Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. III
TROISIÈME ANNÉE 1876

LE CONSEIL DE MARIE, MÈRE DE JÉSUS

Elle parlait peu ; elle méditait beaucoup (Luc II, 19). Elle n'a donné qu'un conseil qui soit consigné dans les saintes Écritures : il est bon à suivre. (Vous le trouverez dans l'Évangile de Jean, chap. II, verset 5).
Le voici :

« FAITES TOUT CE QU'IL VOUS DIRA. »

C'est de Celui auquel elle avait eu l'insigne honneur de donner naissance, qu'elle parlait en ces termes ; - de Celui dont il est écrit ailleurs : « Quand il introduit le premier-né dans le monde habité, il dit : Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage » (Hébreux I, 6) ; - de Celui dont Jean-Baptiste avait dit : « Voilà l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1,29).
Elle le connaissait ; elle l'avait nourri ; elle avait admiré la sagesse et la grâce de ses paroles, la perfection de ses voies. La vie retirée, obscure, dont il avait vécu jusque-là, lui avait permis, à elle, de le suivre dans tous ses mouvements, pour ainsi dire ; de sorte que le conseil qu'elle donne est le fruit de sa propre expérience.

Suivez-le donc, lecteur, et écoutez les paroles du Fils de Dieu :
IL A DIT :

« SONDEZ LES ÉCRITURES... ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean V, 39, 40).

« CRAIGNEZ Celui qui après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, vous dis-je, craignez celui-là » (Luc XII, 5).

« ENTREZ par la porte étroite ; car la porte est large et le chemin spacieux, qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par elle ; car la porte est étroite et le chemin resserré, qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouvent » (Matthieu VII, 13, 14).

« Je suis la porte ; si quelqu'un ENTRE par moi, il sera sauvé » (Jean X, 9).
« Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne VIENT au Père que par moi (Jean XIV, 6).
« C'est ici l'oeuvre de Dieu, que vous CROYIEZ en Celui qu'il a envoyé » (Jean VI, 29).
« Celui qui CROIT en moi, a la vie éternelle » (Jean VI, 47).
« Je suis la résurrection et la vie : celui qui CROIT en moi, encore qu'il soit mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais » (Jean XI, 25, 26).
« Je suis la lumière du monde ; celui qui me SUIT ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean VIII, 12).

« VENEZ à moi, VOUS tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu XI, 28).

« Moi, je suis le pain de vie : celui qui VIENT à moi n'aura jamais faim, et celui qui CROIT en moi n'aura jamais soif » (Jean VI, 35).
« Je ne mettrai point dehors celui qui VIENT à moi » (Jean VI, 37).
« Si quelqu'un a soif, qu'il VIENNE à moi et qu'il BOIVE » (Jean VII, 37).
« Que celui qui a soif, VIENNE ; et que celui qui VEUT, PRENNE GRATUITEMENT de l'eau de la vie » (Apocalypse XXII, 17).

« CROYEZ A L'ÉVANGILE. » (Marc I, 15).
P. C.



LES DEUX ALEXANDRE OU DÉLAI ET DÉCISION

I. 
« J'Y RÉFLÉCHIRAI, MONSIEUR. »

Le travail de la semaine était terminé, l'horloge venait de sonner dix heures, lorsqu'un samedi soir, pendant l'hiver de 1865-6, après avoir fait ma tournée dans plusieurs salles de l'hôpital royal à Edimbourg, je m'approchai du lit d'Alexandre S. - II avait été admis quatre jours auparavant, sur des symptômes évidents de phtisie. Ce soir-là, j'examinai sa poitrine plus
soigneusement que je ne l'avais fait jusqu'alors, et ce fut probablement ce qui provoqua de sa part cette question :
- Eh bien ! docteur, que pensez-vous de mon état ?

Alexandre S., ouvrier charpentier, était un beau garçon de vingt ans, dont la figure calme et intelligente ne dénotait guère la présence de la maladie qui avait fait de si terribles ravages dans ses poumons. Pourtant, il y avait déjà quelque temps qu'il souffrait, et je jugeai qu'il devait être préparé à entendre la vérité.
- Vous êtes assez malade, Alexandre, lui dis-je, je regrette d'avoir à vous le dire.
- Je m'en doutais, Monsieur. Pensez-vous que je puisse me rétablir ?
- Je crains que dans ce froid climat de l'Angleterre, il n'y ait pas grand espoir de guérison pour vous. Le seul moyen peut-être serait d'aller dans un pays plus chaud, en Australie, par exemple.
- Ah bien ! il n'y a pas de chance de ce côté-là, fut sa réponse. Je n'ai pas les moyens de m'y rendre, ni d'amis en état de me payer le voyage.
- J'espère donc que vous ferez ici tout ce que vous pourrez pour moi.
- Vous pouvez être tranquille, lui dis-je. Tout ce que l'art et des soins sont capables de faire, on le fera.
- Je vous remercie, Monsieur, répondit-il d'un ton calme.

