SERMONS
SERMON VII
SUR LA CÉLÉBRATION DE LA
PÂQUE CHRÉTIENNE.
Christ
notre Pâque a été
sacrifié pour nous ; c’est
pourquoi, célébrons la fête,
non avec le vieux levain, ni avec le levain de la
malice et de la méchanceté, mais avec
les pains sans levain de la sincérité
et de la vérité
I. Cor. V. 7. 8.
Le jour des pains sans levains étant
venu, nous dit l’Évangile,
Jésus envoya Pierre et Jean, et leur
dit : Allez nous préparer la
Pâque, afin que nous la mangions.
(Luc XXII. 7. 8.) Jésus se
trouvait alors à une petite distance de
Jérusalem et se proposait de s’y rendre
vers le soir, pour célébrer la
fête selon la Loi, mais surtout, pour
substituer à la Pâque, un
mémorial nouveau, qui devait être
célébré jusqu’à la
fin des siècles. Il envoya donc Pierre et
Jean, pour faire les préparatifs
nécessaires. Eux donc s’en
étant allés,
exécutèrent les ordres de leur
Maître, et préparèrent la
Pâque. Et quand l’heure fut venue, il se
mit à table, et les douze Apôtres avec
lui, et il leur dit : J’ai fort
désiré de manger cette Pâque
avec vous avant que je souffre ; car je vous
dis que je n’en mangerai plus,
jusqu’à ce qu’elle soit accomplie
dans le Royaume de Dieu.
(Luc XXII. 13-16.)
Quel effet ne durent pas produire sur les disciples
ces paroles touchantes et solennelles !
C’est ici le dernier repas qu’ils vont
faire avec le Maître, qu’ils ont appris
à tant aimer ; il va les quitter, il va
souffrir, il leur annonce que la Pâque va
être accomplie dans le Royaume de Dieu,
c’est-à-dire, dans le Ciel
même. Comment s’accomplira-t-elle ?
Quoi ! ce bon Maître serait-il cette
grande victime annoncée depuis si longtemps
et destinée à faire propitiation
devant le trône éternel pour les
iniquités du monde ? Ah ! tout le
leur présage ; tout
s’apprête pour ce sanglant
sacrifice ; Jésus va mourir par les
mains des méchants. - Lui-même va leur
parler sur ce sujet, plus clairement encore :
Ayant pris du pain et ayant rendu grâce,
il le leur donna, en disant : Ceci est mon
corps qui est rompu pour vous, faites ceci en
mémoire de moi ; de même il leur
donna la coupe, en disant : Cette coupe est la
nouvelle alliance en mon sang, qui est
répandu pour vous.
(Luc XXII. 19. 20.)
Le voilà donc révélé ce
mystère caché depuis l’origine
des âges, mais sans cesse entrevu au travers
des voiles qui l’enveloppaient. Les sacrifices
vont être abolis ; les figures, les
types commencent à disparaître ;
voici la réalité ; ce n’est
plus en mémoire d’Israël
délivré de l’Égypte et de
Pharaon, que la Pâque sera désormais
célébrée, mais en
mémoire du salut éternel,
opéré par le vrai Agneau de Dieu,
qui ôte les péchés du monde.
(Jean I. 29.) - Faites ceci en
mémoire de moi,
(Luc XXII. 19.) dit le Seigneur.
Oh ! avec quelle émotion les disciples
ne durent-ils pas recevoir ce pain, image du corps
meurtri de leur Maître !
Avec quel frémissement ne
reçurent-ils pas cette coupe, qui
était comme teinte de son sang ! Ils
répétèrent sans doute dans
leurs coeurs : “Oui, nous ferons ceci
désormais, en mémoire de toi, ô
Seigneur adorable ! nous n’avions pas
besoin de ces signes visibles, pour nous souvenir
de tes bienfaits ; mais en
célébrant à l’avenir ce
repas sacré, nous croirons encore être
avec toi, et entendre tes leçons
dernières.”
