien loin d'apporter
à l'âme la sécurité, la
paix et le salut, elles ne produisent que guerre,
orage et trouble.
Il est bon d'être réveillé du
sommeil quand le danger menace, mais est-ce
échapper au danger ? C'est le
connaître, rien de plus. De même,
être convaincu de péché, c'est
savoir que l'on est sous la condamnation, ce n'est
pas la délivrance, et en soi, cela ne peut
amener la délivrance. Cette conviction, si
profonde soit-elle, ne me parle d'aucun Sauveur,
elle me dit seulement que j'en ai besoin.
Il y a cependant des personnes qui, lorsqu'elles
ont été puissamment sous le sentiment
des saintes et justes exigences de la loi,
s'arrêtent là, et se félicitent
comme si tout allait bien. Elles semblent
dire : « Ah ! j'ai vu combien
la loi est sainte et quel grand pécheur je
suis ; tout va bien, je suis
sauvé ! » - Tout va bien,
vous êtes sauvé ! Ah !
pauvre âme ! Tout va-t-il bien pour le
marin qui se réveille pour voir son vaisseau
prêt à se briser contre les rochers,
au milieu de la fureur des vagues ? Est-il
sauvé, le dormeur qui à minuit est
tiré de son sommeil par la lueur des flammes
qui l'environnent ? Se tranquillise-t-il en
disant : Tout va bien, j'ai vu les
flammes ? Ah ! ne vous y trompez pas,
c'est une voie dans laquelle les pécheurs
sont souvent conduits à chercher quelque
lieu de repos en dehors du seul
qui existe. Le désir inquiet
d'éprouver des convictions de
péché, et la satisfaction de les
avoir expérimentées sont trop souvent
des moyens subtils dont Satan se sert pour
détourner les yeux du pécheur de
l'oeuvre parfaite de Jésus qui
Lui-même a porté nos
péchés en son propre corps sur le
bois.
Pardon, réconciliation, paix avec Dieu
coulent pleinement et uniquement du sacrifice que
Christ a offert pour expier le
péché.
O âme réveillée et convaincue
par l'Esprit, contemple l'Agneau de Dieu qui
ôte le péché du monde.
Contemple-le dans sa mort sur la croix ;
là où il a offert ce sacrifice d'un
prix infini, où il a payé la
rançon pour les péchés de
plusieurs. Là est le but de son abaissement,
de son obéissance et de ses souffrances.
Là, l'oeuvre a été accomplie,
cette oeuvre d'une grandeur qui confond l'esprit,
que Lui seul, le Fils de Dieu, pouvait entreprendre
et achever. Contemple ce sacrifice, et vois
là une rédemption parfaite, seul
fondement de notre paix, de notre espérance
et de notre joie.
« Lui-même a porté nos
péchés en son corps sur le
bois »
(1 Pierre II, 24). Il n'est pas dit
que ce sont "nos prières, nos jeûnes,
nos convictions, notre repentance, notre
moralité, ni nos aumônes, ni
même notre foi qui aient porté nos
péchés. Oh non ! c'est
Jésus Lui-même, Jésus seul, nul
autre que Lui qui les a portés en son corps
sur le bois.
Regarde donc à Lui seul, et tu sauras
qu'ayant été
justifiés sur le principe de la foi, nous
avons la paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ »
(Romains V, 1).
L'OEUVRE DE CHRIST
Tu l'accomplis, ô Christ !
cette oeuvre glorieuse
Qui n'exige do nous rien autre qu'accepter
Le travail de ton âme et ta mort
douloureuse
Soufferte pour nous racheter !
À Toi fut le labeur : pour nous repos
et gloire :
Tu pris pour toi la mort : par ta mort nous
vivons ;
Ton angoisse, ô Jésus ! remporta
la victoire
Par laquelle nous triomphons.
LES DEUX ALEXANDRE OU DÉLAI ET
DÉCISION
III. « JE NE VEUX PAS M'ENDORMIR
AVANT QUE TOUT NE SOIT
RÉGLÉ. »
C'était un froid et sombre jour d'octobre
de l'année 1865. Tout était
enveloppé d'un épais brouillard, et
il soufflait un vent glacial. Au dehors
l'humidité, le froid, la boue ; au
dedans l'ordre et la propreté. Aux deux
extrémités de la salle
d'hôpital, un brasier pétillant
répandait une bienfaisante chaleur.
