Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. III
TROISIÈME ANNÉE 1876

LE SANG DE JÉSUS

V
LE SALUT PAR LE SANG DE JÉSUS EST LE DON DE DIEU.

Mon cher lecteur ! Le salut par le sang de Jésus est un don de la grâce de Dieu, ainsi qu'il est écrit : « Vous êtes sauvés par la grâce » (Éphésiens II, 5). « Étant justifiés gratuitement par sa grâce » (Romains III, 24). « Le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Romains VI, 23). « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean III, 16).
Dieu, de sa plénitude ineffable, donne d'une manière qui surpasse tout ce que l'on peut concevoir. Il ne donne pas parce qu'il voit en nous quelque mérite, mais il donne par pur amour. Cela ne relève-t-il pas infiniment la valeur et l'excellence du don ? Les paroles de Christ, que nous avons citées plus haut, montrent clairement que la source d'où découle le don de Dieu, c'est l'amour.
Et comme Dieu, le donateur, est infiniment grand, le don l'est aussi ; c'est son Fils unique. Que pouvait-il offrir de plus précieux ?

Remarquez bien qu'il n'est pas dit que Dieu était irrité contre le monde ; mais qu'il l'a tant aimé, et qu'il a donné son Fils unique.
Dieu est plein de miséricorde ; II est amour. Par amour II a donné son Fils, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Le don que Dieu nous fait par amour, nous devons le recevoir par la foi. C'est l'unique moyen de saisir ce qui nous est offert. La foi seule, c'est-à-dire la confiance en la miséricorde et la grâce de Dieu, voilà la main par laquelle nous nous emparons du don que Dieu nous fait pour nous sauver du péché et de la mort.
Remarquons encore qu'il est dit : « Quiconque croit en Lui ». Serais-tu donc excepté, ô toi qui lis ces lignes ? Christ ne nomme personne, ni Marie, ni Pierre, ni Paul ; il dit « quiconque », afin que cette parole bénie s'adresse à tous. Supposer donc qu'il y ait quelqu'un qu'elles ne concernent pas, ce serait jeter un doute sur la vérité des paroles de Christ !

Oh ! comprends bien que Dieu ne peut être infidèle à sa parole. Il a dit : « Quiconque croit a la vie éternelle ». Si donc tu reçois ce qu'il dit, ce témoignage qu'il rend, Lui qui ne peut mentir, quel que tu sois, tu as la vie éternelle.
Nul n'est exclu que celui qui s'exclut lui-même, et celui-là devra en rendre compte. « Celui qui me rejette, dit le Seigneur, et qui ne reçoit pas mes paroles, il a qui le juge ; la parole que j'ai dite, celle-là le jugera au dernier jour » (Jean XII, 48).
Le salut provient donc uniquement de la miséricorde de Dieu, sans vertu, sans mérites, sans oeuvres de la part de l'homme, et cette grâce est saisie seulement par la foi. Tout ce qui est nécessaire pour avoir la rémission des péchés et la vie éternelle se trouve entièrement et pleinement dans l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur.

Béni soit notre Dieu,
Qui par amour donna Jésus son Fils unique ;
Don qui renferme tout, don le plus magnifique !
Béni soit notre Dieu !

Il a livré son Fils,
Doutes, faites silence ! et vous, loin de mon âme.
Craintes vaines, fuyez ! Dieu Lui-même proclame
Qu'il a donné son Fils !

Qu'est-ce que le salut annoncé par l'Évangile ? De la part de Dieu, une offre toute gratuite ; de la part de l'homme, une simple réception de cette offre. Il est dit que « par Lui (Christ) est annoncée la rémission des péchés » (Actes XIII, 38). Dieu offre le pardon, et quiconque croit à la réalité de ce que Dieu dit, accepte ce qu'il offre.
Le salut n'est en aucune manière la récompense de quelque chose que nous ayons faite ; c'est le don de Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Ce n'est pas non plus qu'il y ait en nous rien qui nous en rende dignes ; ce don provient uniquement de l'amour, de Dieu et il est digne de Lui.
Quand nous plaçons devant nous la grandeur de cette offre imméritée, nous sommes disposés à penser que nous ne pouvons nous l'approprier sans y avoir acquis quelque titre. Oh I gardez-vous de laisser entrer une telle pensée dans vos coeurs. Vous tomberiez dans la folle présomption de ceux qui croient pouvoir trouver en eux-mêmes ou qui estiment pouvoir faire quelque chose qui leur confère un titre à être sauvés. Ou bien, regardant dans votre coeur et examinant votre propre vie, et n'y trouvant pas (comme cela est vrai) l'ombre d'un titre à la faveur de Dieu, vous seriez jetés dans la crainte et le désespoir.

Dans les deux cas, on regarde à soi-même : détournez donc les yeux de ce que vous êtes, de ce que vous avez à faire et de ce que vous pouvez faire et portez-les uniquement vers le Sauveur. « Vous, tous les bouts de la terre, regardez vers moi, et soyez sauvés » (Ésaïe XLV, 22).
Le Fils a été « élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jean III, 14, 15). Tout ce que vous avez à faire, c'est d'accepter la grâce qui vous est présentée. Il est très-vrai que vous en êtes indigne et que vous êtes incapable de rien faire pour l'obtenir. Mais c'est précisément pour cela qu'il ne vous est rien demandé sinon de recevoir ce que Dieu vous offre. « Ne crains donc point », vous dirai-je, « crois seulement ».

Il est très-vrai aussi que sans la sainteté, nul ne verra le Seigneur. Or vous êtes loin d'être saint, et tous vos efforts ne vous le feront pas devenir. Mais Christ a aussi pourvu à cela. « II nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté et rédemption » (1 Corinthiens I. 30).

