SERMONS
SERMON V
SUR LES BONNES NOUVELLES APPORTÉES PAR LE
SAUVEUR.
Que les
pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles et
qui publie la paix sur les montagnes, sont
beaux ! de celui qui apporte de bonnes
nouvelles, qui publie le salut, et qui dit à
Sion : Ton Dieu règne.
Esaïe LII. 7.
Pour le jour de Noël.
C’était souvent la coutume des
Prophètes, lorsqu’ils
annonçaient des délivrances
temporelles, de profiter de ces occasions pour
diriger la vue des Israélites vers des
bénédictions d’un ordre plus
relevé, dont les bénédictions
temporelles étaient l’image. Ainsi
David semble quelquefois ne penser qu’à
célébrer la gloire du règne de
son fils Salomon, mais bientôt l’Esprit
prophétique le conduit à
considérer quelque chose de plus grand
encore ; il contemple le Messie assis sur son
trône qui est à toujours et
à perpétuité,
prospérant dans sa magnificence,
monté sur la Parole de vérité,
de débonnaireté et de justice,
opérant par sa droite des choses
merveilleuses et célébré
à jamais par les peuples qu’il a
bénis.
(Ps. XLV. 7.
18.)
- Ainsi encore Esaïe, voyant en esprit le
peuple d’Israël mené captif
à Babylone, et délivré ensuite
par la puissance et les conquêtes de Cyrus,
prend tout-à-coup un essor plus sublime et
entrevoit une plus grande délivrance.
C’est alors que plein d’un saint
transport et d’une joie vraiment
céleste, il s’écrie comme
s’il voyait déjà les promesses
réalisées :
Réveille-toi, réveille-toi,
Sion ; revêts-toi de ta force,
Jérusalem, ville sainte ;
revêts-toi de tes vêtements
magnifiques ; car désormais
l’incirconcis et le souillé ne
passeront plus au milieu de toi. Jérusalem,
secoue la poudre de dessus toi, lève-toi et
t'assieds ; délie les liens de ton cou,
fille de Sion qui étais captive. Car ainsi a
dit l’Éternel : Vous avez
été vendus pour néant ;
vous serez aussi rachetés sans argent.
C’est pourquoi, mon peuple connaîtra mon
nom ; c’est pourquoi, il connaîtra
en ce jour-là, que c’est moi qui ai
dit : Me voici. Que les pieds de celui qui
apporte de bonnes nouvelles, et qui publie la paix
sur les montagnes, sont beaux ! de celui qui
apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut,
et qui dit à Sion : Ton Dieu
règne !
(Esaïe LII. 1. 2. 3.
6. 7.) - Quel est-il, ce glorieux
messager de bonnes nouvelles que le Prophète
aperçoit dans les profondeurs de
l’avenir ? À la description
qu’il en fait ensuite, il est impossible de
méconnaître Jésus-Christ :
le tableau est tellement frappant, que hors
Jésus-Christ, il n’y a rien qui y
ressemble, dans toute la suite des siècles.
Et ce qui ne nous laisse d’ailleurs aucun
doute sur le sens que nous devons donner aux
paroles de notre texte, c’est que St. Paul,
dans son Épître aux Romains, en fait
une application directe à la publication de
l’Évangile
(1)du Sauveur.
Or dans ce jour, qui nous rappelle la naissance de
ce bon Maître ; dans ce jour qui
correspond à celui où le Fils
Éternel du Très-Haut s’humilia,
et se fit pauvre, afin que par sa
pauvreté nous fussions rendus riches,
(2. Cor. VIII. 9.) nous avons
pensé que le développement de ces
belles paroles du Prophète, pourraient
contribuer à porter la paix dans les
âmes troublées et à ranimer la
joie de celles qui connaissent déjà
leur Seigneur. - Dans ce but nous vous
montrerons.
1°. qui sont ceux parmi vous qui ont encore
besoin d’entendre de bonnes
nouvelles ;
2°. quelles sont les bonnes nouvelles que
Jésus-Christ nous a apportées. - Ce
sera là tout le sujet de ce discours.