Il ne paraissait nullement troublé par ce que je venais de lui dire. Évidemment il s'y attendait. Il y eut un moment de silence ; puis, changeant de sujet, je lui demandai :
- Maintenant que nous nous sommes occupés de ce pauvre corps périssable, qu'avons-nous à dire de l'âme ? Êtes-vous sauvé, Alexandre ?.
- Je ne puis pas le dire, Monsieur.
- Il me semble que c'est pourtant le moment d'envisager en face ce qui concerne l'éternité. Pourquoi n'allez-vous pas à Jésus pour être sauvé ?
- J'ai déjà pensé à ces choses, Monsieur ; j'ai lu quelquefois la Bible, et lorsque j'étais bien portant, j'allais de temps en temps à la chapelle.
Je sais que je ne suis pas ce que je devrais être ; cependant je ne suis pas aussi vicieux que bien des jeunes gens de ma connaissance.
- C'est très-possible, Alexandre ; mais il ne s'agit pas de cela. Lors même que vous ne seriez pas aussi mauvais que bien d'autres, croyez-vous que cela vous serve à quelque chose devant Dieu ?
- Bien sûr que non, Monsieur ; seulement je n'ai pas trop mal vécu, et j'espère être sauvé.
- Il ne faut pas simplement « espérer d'être sauvé ; » vous pouvez connaître et posséder le salut en ce moment même, si seulement vous recevez Christ.

Voyant que son attention était éveillée, je m'assis près de lui et lui annonçai l'Évangile avec autant de simplicité et de clarté qu'il me fut donné de le faire. Il répondit à toutes mes questions sans trop de réserve, et, à mesure que je plaçais toute sa culpabilité devant sa conscience, je pus voir qu'il était convaincu d'être un pécheur, et de plus, un pécheur perdu s'il venait à mourir tel qu'il était. Je lui parlai alors de la croix, cette unique porte de salut que Dieu place devant les pécheurs perdus ; je lui montrai que Dieu ne lui demandait pas autre chose que de croire au Seigneur Jésus ; et je le pressai d'accepter immédiatement la miséricorde et le salut de Dieu qui lui étaient présentés.
Il m'écouta tranquillement jusqu'au moment où l'horloge sonna onze heures, et il me dit alors avec une certaine emphase :- J'y réfléchirai, Monsieur.
- Prenez garde, lui dis-je, pourquoi voulez-vous réfléchir quand Dieu vous demande de recevoir Christ et d'être sauvé dès cet instant ? Le geôlier de Philippes entendit parler de Jésus, il crut et fut sauvé à « cette même heure. » Ne remettez pas à plus tard de prendre une détermination, je vous en supplie.
- Je vous promets d'y réfléchir, Monsieur. Bonne nuit.

Le voyant décidé à « réfléchir » seulement, au lieu de « recevoir » le message de Dieu, je lui dis bonsoir, mais à regret.
Le lit d'Alexandre était placé à l'extrémité de la longue salle. Je la traversai dans toute sa longueur ; j'ouvris la porte et j'allais sortir, lorsqu'il me sembla entendre une voix qui me disait : « Retourne auprès de lui et parle-lui encore une fois. » J'hésitai. Était-ce mon imagination ?
Était-ce le Seigneur qui voulait adresser un dernier appel de la grâce à celui qui refusait de l'écouter ? « Retourne ! » semblait répéter la voix.

Je revins auprès du lit d'Alexandre, et, me penchant sur lui, je lui dis :
- Alexandre, je ne puis vous quitter sur cette effrayante parole : « J'y réfléchirai ! » Décidez-vous à aller à Christ. Il se peut que vous n'ayez plus jamais l'occasion d'entendre l'Évangile et d'y croire. Dieu dit : « Maintenant est le temps agréable, maintenant est le jour du salut, » et je suis revenu pour vous supplier encore une fois de ne pas i y réfléchir, » mais de recevoir Christ.

Je fus peiné de voir une expression d'impatience se montrer sur son visage. Il redit encore : « J'y réfléchirai, Monsieur ! » répéta une seconde fois : « Bonne nuit ! » Et je le quittai... le coeur serré.

II.
LE MATIN DE LE MORT.

Le lendemain, jour du Seigneur, à huit heures précises du matin, l'infirmière entra précipitamment dans ma chambre, située dans une partie éloignée du bâtiment, me priant de venir immédiatement voir Alexandre. J'y allai aussitôt. Un silence de mort régnait dans la salle. Plusieurs malades et les deux infirmières étaient debout autour de ce lit, près duquel je m'étais assis neuf heures auparavant pour parler de Christ et du salut à celui qui l'occupait. À mon approche, on s'écarta et Alexandre s'offrit à ma vue, le visage aussi blanc que le drap de son lit. Il était, non pas évanoui, comme on le supposait ; il était mort.
Il s'était levé le matin comme d'habitude, et s'était assis pour déjeuner, lorsque tout d'un coup, sans que rien l'annonçât, des flots de sang s'échappèrent de sa bouche : un gros vaisseau venait de se rompre dans sa poitrine, et avant qu'on eût pu le replacer sur son lit, la vie s'était éteinte.

Jamais je n'oublierai ce moment ! Alexandre S. n'était plus ! Où était son âme ? Hélas ! je le crains, dans les ténèbres éternelles, dans cette nuit sans matin où tant d'âmes sont entrées par la porte fatale du délai.



LA RÉMISSION DES PÉCHÉS
DIALOGUE

A. Je sais que les péchés que j'ai commis avant ma conversion ont été ôtés, mais que dois-je penser de ceux que j'ai commis depuis ?
B. Que lisez-vous en 1 Corinthiens XV, 3 ?