Voilà ce que Dieu vous donne en Christ ; mais II ne vous demande nullement d'être sage, ou juste, ou saint afin d'être en état d'accepter ce don. Commencez donc par le bon bout et sachez bien, mon cher lecteur, que le premier pas que vous ayez à faire est de recevoir simplement et avec confiance cette offre que Dieu vous fait, offre la plus libre, la plus gratuite, la plus généreuse et tout à fait inconditionnelle.

Si je venais à vous comme agent accrédité du plus grand des souverains de la terre, vous apportant de sa part une lettre d'invitation avec votre nom et votre adresse, douteriez-vous de votre droit à l'accepter ? Eh bien, je viens à vous de la part du Roi des rois ; voici la Bible, sa parole, où se trouve l'invitation qu'il vous adresse.

Votre nom n'y est pas, c'est vrai ; mais il y a plus, et ce qui ne laisse place à aucune équivoque. Il y est écrit « quiconque » et vous êtes compris dans ce mot ; elle dit « tous », seriez-vous seul exclu du nombre ? elle dit encore : « Si quelqu'un », et cela vous regarde aussi. Que peut-il y avoir de plus clair et de plus positif !

Oh ! Sachez-le bien, la grâce de Dieu est illimitée et absolument gratuite ; elle exclut tout mérite et quoi que ce soit qui y ressemble, mais elle n'exclut personne.
Par l'oeuvre de la rédemption, Christ a satisfait à tout ce que la justice de Dieu exigeait au sujet du péché. Il s'est fait homme, et s'est offert Lui-même en sacrifice pour le péché, de sorte que l'amour de Dieu peut avoir son libre cours envers des pécheurs. « II convenait pour lui, à cause de qui sont toutes choses, et par qui sont toutes choses, que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances » (Hébreux II, 10). En entrant dans le monde, il dit : « Tu n'as pas voulu de sacrifice, ni d'offrande, mais tu m'as formé un corps... Voici, je viens pour faire ta volonté... C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Hébreux X, 5-10). « II fallait que le Christ souffrît et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom » (Luc XXIV, 46).
Ainsi Christ, dans toute sa plénitude, vous est offert d'une manière absolue et complète, sans aucune condition de votre part, si ce n'est que vous l'acceptiez, renonçant par là même à apporter quelque chose de vous, sauf votre état de péché et de misère.

Oui, la grâce ouvre un marché absolument gratuit : « O vous tous qui êtes altérés, s'écrie-t-elle, venez aux eaux, et vous qui n'avez point d'argent, venez, achetez et mangez. Venez, dis-je, achetez sans argent et sans aucun prix du vin et du lait » (Ésaïe LV, 1). Telle est aussi la dernière invitation que la grâce fait entendre : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie » (Apocalypse XXII, 17).
Voilà donc les conditions que pose l'Évangile, si l'on veut qu'il y en ait : « Sans argent et sans aucun prix ». Que voudriez-vous donc apporter ? on ne vous demande rien ; au contraire, il vous faut renoncer à tout ce que vous auriez la prétention d'apporter, c'est sans valeur. Oh ! quelle bénédiction pour un pauvre pécheur ! Il n'a qu'à venir tel qu'il est et sans que rien soit exigé de lui, il peut désaltérer et rassasier son âme en savourant le don précieux de l'amour de Dieu. Bonne nouvelle, en effet, précieuse bonne nouvelle qui proclame que Dieu donne gratuitement à celui qui n'a pas de quoi payer !

C'est une disposition tout à fait naturelle à l'homme élevé sous certaines influences de religion et de civilisation de supposer qu'il sera sauvé en se conformant à certaines règles et en remplissant certaines conditions. Il est pénible à son orgueil de penser que l'accomplissement de tous les devoirs d'honnête homme et de bon citoyen ne peuvent en rien le rendre agréable à Dieu ; il est dur à la chair de se soumettre à être cherché et sauvé simplement comme un pécheur perdu, par un Rédempteur qui nous aime, et qui seul délivre le pécheur de la condamnation, de la corruption et de la perdition, et cela « sans argent et sans aucun prix ». Mais quelles que puissent être à cet égard les pensées et les sentiments de l'homme naturel, c'est là l'Évangile de la grâce, l'unique voie de salut.

Supposez que je vienne vous dire : À condition que vous croyiez, que vous vous repentiez, que vous pleuriez, que vous priiez, que vous obéissiez ou que vous fassiez telle autre chose, vous jouirez de la faveur de Dieu, pensez-vous que ce serait là l'Évangile ? Non assurément. Mais voici l'Évangile que l'Écriture proclame : Un Christ qui se place entre Dieu et l'homme, pour satisfaire à ce qu'exige Dieu et ainsi sauver l'homme , un Christ mis à la place du pécheur pour porter le poids de la colère de Dieu, un Christ qui n'a pas connu le péché, fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui (2 Corinthiens V, 21).

Il n'y a ici aucun lieu d'objecter que vous n'êtes pas qualifié pour jouir de cette grâce, parce que vous êtes un pécheur si misérable, si orgueilleux, si endurci, si aveugle et si stupide. La question n'est pas : Voulez-vous ôter d'abord toutes ces mauvaises choses et puis venir à Christ ? Mais, voulez-vous venir tel que vous êtes à un Christ qui ôte le péché ? C'est parce que vous êtes atteint de ces maladies mortelles que je vous invite à venir au Médecin qui les guérit.

O pauvre pécheur, venez à Christ. Vous êtes coupable, je vous l'offre pour justice ; vous êtes souillé, je vous l'offre pour sainteté, vous êtes perdu, sans aucune ressource ; je vous l'offre pour parfaite rédemption. Venez donc et recevez de Dieu, sans argent et sans aucun prix, le don de grâce qu'il vous fait, « la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » ; « la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce » (Éphésiens I, 7).



