LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. III
TROISIÈME
ANNÉE 1876
LE SANG DE JÉSUS
V
LE SALUT PAR LE SANG DE JÉSUS EST LE DON DE
DIEU.
Mon cher lecteur ! Le salut par le sang de
Jésus est un don de la grâce de Dieu,
ainsi qu'il est écrit :
« Vous êtes sauvés par la
grâce » (Éphésiens
II, 5). « Étant justifiés
gratuitement par sa grâce »
(Romains III, 24). « Le don
de grâce de Dieu, c'est la vie
éternelle dans le Christ Jésus, notre
Seigneur »
(Romains VI, 23). « Car
Dieu a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait
la vie éternelle » (Jean III,
16).
Dieu, de sa plénitude ineffable, donne d'une
manière qui surpasse tout ce que l'on peut
concevoir. Il ne donne pas parce qu'il voit en nous
quelque mérite, mais il donne par pur amour.
Cela ne relève-t-il pas infiniment la valeur
et l'excellence du don ? Les paroles de
Christ, que nous avons citées plus haut,
montrent clairement que la source d'où
découle le don de Dieu, c'est l'amour.
Et comme Dieu, le donateur, est infiniment grand,
le don l'est aussi ; c'est son Fils unique.
Que pouvait-il offrir de plus
précieux ?
Remarquez bien qu'il n'est pas dit que Dieu
était irrité contre le monde ;
mais qu'il l'a tant aimé, et qu'il a
donné son Fils unique.
Dieu est plein de miséricorde ; II est
amour. Par amour II a donné son Fils, afin
que quiconque croit en Lui ne périsse
pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Le don
que Dieu nous fait par amour, nous devons le
recevoir par la foi. C'est l'unique moyen de saisir
ce qui nous est offert. La foi seule,
c'est-à-dire la confiance en la
miséricorde et la grâce de Dieu,
voilà la main par laquelle nous nous
emparons du don que Dieu nous fait pour nous sauver
du péché et de la mort.
Remarquons encore qu'il est dit :
« Quiconque croit en Lui ».
Serais-tu donc excepté, ô toi qui lis
ces lignes ? Christ ne nomme personne, ni
Marie, ni Pierre, ni Paul ; il dit
« quiconque », afin que
cette parole bénie s'adresse à tous.
Supposer donc qu'il y ait quelqu'un qu'elles ne
concernent pas, ce serait jeter un doute sur la
vérité des paroles de
Christ !
Oh ! comprends bien que Dieu ne peut
être infidèle à sa parole. Il a
dit : « Quiconque croit a la vie
éternelle ». Si donc tu
reçois ce qu'il dit, ce témoignage
qu'il rend, Lui qui ne peut mentir, quel que tu
sois, tu as la vie éternelle.
Nul n'est exclu que celui qui s'exclut
lui-même, et celui-là devra en rendre
compte. « Celui qui me rejette, dit le
Seigneur, et qui ne reçoit pas mes paroles,
il a qui le juge ; la parole que j'ai dite,
celle-là le jugera au dernier
jour »
(Jean XII, 48).
Le salut provient donc uniquement de la
miséricorde de Dieu, sans vertu, sans
mérites, sans oeuvres de la part de l'homme,
et cette grâce est saisie
seulement par la foi. Tout ce qui est
nécessaire pour avoir la rémission
des péchés et la vie éternelle
se trouve entièrement et pleinement dans
l'amour de Dieu qui est dans le Christ
Jésus, notre Seigneur.
Béni soit notre Dieu,
Qui par amour donna Jésus son Fils
unique ;
Don qui renferme tout, don le plus
magnifique !
Béni soit notre Dieu !
Il a livré son Fils,
Doutes, faites silence ! et vous, loin de mon
âme.
Craintes vaines, fuyez ! Dieu Lui-même
proclame
Qu'il a donné son Fils !
Qu'est-ce que le salut annoncé par
l'Évangile ? De la part de Dieu, une
offre toute gratuite ; de la part de l'homme,
une simple réception de cette offre. Il est
dit que « par Lui (Christ) est
annoncée la rémission des
péchés »
(Actes XIII, 38). Dieu offre le
pardon, et quiconque croit à la
réalité de ce que Dieu dit, accepte
ce qu'il offre.
Le salut n'est en aucune manière la
récompense de quelque chose que nous ayons
faite ; c'est le don de Dieu par
Jésus-Christ notre Seigneur. Ce n'est pas
non plus qu'il y ait en nous rien qui nous en rende
dignes ; ce don provient uniquement de
l'amour, de Dieu et il est digne de Lui.
Quand nous plaçons devant nous la grandeur
de cette offre imméritée, nous sommes
disposés à penser que nous ne pouvons
nous l'approprier sans y avoir acquis quelque
titre. Oh I gardez-vous de laisser entrer une telle
pensée dans vos coeurs. Vous tomberiez dans
la folle présomption de
ceux qui croient pouvoir trouver en eux-mêmes
ou qui estiment pouvoir faire quelque chose qui
leur confère un titre à être
sauvés. Ou bien, regardant dans votre coeur
et examinant votre propre vie, et n'y trouvant pas
(comme cela est vrai) l'ombre d'un titre à
la faveur de Dieu, vous seriez jetés dans la
crainte et le désespoir.
Dans les deux cas, on regarde à
soi-même : détournez donc les
yeux de ce que vous êtes, de ce que vous avez
à faire et de ce que vous pouvez faire et
portez-les uniquement vers le Sauveur.
« Vous, tous les bouts de la terre,
regardez vers moi, et soyez
sauvés »
(Ésaïe XLV, 22).
Le Fils a été
« élevé, afin que quiconque
croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie
éternelle »
(Jean III, 14, 15). Tout ce que vous
avez à faire, c'est d'accepter la
grâce qui vous est présentée.
Il est très-vrai que vous en êtes
indigne et que vous êtes incapable de rien
faire pour l'obtenir. Mais c'est
précisément pour cela qu'il ne vous
est rien demandé sinon de recevoir ce que
Dieu vous offre. « Ne crains donc
point », vous dirai-je, « crois
seulement ».
