Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Commentaire sur l'épître aux Romains



Chap. IV.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

L'Apôtre a montré dans le chapitre précédent, l'impossibilité où sont les hommes d'être justifiés par l'obéissance à la loi sous laquelle ils sont tous placés, il continue à présent en considérant plus particulièrement l'efficacité des observances cérémonielles. C'était nécessaire à cause des préjugés des Juifs, qui, parce que les rites de Moïse étaient un établissement divin attendaient d'eux leur justification et leur salut Paul corrige cette fausse idée en examinant la justification d Abraham II montre par le récit de Moïse que la circoncision d'Abraham, le père des croyants, faite lorsqu'il avait atteint l'âge de 99 ans ; n'avait pas eu la plus légère influence sur sa justification ; puisqu'il avait été justifié par la foi, long-temps avant d'être circoncis.
Cet exemple était très convenable à citer parce que la circoncision était le plus pénible de tous les rites ordonnés par la loi, et parce qu'Abraham étant : « le père des croyants » sa justification était le modèle de la leur. La force. de cet argument consiste en ce qu'Abraham était le père des croyants tant Juifs que Gentils, et que tous ses enfants devaient être justifiés de la même manière que lui. Il l'avait été par la foi sans les oeuvres de la loi, il devait en être de même d'eux. Il avait été sans circoncision ; il était clair que les Gentils pouvaient l'être sans ce signe, lorsqu'ils croyaient en Dieu. Quoique le croyant Abraham fît beaucoup de bonnes œuvres, elles étaient les effets de sa foi et nullement la cause de sa justification.

L'Apôtre commence par demander ce qu'Abraham le père des croyants, avait obtenu par ces services selon la chair, que les Juifs estimaient d'une si grande valeur.
Il n'avait point obtenu, la justification, car si Abraham avait été justifié par quelque œuvre morale ou cérémoniale, il aurait pu se vanter que sa justification n'avait pas été une faveur, mais une dette qui lui était due à raison de ce qu'il avait fait.
Cependant il n'avait point de sujet de se glorifier devant Dieu ; c'est évident, puisque Dieu lui impute sa foi à justice ; ce qui suppose qu'en le récompensant, Dieu ne s'était pas acquitté d'une dette mais lui avait accordé une faveur ; car ceux qui reçoivent une récompense pour leurs œuvres, ne la reçoivent pas comme faveur, mais comme une dette. Or à celui oui ne fait point les oeuvres, mais qui croit à ce qui est promis par Dieu dont la prérogative est de justifier les pécheurs, sa foi lui est imputée pour justice seulement par faveur. C'est pourquoi, d'après le récit que Moïse fait de la justification d'Abraham, il parait qu'il a été justifié
gratuitement sans la mériter par aucune espèce d'œuvre, ni morale, ni cérémonielle, Par conséquent le mode de justification enseigné dans l'évangile, était attesté par la loi elle-même, comme l'Apôtre l'affirme, chap. III. 21.

La même chose est aussi attestée par
les prophètes, car David ne représente jamais les hommes comme bénis éternellement, ni par l'obéissance aux préceptes de la loi de Dieu, ni par l'accomplissement de la circoncision, ni par l'offre des sacrifices, ni par aucun de ces rites qui purifiaient la chair ; ( Héb. IX. 13) mais il exprime au contraire la béatitude de celui à qui la justice a été imputée, sans œuvre d'aucune espèce, en disant : « bienheureux sont ceux à qui les iniquités sont pardonnées, et de qui les péchés sont couverts ; bienheureux est l'homme à qui le Seigneur n'aura point imputé le péché. »
L'Apôtre montre par-là que lorsque Dieu n'impute pas le péché, il impute la justice, assurant le pécheur contre la punition, et par un libre don de sa miséricorde, lui donnant droit à la récompense.

Pour montrer la fausseté de l'idée que les hommes ne pouvaient être justifiés à moins qu'ils ne fussent circoncis, l'Apôtre demande ensuite si la bénédiction de la justification est donnée seulement à la circoncision, ou si elle l'est aussi à l'incirconcision : et dans la réponse qu'il fait à cette question, il observe que la foi d'Abraham lui fut imputée à justice pendant qu'il était dans l'incirconcision, car elle eut lieu treize ans entiers avant qu'il ne fût circoncis.
Mais comme on pouvait demander : si Abraham avait été justifié avant la circoncision, pourquoi ce rite lui fut-il ordonné ? l'Apôtre répond que ce fut comme un sceau ou une confirmation de la part de Dieu, que la foi qu'Abraham avait eue avant la circoncision, lui avait été imputée à justice, et qu'il avait été fait le père de tous les croyants incirconcis, pour les assurer que leur foi leur serait imputée, comme l'avait été la sienne.
C'était encore un sceau ou une preuve qu'il était le père de tous ceux qui étant circoncis, non-seulement avaient reçu ce signe, mais encore avaient la même foi qu'il avait lui-même avant sa circoncision.

Pour montrer encore que l'obéissance à la loi morale ou cérémonielle n'avait aucune influence pour faire obtenir la justification, Paul déclare que la promesse faite à Abraham, qu'il serait l'héritier du monde, ou le père commun des Juifs et des Gentils, qu'il jouirait comme eux de l'héritage éternel, avec celui qui était sa semence et qui était « l'héritier de toutes choses, (
Héb. I. 2) » que cette promesse ne lui avait pas été faite en vertu de l'obéissance à la loi, mais en vertu de la justice qui est reçue par la foi ; car si ceux qui sont justes par l'obéissance étaient héritiers, la foi leur serait inutile pour obtenir l'héritage, et la promesse par laquelle il doit leur être donné comme un don libre, n'aurait en cela aucune influence, ce qui serait contraire aux déclarations expresses de l'écriture.