A. « CHRIST est mort pour nos péchés, selon les Écritures. »
B. Croyez-vous cela ?
A. Certainement.
B. Croyez-vous réellement que sur la croix, il y a plus de dix-huit cents ans, Christ a répondu à Dieu pour vos péchés individuels, et qu'alors pour ces péchés, il a subi le jugement ?

A. Oui ; la Bible le dit dans 1 Pierre II, 24.
B. Dieu peut-Il juger deux personnes pour les mêmes péchés ? Peut-Il juger Christ pour vos péchés et vous aussi ? Cela serait-il juste ?

A. Non.
B. Combien de vos péchés Christ a-t-il ôtés lorsqu'il était sur la croix ?

A.Tous, je suppose.
B. A-t-il ôté vos péchés jusqu'au jour de votre conversion, ou jusqu'à aujourd'hui ? Non ; II les a tous ôtés, que son nom en soit béni ; car s'il ne l'avait pas fait sur la croix, il ne le ferait jamais.

Nous lisons en effet en Hébreux X, 12 : « Mais celui-ci ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu. »
Si tous vos pochés n'ont point été ôtés alors, ils ne peuvent jamais l'être, car Christ ne mourra pas une seconde fois ; ce n'est que par ce seul sacrifice offert une fois sur la croix que les péchés peuvent être ôtés. Lorsque Christ est mort pour vos péchés, ils étaient tous à venir, vous n'en aviez encore commis aucun. Voyez ce qui est écrit : « Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois, pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent » (Hébreux IX, 27, 28).

Supposez que vous n'ayez pas été converti, et que vous ne le soyez jamais, il vous faudrait mourir et être jugé pour tous vos péchés. Mais, du moment que vous croyez au Seigneur Jésus, comprenez bien que c'est Lui qui, dans sa grâce infinie, a pris votre place sur la croix. Là, II a été jugé par Dieu pour tous vos péchés et est mort, de sorte que maintenant vous n'avez pas à regarder en avant pour être jugé pour vos péchés, parce que Christ en a subi le jugement il y a plus de dix-huit cents ans. Ce jugement de vos péchés est donc une chose passée.

A. Mais n'est-il pas dit que nous devons tous paraître devant le tribunal de Christ ?
B. Oui, mais non pour y être jugés à cause de nos péchés. Si vous êtes jugés pour vos péchés par un Dieu saint, vous êtes perdu, comme l'exprime David : « N'entre point en jugement avec ton serviteur, car aucun homme vivant ne sera justifié devant toi » (Psaume CXLIII, 2). Mais nous comparaîtrons là dans des corps glorifiés comme celui de Christ (Philippiens III, 20, 21), « pour recevoir les choses faites dans le corps » (2 Corinthiens V, 10), quelques-uns une récompense, d'autres non (voyez 1 Corinthiens III, 14, 15) ; mais il ne s'agit pas de nos péchés ; cette question-là fut réglée à la croix. Celui qui est revêtu d'un corps de gloire semblable à celui de Christ ne peut pas être jugé pour des péchés.

A. Mais que faire des péchés que nous commettons maintenant ?
B. Les confesser à Dieu notre Père, comme étant ses enfants, ainsi qu'il est dit en 1 Jean 1,9: « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et pour nous purifier de toute iniquité. » II n'est pas dit : « II est miséricordieux et plein d'amour, » quoique cela soit vrai, mais « II est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, » parce que Christ a été jugé pour ces péchés mêmes sur la croix.
Lorsque nous sommes une fois devenus enfants de Dieu, nous ne devons plus jamais aller à Lui comme des pécheurs perdus, mais comme des enfants vont à leur Père. Qu'est-ce qui est écrit, dans Galates IV, 4, 5 ?

A. « Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption. »
B. Vous voyez donc que l'adoption, - la position d'enfant vis-à-vis de Dieu, - est une conséquence de la rédemption que Christ a opérée.
Il est écrit que Dieu nous a « prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang » (Éphésiens I, 5-7).
Si nous croyons en Jésus, nous avons la vie éternelle, nous sommes devenus enfants de Dieu, et nous ne pouvons jamais perdre cette relation bénie. Jésus dit, en effet : « Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent ; et moi je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (Jean X, 27-30).

A. Je crois comprendre que ma position devant Dieu dépend uniquement de l'oeuvre que Christ a faite.
B.C'est déjà un grand point de gagné. Deux choses en découlent :

1°.Puisque ma position et ma relation avec Dieu dépendent d'une oeuvre divine déjà accomplie, elles sont nécessairement inaltérables.
2° Je suis tenu de marcher devant Dieu d'une manière digne de cette position et de cette relation, - savoir, comme Christ a marché.