Il est très-vrai aussi que sans la
sainteté, nul ne verra le Seigneur. Or vous
êtes loin d'être saint, et tous vos
efforts ne vous le feront pas devenir. Mais Christ
a aussi pourvu à cela. « II nous a
été fait sagesse de la part de Dieu,
et justice, et sainteté et
rédemption »
(1 Corinthiens I. 30).
Voilà ce que Dieu vous donne en
Christ ; mais II ne vous
demande nullement d'être sage, ou juste, ou
saint afin d'être en état d'accepter
ce don. Commencez donc par le bon bout et sachez
bien, mon cher lecteur, que le premier pas que vous
ayez à faire est de recevoir simplement et
avec confiance cette offre que Dieu vous fait,
offre la plus libre, la plus gratuite, la plus
généreuse et tout à fait
inconditionnelle.
Si je venais à vous comme agent
accrédité du plus grand des
souverains de la terre, vous apportant de sa part
une lettre d'invitation avec votre nom et votre
adresse, douteriez-vous de votre droit à
l'accepter ? Eh bien, je viens à vous
de la part du Roi des rois ; voici la Bible,
sa parole, où se trouve l'invitation qu'il
vous adresse.
Votre nom n'y est pas, c'est vrai ; mais il y
a plus, et ce qui ne laisse place à aucune
équivoque. Il y est écrit
« quiconque » et vous
êtes compris dans ce mot ; elle dit
« tous », seriez-vous
seul exclu du nombre ? elle dit encore :
« Si quelqu'un », et cela vous
regarde aussi. Que peut-il y avoir de plus clair et
de plus positif !
Oh ! Sachez-le bien, la grâce de Dieu
est illimitée et absolument gratuite ;
elle exclut tout mérite et quoi que ce soit
qui y ressemble, mais elle n'exclut
personne.
Par l'oeuvre de la rédemption, Christ a
satisfait à tout ce que la justice de Dieu
exigeait au sujet du péché. Il s'est
fait homme, et s'est offert Lui-même en
sacrifice pour le péché, de sorte que
l'amour de Dieu peut avoir son libre cours envers
des pécheurs. « II convenait
pour lui, à cause de
qui sont toutes choses, et par qui sont toutes
choses, que, amenant plusieurs fils à la
gloire, il consommât le chef de leur salut
par des souffrances »
(Hébreux II, 10). En entrant
dans le monde, il dit : « Tu n'as
pas voulu de sacrifice, ni d'offrande, mais tu m'as
formé un corps... Voici, je viens pour faire
ta volonté... C'est par cette volonté
que nous avons été sanctifiés,
par l'offrande du corps de Jésus Christ
faite une fois pour toutes »
(Hébreux X, 5-10).
« II fallait que le Christ
souffrît et qu'il ressuscitât d'entre
les morts le troisième jour, et que la
repentance et la rémission des
péchés fussent prêchées
en son nom »
(Luc XXIV, 46).
Ainsi Christ, dans toute sa plénitude, vous
est offert d'une manière absolue et
complète, sans aucune condition de votre
part, si ce n'est que vous l'acceptiez,
renonçant par là même à
apporter quelque chose de vous, sauf votre
état de péché et de
misère.
Oui, la grâce ouvre un marché
absolument gratuit : « O vous tous
qui êtes altérés,
s'écrie-t-elle, venez aux eaux, et vous qui
n'avez point d'argent, venez, achetez et mangez.
Venez, dis-je, achetez sans argent et sans aucun
prix du vin et du lait »
(Ésaïe LV, 1). Telle est
aussi la dernière invitation que la
grâce fait entendre : « Que
celui qui a soif vienne ; que celui qui veut
prenne gratuitement de l'eau de la vie »
(Apocalypse XXII, 17).
Voilà donc les conditions que pose
l'Évangile, si l'on veut qu'il y en
ait : « Sans argent et sans
aucun prix ». Que
voudriez-vous donc apporter ? on ne vous
demande rien ; au contraire, il vous faut
renoncer à tout ce que vous auriez la
prétention d'apporter, c'est sans valeur.
Oh ! quelle bénédiction pour un
pauvre pécheur ! Il n'a qu'à
venir tel qu'il est et sans que rien soit
exigé de lui, il peut
désaltérer et rassasier son âme
en savourant le don précieux de l'amour de
Dieu. Bonne nouvelle, en effet, précieuse
bonne nouvelle qui proclame que Dieu donne
gratuitement à celui qui n'a pas de quoi
payer !
C'est une disposition tout à fait naturelle
à l'homme élevé sous certaines
influences de religion et de civilisation de
supposer qu'il sera sauvé en se conformant
à certaines règles et en remplissant
certaines conditions. Il est pénible
à son orgueil de penser que
l'accomplissement de tous les devoirs
d'honnête homme et de bon citoyen ne peuvent
en rien le rendre agréable à
Dieu ; il est dur à la chair de se
soumettre à être cherché et
sauvé simplement comme un pécheur
perdu, par un Rédempteur qui nous aime, et
qui seul délivre le pécheur de la
condamnation, de la corruption et de la perdition,
et cela « sans argent et sans aucun
prix ». Mais quelles que puissent
être à cet égard les
pensées et les sentiments de l'homme
naturel, c'est là l'Évangile de la
grâce, l'unique voie de salut.
Supposez que je vienne vous dire : À
condition que vous croyiez, que vous vous
repentiez, que vous pleuriez, que vous priiez, que
vous obéissiez ou que vous fassiez telle
autre chose, vous jouirez de la
faveur de Dieu, pensez-vous que ce serait là
l'Évangile ? Non assurément.
Mais voici l'Évangile que l'Écriture
proclame : Un Christ qui se place entre Dieu
et l'homme, pour satisfaire à ce qu'exige
Dieu et ainsi sauver l'homme , un Christ mis
à la place du pécheur pour porter le
poids de la colère de Dieu, un Christ qui
n'a pas connu le péché, fait
péché pour nous, afin que nous
devinssions justice de Dieu en lui
(2 Corinthiens V, 21).
Il n'y a ici aucun lieu d'objecter que vous
n'êtes pas qualifié pour jouir de
cette grâce, parce que vous êtes un
pécheur si misérable, si orgueilleux,
si endurci, si aveugle et si stupide. La question
n'est pas : Voulez-vous ôter d'abord
toutes ces mauvaises choses et puis venir à
Christ ? Mais, voulez-vous venir tel que vous
êtes à un Christ qui ôte le
péché ? C'est parce que vous
êtes atteint de ces maladies mortelles que je
vous invite à venir au Médecin qui
les guérit.