D'ailleurs, d'après la nature des choses, aucun de ceux qui auraient une fois transgressé une loi, ne pouvait obtenir l'héritage par la loi ; car la loi, au lieu de récompenser, produit la colère sur chaque transgresseur, et c'est même par la loi que les hommes sont rendus transgresseurs, car où il n'y a point de loi, il ne peut y avoir de transgression.
Par conséquent, comme tous, ayant transgressé la loi, sont par-là sujets à la condamnation, il était nécessaire que ceux que Dieu avait désignés pour qu'ils obtinssent la bénédiction de la justification, et, par conséquent, l'héritage éternel, le reçussent comme un don libre par la foi. C'était par ce moyen qu'il pouvait être assuré à toute la race d'Abraham, non pas seulement à ceux qui vivaient sous la dispensation légale, mais encore à tous les autres, dans tous les lieux du monde et dans tous les temps, à tous ceux enfin qui auraient part à la même foi. En effet l'héritage leur avait été promis dans la personne d'Abraham, qui, dans l'incirconcision, avait été fait le père de ces croyants, afin qu'il reçût la promesse en leur nom, selon ce que Dieu lui avait dit, « qu'il serait le père de plusieurs nations. 
»
Abraham crut à cette promesse, malgré les difficultés en apparence insurmontables qui semblaient devoir en empêcher l'exécution. Il espéra avec confiance qu'il deviendrait le père de plusieurs nations qui seraient sa postérité naturellement, et spirituellement par Christ qui devait être de sa race. Ainsi il donna gloire à Dieu. Il crut que ce qui lui avait été promis serait sûrement accompli, et comme sa foi était relative au Messie, elle lui fut imputée à justice, (1) Dieu inspira ensuite à Moïse de rappeler ce fait, non-seulement pour l'honneur de la mémoire d'Abraham, mais encore à cause de ceux qui croiraient de la même manière en Dieu, qui a manifesté l'accomplissement de ses promesses à Abraham, en ressuscitant d'entre les morts Jésus, « de la race de David, » qui a été ainsi « déclaré le fils de Dieu en puissance ; » Jésus « l'Éternel notre justice, (Jér. XXIII. 6) en qui, toute la postérité d'Israël sera justifiée et se glorifiera, » (Esa. XLV. 25) ayant été livré pour leurs offenses, (2) et ressuscité pour « leur justification. »

II paraît d'après cela que le moyen de justifier les pécheurs, par l'imputation de la justice de Christ, au moyen de la foi, au lieu de les justifier par l'obéissance que la loi demande, n'était pas une voie nouvelle de justification. Elle fut indiquée dès la chute d'Adam, et était révélée obscurément dans la promesse que la semence de la femme briserait la tête du serpent ; elle fut ensuite déclarée plus explicitement dans l'alliance avec Abraham quand Dieu promit à lui et à ses descendants par la foi, soit Juifs soient Gentils, un héritage éternel, dont la terre de Chanaan était le
type. De sorte que, sur l'article de la justification, les révélations Mosaïque et chrétienne sont parfaitement conformes.

Chap. V.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Ayant établi cette grande et importante doctrine de l'évangile, que l'homme est justifié par la foi seule, l'Apôtre poursuit en montrant quels sont les effets de cette foi qui sont liés avec la justification de cette foi, et ensuite quel est le fondement de la justification elle-même.

Il y a deux grands bienfaits liés avec la justification : la paix avec Dieu, et le bonheur actuel, qui vient de la vue assurée de la gloire future. Ceux qui sont justifiés ont la paix avec Dieu au moyen de leur Seigneur Jésus-Christ. L'état d'inimitié ou d'hostilité que le péché avait établi, est terminé par une pacification bienheureuse, au moyen du grand Médiateur, et une alliance amicale est établie entre le Dieu Saint, qui a de si justes raisons de traiter comme ennemies ses créatures coupables, et le rebelle qui, jusqu'alors, avait été si déraisonnablement aliéné de son bienfaisant Créateur.
Se trouvant dans la pleine faveur de Dieu, comme s'il n'eût jamais péché, le fidèle est dans cet état accepté devant Dieu et assuré par sa promesse et par sa grâce de n'être jamais rejeté par lui ; il apprend à se réjouir dans l'espérance vive, permanente et réelle, d'être glorifié en lui et de le glorifier, d'être revêtu complètement de sa glorieuse image, et de jouir pendant toute l'éternité de son ineffable amour.
Telle est la nature bienheureuse de cette espérance que ceux qui la possèdent se glorifient même dans les tribulations, car ils savent que ces tribulations sont disposées par leur Père céleste, pour produire en eux les plus heureux résultats. Leurs épreuves et leurs persécutions font naître en eux la soumission à la volonté divine, et un saint acquiescement à ses dispositions, une patiente persévérance à bien faire, un esprit tranquille dans l'attente du Seigneur, au milieu de toutes les difficultés, des périls et des souffrances. Cette patience produit en même temps, une expérience étendue, une connaissance pratique de la faiblesse et de la culpabilité qui leur sont propres, et qui les humilient, ainsi que de la réalité du pouvoir de la grâce dans leurs cœurs, et de la fidélité de Dieu dans ses promesses. De sorte que ces pénibles dispensations tendent de plus en plus à affermir l'espérance qu'ils ont de la gloire et à les assurer qu'elle ne peut jamais être frustrée. Car au milieu de ces chagrins, ils éprouvent dans leurs âmes, les bienheureuses effusions de l'Esprit Saint, qui rendent doux pour eux les temps même des tribulations.

