SERMONS
SERMON X
CONSOLATIONS ADRESSÉES AU CHRÉTIEN
DANS LES ÉPREUVES.
Maintenant,
ainsi a dit l’Éternel, qui t’a
créé, ô Jacob ! et qui
t’a formé, ô Israël !
Ne crains point, car je t’ai racheté,
et je t’ai appelé par ton nom ; tu
es à moi. Quand tu passeras par les eaux je
serai avec toi ; et quand tu passeras par les
fleuves, ils ne se noieront point ; et quand
tu marcheras dans le feu, tu ne seras point
brûlé, et la flamme ne
t’embrasera point. Car je suis
l’Éternel ton Dieu, le Saint
d’Israël, ton Sauveur.
Esaïe XLIII. 1. 2. 3.
Rien n’est plus touchant et plus propre
à nous découvrir toute
l’étendue des miséricordes de
Dieu, que de contempler la suite de ses
dispensations envers son peuple d’Israël.
Ce peuple n’avait rien fait assurément
qui pût lui mériter les
bénédictions dont il était
l’objet, même il prouva dans bien des
circonstances qu’il était dure et
incirconcis de coeur, que son cou était
comme une barre de fer et que son front
était d’airain.
(Esaïe XLVIII. 4.) Mais le
Seigneur qui l’avait appelé dès
l’origine, ne voulut pas l’abandonner. Il
usa de patience envers lui, il le supporta pendant
des jours sans nombres, il ne cessa pas de lui
enseigner ce qui est utile,
(Esaïe XLVIII. 17.) de conjurer
par la voix de ses serviteurs les Prophètes
de se retourner vers lui et de se convertir.
- Quoique souvent oublié et méconnu,
il se montra toujours comme Père. -
Ephraïm n’a-t-il pas été
pour moi un enfant chéri ? ne
m’a-t-il pas été un enfant
agréable ? Car depuis que je lui ai
parlé, je n’ai point manqué de
m’en souvenir. C’est pourquoi mes
entrailles se sont émues à cause de
lui, et j’aurai certainement pitié de
lui, dit l’Éternel.
(Jérém. XXXI. 20.) -
Cependant Dieu appesantit quelquefois son bras, il
frappa quelquefois de sa verge : mais
c’était encore dans un dessein de
miséricorde, pour toucher les coeurs
endurcis, ou bien encore pour éprouver la
foi de ses enfants, et pour faire mieux
éclater sa bonté dans les
délivrances qu’il leur
réservait. - Et dans ces épreuves
elles-mêmes, de quelles consolations ne se
plaisait-il pas à les environner !
Comme il était toujours prêt à
les encourager, à les relever dans leur
abattement, à essuyer leurs larmes, à
leur rappeler ses promesses et à leur
montrer dans l’avenir de meilleurs
jours ! Nous en avons une preuve bien
touchante dans notre texte, où le Seigneur
présente avec tant de magnificence à
Israël tous les motifs qu’il a de se
confier en son Dieu. Maintenant, ainsi a dit
l’Éternel, qui t’a
créé, ô Jacob ! et qui
t’a formé, ô Israël !
Ne crains point, car je t’ai racheté,
et je t’ai appelé par ton nom ; tu
es à moi. Quand tu passeras pas les eaux, je
serai avec toi ; et quand tu passeras par les
fleuves, ils ne te noieront point ; et quand
du marcheras dans le feu, tu ne seras point
brûlé, et la flamme ne
t’embrasera point.
Car je suis l’Éternel ton Dieu, le
Saint d’Israël, ton Sauveur.
Cet Israël, M. F., était la figure du
peuple que Christ devait se former dans
l’accomplissement des temps, et nous sommes ce
nouveau peuple, cet Israël de Dieu
(Gal. VI. 16.) à qui
appartiennent les promesses et à qui sont
réservées les éternelles
bénédictions ; si du moins, nous
sommes à Christ ; si du moins,
c’est sur lui que reposent toutes nos
espérances ; si du moins, nous avons
cru et nous avons connu qu’il est le Fils
du Dieu vivant, et que sa mort nous a
sauvés.
