Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
PREMIER.
1.3. Paul, serviteur de
Jésus-Christ, appelé à être
Apôtre, mis à part
pour annoncer l'Evangile de Dieu , lequel il avait
auparavant promis par ses Prophètes dans les
saintes Écritures; touchant son fils
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Conformément à l'usage de ces temps
anciens, Paul commence cette épître
par énoncer son nom. Auparavant il avait
été « un blasphémateur,
un persécuteur et un oppresseur; (
I.Tim. I. 13) il avait cru devoir , faire de
grands efforts contre le nom de Jésus le
Nazarien ; ( Act, XXVI. 9) mais , alors il avait obtenu
grâce, afin que Jésus-Christ
montrât, en lui , le premier, toute sa
clémence, pour servir d'exemple à
ceux qui viendront à croire en lui, pour la
vie éternelle. (I.Tim. I. 16)
»
Il nous
déclare à présent qu'il est le
serviteur
de Christ. Il est
aussi appelé à être
Apôtre.
Le premier de ces
titres est son caractère
général, le second désigne
particulièrement son emploi, sa destination,
et ce mot Apôtre, placé au commencement de
l'épître , imprime le sceau d'une
autorité divine à tout ce qu'elle
contient.
Le mot Apôtre,
signifie
celui qui est
envoyé. Il
s'applique à d'autres missions et est
quelquefois traduit par messager. ( II. Cor. VIII. 23. Phil. II. 25) Mais il est spécialement
réservé à ceux qui furent
envoyés par Jésus-Christ lui-
même, chargés par lui de prêcher
l'évangile dans tout le monde et d'annoncer
les lois de son royaume. Tout montre que cet office
n'était que temporaire : des qualités
indispensables étaient requises pour
l'apostolat, il exigeait une commission d'une
nature particulière, les
apôtres devaient avoir des pouvoirs
extraordinaires ; et personne n'était
désigné pour leur
succéder.
Il fallait d'abord qu'un apôtre fût un
de ceux qui avaient vu J. C. depuis sa
résurrection, parce qu'ils étaient
tous destinés à être pour le
monde entier, des témoins oculaires de ce
grand événement. Pierre,
définissant en peu de mots le
caractère d'apôtre, y fait entrer la
condition d'avoir été un des
témoins de la résurrection de Christ.
(Act. I. 22) Cette circonstance est
rappelée dans un grand nombre d'autres
passages. ( Voy. Luc XXIV. 48. Jean XV. 27. Act. II. 32. III. 15.
IV. 33.
V. 32.
X. 41.
XIII. 31.
XXII. 14.
XXVI. 16.
I. Cor. IX. 1. XV. 7.8.
I. Pier.V. 1)
Secondement : les apôtres étaient
distingués par d'éminentes
prérogatives auxquelles nul n'a
participé depuis eux. De ce nombre
était celle de tenir leur mission de
Jésus-Christ immédiatement et non
médiatement d'aucune commission humaine. On
peut y
mettre encore la
puissance de conférer, par l'imposition des
mains, les dons miraculeux du Saint-Esprit, et
enfin, la connaissance qui leur fut accordée
par inspiration, de l'entière doctrine de
Christ. C'est pour ce motif, qu'il leur
était ordonné d'attendre
l'accomplissement de la promesse que le Seigneur
leur avait faite en leur annonçant qu'ils
seraient baptisés par le Saint-Esprit. Paul
montre dans divers endroits que tous ces
caractères de l'apostolat se trouvaient en
lui : il avait vu le Seigneur depuis sa
résurrection ; (I. Cor. IX. 1) il avait reçu sa divine
mission de Jésus-Christ et de Dieu le
Père, directement et sans l'intervention des
hommes ; (Gal. I, 1,
II. 6) il
possédait les signes de son emploi dans le
pouvoir de conférer le don des miracles,
(II. Cor. XII. 6) et il avait reçu la
connaissance de l'évangile, non d'un autre
apôtre, mais par une inspiration
immédiate. (Gal. I, 11)
Troisièmement : la mission dont les
apôtres étaient chargés
était celle de propager l'évangile
dans tout le monde, sans se charger d'un troupeau
particulier. Les termes de leur commission
furent : Allez
dans tout le monde, et prêchez
l'évangile à toute créature.