O pauvre pécheur, venez à Christ.
Vous êtes coupable, je vous l'offre pour
justice ; vous êtes souillé, je
vous l'offre pour sainteté, vous êtes
perdu, sans aucune ressource ; je vous l'offre
pour parfaite rédemption. Venez donc et
recevez de Dieu, sans argent et sans aucun prix, le
don de grâce qu'il vous fait, « la
vie éternelle dans le Christ Jésus,
notre Seigneur » ; « la
rédemption par son sang, la rémission
des fautes selon les richesses de sa
grâce »
(Éphésiens I, 7).
UNE DIFFICULTÉ LEVÉE. 89
CHRIST.
J'ai trouvé Christ ! une
ineffable joie
Déborde dans mon coeur.
Quelle lumière a brillé sur ma
voie !
J'ai Christ pour Rédempteur !
Mon Christ est Roi sur les rois do la
terre ;
Et Seigneur dos seigneurs.
Soleil brillant au royaume du Père,
II répand ses splendeurs.
Au paradis, II est l'arbre de vie
Qui nourrit les élus.
Mon Christ guérit, relève et
purifie
Par ses saintes vertus.
Christ est ma viande et Christ est mon
breuvage,
Mon rocher et mon fort ;
II est ma paix, ma joie et mon partage,
Ma gloire et mon trésor.
UNE DIFFICULTÉ LEVÉE
« Je voudrais bien que vous adressiez
quelques paroles sérieuses à ma fille
Caroline », disait une dame à un
ami chrétien qui lui faisait visite ;
« elle se montre si indifférente
à tout ce qui concerne le salut de son
âme ».
Après ces paroles, la mère sortit,
laissant sa fille seule avec le serviteur de
Dieu.
Celui-ci, semblant entrer dans les pensées
de la jeune fille, lui dit :
- Ne trouvez-vous pas, Caroline, qu'il est bien
fatigant d'entendre toujours parler de semblables
sujets ?
- Oh oui, Monsieur, c'est bien vrai,
répondit-elle toute surprise ; on ne
cesse de m'en entretenir, et je finis par en
être tout à fait
dégoûtée.
- Je le pensais, continua-t-il. Dites-moi, quel
âge avez-vous ?
- J'ai dix-huit ans.
- Et vous jouissez d'une bonne
santé ?
- Mais oui, Monsieur.
- Vous trouvez pourtant que le christianisme est
une bonne chose, n'est-ce pas ? Seulement
jeune et bien portante comme "vous l'êtes,
vous pensez que l'ou a tort de vous ennuyer en vous
en parlant toujours. Mais je voudrais vous demander
à quel âge vous pensez qu'il faille
s'en occuper. Vous êtes-vous
déjà posé cette
question ?
- Plus d'une fois, je dois l'avouer,
répondit Caroline..
- Et qu'avez-vous répondu ? Est-ce
à cinquante ans ?
- Oh non, Monsieur, dit la jeune fille,
après un moment d'hésitation ;
il y a peu de jours que j'ai assisté aux
funérailles d'une dame qui n'avait que
trente-cinq ans.
- Eh bien, mettons trente ans.
- Je ne suis pas sûre que je doive attendre
autant.
- Moi non plus, répondit-il ; je ne le
pense pas. Mais puisque vous vous trouvez trop
jeune maintenant, dans combien de temps sera-ce
pour vous le moment de penser à Dieu ?
Sera-ce dans ? un an d'ici ?
- À vrai dire, Monsieur, je ne le sais pas.
- Eh bien, ma chère Caroline, pour moi, plus
j'y pense, plus je vois combien il est dangereux
pour vous de différer davantage.
La parole de Dieu ne dit pas dans un an, dans un
mois, ou dans un jour, mais elle dit : Voici,
c'est maintenant le temps
agréable ; voici, c'est maintenant
le jour du salut
(2 Corinthiens VI, 2), Vous savez que
c'est là la vérité. N'est-il
donc pas conforme à la vraie sagesse de
saisir le moment actuel, le seul qui vous
appartienne, et de chercher le Seigneur pendant
qu'il se trouve, de l'invoquer tandis qu'il est
près ?
Ne voulez-vous pas que nous implorions
immédiatement sa
miséricorde ?
Saisie par la puissance du Seigneur, la jeune fille
s'agenouilla avec l'ami chrétien.
Un ou deux jours plus tard, elle trouvait la paix
dans la foi au Christ Jésus dont le sang
précieux l'avait lavée de ses
péchés, et elle pouvait se
réjouir dans l'espérance de la gloire
de Dieu, Lui ayant été rendue
agréable dans le Bien-aimé, -
sauvée pour
l'éternité !
Lecteur, est-ce votre cas ? Êtes-vous
sauvé ? Cette grande question, la seule
chose nécessaire, est-elle
réglée en ce qui vous
concerne ?
Aujourd'hui si vous entendez sa voix,
n'endurcissez pas vos coeurs
(Hébreux IV, 7).
Pécheur, c'est maintenant le moment
favorable ; Demain n'est pas à
toi ; ne retarde dont pas. Le Christ
Jésus t'appelle : à sa voix
adorable, Oh ! que ton coeur réponde,
et viens tout misérable À Celui qui
pour toi descendit ici-bas.
Il t'offre maintenant le salut et
la joie,
Le repos pour ton coeur et l'attente du ciel.
Oh ! crois à son amour, laisse ta
triste voie,
De peur que de Satan, ton âme étant la
proie,
Ne perde pour toujours le bonheur
éternel.
SIMPLES ESSAIS SUR
L'ÉVANGILE
IV
UNE DIVINE RAISON.
Deux choses sont intimement liées dans le
coeur de chacun de nous : l'amour-propre ou
l'égoïsme, et la propre justice ou
l'orgueil.
Ces deux choses nous empêchent de comprendre
l'amour qui a sa source en Dieu, et qui ne trouve
nullement sa raison d'être dans ceux qui en
sont les objets.
La propre justice est cette disposition qui nous
porte à faire valoir notre caractère.