Comme on aurait pu objecter que l'espérance des fidèles pourrait être encore frustrée par leurs mauvaises inclinations et le pouvoir des tentations, l'Apôtre prévient cette objection et montre en même temps combien de raisons ils ont d'aimer Dieu et leur Sauveur. Car tandis que les pécheurs, qui depuis ont été réconciliés avec Dieu, étaient dans leur état naturel, enveloppés dans les ruines de la chute de l'homme, sous la colère méritée de Dieu, sous l'empire de Satan et du péché 
; lorsqu'ils étaient sans force, impies, aliénés de Dieu et pécheurs en révolte contre lui ; tandis qu'ils étaient vus dans cette situation par Dieu, suivant son omniscience et sa prévision universelle, alors même, Christ dans le temps fixé est mort pour eux, en sacrifice pour leurs péchés.
C'était un exemple d'amour bien au-delà de tout ce dont on pouvait trouver un modèle parmi les hommes ; et puisqu'il en était ainsi, qu'ils avaient été justifiés par l'effusion de son sang, au moyen de leur foi dans cette expiation « beaucoup plutôt 
» devaient-ils être empêchés de tomber de nouveau dans la colère de Dieu et de périr dans leurs péchés, par celui qui avait été mis à mort, et qui était ressuscité pour eux. Car pouvait-on imaginer que celui qui avait assez aimé ses ennemis pour mourir pour eux, ne voulût pas les sauver et les conserver par son pouvoir infini lorsqu'ils étaient devenus ses amis ?

Si quand ils étaient non-seulement destitués de sainteté, transgresseurs impénitents, mais encore ennemis du saint caractère, de la loi, de la souveraineté et de la grâce de Dieu, ils ont été amenés à un état de réconciliation sincère et de paix avec lui, par la mort de son Fils, « beaucoup plutôt, » maintenant qu'ils sont réconciliés, seront-ils préservés par sa vie, son intercession, son autorité et sa grâce toute puissante, de retomber sous le pouvoir du péché et dans l'apostasie finale.

Celui qui a fait l'œuvre la plus grande pour eux, comme ses ennemis, accomplira sûrement une œuvre bien moins difficile pour eux, comme ses amis et ses enfants. Dès-lors il
n'y a point de danger pour les croyants réconciliés, de retomber sous la colère de Dieu, hors qu'ils ne commissent le péché et qu'ils ne mourussent sans repentance. Mais Christ aurait-il souffert et se serait-il humilié pour eux jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix, afin de les amener à un état de réconciliation, pour après tout cela, les abandonnera eux-mêmes et les laisser dans les mains du méchant, afin qu'ils finissent par périr, tandis que son pouvoir vivant peut les en garder sans que pour cela il ait à subir aucune souffrance, ni à déployer aucune sorte de renoncement à lui-même.

Dès-lors ayant dans l'amour de Dieu par Jésus-Christ, et dans la miséricorde qu'ils ont déjà éprouvée, une telle assurance du salut complet qu'ils doivent avoir un jour, l'Apôtre déclare que lui et les autres fidèles, non seulement se réjouissent et triomphent dans l'espérance de la gloire céleste, et dans les tribulations qu'ils souffrent pour l'amour de Christ, mais encore qu'ils se glorifient en Dieu comme en un ami immuable, et en qui ils ont toutes choses ; ils ne les ont point par les œuvres d'aucune loi, c'est par leur Seigneur Jésus-Christ, car suivant la loi, ils étaient tous pécheurs et ennemis, mais par Christ, ils ont maintenant obtenu la réconciliation.
Ainsi dans la distribution actuelle du salut à ceux qui sont justifiés, ils ne sont point considérés comme pécheurs, mais comme justes ; ils ne sont plus ennemis, ils sont réconciliés.
Lorsque Dieu a donné son Fils pour qu'il mourût pour les élus, il les a considérés, tels qu'ils étaient en eux-mêmes, mais en leur accordant actuellement la vie éternelle, il les considère tels qu'ils sont en Christ, ils ont été « élus en Christ, avant la fondation du monde. (
Eph. I. 4) Ils ont été sauvés selon le propre dessein de Dieu et selon la grâce qui leur a été donnée en Jésus-Christ, avant les temps éternels. (II Tim. I. 9) Christ a été déjà ordonné avant la fondation du monde, mais il a été manifesté dans les derniers temps pour eux. » ( I Pier. I. 20)

Ayant décrit les bienheureux effets qui accompagnent la justification, l'Apôtre continue en montrant quel est le fondement sur lequel elle est établie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Afin d'éclaircir plus complètement ce sujet important, il porte ses regards sur l'état de l'homme, depuis la chute d'Adam. Il a déjà montré quel est le péché et la misère de l'homme dans son état naturel, et a prouvé que le monde est rempli de péché.
Ici il explique comment tous les hommes sont devenus sujets au péché et a la mort par leur union avec Adam, qui était le représentant de tous ceux qui étaient descendus de lui par la génération naturelle.
Il prouve que la coulpe du premier homme s'étendait sur toute sa postérité, puisque la mort qui a été occasionnée par le péché, règne universellement, et sur ceux-là même qui n'ont point commis de péchés actuels.
Il répète plusieurs fois que la condamnation de tous les hommes a lieu de cette manière, et prouve par là qu'ils sont dans l'impossibilité de se relever par eux-mêmes de cette situation, et que cela ne peut être opéré que par la grâce de Dieu, et le don de la justification par sa grâce. Non seulement la loi de Dieu ne peut relever les hommes de cette condition, mais elle fait que le péché abonde de plus en plus. Car la nature corrompue a la plus grande opposition avec la loi, et cherche d'autant plus à accomplir ses désirs que la loi les défend davantage. Dès-lors la loi, au lieu de donner la vie, montre plus complètement la nécessité d'un Sauveur et de la grâce, comme remède à la corruption de la nature humaine ; plus en effet, la loi est étendue et expresse, plus les transgressions sont nombreuses, évidentes et criminelles ; mais tout cela donne lieu à ce que la grâce abonde davantage, comme régnant au moyen de la justice pour conduire à la vie éternelle par Jésus-Christ.