Si ce sont là vos dispositions, ô vous
qui écoutez maintenant la Parole !
Alors réjouissez-vous au
Seigneur ;
(Philip. IV. 4.) vous avez
déjà jeté votre ancre
au-delà du voile sur les rivages de
la Canaan d’en haut, et quelles que soient les
épreuves présentes, vous pouvez
demeurer en paix sous la garde de votre puissant
Rédempteur.
Nous nous proposons de vous développer
aujourd’hui, d’après notre texte,
les consolations qui sont adressées au
Chrétien dans les épreuves. Nous
verrons :
- 1.° quelles sont ces épreuves
auxquelles le Chrétien est
exposé.
- 2.° L’exhortation qui lui est
adressée.
- 3.° La promesse qui y est jointe.
- 4.° Les bases sur lesquelles cette promesse
repose.
Et veuille le Seigneur que sa parole attire les
uns, console les autres, et nous dispose tous
à vivre dans une étroite communion
avec lui. Amen !
I. Remarquez d’abord, M. F., qu’il
n’est pas dit au Chrétien dans le
texte : “Si tu passes par les eaux ou si
tu marches dans le feu ;” mais il est
dit : Quand tu passeras par les eaux ;
quand tu marcheras dans le feu.
D’où nous comprenons qu’il
faut s’attendre à des épreuves
durant le cours de cette carrière terrestre.
Elles ne sont pas représentées
seulement comme possibles, mais comme
certaines ; tôt ou tard on les rencontre
sur le chemin du ciel. - Avant que d’arriver
à la terre promise, Israël dût
traverser un désert immense, où des
privations et des dangers de toute espèce
l’environnèrent. C’est là
l’image de l’Église de Dieu tandis
qu’elle voyage sur la terre. Elle ne jouit
point du repos ; elle a des fatigues, des
amertumes, des douleurs, elle marche
environnée d’ennemis qu’il faut
sans cesse combattre. Pauvre
étrangère ! dont on trouble
constamment le pèlerinage, ce n’est
qu’au travers de beaucoup d’afflictions
qu’elle avance vers le Royaume
éternel.
Ces épreuves que rencontre le
Chrétien ne sont pas légères.
Le texte les représente sous l’image de
l’eau et du feu. - Les eaux figurent fort bien
ces afflictions qui nous environnent de toutes
parts, qui nous pressent et dont nous avons
grand-peine à sortir. David disait dans ses
détresses : Délivre-moi,
ô Dieu ! car les eaux sont
entrées jusque dans mon âme. Je suis
enfoncé dans un bourbier profond dans lequel
je ne puis prendre pied. Je suis entré au
plus profond des eaux, et les eaux
débordées m’entraînent.
”
(Ps. LXIX. 1. 2.).
- Le feu rappelle quelque chose de plus douloureux
et de plus terrible. Mes entrailles, disait
Job, sont comme dans un feu sans avoir aucun
repos ; les jours d’affliction m’ont
prévenu.
(Job XXX. 27.)
Ces figures différentes employées
dans notre texte nous montrent aussi que les
épreuves du Chrétien sont
variées. - Quelquefois il est entouré
d’ennemis spirituels qui le pressent comme des
eaux profondes, et qui menacent de
l’entraîner. - D’autrefois,
lorsqu’il veut suivre le sentier de la
droiture et de la fidélité au milieu
du monde, il rencontre tout-à-coup de grands
obstacles qui semblent l’arrêter
d’une manière invincible ; comme
un fleuve impétueux, qui traverserait le
chemin du voyageur et l’empêcherait de
passer outre. - Mais les épreuves peuvent
être plus pénibles encore. Si des
maladies douloureuses surviennent ; si le
Chrétien se trouve tout-à-coup
séparé de ceux qui étaient sa
joie et sa consolation dans ce monde ; si
encore Satan vient jeter le doute dans son
âme et lui ravir pour un temps la paix qui
vient d’en haut ; - Alors, cette
âme à charge à elle-même,
flétrie et abattue par la douleur, semble en
proie à un feu secret, qui la mine et qui
menace de la consumer.