Dix-huit siècles se sont
écoulés, mes bien-aimés
frères ! et nous venons à la
suite de tant de générations, qui
sont dans la tombe, pour célébrer ce
repas en mémoire du Fils de Dieu, en
attendant que vienne notre tour de passer dans le
Royaume éternel. Oh ! que cet acte est
auguste et vénérable ! Comme nos
âmes doivent être sérieuses et
attentives ! Le Seigneur est au milieu de
nous ; il est à l’autel ; et
il dit à tous ceux qui s’attendent
à lui, comme autrefois à ses chers
disciples : “J’ai
désiré de manger cette Pâque
avec vous.
(Luc XXII. 15.) Voici, je me tiens
à la porte et je frappe ; si
quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la
porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec
lui et lui avec moi.
(Apoc. III. 20.)” Pesez ces
paroles. Il désire d’être avec
nous, de souper avec nous ! Oh ! quelle
bonté ineffable !
Nous irons donc, Chrétiens ! à
cet autel ; mais il faut y aller comme
Jésus l’ordonne. Pour cela,
rappelons-nous comment les Israélites
devaient célébrer la Pâque. Ils
devaient:
1°. répandre le sang,
2°. manger l’Agneau,
3°. le manger avec des pains sans levain,
4°. avec des herbes amères,
5°. en costume de voyageurs.
Nous trouverons là toutes les directions
nécessaires pour la
célébration de la Pâque
Chrétienne.
Mon Dieu ! tandis que ton serviteur
développera à ce peuple les
dispositions qu’il doit apporter à la
table sainte, daigne, par ton Saint-Esprit,
vivifier ces instructions par elles-mêmes
stériles, et les rendre efficaces dans les
âmes. Amen !
I. Remarquons d’abord qu’il
était prescrit aux Israélites avant
de manger l’agneau de Pâque, de
répandre son sang sur la porte de leurs
maisons ; c’est aussi ce qu’il est
indispensable de faire avant que de participer
à la Pâque Chrétienne ; la
porte de l’homme c’est le coeur, et
c’est là que le sang de Christ doit
être répandu par la foi.
Considérez, ô vous qui
m’écoutez ! ce coeur
d’où procèdent les sources de la
vie ; voyez comme il est souillé ;
que de sentiments contraires à la Loi de
Dieu il renferme ! Qui de vous n’aurait
pas honte s’il fallait en étaler tous
les replis devant les hommes ? Que de
mystères d’iniquité seraient
révélés ! Que
d’orgueil, que de malignité, que
d’impureté, que de faiblesse,
même chez ceux qui semblent les plus
honnêtes et les plus justes ! Que de
détours cachés, que de bas motifs,
qu’on ne soupçonne pas,
paraîtraient alors au grand jour ! -
Hé bien ! ce que vous craindriez de
dévoiler aux hommes, est entièrement
à découvert devant le Seigneur et
c’est avec cette misère qu’il
sonde jusqu’au fond que vous paraîtrez
bientôt à son Tribunal.
Âmes ! qui vous tenez pour
assurées, oseriez-vous bien y aller telles
que vous êtes ? Oseriez-vous bien aller
au-devant de l’ange de vengeances, sans autre
justice que la vôtre ? Ah ! que
deviendriez-vous si vous n’aviez à
opposer à sa flamboyante épée
que le rempart de votre force et de vos propres
vertus ? Misérable rempart, qui
croulerait et vous laisserait sans
ressources ! Alors celui qui se croit fort ne
trouverait plus sa force, le vaillant ne sauverait
point son âme ; il reconnaîtrait,
mais trop tard, qu’il n’appartient pas
à l’homme pécheur de
débattre des droits avec la justice de
Dieu.
Mais si vous reconnaissiez vos souillures et si
vous en gémissiez, si vous sentez que de
vous-mêmes, vous n’êtes que poudre
et cendre ; si votre misère vous
pèse, si votre âme est troublée
des impuretés qu’elle voit en elle, si
elle tremble de paraître devant son
Juge ; alors prenez courage, allez laver
vos robes et les blanchir dans le sang de
l’Agneau Sauveur ;
(Apoc. VII. 14.) recourez par la foi
à cette sainte victime ; demandez
d’être soutenu par lui,
protégé par lui contre les coups de
l’Ange destructeur qui va passer à
votre porte ; l’heure peut être
proche, ce peut être en cette même
nuit ; n’hésitez pas,
hâtez-vous, c’est le seul moyen de
salut.