(Marc XVI. 15)
Ils ont pu, à
la vérité, être nommés
aussi surveillants ou pasteurs, mais dans un sens
bien différent de celui dans lequel ce titre
est appliqué aux autres. L'église
entière, ou pour mieux dire, le monde entier
était à leur charge, et ils
étaient tous collègues les uns des
autres. Si vers la fin de sa vie, quelqu'un
d'entr'eux, par son âge ou ses
infirmités, a été fixé
dans une résidence, elle s'est
trouvée naturellement placée sous son
inspection directe ; et ce fait, si toutefois
il est arrivé, a pu donner lieu à la
tradition qu'ils ont été les premiers
pasteurs de certaines églises ;
tradition qui, d'ailleurs, n'est point
établie sur des documents historiques.
Quatrièmement : à la mort d'un
apôtre, nul ne pouvait lui être
substitué. L'élection de Matthias
à la place de
Judas, n'est point
une exception, puisqu'elle est antérieure
à l'époque où ils
commencèrent à exercer leur charge.
Les paroles de Pierre à cette occasion,
confirment ce qui a été dit plus
haut, soit du but de leur commission, soit des
qualités que devaient réunir ceux qui
la remplissaient. « Il faut donc que
d'entre ces hommes qui se sont, assemblés
avec nous pendant tout le temps que le Seigneur
Jésus a vécu entre nous, en
commençant depuis le baptême de Jean,
jusqu'au jour où il a été
enlevé d'entre nous, quelqu'un d'entre eux
soit avec nous témoin de sa
résurrection. » (Act.1. 21. 22) Mais dans la suite lorsque
l'apôtre Jacques, frère de Jean, fut
mis à mort par Hérode, nous ne
trouvons point qu'il soit fait mention qu'on lui
ait donné un successeur ; l'admission
postérieure de Paul à l'apostolat ne
forme pas non plus une exception, parce qu'il ne
fut substitué à la place d'aucun
autre, mais au contraire appelé
spécialement pour exercer son
ministère chez les Gentils ; ainsi nous
trouvons en lui toutes les qualités requises
pour le témoignage que devaient rendre les
apôtres.
L'office des apôtres était donc un
emploi distinct dans l'église de Christ,
(I. Cor. XII. 28) et dans lequel, tant par sa nature,
que par les qualités nécessaires pour
s'en acquitter, ils ne pouvaient avoir de
successeurs. Les clefs du royaume des cieux leur
étaient données. (Matth. X.1. 20,
XVI. 19.
XVIII. 18.
XIX. 28.
Luc XXII. 14. 30.
Jean XX. 23) Ils devaient promulguer les lois qui
lient et qui délient dans le ciel et sur la
terre, annoncer la parole que leur avait dite le
Seigneur Jésus, parole par laquelle les hommes
devaient être jugés au dernier Jour.
(Jean XII. 48) Ce
qu'il leur avait dit dans les
ténèbres, ils le
disaient dans la. lumière (Math. X. 27)
et l'esprit qui
était avec eux les conduisait
en toute
vérité. (Jean XVI. 13) Il leur
enseignait toutes choses, et leur rappelait le souvenir de toutes celles
que Christ leur avait dites. (Jean XIV. 26) « Car ce n'est pas vous,
qui parlez, mais c'est l'esprit de votre
Père qui parle en vous. » (Matth. X. 20) Aussi Paul, exposant son
autorité apostolique, déclare-t-il
que Christ parle par lui. (II Cor. XIII. 3) « Si quelqu'un croit
être prophète ou spirituel, qu'il
reconnaisse que les choses que je vous écris
sont des commandements du Seigneur
Dieu. » (I. Cor. XIV. 37)
Ainsi revêtus des pouvoirs nécessaires
à l'exécution des choses qui leur
étaient confiées, les apôtres
reçurent leur haute mission,
accompagnée de la promesse que le Seigneur
lui-même leur fit d'être avec eux
jusqu'à la fin du monde. Cette promesse a
été accomplie jusqu'à ce
jour ; Jésus a béni leur
témoignage consigné dans les
écritures et répété
dans la prédication de l'évangile,
par la conversion et l'édification d'une
multitude de fidèles, et il continuera
de le faire jusqu'à ce que
le grand son de la dernière trompette ;
assemble les élus d'un bout du monde
à l'autre bout. (Matth. XXIV. 31) Les noms des douze apôtres de
l'Agneau sont écrits sur les fondements de
la nouvelle Jérusalem, (Apoc. XXI. 14) et tout son peuple est
édifié sur le fondement des
apôtres et des prophètes,
Jésus-Christ étant lui-même la
principale pierre de l'angle. (Eph. Il. 20)
Les apôtres sont les seuls
législateurs dans le royaume de Christ, et
tout ce qu'ils ont écrit doit être
exécuté et établi dans les
églises. ils sont les ambassadeurs de
Christ. (II. Cor. V. 20) Outre les apôtres, les
prophètes, les évangélistes,
le Seigneur Jésus a donné
« des pasteurs, et des docteurs pour
travailler à la perfection des saints, pour
l'œuvre du ministère, pour
l'édification du corps de
Christ ; » (Eph. IV. 11) mais en remplissant ce devoir, ils
ne doivent faire autre chose que
répéter et propager ce qui a
été enseigné par les
apôtres.
