SERMONS
SERMON VI
SUR LA CONDUITE DES HOMMES A L'ÉGARD DE LA
VÉRITÉ.
Et les
hommes de Ninive crurent à Dieu et ils
publièrent un jeûne, et se
vêtirent de sac, depuis le plus grand
d’entre-eux, jusqu’au plus
petit.
Jonas III. 5.
La parole de l’Éternel fut
adressée à Jonas et il lui dit :
Lève-toi et t’en va en la grande ville
de Ninive, et crie contre elle, car sa malice est
montée jusqu’à moi. Mais Jonas
se leva pour s’enfuir à Tarscis de
devant la face de l’Éternel ; et
il descendit à Japho, où il trouva un
navire qui allait à Tarscis, et ayant
payé son passage, il y entra pour aller avec
eux à Tarscis, de devant la face de
l’Éternel.
(Jonas 1. 1-3.) Il n’est
peut-être aucun ministre de Christ, qui
à l’approche de ce saint jour,
n’éprouve une tentation semblable
à cette qui amena cette
désobéissance du Prophète.
Oui, quand ce temps solennel arrive, notre coeur
s’émeut, notre âme se trouble, en
pensant à la charge qui nous est
imposée, et accablés sous ce fardeau,
nous nous écrions avec
Jérémie : Plût à
Dieu que j’eusse au désert une cabane
de voyageurs ! j’abandonnerais mon
peuple, et je me retirerais d’avec lui :
plût à Dieu que ma
tête se fondit en eaux et que mes yeux
fussent une vive fontaine de larmes ; et je
pleurerais jour et nuit les blessés à
mort de la fille de mon peuple !
(Jér. IX. 1. 2.)
Que faut-il faire en effet dans ce jour ?
Déclarer à Jacob son
forfait et à Israël ses
péchés ; adresser des
paroles sévères et des menaces
effrayantes à ceux qui nous sont si chers et
à qui nous ne voudrions adresser que des
paroles de bénédiction ;
examiner de près l’état moral du
peuple, sonder ses plaies, dissiper toutes ses
illusions et lui montrer la gangrène qui le
dévore ; l’exhorter avec angoisse
et avec tremblement, à ne pas
persévérer dans cette voie de
perdition, le conjurer de venir à son
Père, à son Sauveur et à son
Dieu, en pleurant sur ses fautes et en croyant
à la miséricorde qui lui est offerte.
Mais adresser ces exhortations, faire entendre
cette voix suppliante, avec le triste pressentiment
qu’elle sera comme l’airain qui
résonne, qu’elle
pénétrera dans bien peu de coeurs, et
qu’après un beau semblant de quelques
heures, la plupart des pécheurs
céderont de rechef au sommeil et se
recoucheront dans leurs tombeaux ! - Oui,
ô M. F., telle est notre pénible
charge et notre douloureuse perspective ;
cependant malheur à nous
(1. Cor. IX. 16.) si nous refusions
de porter le message. La main de
l’Éternel saurait nous atteindre, comme
elle atteignit Jonas, et nous aurions à
rendre compte de notre rébellion à
celui qui nous ordonnait de parler.
Nous parlerons donc, nous ne nous
épargnerons point, soutenus par la
pensée que nous faisons l’oeuvre du
Seigneur, et que, malgré tant
d’expériences pénibles, nous ne
devons jamais désespérer des
âmes. Peut-être cette journée
sera-t-elle plus bénie que tant
d’autres ; peut-être qu’elle
sera précieuse devant l’Éternel
et que son Esprit brisera quelques coeurs ;
peut-être nous réserve-t-il dans ce
jeûne, vraisemblablement le dernier que nous
célébrerons avec vous, la douce
consolation de voir des fruits réels et
solides produits par la prédication de sa
Parole.
O mon Dieu ! ta miséricorde est immense
et ta grâce peut tout sur leurs coeurs.
Parais Seigneur ! et tes ennemis seront
dispersés ; parais Seigneur ! et
ceux qui veulent perdre tes enfants, seront comme
la fumée que le vent emporte ; que ton
épée à deux tranchants
pénètre dans les âmes et
fasse trembler le pécheur ; qu’il
se réveille pour voir son danger, pour
recourir à toi avec angoisse et avec larmes
et pour connaître son Sauveur. O Dieu !
écoute-nous ! O Dieu !
guéris-nous et nous serons
guéris ; sauve-nous et nous serons
sauvés ; car tu es notre louange.
(Jér. XVII. 14.)
Amen !
C’est l’exemple des Ninivites, que nous
voulons, avec l’aide de Dieu, proposer
à votre méditation. Nous verrons:
1°. en quoi notre état peut ressembler
au leur,
2°. quel message leur fut adressé,
3°. comment ils le reçurent,
4°. quelles en furent les heureuses
conséquences.
I. Ninive était la capitale de
l’Empire d’Assyrie. Cette ville,
très considérable par sa population
et par ses richesses, était devenue
très corrompue. Le Prophète Nahum
l’appelle une ville de sang, pleine de
rapine et de mensonge.
(Nahum III. 1.) En un mot, on y
trouvait tous les désordres qui se
rencontrent d’ordinaire au milieu d’une
population nombreuse et païenne. Ce fut,
lorsqu’elle était dans cet état
déplorable, que le Seigneur envoya Jonas
pour l’avertir du sort qui la menaçait.
- Le Seigneur veut aussi, M. F., que vous
connaissiez votre état et vos dangers,
pendant que le temps de sa patience dure encore, et
c’est de sa part que nous vous conjurons
d’examiner vos voies avec
sincérité ! Nous ne trouverons
hélas ! que trop de rapports entre nous
et les Ninivites. Pour mieux fixer vos idées
à cet égard, considérons
successivement les individus, les familles et
l’ensemble de la population.
Parmi les individus, il en est d’abord une
classe qui me frappe, comme vivant sans Dieu et
sans espérance au monde.