Le moment de la visite du médecin de service
approchait, lorsque deux jeunes gens
entrèrent. Le plus âgé,
s'adressant à moi, dit :
« Auriez-vous la bonté, Monsieur,
de faire une ordonnance pour mon ami, qui a une
mauvaise toux ? »
Me tournant vers son compagnon, je vis un jeune
homme d'environ dix-sept ans, d'une beauté
rare et presque féminine. Les traits de son
visage offraient la plus parfaite harmonie. Rien
n'indiquait qu'il eut besoin d'aucun traitement,
sauf une fatale tache rouge sur chacune de ses
pommettes, signalant un mal auquel il fallait
apporter des soins immédiats. Après
une ou deux questions et un examen rapide, je crus
devoir l'engager à rester à
l'infirmerie. Il hésita, disant qu'il
était venu de Londres pour avoir quelques
jours de congé, qu'être à
l'hôpital ne répondrait guère
à son but, et que, d'ailleurs, il ne se
croyait pas malade à ce point. À
certains égards, il avait raison ;
cependant, il m'intéressait tellement, que
je lui fis remarquer combien il y avait
d'imprudence pour lui à faire beaucoup de
courses par un temps aussi humide. Son ami joignit
ses instances aux miennes et, après un
moment de réflexion, le jeune homme
consentit à revenir le lendemain matin.
Le samedi donc, Alexandre U. entra dans la salle,
et à ma visite du soir, je procédai
à un examen attentif de l'état de sa
poitrine. Comme je l'avais supposé, les
poumons étaient atteints.
Je lui fis quelques questions. Il me dit que sa
mère était morte poitrinaire ;
quatre de ses frères avaient
été emportés par la même
maladie, et « je crains beaucoup,
ajouta-t-il, que je ne sois en train de suivre le
même chemin. »
- Vraiment ! Qu'est-ce qui vous le fait
penser ?
- C'est qu'ils ont tous commencé comme
moi ; et, je ne sais
pourquoi, mais je ne crois pas que je me
rétablisse. Qu'en pensez-vous,
docteur ?
- Ce que vous m'avez dit de votre famille rend
certainement le cas assez grave ; cependant,
comme le mal a été reconnu au
début, j'ai l'espoir qu'un bon traitement
pourra l'arrêter.
Il eut l'air incrédule, bien que
reconnaissant, et comme je voyais qu'il paraissait
prendre confiance en moi, je lui dis :
- Alexandre, dans le cas où vous ne vous
remettriez pas, que deviendrait votre
âme ? Êtes-vous prêt
à mourir ?
- Moi ? Oh ! non, Monsieur, je ne suis
pas prêt. Si j'étais appelé
à mourir en cet instant, je sais que je
serais perdu pour toujours.
- Vous avez donc quelquefois pensé à
votre âme ?.
- Non, Monsieur, je ne puis pas dire que j'y aie
jamais pensé bien sérieusement,
quoique j'aie été élevé
dans de bons principes. Mes parents étaient
pieux. Ma mère priait beaucoup, mais elle
est morte depuis bien des années. Elle est
au ciel, je pense (ici le souvenir de la foi et de
la piété de : sa mère
remplit ses yeux de larmes).
J'ai reçu de bons enseignements aussi
longtemps que j'ai été un
enfant ; mais j'ai dû quitter la maison
et suis venu à Londres pour être
commis dans un bureau.
- Et qu'avez-vous fait à Londres ?
- Pour vous dire la vérité, Monsieur,
je fis
de mauvaises connaissances, je m'abandonnai
bientôt à toutes
sortes d'excès, et je ne doute pas que ma
vie déréglée ne soit la cause
de ma maladie. Je ne puis m'en prendre qu'à
moi-même et n'ai que ce que je mérite.
Il n'y a donc pas moyen que je sois sauvé,
car je ne suis qu'un misérable
pécheur.
- N'aimeriez-vous pas être
sauvé ?
- Oui, certes, Monsieur ; mais il n'y a pas de
salut pour ceux qui sont tels que moi.