UNE DIFFICULTÉ LEVÉE. 89
CHRIST.

J'ai trouvé Christ ! une ineffable joie
Déborde dans mon coeur.
Quelle lumière a brillé sur ma voie !
J'ai Christ pour Rédempteur !

Mon Christ est Roi sur les rois do la terre ;
Et Seigneur dos seigneurs.
Soleil brillant au royaume du Père,
II répand ses splendeurs.

Au paradis, II est l'arbre de vie
Qui nourrit les élus.
Mon Christ guérit, relève et purifie
Par ses saintes vertus.

Christ est ma viande et Christ est mon breuvage,
Mon rocher et mon fort ;
II est ma paix, ma joie et mon partage,
Ma gloire et mon trésor.



UNE DIFFICULTÉ LEVÉE

« Je voudrais bien que vous adressiez quelques paroles sérieuses à ma fille Caroline », disait une dame à un ami chrétien qui lui faisait visite ; « elle se montre si indifférente à tout ce qui concerne le salut de son âme ».

Après ces paroles, la mère sortit, laissant sa fille seule avec le serviteur de Dieu.
Celui-ci, semblant entrer dans les pensées de la jeune fille, lui dit :
- Ne trouvez-vous pas, Caroline, qu'il est bien fatigant d'entendre toujours parler de semblables sujets ?
- Oh oui, Monsieur, c'est bien vrai, répondit-elle toute surprise ; on ne cesse de m'en entretenir, et je finis par en être tout à fait dégoûtée.
- Je le pensais, continua-t-il. Dites-moi, quel âge avez-vous ?
- J'ai dix-huit ans.
- Et vous jouissez d'une bonne santé ?
- Mais oui, Monsieur.
- Vous trouvez pourtant que le christianisme est une bonne chose, n'est-ce pas ? Seulement jeune et bien portante comme "vous l'êtes, vous pensez que l'ou a tort de vous ennuyer en vous en parlant toujours. Mais je voudrais vous demander à quel âge vous pensez qu'il faille s'en occuper. Vous êtes-vous déjà posé cette question ?
- Plus d'une fois, je dois l'avouer, répondit Caroline..
- Et qu'avez-vous répondu ? Est-ce à cinquante ans ?
- Oh non, Monsieur, dit la jeune fille, après un moment d'hésitation ; il y a peu de jours que j'ai assisté aux funérailles d'une dame qui n'avait que trente-cinq ans.
- Eh bien, mettons trente ans.
- Je ne suis pas sûre que je doive attendre autant.
- Moi non plus, répondit-il ; je ne le pense pas. Mais puisque vous vous trouvez trop jeune maintenant, dans combien de temps sera-ce pour vous le moment de penser à Dieu ? Sera-ce dans ? un an d'ici ?
- À vrai dire, Monsieur, je ne le sais pas.
- Eh bien, ma chère Caroline, pour moi, plus j'y pense, plus je vois combien il est dangereux pour vous de différer davantage.
La parole de Dieu ne dit pas dans un an, dans un mois, ou dans un jour, mais elle dit : Voici, c'est maintenant le temps agréable ; voici, c'est maintenant le jour du salut (2 Corinthiens VI, 2), Vous savez que c'est là la vérité. N'est-il donc pas conforme à la vraie sagesse de saisir le moment actuel, le seul qui vous appartienne, et de chercher le Seigneur pendant qu'il se trouve, de l'invoquer tandis qu'il est près ?
Ne voulez-vous pas que nous implorions immédiatement sa miséricorde ?
Saisie par la puissance du Seigneur, la jeune fille s'agenouilla avec l'ami chrétien.
Un ou deux jours plus tard, elle trouvait la paix dans la foi au Christ Jésus dont le sang précieux l'avait lavée de ses péchés, et elle pouvait se réjouir dans l'espérance de la gloire de Dieu, Lui ayant été rendue agréable dans le Bien-aimé, - sauvée pour l'éternité !

Lecteur, est-ce votre cas ? Êtes-vous sauvé ? Cette grande question, la seule chose nécessaire, est-elle réglée en ce qui vous concerne ?
Aujourd'hui si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs (Hébreux IV, 7).
Pécheur, c'est maintenant le moment favorable ; Demain n'est pas à toi ; ne retarde dont pas. Le Christ Jésus t'appelle : à sa voix adorable, Oh ! que ton coeur réponde, et viens tout misérable À Celui qui pour toi descendit ici-bas.

Il t'offre maintenant le salut et la joie,
Le repos pour ton coeur et l'attente du ciel.
Oh ! crois à son amour, laisse ta triste voie,
De peur que de Satan, ton âme étant la proie,
Ne perde pour toujours le bonheur éternel.



SIMPLES ESSAIS SUR L'ÉVANGILE

IV
UNE DIVINE RAISON.

Deux choses sont intimement liées dans le coeur de chacun de nous : l'amour-propre ou l'égoïsme, et la propre justice ou l'orgueil.
Ces deux choses nous empêchent de comprendre l'amour qui a sa source en Dieu, et qui ne trouve nullement sa raison d'être dans ceux qui en sont les objets.
La propre justice est cette disposition qui nous porte à faire valoir notre caractère. L'amour-propre est le mobile de toutes nos convoitises et de cette volonté rebelle qui ne se soumet pas à l'autorité de Dieu.