(Eph. II. 12.) Nous les rencontrons
bien dans les rues, nous les voyons à leurs
ateliers, à leurs métiers, à
leur trafic ; quand le dimanche arrive nous
les voyons le matin continuer leur travail et leurs
affaires journalières, à
d’autres heures, nous les observons sur les
chemins, ou à l’entrée des lieux
de dissipations et de débauche ; mais
jamais, ou presque jamais, nous n’avons la
consolation de les voir ici, et rien
d’ailleurs ne nous porte à croire
qu’ils servent Dieu dans
l’intérieur de leurs demeures.
Cependant, la vie passe, la mort approche pour eux
comme pour nous, il est impossible
d’échapper, il faut aller rendre
compte ; et que deviendront-ils à cette
heure redoutable ? Hélas ! nous
n’osons y penser. Nés dans un pays
chrétien, ils paraîtront devant le
trône, comme ces pauvres païens,
à qui la lumière n’a jamais
lui : mais que dis-je, comme des
païens ? au moins les païens
dans leur ignorance et leur aveuglement, cherchent
une sorte de lumière et essayent de
manifester leur gratitude envers le Dieu
qu’ils ne connaissent pas ; mais pour
ceux-ci, on ne peut leur appliquer que cette triste
parole de l’Ecclésiaste ;
l’accident qui arrive à de tels
hommes et l’accident qui arrive à la
brute, est un même accident ; telle
qu’est la mort de l’un telle est la mort
de l’autre.
(Ecclés. III. 19.) O
dégradation que l’on ne saurait croire
si on ne la voyait de ses yeux ! O vous que je
cherche dans cette assemblée et à qui
je voudrais faire partager les transes et les
déchirements de mon âme relativement
à votre sort ! Vous qui vivez au milieu
des biens du Très-Haut, sans élever
jamais à lui un coeur touché
d’amour et de reconnaissance ! Où
tendez-vous ? Quel est votre dessein ?
Voulez-vous mourir dans cet état ?
Ah ! ne verrez-vous jamais l’abîme,
vers lequel vous vous précipitez et qui va
vous engloutir ?
Il en est d’autres parmi nous, qui suivent les
formes extérieures du culte et à qui
l’on croirait, au premier abord, un fonds de
christianisme ; mais quand
on les examine d’un peu plus près, on
s’aperçoit bientôt que
s’ils ont une apparence de
piété, ils en ont renié la
force.
(2. Tim. III. 5.) S’il se
présente quelque occasion où Dieu et
leur intérêt temporel se trouvent en
opposition, on les voit presque toujours être
infidèles à l’Éternel,
pour courir après les biens du monde, dont
ils font leurs idoles. S’il faut faire quelque
autre sacrifice dans l’esprit de
l’Évangile, pardonner une injure,
abandonner des habitudes criminelles, revêtir
des sentiments de patience et de support, on les
voit continuellement échapper à ces
obligations par quelque prétexte. Leur
conversation, leurs démarches, leurs
desseins, leurs motifs, leur train de vie
ordinaire, tout, à l’exception de leur
présence momentanée dans ce saint
lieu, ressemble plus à la carrière
d’un païen qu’à celle
d’un disciple de Christ. Mais, je vous prie,
M. F., qu’est-ce qu’un christianisme, qui
se borne à quelques démonstrations
fugitives et qui n’influe nullement sur la
conduite ? Qu’est-ce qu’un
christianisme, qui donne un beau semblant des
lèvres et qui ne touche pas le coeur ?
- Quoi ! vous vous dites chrétien, et
vous avez toujours le même orgueil !
Vous n’avez rien changé à la
vanité qui vous enfle, on vous voit affecter
les mêmes airs de hauteur envers ceux qui
n’ont pas autant d’argent que vous, ou
une famille, ou une place aussi relevée que
la vôtre, vous les regardez comme au-dessous
de vous, vous en parlez sans ménagement, et
vous croyez être chrétien !
Ah ! désabusez-vous : avec de
telles dispositions, vous ne connûtes jamais
le Sauveur.
- Vous prétendez être chrétien,
et vous ne savez pas aimer vos frères !
vous publiez le mal que vous savez sur leur compte,
vous l’amplifiez quelquefois, vous ne craignez
pas de les censurer avec amertume, de les traiter
avec mépris, de répandre sur eux le
fiel d’une âme également
dépourvue de justice et de
charité ; et vous voulez que je
reconnaisse en vous un chrétien ! cela
est impossible ; vous faites l’oeuvre du
père du mensonge et vous ne savez de quel
esprit vous êtes animé.
(Luc IX. 55.) - Vous venez vous
instruire dans l’Église de Christ et on
vous voit ensuite manifester un attachement
effréné au monde, courir avec ardeur
après le plaisir, tout rapporter à
votre personne, être rongé
d’envie à la vue des succès
d’autrui, affecter un air doucereux avec les
mêmes gens que vous dénigrez en
secret : une telle conduite n’a pas
besoin de commentaire ; c’est celle
d’un homme, dont la religion n’est
qu’une hypocrisie, et se présenter
ainsi devant l’Eternel dans certains jours,
pour aller ensuite pendant tous les autres
sacrifier aux vaines idoles du monde, c’est ce
jouer du Dieu vivant et s’exposer à
être traité par lui comme le dernier
des infidèles.
Il en est d’autres parmi nous, qui veulent, il
est vrai, adorer Dieu et son Christ, mais qui se
font de Dieu et de Christ des idées telles
que leur imagination les leur suggère et non
pas telles que l’Évangile les donne.
C’est ici encore une espèce
d'idolâtrie.