- Voilà où vous êtes dans
l'erreur. N'avez-vous jamais entendu ceci :
« Cette parole est certaine et digne de
toute acceptation, que le Christ Jésus est
venu dans le monde pour sauver les
pécheurs ? » Vous
êtes celui-là même que
Jésus cherche et pour lequel il est venu. Il
est le Sauveur et vous êtes un
pécheur ; l'un est fait pour l'autre.
Le pécheur a besoin d'un Sauveur qui le
sauve, et le Sauveur est à la recherche du
pécheur afin de le sauver. Il y a
plus : Jésus est mort pour le
pécheur. Le verset 8 du chap. V de
l'épître aux Romains nous dit :
« Dieu constate son amour à Lui
envers nous, en ce que lorsque nous
étions encore pécheurs, Christ
est mort pour nous. » Maintenant
ne croyez-vous pas que Jésus est mort pour
vous ?
- Je crois, Monsieur, qu'il est mort pour vous, car
vous êtes un homme pieux ; mais il
n'aurait pas donné sa vie pour un
misérable tel que moi.
- Vous vous trompez de nouveau, Alexandre. Ce n'est
pas pour les bons que Jésus est mort, car
nul n'est bon que Dieu seul, et « il n'y
en a aucun qui exerce la bonté, non, pas
même un seul. »
Vous voyez donc bien que, pas plus que vous, je ne
suis bon, et pourtant, Jésus est mort pour
nous. La raison pour laquelle il est mort, c'est
qu'il nous aimait, comme Paul le dit :
« Qui m'a aimé, et qui s'est
livré lui-même pour moi. »
Oh ! pensez à cet amour, confiez-vous
en Lui. Il y a en lui un salut complet, gratuit, si
vous le recevez. Voulez-vous aller à Lui,
maintenant ? à Lui qui est mort pour
des pécheurs, et qui est vivant maintenant
dans la gloire, attendant pour vous recevoir, vous
bénir, vous sauver, ainsi qu'il a
sauvé le brigand sur la, croix ?
- Ah ! Monsieur, tout cela est pour des gens
comme vous, mais non pas pour moi.
Je me souviendrai toujours de cette soirée
que je passai à parler à Alexandre de
la grâce et de l'amour qui sont en
Jésus. Étendu sur son lit, les
lèvres serrées, les narines
dilatées, les yeux baignés de larmes
et fixés sur moi, il écoutait avec
avidité : on voyait que pour lui il
s'agissait de la vie. Chaque mot semblait entrer
dans son âme, et à mesure que je lui
montrais l'amour du Seigneur, le sentiment de ses
péchés devenait toujours plus
profond.
Il était tard. On avait baissé les
lampes et j'allais lui souhaiter une bonne nuit,
quand il me dit :
- Monsieur, ne voudriez-vous pas prier avec moi
avant de partir ? Je vous suis bien
reconnaissant de m'avoir parlé comme vous
l'avez fait ; maintenant j'aimerais beaucoup
que vous priiez.
Je le fis, en me confiant au Seigneur pour
qu'il bénît ce jeune
homme ce soir-là même. Quand j'eus
fini, Alexandre me saisit la main :
- Merci beaucoup, Monsieur, dit-il, je ne veux pas
m'endormir avant que tout ne soit
réglé.
Et maintenant, bonne nuit, lui dis-je, vous devez
être fatigué.
IV. LA VIE AU MATIN.
Le dimanche, je faisais ma tournée
d'assez bonne heure, de sorte que peu de minutes
après neuf heures, je me retrouvai dans la
salle où était Alexandre.
Je venais à peine d'entrer, que mon oreille
fut frappée d'un : « Bonjour,
Monsieur ! » prononcé
d'un accent à la fois joyeux et respectueux.
Je levai la tête, et vis mon jeune ami
debout, tout habillé, au pied de son
lit.
- Bonjour, Alexandre.
- Tout est en ordre, Monsieur !
- En ordre ! de quoi parlez-vous ?
- De ce que vous avez dit hier soir. Après
votre départ, je ne pus m'endormir, ne
cessant de penser à mes péchés
et à ce que vous m'aviez dit du Sauveur et
de l'amour qui l'a fait donner sa vie à la
croix pour des pécheurs tels que moi.