A. Je le comprends. - Mais voilà ce qui m'effraye : je sens ma faiblesse et mon incapacité pour marcher dignement ; et, de fait, je manque souvent.
B. Il ne faut pas oublier que Dieu nous a donné son Saint-Esprit (I Thessaloniciens IV, 8). Laissés à nous-mêmes, il est évident que nous n'aurions aucune force ; mais si la chair existe en nous, nous avons aussi l'Esprit, afin que nous soyons gardés d'accomplir ce que la chair voudrait. Or l'Esprit nous occupe de Jésus et nous transforme ainsi à son image, et par le moyen de la Parole, II purifie nos coeurs.
Il est très-important pour nous de conserver une conscience nette : lorsque nous avons péché nous devons aller à l'instant le confesser à notre Père, sachant que notre relation avec Lui n'est pas changée et ne peut l'être, bien que notre communion soit interrompue lorsqu'il y a un péché sur la conscience. « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du PÈRE, Jésus Christ, le Juste, et lui est la propitiation pour nos péchés » (1 Jean II, 1-2).

 



CONFIANCE DANS LE SEIGNEUR

II y a déjà plusieurs années que s'est passé le fait suivant : Dans une campagne aux environs de P. demeurait une demoiselle chrétienne qui, pour se rendre aux réunions des enfants de Dieu, était obligée de faire seule un long trajet par un chemin désert.
Sa famille, qui ne partageait pas sa foi, la blâmait souvent de s'exposer aux dangers de ces courses solitaires ; mais elle répondait qu'elle avait la certitude que le Seigneur la garderait de tout accident.

Un soir, elle revenait seule, comme de coutume, lorsqu'en passant le long d'une haie, un homme, caché dans l'ombre, s'élança tout à coup sur elle. Mais, levant les bras au ciel, elle s'écria : « À présent, Seigneur Jésus, c'est le moment, c'est le moment ! » Et aussitôt, racontait-elle, cet homme se mit à fuir, comme si une légion de démons était à ses trousses.

Ce simple récit nous suggère les pensées suivantes : Éprouvons-nous ce besoin de nous réunir avec les enfants de Dieu pour jouir de la bénédiction que le Seigneur a attachée au rassemblement en son nom, ne fût-ce que de deux ou trois ? (Matthieu XVIII, 20.) Ce besoin nous fait-il passer par-dessus les obstacles, les difficultés, les dangers et les blâmes ?
Puis, connaissons-nous le Seigneur Jésus d'une manière si vivante que nous comptions sur Lui en dehors de toute protection humaine, et que nous nous adressions à Lui avec la certitude qu'il nous entend et tient compte de nos requêtes ? (Psaume L, 15.)

Mais surtout, avons-nous placé en Lui notre confiance pour le salut de notre âme ? Car c'est là le fondement de toute paix, de toute sécurité devant Dieu. Or, que craindrait l'âme qui a Dieu pour elle et qui peut dire : « L'Éternel est ma lumière et ma délivrance, de qui aurai-je peur ? L'Éternel est la force de ma vie, de qui aurai-je frayeur ? » (Psaume XXVII, 1.)



MISÉRABLES PÉCHEURS

L'homme est si aveuglé par la propre justice que même lorsqu'il est convaincu de péché, il pense encore pouvoir gagner le ciel par ses prières, ses efforts, ses lamentations, n'importe quoi, en un mot, plutôt que de tout abandonner, en désespoir de lui-même, pour se fier à Christ seul ; aveugle est-il en vérité, jusqu'à ce que Dieu ouvre ses yeux.

u Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? Je rends grâces à Dieu, par Jésus Christ notre Seigneur (Romains VII, 24).



LE SANG DE JÉSUS

III

LE SANG DE JÉSUS, ET NON LA CONVICTION DE PÉCHÉ, SEUL FONDEMENT DE NOTRE PAIX ET DE NOTRE JOIE.

Mon cher lecteur ! Avez-vous été réveillé par le Saint-Esprit, et connaissez-vous véritablement le danger que vous courez comme vous étant rebellé contre Dieu ? Reconnaissez-vous que vous êtes un pécheur coupable, souillé et qui mérite l'enfer ? Éprouvez-vous cette profonde anxiété qui vous fait pousser ce cri : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? Comment trouverai-je la paix avec Dieu ? »
Eh bien, pour autant qu'il s'agit du fondement de votre réconciliation avec Dieu, je réponds qu'il n'y a rien à faire, car Celui en qui se trouve la vraie sécurité pour les pécheurs a dit sur le Calvaire : « C'est accompli ! » (Jean XIX, 30.)

Jésus a fait tout ce que le Dieu juste et saint estimait nécessaire pour assurer le pardon complet, l'acceptation et le salut de tous ceux qui croient en son nom. En Jésus, vous avez un fondement de sécurité éternelle. « Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus-Christ » (1 Corinthiens III, 11). Il est pour le salut, la maîtresse pierre du coin posée par Dieu Lui-même. « II n'y a de salut en aucun autre ; car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes IV, 11, 12).
C'est sur l'oeuvre parfaite d'expiation qu'il a entièrement accomplie, et sur cette oeuvre seule que vous devez vous appuyer pour le salut de votre âme. Ce n'est donc sur rien que vous auriez accompli, rien qui soit fait en vous, rien que vous sentiez ou qui vienne de vous. Il est de la plus haute importance d'être au clair sur ce fait, que c'est l'oeuvre de Christ sans nous, et non l'oeuvre du Saint-Esprit en nous qui est l'unique moyen par lequel nous puissions être mis à l'abri de la condamnation et de la colère à venir, et établis dans la paix avec Dieu.
Gardez-vous de faire dépendre votre paix de vos sentiments, de vos convictions, de vos larmes, de vos prières, de votre repentance, de vos devoirs accomplis ou de vos bonnes résolutions. Commencez par aller à Christ et ne vous figurez pas que vous deviez d'abord passer par je ne sais quelle préparation forgée dans votre imagination. Christ est l'alpha et l'oméga. Il doit être tout dans notre salut, ou bien II ne sera rien.