L'amour-propre est le mobile de toutes nos
convoitises et de cette volonté rebelle qui
ne se soumet pas à l'autorité de
Dieu.
La propre justice nous engage à nous
comparer avec d'autres personnes, en faisant
ressortir leurs défauts et en
atténuant les nôtres, et à
faire valoir le principe de la loi toutes les fois
que nous croyons pouvoir, par ce moyen, avancer nos
propres intérêts. Le principe de la
loi, c'est le talion, c'est-à-dire :
« oeil pour oeil, dent
pour dent » ;
selon lui, le juste reçoit sa
récompense, le méchant sa peine. On
aime donc la loi, on la trouve bonne lorsqu'on peut
appliquer ses exigences à autrui ; on
ne l'aime pas, on la trouve mauvaise, lorsqu'on a
le malheur d'être soi-même l'objet de
ses justes demandes.
Quelle pauvre chose que la propre justice ! et
cependant, qu'elle est profondément
enracinée dans nos coeurs !
Aveuglés par elle, il nous est impossible de
comprendre un amour qui n'est pas motivé. -
« La lumière luit dans les
ténèbres mais les
ténèbres ne l'ont pas
comprise. »
Deux effets de la propre justice se manifestent
respectivement dans ceux qui sont
indifférents quant au salut que Dieu offre,
et dans ceux qui ont été
sérieusement éveillés pour
connaître leur état de
péché et leur besoin d'un
Sauveur.
Les premiers se flattent qu'ils ne sont pas trop
mauvais. Ne se sentant pas malades, ils
n'éprouvent aucun besoin du médecin.
Si parfois leur conscience leur reproche quelque
chose et leur fait sentir qu'ils ne sont pourtant
pas en règle avec Dieu, ils se
tranquillisent aussitôt par une fausse
appréciation de la miséricorde de
Dieu, en affirmant que Dieu est trop bon pour
envoyer les hommes dans les peines
éternelles ; toutefois ils se donnent
bien garde de rechercher ce que Dieu dit à
ce sujet dans sa Parole. Le diable aussi les tient
endormis, sachant qu'aussi longtemps qu'ils se font
de ses mensonges un oreiller de
sécurité, ils lui seront une proie
facile.
Vis-à-vis de ceux qui ont été
réveillés pour apercevoir leur
danger, Satan s'y prend d'une autre manière.
Il se sert de leur propre justice non pas pour leur
faire croire qu'ils sont assez bons, mais
pour les épouvanter par la pensée
qu'ils sont trop mauvais pour être
sauvés.
Là première classe de personnes
n'éprouve aucun besoin de la
grâce ; la seconde ne sait pas en
profiter parce qu'elle « ne la
mérite pas ». D'une manière
ou d'une autre on s'occupe de soi. C'est ce
terrible amour-propre qui s'empare de nous avec une
telle force que nous ne pouvons pas nous en
débarrasser. Habitués à
raisonner à notre point de vue
égoïste, nous avons peine à
suivre Jésus lorsqu'il dirige nos regards
sur le Dieu vivant, et sur son amour infini.
Cher lecteur réveillé et
travaillé par le fardeau de vos
péchés, avez-vous jamais
réfléchi à la raison pour
laquelle il a fallu que le Fils de l'homme
fût élevé sur la croix entre
deux malfaiteurs et abandonné de Dieu dans
ce moment de souffrances indicibles ?
Ah ! direz-vous sans doute, c'est à
cause de nos péchés, car la justice
inflexible de Dieu demandait la vie d'une victime.
Dieu a dit que l'âme qui pèche,
mourra. Il fallait donc que le sang
coulât ; car « sans effusion
de sang il n'y a pas de
rémission » ; et Jésus
s'est présenté comme victime
volontaire pour verser son précieux sang
afin que nous eussions la vie. Il a fait ainsi
l'expiation de nos péchés.
Oui certes ; tout cela est vrai, Dieu en soit
béni ! Mais ne
voyez-vous pas que cette
« raison » que vous donnez est
au point de vue de la, justice ? Elle
n'explique pas pourquoi Dieu a fait connaître
ce moyen de salut.
Jésus nous en donne la raison, divine.
Il dit : « II faut que le
Fils de l'homme soit élevé (sur la
croix (1)... CAR
Dieu a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle » (Jean III, 14-16).
Jésus nous montre la source et la raison de
la grâce dans la nature de Dieu
lui-même.
Chère âme fatiguée,
travaillée et chargée, ne voyez-vous
pas la porte de la grâce ouverte devant vous
sur le principe de la justice, il est vrai, mais
ouverte selon toute la plénitude de l'amour
qui ne trouve sa source qu'en Dieu seul ?
Jésus savait ce que devait lui coûter
le don de la grâce aux pécheurs. C'est
Lui qui nous a dit pourquoi il fallait qu'il
fût élevé ; c'est parce
que DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE qu'il a
donné son Fils unique...
LE MARIN MOURANT
Jacques du Boice avait reçu une bonne
éducation ; mais poussé par
l'amour des aventures et un ardent désir de
voir le monde, il s'était engagé
comme matelot sur un baleinier. Après
une heureuse expédition,
le vaisseau revenait vers la patrie.
De tous les hommes de l'équipage, aucun plus
que Jacques ne se réjouissait du retour. Il
croyait déjà sentir le baiser de sa
mère, entendre la bienvenue cordiale de ses
amis et voir leurs regards d'étonnement,
leurs exclamations de surprise à la vue de
tout ce qu'il apportait et à l'ouïe de
ses aventures. Il passait toute son heure de quart
à se représenter avec enthousiasme
son retour à la maison. Pauvre
garçon ! Ce ne fut qu'un rêve
pour lui ; jamais il ne revit sa mère
dans ce monde !
Nous étions occupés à arranger
les barils d'huile à fond de cale. La mer
était forte et le vaisseau tanguait
lourdement, de façon à rendre la
besogne fatigante et dangereuse. Le dernier baril
était arrivé, quelques minutes encore
et les écoutilles allaient être
fermées. Du Boice arrangeait quelques
morceaux de bois entre les barils d'eau, lorsque
subitement, par un fort coup de roulis, l'un des
barils rompit son amarrage, roula dans
l'écoutille où se tenait du Boice et
lui broya littéralement les jambes.