Quatre heures sonnaient, sans que j'eusse
trouvé du repos, lorsque tout d'un coup il
me sembla voir le Sauveur mourant sur la croix,
cloué là pour moi et portant mes
péchés. Je l'entendis me dire :
« Venez à moi, vous tous qui vous
fatiguez et qui êtes
chargés, et moi je vous donnerai du
repos. » J'allai à Lui, et j'ai
maintenant le repos. J'ai trouvé
Jésus et je suis bien heureux.
La vérité de ses paroles se lisait
sur son visage, qui était comme celui d'un
ange, illuminé d'une joie divine. On ne
pouvait s'y tromper. En toute simplicité et
sans réserve, il s'était
abandonné à Christ, et, en
conséquence, il était rempli
« de toute joie et paix en
croyant. »
Alexandre resta à l'hôpital pendant
environ quinze jours, montrant de toute
manière qu'il était vraiment un
enfant de Dieu et croissant rapidement dans la
grâce. Mais quant à sa maladie, il ne
devint bientôt que trop évident
qu'elle suivait le même cours que chez ses
frères. Je n'avais qu'un conseil à
donner, c'était d'essayer un séjour
en Australie ; un parent riche lui paya le
voyage, et il se rendit à Londres au mois de
novembre, pour y attendre le départ d'un
navire. Pendant ce temps, je reçus de lui
deux lettres. Dans l'une se trouvait cette
phrase : « Je suis
très-heureux pour ce qui concerne le salut
de mon âme. J'espère que vous vous
souvenez toujours de moi devant le trône de
la grâce. » Dans la seconde
lettre, il me disait : « Je suis
bien reconnaissant de pouvoir vous dire que je vais
beaucoup mieux ; le Dr J. me recommande de
partir pour l'Australie le plus tôt possible.
Je m'embarquerai donc, s'il plaît à
Dieu, le 30 de ce mois (décembre), sur un
vaisseau nommé « le
London, » de Londres. - J'espère
que vous ne m'oubliez pas dans vos
prières. »
V. DÉLOGEANT DANS UN
ORAGE.
On se souviendra longtemps du mois de janvier
1866, et du superbe vaisseau de 2,000 tonneaux,
tout cuirassé de fer, qui attendait à
Plymouth ses passagers et ses
dépêches. Le capitaine était un
homme capable et expérimenté ;
des marins choisis composaient l'équipage.
Le « London » prit la mer le 6
janvier, faisant route pour Melbourne, avec un
chargement évalué à 1,200,000
livres sterling", et, en outre, une cargaison
d'âmes vivantes d'un prix incalculable, au
nombre de 239, parmi lesquelles était mon
jeune ami Alexandre. Mais à peine la terre
était-elle hors de vue que le navire
rencontra de fortes brises qui, dans la nuit du 10,
dégénérèrent en
véritable ouragan. Le
« London » était dans la
baie de Biscaye lorsqu'il succomba à la
fureur de la tempête. Voici le récit
qui a été fait de cette
catastrophe :
D'énormes vagues se
précipitèrent coup sur coup sur son
arrière, brisèrent les chaloupes,
enlevèrent les écoutilles delà
machine, éteignirent le feu, et
inondèrent la cale. Au moyen des pompes, le
vaisseau fut maintenu à flot jusqu'au matin
du 11. Le capitaine rassembla alors tout le monde
dans le salon et déclara qu'il n'y avait
aucun espoir de salut. Il fut écouté
avec calme ; chacun s'attendait à ce
qui allait arriver.
M. le pasteur Draper pria à haute voix et
exhorta ceux qui étaient autour de lui. La
consternation régnait
à bord, mais sans aucun désordre. Des
mères pleuraient sur les petits enfants qui
allaient être engloutis avec elles ; des
amis s'embrassaient pour la dernière fois,
comme se préparant à partir pour un
long voyage. D'autres, ouvrant leurs Bibles, y
cherchaient quelque consolation dans des passages
bien connus ou depuis longtemps oubliés.
À deux heures de l'après-midi, une
pinasse fut mise à la mer ; seize
hommes de l'équipage s'y embarquèrent
avec trois passagers. À peine avaient-ils
quitté le « London, »
que celui-ci s'enfonça dans les eaux avec
les deux cent vingt personnes qui restaient
à bord. Mon jeune ami et frère dans
le Seigneur, Alexandre U. était du
nombre.