Mon Dieu ! les temps s’écoulent.
les années s’achèvent, nos
fêtes se succèdent, la proclamation du
salut se répète sous ces voûtes
saintes et les coeurs semblent encore ne pas le
comprendre et rester insensibles aux
témoignages de ton amour. - Oh ! si
dans ce jour, ce salut immense pouvait être
saisi par quelques âmes ! si elles
pouvaient comprendre combien tu les as
aimées en ton Fils, et qu’en ton Fils
tu veux les rendre heureuses ! - Parle-leur
toi-même, Seigneur ! Parle-leur pendant
que ma voix mortelle et vaine ira se briser contre
les pierres de cet édifice.
Toi seul peux fléchir les coeurs et y mettre
la bénédiction ; fais la
descendre à cette heure. Amen !
I. Comme nous vivons au milieu d’un
peuple qui porte le nom de Chrétien et qui
possède l’Évangile, il peut
paraître superflu à quelques-uns
qu’on vienne leur annoncer de bonnes
nouvelles, qu’ils ont entendues dès
longtemps. - À cela nous répondrons,
que la question n’est pas de savoir si les
bonnes nouvelles ont été entendues,
mais si elles ont été saisies avec
foi et si elles ont pénétré
dans les coeurs. Il y a une très grande
différence entre une doctrine entendue et
une doctrine reçue dans l’âme. La
doctrine frappant les oreilles de l’homme
n’est qu’une chose purement
extérieure et qui peut ne laisser aucune
trace ; mais si la doctrine entre dans une
âme avide et docile, alors elle change
salutairement cette âme, et la fait passer de
la mort à la vie. - Or, M. C. F., en
envisageant les choses sous ce point de vue, ne
pouvons-nous pas dire, qu’il en est encore un
bien grand nombre parmi vous qui ont besoin
d’entendre de bonnes nouvelles ?
Il en est d’abord plusieurs que l’on peut
ranger dans la classe des pécheurs vraiment
scandaleux, qui s’abandonnent à leurs
penchants sans honte ni contrainte et dont toute la
conduite porte l’empreinte d’une affreuse
révolte contre le Seigneur : ce sont
ces hommes sans principes, ces
débauchés, ces injustes, ces
profanateurs de tout ce qui est respectable et
sacré. Ils ne paraissent pas ordinairement
dans cette enceinte, mais quelques-uns, du moins, y
seront venus dans ce jour.
Hé bien ! âmes
dégradées et perdues ! si
détournant un moment vos pensées des
objets de vos passions et de ce monde visible qui
vous enchaîne, vous voulez vous replier sur
vous-mêmes et examiner votre condition dans
sa réalité, aurez-vous sujet
d’en être satisfaits et de dire que vous
n’avez besoin ni de bonnes paroles, ni de
nouvelles salutaires ? - Hélas !
vous ne pouvez vous dissimuler, quelles tristes
conséquences doit nécessairement
avoir une vie comme la vôtre. Il y a un ordre
invariable dans le monde moral, comme dans le monde
matériel. Là où habite le
bien, là repose la
bénédiction ; mais là
où habite le mal, la peine du
péché est à la
porte ;
(Gen. IV. 7.) Dieu ne peut être
moqué ; il faut que ses lois aient leur
cours et ce ne sont pas de chétives
créatures comme vous qui y changeront rien.
Il y a donc une éternité de malheur
qui vous menace, et les secrets remords que vous
fait éprouver notre conscience, sont des
avant-coureurs de cette misère sans bornes,
qui attend celui qui aura méprisé
jusqu’au bout le conseil de Dieu. Si donc vous
considérez votre état présent,
hélas ! il est bien loin de cette douce
paix, de ce calme heureux, de ce contentement dont
nos âmes sont si avides, et si vous jetez les
yeux sur l’avenir, vous n’y voyez pour
vous que l’ange de la destruction, qui
s’avance environné de foudres
vengeresses. - Pauvres pécheurs ! vous
êtes donc bien malheureux, puisque le
présent ne vous offre qu’un
étourdissement passager et l’avenir
qu’une éternité sans
espérance.