Qui n’a pas connu quelques-unes de ces
afflictions, que la Providence envoie aux enfants
des hommes pour déchirer l’enveloppe
de leur coeur.
(Osée XIII. 8.) Qui n’a
pas lutté contre quelque épreuve plus
ou moins douloureuses ?
Hélas ! parmi ceux qui
m’écoutent maintenant, plusieurs sont
peut-être arrivés à
l’heure solennelle de leur visitation. -
Ah ! qui que vous soyez, fidèles !
qui êtes maintenant battus par les orages de
cette terre d’exil, et que je cherche dans
cette foule qui m’environne ! Prenez
courage ; le bras de l’Éternel
n’est pas raccourci pour ne plus
délivrer ;
(Esaïe LIX. 1.) ses
compassions n’ont pas été
resserrées par son courroux ;
(Ps. LXXVII. 10.) il vous aime
encore ; sa voix cherche à arriver
à votre coeur pour vous consoler ;
rendez-vous attentifs, et goûtez combien
votre Seigneur est bon ;
(Ps. XXXIV. 9.) il vous dit de bannir
toute crainte. Mais maintenant, ainsi a dit
l’Éternel, qui t’a
créé, ô Jacob ! et qui
t’a formé, ô Israël !
ne crains point.
II. Ne crains point ! Telle est
l’exhortation que le Seigneur adresse à
tous ses enfants au milieu des épreuves.
Cette exhortation est courte et simple, mais elle
est puissante pour nous encourager et pour
prévenir notre abattement. Car qui est-ce
qui parle ainsi à nos âmes
ballottées et tremblantes ? C’est
le Grand Dieu des Cieux, le Souverain,
l’Éternel. Celui qui a
dit : la force est à moi ;
(Prov. VIII. 14.) Celui qui
crée la lumière et qui envoie les
ténèbres, qui fait la terre et qui a
créé l’homme sur elle ; qui
a étendu les Cieux de sa main et qui a
donné des lois à toute leur
armée.
(Esaïe XLV. 7. 12.) - Âme
chrétienne ! voilà ton
Protecteur ; voilà celui qui vient pour
te rassurer et pour te dire : Ne crains
point.
Cette exhortation suppose évidemment que les
épreuves tendent à exciter en nous un
sentiment de crainte. Il n’en serait pas
ainsi, si nous étions de notre nature forts
et capables de résister aux
tentations ; mais nous sommes des êtres
faibles et sujets au péché, et
c’est là l’origine de nos
frayeurs. Il résulte de-là qu’il
y a une crainte qui est inséparable de notre
état présent, et qui n’est point
un sentiment condamnable; c’est celle qui nous
porte à éviter les tentations et les
dangers, de peur qu’en nous y exposant, nous
ne soyons entraînés par notre
fragilité à offenser notre
Père céleste. Il est juste que nous
ayons une telle crainte : un tel sentiment
n’est autre chose que la défiance de
nous-mêmes et la frayeur du
péché. Celui qui ne l’aurait
pas, se précipiterait follement au-devant
des dangers, et ne manquerait pas de s’y
perdre. - Mais il y a une autre crainte qui serait
très condamnable ; c’est celle qui
nous ferait redouter d’être
abandonnés de Dieu au milieu des
épreuves qu’il nous envoie. Souvent
nous ne sommes pas maîtres
d’éloigner de nous le danger, souvent
les tentations et l’adversité viennent
fondre sur nous comme des eaux
débordées, sans que nous puissions
les arrêter ni même les prévoir
d’avance. Il est évident alors que
c’est la volonté de Dieu que nous y
soyons exposés. - Craindre dans une
telle position, ne serait qu’un signe
d’incrédulité, ce serait douter
de la bonté de notre Père
céleste, de sa fidélité
à accomplir ses promesses, de ses
miséricordes qui sont de tout temps, ou de
sa puissance pour nous délivrer.
