LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. III
TROISIÈME
ANNÉE 1876
SIMPLES ESSAIS SUR
L'ÉVANGILE
« DIEU A TANT AIMÉ LE
MONDE. »
I
Avec quelle simplicité le Seigneur
Jésus annonce au savant Nicodème
l'Évangile ou les bonnes nouvelles du
salut ! Et pourtant quelle profondeur dans ses
paroles, et quelle réponse aux vains efforts
des hommes qui cherchent par leurs oeuvres, par
leur piété, ou par leurs
prières et leurs larmes, à
s'approcher de Dieu ! Le Seigneur Jésus
nous dévoile la source de toute
bénédiction : C'EST DIEU
LUI-MÊME. C'est en Lui qu'il faut chercher la
raison et la cause de la bénédiction
que Jésus, descendu ici-bas, est venu
annoncer aux hommes.
Quel contraste cela présente avec la loi
donnée par l'intermédiaire de
Moïse ! Nicodème connaissait cette
loi ; mais il ne connaissait pas la
grâce et la vérité qui sont
venues par Jésus-Christ. La loi nous dit ce
que l'homme doit faire et ce qu'il ne doit pas
faire : Jésus vient nous annoncer ce
que DIEU EST, et ce qu'IL A FAIT.
La conscience naturelle de l'homme, lors même
qu'elle est réveillée, ne peut pas
lui faire connaître Dieu tel qu'il est. Elle
nous dit que nous sommes pécheurs et que
nous avons un compte à rendre à
Dieu ; nous avons donc peur de le rencontrer,
le connaissant seulement comme un Dieu de
jugement.
La loi vient découvrir le
péché caché dans le coeur,
l'oblige pour ainsi dire à se traduire dans
des actes palpables de
désobéissance. En même temps
elle prononce la sentence de mort et de jugement
sur tout pécheur. Mais Jésus vient
alors nous dire ce que DIEU EST. Il est
amour ; II a trouvé un moyen d'effacer
le péché selon la justice ; II
DONNE la vie éternelle. C'est pourquoi
Jésus invite le pécheur à
venir à Lui : « Venez
à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui
êtes chargés, et moi je vous donnerai
du repos. »
Cher lecteur, si vous cherchez le salut, et si,
occupé à vous rendre agréable
à Dieu, vous faites vos efforts pour
éviter son juste jugement,
arrêtez-vous un instant, cessez vos efforts,
et écoutez ce que Jésus vous dit au
sujet de DIEU.
II
La loi dit : « Tu aimeras
le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur et de
toute ton âme et de toutes tes forces... et
tu aimeras ton prochain comme
toi-même. »
Chaque enfant d'Adam, s'il veut parler en
vérité, doit avouer qu'il a
manqué et qu'il manque continuellement
à ces deux égards.
Jésus, par qui sont venues la grâce et
la vérité, nous entretient de l'AMOUR
DE DIEU ; II dit : « DIEU
À AIMÉ... »
La loi exige de nous ce que nous ne pouvons pas
faire, parce que nous sommes pécheurs ;
Jésus vient nous dire ce que Dieu fait,
parce qu'il est DIEU. « DIEU EST
AMOUR ; voilà pourquoi Dieu AIME.
Cher lecteur, voulez-vous continuer à faire
vos efforts pour apporter quelque
chose à Dieu, ou bien voulez-vous ouvrir
votre coeur à cette grâce surprenante
qui parle de L'AMOUR DE DIEU ?
Considérez qui est Jésus. A-t-il le
pouvoir de nous révéler l'amour de
Dieu ? Connaît-il cet amour ?
D'abord II est personnellement Dieu
manifesté en chair ; II est
« le Fils unique qui est dans le sein du
Père » (Jean T, 18). Il dit
à son Père : « Tu m'as
aimé avant la fondation du monde »
(Jean XVII, 24). Jésus est
descendu ici-bas pour nous faire connaître
Dieu.
Un pauvre pécheur qui croit les paroles de
Jésus peut dire : Je ne connais pas
encore mon propre coeur, qui est trop rusé
pour que je puisse m'y fier, mais je connais Dieu
tel que Jésus l'a
révélé, et j'ai connu et cru
l'amour que Dieu a pour moi. Quel abri pour un
pauvre coeur harassé et brisé par la
conviction du péché, de pouvoir se
réfugier auprès du Dieu vivant, le
connaissant comme le Dieu juste,mois en
même temps comme le Dieu Sauveur !
« II est juste, et II justifie le
pécheur qui croit en
Jésus. »
Dites, cher lecteur, si ce n'est pas là un
amour véritable : le Dieu vivant allant
a la recherche des pécheurs qui se sont
rebellés contre Lui ! Oui, certes, DIEU
EST AMOUR.
LES SCRIBES ET
LA TRADITION
« Et il arriva quand Jésus eut
achevé ce discours, que les foules
s'étonnaient de sa doctrine ; car il
les enseignait comme ayant
autorité, et non pas comme leurs
scribes »
(Matthieu VII, 28, 29).
Toutes les fois que la confiance en l'homme usurpe
la place de la vérité, cette
confiance produit en nous, comme infaillible
résultat, l'incertitude quant à notre
position devant Dieu, et donne naissance à
ce besoin de tradition, d'autorité
officielle et successionnelle et de tous ces appuis
d'une faiblesse qui a conscience d'elle-même.
