SERMONS
SERMON IX
SUR LE MIRACLE DES PAINS.
En ces
jours-là, il y avait avec Jésus une
grande multitude de gens, et comme ils
n’avaient rien à manger, il appela ses
disciples, et leur dit : J’ai compassion
de ce peuple ; car il y a déjà
trois jours qu’ils ne me quittent point, et
ils n’ont rien à manger. Et si je les
renvoie à jeun en leurs maisons, les forces
leur manqueront en chemin, car quelques-uns sont
venus de loin. Et ses disciples lui
répondirent : D’où
pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans
ce lieu désert ? Et il leur
demanda : Combien avez-vous de pains ? Et
ils dirent : Nous en avons sept. Alors il
commanda aux troupes de s’asseoir à
terre ; et ayant pris les sept pains, et rendu
grâce, il les rompit, et les donna à
ses disciples pour les distribuer, et ils les
distribuèrent au peuple. Ils avaient aussi
quelques petits poissons ; et Jésus
ayant rendu grâce, il ordonna qu’on les
leur présentât aussi. Ils en
mangèrent donc, et furent
rassasiés ; et on remporta sept
corbeilles pleines des morceaux qui étaient
restés. Or ceux qui mangèrent
étaient environ quatre mille ;
après quoi il les renvoya.
Marc VIII. 1-9.
Lorsque je lis dans l’Évangile le
récit des miracles du Sauveur, et que je
m’arrête à les développer
pour notre instruction et notre édification
communes, une pensée pénible vient
souvent oppresser mon coeur ; c’est que
peut-être parmi ceux à qui je
m’adresse, il en est plusieurs qui,
abusé par une déplorable
incrédulité, écoutent avec
doute ces récits de l’Écriture
et ne les accueillent peut-être qu’avec
le sourire du dédain.
- Je dois l’avouer ; cette pensée
s’est encore présentée à
mon esprit aujourd’hui, lorsque je vous ai lu
les paroles de mon texte. “Il en est
peut-être là, me suis-je dit, qui ne
croient pas ce que tu lis. Il en est
peut-être, qui taxent tout cela
d’exagération ou même de fable,
et qui par conséquent ne sont nullement
disposés à recevoir avec
docilité des instructions qui
découleront d’un tel récit. Que
feras-tu donc ? T’adresseras-tu
uniquement à ce petit nombre, pour lui
démontrer la vérité de
certains faits qu’il n’admet pas encore,
ou laissant ces exceptions malheureuses,
parleras-tu pour la généralité
qui, sans avoir une foi vivante, ne
s’arrête pourtant pas à ce genre
de difficultés ?”
- Oui, M. C. F. ! faut-il que nous commencions
par établir la réalité des
miracles, en rappelant quels hommes les ont
attestés ? Faut-il redire que les
Apôtres ayant vu de leurs propres yeux ce
qu’ils racontent, il est impossible qu’il
y ait eu la moindre illusion de leur part ? -
Que d’un autre côté, leur
caractère simple et sans artifice les met
à l’abri de toute accusation
d’imposture ; que leurs écrits
respirent partout l’amour de tout ce qui est
honnête, de tout ce qui est juste et digne de
louange, et surtout l’amour de la
vérité ; - que leur vie
entière a été consacrée
à la gloire de Dieu et à des oeuvres
de piété et de miséricorde, et
qu’il y aurait la plus effroyable
contradiction à imaginer que ceux qui ont
ainsi dévoué toutes leurs forces,
toutes leurs facultés, tous leurs moments
à faire le bien, n’ont
été au fond que des
scélérats et des parjures ; -
que d’ailleurs, bien loin de trouver leur
avantage selon le monde dans une semblable
carrière, ils n’ont recueilli de leur
témoignage que l’opprobre et les plus
cruelles persécutions ; que la plupart
sont morts martyrs des vérités
qu’ils annonçaient au monde, et
qu’après tout, comme le dit un auteur
célèbre, (Pascal) on doit croire des
témoins qui se font égorger. -
Faut-il rappeler encore, quant aux miracles en
particulier, que personne ne les a niés
pendant la vie de Jésus-Christ,
(1) ni dans les
premiers siècles qui ont suivi sa
venue ; que les Juifs en sont convenus ;
(2) que les
Païens, même ceux qui ont poussé
le plus loin leur acharnement contre le Christ, ont
été obligés de les avouer,
(3) et que
lorsque les adversaires contemporains des
événements les reconnaissaient comme
vrais, il sied mal à ceux qui viennent
dix-huit cents ans après, de vouloir les
remettre en question ?