Nous portâmes notre camarade dans l'entrepont
et nous bandâmes de notre mieux ses jambes
brisées ; mais nous savions et lui
savait aussi que ses heures étaient
comptées et qu'il allait mourir. Cette
nuit-là, pendant laquelle je le veillai, il
ne cessa d'appeler sa mère. Oh ! cela
fendait le coeur de l'entendre dans son
délire répéter
continuellement : « Ma
mère ! ma
mère ! »
puis pleurer comme un enfant
parce qu'elle ne venait pas.
Vers le matin il devint plus calme et parla de
nouveau avec bon sens. Après m'avoir
donné l'adresse de ses parents et un message
pour eux, il dormit un moment. À son
réveil, il me pria d'aller chercher sa Bible
dans son coffre. Je la lui apportai, il l'ouvrit au
premier feuillet qu'il contempla longuement ;
c'était un souvenir de sa mère
donné au moment du départ et sur ce
feuillet elle avait écrit de sa main :
« À Jacques du Boice, de la part
de sa mère Sarah du Boice. »
« Maintenant lisez », dit-il en
me tendant le livre.
- « Où
lirai-je ? »
- « Là où il nous est dit
comment se préparer pour le
ciel. » J'ouvris la Bible et mes yeux
tombèrent sur le psaume LI. Je
commençai à le lire jusqu'à ce
qu'arrivé au
10e verset : « O
Dieu, crée en moi un coeur net et renouvelle
au dedans de moi un esprit droit » :
« Attendez, » me dit-il,
« c'est justement ce dont j'ai besoin.
Mais comment l'obtenir ? Matelot, c'est une
chose terrible que la mort - et je vais
mourir ! - Oh ! si ma mère
était ici pour me dire comment m'y
préparer ! » et il tremblait
d'émotion.
Après un court silence, pendant lequel il
sembla profondément plongé dans ses
pensées, il dit : « Y a-t-il
un endroit où il soit dit que des
pécheurs tels que moi peuvent être
sauvés ? »
Je citai le
verset 15 du chapitre I de la
première
épître à Timothée :
« Cette parole est certaine et digne de
toute acceptation que le Christ Jésus est
venu dans le monde pour sauver les pécheurs
dont je suis le premier. »
« O matelot ! se dit-il,
« cela est bon. Pouvez-vous vous rappeler
quelques autres passages ? »
Je citai encore :
Hébreux, VII, 25.
« Delà vient aussi qu'il peut
sauver entièrement ceux qui s'approchent de
Dieu par lui, étant toujours vivant pour
intercéder pour eux. »
« Voilà qui est clair. À
présent si je savais seulement comment venir
à Dieu ! »
« Comme un enfant vient à son
père », lui
répondis-je.
« Comment cela ? »
« Comme l'enfant croit que son
père peut l'aider dans le danger, vous aussi
regardez à Dieu pour être secouru
maintenant ; et comme l'enfant montre sa
confiance en se réfugiant auprès de
son père, de même remettez-vous
à Jésus en vous jetant dans ses
bras. »
II resta un moment engagé dans une instante
supplication auprès de Dieu, d'après
les quelques paroles que je pus saisir. Puis les
larmes commencèrent à couler le long
de ses joues, il rouvrit les yeux et un radieux
sourire illumina ses traits. Il dit alors :
« II est mort pour moi. Il me pardonne...
Je suis sauvé. Il peut sauver
entièrement. »
Le jour paraissait : le soleil se levait dans
sa royale splendeur au-dessus de l'Océan. Je
tenais sa main dans la mienne et je sentis le
tremblement de la mort ;
puis il murmura : « II est venu, il
est venu. »
« Qui ? » demandai-je.
« Jésus » fut sa
dernière parole, et il s'endormit.
L'AVERTISSEMENT ACCEPTÉ
II y a quelques années, un jeune homme
courait à la gare de W... pour atteindre le
dernier train partant pour L... où il
désirait parvenir le soir même. Au
moment où il arrivait à la station,
il entend le signal du départ ; il
descend l'escalier en toute hâte,
s'élance vers la salle d'attente, mais
n'arrive que pour entendre l'employé lui
dire : « C'est trop tard,
Monsieur. » Les lumières
s'éteignent, le dernier train
était parti. Le jeune homme restait immobile
de désappointement, ne sachant que faire,
lorsque cette pensée s'imposa à son
esprit avec une puissance invincible :
« Que sera-ce de moi quand Christ
viendra, si, comme maintenant, c'est trop tard pour
moi, si ma dernière espérance s'est
évanouie et si je reste dans
l'obscurité pour
toujours ? »
Cette pensée le fit frissonner, il ne
pouvait s'en débarrasser.
« Mais, » suggéra
Satan, « que sais-tu si l'oeuvre de
Christ est d'aucune utilité
maintenant ? » Rentré chez
lui, le coeur désespéré, il
ouvrit sa Bible et son regard tomba sur ce
passage : « Je ne te prie pas
seulement pour eux, mais aussi pour tous ceux qui
croiront en moi par leur
parole »
(Jean XVII, 20). Ces paroles de
Jésus lui en dirent assez : la
lumière entra dans son âme, il ferma
le livre et s'agenouilla pour rendre grâces
au Seigneur de ce qu'il l'avait sauvé, et
depuis ce moment il n'a jamais eu aucun doute quant
à son entière acceptation devant
Dieu.
POÉSIE
« Jésus-Christ,
lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous
aimez. »
(1 PIERRE, I, 8.)
Esclaves du péché nous
étions dans le monde,
Perdus et malheureux, sans espoir et sans
Dieu ;
Tu nous vis, ô Jésus ! dans cette
nuit profonde,
Sur nous ton oeil d'amour s'abaissa du saint
lieu.
Pour nous tu vins mourir sur une croix
infâme,
Tu subis du Dieu-Fort le terrible
courroux ;
La clarté du salut resplendit dans notre
âme
Et de Dieu la faveur descendit jusqu'à
nous.
Et maintenant, sauvés par ta grâce
ineffable,
Ici-bas dans la paix nous marchons vers le
ciel.
En chantant ton amour, ô Sauveur adorable
Qui vas nous introduire au séjour
éternel.
Dès ici-bas, Jésus ! notre
sainte harmonie
Dans un concert d'amour s'élève
jusqu'à toi,
En attendant le jour de la joie infinie,
Où la vue, ô Seigneur, remplacera la
foi.