Tel était l'état des
« scribes » : l'usage
qu'ils faisaient de l'Écriture n'avait
aucune puissance, parce qu'il ne découlait
pas d'une simple et heureuse confiance du coeur en
Dieu, et qu'il ne pouvait pas non plus la produire.
Les scribes transmettaient une certaine mesure de
connaissance de l'Écriture,
enveloppée d'une couche de tradition qui,
bien souvent, obscurcissait et pervertissait
même ce qui était vrai en soi. Tel est
l'inévitable effet de la tradition :
elle apporte toujours des éléments
étrangers, qui se mêlent à la
vérité de manière à
cacher Dieu, en plaçant un voile entre
l'âme et Lui. L'Esprit de Dieu, au contraire,
emploie la Parole pour découvrir et chasser
tous les obstacles et pour placer ainsi l'âme
sans déguisement, dans la présence de
Dieu afin que là elle apprenne les
pensées de Dieu.
Si je suis accablé de ce que Dieu pense de
moi comme pauvre pécheur convaincu de
péché, ce qu'il me
révèle de son amour parfait envers
moi, me relève de la poussière,
m'établit fermement sur mes pieds et me dit
de sa part : « Ne crains
pas. » II en est ainsi, même
actuellement, là où
le Saint-Esprit opère avec
quelque puissance par les instruments qu'il daigne
employer, et combien plus, quand
Jéhovah-Jésus était
présent ici-bas ! « Car celui
que Dieu a envoyé, parle les paroles de
Dieu, car Dieu ne donne pas l'Esprit par
mesure » (Jean III, 34).
JÉSUS LE NAZARÉEN PASSAIT
Et il arriva, lorsque Jésus fut venu dans
le voisinage de Jéricho, qu'un aveugle
était assis sur le bord du chemin et
mendiait. Et entendant la foule qui passait, il
demanda ce que c'était. Et on lui rapporta
que Jésus le Nazaréen passait. Et il
cria, disant : Jésus, fils de David,
aie pitié de moi !... ... Et
Jésus lui dit : Recouvre la vue, ta foi
t'a guéri. Et à l'instant il recouvra
la vue, et le suivit, glorifiant Dieu...
(Luc XVIII, 36-43).
L'homme est, hélas !
plongé dans une nuit profonde,
Pauvre, aveugle et pécheur, loin de son Dieu
chassé,
Sans espoir de salut, - mais pour lui dans ce
monde
Jésus de Nazareth, dans sa grâce, a
passé !
S'il n'était pas perdu, sans aucune
espérance,
Dans les liens de la mort par Satan
enlacé,
Pour venir lui porter la pleine
délivrance,
Jésus de Nazareth n'aurait jamais
passé.
Mais voici le moment, le moment favorable,
De crier à Jésus ! Pauvre coeur
oppressé,
Hâte-toi d'appeler ce Sauveur charitable,
Jésus de Nazareth, avant qu'il ait
passé.
Dieu dit : Le temps est court, c'est l'heure
de la grâce.
Oh ! n'attends pas le jour où, de Lui
repoussé,
Tu chercheras en vain le regard de sa
face :
Jésus de Nazareth aura bientôt
passé.
Quels regrets, quels remords, dans ce moment
suprême
On, surpris par la mort et devant Dieu
placé,
Tu sauras, mais trop tard, que le Sauveur
Lui-même,
Jésus de Nazareth, pour toujours a
passé !
À Dieu que diras-tu pour voiler ton
audace,
Pour couvrir ton péché qu'il voulait
effacer,
Pour avoir méprisé le Sauveur et sa
grâce,
Jésus de Nazareth, quand il vint à
passer !
A. S.
LE SANG DE JÉSUS
IV
LETTRE TOUCHANT L'EFFICACE DU SANG DE
JÉSUS.
Un chrétien reçut un jour les
lignes suivantes :
Mon cher Monsieur, vous rendriez un grand service
à un pécheur si vous vouliez lui dire
ce qu'il doit faire pour se préparer
à la mort. Qu'est-ce que Dieu requiert et
quand est-on prêt à mourir ?
Celui qui vous écrit est un jeune homme qui
sait que ses jours sont comptés, et qu'il
n'a plus que peu de temps à vivre dans ce
monde. Dites-moi donc, je vous prie, qu'est-ce que
la justification, et quand un pécheur est-il
justifié devant Dieu ?
Je vous supplie, fut la réponse, de vous
reposer entièrement et avec la foi la plus
simple sur le Seigneur Jésus-Christ, et
vous serez sauvé. Toute vraie
préparation à la mort est
complètement hors de vous-même ;
elle est dans le Seigneur Jésus. Lavé
dans son sang et ainsi revêtu d'une justice
divine, vous pouvez paraître devant Dieu, et
être agréé de Lui, pleinement,
librement et pour toujours. Le salut du plus grand
des pécheurs est tout préparé,
accompli et parfait en Christ
(Éphésiens I, 6 ;
Colossiens II, 10).
Mais, je le répète, que les yeux de
votre foi soient entièrement
détournés de vous-même et
dirigés vers Jésus.
Gardez-vous de chercher en vous-même une
préparation quelconque à la mort.