- Prenez-y garde, M. F., ce point est très
délicat et mérite toute votre
attention. Être chrétien, ce
n’est pas simplement prendre le nom de Dieu et
le nom de Christ dans sa bouche, c’est
attacher au nom de Dieu et de Christ des
idées conformes à la
vérité éternelle et les
méditer habituellement dans son coeur. Et
où est-elle cette vérité
auguste et pure ? N’est-ce pas dans
l’Évangile ? Vous en conviendrez
vous-mêmes. Maintenant, si au lieu
d’aller prendre vos idées de Dieu et de
Jésus, dans la révélation qui
vous a été donnée pour cela,
vous préférez suivre votre tête
ou les rêveries de vos semblables, ou encore
faire un alliage incohérent de vos propres
idées et de celles de la Parole sainte,
n’est-ce pas par le fait, secouer le joug de
l’Évangile, pour vous jeter dans une
vraie infidélité ? Il n’y a
qu’un seul Dieu et qu’un seul Christ,
c’est celui que la Bible nous fait
connaître et quiconque s’en fait des
idées différentes, adore les idoles
de son propre esprit et non pas des
réalités. Je suis douloureusement
affligé, d’être obligé de
dire qu’il en est beaucoup parmi nous, qui
sont dans cette voie funeste et dont l’orgueil
refuse de se soumettre à la
simplicité de l’Évangile ;
et nous les avertissons de la part du Seigneur,
qu’il veut être connu tel qu’il
s’est révélé, qu’il
veut être servi comme il l’a
ordonné, et qu’il ne reconnaît
pas pour siens, ceux qui n’ont d’autre
règle que leur propre opinion ou celle du
monde qui les entoure. Prenez garde, disait
St. Paul aux Colossiens, que personne ne vous
séduise par la philosophie et pas de vaines
subtilités, suivant les traditions des
hommes et les éléments du monde, et
non pas selon Jésus-Christ.
(Coloss. II. 8.)
Mais, après avoir ainsi
considéré quelques classes marquantes
d’individus, (il serait impossible de
s’arrêter à toutes) entrons un
moment dans les familles. Y trouverons-nous les
principaux caractères, que doivent
présenter des familles
chrétiennes ? - Il en est, je le sais,
plusieurs parmi nous, où l’on
reconnaît avec joie l’influence de
l’Évangile, mais jugez vous-mêmes
si c’est le plus grand nombre. Dans une maison
chrétienne, on s’attend à
trouver de l’affection entre les divers
membres qui la composent : les époux
s’aident mutuellement par leurs conseils et
leurs égards, à supporter le fardeau
de la vie ; les enfants sont soumis à
ceux de qui ils ont reçu le jour, et leur
témoignent leur affection par du respect et
une prompte obéissance ; les
frères, les soeurs, sont instruits à
se supporter mutuellement et à
s’encourager dans l’accomplissement de
leurs devoirs ; les domestiques ne sont pas
considérés comme des mercenaires,
mais plutôt comme des membres de la famille
au sort desquels on doit s’intéresser
et dont l’âme est précieuse
devant le Seigneur. La paix doit reposer sur une
telle maison, le nom de Dieu et de son Christ y
sont invoqués, la Parole sainte y est lue
pour l’édification commune. Tous
doivent se regarder comme unis par un même
lien et comme rapprochés les uns des autres
afin de marcher selon le Seigneur et d’arriver
tous ensemble à la vie éternelle.
- À cette peinture que je viens de faire, y
en a-t-il beaucoup parmi nous, qui auront reconnu
l’image de leur propre famille ?
Ah ! chaque trait de ce tableau doit
être un aiguillon perçant pour la
conscience du plus grand nombre : disons-le
hautement, nos familles ne sont pas
chrétiennes. - Si le voile qui cache tous
les dérèglements secrets, venait
à être levé
tout-à-coup ; si nous pouvions
pénétrer dans l’intérieur
des maisons et voir tout ce qui s’y passe,
grand Dieu ! quel triste spectacle viendrait
frapper nos yeux ! Dans les unes, des disputes
qui se renouvellent chaque jour et qui sont
entretenues par des torts mutuels ; dans
d’autres, une ivrognerie et des
imprécations dégoûtantes, qui
deviennent un poison funeste pour une jeunesse qui
imite si facilement le mal ; dans d’autre
encore, des intrigues criminelles qui se cachent
dans les ténèbres et qui font tant de
misérables victimes ; ailleurs, des
exemples de mondanité et de médisance
donnés par les pères et mères,
au lieu d’encouragements à une vie
simple et pieuse ; dans la plupart, un manque
total de culte particulier, et une
négligence coupable de ce qu’on doit
aux domestiques sous le rapport religieux.
Voilà ce qui frappe les regards les moins
prévenus ; voilà des faits que
l’on ne peut nier, qui
s’élèvent en accusation contre
leurs auteurs et qui navrent l’âme de
tous ceux qui ont quelque piété
véritable. Est-ce donc là être
chrétiens ? Sont-ce là les
traces de l’Esprit que donne le Sauveur ?
Enfin, considérons d’une manière
plus générale le spectacle que
présente la population dont nous faisons
partie et observons-la dans certaines occasions qui
peuvent surtout servir à la
caractériser. Supposons qu’un homme
venu de pays lointains et instruit à
l’école de l’Évangile, se
trouvât au milieu de nous un jour de dimanche
et s’arrêtât à observer les
moeurs de la multitude ; croyez-vous
qu’il pût s'imaginer être
arrivé dans un pays chrétien ?
En voyant la foule aller et venir sur les grandes
routes, les chars quitter la ville pour des parties
de plaisir, le luxe se manifester d’une
manière vraiment effrénée,
même chez les personnes qui n’ont pas
trop pour le nécessaire, il dirait sans
doute : “Ce n’est pas ici la
simplicité tant recommandée aux
femmes chrétiennes ; et il faut
qu’il y ait un grand mélange
d’infidèles au milieu de ce
peuple : d’ailleurs, il semble que
l’on ne connaît pas ici l’ordre du
Seigneur pour la sanctification du dimanche, car de
toutes parts je le vois violé. ”
- Telles seraient ses réflexions un dimanche
ordinaire ; mais que penserait-il s’il
venait au milieu de nous, le dimanche où a
lieu cette fête profane
(1)dont nous ne
saurions assez déplorer les tristes
résultats ? Que penserait-il, en voyant
cette foule ardente de plaisirs, qui s’agite
à grands flots dans nos promenades ;
ces tables que l’on dresse de tous
côtés pour satisfaire la
sensualité et l’ivrognerie ; en
étant témoin de ces amusements
où les passions s’échauffent et
où la décence est
sacrifiée ; en
voyant ces divertissements bruyants se prolonger
fort avant dans la nuit et finir par les
scènes les plus scandaleuses et les plus
dégoûtantes ? - Pourrait-il, je
vous le demande, reconnaître là un
peuple chrétien ? Ne croirait-il pas
plutôt être au milieu des orgies
d’une ville païenne ? Et nous
ministres de Christ, nous appelés de Dieu
à veiller sur votre état et sur vos
dangers, passerions-nous sous silence ces choses et
crierions-nous de ce jour, paix et
sûreté ? Non, non, nous
élèverons la voix sans crainte, nous
rugirons comme le lion, en voyant
l’héritage du Seigneur profané
et nous dénoncerons ses vengeances.