Ainsi comme Adam, par un seul péché, avait ruiné toute sa postérité et l'avait amenée sous la condamnation et la mort, de même Jésus, par son sang et sa justice, justifie tous les croyants et leur donne la vie éternelle. C'est ainsi que l'Apôtre magnifie le Rédempteur, et prouve dans quelle absolue dépendance de lui, sont tous ceux qui sont sauvés.

En résultat, nous apprenons dans ce chapitre, l'état de coulpe et de condamnation, dans lequel les fidèles étaient plongés et la manière dont ils étaient tombés : l'état heureux auquel ils sont conduits par la justification et la voie par laquelle ils la reçoivent. Ils jouissent de la faveur de Dieu, comme s'ils n'avaient jamais péché, et se réjouissent en lui, comme leur propre Dieu.
Que le fondement de cette joie soit solide, que ceux qui sont justifiés ne puissent manquer de parvenir à la vie éternelle, c'est ce que l'Apôtre prouve, par les quatre arguments suivants :

1) parce que les tribulations même, sont pour les fidèles de véritables bénédictions :

2) parce que l'amour que Dieu a pour eux, et en conséquence duquel ils seront éternellement heureux, leur est assuré et que le joyeux sentiment de cet amour est répandu dans leurs cœurs par le Saint-Esprit :

3) si l'effet de la mort de Christ a été que par elle les pécheurs, impies et ennemis de Dieu, ont été justifiés et réconciliés avec lui, à plus forte raison, par la vie de Jésus-Christ, ceux qui sont réconciliés seront-ils éternellement heureux :

4) si par le premier péché d'Adam, non-seulement une sentence de condamnation a été portée sur toute sa postérité, mais si celle-ci a été actuellement atteinte par les suites de ce jugement, parce que ce péché leur était imputé, à plus forte raison les bienfaits mérités par l'obéissance de Christ, seront-ils répandus sur tous ceux pour lesquels il a obéi.

Chap. VI.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Dans ce chapitre et dans les deux suivants, Paul réfute les imputations calomnieuses dont il a parlé au Chap. III, que les apôtres permettaient aux hommes de pécher, afin que la grâce abondât, et il prouve aussi que la doctrine de la justification par la foi sans les œuvres, n'anéantit pas la loi, mais qu'au contraire, comme il l'a affirmé, Chap. III. 31, elle affermit la loi.
Cette transition à ces nouveaux objets est belle et naturelle : ayant montré dans le chapitre précédent, que telle était la malignité du péché, que tous les hommes avaient été condamnés par le seul péché d'Adam, et ayant traité de la surabondance de la grâce envers ceux qui reçoivent le libre don de la justification, il demande à présent, si l'on peut supposer qu'il puisse être assez inconséquent pour enseigner aux hommes à pécher, afin que la grâce abonde dans leur pardon. Ceux qui affirment que Dieu a assujetti toute la race humaine à la mort ; pour une seule offense du premier homme, doivent être bien éloignés de penser que Dieu donne plus abondamment aux hommes la vie éternelle, par cela même qu'ils persévèrent dans leur péché.

Pour montrer que par cette doctrine de la justification par la foi sans les œuvres, il ne veut point établir que ceux qui sont justifiés soient libres de l'obligation de obéissance personnelle envers Dieu, l'Apôtre observe que dans le baptême, qui est le rite d'initiation pour les disciples de Christ, le fidèle est représenté comme mis à mort avec Christ, à cause de son péché, comme étant enseveli avec lui, afin que le sentiment de la malignité du péché, soit plus profondément imprimé en lui et qu'il soit engagé à le haïr comme le plus grand des maux.
D'ailleurs dans la même cérémonie, la personne baptisée ressuscitant hors de l'eau, après avoir été lavée, il lui était enseigné par-là, qu'elle était ressuscitée avec Christ, par la puissance du Père, afin de marcher ici-bas avec lui en nouveauté de vie, comme elle devait être à la fin ressuscitée du tombeau, afin de vivre avec lui éternellement dans le ciel.
Les fidèles étaient encore par le baptême, mis dans la plus forte obligation d'agir saintement, parce qu'étant ainsi représentés dans cette cérémonie, comme morts, ensevelis et ressuscités avec Christ, leur vieil homme, leur vieille nature corrompue était crucifiée avec lui, ce qui leur enseignait qu'étant mis à mort pour le péché, ils ne devaient plus le servir comme ses esclaves.

Le péché ayant remporté la victoire sur le premier homme, se l'était assujetti comme esclave, aussi bien que tous ses descendants, par le droit de conquête, et comme leur maître, exigeait continuellement d'eux, avec rigueur, l'ignominieux service d'actions criminelles ; mais Christ étant mort à leur place, les droits qu'avait le péché sur les personnes et les services des fidèles était entièrement détruit.
Le péché les ayant mis à mort avec Christ, ils ne pouvaient plus être ses esclaves
, de même qu'un esclave qui est mis à mort par son maître, cesse d'être sous son autorité. Mais quoiqu'ils fussent morts avec Christ sur la croix, ils vivaient actuellement et devaient vivre ensuite avec lui dans les cieux, et c'est pourquoi ils étaient alors de droit les serviteurs de Christ. Ainsi les fidèles devaient considérer avec soin qu'ayant été mis à mort par le péché, ils avaient été rendus à la vie par Dieu, au moyen de Jésus-Christ qui était devenu par-là leur Seigneur légitime. C'est pourquoi leur devoir et leur intérêt, étaient de ne point permettre au péché de gouverner plus long-temps la vie qu'ils avaient reçue par Christ, mais d'employer au contraire toutes les parties de leur corps et toutes les facultés de leur âme, au service de Dieu comme devaient le faire des personnes qu'il avait revivifiées de la mort où le péché les avait conduites.