Toutes les églises, tous les synodes, les
conciles du monde ne peuvent rien ajouter à
ce qui est écrit, ne peuvent établir
aucune nouvelle loi, ni abroger aucune loi
ancienne. Aussi est-il ordonné aux
chrétiens de soutenir le combat pour la foi,
qui a été une fois donnée aux saints,
(Jud. 4),
une fois
pour toutes. De sorte
que tout ce que, soit la science et la sagesse des
hommes, soit leur folie ou leur ignorance,
pourraient ajouter, retrancher ou modifier,
à la sainte doctrine, la corromprait
également.
Que le corps entier de cette doctrine, et la
totalité des lois du royaume de Christ aient
été donnés par les
apôtres ; c'est ce qui est
évident, par la commission qu'ils ont
reçue du Seigneur Jésus.
« Toute puissance m'est donnée
dans le ciel et sur la terre ; allez-y donc et
faites de tous les peuples des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du
S.-Esprit, et leur enseignant à garder tout
ce que je vous ai commandé. Et voici je fuis
toujours avec vous jusqu'à la fin du
monde. » (Matth, XXVIII. 18-20)
Les chrétiens n'ont donc qu'à
obéir aux lois contenues dans les
écritures. Elles sont aussi complètes
sur tous les sujets, qu'elles sont authentiques. Si
nous les trouvons en défaut, soit dans
l'ordre social, soit dans l'ordre individuel, nous
devons avouer notre ignorance, et non pas accuser
d'insuffisance cette législation divine, qui
nous fournit des principes et des règles
applicables à tous les
événements qui peuvent arriver.
« Toute l'écriture est divinement
inspirée et utile pour enseigner, pour
convaincre, pour corriger et pour instruire selon
la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli
et parfaitement instruit, pour toute bonne
oeuvre. »
( II. Tim, III. 16. 17)
Paul était un
apôtre ;
appelé
à cet emploi, non de la part des hommes, ni de la
part d'aucun homme,
(Gal. I. 1)
mais de la part de
Jésus-Christ et de Dieu le
Père, il avait
été choisi par Dieu dès le ventre,
de sa mère, (Gal. I. 15)
et établi pour
le ministère qu'il avait à remplir
comme les prophètes. « Avant que
je te formasse dans le ventre de ta mère, je
t'ai connu, et avant que tu fusses sorti de son
sein, je t'ai sanctifié, je t'ai
établi prophète pour les
nations. » (Jérém. I.
5)
Les apôtres, comme nous l'avons
observé, avaient été
nommés par Jésus-Christ :
(Luc VI. 13) aucun homme, aucun corps
composé d'hommes, ne peut par la
désignation qu'il fait, conférer un
office, dont l'autorité lierait les
consciences de tous les hommes et dont les devoirs
ne pourraient être accomplis sans les dons de
l'inspiration et des miracles. Celui-là seul
pouvait établir un apôtre, qui par
cette nomination, pouvait lui conférer en
même temps les pouvoirs surnaturels
nécessaires pour s'acquitter de cette
fonction. C'est pour cette raison, que lorsque pour
remplacer Judas, un autre dut être choisi, on
en appela par le sort à Jésus. C'est
le seul exemple qu'il y ait dans le Nouveau
Testament, de l'emploi de ce procédé.
Ensuite Paul qui était comme un avorton (Act. XXVI. 16. 18. et I. Cor. XV. 7. 8. 9.)
fut
désigné pour cette fonction par le
Seigneur. (4) Ainsi il fut, comme Aaron,
appelé à un office dont nul ne peut
s'attribuer l'honneur. (Héb. V. 4)
II fut choisi et mis à part pour annoncer
l'évangile de Dieu. (Act. IX. 15) Le Seigneur Jésus avant sa
mort dit à ses disciples :
« J'ai encore bien des choses à
vous dire, mais vous ne sauriez les supporter,
maintenant. Cependant lorsque l'esprit de
vérité viendra, il vous conduira en
toute vérité. »
(Jean XVI. 12) Il suit évidemment de
là que pendant qu'il fut sur la terre,
Jésus-Christ ne compléta pas
l'enseignement de la doctrine de l'évangile
dans toute son étendue, mais voulut qu'elle
ne fut entièrement
révélée que par le
Saint-Esprit, à ceux qui furent
désignés pour la faire
connaître au monde après son
départ.