Écoutez ce que dit sa Parole sur de tels
désordres : Prenez garde que vous ne
désiriez point de mauvaises choses et que
vous ne deveniez point idolâtres, comme
quelques-uns d’eux, selon qu’il est
écrit : le peuple s’assit pour
manger et pour boire, et ensuite ils se
levèrent pour danser ; et que vous ne
commettiez point de fornication, comme quelques-uns
d’eux en commirent ; et que vous ne
tentiez point Christ et que vous ne murmuriez point
comme eux ; car ils périrent par
l’ange exterminateur.
Toutes ces choses leur arrivaient pour nous servir
de figures, et elles sont écrites pour nous
instruire, nous qui sommes parvenus aux derniers
temps ; c’est pourquoi, que celui qui
croit être debout, prenne garde qu’il ne
tombe.
(1. Cor. X. 6-12.)
Que conclure, M. T. C. F., de ce lugubre
tableau ? - C’est que notre plaie est
grande comme une mer,
(Lament. II. 13.) et que nous avons
un pressant besoin du Médecin
céleste.
Que conclure de ces traits affligeants, qui
caractérisent tant d’individus, tant de
familles, et l’ensemble de notre peuple ?
- C’est qu’il est petit parmi nous, le
nombre de ceux qui vivent comme de vrais
chrétiens. Ce résultat est triste,
mais il est certain. Il ne faut pas se le
déguiser : nous sommes un peuple bien
souillé de coeur et de lèvres ;
et en vain cherchions-nous à ne pas vous
dénoncer des jugements
sévères, la vérité
parle trop haut, et nous ne pouvons pas
bénir de la part de
l’Éternel. - Rentrez donc dans le fond
de vos âmes, ô vous qui
m’écoutez ! et pesez la sentence
des Ninivites, pour en tirer ensuite un argument de
condamnation contre vous-mêmes ;
c’est le sujet de notre second point.
II. Encore quarante jours et Ninive sera
renversée.
(Jonas III. 4.) Dieu ne punit pas
sans accorder un délai ; il use de
patience envers tous, il nous supporte, il nous
appelle, afin de ramener à lui ses
créatures égarées. - Et ne
sommes-nous pas nous-mêmes des monuments de
la miséricorde divine ? Ah ! sans
elle, il y a longtemps que nous aurions
été retranchés ! sans
elle, il y a longtemps que le bras levé se
serait appesanti sur les rebelles. Mais le
souverain Pasteur des brebis a
intercédé pour nous devant le
trône de la Justice éternelle. Tandis
que tous les avertissements restaient sans effet,
et que les offres de grâce étaient
méprisées par des coeurs endurcis, il
a dit à son Père d’année
en année :
“Encore celle-ci ;
encore ce temps du support et de patience ;
peut-être porteront-ils du fruit.
” - Maintenant cette patience dure encore
pour chacun de nous. Mais jusqu'à quand
sera-t-elle prolongée ?
- Quarante jours furent accordés aux
Ninivites. - Pour nous il y a aussi un temps
déterminé dans les décrets
éternels. Pendant cette période, le
chemin de la repentance et le recours à la
miséricorde de Dieu restera ouvert ;
Christ continuera à tendre vers nous son
sceptre de clémence ; la source de
purification pour le péché
(Zach. XIII. 1.) restera
accessible ; puis quand le vase de la patience
de Dieu se sera écoulé goutte
à goutte, alors viendras la fin. Un ange
levant la main vers le Ciel, jurera par Celui qui
est vivant aux siècles des siècles,
qu’il n’y aura plus de temps.
(Apoc. X. 5. 6.) Plus de temps, pour
ce pécheur qui se retire sans cesse en
arrière et qui ne veut pas écouter
les avertissements du Seigneur. Plus de temps, pour
cet orgueilleux, pour cet impudique, pour cet
injuste, qui persévèrent dans leurs
désordres, qui gardent l’interdit dans
leurs maisons et dans leurs coeurs. Plus de temps,
pour ces Pharisiens qui se croient justes, parce
qu’ils étalent de beaux dehors, mais
dont la vie secrète est mille fois
condamnée devant la Justice
éternelle. Plus de temps, pour tous ces
hommes, qui appelés sans cesse à la
repentance, ont toujours méprisé le
conseil de Dieu.
Plus de temps ! la bonté a un
terme : achève, Ministre de
vengeance ! que la hache soit mise
à la racine de l’arbre !
(Matth. III. 10.)Que l’endurci
puisse encore penser à ce moment, sans
componction et sans frayeur, quant à moi,
l’idée que cette heure approche pour
tous ceux qui ne veulent pas se convertir, me
trouble et m’épouvante. - Des
âmes, qui ont vécu loin de Dieu et qui
vont tomber entre les mains de sa Justice !
Des âmes chargées de toutes leurs
misères, pour qui le temps va finir et
l’éternité commencer ! O
mon Dieu ! quelle pensée ! - Nous
gémissons ici-bas et notre coeur se serre,
quand nous voyons l’adversité dans la
maison d’un de nos frères, quand il
perd une partie de ses ressources, quand des
personnes qui lui sont chères lui sont
ôtées, quand il languit sur un lit de
souffrance. - Mais, qu’est-ce que cela,
ô mon Dieu ! à côté
de la perte d'une âme séparée
de tout sans retour ? Et serait-ce le sort de
ceux à qui je porte maintenant ta
parole ? Quoi ! séparés de
toi ! abandonnés de toi !
livrés aux remords déchirants et aux
punitions de ta justice ! agitant un coeur
rebelle et plein encore de toutes les passions de
la terre, au sein de ton gouvernement
irrésistible ! sentant rouler les flots
de l’Océan éternel, sans
entrevoir jamais un rivage ! - O Dieu !
que tes décrets sont
impénétrables et que ta justice est
un grand abîme !