Pour faire voir clairement que les apôtres n'enseignaient pas aux croyants à pécher en leur disant qu'ils n'étaient plus sous la loi, mais sous la grâce, Paul affirme que leur doctrine a une tendance absolument contraire, et il assure les fidèles que le péché ne peut régner sur eux, par cela même qu'ils ne sont plus sous la loi, mais sous la grâce, parce que celle-ci leur communique l'inclination et la force nécessaire pour dompter les mauvais désirs et pour exercer la justice ; au lieu que la loi, en demandant une obéissance parfaite à ses préceptes et en refusant tout pardon aux pécheurs, les endurcissait dans leurs péchés, à cause de leur méchanceté ; car l'état d'être sous la loi, non-seulement comme règle, mais comme assujettissant à une obéissance parfaite, comme condition pour obtenir la vie, rendait les pécheurs ennemis de la loi, et cela même en était une violation. D'un autre côté, ceux qui étaient sous la grâce, ne voyant plus la loi comme leur étant contraire à cause de son pouvoir de condamnation, ils l'aimaient et lui rendaient une obéissance cordiale.

Paul déclare en même temps, que les fidèles ne sont point affranchis du péché, dans ce sens qu'ils puissent s'abandonner à la paresse et à la négligence, comme s'ils n'avaient plus d'inclination au péché ; car le péché existe encore en eux, quoiqu'ils ne soient plus sous son empire, ni sous sa condamnation. Ils doivent donc dans la confiance du pouvoir et de la fidélité de Dieu, combattre contre le péché et le mortifier en s'abandonnant à de saintes affections et non plus à des désirs criminels, se souvenant que suivant qu'ils se reconnaissent pour esclaves du péché ou de la sainteté, c'est l'un ou l'autre qui a de l'empire sur eux. Mais Paul remerciait Dieu de ce que ceux à qui il écrivait, quoiqu'ils eussent d'abord été esclaves du péché, obéissaient maintenant à la forme de doctrine, dans laquelle ils avaient été jetés comme dans un moule, et étaient devenus les serviteurs de la justice. Aussi pour éviter qu'ils ne fussent surpris des choses qu'il leur avait écrites, il leur dit qu'à cause de la faiblesse de leur intelligence relativement aux matières spirituelles, il a parlé d'après les lois et les coutumes des hommes relatives à l'état des esclaves ; et ayant clairement indiqué la tendance puissante et des effets de la grâce divine, et leur ayant rappelé qu'ils avaient d'abord à cause du pouvoir de leurs convoitises, appliqué leurs membres à l'iniquité, il les exhortait à cause de l'influence de leurs saintes affections à les employer à la justice. Il oppose ici la misérable condition et la fin des esclaves du péché à l'état heureux et aux récompenses de ceux qui servent Dieu.

Les métaphores employées dans ce chapitre sont extrêmement hardies ; cependant étant tirées de choses bien connues, l'Apôtre s'en est servi avec un grand avantage ; car l'influence des passions criminelles pour contraindre les hommes à commettre de mauvaises actions, ne pouvait être mieux représenté que par le pouvoir qu'un maître tyrannique exerce sur ses esclaves.
On ne pouvait rien imaginer de plus frappant pour montrer quelle est la misérable condition d'un homme gouverné habituellement par ses convoitises, que de le peindre comme asservi à un maître dur et injuste, qui exige rigoureusement de ses esclaves qu'ils emploient à ses ouvrages tout leur temps et toute leur force, qui leur demande des choses pénibles et honteuses, et qui par la dureté des charges qu'il impose, met misérablement fin à la vie de ses serviteurs.
D'un autre côté, le droit qu'un maître légitime et humain a sur les travaux de ses esclaves, la nature des obligations qu'il leur impose, la récompense qu'il leur donne pour leurs fidèles services, donnent une idée claire et frappante de l'obligation que l'évangile impose aux hommes de s'adonner aux œuvres de justice, aussi bien que des bienheureuses conséquences d'une semblable manière de vivre.

En résultat, l'Apôtre montre ici quelle est cette liberté spirituelle qui
en affranchissant l'homme du péché et de la condamnation de la loi, au lieu d'anéantir la loi pour eux, les engage à une obéissance volontaire et sincère, par le sentiment de la reconnaissance et de l'amour pour Dieu, il prouve que ceux à qui il est pardonné sont purifiés ; que là où le péché est pardonné, il est assujetti et abandonné, et que tous ceux qui sont conduits à l'état de salut, vivent saintement en Jésus-Christ.

Sur la fin, il appelle spécialement notre attention sur ce que cet heureux résultat de la conduite des fidèles, ne doit point être considérée comme une récompense
méritée. La mort temporelle et éternelle est le gage stipulé ou ce que le péché mérite pour toute violation de la loi. C'est ce que chaque homme a mérité, et c'est ce que recevra chaque pécheur. Mais la vie éternelle est le don de Dieu, accordé à ceux qui se condamnent eux-mêmes, et qui renoncent à se confier à leurs services incomplets et souillés, pour se reposer entièrement sur la grâce divine par la justice et l'expiation de Jésus-Christ et cette sainteté qui les rend propres à la félicité céleste, est aussi bien le don de Dieu par Christ, que cette justice imputée qui est le titre que les fidèles ont à l'obtenir. « C'est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. » (I Jean V, 11)

Chap. VII.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Ayant repoussé la calomnie qui imputait à lui et à ses frères d'enseigner aux hommes à pécher, afin que la grâce abondât, Paul continue en réfutant l'objection que ceux qui ne sont chrétiens que de nom, opposent à la doctrine de la justification par la foi sans les œuvres, en disant qu'elle anéantit la loi. Il commence par observer que la loi n'a d'empire sur l'homme que pendant sa vie, et il éclaircit cette assertion, en citant la loi du mariage qui lie la femme à son époux seulement pendant qu'il vit ; puisque s'il meurt, elle est affranchie de sa loi et libre de se marier à un autre homme. De sorte que la mort de l'une des parties rompant ce lien, celui qui a été mis à mort par la malédiction de la loi, dans la personne de Christ, est affranchi de cette loi pour être marié à Christ. et dans cette nouvelle union, il produit des fruits à Dieu.