G.-L. F.
LE SANG DE JÉSUS
VI
LE SANG DE JÉSUS EST LE SEUL FONDEMENT DE LA
PAIX AVEC DIEU.
« Or, l'Éternel avait
parlé à Moïse et à Aaron
au pays d'Égypte, en disant :
« Ce mois-ci vous sera le commencement
des mois ; il vous sera le premier des mois de
l'année. Parlez à toute
l'assemblée d'Israël en disant :
Qu'au dixième jour de ce mois, chacun d'eux
prenne un petit d'entre les brebis ou d'entre les
chèvres selon les familles des
pères ; un petit, dis-je, d'entre les
brebis ou d'entre les chèvres par
famille ; - mais si la famille est moindre
qu'il ne faut pour manger un petit d'entre les
brebis ou d'entre les chèvres, qu'il prenne
son voisin qui est près de sa maison, selon
le nombre des personnes ; vous compterez
combien il en faudra pour manger un petit d'entre
les brebis ou d'entre les chèvres, ayant
égard à ce que chacun de vous peut
manger.
« Or le petit d'entre les brebis ou
d'entre les chèvres sera sans tare et sera
un mâle ayant un an ; vous le prendrez
d'entre les brebis ou d'entre les
chèvres ; et vous le tiendrez en garde
jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et
toute la congrégation de l'assemblée
d'Israël l'égorgera entre les deux
vêpres.
« Et ils prendront de son sang, et
le mettront sur les deux poteaux et sur le linteau
de la porte des maisons où ils le
mangeront ; et ils en mangeront la chair
rôtie au feu cette nuit-là, et ils la
mangeront avec des pains sans levain et avec des
herbes amères.
« N'en mangez rien à demi cuit, ni
qui ait été bouilli dans l'eau ;
mais qu'il soit rôti au feu, sa tête,
ses jambes et ses entrailles ; et n'en laissez
rien de reste jusqu'au matin ; mais s'il en
reste quelque chose jusqu'au matin, vous le
brûlerez au feu.
« Et vous le mangerez ainsi : vos
reins seront ceints, vous aurez
vos souliers en vos pieds, et votre bâton en
votre main, et vous le mangerez à la
hâte. C'est la pâque de
l'Éternel.
« Car je passerai cette nuit-là
par le pays d'Égypte et je frapperai tout
premier-né au pays d'Égypte, depuis
les hommes jusqu'aux bêtes ; et
j'exercerai des jugements sur tous les dieux
d'Égypte. Je suis l'Éternel.
« Et le sang vous sera pour signe sur les
maisons dans lesquelles vous serez, car je verrai
le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n'y
aura point de plaie à destruction parmi vous
quand je frapperai le pays
d'Égypte. »
(EXODE XII, 1-13).
Mon cher lecteur, si Dieu a réveillé
votre âme et vous a fait connaître
votre état de péché et de
culpabilité devant Lui, peut-être
pensez-vous, dans votre anxiété et
votre désir de trouver la paix, que la
première chose à faire est de
demander à Dieu qu'il répande sur
vous son Saint-Esprit. Ce n'est pas ainsi que le
Seigneur nous enseigne : « C'est ici
l'oeuvre de Dieu, dit-Il, que vous croyiez à
Celui qu'il a envoyé »
(Jean VI, 29).
La première chose à faire est donc de
tourner vos regards vers l'Agneau de Dieu, car
l'unique fondement de la paix avec Dieu,
comprenez-le bien, c'est le sang versé sur
la croix.
C'est Christ qui est mort
(Romains VIII, 34) ; et qui a
dit sur le Calvaire. « C'est
accompli »
(Jean XIX, 30). C'est de Lui qu'il
est écrit : « Le sang de son
Fils Jésus Christ nous purifie de tout
péché »
(1 Jean I, 7). Ce que vous êtes
donc tout d'abord appelé à faire,
c'est de recevoir Christ pour votre parfait
Rédempteur, afin que vous
ayez « la rédemption par son sang,
la rémission des fautes selon les richesses
de sa grâce »
(Éphésiens I, 7).
Je ne connais rien qui me semble mieux faire
comprendre ce qu'est le salut par le sang de
Jésus seul, que l'aspersion du sang de
l'agneau pascal sur les portes des
Israélites, la veille du jour où ils
furent délivrés de la servitude
d'Égypte. Que mon lecteur veuille bien lire
au
chapitre XII de l'Exode, les treize
premiers versets cités ci-dessus.
« Je verrai le sang, et je passerai
par-dessus vous »
(Exode XII, 13). Le sang sur le
linteau et les poteaux de la porte assurait la paix
à Israël. C'était la seule chose
requise pour jouir d'une paix solide, à
l'abri des coups de l'ange destructeur. Dieu n'y
ajoutait rien, car rien de plus n'était
nécessaire pour échapper à
l'épée du jugement. Dieu ne dit
pas : « Quand je verrai le sang
et les pains sans levain ou les herbes
amères, je passerai par-dessus
vous. » Non ; ces choses avaient
leur place et leur valeur propres, mais elles
n'étaient pas le fondement de la paix en la
présence de Dieu.
Il est tout à fait nécessaire d'avoir
une idée nette et claire de ce qui constitue
le fondement de la paix avec Dieu. On a
mêlé tant de choses à l'oeuvre
du Christ, que les âmes restent
plongées dans les ténèbres de
l'incertitude et du doute quant à leur
acceptation devant Dieu. On sait que le sang de
Christ est le seul moyen de salut ; mais les
démons le savent aussi et cela ne leur
profite de rien. Ce qu'il faut
savoir, c'est que nous sommes sauvés,
- absolument, parfaitement,
éternellement sauvés.
On n'est pas à moitié sauvé et
à moitié perdu ; en partie
justifié et en partie coupable ; vivant
et mort à la fois ; enfant de Dieu et
enfant du diable en même temps. Non : il
n'y a que deux états et nous sommes
nécessairement dans l'un ou dans
l'autre.