Ah ! loin de nous une telle défiance
qui serait un outrage fait à Celui qui nous
a aimés. S’il nous frappe de sa verge,
s’il nous place dans quelque situation
critique ou difficile, ne nous arrêtons pas
à contempler les vagues furieuses qui nous
pressent ; mais élevons nos yeux vers
Celui qui a promis d’être avec les
siens jusqu'à la fin du monde,
(Matth. XXVIII. 20.) qui ne permettra
pas que nous soyons tentés au-delà
des forces qu’il nous donne,
(1. Cor. V. 13.) dont les yeux
sont nuit et jour sur ceux qui le craignent,
(Ps. XXXIV. 16.) et qui, lorsque le
moment déterminé sera là,
tancera la tempête et nous rendra le
calme.
Voilà la confiance du Chrétien. Ce
n’est point une confiance présomptueuse
et dépourvue de base solide. Elle repose sur
un fondement inébranlable, sur les promesses
de Celui qui n’est pas homme pour mentir,
ni fils de l’homme pour se repentir.
(Nomb. XXIII. 19.)
L’Écriture répète partout
ces promesses consolantes, mais notre texte surtout
les présente d’une manière bien
forte. Arrêtons-nous à les
développer.
III. Quand tu passeras par les eaux, je
serai avec toi, et quand tu passeras par les
fleuves, ils ne te noieront point, quand tu
marcheras dans le feu, tu ne seras point
brûlé et la flamme ne t’embrasera
point. Ainsi parle le Seigneur. - Il y a ici
deux promesses : la première, que Dieu
sera avec nous au milieu des épreuves ;
la seconde, que ces épreuves ne pourront
opérer notre ruine.
Quand tu passeras par les eaux, je serai avec
toi.
- Mais Dieu n’est-il pas toujours avec ses
rachetés ? Sans doute, M. F., il ne les
abandonne pas un instant. Durant tout le cours de
leur pèlerinage, ils sont sous ses yeux et
gardés par sa main puissante. Mais il est
avec eux d’une manière bien plus
particulière encore au jour de
l’affliction et du combat, pour les aider de
son secours. Un père tendre aime toujours
son enfant et ne cesse pas de veiller sur
lui ; mais si cet enfant vient à se
trouver dans quelque péril, dans quelque
situation de détresse, alors son père
ne le quitte plus, nuit et jour il est à ses
côtés, suivant avec sollicitude les
périodes du danger et usant de tous ses
moyens pour hâter le moment de la
délivrance. Or, M. F., comme un
père ému de compassion envers ses
enfants, ainsi l’Éternel est ému
de compassion envers ceux qui le craignent.
(Ps. CIII. 13.) Lors donc que des
épreuves surviennent et que l’orage
commence à gronder avec violence, le
Seigneur se rapproche de nous parce que nous avons
alors plus besoin de lui ; notre union avec
lui devient plus étroite ; ses secours
se multiplient en nous et hors de nous. On peut
presque dire qu’il partage nos propres
périls ; il entre en quelque sorte avec
nous au milieu des eaux et des flammes. - Il est au
chevet de notre lit de langueur ; sa voix de
fait entendre à notre âme durent les
longues heures où notre œil cherche un
vain le repos ; il adoucit l’horreur
d’un isolement douloureux ; quand nous
disons le matin, qui me fera voir le soir, et le
soir, qui me fera voir le matin ?
(Deut. XXVIII. 67.)
Le Seigneur est là pour nous fortifier
contre des angoisses qui sans lui seraient
insupportables. - Dites-le nous,
Fidèles ! qui avez passé par le
creuset de l’adversité ; dites-le
nous. Si l’on vous eût annoncé
d’avances les maux qui sont venus fondre sur
vous, quel n’eut pas été votre
effroi ! Auriez-vous cru pouvoir les supporter
sans en être entièrement
accablés ? Leur seul souvenir ne
fait-il pas frémir votre coeur
d’épouvante ? Cependant vous les
avez passés, ces moments de douleurs,
à la faveur du bras éternel qui vous
soutenait sur l’abîme, et qui n’a
pas permis que vous fussiez engloutis. Ah !
que vos âmes gardent précieusement ce
souvenir, et qu’elles apprennent à ne
jamais douter des divines miséricordes.