Afin de montrer quelle est la vraie nature de la loi sous laquelle les hommes étaient originairement placés, et qui avait été publiquement délivrée aux Juifs ; afin de prouver qu'elle n'avait point été donnée comme moyen de justification à l'homme tombé.
L'Apôtre déclare ensuite à ceux à qui il s'adresse, que pendant qu'ils étaient encore dans leur état irrégénéré, les passions criminelles agissaient avec efficace dans leurs membres pour qu'ils fissent des actions telles, qu'ils fussent assujettis à la mort, mais de peur que de ce qu'il leur disait qu'à cause de leurs actions criminelles, la loi occasionnait leur mort, et de ce qu'il affirmait qu'ils étaient affranchis de la loi à cet égard, ils ne tirassent la conclusion, qu'il pensait qu'à quelques égards la loi fût mauvaise, injuste, ou eût quelque tendance dangereuse, il les assure qu'il n'a point une telle opinion.

La loi, quoiqu'elle ne puisse justifier les hommes pécheurs, est bonne en elle-même, et d'un usage indispensable comme règle de conduite. Par ses défenses elle rend aussi les péchés sensibles aux hommes et par sa malédiction, elle leur fait connaître ce que le péché mérite. Paul cite comme exemple de cela que, s'il avait su que le vif désir des choses défendues fût un péché actuel, c'était parce que la loi avait dit : « Tu ne convoiteras point ; » d'où il suit qu'en leur disant que leurs passions criminelles, pendant qu'ils étaient sous la loi, et non sous la grâce, avaient agi dans leurs membres de manière à les soumettre à la mort, il avait voulu dire que c'étaient leurs passions criminelles et non la loi, qui avaient été en eux la cause des désirs violents des choses défendues, qui par la malédiction de la loi, les avaient assujettis à la mort, car sans la loi, le péché ne peut tuer le pécheur.

Ensuite pour montrer quelle est l'excellente nature de la loi, comme elle rend sensibles aux hommes et leurs péchés et le démérite de leurs péchés, il observe que tandis que les hommes ignoraient la loi, ils s'imaginaient qu'ils avaient par eux-mêmes des droits à la vie, mais que lorsque par l'opération de la loi sur leur conscience, ils eurent acquis la connaissance de leur vrai caractère, ils sentirent que le péché vivait en eux et qu'ils étaient morts par la malédiction de la loi, c'est ainsi qu'il est arrivé que la loi qui avait eu originairement pour but de donner la vie aux hommes, avait occasionné leur mort, quoiqu'on même temps loin d'être mauvaise sous aucun rapport, elle fût au contraire sainte, juste et bonne.

L'Apôtre suppose qu'on lui demande encore si la loi, malgré sa bonté, n'a point été l'occasion de la mort. Cette objection est répétée pour fournir l'occasion de montrer plus pleinement l'excellente nature de la loi ; car il affirme encore que ce n'est pas elle, mais le péché, qui tue le pécheur par la malédiction de la loi, et qu'il était convenable qu'il eût été lui-même puni ainsi comme pécheur, pour montrer l'excessive malignité du péché, aussi bien que la corruption du cœur humain, afin que la grâce de Dieu parût plus glorieuse.

Après cela pour développer l'excellence de la loi plus clairement qu'il ne l'a fait, il montre qu'elle est spirituelle, faisant enquête non-seulement des actions extérieures, mais encore des affections et des motifs les plus secrets, et convainquant ainsi les hommes
, combien, par leur nature, ils sont en opposition avec elle, de sorte qu'il ressentait et pleurait lui-même avec amertume les opérations criminelles de son esprit contre la loi sainte et spirituelle ; car le péché venait naturellement en lui du vieil homme qui, quoique mortifié, n'était pas tué. Il ne peut produire que le péché et la loi ne peut qu'irriter la nature corrompue et la rendre de plus en plus rebelle, parce que cette nature mauvaise ne peut supporter ni la sainteté ni la sévérité de ses commandements, ainsi il fallait que toute son espérance et toute sa sainteté vinssent de la grâce de Dieu par Jésus-Christ suivant la nouvelle alliance.
En rapportant ici sa propre expérience, Paul a rendu un compte frappant du conflit intérieur et pénible que tous ceux qui « prennent plaisir à la loi de Dieu, 
» ont à soutenir dans ce monde contre les restes de leur corruption.