Tout est en Christ. Ce n'est ni un coeur
brisé, ni un coeur pur, ni un coeur qui
prie, ni même un coeur croyant qui vous fait
accepter de Dieu. Il vous accepte pleinement et
entièrement sur le fondement de l'EXPIATION
accomplie par son Fils bien-aimé, auquel
soit gloire ! Appuyez-vous donc, avec une foi
d'enfant, sur cette expiation :
« Christ, alors que nous étions
encore sans force, au temps convenable, est mort
pour des IMPIES ».
(Romains V, 6). En vous confiant
à Lui, vous êtes sauvé.
Qu'est-ce que la justification ?
demandez-vous.
C'est Dieu tenant pour juste un pauvre
misérable pécheur condamné et
perdu, mais qui croit au Seigneur
Jésus-Christ, comme en Celui qui par sa mort
sur la croix a pleinement satisfait pour lui
à tout ce que Dieu exigeait. Le
pécheur croyant s'enveloppe pour ainsi dire
de Christ, il revêt par la foi en
Jésus-Christ la justice de Dieu, qui est
« envers tous et sur tous ceux qui
croient »
(Romains III, 22).
Celui-là donc, et celui-là seul est
justifié et préparé à
mourir, qui jette loin de lui le vêtement de
sa propre justice, et court s'abriter dans cette
bienheureuse « ville de
refuge, » le Seigneur Jésus ;
qui se cache là du vengeur du sang et
s'écrie en triomphe : « II
n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux
qui sont dans le Christ Jésus »
(Romains VIII, 1).
Regardez donc à Jésus.
L'Israélite mordu par un
serpent brûlant au désert, et
près d'expirer, tournait-il son oeil
défaillant vers le serpent d'airain
dressé par Moïse, il échappait
à la mort et recouvrait aussitôt la
santé et la vie ; de même le Fils
de l'homme a été
« élevé, afin que quiconque
croit en lui, ne périsse pas, mais qu'il ait
la vie éternelle »
(Nombres XXI, 5-9 ;
Jean III, 14, 15). Oh ! jetez
un seul regard de foi vers Lui, si faible
fût-il, et fussiez-vous le plus vil des
pécheurs, vous serez sauvé.
Dieu est prêt à vous accepter en son
Fils bien-aimé ; pour l'amour de Lui,
II ne se souviendra plus de vos
péchés, ni de vos
iniquités ; II les jettera, pour ainsi
dire, derrière son dos
(Hébreux X, 17 ;
Ésaïe XXXVIII, 17), et,
si la mort vient pour vous, vous pourrez remettre
votre esprit au Seigneur Jésus. Vous serez
avec Christ, en attendant le glorieux moment de la
résurrection.
Au geôlier qui, tremblant et plein
d'anxiété, s'écriait :
« Que faut-il que je fasse pour
être sauvé ? » Paul
répond : « Crois au Seigneur
Jésus, et tu seras sauvé »
(Actes XVI, 30, 31). Ces paroles
s'adressent aussi à vous. N'écoutez
aucune suggestion de Satan ou de
l'incrédulité. N'importe ce que vous
avez été ; tel que vous
êtes, venez. Vous n'avez rien pour payer,
pour satisfaire à ce que Dieu est en droit
de demander ; mais II vous fait part de sa
grâce, et, « sans argent et sans
aucun prix, » il vous quitte votre dette
(Matthieu XVIII, 25-27 ;
Ésaïe LV, 1).
Jetez-vous aux pieds de Jésus. Jamais on ne
l'a vu, ce Sauveur plein d'amour,
repousser aucun de ceux qui venaient à Lui.
Bien au contraire, il vous adresse cet appel plein
de grâce : « Venez à
moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes
chargés, et moi, je vous donnerai du
repos »
(Matthieu XI, 28), et, pour vous
encourager, il ajoute ces consolantes
paroles : « Je ne mettrai point
dehors celui qui vient à moi »
(Jean VI, 37).
Oh ! que votre réponse soit :
« Seigneur, je viens, oui, je viens
à toi. Je suis faible et tremblant ; je
ne pais rien par moi-même, mais je m'attache
à Toi, je n'attends rien que de
Toi. » Faites ainsi, ô chère
âme anxieuse, et vous n'aurez pas peur de
mourir. Celui qui regarde la face du Seigneur
Jésus, peut aussi regarder la mort en face.
Pour lui elle a perdu ses terreurs. Il
s'écrie avec Paul :
« Où est, ô mort, ton
aiguillon ? où est, ô
hadès, ta victoire ? Or l'aiguillon de
la mort, c'est le péché ; et la
puissance du péché, c'est la loi.
Mais grâces à Dieu qui nous a
donné la victoire par notre Seigneur
Jésus Christ »
(1 Corinthiens XV, 55-57).
Puissions-nous, en vertu de cette grâce libre
et souveraine, et de cet amour que Dieu a
constaté en donnant son Fils, nous
rencontrer dans le ciel et nous unir dans ce chant
de louange : « A Celui qui nous
aime, et qui nous a lavés de nos
péchés dans son sang, ... à
Lui la gloire et la force aux siècles des
siècles ! Amen »
(Apocalypse I, 5,6).
« GUÉRIS PAR SA
MEURTRISSURE. »
LE NOM DE JÉSUS.
Ton nom est glorieux ! De ton amour
suprême
Tes rachetés proclament les vertus.
O saint Agneau de Dieu ! Tu t'abaissas
toi-même,
Et vins du ciel pour sauver des perdus.