Faut-il rappeler toutes ces choses et les
développer de nouveau, comme si elles
n’avaient jamais été
proclamées dans cette enceinte, ou
qu’elles fussent ignorées de ceux qui
nous écoutent ? - Mais, je le demande,
ces vérités n’ont-elles pas
été assez fréquemment
reproduites, pour que toutes les âmes
sincères aient pu se rendre à
l’évidence ?
Et quant aux âmes insouciantes et
orgueilleuses, à quoi bon leur en parler
encore ? Si jamais elles désirent
rappeler à leur souvenir les preuves de la
divinité de l’Évangile, elles
pourront même les entendre de la bouche des
enfants que nous préparons pour le joug de
Christ. Si elles cherchent la sagesse d'en-haut, le
Seigneur la donne libéralement à qui
la demande. - Ah ! les secours ne manquent
pas ; ils se multiplient autour de celui qui
veut en faire usage. Qu’est-ce donc qui
manque ? - C’est la droiture et la
simplicité de coeur ; c’est le
désir de sortir des liens du
péché, pour entrer dans le chemin de
la vie. Telle est la vraie cause qui produit
l’incrédulité.
O mon Dieu ! Toi qui connais les coeurs et qui
peux les fléchir à ton gré,
donne à chacun de nous de recevoir
instruction de ton Évangile et de s’y
soumettre sans réserve. Si l’un se
complaît dans son orgueilleuse sagesse
donne-lui d’en voir le néant. Si un
autre résiste par attachement au
péché, fais-lui voir ce
péché comme il le verra à son
heure dernière. Si tous, nous sommes
tièdes et lâches à profiter de
tes enseignements, ranime-nous, vivifie-nous par la
puissance de ton Esprit de grâce !
Amen !
I. En ces jours-là, il y avait
avec Jésus une grande multitude de gens, et
comme ils n’avaient rien à manger, il
appela ses disciples et leur dit : J’ai
compassion de ce peuple, car il y a
déjà trois jours qu’ils ne me
quittent point et ils n’ont rien à
manger.
- Il est bien réjouissant de voir ainsi
Jésus-Christ suivi d’une si grande
foule de peuple, surtout quand on considère
que, pour entendre la parole du salut, ces gens
oubliaient les premières
nécessités de la vie. Ils avaient
sans doute pris avec eux quelques
légères provisions, mais pas assez
pour subvenir à leurs besoins, et
déjà ils comptaient le
troisième jour depuis qu’ils avaient
quitté leurs demeures. - Un tel exemple
n’est-il pas de nature à vous faire
rougir, vous qui faites profession
d’être Chrétiens, et qui
supportez si difficilement la moindre privation
corporelle, pour le bien de vos âmes. Vous
voulez bien être disciples de Christ, pourvu
que vous ayez toutes vos aises et que rien ne
manque à vos désirs ; mais
êtes-vous appelés à quelque
sacrifice, à quelque gêne
pénible ? alors vous ne trouvez plus en
vous que découragement et
lâcheté. Ah ! qu’il est
facile d’oublier que le renoncement est un des
principaux caractères de la vie
chrétienne, et que nous sommes
appelés à marcher sur les traces de
l’Homme de douleur !
Prenons aussi exemple de la foi de cette multitude
de gens qui suivaient Jésus. Ils
étaient allés avec lui au
désert, sans savoir comment ils y seraient
nourris, mais sachant bien que l’on ne risque
jamais rien quand on est avec le Maître et
qu’on s’attache à le suivre. Telle
est la foi du vrai fidèle. Autant il a de
défiance quand il s’agit de suivre ses
propres voies, autant il a de confiance et de
courage quand il faut s’attacher à
l’exemple du Sauveur et aux directions
qu’il a laissées aux siens.
Qu’importent les difficultés !
Qu’importent les privations et les
épreuves ! Qu’importent les
mortifications que le monde est toujours prêt
à prodiguer à ceux qui ne font pas
comme lui ! Avec Jésus, le
Chrétien est calme, sans crainte, sûr
de n’être jamais confus et
d’obtenir une pleine victoire. Je sais en
qui j’ai cru, dit-il avec St. Paul ;
(2. Tim. I. 12.) et avec David,
l’Éternel est mon Berger, je
n’aurai point disette. Il me fait reposer dans
des parcs herbeux, et il me conduit le long des
eaux tranquilles. Il restaure mon âme, et il
me mène par des sentiers unis, pour
l’amour de son nom. Même quand je
marcherais dans la vallée de l’ombre de
la mort, je ne craindrais aucun mal ; car tu
es avec moi ; c’est ton bâton et ta
houlette qui me consolent.