Ainsi dans ce chapitre la vie de la foi, dans le croyant, est caractérisée par trois choses, dont il a l'expérience à l'égard de la loi de Dieu. Il est mort par elle, il respecte ses préceptes et il désire de l'accomplir.
Le fidèle est mort par la loi, et il vit par Christ L'homme par sa nature est marié à la loi et il cherche la vie dans l'obéissance qu'il doit lui rendre ; sa conscience est liée par la loi, jusqu'à ce qu'étant régénérée, son vieil homme ou sa nature corrompue soient mortifiés par l'Esprit. Lorsque sa conscience en est affranchie, elle devient bonne et est satisfaite, par ce que Christ a fait et par ce qu'il a souffert, et comme une créature nouvelle, s'attache fermement à Christ d'une manière intime, pour pouvoir lui produire des fruits, et vivre avec lui d'une nouvelle vie. Il a d'ailleurs le plus grand respect pour la loi de Dieu, qu'il regarde comme infiniment sainte, juste et bonne, et plus il est renouvelé par la grâce, plus il se plaît dans la loi. quoique ce soit dans Jésus-Christ seul, qu'il mette toutes ses espérances.
Il a auparavant été d'autant plus l'ennemi de la loi dans sa vraie étendue, qu'il voyait davantage qu'il ne pouvait accomplir ce qu'elle demandait de lui : mais maintenant il se plaît en la loi ; il s'efforce de lui obéir ; quoiqu'il trouve en lui un corps de péché qui le retarde constamment et résiste à cette obéissance. Il trouve ainsi son propre esprit divisé contre lui-même ; il y a en lui deux partis qui ne cessent de se combattre, la corruption de la nature et la grâce surnaturelle ; mais la plus nouvelle vaincra à la fin la première. La grâce triomphera à la fin, et même dès à présent elle est prédominante.

L'inclination principale de l'homme renouvelé est l'obéissance et la sainteté, et il se réjouit dans toutes. les actions de cette espèce, tandis qu'il ne peut regarder qu'avec regret et déplaisir les péchés qu'il commet ; mais en Jésus-Christ sa victoire est complète.

Chap. VIII.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Pour dernière réponse à l'objection contenue, Chap. III. 31. l'Apôtre développe ici avec beaucoup de sensibilité et d'énergie, plusieurs motifs puissants que suggère la doctrine de l'évangile, déjà exposée, et rendue efficace par l'opération du Saint-Esprit, pour engager les fidèles, soit par leur jugement, soit parleurs affections, à persévérer dans la recherche de la sainteté. II vient de prouver que ceux qui vivent par Christ, quoi qu'ils soient bien retardés dans leur marche par leur corruption naturelle, ne sont plus sous son empire de manière à marcher suivant leurs voies du péché, mais que, par leur nouvel esprit, ils servent à la loi de Dieu. Il commence ici à montrer que ceux, qui marchent ainsi, non selon la chair, mais selon l'esprit, sont affranchis de la condamnation. D'après ce puissant motif, il cherche à consoler les fidèles, du pénible combat qu'ils éprouvent en eux-mêmes, et à les assurer de leur triomphe final. Cette délivrance du pouvoir du péché et de la mort, Dieu l'a opérée en envoyant son fils dans la nature humaine, pour mourir comme une oblation pour le péché, pour obtenir le pardon pour les pécheurs et pour détruire en eux le pouvoir du péché par sa parole et son Esprit.

II distingue ensuite l'esprit charnel et spirituel, et montre les différentes conséquences d'être dans la chair ou d'être dans l'esprit. Ceux-là, et ceux-là seulement sont les enfants de Dieu, qui ont l'Esprit de Christ, qui sont conduits par lui, et sont soigneux de combattre et de mortifier la chair, qui, s'ils lui cédaient, les conduirait à la mort.
Par le Saint-Esprit, ils ont la vie avec Christ, et seront ressuscités pour une immortalité bienheureuse ; et pour montrer quelle est l'excellente disposition que les enfants de Dieu reçoivent du Saint-Esprit qui habite en eux, l'Apôtre observe qu'ils n'obéissent point à Dieu, à cause d'une crainte servie de la punition, telle que la ressentaient, à cause de la malédiction de la loi, ceux qui sous la première dispensation, n'avaient point vu Christ comme la fin de la loi, mais au contraire, qu'ils sont déterminés par des dispositions filiales de gratitude et d'amour envers leur Père.
Cette sainte disposition de l'esprit est, pour les fidèles, une assurance qu'ils sont véritablement enfants de Dieu, le Saint-Esprit en rendant témoignage en leurs consciences suivant les déclarations données dans sa parole.

Après avoir ainsi montré que tous ceux qui ont l'Esprit de Dieu sont ses enfants, l'Apôtre rend un compte particulier des honneurs, des privilèges et des biens qui leur appartiennent. Ils sont
les héritiers de Dieu, et pour définir le sens de cette expression, il ajoute et les cohéritiers de Christ, de sorte que la félicité de cette vie immortelle dont Christ jouit à présent dans la nature humaine, appartient à tous les enfants de Dieu, qu'ils en seront mis en possession, et que, puisqu'ils souffrent avec lui, ils seront aussi glorifiés avec lui.

La qualité d'être enfants de Dieu ne garantit pas à la vérité les croyants, des souffrances de ce monde ; au contraire, elle les expose davantage à les souffrir maïs elles sont disposées pour abattre et mortifier le corps de péché et de mort, et ici l'Apôtre console les croyants qui les endurent, et les encourage à les supporter comme ne pouvant être mises en comparaison avec la gloire future à laquelle ils doivent participer.

Dans une personnification remarquable par sa beauté, il représente toute la création comme soupirant et étant en travail, d'avoir été assujettie à la vanité, mise dans un état de souffrance par le péché de l'homme, et attendant après sa délivrance qui doit arriver quand les enfants de Dieu, seront manifestés dans leur véritable caractère et dans la gloire qui est préparée pour eux.
Les fidèles soupirent aussi en eux-mêmes, et attendent après leur admission publique dans la famille de Dieu, à la résurrection, lorsque leurs corps seront rachetés du tombeau, incorruptibles et immortels, mais ils attendent patiemment ce qu'ils espèrent et ils montrent par-là leur foi au milieu de leurs épreuves et de leurs infirmités. Ils pourraient,
il est vrai, s'ils étaient abandonnés à eux-mêmes, être bientôt vaincus par elles, mais l'Esprit de Dieu les aide et les soutient, devient en eux leur intercesseur j les instruits et les rend capables d'offrir à Dieu des prières qui lui sont agréables.