Ceci nous conduit à la seconde promesse que
le texte renferme. C’est que les
épreuves ne peuvent opérer la ruine
du fidèle. Quand tu passeras par les
fleuves, ils ne te noieront point ; quand tu
marcheras dans le feu, tu ne seras point
brûlé et la flamme ne t’embrasera
point. Cependant celui qui traverse un fleuve
court le danger d’être englouti, et
celui qui est surpris par le feu court le danger
d’être consumé. Mais les
âmes fidèles sont dans la main de
Dieu, et le destructeur ne les touchera point. -
Hélas ! si Dieu ne nous gardait, que
deviendrait notre fidélité au milieu
des épreuves ? Au moment où
l’adversité survient, elle semble
toujours un sujet de tristesse, et notre
âme abattue et vacillante est prête
à oublier les promesses du Seigneur. Nous
souffrons et nous ne considérons pas
toujours le fruit paisible de justice qui
sera l’effet de notre souffrance ;
nous sentons la verge qui frappe et nous ne
regardons pas toujours à la main paternelle
qui la tient. Bornant nos regards aux
intérêts et au bien-être du
moment, nous croyons avoir sujet de nous plaindre,
nous suspendons aux saules nos harpes lugubres,
(Ps. CXXXVII. 2.) tandis que
même au sein du châtiment nous devrions
répéter le cantique de louange. -
Nous sommes si frêles, si susceptibles
d’impressions opposées, que même
avec un germe de piété
sincère, le moindre coup, le moindre revers,
la rencontre d’un vermisseau suffirait pour
nous briser, si Dieu ne venait à notre
secours. - Mais il subvient par sa force à
notre faiblesse, il relève par son Esprit
notre coeur languissant et découragé,
il ferme nos lèvres où
déjà arrivait le murmure, il nous
arrache à la gueule du lion dévorant,
et bientôt mis au large par sa bonté
qui nous a prévenus, subjugués par sa
puissance souveraine, rendus sages par
l’expérience de nos douleurs, nous
finissons par rendre gloire à Celui qui
fait concourir toutes choses pour le bien de ceux
qui l’aime.
(Rom. VIII. 28.)
IV. Telles sont les promesses magnifiques
que nous fait le Seigneur dans notre texte pour
nous donner de la confiance au milieu des
épreuves. Certes, de telles promesses
doivent suffire pour bannir toutes nos terreurs et
pour nous remplir d’une joie ineffable et
glorieuse.
Cependant, hélas ! comme la
défiance n’est que trop naturelle
à nos âmes charnelles et corrompues,
Dieu daigne encore rappeler ici avec ses promesses,
les bases inébranlables qui en assurent
l’accomplissement.
D’abord il s’adresse à nous comme
Créateur. “Ainsi a dit
l’Éternel, qui t’a
créé, ô Jacob ! et qui
t’a formé, ô
Israël !” Ces paroles nous
rappellent deux créations : - La
création par laquelle nous avons
été amenés à
l’existence, et dont parle Job quand il dit
à Dieu : Tes mains m’ont
formé, elles ont arrangé toutes les
parties de mon corps. Tu m’as revêtu de
peau et de chair, tu m’as composé
d’os et de nerfs, tu m’as donné la
vie.
(Job X. 11. 12.) Mais il y a une
autre création sans laquelle la
première n’est qu’un malheur,
c’est celle par laquelle d’enfants
rebelles nous devenons enfants soumis, par laquelle
le coeur de pierre est ôté pour
faire place au coeur de chair et à
une nouvelle et sainte direction de nos
pensées et de nos désirs. C’est
celle dont parle St. Paul aux Corinthiens, quand il
dit : Si quelqu’un est en Christ, il
est une nouvelle créature ; les choses
vieilles sont passées, voici toutes choses
sont devenues nouvelles. (
2. Cor. V. 17.) - Or la connaissance
de ces deux créations est pour nous un motif
de confiance au milieu des épreuves. Car
d’abord, Celui qui nous a formés
pour sa gloire ne prendrait-il pas soin de
l’ouvrage de ses mains, et ne nous
donnerait-il pas jour par jour les secours dont
nous avons besoin pour subvenir à notre
faiblesse, si toutefois nous lui demandons ces
secours avec le désir d’être
exaucés ?