(Ps. XXIII. 1-4.) - Ceux qui
allèrent avec Christ au désert, ne
s’attendirent pas en vain à sa
bonté ; il ne tarda pas à leur
en donner un touchant témoignage.
J’ai compassion de ce peuple, dit-il
à ses disciples, car il y a
déjà trois jours qu’ils ne me
quittent point, et ils n’ont rien à
manger. Et si je les renvoie à jeun en leurs
maisons, les forces leur manqueront en chemin, car
quelques-uns sont venus de loin. Nous
retrouvons ici la même miséricorde que
le Sauveur manifesta dans tant d’autres
occasions. Toutes les souffrances des hommes
attiraient ses regards et semblaient avoir droit
d’émouvoir son coeur. Il soulageait les
maux du corps, il guérissait les plaies de
l’âme. Il entrait dans tous les
détails, il ne négligeait rien.
C’était un Consolateur venu d'en-haut
pour porter remède à nos grande
misères. Il allait de lieu en lieu
faisant du bien,
(Act. X. 38.) voilà toute
l’histoire de sa vie, et ce fut pour notre
bien aussi qu’il voulut mourir. - J’ai
compassion de ce peuple ! Ce sont de ces
paroles qu’on ne peut se lasser de
répéter, parce qu’elles nous
révèlent l’âme de
Jésus tout entière et
l’inépuisable trésor de son
amour. Ce n’est pas ici un être qui nous
soit étranger, ou qui dédaigne de
s’abaisser jusqu’à notre condition
chétive. Non ; c’est un
frère qui sent avec nous, qui souffre avec
nous et qui verse lui-même des larmes en
essuyant les nôtres. Heureux
Chrétien ! comprendras-tu jamais assez
combien tu es heureux d’avoir un tel
Maître, et pourrais-tu jamais assez le
bénir ?
Hélas ! comment arrive-t-il, que
malgré tant d’expériences de la
tendresse du Seigneur et de sa bonté
paternelle, nous soyons si souvent disposés
à oublier sa sollicitude pour les siens et
l’efficace de son pouvoir en leur
faveur ? Et comment arrive-t-il que l’on
retrouve cette malheureuse disposition, même
chez ces Apôtres qui avaient
été témoins de tant de
merveilles ? - D’où pourrait-on
avoir des pains pour rassasier ce peuple ?
dirent-ils à Jésus. D’où
pourrait-on les avoir, ô disciples du Fils de
Dieu ? Avez-vous donc oublié quel est
le Maître qui vous parle ? Celui qui
tance les éléments
déchaînés et qui commande
à la nature, ne pourrait-il pas, s’il
le voulait, changer en pains les pierres du
désert ?
Mais Jésus ne veut pas écraser les
faibles par le spectacle de sa puissance ; il
se met à leur portée et leur
dit : Combien avez-vous de pains ?
S’il fait cette question, ce n’est pas
pour s’instruire, mais pour appeler
l’attention des Apôtres sur la petitesse
de leurs ressources, afin que plus tard ils
comprennent mieux toute la grandeur du miracle.
Nous avons sept pains, dirent les disciples.
Alors il commanda aux troupes de s’asseoir
à terre, et ayant pris les sept pains, il
rendit grâces avant de les
distribuer.
Je ne saurais m’empêcher de
m’arrêter ici pour faire une
réflexion. Si Jésus, qui était
Maître et Seigneur, rendait grâces
à son Père, chaque fois qu’il
prenait de la nourriture, ou qu’il allait la
distribuer, à combien plus forte raison ne
devons-nous pas le faire, nous qui ne sommes que
les derniers des serviteurs ! Recevoir les
biens de Dieu et en faire usage sans élever
nos âmes à Lui, serait la preuve
d’une bien grande dureté ou d’une
irréflexion bien coupable. Et s’il en
est parmi vous, M. F., comme nous avons tout lieu
de craindre, qui aient des reproches à se
faire à cet égard, nous les conjurons
de réfléchir sérieusement
à l’exemple que donne ici le
Sauveur ; ils y trouveront, je pense, une
indication non équivoque de leur devoir.