Aux coeurs des tiens plus doux que tous les biens
du monde
Tu les ravis par ta sainte beauté !
O Seigneur Jésus-Christ en qui la
grâce abonde,
Sauveur puissant ! par nous sois
exalté !
De ton divin amour, oeuvre à jamais
parfaite !
Pour les pécheurs, pleine
rédemption !
La justice divine est par Toi satisfaite.
Tu fis la paix ! Gloire soit à ton
nom !
« GUÉRIS PAR SA
MEURTRISSURE »
Un pauvre homme se mourait à P. - Maintes
fois le pasteur était venu le voir, avait lu
près de lui les prières
appropriées aux malades et aux mourants, et
lui avait parlé de son état de
péché. Mais le pasteur lui-même
ne connaissait pas l'amour de Dieu pour les
pécheurs, aussi tout ce qu'il pouvait dire
ne faisait que rendre le pauvre homme plus
misérable.
Un dimanche matin, le malade envoya son fils
demander au pasteur de venir encore le voir
après le service. « C'est bien
inutile que j'y aille, » dit M. X.,
« mes visites ne semblent faire aucun
bien à votre père. »
- « Oh ! Monsieur,
répondit l'enfant suppliant, venez, mon
père m'a bien recommandé de ne pas
revenir sans vous. » -
« Eh bien, répliqua le pasteur, je
prendrai mon sermon pour le lui lire, »
et il suivit le jeune garçon.
Il trouva le malade dans une grande détresse
d'âme. - « J'ai apporté mon
sermon pour vous le lire, » dit le
pasteur ; et il commença par le texte.
C'était le beau
verset 5 du LIIIe chapitre
d'Ésaïe : « Or, il
était navré pour nos forfaits, et
froissé pour nos iniquités ;
l'amende qui nous apporte la paix a
été sur lui, et par sa meurtrissure
nous avons la guérison. » -
« Arrêtez, »
s'écria le mourant, après avoir
entendu ces paroles ;
« répétez-moi cela,
Monsieur le pasteur : « Navré
pour nos forfaits, » continua-t-il,
« alors II a été
navré pour les miens ; oh !
je comprends maintenant !... Froissé
pour MES iniquités !
Pourquoi ne m'avez-vous pas dit cela plus
tôt, Monsieur ? Mais grâce
à Dieu, j'ai compris maintenant, je suis
sauvé ! »
Cette même nuit, il s'endormit en paix, se
reposant avec une pleine assurance sur l'oeuvre de
Christ.
Le jour suivant, le pasteur se rendit chez un ami
et lui demanda ce que ce passage renfermait de plus
que d'autres. - « Mais, »
répondit son ami qui était un vrai
croyant, « ce verset contient tout
l'Évangile. Et maintenant, je vous en
supplie, croyez-le. Pouvez-vous dire : II a
été navré pour mes
forfaits ; il a été
froissé pour mes
iniquités ? Jésus, le Fils
de Dieu, a porté mes
péchés en son corps sur le
bois ? »
(1 Pierre II, 24).
« Je vois, s'écria le pasteur,
combien j'ai été
aveugle jusqu'à
présent. J'ai connu l'Écriture par
l'intelligence, sans y croire de
coeur. »
Le dimanche suivant, ses auditeurs furent
frappés du sérieux et de la force de
sa prédication ; ils le furent plus
encore lorsqu'il leur confessa que jusqu'alors, il
avait été un conducteur aveugle, mais
que maintenant la grâce de Dieu avait lui
dans son coeur, que toutes choses pour lui avaient
été faites nouvelles dans le Christ
Jésus, et qu'il les suppliait tous de se
confier aussi en Lui comme en leur unique et
parfait Sauveur.
O Jésus ! que ton nom pour
une âme fidèle
Est grand et précieux !
Quel amour, quel bienfait, quelle grâce il
rappelle ;
Quel salut glorieux !
SIMPLES ESSAIS SUR L'ÉVANGILE
« DIEU A TANT AIMÉ LE
MONDE. »
III
Jésus ne nous a pas seulement dit que
Dieu aime, II nous a aussi parlé de l'objet
de son amour : « Dieu a tant
aimé LE MONDE. »
Qu'est-il ce « monde » que Dieu
a aimé ?
Nous pouvons l'envisager sous les trois points de
vue, de la lumière, de la vie, et de
l'amour.
(1) Le monde est dans les
ténèbres morales. Le dominateur
de ces ténèbres, c'est le diable
qui est appelé
« le chef du monde »
(Jean XIV, 30). Il fait tout son
possible pour empêcher que la lumière
de l'Évangile de la gloire du Christ, qui
est l'image de Dieu, ne resplendisse pas pour les
hommes
(2 Corinthiens IV, 4). Dans ce but,
il aveugle leurs pensées. Ceux qui ne
croient pas à l'Évangile ne
s'opposent pas à cet aveuglement ; au
contraire, ils aiment les
ténèbres ; c'est là aussi
le sujet de leur jugement, comme il est
écrit : « Or c'est ici le
jugement, que la lumière est venue dans le
monde, et que les hommes ont mieux aimé les
ténèbres que la lumière, car
leurs oeuvres étaient mauvaises »
(Jean III, 19).
Le monde est sans aucune connaissance de Dieu.