La propre justice nous engage à nous comparer avec d'autres personnes, en faisant ressortir leurs défauts et en atténuant les nôtres, et à faire valoir le principe de la loi toutes les fois que nous croyons pouvoir, par ce moyen, avancer nos propres intérêts. Le principe de la loi, c'est le talion, c'est-à-dire : « oeil pour oeil, dent pour dent » ; selon lui, le juste reçoit sa récompense, le méchant sa peine. On aime donc la loi, on la trouve bonne lorsqu'on peut appliquer ses exigences à autrui ; on ne l'aime pas, on la trouve mauvaise, lorsqu'on a le malheur d'être soi-même l'objet de ses justes demandes.
Quelle pauvre chose que la propre justice ! et cependant, qu'elle est profondément enracinée dans nos coeurs ! Aveuglés par elle, il nous est impossible de comprendre un amour qui n'est pas motivé. - « La lumière luit dans les ténèbres mais les ténèbres ne l'ont pas comprise. »

Deux effets de la propre justice se manifestent respectivement dans ceux qui sont indifférents quant au salut que Dieu offre, et dans ceux qui ont été sérieusement éveillés pour connaître leur état de péché et leur besoin d'un Sauveur.
Les premiers se flattent qu'ils ne sont pas trop mauvais. Ne se sentant pas malades, ils n'éprouvent aucun besoin du médecin. Si parfois leur conscience leur reproche quelque chose et leur fait sentir qu'ils ne sont pourtant pas en règle avec Dieu, ils se tranquillisent aussitôt par une fausse appréciation de la miséricorde de Dieu, en affirmant que Dieu est trop bon pour envoyer les hommes dans les peines éternelles ; toutefois ils se donnent bien garde de rechercher ce que Dieu dit à ce sujet dans sa Parole. Le diable aussi les tient endormis, sachant qu'aussi longtemps qu'ils se font de ses mensonges un oreiller de sécurité, ils lui seront une proie facile.

Vis-à-vis de ceux qui ont été réveillés pour apercevoir leur danger, Satan s'y prend d'une autre manière. Il se sert de leur propre justice non pas pour leur faire croire qu'ils sont assez bons, mais pour les épouvanter par la pensée qu'ils sont trop mauvais pour être sauvés.
Là première classe de personnes n'éprouve aucun besoin de la grâce ; la seconde ne sait pas en profiter parce qu'elle « ne la mérite pas ». D'une manière ou d'une autre on s'occupe de soi. C'est ce terrible amour-propre qui s'empare de nous avec une telle force que nous ne pouvons pas nous en débarrasser. Habitués à raisonner à notre point de vue égoïste, nous avons peine à suivre Jésus lorsqu'il dirige nos regards sur le Dieu vivant, et sur son amour infini.
Cher lecteur réveillé et travaillé par le fardeau de vos péchés, avez-vous jamais réfléchi à la raison pour laquelle il a fallu que le Fils de l'homme fût élevé sur la croix entre deux malfaiteurs et abandonné de Dieu dans ce moment de souffrances indicibles ?

Ah ! direz-vous sans doute, c'est à cause de nos péchés, car la justice inflexible de Dieu demandait la vie d'une victime. Dieu a dit que l'âme qui pèche, mourra. Il fallait donc que le sang coulât ; car « sans effusion de sang il n'y a pas de rémission » ; et Jésus s'est présenté comme victime volontaire pour verser son précieux sang afin que nous eussions la vie. Il a fait ainsi l'expiation de nos péchés.
Oui certes ; tout cela est vrai, Dieu en soit béni ! Mais ne voyez-vous pas que cette « raison » que vous donnez est au point de vue de la, justice ? Elle n'explique pas pourquoi Dieu a fait connaître ce moyen de salut.
Jésus nous en donne la raison, divine. Il dit : « II faut que le Fils de l'homme soit élevé (sur la croix (1)... CAR Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jean III, 14-16).
Jésus nous montre la source et la raison de la grâce dans la nature de Dieu lui-même.

Chère âme fatiguée, travaillée et chargée, ne voyez-vous pas la porte de la grâce ouverte devant vous sur le principe de la justice, il est vrai, mais ouverte selon toute la plénitude de l'amour qui ne trouve sa source qu'en Dieu seul ? Jésus savait ce que devait lui coûter le don de la grâce aux pécheurs. C'est Lui qui nous a dit pourquoi il fallait qu'il fût élevé ; c'est parce que DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE qu'il a donné son Fils unique...



LE MARIN MOURANT

Jacques du Boice avait reçu une bonne éducation ; mais poussé par l'amour des aventures et un ardent désir de voir le monde, il s'était engagé comme matelot sur un baleinier. Après une heureuse expédition, le vaisseau revenait vers la patrie.
De tous les hommes de l'équipage, aucun plus que Jacques ne se réjouissait du retour. Il croyait déjà sentir le baiser de sa mère, entendre la bienvenue cordiale de ses amis et voir leurs regards d'étonnement, leurs exclamations de surprise à la vue de tout ce qu'il apportait et à l'ouïe de ses aventures. Il passait toute son heure de quart à se représenter avec enthousiasme son retour à la maison. Pauvre garçon ! Ce ne fut qu'un rêve pour lui ; jamais il ne revit sa mère dans ce monde !

Nous étions occupés à arranger les barils d'huile à fond de cale. La mer était forte et le vaisseau tanguait lourdement, de façon à rendre la besogne fatigante et dangereuse. Le dernier baril était arrivé, quelques minutes encore et les écoutilles allaient être fermées. Du Boice arrangeait quelques morceaux de bois entre les barils d'eau, lorsque subitement, par un fort coup de roulis, l'un des barils rompit son amarrage, roula dans l'écoutille où se tenait du Boice et lui broya littéralement les jambes.

Nous portâmes notre camarade dans l'entrepont et nous bandâmes de notre mieux ses jambes brisées ; mais nous savions et lui savait aussi que ses heures étaient comptées et qu'il allait mourir. Cette nuit-là, pendant laquelle je le veillai, il ne cessa d'appeler sa mère. Oh ! cela fendait le coeur de l'entendre dans son délire répéter continuellement : « Ma mère ! ma mère ! » puis pleurer comme un enfant parce qu'elle ne venait pas.