Voyez par quels signes touchants ce bon Sauveur
vous représente sa charité, à
cette sainte table ; il ne
nous a pas ordonné d’y placer, pour
vous effrayer, un sceptre de fer et le glaive de la
justice ; elle n’est pas
environnée de foudres, comme les sommets du
Sinaï ; non, cette table, toute auguste
qu’elle est, ne rappelle pas le Dieu
consumant, mais le Dieu bon, le Dieu Sauveur. Du
pain représentant le corps meurtri et
déchiré ; du vin
représentant le sang versé ;
c’est pour vous que tout cela a
été fait ; c’est pour vous
que la victime pure et sans tache a
été offerte ; oui c’est
pour vous, pauvre pécheur qui alliez
périr ; oui pour vous-même. - Que
faut-il donc ? c’est qu’avant de
vous approcher de ces signes augustes de la
réconciliation, vous ayez la foi en celui
qui est venu mourir pour l’opérer en
votre faveur ; c’est que vous mettiez
toute votre confiance en son sacrifice et en ses
promesses.
Et pourquoi hésiteriez-vous de mettre ainsi
toute votre confiance en Jésus ?
N’a-t-il pas déclaré, qu’il
ne mettrait point dehors quiconque viendrait
à lui ?
(Jean VI. 37.) N’a-t-il pas dit,
qu’il était oint pour annoncer la
bonne nouvelle aux débonnaires, pour
guérir ceux qui ont le coeur brisé,
pour publier la liberté aux captifs, et aux
prisonniers l’ouverture de la prison, en
annonçant l’année de la
bienveillance de l’Éternel ?
(Esaïe LXI. 1. 2.) N’a-t-il
pas dit qu’il était venu chercher et
sauver ce qui était perdu ?
(Luc XIX. 10.)
Pauvre âme ! rassure-toi donc, à
l’ouïe de ces précieuses
assurances de miséricorde ; ne te
montre pas incrédule, quand Jésus
t’encourage avec tant de bonté ;
et dans le vif sentiment de ton indignité et
de son amour, dis-lui :
“Seigneur ! mes
péchés me couvrent de honte et je
sens que je ne mérite que la condamnation
éternelle ; mais, ô agneau de
Dieu qui as été immolé !
tu les as pris sur toi, ces
péchés ; tu as souffert la mort
à ma place, tu as désarmé le
bras de la Justice qui allait me frapper ; tu
as porté la colère pour me laisser le
pardon ! je crois ces choses, Seigneur !
ton amour est ma force et mon espérance,
ni la mort, ni la vie, ni aucune autre chose ne
me séparera de ta dilection.”
(Rom. VIII. 38. 39.) - Si telle est
votre confiance en Jésus, ô M. C.
F. ! si son sang est ainsi répandu par
la foi dans vos coeurs pour les purifier, alors
vous pouvez aller recevoir à sa table les
gages de votre réconciliation avec le Saint
des Saints ; cette cérémonie
sera bénie pour vous, elle fortifiera et
consolera votre âme, elle vous unira plus
étroitement à celui en qui vous
croyez et que vous aimez, et ainsi appuyés
de plus en plus sur votre puissant
Rédempteur, vous serez en paix contre les
orages du monde et les terreurs de
l’avenir.
II. Tirons une seconde instruction pour la
célébration de la Cène,
d’un autre acte auquel étaient
obligés les Israélites. Ils
mangeaient la chair de l’agneau. Christ a dit
aussi : Si vous ne mangez la chair du Fils
de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous
n’aurez point la vie en vous-mêmes.
(Jean VI. 53.) Ces paroles doivent
être entendues dans uns sens spirituel, comme
le Seigneur nous en avertit lui-même :
Les paroles que je vous dis, ajoute-t-il,
sont esprit et vie.
(Jean VI. 63.)
Essayons, avec son secours, de les bien comprendre.