N'ayant pas voulu garder le peu de connaissance
qu'ils auraient pu avoir de Dieu comme
Créateur par le moyen de ses oeuvres, les
hommes se sont abrutis, et leur intelligence aussi
a été remplie de
ténèbres. Le commencement de
l'épître aux Romains nous
présente un tableau saisissant du triste
état du monde. Il est tellement privé
d'intelligence qu'il n'a pas même connu son
Créateur lorsqu'il est venu ici-bas :
« II était dans le monde, et le
monde fut fait par lui, et le monde ne l'a pas
connu. » « La lumière
luit dans les ténèbres, et les
ténèbres ne l'ont pas
comprise »
(Jean I, 5,
10).
(2) Le monde est perdu.
« Le péché est
entré dans le monde, et par le
péché la mort ; ainsi la mort a
passé à tous les hommes, en ce que
tous ont péché »
(Rom. V, 12). Le péché
règne par la mort. C'est Satan
« le méchant, » qui a le
pouvoir de la mort ;
« le monde entier gît dans le
méchant »
(1 Jean V, 19).
Le péché se manifeste sous trois
formes, savoir, la convoitise de la chair, la
convoitise des yeux et l'orgueil de la vie (1 Jean
II, 16) ; tout ce qui est dans le monde
partage ce caractère.
(3) Le monde est haïssable et
plein de haine. Il hait Dieu, son
Créateur et son Juge. Lorsque Jésus,
le Fils de Dieu, fut descendu ici-bas, II dut
constater cette haine. Plus II faisait de bien en
recherchant la misère pour l'alléger,
plus cette haine se prononçait contre Lui,
jusqu'à ce qu'enfin les hommes, après
l'avoir accablé des derniers outrages, le
crucifièrent entre deux brigands en se
moquant des souffrances de Celui qui mourait pour
les sauver de la juste colère de Dieu.
Jésus a dit : « Le monde me
hait parce que je rends témoignage de lui,
que ses oeuvres sont mauvaises »
(Jean VII, 7) ; II a dit encore
(Jean XV, 23, 24) :
« Celui qui me hait, hait aussi mon
Père ; si je n'avais pas fait parmi eux
les oeuvres qu'aucun autre n'a faites, ils
n'auraient pas eu de péché ;
mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi
et mon Père. »
Le monde est rempli de corruption et de violence.
Non contents de haïr Dieu, les hommes se
haïssent les uns les autres
(Tite III, 3).
Considérez tout cela, cher lecteur. Le monde
gît dans les ténèbres, dans la
mort, dans la haine ; et le diable est son
chef. Y a-t-il quelque possibilité pour lui
de s'approcher de Dieu par ses
propres efforts ? Il ne sait pas même
comment s'y prendre, car il a perdu la connaissance
du Dieu vivant et véritable. Je demande
encore : y a-t-il quelque chose dans le monde
qui ait pu engager Dieu à entreprendre de le
sauver ? N'est-il pas en soi-même
haïssable, et n'a-t-il pas fait tous ses
efforts pour résister à Dieu,
lorsque plein de grâce le Fils de Dieu est
venu lui offrir le salut ? Voilà
pourtant le monde que Dieu a aimé.
Voilà le monde dans lequel vous et moi, mon
cher lecteur, nous sommes nés, et duquel par
nature nous faisons partie. Jésus est venu
dans le monde, afin de nous révéler
l'amour de Dieu. Jésus est le remède
parfaitement et infiniment suffisant pour
l'état désespéré du
monde.
(1) Le monde est dans les
ténèbres ; mais Jésus
est la lumière du monde
(Jean VIII, 12). « En Lui
est la vie, et la vie est la lumière des
hommes »
(Jean I, 4). Jésus dit
aussi : « Celui qui me suit ne
marchera pas dans les ténèbres, mais
il aura la lumière de la vie »
(Jean VIII, 12).
(2) Le monde est perdu ; il a
besoin d'être sauvé ; il
mérite le jugement de Dieu ; mais Dieu
n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin
qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde
fût sauvé par lui »
(Jean III, 17). Aussi Jésus
dit : « Moi, je suis le pain vivant
qui est descendu du ciel, si quelqu'un mange de ce
pain, il vivra éternellement ; or le
pain aussi que moi je donnerai, c'est ma chair,
laquelle moi je donnerai pour la vie du
monde »
(Jean VI, 51).
(3) Le monde est haïssable et plein
de haine. Jésus est
venu manifester ici-bas l'amour de Dieu, et
le révéler à ceux qui
étaient assis dans les
ténèbres : « En ceci
est l'amour, non en ce que nous, nous ayons
aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et
qu'il envoya son Fils pour être la
propitiation pour nos
péchés »
(1 Jean IV, 10).
Que pensez-vous de cela, cher lecteur ?
N'est-ce pas là une bonne nouvelle pour
un pécheur perdu ? Est-ce une bonne
nouvelle pour vous ? Êtes-vous
prêt à reconnaître que votre
état moral devant Dieu est
représenté par ces trois mots :
les ténèbres, la mort,
la haine ? Voulez-vous venir voir
un Homme qui nous dit tout ce que nous avons fait,
mais qui ne met le doigt sur nos nombreux
péchés que pour nous faire comprendre
qu'il les a tous portés en son propre corps
sur la croix, et que là II a vidé
pour nous la coupe de la colère de Dieu, en
sorte que celui qui croit en Lui n'a point à
la redouter ? Celui-ci, n'est-Il pas le
Christ ?