L'Israélite n'était pas moitié
à l'abri et moitié exposé au
glaive du destructeur. Il savait qu'il était
en sûreté. Il ne l'espérait pas
seulement, il n'avait pas besoin de prier pour y
être placé ; il y était
parfaitement. Pourquoi ? Parce que Dieu avait
dit : « Je verrai le sang et je
passerai pardessus vous. » II se reposait
simplement sur ce témoignage de Dieu, et
ainsi scellait que Dieu est vrai
(Jean III, 33). Il croyait que ces
paroles étaient bien l'expression de la
pensée de Dieu, voilà ce qui lui
donnait la paix. Il célébrait la
pâque avec confiance, dans une tranquille
assurance, sachant que le destructeur ne pouvait le
toucher puisqu'une victime sans tache avait
souffert la mort à sa place.
Supposez que l'on eût demandé à
un Israélite s'il jouissait de la paix,
qu'aurait-il répondu ? Aurait-il
dit : « Je sais que le sang de
l'Agneau est l'unique moyen d'échapper
à la mort, je sais que c'est un moyen
parfait et divin ; je sais aussi que le sang a
été répandu et que l'aspersion
en a été faite sur le linteau et les
poteaux de ma porte ; cependant, je ne suis
pas tout à fait
tranquille. Je ne suis pas tout à fait
sûr d'être à l'abri. J'ai peur
de ne pas assez apprécier la valeur du sang,
et de ne pas aimer le Dieu de mes pères
comme je le devrais » ?
Pensez-vous que telle eût été
sa réponse ? Assurément non.
Combien de milliers de chrétiens de
profession, cependant, qui ne tiennent pas un autre
langage, quand on leur demande s'ils ont la
paix ! À la place du sang de
Jésus, ils mettent leur appréciation
ou leurs pensées, et ainsi, de fait, ils
font dépendre leur salut d'eux-mêmes,
tout autant que s'ils devaient être
sauvés par les oeuvres.
L'Israélite était sauvé par le
sang seul, et non par ce qu'il en pensait. Ses
pensées à cet égard pouvaient
être profondes ou superficielles, mais
quelles qu'elles fussent, elles n'avaient rien
à faire avec sa sécurité. Il
n'était pas sauvé par ses
pensées ou par ses sentiments, mais par le
sang. Dieu n'avait pas dit : « Quand
vous verrez le sang, je passerai par-dessus
vous, » mais « quand je
verrai le sang. » Ce qui donnait la
paix à l'Israélite, c'est que l'oeil
de Jéhovah s'arrêtait sur le sang.
Voilà ce qui mettait son coeur à
l'aise. Il était dans la maison ; il ne
pouvait pas voir le sang ; mais Dieu le voyait
et cela suffisait pleinement.
L'application de ce qui précède
à la question de la paix du pécheur
est très-claire. Christ, ayant versé
son sang en parfaite expiation pour le
péché, en a fait l'aspersion en la
présence de Dieu. Le témoignage de
Dieu assure au croyant que sur
cette base tout est parfaitement
réglé entre Dieu et lui. Toutes les
exigences de la justice divine ont
été pleinement satisfaites, Le
péché a été
parfaitement ôté, de sorte que le
plein courant de l'amour rédempteur peut
couler du coeur de Dieu par la voie que lui a
ouverte le sacrifice de Christ.
Le Saint-Esprit rend témoignage à
cette vérité. Il présente
toujours l'estime que fait Dieu du sang de Christ.
Il dirige le regard du pécheur sur l'oeuvre
accomplie à la croix. Il déclare que.
tout est fait, que le péché a
été ôté, que la justice
s'est approchée, tellement qu'elle est
« sur tous ceux qui croient »
(Romains III, 22). Et que
croient-ils ? Ce que Dieu dit parce qu'il le
dit, et non parce qu'eux le sentent.
Nous sommes toujours enclins à chercher en
nous-mêmes le fondement de notre paix. C'est
pourquoi nous sommes disposés à
regarder comme tel l'oeuvre du Saint-Esprit en
nous, plutôt que l'oeuvre de Christ
pour nous. C'est une erreur.
Les opérations de l'Esprit de Dieu ont leur
place dans le christianisme, mais jamais notre paix
n'est présentée comme
dépendant de son oeuvre. Le Saint-Esprit n'a
pas fait la paix : c'est Christ qui l'a
faite ; il n'est pas dit du Saint-Esprit qu'il
est notre paix, mais cela est dit de Christ ;
Dieu ne fait pas annoncer « la bonne
nouvelle de la paix par le Saint-Esprit »
mais « par
Jésus-Christ » (Comparez
Colossiens I, 20 ;
Éphésiens II,
14,17 ;
Actes X, 36).
Le Saint-Esprit révèle Christ. Il
nous le fait connaître, nous fait jouir et
nous nourrit de Lui. Il rend témoignage
à Christ ; il prend des choses de
Christ et nous les annonce. Il est la puissance de
communion avec Dieu ; par Lui nous sommes
oints et scellés ; II rend
témoignage de notre adoption, II est les
arrhes de l'héritage. (Comparez
Jean IV, 13, 14 ;
2 Corinthiens I, 21, 22 ;
Romains VIII, 14-16 ;
Éphésiens I, 13, 14).
Ses opérations sont essentielles. Sans Lui
nous ne pourrions ni voir, ni entendre, ni
connaître, ni sentir, ni expérimenter,
ni manifester rien de Christ ; sans Lui nous
ne saurions jouir de tous les privilèges que
nous avons en ce précieux Sauveur. Cela est
clair ; tout vrai chrétien bien
instruit dans la vérité le comprend
et l'admet.
Malgré tout cela, l'oeuvre du Saint-Esprit
n'est pas le fondement de la paix, quoique ce soit
Lui qui nous rende capables de jouir de la paix. Il
n'est pas notre titre à posséder la
paix, bien qu'il nous révèle quel est
ce titre et qu'il nous en donne la jouissance.
Le Saint-Esprit poursuit encore son oeuvre dans
l'âme du croyant ; « II
intercède par des soupirs
inexprimables »
(Romains VIII, 26). Il agit pour nous
amener à une plus entière
conformité avec le Seigneur
Jésus-Christ. Son but est de
« présenter tout homme parfait en
Christ »
(Colossiens I, 28). Il est l'auteur
de tout bon désir, de toute sainte
aspiration, de toute affection pure et
céleste, de toute divine
expérience ; mais
l'oeuvre qu'il fait en nous et avec nous ne sera
complète que lorsque nous aurons
quitté la scène présente et
pris nos places avec Christ dans la gloire. Telle
était l'oeuvre du serviteur d'Abraham ;
elle ne fut achevée que lorsqu'il eut
présenté Rébecca à
Isaac. (Lisez
Genèse XXIV.)