Vers le matin il devint plus calme et parla de nouveau avec bon sens. Après m'avoir donné l'adresse de ses parents et un message pour eux, il dormit un moment. À son réveil, il me pria d'aller chercher sa Bible dans son coffre. Je la lui apportai, il l'ouvrit au premier feuillet qu'il contempla longuement ; c'était un souvenir de sa mère donné au moment du départ et sur ce feuillet elle avait écrit de sa main : « À Jacques du Boice, de la part de sa mère Sarah du Boice. »
« Maintenant lisez », dit-il en me tendant le livre.
- « Où lirai-je ? »
- « Là où il nous est dit comment se préparer pour le ciel. » J'ouvris la Bible et mes yeux tombèrent sur le psaume LI. Je commençai à le lire jusqu'à ce qu'arrivé au 10e verset : « O Dieu, crée en moi un coeur net et renouvelle au dedans de moi un esprit droit » : « Attendez, » me dit-il, « c'est justement ce dont j'ai besoin. Mais comment l'obtenir ? Matelot, c'est une chose terrible que la mort - et je vais mourir ! - Oh ! si ma mère était ici pour me dire comment m'y préparer ! » et il tremblait d'émotion.

Après un court silence, pendant lequel il sembla profondément plongé dans ses pensées, il dit : « Y a-t-il un endroit où il soit dit que des pécheurs tels que moi peuvent être sauvés ? »

Je citai le verset 15 du chapitre I de la première épître à Timothée : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. »

« O matelot ! se dit-il, « cela est bon. Pouvez-vous vous rappeler quelques autres passages ? »
Je citai encore : Hébreux, VII, 25. « Delà vient aussi qu'il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. »
« Voilà qui est clair. À présent si je savais seulement comment venir à Dieu ! »
« Comme un enfant vient à son père », lui répondis-je.
« Comment cela ? »
« Comme l'enfant croit que son père peut l'aider dans le danger, vous aussi regardez à Dieu pour être secouru maintenant ; et comme l'enfant montre sa confiance en se réfugiant auprès de son père, de même remettez-vous à Jésus en vous jetant dans ses bras. »

II resta un moment engagé dans une instante supplication auprès de Dieu, d'après les quelques paroles que je pus saisir. Puis les larmes commencèrent à couler le long de ses joues, il rouvrit les yeux et un radieux sourire illumina ses traits. Il dit alors : « II est mort pour moi. Il me pardonne... Je suis sauvé. Il peut sauver entièrement. »

Le jour paraissait : le soleil se levait dans sa royale splendeur au-dessus de l'Océan. Je tenais sa main dans la mienne et je sentis le tremblement de la mort ; puis il murmura : « II est venu, il est venu. »
« Qui ? » demandai-je.
« Jésus » fut sa dernière parole, et il s'endormit.



L'AVERTISSEMENT ACCEPTÉ

II y a quelques années, un jeune homme courait à la gare de W... pour atteindre le dernier train partant pour L... où il désirait parvenir le soir même. Au moment où il arrivait à la station, il entend le signal du départ ; il descend l'escalier en toute hâte, s'élance vers la salle d'attente, mais n'arrive que pour entendre l'employé lui dire : « C'est trop tard, Monsieur. » Les lumières s'éteignent, le dernier train était parti. Le jeune homme restait immobile de désappointement, ne sachant que faire, lorsque cette pensée s'imposa à son esprit avec une puissance invincible : « Que sera-ce de moi quand Christ viendra, si, comme maintenant, c'est trop tard pour moi, si ma dernière espérance s'est évanouie et si je reste dans l'obscurité pour toujours ? »
Cette pensée le fit frissonner, il ne pouvait s'en débarrasser. « Mais, » suggéra Satan, « que sais-tu si l'oeuvre de Christ est d'aucune utilité maintenant ? » Rentré chez lui, le coeur désespéré, il ouvrit sa Bible et son regard tomba sur ce passage : « Je ne te prie pas seulement pour eux, mais aussi pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole » (Jean XVII, 20). Ces paroles de Jésus lui en dirent assez : la lumière entra dans son âme, il ferma le livre et s'agenouilla pour rendre grâces au Seigneur de ce qu'il l'avait sauvé, et depuis ce moment il n'a jamais eu aucun doute quant à son entière acceptation devant Dieu.



POÉSIE

« Jésus-Christ, lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez. »
(1 PIERRE, I, 8.)

Esclaves du péché nous étions dans le monde,
Perdus et malheureux, sans espoir et sans Dieu ;
Tu nous vis, ô Jésus ! dans cette nuit profonde,
Sur nous ton oeil d'amour s'abaissa du saint lieu.

Pour nous tu vins mourir sur une croix infâme,
Tu subis du Dieu-Fort le terrible courroux ;
La clarté du salut resplendit dans notre âme
Et de Dieu la faveur descendit jusqu'à nous.

Et maintenant, sauvés par ta grâce ineffable,
Ici-bas dans la paix nous marchons vers le ciel.
En chantant ton amour, ô Sauveur adorable
Qui vas nous introduire au séjour éternel.

Dès ici-bas, Jésus ! notre sainte harmonie
Dans un concert d'amour s'élève jusqu'à toi,
En attendant le jour de la joie infinie,
Où la vue, ô Seigneur, remplacera la foi.
G.-L. F.



LE SANG DE JÉSUS

VI
LE SANG DE JÉSUS EST LE SEUL FONDEMENT DE LA PAIX AVEC DIEU.