Que vous les croyiez, cher lecteur, ou que vous ne
les croyiez pas, ces paroles bénies de
Jésus restent là dans toute leur
majestueuse simplicité ; elles restent
encore là pour le pauvre pécheur qui
a besoin du Sauveur : « DIEU A TANT
AIMÉ LE MONDE. »
LE SEMEUR, LA SEMENCE ET LE SOL
Luc,
VIII, 12-15.
La simplicité de cette parabole est pleine
de beauté ; chaque mot y dénote
son divin auteur
Avec quelle clarté le Seigneur a
tracé cette peinture du semeur et de son
oeuvre ! L'oeil aime à s'y reposer,
à la suivre dans sa vivante et profonde
exactitude. Bien n'y est forcé, rien n'y
dépasse le but ; chaque trait est
correct. Partout s'y montre une parfaite sagesse.
C'est l'oeuvre du Maître, de Celui à
qui toutes choses sont connues et qui n'avait pas
besoin que « quelqu'un lui rendît
témoignage au sujet de l'homme, car
Lui-même connaissait ce qui était dans
l'homme »
(Jean II,25).
C'est Lui qui était le semeur, la parole de
Dieu était la semence, - le diable et le
monde les obstacles. Quoique n'étant plus
sur la terre, II est encore le semeur, car la
prérogative de vivifier Lui a
été confiée ;
« le Fils vivifie ceux qu'il
veut »
(Jean V, 21), et il est encore
écrit :
« Le dernier Adam est un esprit
vivifiant »
(1 Corinthiens XV, 45), et dans un
autre endroit : « Tu lui as
donné autorité sur toute chair, afin
qu'il donne la vie éternelle à tout
ce que tu lui as donné »
(Jean XVII, 2).
Maintenant aussi la parole de Dieu est la
semence ; cette « semence
incorruptible, la vivante et permanente parole de
Dieu » par laquelle nous sommes
« régénérés »
(1 Pierre I, 23). Elle est
répandue par la grâce diligente et
persévérante de Celui qui
« ne veut pas qu'aucun périsse,
mais que tous viennent à la
repentance »
(2 Pierre III, 9) ; oui,
« qui veut que tous les hommes soient
sauvés et viennent à la connaissance
de la vérité »
(1 Timothée II, 4).
De la manière dont on reçoit et
retient la parole dépend la
bénédiction. Pensez, cher lecteur,
à l'inexprimable valeur de la parole de
Dieu. Dans l'ordre naturel, s'il n'y a point de
semence, il ne saurait y avoir ni herbe, ni
épi, ni grain formé dans
l'épi, ni moisson ; sans la semence
spirituelle, il ne peut y avoir ni vie divine, ni
salut, ni ciel. De quelle importance n'est-il donc
pas de recevoir cette semence et de la garder,
l'entretenant avec soin dans l'âme comme
étant ce qui produit un fruit d'une telle
excellence ?
La parole de Dieu, c'est son Évangile, la
bonne nouvelle qu'il fait annoncer aux
pécheurs. Or cet Évangile
« est la puissance de Dieu en salut
à quiconque croit »
(Romains I, 16). Ce qu'il enseigne
est « touchant son Fils (né de la
semence de David, selon la chair,
déterminé Fils de Dieu en puissance
selon l'Esprit de sainteté, par la
résurrection des morts) Jésus Christ
notre Seigneur »
(Romains I, 3, 4) ; et c'est
dans cet Évangile que « la justice
de Dieu est révélée sur le
principe de la foi pour la foi »
(Romains I, 17). Il fait
connaître Dieu comme Sauveur. Il proclame
dans toute sa valeur vivante, la
nécessité et le prix de la mort et de
la résurrection du Seigneur
Jésus-Christ, de Celui qui est venu selon
les conseils de Dieu et qui a réglé
toute la question de la ruine et du
péché de l'homme ; qui a
introduit une justice pour le pécheur et mis
en évidence l'amour de Dieu aussi bien que
sa puissance, de sorte que maintenant Dieu se
montre « juste, et
justifiant celui qui est de la foi de
Jésus »
(Romains III, 26).
Précieux Évangile, joyeuses bonnes
nouvelles, histoire pleine de charmes d'un amour
rédempteur, voilà ce qui se
déroule dans la Parole. Le sombre et
terrible jugement d'un Dieu qui hait le
péché, nous est montré comme
tombant sur le Saint qui a souffert sur la
croix ; c'est ainsi que pour le croyant, ce
jugement a été ôté
d'avance et enlevé pour toujours. La coupe
entière a été vidée,
tout le poids de la colère a
été porté et la gloire de Dieu
brille maintenant dans la face d'un Sauveur
glorifié.
Voilà les nouvelles qui maintenant sont
proclamées partout. La semence est riche, le
fruit en est merveilleux ; mais voyons comment
elle est reçue. Le Seigneur sur ce sujet
nous donne un quadruple éclaircissement.