- Oh ! si quelque voix secrète
adressée à vos âmes, venait
rendre cette perspective moins sombre ! Si
quelque messager céleste venait vous
communiquer une espérance qui semble
à jamais perdue pour vous ! Si au lieu
de ces flammes dévorantes et de ces ardeurs
éternelles que vos âmes pressentent
déjà, un ange de paix venait vous
montrer un Dieu de miséricorde prêt
à vous recevoir après tant de fautes
et d’égarements ! Le
repousseriez-vous loin de vous ? Ne
l’accueilleriez-vous pas avec transport ?
Seriez-vous insensible à l’idée
de rentrer en grâce auprès de votre
Dieu, de voir la maison paternelle des Cieux se
rouvrir pour vous et l’aurore des joies
éternelles briller encore à vos
regards ? Pauvres malheureux qui semblez
être perdus sans retour, ne
relèveriez-vous pas alors votre tête
abattue ? N’ouvririez-vous pas notre
âme pour recevoir ces bonnes nouvelles et
pour bénir celui qui vous les apporterait de
la part du Seigneur ?
Mais ce ne sont pas seulement ces pécheurs
audacieux qui doivent sentir le besoin
d’entendre de bonnes nouvelles, les âmes
tièdes et languissantes doivent aussi
l’éprouver quelquefois. Vous
comprendrez sans doute, M. C. F., qui sont ceux que
je veux désigner par cette
dénomination de tiède. Ce sont
ceux pour qui la Religion n’est qu’un
accessoire dans la vie et le monde
l’essentiel, ceux qui sans être
tombés dans ces crimes qui excitent une
indignation générale, sont cependant
entachés de ces péchés
d’habitude qui s’accumulent chaque jour
d’une manière effrayante, sans que ceux
qui les commettent paraissent y prendre garde ou en
sentir la gravité :ce
sont, en un mot, ces gens qui sans afficher une
rébellion ouverte, n’ont cependant, ni
soumission, ni amour pour Dieu, et dont la conduite
habituelle, sans avoir rien au premier abord qui
effraie, n’en contient pas moins le principe
de la mort. - O vous que renferme cette classe
nombreuse ! vous devez aussi sentir vos
besoins, quoique vous cherchiez à vous les
déguiser. Le souvenir de ces
péchés, que vous avez commis et qui
tous sont écrits dans le Livre
éternel, laisse toujours quelque trouble en
votre âme : vous sentez que la
majesté de Dieu serait violée et
l’ordre qu’il a établi
bouleversé, si de tels égarements
passaient sans avoir des conséquences
malheureuses pour les coupables ; et en vain
cherchez-vous à calmer vos
inquiétudes toujours renaissantes, par
l’idée d’une vague
miséricorde, vous n’en possédez
ni le témoignage ni l’assurance, et la
paix est bien loin de vous. - Oui, je ne voudrais
pour preuve de votre besoin impérieux de
bonnes nouvelles, que l’état
misérable de votre coeur, qui ne trouve
nulle part le repos. Le trouvez-vous ce repos, dans
le soin de vos affaires et dans les travaux de
votre vocation temporelle ? - Non, car vous
savez que c’est peu de chose pour nous que
la nourriture qui périt, qu’il
en est une autre plus nécessaire et plus
excellente. - Le trouvez-vous dans le silence de la
solitude ?
- Non, car vous y êtes vis-à-vis de
vous-mêmes, et cette vue n’excite en
vous que le mécontentement et l’ennui.
- Le trouvez-vous ce repos, dans l’affection
de ceux qui vous environnent ? Non, car vous
sentez que dans l’état où vous
êtes ces affections d’ailleurs si
douces, portent avec elles un ver rongeur. - Le
trouvez-vous enfin ce calme précieux, dans
les distractions et les plaisirs du monde ? -
Hélas ! vous l’entrevoyez sans
doute, tout ce petit bruit va bientôt finir
et s’éteindre au milieu des ruines. Une
voix de destruction sort de tout cela, les
choses visibles vont passer, les
invisibles vont paraître, et bien loin
de vous réjouir, cette idée vous
trouble et vous attriste. Toute pensée qui
se rapporte à cet ordre mystérieux
vous inquiète, vous n’aimez pas
à la rappeler, elle vous inspire un malaise
que vous ne savez pas définir, et que vous
ne pouvez vaincre. - Qu’y a-t-il donc, ô
mortels ! qui vous effraie dans cette grande
perspective des choses futures et du monde nouveau
qui va remplacer le premier ? - Ah !
c’est qu’il ne vous est venu encore de
ces régions cachées que des
présages de malheur ; vous n’en
avez pas reçu encore de bonnes nouvelles,
car celles qui vous ont été
annoncées, ont été
repoussées par votre état
d’étourdissement. Elles demeurent
pourtant encore ces bonnes nouvelles, et vous en
avez bien besoin ; elles vous calmeraient,
elles ranimeraient votre âme, elles
rempliraient cet abîme de désirs, que
renferme votre coeur inquiet et que rien
jusqu’ici n’a pu combler.