Oh ! tandis que le règne de ta
miséricorde dure encore, tandis que
l’Évangile de ton Fils est entendu,
tandis que le salut est offert gratuitement par ta
bonté ineffable, frappe à la porte du
coeur des ingrats, frappe des coups qu’ils ne
puissent pas méconnaître, arrache les
chétives armes de résistance qui les
couvrent, et fais-toi connaître comme
Maître et comme Sauveur.
Pensez-y donc bien, ô pécheurs !
le Seigneur attend, il veut être
fléchi ; ne méprisez pas les
richesses de sa patience. Un balancier redoutable
oscille dans le silence mystérieux du
conseil de Dieu, et marque tous les instants de
grâce, qui vous sont accordés ;
tous est compté, et la fin approche. - Je ne
sais pas si Dieu vous réserve des punitions
temporelles, pour vous faire rentrer en
vous-mêmes ; je ne sais pas, si
déjà dans ce monde, il fera venir sur
vous quelques gouttes de sa colère, pour
vous apprendre combien il est terrible de tomber
entre ses mains ; je ne sais pas, s’il
vous frappera peut-être de sa verge, dans vos
corps, dans vos biens ou dans vos familles, pour
vous faire souvenir qu’il y a une sentence
prononcée contre les mauvaises oeuvres et
qu’elle doit nécessairement
s’exécuter ; mais, ce que je sais
avec certitude, c’est que vous allez
bientôt mourir, et que si vous ne vous
convertissez pas, vous périrez.
(Luc XIII. 3.) - Allez contempler
dans vos cimetières, les terres
fraîchement remuées ; allez vous
asseoir parmi ces tombeaux, qui se sont ouverts, il
y a peu de temps, pour recevoir vos parents, vos
amis, vos connaissances, qui la plupart ont
passé au moment où ils ne croyaient
pas et à l’heure qu’ils pensaient
leur appartenir encore ;
pénétrez, par la pensée, au
sein de ces cercueils qui cachent de si effrayants
mystères ; et
dites-vous à vous-mêmes “Ma
dépouille sera bientôt là et
mon âme sera devant le Tribunal de Dieu.
” - Comment voulez-vous y
paraître ? est-ce tels que vous
êtes maintenant ?
Est-ce avec ce coeur, encore plein du monde et des
choses mortelles ? Est-ce avec ce principe
opiniâtre de résistance aux
commandements qui vous ont été
donnés ? Est-ce avec vos
prétendues justices ? - Vos
justices ! triste assemblage de lambeaux
souillés, qui ne peuvent pas soutenir un
moment l’examen de l’homme, et à
plus forte raison, le regard perçant du Dieu
Fort ! Est-ce sans avoir reconnu cette
profonde misère et recouru à Celui
qui seul peut la couvrir de son manteau de
salut ? Pensez-y ; il en est
temps ; il faut se décider ; la
fin vient, la fin vient,
(Ezéch. VII. 6.) et
là où l’arbre sera tombé,
soit au septentrion, soit au midi, il y
demeurera.
(Ecclés. XI. 3.)
Peuple ! que Dieu a environné de tant
de grâces et à qui il en destine de
plus grandes encore ; peuple ! qui serais
si heureux, si tu savais profiter de toutes les
bénédictions du Seigneur ;
ah ! laisse-toi fléchir, écoute
dans ce jour la voix qui t’appelle d’en
haut ; écoute l’ambassadeur de
Christ, qui te conjure par les compassions et
l’amour le plus tendre, de te
réconcilier; retourne à ton Dieu,
avec larmes, avec prières et avec
confiance ; toi, qui as imité Ninive
par tes péchés, imite-là par
ton repentir.
III. Et les hommes de Ninive crurent
à Dieu et ils publièrent un
jeûne et se vêtirent de sacs depuis le
plus grand d'entre eux jusqu’au plus
petit : et ils dirent, qui sais si Dieu ne se
repentira point, et s’il ne reviendra point de
l’ardeur de sa colère, en sorte que
nous ne périssions pas ? Il y a
trois traits particulier à remarquer dans
cette conduite :
1°. ils crurent à Dieu ;
2°. ils publièrent un
jeûne ;
3°. ils espérèrent en la
miséricorde.
Ils crurent à Dieu,
c’est-à-dire, à la menace
qu’il leur adressait. Certes il était
plutôt à craindre que par leur
ignorance et leur impiété, ils ne
rendissent vaine la prédication du
prophète, et qu’à
l’ouïe du message qu’on leur
apportait, ils ne dissent avec dédain :
“Que veut dire ce discoureur ?”
C’était ce que craignait Jonas ;
mais la grâce de Dieu fit son oeuvre et ils
crurent à la Parole. - Commencez aussi, M.
F., par croire à la réalité de
la punition réservée aux
impénitents ; cessez de vous jeter dans
tous les misérables subterfuges, que vous
suggèrent votre chair et l’ennemi
acharné de vos âmes ;
reconnaissez la vérité et
l’authenticité du message qu’on
vous apporte. Certes, si nous ne vous apportions
que des conjectures et des raisonnements
d’homme, ou les craintes de notre propre
coeur, vous pourriez douter encore et
hésiter sur ce qu’il y a à
faire. Mais c’est la Parole du Dieu Fort que
nous vous apportons, cette Parole qui a toujours
été trouvée vraie dans ses
menaces, comme dans ses promesses, cette Parole qui
sera accomplie jusqu’au dernier iota et au
dernier trait de lettre,
(Matth. V. 18.) cette Parole qui
demeure, tandis que le ciel et la terre
passeront.
(Matth. XXIV. 35.)