Prenez garde de ne point tomber dans cette méprise si commune, de supposer que vous seriez mieux disposé à venir à Christ comme Sauveur, si la loi vous a fait sentir toutes ses terreurs. Pauvre pécheur ! Vous serez aussi bienvenu maintenant que vous pourriez l'être jamais. N'attendez pas pour aller à Lui de plus profondes convictions de péché. Préféreriez-vous ces convictions à Christ ? Vous ne serez pas d'une ligne plus en sûreté quand vos convictions de péché seraient plus profondes que celle d'aucun autre pécheur. Des convictions de péché sont précieuses ; mais bien loin d'apporter à l'âme la sécurité, la paix et le salut, elles ne produisent que guerre, orage et trouble.

Il est bon d'être réveillé du sommeil quand le danger menace, mais est-ce échapper au danger ? C'est le connaître, rien de plus. De même, être convaincu de péché, c'est savoir que l'on est sous la condamnation, ce n'est pas la délivrance, et en soi, cela ne peut amener la délivrance. Cette conviction, si profonde soit-elle, ne me parle d'aucun Sauveur, elle me dit seulement que j'en ai besoin.
Il y a cependant des personnes qui, lorsqu'elles ont été puissamment sous le sentiment des saintes et justes exigences de la loi, s'arrêtent là, et se félicitent comme si tout allait bien. Elles semblent dire : « Ah ! j'ai vu combien la loi est sainte et quel grand pécheur je suis ; tout va bien, je suis sauvé ! » - Tout va bien, vous êtes sauvé ! Ah ! pauvre âme ! Tout va-t-il bien pour le marin qui se réveille pour voir son vaisseau prêt à se briser contre les rochers, au milieu de la fureur des vagues ? Est-il sauvé, le dormeur qui à minuit est tiré de son sommeil par la lueur des flammes qui l'environnent ? Se tranquillise-t-il en disant : Tout va bien, j'ai vu les flammes ? Ah ! ne vous y trompez pas, c'est une voie dans laquelle les pécheurs sont souvent conduits à chercher quelque lieu de repos en dehors du seul qui existe. Le désir inquiet d'éprouver des convictions de péché, et la satisfaction de les avoir expérimentées sont trop souvent des moyens subtils dont Satan se sert pour détourner les yeux du pécheur de l'oeuvre parfaite de Jésus qui Lui-même a porté nos péchés en son propre corps sur le bois.

Pardon, réconciliation, paix avec Dieu coulent pleinement et uniquement du sacrifice que Christ a offert pour expier le péché.

O âme réveillée et convaincue par l'Esprit, contemple l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Contemple-le dans sa mort sur la croix ; là où il a offert ce sacrifice d'un prix infini, où il a payé la rançon pour les péchés de plusieurs. Là est le but de son abaissement, de son obéissance et de ses souffrances. Là, l'oeuvre a été accomplie, cette oeuvre d'une grandeur qui confond l'esprit, que Lui seul, le Fils de Dieu, pouvait entreprendre et achever. Contemple ce sacrifice, et vois là une rédemption parfaite, seul fondement de notre paix, de notre espérance et de notre joie.

« Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre II, 24). Il n'est pas dit que ce sont "nos prières, nos jeûnes, nos convictions, notre repentance, notre moralité, ni nos aumônes, ni même notre foi qui aient porté nos péchés. Oh non ! c'est Jésus Lui-même, Jésus seul, nul autre que Lui qui les a portés en son corps sur le bois.
Regarde donc à Lui seul, et tu sauras qu'ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains V, 1).



L'OEUVRE DE CHRIST

Tu l'accomplis, ô Christ ! cette oeuvre glorieuse
Qui n'exige do nous rien autre qu'accepter
Le travail de ton âme et ta mort douloureuse
Soufferte pour nous racheter !

À Toi fut le labeur : pour nous repos et gloire :
Tu pris pour toi la mort : par ta mort nous vivons ;
Ton angoisse, ô Jésus ! remporta la victoire
Par laquelle nous triomphons.



LES DEUX ALEXANDRE OU DÉLAI ET DÉCISION


III. 
« JE NE VEUX PAS M'ENDORMIR AVANT QUE TOUT NE SOIT RÉGLÉ. »

C'était un froid et sombre jour d'octobre de l'année 1865. Tout était enveloppé d'un épais brouillard, et il soufflait un vent glacial. Au dehors l'humidité, le froid, la boue ; au dedans l'ordre et la propreté. Aux deux extrémités de la salle d'hôpital, un brasier pétillant répandait une bienfaisante chaleur.
Le moment de la visite du médecin de service approchait, lorsque deux jeunes gens entrèrent. Le plus âgé, s'adressant à moi, dit : « Auriez-vous la bonté, Monsieur, de faire une ordonnance pour mon ami, qui a une mauvaise toux ? »