Dans cette manière de révéler
les vérités de l'évangile,
nous trouvons à la fois dignité et
convenance. Le Fils de Dieu est descendu des cieux,
non pour faire cette révélation, mais
pour en être l'objet par les actions et les
peines qu'il était nécessaire qu'il
fit et qu'il souffrit pour le salut des hommes.
Mais quoique l'intention de Notre-Seigneur ne fut
pas de faire lui-même une
révélation complète de
l'évangile, il répandit, et dans
diverses occasions, annonça à ceux
qui le suivaient, sa doctrine et ses
préceptes, de telle manière que quand
les apôtres qu'il avait chargés de les
prêcher dans toute son étendue
exécutèrent leur mission, la parfaite
conformité de leur doctrine avec la sienne,
ne laissa au monde aucun sujet de douter de leur
inspiration et de l'authenticité des
doctrines plus étendues qu'ils enseignaient
sur les matières dont Christ avait
parlé.
Ces considérations font voir de quelle
erreur se rendent coupables ceux qui
séparent, à quelques égards,
les choses enseignées par
Jésus-Christ, de celles qui nous ont
été apprises par ses apôtres,
qui doutent de leur identité ou leur donnent
un différent degré d'importance ou
d'autorité, de ceux qui s'attachent
exclusivement à l'étude des quatre
évangiles, comme s'il pouvait y avoir la
plus légère contradiction entre leur
doctrine et celle des épîtres, et
comme si celles-ci n'étaient pas
destinées à nous donner le
complément de la volonté de Dieu
révélée par
lui-même.
La corruption du christianisme vient de ce qu'on a
tâché, de différentes
manières, de rabaisser, d'écarter
l'autorité apostolique pour substituer
à la place de son enseignement, des
inventions humaines ; une lecture attentive de
ces mêmes épîtres fait voir que
ce fut peu de temps après
l'établissement du christianisme, que ce mal
commença ses ravages dans les
églises ; on y voit aussi avec quelle
vigueur il fut combattu. « Celui qui vous
reçoit, me reçoit, et celui qui me
reçoit, reçoit celui qui m'a
envoyé. »
(Matth. X. 40)
Les apôtres ont
dû être reçus dans leur mission
comme des anges de Dieu, ou comme
Jésus-Christ même. (Gal. IV. 14)
L'évangile de Dieu que Paul devait
proclamer, pour lequel il a été mis
à part, est appelé aussi
l'évangile de Christ. (Rom. I. 16) l'évangile de la grâce
de Dieu, (Act. XX. 24) l'évangile de paix,
(Eph. VI. 15) l'évangile du salut,
(Eph. I. 13) l'évangile de la gloire, (
I. Tim. I. 11) l'évangile éternel.
(Apoc. XIV. 6)
Cet évangile, cette bonne nouvelle, c'était
celle de
l'accomplissement de la promesse du salut faite
à Adam. (Gen. III. 15) Cette promesse avait
été transmise dès le
commencement par une tradition orale, et son
accomplissement avait été
annoncé par des types sensibles, au moyen de
l'institution du sacrifice ; elle avait
été proclamée par Énoch
(Jud. 14)
et par Noé, (II. Pierr. II. 5) et plus particulièrement
annoncée à Abraham, à Isaac et
à Jacob. Ensuite la loi de Moïse en
donna de nouveaux types, comme ayant l'ombre des
biens à venir, (Héb. X. 1) et elle fut toujours l'esprit et le
but de tous les témoignages
prophétiques. (Apoc. XIX. 10. Gen. III. 15. XXII. 18.
XLIX. 10.
Deut. XVIII. 15. II. Sam. VII. 12. Ps. CXXXII. 11. Esa. VII. 14. IX.6.
XL. 10.
Jérém. XXIII.