Si vous pouviez vous les approprier, si le message
céleste pouvait enfin pénétrer
dans votre âme, si vous demandiez à
Dieu avec ardeur de l’y faire descendre !
Oh ! quel serait votre transport ! Quelle
douce allégresse viendrait animer vos
regards ! Avec quelle vivacité votre
bouche l’exprimerait et dirait : O
qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui
apportent de bonnes nouvelles ! O
qu’heureux sont ceux à qui le Seigneur
daigne les faire entendre et donner enfin le
repos !
Parmi ceux qui éprouvent le besoin de bonnes
nouvelles, distinguons enfin ces personnes
douées de quelque sincérité et
de certains bons sentiments ; qui veulent le
bien, qui ont la conscience de la grandeur de leur
destination, mais qui s’agitent en
elles-mêmes sans pouvoir avancer et sans
trouver cette route sûre qui conduit à
la paix de Dieu. Ces personnes font souvent
beaucoup de bien autour d’elles, on les voit
compatissantes pour leurs semblables et
empressées à les soulager, mais elles
font ces actions louables sans en rendre gloire
à Celui de qui procède toute bonne
donation et avec une certaine sécheresse
d’âme, qui flétrit tout ce qui en
sort. Souvent elles croient que ces oeuvres sont
suffisantes pour les tranquilliser sur leur avenir,
mais d’autrefois elles ne peuvent
s’empêcher de tenir le langage du
Psalmiste : O mon âme ! tu as
dit à l’Éternel, tu es le
Seigneur ! le bien que je fais ne vient point
jusqu’à toi,
(Ps. XVI. 2.)
c’est-à-dire, est trop imparfait et
souillé pour me faire subsister en ta
présence.
D’ailleurs, ces personnes sont averties par
leur état intérieur, qu’il y a
encore une réalité, un bien,
qu’elles ne possèdent pas. Elles savent
que la vie de l’âme doit être
l’amour de son Dieu la confiance en lui, le
sentiment de ses compassions, de sa bonté,
de sa présence, et elles ne reconnaissent
point en elles-mêmes de tels
caractères. Elles ne trouvent le plus
souvent dans leur âme qu’une
tiédeur pénible, point de joie, point
d’assurance, rarement quelque élan de
désir vers la patrie céleste
après laquelle le fidèle doit
soupirer. La prière est pour elles, pleine
de contrainte et de tristesse, il n’y a rien
qui la relève et qui la vivifie,
l’Écriture Sainte leur semble un livre
obscur, qu’elles lisent plutôt par
devoir que par besoin. Dans les tentations elles
n’ont aucune énergie ; dans
l’adversité elles n’ont ni
résignation, ni confiance ; tout leur
fait comprendre qu’elles n’ont pas encore
la vie chrétienne dans le coeur, que quelque
chose d’important leur manque : ce
quelque chose, c’est la bonne nouvelle qui
peut seule les régénérer et
leur donner la vraie paix. - Âmes
immortelles ! prenez confiance : le
Seigneur prépare ses voies au dedans de vous
et ne tardera pas à vous bénir.
Défiez-vous seulement de l’influence
des préjugés et de
l’orgueil ; attachez-vous à lire
l’Évangile avec simplicité et
avec confiance ; ne craignez pas d’entrer
profondément dans la connaissance de vos
misères ; demandez à Dieu de
vous les révéler tout entières
et de vous donner de les sentir ; soupirez,
gémissez au pied de son trône, en le
suppliant d’accomplir ses desseins dans vos
coeurs, et il les accomplira en effet, en vous
donnant de saisir son salut.