Me tournant vers son compagnon, je vis un jeune homme d'environ dix-sept ans, d'une beauté rare et presque féminine. Les traits de son visage offraient la plus parfaite harmonie. Rien n'indiquait qu'il eut besoin d'aucun traitement, sauf une fatale tache rouge sur chacune de ses pommettes, signalant un mal auquel il fallait apporter des soins immédiats. Après une ou deux questions et un examen rapide, je crus devoir l'engager à rester à l'infirmerie. Il hésita, disant qu'il était venu de Londres pour avoir quelques jours de congé, qu'être à l'hôpital ne répondrait guère à son but, et que, d'ailleurs, il ne se croyait pas malade à ce point. À certains égards, il avait raison ; cependant, il m'intéressait tellement, que je lui fis remarquer combien il y avait d'imprudence pour lui à faire beaucoup de courses par un temps aussi humide. Son ami joignit ses instances aux miennes et, après un moment de réflexion, le jeune homme consentit à revenir le lendemain matin.

Le samedi donc, Alexandre U. entra dans la salle, et à ma visite du soir, je procédai à un examen attentif de l'état de sa poitrine. Comme je l'avais supposé, les poumons étaient atteints.
Je lui fis quelques questions. Il me dit que sa mère était morte poitrinaire ; quatre de ses frères avaient été emportés par la même maladie, et « je crains beaucoup, ajouta-t-il, que je ne sois en train de suivre le même chemin. »
- Vraiment ! Qu'est-ce qui vous le fait penser ?
- C'est qu'ils ont tous commencé comme moi ; et, je ne sais pourquoi, mais je ne crois pas que je me rétablisse. Qu'en pensez-vous, docteur ?
- Ce que vous m'avez dit de votre famille rend certainement le cas assez grave ; cependant, comme le mal a été reconnu au début, j'ai l'espoir qu'un bon traitement pourra l'arrêter.

Il eut l'air incrédule, bien que reconnaissant, et comme je voyais qu'il paraissait prendre confiance en moi, je lui dis :
- Alexandre, dans le cas où vous ne vous remettriez pas, que deviendrait votre âme ? Êtes-vous prêt à mourir ?
- Moi ? Oh ! non, Monsieur, je ne suis pas prêt. Si j'étais appelé à mourir en cet instant, je sais que je serais perdu pour toujours.
- Vous avez donc quelquefois pensé à votre âme ?.
- Non, Monsieur, je ne puis pas dire que j'y aie jamais pensé bien sérieusement, quoique j'aie été élevé dans de bons principes. Mes parents étaient pieux. Ma mère priait beaucoup, mais elle est morte depuis bien des années. Elle est au ciel, je pense (ici le souvenir de la foi et de la piété de : sa mère remplit ses yeux de larmes).
J'ai reçu de bons enseignements aussi longtemps que j'ai été un enfant ; mais j'ai dû quitter la maison et suis venu à Londres pour être commis dans un bureau.
- Et qu'avez-vous fait à Londres ?
- Pour vous dire la vérité, Monsieur, je fis
de mauvaises connaissances, je m'abandonnai bientôt à toutes sortes d'excès, et je ne doute pas que ma vie déréglée ne soit la cause de ma maladie. Je ne puis m'en prendre qu'à moi-même et n'ai que ce que je mérite. Il n'y a donc pas moyen que je sois sauvé, car je ne suis qu'un misérable pécheur.
- N'aimeriez-vous pas être sauvé ?
- Oui, certes, Monsieur ; mais il n'y a pas de salut pour ceux qui sont tels que moi.
- Voilà où vous êtes dans l'erreur. N'avez-vous jamais entendu ceci : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ? » Vous êtes celui-là même que Jésus cherche et pour lequel il est venu. Il est le Sauveur et vous êtes un pécheur ; l'un est fait pour l'autre. Le pécheur a besoin d'un Sauveur qui le sauve, et le Sauveur est à la recherche du pécheur afin de le sauver. Il y a plus : Jésus est mort pour le pécheur. Le verset 8 du chap. V de l'épître aux Romains nous dit : « Dieu constate son amour à Lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. » Maintenant ne croyez-vous pas que Jésus est mort pour vous ?
- Je crois, Monsieur, qu'il est mort pour vous, car vous êtes un homme pieux ; mais il n'aurait pas donné sa vie pour un misérable tel que moi.
- Vous vous trompez de nouveau, Alexandre. Ce n'est pas pour les bons que Jésus est mort, car nul n'est bon que Dieu seul, et « il n'y en a aucun qui exerce la bonté, non, pas même un seul. » Vous voyez donc bien que, pas plus que vous, je ne suis bon, et pourtant, Jésus est mort pour nous. La raison pour laquelle il est mort, c'est qu'il nous aimait, comme Paul le dit : « Qui m'a aimé, et qui s'est livré lui-même pour moi. » Oh ! pensez à cet amour, confiez-vous en Lui. Il y a en lui un salut complet, gratuit, si vous le recevez. Voulez-vous aller à Lui, maintenant ? à Lui qui est mort pour des pécheurs, et qui est vivant maintenant dans la gloire, attendant pour vous recevoir, vous bénir, vous sauver, ainsi qu'il a sauvé le brigand sur la, croix ?
- Ah ! Monsieur, tout cela est pour des gens comme vous, mais non pas pour moi.