Il n'en est pas ainsi de l'oeuvre de Christ pour
nous. Elle est absolument et
éternellement parfaite devant Dieu. Il a pu
dire : « J'ai achevé l'oeuvre
que tu m'as donnée à
faire »
(Jean XVII, 4) -, et sur la
croix : « C'EST ACCOMPLI »
(Jean XIX, 30).
Le Saint-Esprit ne peut pas encore dire qu'il a
achevé son oeuvre. Il a patiemment et
fidèlement travaillé pendant plus de
dix-huit siècles comme le vrai, le divin
vicaire de Christ sur la terre. Il travaille encore
au milieu de toutes les influences hostiles qui
environnent la sphère de ses
opérations. Il agit dans les coeurs des
enfants de Dieu afin de les faire parvenir en
pratique et d'une manière
expérimentale jusqu'à la hauteur de
leur divin modèle ; mais jamais il
n'enseigne à une âme à
s'appuyer sur l'oeuvre qu'il accomplit en elle,
pour avoir la paix en face de la sainteté de
Dieu.
Son affaire est de parler de Jésus.
« II prendra de ce qui est à
moi, dit Christ, et il vous l'annoncera »
(Jean XVI, 14). Il ne peut que
présenter l'oeuvre de Christ comme le
fondement solide sur lequel l'âme doit se
reposer pour toujours. Bien plus, ce n'est que sur
le fondement de l'expiation parfaite accomplie par
Christ qu'il peut faire sa
demeure dans le croyant et y poursuivre ses
opérations. « Auquel aussi ayant
cru, dit l'Apôtre, vous avez
été scellés du Saint-Esprit de
la promesse »
(Éphésiens I, 13).
Nulle puissance, nulle énergie du
Saint-Esprit n'aurait pu effacer le
péché, mais le sang de Jésus
l'a ôté. « Le sang de son
Fils Jésus Christ nous purifie de tout
péché » (
1 Jean I, 7).
Il est de la dernière importance de
distinguer entre l'oeuvre du Saint-Esprit en
nous et l'oeuvre de Christ four nous.
Dans les âmes où ces choses sont
confondues, il y a rarement une paix bien
établie quant à la question du
péché. Le type de la pâque
éclaircit cette différence d'une
manière très-simple.
La paix de l'Israélite n'était pas
fondée sur les pains sans levain ou sur les
herbes amères qu'il devait manger, mais
sur le sang. Il ne s'agissait pas non plus
de ce qu'il pensait relativement au sang, mais de
la pensée de Dieu à cet égard.
C'est là pour le coeur un immense
soulagement et une consolation précieuse.
Dieu a trouvé une rançon ; et,
à nous pécheurs, II nous la fait
connaître, afin que sur l'autorité de
sa Parole et par la grâce de son Esprit, nous
trouvions en elle un plein repos. Sans doute nos
pensées et nos sentiments. à
l'égard de cette rançon restent
toujours bien au-dessous de son infinie valeur,
mais puisque Dieu déclare que par elle II
est parfaitement satisfait pour ce qui regarde nos
péchés, nous pouvons aussi être
satisfaits. Certes notre conscience peut trouver un
parfait repos dans cette oeuvre
où la sainteté de Dieu trouve le
sien.
Mon cher lecteur, si jusqu'à présent
vous n'avez pas trouvé la paix en
Jésus, je vous supplie de peser
sérieusement ce qui vient de vous être
présenté. Voyez la simplicité
du fondement sur lequel votre paix doit reposer.
Dieu prend son plaisir dans l'oeuvre accomplie par
son Fils et par laquelle le pécheur qui
croit est fait « justice de Dieu en
Christ »
(2 Corinthiens V, 21). Cette justice
n'est pas fondée sur vos sentiments ou sur
votre expérience, mais sur le sang
versé de l'Agneau de Dieu. Votre paix ne
dépend donc que de ce sang précieux
dont l'efficace et la valeur sont
inaltérables devant Dieu.
Qu'est-ce que le croyant a donc encore à
faire ? À quoi est-il
appelé ? À
célébrer la fête des pains sans
levain, en ôtant tout ce qui est contraire
à la sainteté et à la
pureté de sa haute position. C'est son
privilège de se nourrir de ce
précieux Christ dont le sang a effacé
toute sa culpabilité. Étant
assuré que le glaive du destructeur ne peut
pas l'atteindre, parce qu'il est tombé sur
Christ son substitut, il peut dans un saint repos
célébrer la fête, sous le
parfait abri que l'amour lui a
préparé dans le sang de la croix.
Que Dieu dans sa grâce veuille conduire tout
coeur qui doute ou qui hésite encore,
à trouver le repos dans le divin
témoignage que renferment ces paroles :
« Je verrai le sang, et je passerai
par-dessus vous »
(Exode XII, 13).
LE SANG DE JÉSUS
Avant d'avoir appris qu'une
sainte victime
Avait versé son sang pour effacer mon
crime
Et couvrir mon forfait,
L'avenir à mes yeux apparaissait
terrible,
Je redoutais l'enfer, et du Juge inflexible
L'inexorable arrêt.
Mais au pied de la croix j'ai contemplé ta
face,
Là je vis de ton sang la puissante
efficace,
Jésus, Agneau de Dieu !
La paix est dans mon coeur ! Je m'approche
sans crainte
Du Dieu juste, et l'amour dont je connais
l'étreinte
M'introduit au saint lieu.
Devant Dieu je subsiste, en sa lumière
pure,
Lavé de mes péchés et de toute
souillure
En ton sang précieux.
Plein do joie, en Ton nom mon coeur se
glorifie ;
Je ne veux rien que Toi dont je reçus la
vie
Et qui m'ouvris les cieux.
Quand, vêtus de justice et couronnés
de gloire,
Les saints entonneront leur hymne de victoire
Au céleste séjour,
À leurs voix, mon Sauveur, unissant mon
cantique,
De ta mort proclamant la vertu magnifique,
Je dirai ton amour.
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