Et comment révoqueriez-vous en doute son
autorité. Ah ! prenez garde
qu’il n’y ait parmi vous, quelque coeur
mauvais et incrédule qui vous fasse
résister au Dieu Vivant ;
(Hébr. III. 12.) n’imitez
pas les malheureux peuples, qui ne l’ont pas
cru, et qui sont devenus les monuments des
vengeances célestes. - Noé, le
prédicateur de la Justice,
annonça le malheur qui menaçait
le genre humain et exhorta à la
repentance : on le traita sans doute de
visionnaire, on ne fit rien pour arrêter le
courroux qui allait éclater : le
déluge vint, fit tout périr, et la
terre que nous foulons aux pieds, les montagnes qui
nous environnent, portent encore des marques
innombrables de cette épouvantable
catastrophe. Babylone fut souvent avertie de la
ruine qui l’attendait, mais elle resta dans
l’assoupissement de son orgueil, elle se
confia plus à sa puissance, à son
peuple et à ses richesses, qu’à
la Parole du Maître du monde : elle est
tombée au temps marqué, et le
voyageur ne découvre plus sa trace au milieu
du sable des déserts. Jérusalem
méconnut le jour de sa visitation, et ne
crut pas à la prophétie de sa
chute : son jour arriva, elle fut
embrasée, et son peuple dispersé par
tout le monde, rend encore témoignage de la
vérité immuable des paroles du
Seigneur. Apprenez par de tels exemples, M. F.,
à ne pas croire à la
possibilité d’échapper sans
conversion, tandis que Dieu déclare
formellement le contraire dans sa Parole ;
apprenez à ne pas douter de la punition,
sous prétexte que vous ne la voyez pas
encore.
Cette punition est aussi certaine que le
gouvernement de Dieu sur l’univers ; elle
est aussi immuable que la nature de ce grand
Être ; il faut que le pécheur se
convertisse, ou il périra. - Quoi !
Dieu aurait-il ébranlé le Ciel et
la terre,
(Héb. XII. 26.) pour nous
fournir un Médiateur en la personne de son
Fils, si nous avions pu nous sauver par
nous-mêmes et tels que nous sommes ?
L’aurait-il abreuvé d’opprobres et
d’humiliation, l’aurait-il exposé
à une mort infâme, à la face de
tout l’univers, si notre perte n’avait
pas été imminente ? - Non,
non ; tout est inexplicable dans les
dispensations de la sagesse éternelle, sans
la certitude de notre danger : comment donc
échapperions-nous, si nous négligions
un si grand salut ?
(Héb. II. 3.) - Oui, le danger
existe pour tous ceux qui demeurent encore dans
leurs péchés et il faut le
détourner par une prompte repentance.
Les habitants de Ninive publièrent un
jeûne et ils se vêtirent de sacs. Ils
publièrent un jeûne ;
c’est-à-dire, qu’ils se
privèrent de toute nourriture, se regardant
comme indignes de vivre et de jouir des biens de
Dieu ; et comme leurs péchés les
avaient abaissés jusqu’aux bêtes
qui périssent, ils ne voulurent faire aucune
distinction entre eux et les bêtes, et le
décret de jeûne s’étendit
aux uns et aux autres. Qu’aucun homme, ni
boeuf, ni brebis, ne goûte d’aucune
chose, qu’ils ne se repaissent point et ne
boivent point d’eau.
(Jonas III. 7.)
- Ils se vêtirent de sacs,
c’est-à-dire, de l’habit de
douleur, de honte et de misère ;
voulant par-là donner un signe
extérieur des sentiments qui remplissaient
leurs âmes. Et ils ne firent aucune
distinction entre eux ; depuis le Roi assis
sur son trône, jusqu’au plus humble des
sujets, tous s’humilièrent et se
couchèrent sur la cendre. Mes
Frères ! vous n’êtes pas
appelés par l’Évangile, à
donner de telles marques extérieures de
votre repentance, mais le jeûne et
l’affliction doivent être au-dedans.
Sentez donc vos misères, et soyez
dans le deuil ; que votre ris se change en
pleurs et votre joie en tristesse :
(Jaq. IV. 9.) repassez les
années de votre vie dans l’amertume de
votre coeur ; arrêtez votre
pensée sur vos longs égarements, sur
votre tiédeur dans le service de Dieu, sur
le peu d’amour que vous avez eu pour lui,
tandis que vous en avez tant pour le monde ;
pensez à la multitude d’occasions
propices qu’il vous a suscités, pour
vous faire rentrer en vous-mêmes, à
l’Évangile de grâce qu’il
vous a fait si souvent entendre, à la
résistance que notre coeur y a
opposée ; rassemblez toutes ces choses
devant vos yeux, pesez-les, et demandez-vous :
“Que mérité-je maintenant ?
Suis-je digne des biens dont le Seigneur
m’environne chaque jour ? Suis-je digne
de vivre ? Non, pour un pécheur comme
moi, le pain devrait se convertir en cendre,
l’eau en fange impure, si j’étais
traité comme je le mérite.
Misérable que je suis !
puisqu’à tant de bienfaits, j’ai
opposé tant d’ingratitude, que la
confusion couvre ma face, et que mes yeux se
changent en fontaines de larmes, pour pleurer mon
coupable endurcissement.
- O mon Dieu ! Dieu par qui j’existe, et
de qui j’ai reçu toutes choses, comment
oserais-je élever ma face vers toi ? Tu
n’as cessé de me prévenir par ta
bonté, et je t’ai oublié, je
t’ai méconnu, j’ai secoué
ton joug pour suivre mes passions insensées,
j’ai refusé d’ouïr, j’ai
été rebelle. - Et maintenant, la
malédiction prononcée dans la Loi
vient sur moi ; tu es à la porte,
ô Dieu juste Juge ! pour me demander
compte de mes voies, et pour me punir. Que te
dirais-je, Seigneur ? Oui, je suis coupable,
je mérite d’être accablé
de ta colère, d’être
rejeté de toi, d’être
séparé de toi pour toujours ;
je ne suis plus digne d’être
appelé ton Fils, je ne suis pas
même digne d’être mis au dernier
rang de tes mercenaires.
(Luc. XV. 19.) - Avec quoi te
préviendrai-je, Seigneur ! pour expier
les péchés de mon âme ?