Je me souviendrai toujours de cette soirée que je passai à parler à Alexandre de la grâce et de l'amour qui sont en Jésus. Étendu sur son lit, les lèvres serrées, les narines dilatées, les yeux baignés de larmes et fixés sur moi, il écoutait avec avidité : on voyait que pour lui il s'agissait de la vie. Chaque mot semblait entrer dans son âme, et à mesure que je lui montrais l'amour du Seigneur, le sentiment de ses péchés devenait toujours plus profond.

Il était tard. On avait baissé les lampes et j'allais lui souhaiter une bonne nuit, quand il me dit :
- Monsieur, ne voudriez-vous pas prier avec moi avant de partir ? Je vous suis bien reconnaissant de m'avoir parlé comme vous l'avez fait ; maintenant j'aimerais beaucoup que vous priiez.
Je le fis, en me confiant au Seigneur pour qu'il bénît ce jeune homme ce soir-là même. Quand j'eus fini, Alexandre me saisit la main :
- Merci beaucoup, Monsieur, dit-il, je ne veux pas m'endormir avant que tout ne soit réglé.
Et maintenant, bonne nuit, lui dis-je, vous devez être fatigué.

IV.
LA VIE AU MATIN
.

Le dimanche, je faisais ma tournée d'assez bonne heure, de sorte que peu de minutes après neuf heures, je me retrouvai dans la salle où était Alexandre.
Je venais à peine d'entrer, que mon oreille fut frappée d'un : « Bonjour, Monsieur ! » prononcé d'un accent à la fois joyeux et respectueux. Je levai la tête, et vis mon jeune ami debout, tout habillé, au pied de son lit.
- Bonjour, Alexandre.
- Tout est en ordre, Monsieur !
- En ordre ! de quoi parlez-vous ?
- De ce que vous avez dit hier soir. Après votre départ, je ne pus m'endormir, ne cessant de penser à mes péchés et à ce que vous m'aviez dit du Sauveur et de l'amour qui l'a fait donner sa vie à la croix pour des pécheurs tels que moi.
Quatre heures sonnaient, sans que j'eusse trouvé du repos, lorsque tout d'un coup il me sembla voir le Sauveur mourant sur la croix, cloué là pour moi et portant mes péchés. Je l'entendis me dire : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos. » J'allai à Lui, et j'ai maintenant le repos. J'ai trouvé Jésus et je suis bien heureux.

La vérité de ses paroles se lisait sur son visage, qui était comme celui d'un ange, illuminé d'une joie divine. On ne pouvait s'y tromper. En toute simplicité et sans réserve, il s'était abandonné à Christ, et, en conséquence, il était rempli « de toute joie et paix en croyant. »

Alexandre resta à l'hôpital pendant environ quinze jours, montrant de toute manière qu'il était vraiment un enfant de Dieu et croissant rapidement dans la grâce. Mais quant à sa maladie, il ne devint bientôt que trop évident qu'elle suivait le même cours que chez ses frères. Je n'avais qu'un conseil à donner, c'était d'essayer un séjour en Australie ; un parent riche lui paya le voyage, et il se rendit à Londres au mois de novembre, pour y attendre le départ d'un navire. Pendant ce temps, je reçus de lui deux lettres. Dans l'une se trouvait cette phrase : « Je suis très-heureux pour ce qui concerne le salut de mon âme. J'espère que vous vous souvenez toujours de moi devant le trône de la grâce. » Dans la seconde lettre, il me disait : « Je suis bien reconnaissant de pouvoir vous dire que je vais beaucoup mieux ; le Dr J. me recommande de partir pour l'Australie le plus tôt possible. Je m'embarquerai donc, s'il plaît à Dieu, le 30 de ce mois (décembre), sur un vaisseau nommé « le London, » de Londres. - J'espère que vous ne m'oubliez pas dans vos prières. »

V. 
DÉLOGEANT DANS UN ORAGE.

On se souviendra longtemps du mois de janvier 1866, et du superbe vaisseau de 2,000 tonneaux, tout cuirassé de fer, qui attendait à Plymouth ses passagers et ses dépêches. Le capitaine était un homme capable et expérimenté ; des marins choisis composaient l'équipage. Le « London » prit la mer le 6 janvier, faisant route pour Melbourne, avec un chargement évalué à 1,200,000 livres sterling", et, en outre, une cargaison d'âmes vivantes d'un prix incalculable, au nombre de 239, parmi lesquelles était mon jeune ami Alexandre. Mais à peine la terre était-elle hors de vue que le navire rencontra de fortes brises qui, dans la nuit du 10, dégénérèrent en véritable ouragan. Le « London » était dans la baie de Biscaye lorsqu'il succomba à la fureur de la tempête. Voici le récit qui a été fait de cette catastrophe :