- Mon Dieu ! dispose-les toi-même,
à entendre la bonne nouvelle de ta
Grâce.
II. Consolez, consolez mon peuple, a
dit votre Dieu, parlez à Jérusalem
selon son coeur et criez-lui, que son temps
marqué est accompli, que son iniquité
est acquittée, qu’elle a reçu au
double de la main de l’Éternel, la
peine de tous ses péchés.
(Esaïe XL. 1. 2.) Telle est la
voix que le Seigneur nous ordonne de faire retentir
aujourd’hui dans son sanctuaire. Il veut que
nous vous annoncions toutes l’étendue
de son amour pour vous, que nous publiions ses
miséricordes et que vous soyez
consolés. Et quel doit être le sujet
de votre consolation et de votre joie ? -
C’est l'événement que ce jour
nous rappelle, la manifestation du Fils de Dieu en
chair et les bonnes nouvelles, qu’il nous a
apportées. C’est ce Fils adorables que
le Prophète voyait, si longtemps à
l’avance descendre sur les montagnes de
Judée, c’est lui dont il
célébrait la venue, quand il
disait : Que les pieds de Celui qui apporte
de bonnes nouvelles et qui publie la paix sur les
montagnes, sont beaux ! de Celui qui apporte
de bonnes nouvelles, qui publie le salut et qui dit
à Sion : Ton Dieu règne. -
Esaïe mentionne dans ce passage trois bonnes
nouvelles apportées par Jésus-Christ
au monde, 1°. le salut, 2°. la paix,
3°. le règne de Dieu.
D’abord, le salut. Quel salut ? -
Le salut de nos âmes, la délivrance de
la mort seconde, le rétablissement de nos
privilèges comme enfants de Dieu.
Ce salut, qui doit être l’objet de nos
premiers désirs, qui est la seule chose
nécessaire ; ce salut est fait, les
péchés sont expiés, Dieu
lui-même est venu racheter son peuple. Car
Dieu a tant aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui, ne périsse point, mais
qu’il ait la vie éternelle.
(Jean III. 16.) Le Fils de
l’homme est venu chercher et sauver ce qui
était perdu.
(Luc XIX. 10.) et en lui, nous
avons la rédemption par son sang, savoir la
rémission des péchés, selon
les richesses de sa grâce.
(Ephés. I. 7.) - Pour se faire
de juste idées de ce salut et de la
manière dont nous devons nous
l’appliquer, représentez-vous, M. F.,
une foule de sujets révoltés contre
leur Souverain et condamnés par les lois
à la mort. Ils sont errants çà
et là, sans asile, sans ressource et sans
espérance : l’entrée de
leur patrie leur est fermée à jamais.
Mais voici que le Fils du Monarque offensé
ose intercéder pour eux et demander
qu’ils soient reçus en grâce.
Alors, les entrailles paternelles du Monarque
s’émeuvent ; la pitié
qu’il éprouve pour ces
misérables, l’espoir qu’une mesure
de douceur les fera rentrer en eux-mêmes et
surtout la médiation de ce Fils
Bien-aimé, le décident à
accorder une amnistie pleine et entière.
Le Fils lui-même vient l’annoncer
à ceux qui en sont les objets et leur donner
par sa présence une preuve non
équivoque des intentions bienveillantes de
son Père ; puis il
envoie de toutes parts des messagers pour inviter
les fugitifs à se confier à la parole
souveraine et à rentrer dans leur patrie et
dans leurs privilèges. Les uns ajoutent foi
à ce message de miséricorde et
retournent ; d’autres dont le coeur est
incapable de soumission et
d’obéissance, persévèrent
dans leur rébellion et veulent rester en
état de guerre jusqu’à la
mort.