Voici, je n’ai de mon propre fonds que ma
misère ; je suis pauvre,
souillé, dénué de tout ce qui
peut être agréable à tes
yeux ; je n’ai d’autre refuge que ta
miséricorde. Assis sur la cendre, et abattu
devant ton trône, si tu ne me relèves,
je péris ; si tu ne me reçois en
ta grâce, je n’ai plus
d’espérance !” Voilà,
M. F., les sentiments qui doivent nous animer, si
nous sommes vraiment pénitents ;
c’est là, ce qui doit être
caché sous cette humiliation
extérieure, pour laquelle nous nous sommes
rassemblés dans ce jour. mais si de telles
dispositions ne remplissaient pas vos coeurs, si
en courbant la tête comme le jonc,
(Esaïe LVIII. 5.) votre
âme gardait son orgueil ;
si en revêtant le manteau
d’affliction, votre coeur n'était pas
touché de componction et de repentance, si
votre cri ne montait pas à
l’Éternel pour qu’il vous
fît miséricorde et qu’il
vînt à votre secours… Alors ce
jeûne, bien loin de lui être
agréable, ne serait que l’acte de la
plus détestable hypocrisie, et tous ces
beaux dehors de piété ne serviraient
qu’à aggraver votre condamnation.
- Que chacun donc s’humilie dans le fond de
son coeur ; qu’il n’y ait aucune
distinction entre nous ; toute
différence disparaît entre les
humains, quand ils se considèrent comme des
créatures pécheresses ; le
péché nous met au même niveau.
Quels que soient les talents, les avantages du
corps ou de l’esprit, ceux du rang ou de la
fortune, nos désobéissances impriment
sur nos fronts le même sceau de
malédiction. En vain voudrions-nous essayer
de nous relever par quelque considération
extérieure ; tant que nous ne sommes
pas réconciliés avec Dieu, nous ne
sommes que des esclaves déshonorés du
Prince des ténèbres, et nous devons
tous recourir à la même
miséricorde.
C’est en cette miséricorde seule, que
les Ninivites espèrent ; qui sait,
dirent-ils, si Dieu ne se repentira point et
s’il ne reviendra point de l’ardeur de la
colère, en sorte que nous ne
périssions pas ? - Qui
sait ? Ils ne savaient donc pas, ce
qu’ils pouvaient attendre, ces pauvres
habitants de Ninive ; mais
la seule menace qui leur était faite, leur
donnait l’espérance que Dieu, en la
leur adressant, voulait encore être
fléchi et leur accorder le pardon. Sur ce
seul pressentiment, ils recoururent à une
humiliation profonde et à un jeûne
solennel. - Mais que les compassions de notre grand
Dieu soient mille fois bénies par nos
âmes !
Ce n’est pas sur de vagues espérances,
que nous vous engageons à
l’humiliation ; ce n’est pas en vous
disant : “peut-être que Dieu
pardonnera et sera apaisé, si vous recourez
à lui avec un coeur froissé et
brisé. ” Nous sommes sûrs de ce
résultat, parce que l’Éternel
nous a donné un puissant Sauveur. - Oui,
il est puissant pour sauver tous ceux qui
s’approchent de Dieu par lui, étant
toujours vivant pour intercéder pour eux.
(Héb. VII. 25.) Il a fait
notre paix, il est venu nous annoncer le pardon, il
est mort pour nous l’obtenir, et c’est du
haut de sa croix sanglante, qu’il nous crie
à tous : Venez à moi, vous
tous qui êtes travaillés et
chargés, et je vous soulagerai ;
(Matth. XI. 28.) celui qui
écoute ma parole et qui croit à celui
qui m’a envoyé, a la vie
éternelle, et il ne sera point sujet
à la condamnation, mais il est passé
de la mort à la vie ;
(Jean V. 24.) tout ce que le
Père me donne, viendra à moi, et je
ne mettrai point dehors quiconque viendra à
moi.
(Jean VI. 37.) - Oh ! la bonne
nouvelle, pour de pauvres pécheurs comme
nous ! O salut inespéré, qui
nous tire de notre abattement et qui nous
régénère en
espérance vive ! O Jésus,
Dieu Sauveur ! je t’adore et je crois
à ton éternelle charité !
- C’est donc au pied de cette croix, monument
de la plus étonnante miséricorde, que
nous nous plaçons dans ce jour solennel, et
c’est de-là que nous crions à
tout pécheur repentant :
“Prends courage, Christ a
porté tes péchés en son corps
sur le bois,
(I. Pierre II. 24.) ton salut est
fait, va avec confiance, avec amour, t’en
remettre à sa grande bonté ;
ne crains point, il est l’Amen, le
Fidèle, le Véritable,
(Apoc. III. 17.) sa justice sera
étendue sur toi, pauvre
pécheur ! Il ne te laissera point,
il ne t’abandonnera point. (Héb.
XIII. 5.)” - Voilà, M. F., le but de
toutes les dispensations de Dieu à votre
égard, et de tous les appels qu’il vous
adresse : c’est de vous amener à
Jésus-Christ. C’est le seul but des
prédications qu’il vous fait entendre,
c’est le seul but des jeûnes que vous
êtes invités à
célébrer. Oh ! puisque Dieu vous
fait ainsi la grâce de connaître ce
grand salut, prenez garde de ne pas le
négliger ;
hâtez-vous ; point de
délai ; aujourd’hui, si vous
entendez sa voix, n’endurcissez pas vos
coeurs.
(Héb. III. 7. 8.)
Arrêtons-nous encore, un moment, à
considérer les heureuses conséquences
d’un repentir vrai et d’un recours
sincère au Sauveur : ce sera la
conclusion la plus consolante, que nous puissions
donner à de discours.
IV. Dieu épargna les Ninivites, et
ils changèrent de voies : tels furent
les heureux fruits de leur humiliation et de leur
recours à la miséricorde
céleste ; et tels seront aussi les
résultats de votre jeûne, s’il
est sincère et accompagné de
confiance en notre éternel Médiateur.
Étant justifiés par la foi, vous
aurez la paix avec Dieu, par notre Seigneur
Jésus-Christ.