Quand nous nous approchons de la Cène, que
faisons-nous ? - Nous mangeons le pain qui
représente le corps ; nous buvons le
vin qui représente le sang ; ces signes
matériels entrent en nous et
s’incorporent avec nous ; ils
s’unissent à notre substance,
d’une manière indissoluble ; ils
la fortifient et la nourrissent. C’est
là l’image de la grande
bénédiction que Christ veut nous
accorder, en venant s’unir à nous et
habiter dans nos âmes, pour leur communiquer
abondamment la vie et les forces qui leur sont si
nécessaires ; et pour celui qui se
confie véritablement au Fils de Dieu, le
mystère ineffable s’accomplit. Je ne
vis plus moi, dit l’Apôtre, mais
Christ vit en moi, et si je vis encore dans ce
corps mortel, je vis dans la foi au Fils de Dieu,
qui m’a aimé et qui s’est
donné lui-même pour moi.
(Gal. II. 20.) Quoi ! M. F.,
Christ en nous! Christ, qui est
l’espérance de la gloire !
(Coloss. I. 27.) Christ, source de la
résurrection bienheureuse ! Dieu
béni éternellement !
(Rom. IX. 5.) Oui, voilà
l’efficace de la Cène pour le vrai
fidèle ; par cette
cérémonie auguste, il s’unit
plus intimement avec son Sauveur, il le saisit par
la foi, il le possède, et il peut se dire
avec transport : Je suis à mon
Bien-aimé et mon Bien-aimé est
à moi,
(Cant. VI. 3.) il est mon espoir, ma
consolation et ma vie, et nul ne me ravira de sa
main.
(Jean X. 28.)
Ah ! joies du monde ! pâles lueurs
du plaisir qui passe ! qu’êtes-vous
à côté du bonheur de celui qui
possède son Dieu ? qui se repose sur
lui, qui le connaît, non pas seulement en
idée, mais en effet et par
expérience ? O bon Sauveur ! que
ce soit là notre partage, que nous soyons en
toi comme le sarment qui est attaché au cep,
que nous participions à ta vie, qu’elle
passe en nous avec abondance, qu’elle se
manifeste en produisant tous les fruits qui te sont
agréables ; qu’ainsi, soit que
nous vivions, soit que nous mourions, nous soyons
avec toi !
III. Mais pour entrer ainsi en communion
étroite avec le Seigneur, il faut que le
levain soit ôté de nos coeurs
par le St. Esprit, conformément à ce
qui était ordonné aux
Israélites, de manger des pains sans levain,
avec l’agneau de Pâque. Le levain est
l’effet de la corruption et le symbole de la
méchanceté et de l’hypocrisie.
Être sans levain, c’est marcher en
sincérité et en charité devant
le Seigneur. - Examinez-vous donc vous-mêmes,
M. C. F., pour savoir si vous êtes
sincères devant Dieu, si ce que vous allez
exprimer par cet acte auguste, est
réellement conforme aux dispositions de vos
coeurs ; ou si vous ne seriez pas
peut-être du nombre de ceux dont il est
dit : Ce peuple m’honore de ses
lèvres, mais leur coeur est bien
éloigné de moi ?
(Matth. XV. 8.) - Est-ce Christ que
vous allez chercher à la table sainte ?
Est-ce le désir de vous unir à lui,
qui vous presse ? Est-ce la conviction
sérieuse que vos péchés vous
condamnent et que vous n’êtes
sauvés que par le précieux sang de
l’Agneau ?
- Si vos dispositions étaient
différentes, si vous n’alliez là
que pour satisfaire à la décence et
à la coutume, si vous n’y étiez
pas amenés par un besoin réel de
votre coeur, alors prenez-y garde, l’acte que
vous feriez serait celui de la plus
détestable hypocrisie, et mieux vaudrait
mille fois demeurer éloignés de la
Cène, que de venir la profaner. -
Hélas ! il n’en est que trop, qui
ne réfléchissent guères
à ces choses, qui participent au Sacrement
avec légèreté, comme s’il
s’agissait d’une simple forme, que tout
le monde pût remplir. Il n’en est que
trop, et nous frémissons de le dire, qui, le
coeur plein de mondanité et d’orgueil,
l’âme en proie à des impressions
funestes, le corps peut-être encore
souillé des débauches d’une vie
scandaleuse, osent se présenter à
l’autel et recevoir les Symboles
sacrés : malheureux ! qui, dans
leur insouciance, se jouent de tout ce qu’il y
a de plus auguste, et qui foulant aux pieds le sang
de l’alliance, mangent et boivent leur
condamnation.