Jésus ayant rendu grâces, rompit
les pains et les donna à ses disciples pour
les distribuer au peuple. Je vois ici, M. F.,
une juste image de la manière dont nous
recevons les biens et dont nous devons en faire
usage.
Quand nous sommes placés sur la terre dans
une position favorable, et que nous avons le
nécessaire, ou même le superflu en
abondance, d’où nous viennent ces
ressources ? - C’est la main invisible
qui nous les donne. - Mais est-ce afin que nous
retenions tout pour nous-mêmes ? - Non,
sans doute. Nous sommes appelés à
être des économes, des dispensateurs
du bien de Dieu, selon sa volonté, et sa
volonté est que nous en employions une
partie au soulagement des indigents. Heureux
sommes-nous, de devenir ainsi des instruments de
bénédiction dans la main de Dieu et
de remplir ses vues de miséricorde à
l’égard de nos frères ! Le
Seigneur donne, et nous distribuons.
Mais, remarquons ici, M. F., deux traits bien
propres à influer sur notre conduite, et
à écarter bien des prétextes.
Jésus donna à ceux qui le suivaient
une nourriture abondante sans doute, mais
simple ; et il est juste que nous imitions une
telle simplicité pour nous-mêmes. On
n’y réfléchit pas assez sans
doute ; car si l’on y
réfléchissait, beaucoup de gens qui
veulent le bien et qui désirent de vivre
selon l’Évangile, opéreraient
quelque réforme à cet égard
dans leurs habitudes. Il ne doit rien y avoir de
somptueux chez le Chrétien ; il doit
chercher comme son Maître la
simplicité en toutes choses ; et si
cette simplicité était plus commune,
on aurait aussi plus de ressources à
appliquer à des vues pieuses et à des
oeuvres selon l’Esprit de Christ.
Remarquons aussi que l’on eut soin de
remporter tous les morceaux qui étaient
restés après la distribution des
pains au peuple.
C’est-là une leçon
d’économie et d’ordre,
qualités si importantes et si propres
à faciliter l’exercice de la
bénéficence envers les pauvres !
Celui qui a soin de tout, a ordinairement quelque
chose à donner, tandis que le riche
lui-même, s’il est négligent, est
souvent à l’étroit quand il faut
assister ses frères. Ah ! que de choses
se détruisent souvent sans utilité
dans les maisons aisées, tandis que si on
les recueillait pour les donner à
l’indigent, il pourrait en tirer parti pour
lui ou pour sa famille. Il n’est pas indigne
de la charité chrétienne de porter
son attention sur de semblables détails, et
de se tracer une règle dont
l’observation prévienne de coupables
abus.
Après avoir appelé votre attention
sur les principaux traits du récit de notre
texte, il nous reste à faire encore quelques
réflexions plus générales.
II. Lorsque le Sauveur faisait des miracles,
il se proposait ordinairement deux buts
importants ; celui de soulager
l’humanité souffrante, et celui de
convaincre les hommes de la divinité de sa
mission. Ainsi, dans l’Évangile
d’aujourd’hui, nous le voyons subvenir
aux besoins corporels de tout un peuple et le
rassasier d’une manière
miraculeuse ; mais il est évident, que
par ce prodige, il voulait aussi frapper
salutairement ce grand nombre d’âmes et
les attirer à lui par cette preuve de son
pouvoir. Ainsi encore, s’il retira Lazare du
tombeau, ce fut sans doute d’abord, par
compassion pour la douleur de Marthe et
Marie ; mais il avait
encore un plus grand but, celui de montrer
d’une manière éclatante,
qu’il était la résurrection
et la vie, et que celui qui croirait en lui,
virait, encore qu’il fût mort.
(Jean XI. 25.) Presque tous les
miracles rapportés dans
l’Évangile pourraient nous fournir une
semblable remarque ; nous pourrions toujours y
voir Jésus opérant quelque
délivrance temporelle, afin d’amener
ensuite un bien permanent en
éternité.
De nos jours, Christ n’est plus là pour
nous frapper par des délivrances
miraculeuses, il ne paraît plus au milieu du
peuple pour le rassasier en lui multipliant des
pains ; cependant, pour celui qui y fait
attention, le Seigneur manifeste encore son pouvoir
au milieu de nous, par des effets tout aussi
merveilleux que ceux des jours anciens. -
N’avez-vous jamais vu, M. F., un
pécheur longtemps insensible aux invitations
de son Dieu et marchant selon ses propres
convoitises, commencer à
s’inquiéter au milieu de sa
déplorable carrière et ne plus penser
qu’en tremblant à la mort ?