« Or, l'Éternel avait parlé à Moïse et à Aaron au pays d'Égypte, en disant :
« Ce mois-ci vous sera le commencement des mois ; il vous sera le premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée d'Israël en disant : Qu'au dixième jour de ce mois, chacun d'eux prenne un petit d'entre les brebis ou d'entre les chèvres selon les familles des pères ; un petit, dis-je, d'entre les brebis ou d'entre les chèvres par famille ; - mais si la famille est moindre qu'il ne faut pour manger un petit d'entre les brebis ou d'entre les chèvres, qu'il prenne son voisin qui est près de sa maison, selon le nombre des personnes ; vous compterez combien il en faudra pour manger un petit d'entre les brebis ou d'entre les chèvres, ayant égard à ce que chacun de vous peut manger.

« Or le petit d'entre les brebis ou d'entre les chèvres sera sans tare et sera un mâle ayant un an ; vous le prendrez d'entre les brebis ou d'entre les chèvres ; et vous le tiendrez en garde jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et toute la congrégation de l'assemblée d'Israël l'égorgera entre les deux vêpres.
« Et ils prendront de son sang, et le mettront sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où ils le mangeront ; et ils en mangeront la chair rôtie au feu cette nuit-là, et ils la mangeront avec des pains sans levain et avec des herbes amères.
« N'en mangez rien à demi cuit, ni qui ait été bouilli dans l'eau ; mais qu'il soit rôti au feu, sa tête, ses jambes et ses entrailles ; et n'en laissez rien de reste jusqu'au matin ; mais s'il en reste quelque chose jusqu'au matin, vous le brûlerez au feu.
« Et vous le mangerez ainsi : vos reins seront ceints, vous aurez vos souliers en vos pieds, et votre bâton en votre main, et vous le mangerez à la hâte. C'est la pâque de l'Éternel.
« Car je passerai cette nuit-là par le pays d'Égypte et je frapperai tout premier-né au pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'aux bêtes ; et j'exercerai des jugements sur tous les dieux d'Égypte. Je suis l'Éternel.
« Et le sang vous sera pour signe sur les maisons dans lesquelles vous serez, car je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n'y aura point de plaie à destruction parmi vous quand je frapperai le pays d'Égypte. » (EXODE XII, 1-13).

Mon cher lecteur, si Dieu a réveillé votre âme et vous a fait connaître votre état de péché et de culpabilité devant Lui, peut-être pensez-vous, dans votre anxiété et votre désir de trouver la paix, que la première chose à faire est de demander à Dieu qu'il répande sur vous son Saint-Esprit. Ce n'est pas ainsi que le Seigneur nous enseigne : « C'est ici l'oeuvre de Dieu, dit-Il, que vous croyiez à Celui qu'il a envoyé » (Jean VI, 29).

La première chose à faire est donc de tourner vos regards vers l'Agneau de Dieu, car l'unique fondement de la paix avec Dieu, comprenez-le bien, c'est le sang versé sur la croix.
C'est Christ qui est mort (Romains VIII, 34) ; et qui a dit sur le Calvaire. « C'est accompli » (Jean XIX, 30). C'est de Lui qu'il est écrit : « Le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean I, 7). Ce que vous êtes donc tout d'abord appelé à faire, c'est de recevoir Christ pour votre parfait Rédempteur, afin que vous ayez « la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce » (Éphésiens I, 7).

Je ne connais rien qui me semble mieux faire comprendre ce qu'est le salut par le sang de Jésus seul, que l'aspersion du sang de l'agneau pascal sur les portes des Israélites, la veille du jour où ils furent délivrés de la servitude d'Égypte. Que mon lecteur veuille bien lire au chapitre XII de l'Exode, les treize premiers versets cités ci-dessus.
« Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » (Exode XII, 13). Le sang sur le linteau et les poteaux de la porte assurait la paix à Israël. C'était la seule chose requise pour jouir d'une paix solide, à l'abri des coups de l'ange destructeur. Dieu n'y ajoutait rien, car rien de plus n'était nécessaire pour échapper à l'épée du jugement. Dieu ne dit pas : « Quand je verrai le sang et les pains sans levain ou les herbes amères, je passerai par-dessus vous. » Non ; ces choses avaient leur place et leur valeur propres, mais elles n'étaient pas le fondement de la paix en la présence de Dieu.

Il est tout à fait nécessaire d'avoir une idée nette et claire de ce qui constitue le fondement de la paix avec Dieu. On a mêlé tant de choses à l'oeuvre du Christ, que les âmes restent plongées dans les ténèbres de l'incertitude et du doute quant à leur acceptation devant Dieu. On sait que le sang de Christ est le seul moyen de salut ; mais les démons le savent aussi et cela ne leur profite de rien. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous sommes sauvés, - absolument, parfaitement, éternellement sauvés.
On n'est pas à moitié sauvé et à moitié perdu ; en partie justifié et en partie coupable ; vivant et mort à la fois ; enfant de Dieu et enfant du diable en même temps. Non : il n'y a que deux états et nous sommes nécessairement dans l'un ou dans l'autre.

L'Israélite n'était pas moitié à l'abri et moitié exposé au glaive du destructeur. Il savait qu'il était en sûreté. Il ne l'espérait pas seulement, il n'avait pas besoin de prier pour y être placé ; il y était parfaitement. Pourquoi ? Parce que Dieu avait dit : « Je verrai le sang et je passerai pardessus vous. » II se reposait simplement sur ce témoignage de Dieu, et ainsi scellait que Dieu est vrai (Jean III, 33). Il croyait que ces paroles étaient bien l'expression de la pensée de Dieu, voilà ce qui lui donnait la paix. Il célébrait la pâque avec confiance, dans une tranquille assurance, sachant que le destructeur ne pouvait le toucher puisqu'une victime sans tache avait souffert la mort à sa place.