(1. Cor. XI. 29.) Le Seigneur les
voit et les juge ; quant à nous,
ministres de la Parole, tout ce que nous pouvons
faire, c’est de protester solennellement, avec
l’Évangile de notre liturgie, contre
ces profanations sacrilèges, de
déclarer qu’il ne peut y avoir de
communion entre Christ et Bélial,
(2. Cor. VI. 15.) et que s’il en
est, qui malgré l’avertissement qui
leur est donné de
s’éloigner, persistent à
venir à l’autel avec un coeur rebelle,
le sang qu’ils invoquent en mentant retombera
sur eux.
Dieu nous garde cependant d’éloigner
par ces paroles, les âmes timorées,
qui connaissent leurs péchés, qui en
gémissent avec amertume et qui crient
à Jésus sans avoir encore reçu
la plénitude de sa paix ! Oh !
qu’elles viennent au contraire avec
confiance ; ce sont-elles que le Seigneur
appelle, c’est à elles qu’il
dit : Venez à moi. Si Christ
repousse le pécheur orgueilleux, il ne
repousse pas celui qui est humble et qui se tourne
vers lui, soupirant après une entière
guérison. Approchez-vous donc, âmes
timides et troublées ! Ne craignez
pas, croyez seulement :
(Marc V. 36.) Christ s’est
donné pour vous, votre salut est fait,
bénissez les éternelles
miséricordes ! J’ai vu ses
voies, dit le Seigneur, et toutefois je
l’ai guéri ; je l’ai
ramené et je lui ai rendu mes consolations,
à lui et à tous ceux qui pleuraient
avec lui. Je crée le sujet d’une
grande louange : paix, paix, à celui
qui est loin et à celui qui est près,
car je le guérirai.
(Esaïe LVII. 18. 19.)
Il est un autre levain qu’il faut avoir
ôté, avant que de s’approcher de
la table sainte, c’est celui de la haine, des
ressentiments et de l’envie, car c’est
ici, M. F., un repas de charité. - Avant
donc que de participer aux symboles de notre
rédemption, demandez-vous à
vous-même : “Y a-t-il
quelqu’un qui m’ait offensé ou qui
ait quelque sujet de mécontentement contre
moi ? Suis-je mal avec une personne de ma
famille, de cette ville ou du dehors ?
Et suis-je disposé à pardonner et
à faire tous les sacrifices
nécessaires pour amener une pleine
réconciliation ? Veux-je le faire en
toute sincérité et pour l’amour
de celui qui m’a tant aimé, que de
donner sa vie pour moi, quoique je ne fusse
qu’un méchant ?” - Si, sur
ces questions, votre coeur hésite, s’il
cherche des subterfuges, des prétextes, pour
ne pas accomplir la loi de la charité, si
vous ne sentez pas que l’aigreur et
l’amertume ont été
enlevées de votre âme ; si vous
ne pouvez pas oublier, pardonner, tendre la main
à votre frère et lui dire :
“pour l’amour du Sauveur, demeurons dans
la paix ;” alors, retirez-vous, car vous
ne recevriez de Jésus qu’une parole de
condamnation. Il vous dirait :
Méchant serviteur ! je t’avais
quitté toute ta dette, parce que tu
m’en avais prié ; ne te fallait-il
pas aussi avoir pitié de ton compagnon de
service, comme j’avais eu pitié de
toi ?
(Matth. XVIII. 32. 33.) Tu payeras
jusqu’au dernier quadrain. - Loin de nous
donc un manque de charité, qui nous
attirerait un si sévère
jugement ! Comme les élus de Dieu,
ses saints et ses bien-aimés, soyons
revêtus des entrailles de miséricorde,
de bonté, d’humilité, de douceur
et de patience, nous supportant les uns les autres
et nous pardonnant les uns aux autres ; si
l’un de nous a quelque sujet de plainte contre
l’autre, comme Christ nous a pardonné,
nous aussi usons-en de même.