N’avez-vous jamais remarqué chez
quelqu’un de vos semblables, ce que
l’Écriture appelle la faim et la
soif de la justice, (Matth. V. 6.) cette
angoisse intérieure et secrète qui
travaille ceux qui cherchent le chemin de la paix
et qui ne le connaissent pas encore ? En
n’avez-vous jamais eu l’occasion de voir
ensuite ce même pécheur soulagé
de cet effroyable fardeau, rayonnant d’une
céleste joie, comblé de paix en son
Dieu, et par le plus merveilleux changement,
transporté des ténèbres au
royaume de la lumière ?
- Et si un tel spectacle ne vous est pas
entièrement étranger, trouvez-vous
une telle délivrance moins étonnante
que les délivrances temporelles
rapportées par l’Évangile ?
L’action du Sauveur sur les esprits, vous
frappera-t-elle moins que cette qu’il
exerça autrefois sur les corps ? Une
âme rassasiée du pain du ciel, vous
touchera-t-elle moins qu’une multitude
rassasiée du pain grossier de la
terre ? Et ne reconnaîtrez-vous pas dans
les deux cas la même main propice et
bienfaisante ?
- Ah ! qu’on y prenne garde : Le
bras de l’Éternel n’est pas
raccourci pour ne plus délivrer, et son
oreille n’est pas devenue pesante pour ne plus
pouvoir entendre ;
(Esaïe LIX. 1.) les cieux
répondent encore à la terre quand
elle demande la bénédiction ;
(Osée II. 21.) le Sauveur
n’a pas quitté son peuple ; et
nous pouvons, à juste titre, dire à
beaucoup d’aveugles de nos jours, ce que
Jésus disait à ceux qui de son temps
ne comprenaient pas les dispensations dont ils
étaient les témoins : quand
vous voyez une nuée qui se lève du
côté de l’occident, vous dites
d’abord, il va pleuvoir et cela arrive
ainsi ; et quand le vent du midi souffle, vous
dites qu’il fera chaud et cela arrive.
Hypocrites, vous savez bien discerner ce qui
paraît au ciel et sur la terre, et comment ne
discernez-vous pas les temps où vous
êtes ?
(Luc XII. 54-56.) - Oui, le Seigneur
fait encore assez d’oeuvres au milieu de nous,
pour convaincre ceux qui seraient les plus
disposés à douter de sa
présence et de son pouvoir :
mais ceux qui voient tant
d’âmes comblées de paix, de
consolation et de justice, ne doivent-ils pas
désirer aussi d’avoir part aux
mêmes bénédictions ? -
Oui, sans doute ; c’est-là
l’effet qu’un tel spectacle est
destiné à produire. - Et comment
obtenir les mêmes dons pour nous, me diront
quelques-uns ? - En imitant l’exemple du
peuple que le Sauveur rassasia. Ce peuple allait
avec Jésus-Christ, il allait avec confiance,
et il persévérait malgré les
privations.
Ceux qui composaient cette multitude avaient
quitté leurs demeures pour s’attacher
aux pas de Jésus-Christ. Sortez aussi de
votre orgueilleuse confiance en vous-même,
pour chercher toutes vos ressources auprès
de ce Sauveur qui veut vous bénir. Vous avez
besoin de lumière. Il est la
lumière du monde ;
(Jean VIII. 12.) vous avez besoin de
pardon, Il vous l’a acquis au prix de son
sang ; vous avez besoin de sainteté,
son Esprit vous en revêtira et renouvellera
votre coeur. - Mais allez aussi à Christ
avec confiance, comme ceux qui le suivaient au
désert. Ils restaient avec lui sans avoir
d’inquiétude sur leur sort et sur leur
manque de ressources. Ils étaient avec lui,
c’en était assez pour remplir leurs
voeux les plus chers et pour bannir toutes leurs
craintes. Voilà la confiance qu’il est
juste que nous ayons aussi. Attachons-nous au
Maître ; regardons à lui ;
restons près de lui, et ne craignons pas
qu’il nous abandonne. - Mais ce peuple
persévéra à rester avec
Jésus-Christ, malgré les privations.