Supposez que l'on eût demandé à un Israélite s'il jouissait de la paix, qu'aurait-il répondu ? Aurait-il dit : « Je sais que le sang de l'Agneau est l'unique moyen d'échapper à la mort, je sais que c'est un moyen parfait et divin ; je sais aussi que le sang a été répandu et que l'aspersion en a été faite sur le linteau et les poteaux de ma porte ; cependant, je ne suis pas tout à fait tranquille. Je ne suis pas tout à fait sûr d'être à l'abri. J'ai peur de ne pas assez apprécier la valeur du sang, et de ne pas aimer le Dieu de mes pères comme je le devrais » ?

Pensez-vous que telle eût été sa réponse ? Assurément non. Combien de milliers de chrétiens de profession, cependant, qui ne tiennent pas un autre langage, quand on leur demande s'ils ont la paix ! À la place du sang de Jésus, ils mettent leur appréciation ou leurs pensées, et ainsi, de fait, ils font dépendre leur salut d'eux-mêmes, tout autant que s'ils devaient être sauvés par les oeuvres.
L'Israélite était sauvé par le sang seul, et non par ce qu'il en pensait. Ses pensées à cet égard pouvaient être profondes ou superficielles, mais quelles qu'elles fussent, elles n'avaient rien à faire avec sa sécurité. Il n'était pas sauvé par ses pensées ou par ses sentiments, mais par le sang. Dieu n'avait pas dit : « Quand vous verrez le sang, je passerai par-dessus vous, » mais « quand je verrai le sang. » Ce qui donnait la paix à l'Israélite, c'est que l'oeil de Jéhovah s'arrêtait sur le sang. Voilà ce qui mettait son coeur à l'aise. Il était dans la maison ; il ne pouvait pas voir le sang ; mais Dieu le voyait et cela suffisait pleinement.

L'application de ce qui précède à la question de la paix du pécheur est très-claire. Christ, ayant versé son sang en parfaite expiation pour le péché, en a fait l'aspersion en la présence de Dieu. Le témoignage de Dieu assure au croyant que sur cette base tout est parfaitement réglé entre Dieu et lui. Toutes les exigences de la justice divine ont été pleinement satisfaites, Le péché a été parfaitement ôté, de sorte que le plein courant de l'amour rédempteur peut couler du coeur de Dieu par la voie que lui a ouverte le sacrifice de Christ.

Le Saint-Esprit rend témoignage à cette vérité. Il présente toujours l'estime que fait Dieu du sang de Christ. Il dirige le regard du pécheur sur l'oeuvre accomplie à la croix. Il déclare que. tout est fait, que le péché a été ôté, que la justice s'est approchée, tellement qu'elle est « sur tous ceux qui croient » (Romains III, 22). Et que croient-ils ? Ce que Dieu dit parce qu'il le dit, et non parce qu'eux le sentent.
Nous sommes toujours enclins à chercher en nous-mêmes le fondement de notre paix. C'est pourquoi nous sommes disposés à regarder comme tel l'oeuvre du Saint-Esprit en nous, plutôt que l'oeuvre de Christ pour nous. C'est une erreur.
Les opérations de l'Esprit de Dieu ont leur place dans le christianisme, mais jamais notre paix n'est présentée comme dépendant de son oeuvre. Le Saint-Esprit n'a pas fait la paix : c'est Christ qui l'a faite ; il n'est pas dit du Saint-Esprit qu'il est notre paix, mais cela est dit de Christ ; Dieu ne fait pas annoncer « la bonne nouvelle de la paix par le Saint-Esprit » mais « par Jésus-Christ » (Comparez Colossiens I, 20 ; Éphésiens II, 14,17 ; Actes X, 36).

Le Saint-Esprit révèle Christ. Il nous le fait connaître, nous fait jouir et nous nourrit de Lui. Il rend témoignage à Christ ; il prend des choses de Christ et nous les annonce. Il est la puissance de communion avec Dieu ; par Lui nous sommes oints et scellés ; II rend témoignage de notre adoption, II est les arrhes de l'héritage. (Comparez Jean IV, 13, 14 ; 2 Corinthiens I, 21, 22 ; Romains VIII, 14-16 ; Éphésiens I, 13, 14). Ses opérations sont essentielles. Sans Lui nous ne pourrions ni voir, ni entendre, ni connaître, ni sentir, ni expérimenter, ni manifester rien de Christ ; sans Lui nous ne saurions jouir de tous les privilèges que nous avons en ce précieux Sauveur. Cela est clair ; tout vrai chrétien bien instruit dans la vérité le comprend et l'admet.
Malgré tout cela, l'oeuvre du Saint-Esprit n'est pas le fondement de la paix, quoique ce soit Lui qui nous rende capables de jouir de la paix. Il n'est pas notre titre à posséder la paix, bien qu'il nous révèle quel est ce titre et qu'il nous en donne la jouissance.

Le Saint-Esprit poursuit encore son oeuvre dans l'âme du croyant ; « II intercède par des soupirs inexprimables » (Romains VIII, 26). Il agit pour nous amener à une plus entière conformité avec le Seigneur Jésus-Christ. Son but est de « présenter tout homme parfait en Christ » (Colossiens I, 28). Il est l'auteur de tout bon désir, de toute sainte aspiration, de toute affection pure et céleste, de toute divine expérience ; mais l'oeuvre qu'il fait en nous et avec nous ne sera complète que lorsque nous aurons quitté la scène présente et pris nos places avec Christ dans la gloire. Telle était l'oeuvre du serviteur d'Abraham ; elle ne fut achevée que lorsqu'il eut présenté Rébecca à Isaac. (Lisez Genèse XXIV.)
Il n'en est pas ainsi de l'oeuvre de Christ pour nous. Elle est absolument et éternellement parfaite devant Dieu. Il a pu dire : « J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire » (Jean XVII, 4) -, et sur la croix : « C'EST ACCOMPLI » (Jean XIX, 30).