En premier lieu, « ceux qui sont
le long du chemin, ce sont ceux qui entendent la
parole ; ensuite vient le diable, et il
ôte de leur coeur la parole, de peur qu'en
croyant, ils ne soient sauvés. »
Notez-le bien : ils entendent, ils
prêtent une certaine attention
extérieure, si je puis dire ainsi ; ils
ne sont pas entièrement étrangers
à la parole ; mais le diable vient et
l'enlève de leurs coeurs. Leurs coeurs ne
l'ont pas reçue, ne l'ont pas
cachée ; la semence est restée
à la surface, exposée à
être ôtée. Une
légère impression a pu sans doute
être produite, mais l'influence était
faible et a été facilement
effacée. Hélas ! faut-il qu'un
semblable trésor soit si facilement
abandonné ! Ah !
le diable connaît bien l'effet produit par la
réception de la parole :
« croire et être
sauvé. » Voilà ce qu'il
empêche avec succès chez de tels
auditeurs. Ils sont sur le bord du chemin,
intéressés, mais non pas
réellement touchés ;
arrêtés pour un moment, mais sans
qu'il y ait rien de plus ; l'écoutant,
mais pour oublier.
De ce nombre était le gouverneur
Félix
(Actes XXIV, 24-26). Il entend Paul
discourir sur la justice, et sur la
tempérance et sur le jugement à
venir, et il en est tout effrayé ;
mais il dit à Paul :
« Pour le présent, va-t'en ;
quand je trouverai un moment convenable., je te
ferai appeler. » Le roi Agrippa
était probablement un autre de ces auditeurs
(Actes XXVI, 28-30). « Tu
me persuaderas bientôt d'être
chrétien, » dit-il à
Paul ; mais, bientôt après,
« le roi se leva, » et se
retira, et sa presque persuasion provenant d'un
coeur partagé, le laissa au pouvoir du
diable. Oh ! chose solennelle que la
négligence de la parole de Dieu !
Penser qu'un homme a pu trembler sous l'effet de sa
vivante puissance, ou être presque
persuadé par son appel d'amour et cependant
lui refuser une place dans son coeur !
Il en est ainsi, néanmoins : chaque
jour l'on voit des multitudes qui entendent comme
Félix et Agrippa, et qui s'en vont sans
être ni convaincues, ni
réveillées, ni troublées par
l'appel de l'Évangile. Hélas !
c'est pour tomber entre les mains de leur vigilant
ennemi, et le grain précieux destiné
à produire leur éternelle
bénédiction, est
enlevé de leur coeur. Combien de fois
n'arrive-t-il pas aussi qu'une âme quitte le
lieu où la parole a été
prêchée avec sérieux, atteinte
dans sa conscience et « presque
persuadée » de devenir
chrétienne ; mais bientôt
d'autres scènes attirent son attention,
d'autres devoirs appellent ses soins, la parole est
oubliée, l'appel négligé et le
diable y trouve d'autant mieux son compte.
L'âme, hélas ! se trouve dans une
pire condition que jamais.
Secondement, « ceux qui sont sur
le roc, ce sont ceux qui lorsqu'ils entendent la
parole, la reçoivent avec joie ; et
ceux-ci n'ont pas de racine ; ils ne croient
que pour un temps, et au temps de la tentation, ils
se retirent. » Dans ce cas, il y a
quelque chose de plus que dans le premier. Ceux-ci
reçoivent la parole avec joie et croient
pour un temps. Ils ont les marques
extérieures de la réalité et
les symptômes généraux de la
vie. Il semble à celui qui les observe qu'il
y ait vraiment en eux une oeuvre de Dieu. Il y a
joie et croyance. Ils « ont
goûté la bonne parole de
Dieu »
(Hébreux VI, 5), et on voit en
eux quelque chose du disciple, comme en ceux qui,
trouvant la parole de Jésus dure à
ouïr « se retirèrent et ne
marchaient plus avec Lui »
(Jean VI, 60-66).
La croyance n'était pas, chez ces auditeurs,
une oeuvre divine, et la joie n'était pas
celle du Saint-Esprit. Les démons même
peuvent croire, et des sentiments de joie ne
proviennent souvent que d'une excitation naturelle,
quoique, d'un autre
côté, et la joie et la foi soient
bien, dans une âme vivifiée, le fruit
et l'oeuvre de l'Esprit de Dieu. Mais il peut y en
avoir des imitations, surtout dans les temps de
réveil général.
« Quand la religion va en pantoufles
d'argent, dit Bunyan, elle a beaucoup de
partisans. » Lorsqu'il s'agit seulement
de jouir de quelque chose et que ce n'est pas une
question de conscience, de péché, de
ruine, d'exigences de la sainteté, des
droits de Dieu, alors l'offre est acceptée
par une foi professante avec promptitude et une
fausse joie. On ne s'occupe que de soi-même
et l'on dit : « Seigneur, donne-moi
cette eau, afin que je n'aie pas soif et que je ne
vienne pas ici pour puiser »
(Jean IV, 15) ; ou encore :
« Seigneur, donne-nous toujours ce
pain-là »
(Jean VI, 34). Mais viennent les
temps d'épreuve, de tentation et de
persécution, on voit alors ce que valaient
les protestations de l'âme ; elle trouve
que la parole est une cause d'opprobre et elle se
retire. La parole avait été
reçue pour la joie, on l'abandonne à
cause de la peine. Tels sont ceux qui n'ont point
de racine. Ce n'est qu'une vaine apparence. Ils
ressemblent aux « cinq vierges
folles »
(Matthieu XXV, 2, 3). Ils se montrent
à la fin comme n'étant que des
professants vides de la réalité de la
vie, et ternissent le nom de chrétiens par
leur retour en arrière et leur apostasie. Ce
sont des taches dans l'histoire de
l'Église : « Au temps de la
tentation, ils se retirent. »
En troisième lieu, « ce qui
est tombé entre les épines, ce sont
ceux qui ayant entendu la parole
et s'en étant allés, sont
étouffés par les soucis, par les
richesses et par les voluptés de la vie, et
ils ne portent pas de fruit à
maturité. » C'est quelque chose de
plus que les précédents. Ils
écoutent et s'en vont pour produire du
fruit, mais le sol est mal nettoyé ; il
est couvert de mauvaises herbes et la semence est
étouffée. Il y a un semblant de
fruit, mais il n'arrive pas à terme.