(Col, III. 12. 13.) Allons à
la table comme une famille de frères, unis
dans un même Esprit, appuyés sur le
même Sauveur, soupirant après les
mêmes consolations, aspirant à la
même patrie ; et
alors seulement, notre communion sera
chrétienne et Jésus réalisera
en nous ses promesses. O que c’est une
chose bonne, et que c’est une chose
agréable, que les frères demeurent
unis ensemble ! c’est comme ce parfum
précieux qui était répandu sur
la tête et sur les vêtements
d’Aaron ; c’est comme la
rosée qui tombe sur Hermon, comme celle qui
descend sur la montagne de Sion ; car
c’est là que l’Éternel a
établi pour toujours la
bénédiction et la vie.
(Ps. CXXXIII. 1-3.)
IV. Joignons aux pains sans levain, les
herbes amères ;
c’est-à-dire, souvenons-nous avec
amertume de nos déplorables transgressions,
et pensons à l’affreux état
où nous serons réduits, si Christ
n’était pas venu nous ouvrir le chemin
de la réconciliation et du salut. Jetons les
yeux sur notre carrière passée,
rappelons-nous les passions auxquelles nous nous
sommes livrés, les égarements qui ont
marqué nos années, les lieux que nous
avons fréquentés, et nos relations
avec nos semblables ; rappelons-nous les
invitations de Dieu si souvent
méprisées, l’abus de sa
patience, nos retours aux mêmes habitudes que
nous avions promis de délaisser à
toujours ; formons une seule masse de tous ces
souvenirs funestes, et représentons-nous un
moment que ce fardeau pèse sur notre
âme, sans que nous puissions dire avec
certitude : “Dieu nous a manifesté
sa miséricorde, il y a pardon par devers
lui,
(Ps. CXXX. 4.) il a donné son
Fils. ”
Supposons que le message de paix ne nous ait point
été apporté et que nous soyons
abandonnés, sur la grande question de notre
avenir, à nos seules conjectures… O mon
Dieu ! quel affreux état que celui
d’une pareille incertitude ! Quelle
effroyable chose surtout, que de voir approcher la
dernière heure et d’être
étendu sur un lit de mort, attendant le
lever mystérieux de
l’éternité, sans savoir si le
Seigneur pardonnera ! On tremble, quand on est
prêt à paraître devant un Roi de
chair et de sang, qui, si on l’a
offensé, ne peut détruire que le
corps d’argile ; mais paraître
devant le Roi des Rois, dont la colère,
s’il est irrité contre nous,
n’aura point de bornes, et qui, s’il nous
condamne à la mort, nous condamnera à
la mort éternelle ; quelle situation
effrayante ! Et cependant, M. F.,
c’était la nôtre, si Christ
n’était pas venu publier le salut et
donner son sang pour notre rachat. - Ah !
pauvres captifs délivrés du
joug ! souvenons-nous donc de l’amertume
de notre esclavage, de notre misère propre,
de la mort seconde qui nous menaçait, afin
de mieux sentir toute la grandeur du bienfait que
nous avons reçu et de donner plus de vie
à l’hymne de notre reconnaissance.
Voici maintenant le moment de le chanter dans
l’allégresse de notre coeur, voici le
moment de redire le Cantique de l’Agneau avec
les Saints glorifiés : le salut
vient de notre Dieu qui est assis sur le
trône, et de l’Agneau. Amen !
louange, gloire, sagesse, actions de grâces,
honneur, puissance et force, à notre Dieu,
aux siècles des siècles !
(Apoc. VII. 10-12.)
V. Enfin, M. C. F., rappelons-nous que les
enfants d’Israël
célébraient la Pâque, les
reins ceints, les souliers aux pieds et le
bâton à la main,
c’est-à-dire, en costume de
voyageurs. Lorsqu’ils la
célébrèrent pour la
première fois, ils allaient quitter
l’Égypte et s’avancer au travers
du désert vers la terre promise. Nous aussi,
en célébrant la Pâque,
souvenons-nous que nous sommes étrangers et
voyageurs ici-bas et que nous cherchons une
meilleure patrie. Laissons donc les
débordements et la vaine manière de
vivre des enfants du siècle, et montrons par
toute notre conduite, que notre bourgeoisie est
dans les Cieux.
(Philipp. III. 20.)