D'énormes vagues se précipitèrent coup sur coup sur son arrière, brisèrent les chaloupes, enlevèrent les écoutilles delà machine, éteignirent le feu, et inondèrent la cale. Au moyen des pompes, le vaisseau fut maintenu à flot jusqu'au matin du 11. Le capitaine rassembla alors tout le monde dans le salon et déclara qu'il n'y avait aucun espoir de salut. Il fut écouté avec calme ; chacun s'attendait à ce qui allait arriver.
M. le pasteur Draper pria à haute voix et exhorta ceux qui étaient autour de lui. La consternation régnait à bord, mais sans aucun désordre. Des mères pleuraient sur les petits enfants qui allaient être engloutis avec elles ; des amis s'embrassaient pour la dernière fois, comme se préparant à partir pour un long voyage. D'autres, ouvrant leurs Bibles, y cherchaient quelque consolation dans des passages bien connus ou depuis longtemps oubliés. À deux heures de l'après-midi, une pinasse fut mise à la mer ; seize hommes de l'équipage s'y embarquèrent avec trois passagers. À peine avaient-ils quitté le « London, » que celui-ci s'enfonça dans les eaux avec les deux cent vingt personnes qui restaient à bord. Mon jeune ami et frère dans le Seigneur, Alexandre U. était du nombre.

Lorsque ce récit déchirant parvint à mes oreilles, j'écrivis au vieux père d'Alexandre pour lui exprimer ma sympathie. Je lui racontai de quelle manière la grâce du Seigneur avait opéré dans le coeur de son fils pendant qu'il était à l'hôpital, et lui dis ma ferme conviction qu'il était maintenant avec Jésus. Je reçus en réponse, une excellente lettre, empreinte de tristesse, comme on le croit aisément, mais pleine aussi de résignation. Voici, en substance, ce qu'il me disait :
« J'ai eu six fils. Quatre déjà sont morts de la phtisie. Le cinquième est malade dans un hôpital en Chine, et peut-être a-t-il succombé. Maintenant le Seigneur a pris à Lui Alexandre, mon plus jeune fils. « L'Éternel l'avait donné, l'Éternel l'a ôté, que le nom de l'Éternel soit béni. » Je pense que vous avez été l'instrument dont Dieu s'est servi pour amener mon enfant à la connaissance du Sauveur, et lui, à son tour, a été en bénédiction pour sa soeur. Il lui avait écrit plusieurs fois, en la suppliant de donner son coeur à Jésus, et lorsque le vaisseau était à Plymouth, il eut la joie de recevoir d'elle une lettre où elle lui disait qu'elle aussi avait cherché et trouvé le Sauveur. Je suis donc bien consolé, quoique le coup soit difficile à supporter. »

Que les voies de Dieu sont merveilleuses ! Qu'il est beau de voir la manière dont il bénit, et comment le cercle de la bénédiction va s'élargissant toujours davantage ! Le frère, converti à l'hôpital, amène sa soeur à la connaissance du Seigneur. Lui-même est retiré auprès de Jésus de la manière dont nous venons de parler. Pour combien d'âmes sur ce navire a-t-il pu être un messager de salut ? Dieu seul le sait : le jour du Seigneur le manifestera.

Depuis ce temps, sa soeur a poursuivi son chemin avec joie, et, un an ou deux après, elle est allée rejoindre son frère dans la présence du Seigneur.
Et maintenant, cher lecteur, je voudrais vous adresser quelques paroles ? Avez-vous déjà reçu Christ ? Sinon, n'attendez pas un jour de plus. Que ces récits vous servent à la fois d'avertissement et d'exemple. Quelle ressemblance, et pourtant quel contraste entre ces deux jeunes gens ! Ils portaient le même nom, souffraient du même mal ; ils se sont trouvés au même hôpital, ils avaient à peu près le même âge ; à tous deux la bonne nouvelle du salut fut annoncée. L'un remet à plus tard de se décider pour Christ, et il est plongé subitement dans l'éternité, sans Christ, je le crains. L'autre se décide aussitôt ; il croit simplement en Christ et se trouve en pleine possession de la joie et de la paix. Lui aussi est entré dans l'éternité ; mais je suis assuré qu'il est « avec Christ. » Souvent, quand je me représente le malheureux navire avec sa cargaison d'hommes voués à la mort, je crois entendre, dominant le sifflement de. la tempête, le mugissement des vagues et les accents du désespoir, la voix du jeune chrétien murmurant doucement : a Je suis très-heureux quant à ce qui concerne le salut de mon âme ! »

Cher lecteur, pourriez-vous, dans un moment pareil, dire la même chose ? Laissez-vous convaincre. Si vous avez hésité jusqu'à présent, n'hésitez plus maintenant. Commencez une nouvelle vie avec Christ. Qu'il vous suffise de l'avoir rejeté pendant les années qui se sont écoulées, et recevez-Le aujourd'hui par la foi en son nom, de manière à marcher désormais comme étant « une nouvelle création en Christ. » N'écoutez pas Satan qui vous dit « d'y réfléchir » encore, de peur que votre fin ne soit semblable à celle du premier Alexandre ; dites plutôt : « Je ne veux pas m'endormir avant que tout ne soit réglé. » Alors, quoi qu'il arrive, dans la vie ou dans la mort, vous pourrez dire aussi : « Tout est en ordre, » et « je suis très-heureux quant à ce qui concerne le salut de mon âme. »


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« RIEN QUE BONHEUR »
LE BATEAU DE SAUVETAGE
LE SANG DE JÉSUS - II - COMMENT LES PÉCHÉS SONT ÔTÉS PAR LE SANG DE JÉSUS
DE LA CONDAMNATION A LA GLOIRE
 

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