(Rom. V. 1.) - La paix ! ce
premier bien de l’homme, ce bien après
lequel nous soupirons sans cesse ; la
paix ! ce bien que la terre ne saurait jamais
nous donner, et qui ne peut venir que du
Ciel ; vous la trouverez en
Jésus-Christ. - Et quelle paix ? - La
paix avec Dieu ; une réconciliation
pleine et entière avec celui que vous avez
tant offensé, avec ce Dieu qui a fait vos
âmes et qui peut seul les rendre
heureuses ; vous ne serez plus ses
ennemis ; en vous humiliant et en croyant au
pardon qu’il vous offre, vous redeviendrez ses
enfants, ses bien-aimés, vous rentrerez dans
sa famille et dans tous vos droits au
céleste héritage. - Ne serait-ce pas
une grande joie pour vous, M. C. F., si vous
pouviez vous dire en rentrant dans vos
maisons : “Ce n’est pas en vain que
j'ai connu mes péchés et que
j’en ai gémi ; ce n’est pas
en vain que mon âme a été
angoissée et qu’elle a crié
à Dieu pour obtenir grâce ; cette
grâce est accordée et je puis
m’en aller en paix. ” Ne serait-ce pas un
grand trésor qu’une telle
assurance ? Eh bien ! ce trésor
est à votre portée ; Christ nous
l’a acquis ; il nous a
réconciliés ; douteriez-vous de
sa parole ? - Oh ! abandonnez-vous sans
crainte à ses promesses immuables, et ne
craignez pas d’entonner le Cantique de
délivrance :
Mon âme magnifie le Seigneur, et mon
esprit s’égaie en Dieu qui est mon
Sauveur. Il a regardé à ma bassesse
et à ma misère ; le
Tout-Puissant m’a fait de grandes choses et
son nom est Saint :
(Luc I. 46-49.) je veux
célébrer à jamais ses
miséricordes.
(Ps. LXXXIX. 1.) O le beau jour pour
nous ! si nous nous trouvions ainsi tous
réunis aux pieds du Sauveur et
plaçant en lui toute notre confiance !
Le beau jour, si nous nous rapprochions tous pour
ne former qu’une seule famille en Christ,
répétant d’un même coeur
et d’une même bouche, en quittant ce
parvis : Il ne nous laisse la paix, ils
nous donne sa paix, il ne nous la donne pas comme
le monde la donne, que notre coeur ne se trouble
point et ne craignons point.
(Jean XIV. 27.) Jamais plus doux
cantique ne serait sorti de nos lèvres, et
il serait répété par les
choeurs des anges dans le ciel.
Et quel heureux changement serait produit dans les
moeurs, par suite d’une telle repentance et
d’une telle foi ! les habitants de Ninive
changèrent leurs voies et
commencèrent à marcher selon le
Seigneur ; cette ville superbe fut
véritablement renversée, puisque son
endurcissement fut changé en
pénitence, ses banquets en jeûnes, sa
dissolution en joie sainte, son luxe en modestie et
en simplicité, et la malédiction, qui
pesait sur elle, en bénédiction. - O
ville qui m’environne et au milieu de laquelle
Dieu m’a appelé à porter la
Parole sainte ! que n’es-tu ainsi
salutairement renversée ! que ne
puis-je apprendre cette heureuse nouvelle :
“Son orgueil a
été changé en
humilité ; ses discordes, ses
scandales, ont fait place à la
tempérance, à la charité et au
support ; l’argent de l’injuste, qui
était dans son coffre comme un feu
consument, vient d’être
restitué ; les moeurs se
renouvellent : cette ville prend enfin une
face tout chrétienne !”
- Quand est-ce que de telles consolations nous
seront réservées ? - Nous le
savons, M. F., c’est quand vous renoncerez
à votre confiance propre, pour vous appuyer
sur le Sauveur que Dieu vous a donné !
Alors vous recevrez d'en haut un changement
d’affections, un vrai désir de plaire
à Dieu, des forces pour triompher de vos
passions et pour briser leurs chaînes.
Jusque-là ne vous abusez pas ; vous
tournerez dans le cercle de votre insuffisance, et
vous retomberez dans la boue du vice, même en
voulant le fuir. Si la foi en Christ donne seule le
pardon, elle est aussi la seule source de la vraie
sanctification, et hors de-là on ne peut
rien faire.
- Connaissez donc une fois cette source de vie et
allez y puiser, tandis que le jour luit encore et
que l’Évangile vous est annoncé.
Bientôt toute la population, qui remplit ce
sanctuaire aura disparu et aura fait place à
une autre ; bientôt d’autres
Ministres et d’autres auditeurs seront
rassemblés autour de ces autels. Les flots
de ceux qui partent se pressent, la patience de
Dieu se lasse, et l’ange de la mort frappe de
toutes parts. Notre tour approche à tous.
Mais prenez-y garde ; si vous descendez dans
la tombe, sans avoir pleuré vos
péchés et trouvé la paix en
Jésus ; quand le
jour de l’éternité vous
éclairera, et que vous paraîtrez
devant le Tribunal du souverain Juge, vous y verrez
les gens de Ninive, qui
s’élèveront en témoignage
pour vous condamner, et toutes les grâces
dont Dieu s’était plu à vous
environner ici-bas, aggraveront votre sentence.
Dieu Tout-puissant ! éloigne ce
présage, et ne permets pas que ton Esprit
parle en vain à nos coeurs. Bénis la
prédication de ta Parole dans cette sainte
journée, bénis ce jeûne que
nous célébrons, et vivifie par ta
grâce, des formes par elles-mêmes
stériles. Parle toi-même à
l’âme des pécheurs, et touche-les
d’une componction véritable. Parle aux
âmes fidèles, pour qu’elles
redoublent leurs soupirs et détournent par
leurs prières ta colère prête
à se manifester. O Dieu ! souviens-toi
de ton peuple ! Souviens-toi de ton
Église, que tu t’es acquise par le sang
de ton Fils ! Que te dirons-nous encore
Seigneur ! Souviens-toi de ta grande
miséricorde, et qu’elle commence et
achève notre conversion ! Amen !
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