Le troisième jour était
déjà venu, et le Seigneur
n’avait pas encore pourvu à leurs
besoins. Cependant, ils ne perdirent pas courage et
leur attente ne fut pas trompée. De
même, si sur les pas de Jésus-Christ,
nous ne trouvons pas d’abord toute la paix,
toute la force, toutes les consolations que nous
attendions ; si des privations et des
angoisses viennent mettre notre foi à une
épreuve pénible ; si un ciel
sombre menace nos têtes et que des vapeurs
sorties des enfers viennent nous effrayer ;
demeurons fermes, appuyés sur l’ancre
éternelle, savoir, sur les promesses de
Celui qui ne change pas. La vision peut
être différée
jusqu’à un certain temps, dit le
Prophète ; s’il tarde,
attends-le, car il viendra assurément et il
ne manquera point.
(Habac. II. 3.) Son temps n’est
pas le nôtre ; il connaît mieux
que nous nos angoisses et le moment propice pour
nous délivrer. Il nous rendra la vie dans
deux jours, et au troisième jour, il nous
rétablira et nous vivrons en sa
présence. Car son lever se prépare
comme celui de l’aurore ; il viendra pour
ses bien-aimés, comme la
rosée, comme la pluie de
l’arrière-saison qui arrose la terre.
(Osée VI. 2. 3.) O que
bienheureux est l’homme qui a mis en lui son
assurance !
Nous tirerons cette dernière instruction
générale de l’Évangile de
ce jour, que puisque notre Maître a eu
compassion de ceux qui étaient avec lui et a
subvenu à leurs besoins, nous devons imiter
cet exemple, en venant nous-mêmes au secours
de ceux qui sont dans l’indigence. Tout ce que
Jésus a fait, nous devons trouver doux de le
faire aussi ; les
sentiments qu’il a eus, nous devons
désirer de les revêtir et de les
manifester nous-mêmes. - La saison rigoureuse
où nous nous trouvons, doit
particulièrement nous rappeler ce devoir.
(4)
Dans ces moments, des besoins de tout genre
assiègent le pauvre et sollicitent
l’attention des âmes chrétiennes.
Allons donc au-devant de toutes ces misères,
employons-nous chacun selon nos forces et selon nos
ressources, à adoucir le sort de ceux qui
nous touchent de si près ; ne craignons
pas de nous imposer quelques privations ; que
le superflu des uns devienne le nécessaire
des autres. Si Jésus-Christ était
encore au milieu de nous sous une forme visible, et
qu’il nous demandât, comme autrefois
à ses disciples : Combien avez-vous
de pains ? Sur l’indication que nous
lui donnerions de nos ressources
journalières, ne nous montrerait-il pas
facilement que nous avons de quoi faire une ample
distribution aux indigents, en gardant
d’ailleurs tout ce qui nous est
nécessaire à nous-mêmes ?
- Eh bien ! quoique Jésus ne nous fasse
pas cette question de sa bouche, il nous la fait
dans l’Évangile, et nous devons lui
répondre sur ce point, comme nous le ferons
au dernier jour, lorsqu’il nous demandera
compte de tout ce qu’il a mis entre nos mains.
Heureux, mille fois heureux alors, les
fidèles serviteurs, à qui seront
adressées ces paroles ! Venez les
bénis de mon Père, possédez en
héritage le royaume qui vous a
été préparé dès
la fondation du monde ; car j’ai eu faim
et vous m’avez donné à
manger ; j’ai eu soif, et vous
m’avez donné à boire ;
j’étais nu, et vous m’avez
vêtu ; j’étais malade et en
prison, et vous êtes venus me voir ; car
je vous dis, qu’entant que vous avez fait cela
au plus petit d’entre mes frères, vous
me l’avez fait à moi-même.
(Matth. XXV. 34. 35. 36.
40.)
Puisse, M. C. F., cette magnifique
bénédiction être un jour la
vôtre ! Puissiez-vous en donnant et en
donnant libéralement, le faire en vue de
Celui qui nous a aimés et qui s’est
donné lui-même pour nous, vous
souvenant que toute oeuvre qui n’est pas
sanctifiée par la foi en ce Sauveur, ne peut
être agréable au Père ! -
Et qu’il daigne Lui-même, ce Dieu de
miséricorde, tandis que vous rompez votre
pain pour rassasier les pauvres, rassasier vos
âmes en Jésus-Christ, et vous donner
pleinement la connaissance de son Évangile
glorieux, en sorte que vous soyez enrichis de
toutes sortes de dons spirituels, et que rien ne
vous manque pour la grande journée du
Seigneur ! Amen !
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