D'un côté, le souci rongeur, avec son
poids accablant de pauvreté, de labeurs
pénibles et d'exigences innombrables ;
d'un autre, « les
voluptés, » le plaisir, avec sa
légèreté, son insouciance et
sa folie, réussissent à
flétrir la semence ; enfin les
richesses orgueilleuses, pour lesquelles la parole
est un ennuyeux fardeau, et son appel au
renoncement, un mal, ne l'estiment digne que du
mépris. De sorte que soucis, richesses ou
plaisirs font avorter la semence ; aucun fruit
n'est produit ; l'imperfection marque tout de
son empreinte.
« Travaillez, non point pour la viande
qui périt, » disait le Seigneur
à plusieurs, pour qui ce travail
était peut-être le seul objet de leur
vie, à l'exclusion de toute recherche pour
cette nourriture qui demeure jusque dans la vie
éternelle et que Lui, le Fils de l'homme,
voulait donner. Pour d'autres, les richesses ou
l'amour des richesses sont un poison
également destructeur. Tel était
Balaam qui, lisons-nous, « aima le
salaire d'iniquité »
(2 Pierre II, 15) ; tel fut plus
tard Judas, qui, pour trente pièces
d'argent, vendit son
maître, tels encore sont ces chrétiens
de profession contre lesquels Paul nous avertit,
« amis des voluptés plutôt
qu'amis de Dieu, » et dont il nous
dit : « Détourne-toi de
telles gens »
(2 Timothée III, 4, 5).
Il est terrible l'effet produit sur la
précieuse semence par ces épines du
souci, des richesses et des plaisirs du monde sous
leurs divers aspects. Combien aisément elles
empêchent la parole de porter son
fruit !
Quatrièmement, enfin, « ce
qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui ayant
entendu la parole, la retiennent dans un coeur
honnête et bon, et portent du fruit avec
patience. » Voilà le seul cas
satisfaisant. Comme le Seigneur semble se complaire
à le décrire ! Le coeur est
honnête et bon ; rendu tel, sans
nul doute, par la grâce et
préparé par elle à recevoir la
parole. Puis elle est retenue, cette
précieuse parole, et « ils portent
du fruit avec patience. »
Ici le diable est repoussé : il ne lui
est pas permis d'enlever la semence. Le sol est
profond, les racines s'y étendent et
s'y enfoncent : ni les soucis, ni les
richesses, ni les voluptés n'ont la
puissance d'empêcher le développement
et la croissance du fruit, mais la patiente
persévérance à faire bien,
marque la qualité de l'oeuvre
intérieure. Une abondance de fruit en est le
résultat. C'est ainsi que Marie reçut
et retint la parole. Nous la voyons d'abord assise
aux pieds de Jésus et recueillant ce qu'il
disait
(Luc X, 39) ; à la fin,
c'est elle qui l'oint pour sa sépulture
(Jean XII, 3).
Paul aussi, avait écouté et
reçu la parole avec efficace : il
regardait « toutes choses comme
étant une perte à cause de
l'excellence de la connaissance du Christ
Jésus ; » il courait
« droit au but pour le prix de l'appel
céleste »
(Philippiens III, 8, 14) ; il
achevait sa course « avec
joie, » et attendait « la
couronne de justice »
(Actes XX, 24 ;
2 Timothée IV, 8).
Combien sont merveilleux les effets de la parole de
Dieu ! C'est la puissance la plus influente
sur la terre : c'est l'épée de
l'Esprit. Que de droits n'a-t-elle pas à
l'attention des hommes : c'est elle qui
gouverne leurs destinées, qui commande leurs
craintes, qui met dans leurs âmes la
joie ; c'est elle qui dirige leur course et
règle leur vie. Elle est leur amie ou leur
ennemie, leur délice ou leur terreur, leur
arrêt de vie ou de mort.
Méprisée ou estimée, mise de
côté ou chérie, elle est la
pierre de touche de l'état spirituel de
l'homme. C'est pourquoi, lorsqu'une certaine femme
éleva sa voix du milieu de la foule et dit
à Jésus :
« Bienheureux le sein qui t'a
porté et les mamelles qui t'ont
allaité ; » II
répondit : « Mais
PLUTÔT bienheureux sont ceux QUI
ÉCOUTENT LA PAROLE DE DIEU ET QUI LA
GARDENT »
(Luc XI, 28).
LES PROMESSES DE SATAN
Satan promet ce qu'il ne donne jamais, -
UN PLAISIR DURABLE ;
et il donne ce dont il ne parle jamais, - UN
ÉTERNEL TOURMENT.
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