- Mais bien plus, Celui qui a tiré ses
élus du sein de l’abîme pour
réparer en eux les ruines laissés par
le péché, abandonnerait-il cette
oeuvre commencée et ne
l’achèverait-il pas pour la
journée de Jésus-Christ ?
(Philipp. I. 6.) - Ah, prends courage
Chrétien ! Le Seigneur connaît
ses oeuvres dès
l’éternité,
(Act. XV. 18.) et les desseins
qu’il a formés s’accompliront
certainement en leur temps. - S’il
diffère attends-le, car il viendra
assurément et il ne tardera point ;
(Hab. II. 3.) tu apprendras par une
heureuse expérience que son regard est la
délivrance même.
(Ps. XLII. 6.) C’est moi,
c’est moi qui vous console, dit-il par son
Prophète. Qui es-tu pour avoir peur de
l’homme mortel qui mourra et du fils de
l’homme qui deviendra comme l’herbe
sèche. Je suis l’Éternel ton
Dieu qui fends la mer, et ses flots bruient.
J’ai mis mes paroles dans ta bouche et je
t’ai couvert de l’ombre de ma main ;
afin que j’établisse les cieux et que
je fonde la terre, et que je dise à
Sion : Tu es mon peuple.
(Esaïe LI. 12. 15. 16.)
Pour nous donner encore plus de confiance, Dieu nos
rappelle dans le texte le droit de
propriété qu’il a sur son peuple
et la manière dont il l’a acquis. -
Ne crains point, dit-il, car je t’ai
racheté, je t’ai appelé par ton
nom, tu es à moi. Nous sommes à
lui non seulement par la création, mais
encore par la rédemption qu’il a faite
de nos âmes. Et à quel prix les a-t-il
rachetées ? Il donna
l’Égypte et ses trésors, Cus et
Séba pour la rançon de son ancien
peuple captif ; mais pour racheter nos
âmes, ce n’était pas assez :
il fallait quelque chose de plus
précieux que les empires et toutes les
richesses des royaumes, et il a donné son
Fils, son propre Fils, il ne l’a point
épargné, il l’a livré
à la mort pour nous tous.
(Rom. VIII. 32.) Voilà, M. F.,
la mesure de ses miséricordes à notre
égard ; voilà la base
d’après laquelle nous pouvons nous
faire une idée du prix qu’il attache
à nos âmes ; ce qu’elles
lui ont coûté. - Ah ! comment
les abandonnerait-il, maintenant qu’il a tant
fait pour elles ? Comment après les
avoir retirées de la fournaise du feu
dévorant, les laisserait-il périr
comme un vil rebut ? Non, non, Dieu a
manifesté en Jésus son
incompréhensible charité, et nous
serions bien malheureux d’hésiter
encore à y croire. C’est pour que les
fidèles ne l’oublient jamais,
qu’il leur a donné un nouveau
nom : Je t’ai appelé par ton
nom, dit-il dans le texte. Quel est ce
nom ? - C’est celui dont St. Jean parle
dans l’Apocalypse ; ce nom que
personne ne connaît que celui qui le
reçoit,
(Apoc. II. 17.) c’est le nom
d’enfant bien-aimé. - Heureux,
M. F., si au milieu des tribulations et des oranges
de la vie vous vous rappelez toujours avec joie que
Dieu est votre Père et que vous êtes
ses enfants ! Cette pensée doit calmer
toutes vos frayeurs et vous remplir d’une
confiance ineffable. Enfants de Dieu ! Enfants
bien-aimés de Dieu ! Quel titre pour de
pauvres pécheurs !
Quel gage assuré pour tous les
fidèles que nul ne les ravira de la main
de Celui qui les a aimés.
(Jean X. 28.)