- L’avez-vous compris, ô
pécheurs ? ce monarque offensé,
c’est Dieu ; ces sujets
révoltés, c’est vous ; le
Fils unique qui intercède, c’est
Jésus-Christ, qui a scellé la
médiation de son sang ; l’offre du
pardon, c’est le message de paix qu’il a
apporté sur la terre ; et la question
est maintenant de savoir, si vous voulez croire
à cette bonne nouvelle et aller vous jeter
aux pieds de votre Souverain Maître, ou bien
mépriser sa bonté paternelle et
rejeter à jamais son pardon. - Oui, mes
chers auditeurs, ce n’est plus d’obtenir
ce pardon, qu’il est ici question ; il
est obtenu ; Dieu l’a accordé dans
son infinie miséricorde ; et la
présence de son Fils sur la terre, les
assurances qu’il nous a laissées, son
sacrifice et son élévation dans la
gloire, en sont des preuves suffisantes. Mais
voulez-vous croire à ce pardon ? le
recevoir avec humilité, ouvrir vos coeurs
à cette infinie clémence ? ou
voulez-vous encore vous endurcir ? Morts
dans vos fautes et dans vos
péchés,
(Ephés. II. 1.) pourriez-vous
rester insensibles aux immenses richesses de
grâce, dont Dieu use envers vous pas
Jésus-Christ ?
(Eph. II. 7.) et ne vous
laisseriez-vous pas une fois fléchir par
l’amour éternel qu’il a eu pour
ses enfants ?
- Oui, pauvres enfants séparés
d’un Père si tendre, ouvrez enfin votre
âme à la douce confiance qu’il
veut y placer lui-même, appropriez-vous une
fois ces assurances multipliées de
grâce, qu’il vous donne dans sa Parole,
et dites avec la foi de St. Paul
réconcilié et pardonné :
Cette parole est certaine et digne
d’être entièrement reçue,
que Christ est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs, dont je suis le premier. Mais
miséricorde m’a été
faite.
(1. Timoth. I. 15. 16.) O heureuse
l’âme qui croira cette bonne
nouvelle ! Heureuse l’âme qui
écoutera avec foi les paroles de salut et
d’amour, que lui adresse le Fils de
Dieu ! Elle connaîtra et goûtera
la paix. La paix ! oui, la paix ! non pas
celle que le monde donne, mais la paix avec
le Seigneur, laquelle est au-dessus de toute
intelligence et durera
éternellement.
Cette paix qui était le second objet de la
joie du Prophète, doit résulter
nécessairement de la connaissance
qu’ont les âmes, du salut qui leur est
acquis. Quand nous avons cru à la
bonté ineffable de Dieu qui nous rappelle
malgré notre révolte, et
qu’encouragés par ses invitations
réitérées, nous sommes
allés, comme l’enfant prodigue, nous
humilier devant lui et reconnaître combien
nous étions indigne d’un si grand
bienfait ; oh ! qui pourrait exprimer
l’heureux calme qui entre alors dans notre
âme oppressée ! qui pourrait dire
le bonheur d’un pauvre pécheur, qui
sent qu’il n’est plus l’ennemi de
Dieu, mais qu’il est redevenu son
enfant !
- Il est si doux alors de s’approcher de lui
et de penser à lui ; nous ne sentons
plus cette barrière qui
s’élevait entre nous et la souveraine
Justice ; non, elle est ôtée, la
réconciliation est opérée,
Christ a tout accompli. C’est dans
cette pensée que le coeur de l’homme
trouve son repos. Il ne craint plus rien, parce
qu’il sent son Dieu qui l’appuie, qui le
fortifie et qui l’encourage. À
l’abri de la croix, qu’est-ce qui
pourrait encore le troubler ? - Les tentations
du monde ? - Elles sont sans doute
dangereuses, mais non pas pour le disciple
fidèle qui s’assure sur Celui qui a
vaincu le monde. - Les afflictions,
l’adversité ? - Mais, il sait de
manière à ne pas pouvoir en douter,
que toutes choses contribuent ensemble au bien
de ceux qui aiment Dieu.
(Rom. VIII. 28.) -
L’avenir ? - Mais, elle conduit à
l’Éternité. - Oh! qu’elle
est belle cette Éternité pour le
racheté de Jésus! Comme elle rayonne
de lumière et de gloire !
C’est-là que son adoption sera rendue
complète, que ses chaînes pesantes
tomberont et que Dieu lui sera pleinement
révélé ; là, son
âme sera transformée pour devenir
conforme à l’image de son
Bien-aimé ; là, il sera avec les
célestes intelligences, qui boivent à
longs traits les eaux vives et qui servent
l’Éternel nuit et jour ;
là, sa joie sera rendue parfaite et il
connaîtra comme il a été connu.