Le Saint-Esprit ne peut pas encore dire qu'il a achevé son oeuvre. Il a patiemment et fidèlement travaillé pendant plus de dix-huit siècles comme le vrai, le divin vicaire de Christ sur la terre. Il travaille encore au milieu de toutes les influences hostiles qui environnent la sphère de ses opérations. Il agit dans les coeurs des enfants de Dieu afin de les faire parvenir en pratique et d'une manière expérimentale jusqu'à la hauteur de leur divin modèle ; mais jamais il n'enseigne à une âme à s'appuyer sur l'oeuvre qu'il accomplit en elle, pour avoir la paix en face de la sainteté de Dieu.

Son affaire est de parler de Jésus. « II prendra de ce qui est à moi, dit Christ, et il vous l'annoncera » (Jean XVI, 14). Il ne peut que présenter l'oeuvre de Christ comme le fondement solide sur lequel l'âme doit se reposer pour toujours. Bien plus, ce n'est que sur le fondement de l'expiation parfaite accomplie par Christ qu'il peut faire sa demeure dans le croyant et y poursuivre ses opérations. « Auquel aussi ayant cru, dit l'Apôtre, vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse » (Éphésiens I, 13). Nulle puissance, nulle énergie du Saint-Esprit n'aurait pu effacer le péché, mais le sang de Jésus l'a ôté. « Le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché » ( 1 Jean I, 7).
Il est de la dernière importance de distinguer entre l'oeuvre du Saint-Esprit en nous et l'oeuvre de Christ four nous. Dans les âmes où ces choses sont confondues, il y a rarement une paix bien établie quant à la question du péché. Le type de la pâque éclaircit cette différence d'une manière très-simple.

La paix de l'Israélite n'était pas fondée sur les pains sans levain ou sur les herbes amères qu'il devait manger, mais sur le sang. Il ne s'agissait pas non plus de ce qu'il pensait relativement au sang, mais de la pensée de Dieu à cet égard. C'est là pour le coeur un immense soulagement et une consolation précieuse. Dieu a trouvé une rançon ; et, à nous pécheurs, II nous la fait connaître, afin que sur l'autorité de sa Parole et par la grâce de son Esprit, nous trouvions en elle un plein repos. Sans doute nos pensées et nos sentiments. à l'égard de cette rançon restent toujours bien au-dessous de son infinie valeur, mais puisque Dieu déclare que par elle II est parfaitement satisfait pour ce qui regarde nos péchés, nous pouvons aussi être satisfaits. Certes notre conscience peut trouver un parfait repos dans cette oeuvre où la sainteté de Dieu trouve le sien.

Mon cher lecteur, si jusqu'à présent vous n'avez pas trouvé la paix en Jésus, je vous supplie de peser sérieusement ce qui vient de vous être présenté. Voyez la simplicité du fondement sur lequel votre paix doit reposer. Dieu prend son plaisir dans l'oeuvre accomplie par son Fils et par laquelle le pécheur qui croit est fait « justice de Dieu en Christ » (2 Corinthiens V, 21). Cette justice n'est pas fondée sur vos sentiments ou sur votre expérience, mais sur le sang versé de l'Agneau de Dieu. Votre paix ne dépend donc que de ce sang précieux dont l'efficace et la valeur sont inaltérables devant Dieu.

Qu'est-ce que le croyant a donc encore à faire ? À quoi est-il appelé ? À célébrer la fête des pains sans levain, en ôtant tout ce qui est contraire à la sainteté et à la pureté de sa haute position. C'est son privilège de se nourrir de ce précieux Christ dont le sang a effacé toute sa culpabilité. Étant assuré que le glaive du destructeur ne peut pas l'atteindre, parce qu'il est tombé sur Christ son substitut, il peut dans un saint repos célébrer la fête, sous le parfait abri que l'amour lui a préparé dans le sang de la croix.

Que Dieu dans sa grâce veuille conduire tout coeur qui doute ou qui hésite encore, à trouver le repos dans le divin témoignage que renferment ces paroles : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » (Exode XII, 13).



LE SANG DE JÉSUS

 

Avant d'avoir appris qu'une sainte victime
Avait versé son sang pour effacer mon crime
Et couvrir mon forfait,
L'avenir à mes yeux apparaissait terrible,
Je redoutais l'enfer, et du Juge inflexible
L'inexorable arrêt.

Mais au pied de la croix j'ai contemplé ta face,
Là je vis de ton sang la puissante efficace,
Jésus, Agneau de Dieu !
La paix est dans mon coeur ! Je m'approche sans crainte
Du Dieu juste, et l'amour dont je connais l'étreinte
M'introduit au saint lieu.

Devant Dieu je subsiste, en sa lumière pure,
Lavé de mes péchés et de toute souillure
En ton sang précieux.
Plein do joie, en Ton nom mon coeur se glorifie ;
Je ne veux rien que Toi dont je reçus la vie
Et qui m'ouvris les cieux.

Quand, vêtus de justice et couronnés de gloire,
Les saints entonneront leur hymne de victoire
Au céleste séjour,
À leurs voix, mon Sauveur, unissant mon cantique,
De ta mort proclamant la vertu magnifique,
Je dirai ton amour.


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique



Page précédente:
SIMPLES ESSAIS SUR L'ÉVANGILE - I & II - « DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE. »
LES SCRIBES ET LA TRADITION
JÉSUS LE NAZARÉEN PASSAIT
LE SANG DE JÉSUS - IV - LETTRE TOUCHANT L'EFFICACE DU SANG DE JÉSUS
« GUÉRIS PAR SA MEURTRISSURE. » - LE NOM DE JÉSUS
SIMPLES ESSAIS SUR L'ÉVANGILE - III - « DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE. »
LE SEMEUR, LA SEMENCE ET LE SOL
LES PROMESSES DE SATAN
Page suivante:


(1) Comparez Jean XII, 32, 33.

 

- haut de page -