O vous qui, séduits par les artifices du
Prince de ce monde, perdez de vue les hautes
destinées auxquelles le Seigneur vous
appelle ! il en est encore temps, connaissez
celui qui vous a réconciliés en
Jésus, et qui vous ouvre les bras de sa
miséricorde pour vous y recevoir comme ses
enfants. Que sont tous les avantages que vous
estimez si fort, à côté de
cette qualité glorieuse ? - Tout ce que
vous tenez dans vos mains va périr, et
vous-même vous ne tarderez pas à
être transportés au milieu de
scènes bien solennelles, et qui
deviendraient bien terribles si vous demeuriez dans
votre état d’endurcissement. - Prenez-y
garde. Les heures passent rapidement ; les
jours se précipitent, les années se
consument comme la pensée, et bientôt
se lèvera le jour éternel.
Il faut se hâter de se convertir de peur
d’être surpris par le jour de la
colère. - Il faut se hâter de chercher
la paix de Dieu tandis qu’il la donne, de peur
de la désirer avec angoisse lorsqu’elle
aura fui pour jamais. Jamais ! mot
terrible dont les âmes condamnées
peuvent seules connaître tout le sens !
- Au nom des miséricordes
incompréhensibles qui vous sont offertes,
n’attendez pas que ce mot fatal soit
prononcé sur vous par le juge suprême
pour votre éternel désespoir.
Et que demandons-nous de vous ? Que vous
laissiez là toute joie présente pour
passer le reste de vos jours dans la
tristesse ?
- Il n’est que trop commun d’envisager la
piété sous ce point de vue. Mais
c’est là un faux point de vue, et notre
texte d’aujourd’hui doit l’avoir
suffisamment prouvé. - Non ; nous ne
vous demandons de la part de Dieu que votre
bonheur. Vous ne le trouverez pas dans ce
péché qui traîne toujours
après lui l’angoisse et le remords.
Vous ne le trouverez pas dans cette vie
dissipée et bruyante qui laisse le coeur
vide et flétri. Mais vous le trouverez
auprès de Jésus. Car quel plus doux
bonheur au sein des agitations et des peines de ce
séjour que de pourvoir toujours regarder en
haut avec confiance ? de s’assurer dans
les mauvais jours sur les promesses de Celui qui
n’abandonnera jamais ses enfants ? de
voir dans les adversités présentes un
moyen de sanctification et de préparation
aux joies futures ? de s’abandonner
à son Dieu, de se reposer entièrement
sur lui, de se décharger sur lui de tous nos
soucis et de tous nos troubles ? de dire avec
David : Toi mon âme, tiens-toi en
repos regardant à Dieu !
(Ps. LXII. 6.) ou de s’endormir
en paix comme un autre Prophète, et de dire
en revoyant la lumière : Je me suis
réveillé, et j’ai
regardé, et mon sommeil a été
doux !
(Jérém. XXXI. 26.)
Hommes du monde ! voilà la paix qui
vous est proposée ; oseriez-vous mettre
la vôtre en parallèle avec
celle-là.
Ah ! recevez ici le voeu que nous formons
devant ces autels, que bientôt
désabusés de vos fatales illusions,
vous sentiez la nécessité de
chercher l’Éternel pendant
qu’il se trouve et de l’invoquer tandis
qu’il est près ;
(Es. LV. 6.) que
bientôt vous trouviez auprès du
Seigneur la perle de grand prix qui ne vous
sera jamais ôtée ; que
bientôt unis dans une commune et
précieuse foi, nous puissions d’un
même coeur et d’une même bouche
glorifier ensemble le Sauveur qui nous a
rachetés, et redire le cantique de
louange : Je publierai les
miséricordes de l’Éternel
à cause de tous les biens qu’il nous a
faits. - Car c’est un grand bien que celui que
Dieu a fait à la maison d’Israël
dans ses compassions et dans la grandeur de ses
bontés. Il a dit : Quoiqu’il en
soit, ils sont mon peuple et des enfants qui ne
dégénéreront plus, et il a
été leur libérateur. Et dans
toutes leurs détresses, il a
été en détresse, et
l’Ange de sa face les a
délivrés. Lui-même les a
rachetés par son amour et par son support,
il les a portés et il les a
élevés en tout temps.
(Es. LXIII. 7-9.) Gloire soit
à Lui Père, Fils et St. Esprit, dans
le temps et dans
l’éternité ! Amen !
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