(1. Cor. XIII. 12.) Oui, ô mon
Dieu ! voilà ta paix, la
précieuse paix que tu donnes à ceux
qui sont tiens.
Ah ! jusqu’à quand sera-t-elle
méprisée par tant de pauvres
âmes qui se précipitent à leur
perte !
Le dernier sujet de réjouissance pour le
Prophète, c’est la venue du
règne de Dieu. Par-là, il ne
faut pas entendre, la domination de Dieu sur
l’univers ; on ne pourrait pas en faire
l’objet d’une bonne nouvelle, puisque
cette domination existe dès le commencement
et ne peut pas changer. Mais, il s’agit ici du
règne de Dieu dans les coeurs.
Hélas ! ces tristes coeurs,
n’obéissent pas au Seigneur, comme le
reste de la nature. Si l’Eternel
considère les cieux, l’ouvrage de ses
mains, il voit le soleil achevant sa course comme
aux jours anciens et les autres astres rouler dans
les bornes qui leur ont été
prescrites. S’il considère cette terre,
il voit la matière brute soumise, les arbres
et les plantes donner leur fruit en leur temps, les
animaux suivre leur instinct selon les lois
qu’il leur a assignées. L’homme
seul s’est détourné de son
Créateur et s’est soustrait à
son empire ; l’homme seul a
élevé une voix de rébellion
parmi toutes les créatures qui sont sous nos
yeux. Et comment Dieu veut-il le ramener ? -
C’est en lui faisant annoncer son pardon. Or
ce pardon, Christ nous l’a apporté et
l’a scellé de son propre sang. - Si
vous le croyez ce pardon, M. C. F., si votre coeur
s’ouvre pour en recevoir le témoignage
et l’assurance ; alors commencera
vraiment le règne de Dieu dans vos
âmes, parce qu’il vous sera impossible
de ne pas aimer Celui dont vous aurez
éprouvé les immenses bontés.
Oui, M. C. F., si vous recevez le pardon gratuit
que vous apporte le Sauveur, si vous le recevez
avec l’élan d’une âme qui ne
voit nulle part ailleurs de refuge, ni
d’espérance ; si vous dites :
“Mon Dieu ! tes compassions sont
infinies, je crois à
l’Évangile de ta grâce, je
crois que tu me pardonnes en ton Fils, ” vous
ferez l’heureuse expérience de ce que
c’est que le Règne de Dieu en nous.
Vous aimerez ce bon Dieu qui vous a cherchés
comme sa brebis perdue, vous l’aimerez de
toutes les puissances de votre âme qu’il
aura sauvée, vous garderez avec
délices le souvenir de ses bienfaits, vous
désirerez de lui en témoigner votre
reconnaissance et pour cela vous vous attacherez
à faire toutes les oeuvres qui lui sont
agréables. - Croyez donc seulement à
la miséricorde paternelle de votre Dieu,
ô âmes jusqu’ici sans vie !
c’est là la base de votre
renouvellement et d’une conversion
véritable : vous ne pouvez pas aimer
Dieu, tant que vous craignez sa
colère ; vous ne pouvez avoir que le
tremblement des esclaves qui redoutent le
châtiment ; mais croyez au salut
qu’il offre aux pécheurs, et votre
coeur sera tout à lui.
Sauveur adorable et miséricordieux !
qui t’es donné toi-même pour ton
peuple, afin de le racheter de
l’éternelle mort ! regarde en tes
compassions cette partie de ton
héritage ; vois combien est encore
petit parmi nous, le nombre de ceux qui ont cru aux
bonnes nouvelles et qui ont été
amenés captifs à ton
obéissance. O toi donc, à qui seul
appartient d’abattre les forteresses qui
résistent !
Ouvre au milieu de ce peuple une porte
que personne ne puisse fermer ; (Apoc.
III. 8.) fais retentir dans les âmes
éperdues la proclamation du pardon ;
encourage celles qui chancellent et qui
n’osent encore prendre confiance ;
éclaire celles qui sont aveuglées par
les préjugés et par l'erreur ;
augmente, Seigneur ! ton troupeau
fidèle : que ton règne
vienne !
(Matth. VI. 10.) Amen !
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