N’entendez-vous pas le cri
d’avertissement, retirez-vous,
retirez-vous, sortez de là, ne touchez
à aucune chose souillée ; sortez
du milieu d’elle ; nettoyez-vous, vous
qui portez les vaisseaux de
l’Éternel !
(Esaïe LII. 11.) - Il y a un
désert à traverser, c’est le
monde. Là nous aurons des obstacles à
vaincre, des fatigues à endurer ; mais
la colonne de nuée sera avec nous, comme
avec les Israélites, Christ sera notre
rocher pour abreuver nos âmes, il les
nourrira du pain des anges, et ainsi nous
avancerons vers le lieu du repos.
Pense à ce repos, ô
Chrétien ! penses-y en approchant de
l’autel où Jésus
t’appelle ; dis-lui : “Mon
Seigneur et mon Dieu ! reçois-moi
pauvre voyageur, et place-moi sous le manteau de ta
miséricorde ; me voilà
prêt à faire ta volonté, je
veux passer avec toi du monde au
Père ;
(Jean XIII. 1.) le chemin sera
peut-être long encore, il sera marqué
peut-être par bien des combats ;
mais Seigneur ! je serai
avec toi, tu me garderas, tu me soutiendras, tu me
communiqueras tes consolations et ta vie ; je
passerai donc avec joie, je passerai en
sûreté ; avec toi je ne craindrai
rien, ni les pièges des hommes, ni les
puissances de ténèbres. ” O
précieuse confiance ! doux
abandon ! paix qui ne peut être
ébranlée ! puissions-nous vous
posséder toujours ! Chrétiens
voyageurs ! marchons, hâtons-nous,
passons avec Jésus-Christ,
n’arrêtons pas nos coeurs dans ce
désert, mais élevons-les vers le lieu
de notre bourgeoisie éternelle.
Pensez surtout à ces choses et repassez-les
dans vos coeurs, ô vous nos chers enfants!
qui venez d’être introduits dans
l’Église du Seigneur et qui allez faire
votre Pâque pour la première fois.
Vous commencez votre voyage vers le lieu dont
l’Éternel a dit : Je vous le
donnerai ;
(Nomb. X. 29.) si vous avez cru cette
parole, si vous avez pleine confiance en votre
Sauveur, que pourriez-vous craindre ? Ce
n’est pas vous qui l’avez choisi,
(Jean XV. 16.) c’est sa
miséricorde qui vous a pris à lui, et
pensez-vous qu’il vous abandonne jamais ?
Non, non, si vous avez cru du coeur en ses
promesses, vous serez gardés, vous serez
fortifiés, perfectionnés, affermis
et rendus par lui inébranlables. Allez
donc, avec confiance, prendre les symboles
sacrés du corps qui a été
crucifié pour vous, et du sang qui a
été versé pour la
rémission de vos péchés.
Nous ne vous donnerons pas ces symboles, sans une
émotion profonde et une vive
sollicitude ; mais nous prierons Jésus,
l’Évêque des âmes, de
manifester lui-même à vos coeurs, de
vous laisser la paix, de vous donner sa paix,
(Jean XIV. 27.) de venir habiter en
vous, afin que la bonne oeuvre qu’il a
commencée, soit perfectionnée pour la
journée de son avènement.
(Philipp. I. 6.)
O mon Dieu ! ô mon Maître !
ô mon Roi ! parle-leur toi-même et
dis-leur par ton Esprit : “Je suis ton
Sauver ; c’est aussi avec toi que je veux
célébrer la Pâque,
écoute ! oh ! écoute ma
voix ! mon enfant, mon cher enfant !
viens à moi, donne-moi ton coeur. ”
Oui, unis-les à toi, prends-les à
toi, ô Sauveur adorable ! garde-les
contre eux-mêmes, contre le monde et contre
les puissances de l’enfer ; au jour de la
tentation sois leur lumière et leur
bouclier ; et donne-leur une pleine
victoire ! Qu’ainsi, il ne soient jamais
séparés de ta dilection ; que
leur pèlerinage s’achève dans le
bon combat de la foi ; et qu’ils arrivent
enfin aux portes de la céleste Sion, pour y
entrer avec toute la troupe des élus, et
pour y trouver le repos éternel que tu as
promis à ton peuple ! Amen !
|