L'Apôtre montre ici aux croyants un autre fondement solide de leur persévérance, dans l'assurance que Dieu ayant pris la détermination finale de les sauver, toutes les choses qui leurs paraissaient ou prospères ou contraires, concourent ensemble pour ce but.
Leur salut est d'une certitude absolue, car Dieu les a appelés à un état de réconciliation et d'amour pour lui, suivant son dessein éternel que rien ne peut ébranler ; car les ayant aimés d'un amour éternel, il les a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils pour qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères. Les ayant prédestinés, il les a appelés, il les a justifiés, et à la fin, il les glorifiera.

Après avoir ainsi décrit le salut du croyant, dans son origine, ses progrès intermédiaires et son résultat, l'Apôtre en son propre nom, ainsi qu'au leur, demande : « Que dirons-nous à ces choses ? 
» Puisque Dieu est pour nous, personne ne pourra nous empêcher de recevoir l'héritage promis. Car celui qui a livré son propre Fils pour nous tous, nous donnera aussi avec lui toute sorte de bénédictions.
Alors entraîné par la vue qu'il a prise des ces grands objets, et pour montrer qu'il n'y a point de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, il s'écrie : Qui portera accusation contre les élus de Dieu, puisque c'est Dieu qui les justifie ?
Quel est celui qui prétendra les condamner, puisque Christ est mort pour obtenir leur pardon, qu'il est ressuscité, qu'il gouverne le monde pour leur avantage et qu'il intercède auprès du Père en leur faveur ?
Alors personnifiant le corps entier des fidèles vivement affectés de la bonté de Dieu dans leur salut et transporté par la considération des privilèges qui leur sont inaltérablement accordés, il déclare l'impossibilité qu'il y a à ce qu'ils soient séparés de l'amour de Christ, quelques fortes que soient les tentations dont ils peuvent être assaillis.

Il nous est donc enseigné dans ce chapitre quelle est la vie des fidèles, quels sont les grands privilèges dont ils jouissent et qu'ils espèrent. Ils vivent selon l'esprit et non selon la chair. Ils vivent en Christ et renoncent à eux-mêmes, le péché demeure encore en eux et cependant la grâce règne dans leurs cœurs. L'Esprit de Christ habite en eux comme l'esprit de foi et de prière, l'esprit de sainteté et de consolation. C'est ainsi qu'ils sont devenus serviteurs de Dieu, qu'ils sont consolés au milieu de toutes leurs afflictions par l'assurance d'une heureuse issue, parce qu'ils savent que dès à présent toutes choses concourent pour leur bien. Ils ont la certitude de l'opération efficace du
Saint-Esprit dans leurs cœurs, l'Amour éternel du Père et l'intercession toute puissante du Fils.

La dernière partie de ce chapitre qui contient dans les expressions les plus fortes et les plus animées, la peinture des privilèges, des espérances et du caractère du chrétien, montrent jusqu'à quel point l'évangile de Christ peut inspirer la dépendance de Dieu et la grandeur des sentiments, dans ceux qui entendent et qui croient sa doctrine. C'est pourquoi, elle forme très-convenablement la conclusion d'un discours, où par les plus fortes raisons, les saintes pratiques sont recommandées comme ennoblissant les pensées, donnant les joies les plus vives et les plus solides, et disposant les hommes à devenir les compagnons des anges et à vivre avec Dieu lui-même pendant l'éternité. En relisant les encouragements à la sainteté proposés par l'Apôtre dans ce chapitre et dans les trois précédons, on voit que le plan de salut révélé dans l'évangile fournit les motifs les plus puissants pour persuader à l'homme d'abandonner le péché, de suivre la sainteté et même de tout souffrir pour bien faire.
C'est ainsi qu'il est démontré que la calomnie dont l'Apôtre a parlé, qu'en enseignant la doctrine de la justification des pécheurs par la foi sans les œuvres, on anéantit les obligations de la loi et on encourage les hommes à pécher, que cette calomnie, disons-nous, est entièrement dénuée de fondement. Car dans ces chapitres, l'Apôtre a montré que Dieu, en imputant par la foi la justice de Christ, fournit tant de puissants motifs d'obéissance, qu'il en résulte, de la manière la plus évidente, que ce mode de justifier les pécheurs, est un exercice de miséricorde qui au lieu d'affaiblir l'obligation, d'obéir à la loi de Dieu, la fortifie au contraire au plus haut degré, et par conséquent qu'elle est parfaitement d'accord avec son caractère, et qu'elle concourt au plus haut point au but de l'Éternel dans le gouvernement moral du genre humain.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.

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(1) Le Messie, la semence promise, en qui toutes les nations de la terre devaient être bénies, et par qui Abraham devait avoir une postérité spirituelle, innombrable comme les étoiles, était l'objet de la foi d'Abraham,
Gen. XV. 5. 6. Sa foi, par conséquent lui donnait part à cette justice que le Rédempteur devait accomplir. « Même la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ qui s'étend à tous, et sur tous ceux qui croient. Rom. III. 22.
Abraham sans doute avait été justifié dès le temps qu'il avait cru en la promesse, mais c'est à l'occasion à laquelle se rapporte ce que dit ici l'Apôtre, que sa justification fut expressément attestée pour son encouragement.
Cette foi par laquelle les chrétiens sont justifiés a constamment rapport à la personne et à l'oeuvre de Christ. Abraham crut à Dieu, comme ayant promis Christ, ils croient en lui comme ayant ressuscité Christ des morts.


(2)
Livré pour nos offenses ! Quelle vue ces paroles nous présentent de notre culpabilité, de la malignité du péché, de la justice du gouvernement de Dieu ! Pour un seul péché, le monde entier a été condamné ! le péché a crucifié le Seigneur de gloire !

 

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