Lorsque ce récit déchirant parvint
à mes oreilles, j'écrivis au vieux
père d'Alexandre pour lui exprimer ma
sympathie. Je lui racontai de quelle manière
la grâce du Seigneur avait
opéré dans le coeur de son fils
pendant qu'il était à
l'hôpital, et lui dis ma ferme conviction
qu'il était maintenant avec Jésus. Je
reçus en réponse, une excellente
lettre, empreinte de tristesse, comme on le croit
aisément, mais pleine aussi de
résignation. Voici, en substance, ce qu'il
me disait :
« J'ai eu six fils. Quatre
déjà sont morts de la phtisie. Le
cinquième est malade dans un hôpital
en Chine, et peut-être a-t-il
succombé. Maintenant le Seigneur a pris
à Lui Alexandre, mon plus jeune fils.
« L'Éternel l'avait donné,
l'Éternel l'a ôté, que le nom
de l'Éternel soit béni. »
Je pense que vous avez été
l'instrument dont Dieu s'est
servi pour amener mon enfant à la
connaissance du Sauveur, et lui, à son tour,
a été en bénédiction
pour sa soeur. Il lui avait écrit plusieurs
fois, en la suppliant de donner son coeur à
Jésus, et lorsque le vaisseau était
à Plymouth, il eut la joie de recevoir
d'elle une lettre où elle lui disait qu'elle
aussi avait cherché et trouvé le
Sauveur. Je suis donc bien consolé, quoique
le coup soit difficile à
supporter. »
Que les voies de Dieu sont merveilleuses !
Qu'il est beau de voir la manière dont il
bénit, et comment le cercle de la
bénédiction va s'élargissant
toujours davantage ! Le frère, converti
à l'hôpital, amène sa soeur
à la connaissance du Seigneur.
Lui-même est retiré auprès de
Jésus de la manière dont nous venons
de parler. Pour combien d'âmes sur ce navire
a-t-il pu être un messager de salut ?
Dieu seul le sait : le jour du Seigneur le
manifestera.
Depuis ce temps, sa soeur a poursuivi son chemin
avec joie, et, un an ou deux après, elle est
allée rejoindre son frère dans la
présence du Seigneur.
Et maintenant, cher lecteur, je voudrais vous
adresser quelques paroles ? Avez-vous
déjà reçu Christ ? Sinon,
n'attendez pas un jour de plus. Que ces
récits vous servent à la fois
d'avertissement et d'exemple. Quelle ressemblance,
et pourtant quel contraste entre ces deux jeunes
gens ! Ils portaient le même nom,
souffraient du même mal ; ils se sont
trouvés au même hôpital, ils
avaient à peu près le même
âge ; à tous deux la
bonne nouvelle du salut fut
annoncée. L'un remet à plus tard
de se décider pour Christ, et il est
plongé subitement dans
l'éternité, sans Christ, je le
crains. L'autre se décide
aussitôt ; il croit simplement en
Christ et se trouve en pleine possession de la joie
et de la paix. Lui aussi est entré dans
l'éternité ; mais je suis
assuré qu'il est « avec
Christ. » Souvent, quand je me
représente le malheureux navire avec sa
cargaison d'hommes voués à la mort,
je crois entendre, dominant le sifflement de. la
tempête, le mugissement des vagues et les
accents du désespoir, la voix du jeune
chrétien murmurant doucement : a Je
suis très-heureux quant à ce qui
concerne le salut de mon
âme ! »
Cher lecteur, pourriez-vous, dans un moment pareil,
dire la même chose ? Laissez-vous
convaincre. Si vous avez hésité
jusqu'à présent, n'hésitez
plus maintenant. Commencez une nouvelle vie avec
Christ. Qu'il vous suffise de l'avoir
rejeté pendant les années qui
se sont écoulées, et recevez-Le
aujourd'hui par la foi en son nom, de
manière à marcher désormais
comme étant « une nouvelle
création en Christ. »
N'écoutez pas Satan qui vous dit
« d'y réfléchir »
encore, de peur que votre fin ne soit semblable
à celle du premier Alexandre ; dites
plutôt : « Je ne veux pas
m'endormir avant que tout ne soit
réglé. » Alors, quoi qu'il
arrive, dans la vie ou dans la mort, vous pourrez
dire aussi : « Tout est en
ordre, » et « je suis
très-heureux quant à ce qui concerne
le salut de mon âme. »
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