5. XXXIII. 14. XXXVII. 24. Dan. IX. 24. Mich. VII. 20)
Cette promesse était consignée dans
les saintes écritures, appelées
saintes parce qu'elles étaient
écrites par l'inspiration
(1) de Dieu, (I. Tim. III. 16) parce qu'en elles Dieu parle par ses
prophètes ; (Héb. I. 1) » car la prophétie
n'a point été apportée par une
volonté humaine, mais les saints hommes de
Dieu, étant inspirés par le
Saint-Esprit, ont parlé. »
(II. Pierr. I. 21)
L'évangile de Dieu est touchant son Fils
Notre-Seigneur Jésus-Christ ;
le Seigneur de
gloire, (I Cor. II. 8) le
Seigneur des morts et des vivants, (Rom. XIV. 9) » le Seigneur de tous,
(Act. X. 36)
Dans la traduction
grecque de l'Ancien Testament, connue sous le nom
de version des Septante, le mot que nous traduisons
par Seigneur,
répond
à différents noms ou titres que les
Hébreux donnaient à Dieu, mais le
plus souvent à celui de Jéhovah. Il
est appliqué aux hommes comme un signe de
respect, ou comme désignant la
propriété et la possession. Lorsqu'il
est employé comme nom de Dieu, il
désigne essentiellement les trois personnes
de la Divinité, comme on le voit en
comparant les passages correspondants de l'Ancien
et du Nouveau Testament. (Matt. IV. 7. et Deut.VI. 16. Matth. IV. 10. et Deut. VI 13. Marc XII 29. et Deut. VI. 4-5. Luc IV. 19
et Esa. LXI. 2) Il est aussi appliqué
à l'une des personnes divines, au Fils,
(Matt. III. 3. et Esa. XL. 3. Rom. X. 13. et Joël II. 32) au Saint-Esprit. (Act. IV. 29. 33.
24. 25.
I. 16.
I. Cor. XII. 8-10) Dans les Actes des Apôtres, et
dans leurs épîtres, lorsque le mot
Seigneur
est employé,
il est appliqué généralement
au Christ. Dans tous ces écrits divins, ce
nom lui est attribué purement et simplement
dans plus de mille passages.
Jésus-Christ est le principe et la substance
de l'évangile, il est le chef et le consommateur de
la foi. (Héb. XII. 2) L'évangile est appelé
la prédication
de la croix (Rom. XVI. 25. I. Cor. I. 18 ) de
Jésus-Christ,
" des richesses
incompréhensibles de Christ.
(Ephés. III. 8)
On doit surtout remarquer l'énergie de
l'expression dont Paul se sert en s'adressant aux
Corinthiens : Je
me suis proposé de ne savoir qu'une seule
chose, parmi vous, savoir Jésus-Christ et
Jésus-Christ crucifié.
(I. Cor. II. 2) Cela signifie bien plus que si
l'apôtre affirmait simplement, que cette
science est une partie nécessaire des
connaissances qui conduisent au salut ; c'est
un avis qu'elle est la doctrine principale, et en
quelque manière la totalité de la
religion, et que dans celle-là, toutes les
autres sont virtuellement comprises. Il est utile
d'observer que, quel que soit le sujet que traite
Paul, il y fait toujours entrer le mystère
de Christ ; c'est ainsi qu'il montre que
Jésus est l'objet de l'Évangile, et
qu'il explique pourquoi il ne veut connaître
que le Sauveur crucifié. Ainsi en parlant
aux Corinthiens de l'incestueux, (I. Cor. V. 7)
il leur montre dans
son exhortation Jésus-Christ, notre Agneau
pascal sacrifié pour nous ; s'il
s'occupe des personnes mariées,
(Eph. V. 25) il ramène à ce sujet
l'amour du Sauveur pour son église ;
s'il s'agit des promesses qu'il a
faites, des engagements qu'il a contractés,
il rappelle les promesses de Dieu, tout étant Oui et Amen dans le
Christ Jésus.
( II. Corint. I. 20) Quel que soit le sujet de ses
discours, ce grand objet est toujours
présent à sa pensée, et
lorsqu'il exprime son ardent désir
d'être dans les cieux, c'est parce que
Jésus les habite.
Quand on lit avec attention les écrits des
apôtres, lorsqu'ils traitent de la doctrine
du christianisme, il est aisé de se
convaincre, que leur unique pensée
était ce glorieux mystère de Dieu
manifesté en chair, qui rachetait son
église par son propre sang ; et qu'ils
s'occupaient toujours ou de sa
vérité, de sa certitude, de sa
beauté, de son excellence, ou de ses fruits
inépuisables, et de la manière d'en
obtenir la participation.
Nous verrons, en distinguant dans les ouvrages des
apôtres, la partie de la doctrine de celle de
la pratique, que, s'il y a quelque long passage,
dont la connaissance de Christ ne soit pas le
sujet, ils y traitent non du dogme, mais des
préceptes, et qu'ils regardent ceux-ci comme
liés à la connaissance de Christ.
Les devoirs ne sont jamais
confédérés par eux, que dans
les rapports qu'ils ont avec lui, avec ce Sauveur
qui est la seule source où on puisse puiser
la force de les accomplir, le seul autel sur lequel
ils puissent être acceptés, dont les
actions sont leur modèle et qui est le
principal motif qui détermine à les
remplir.
La sainteté que les chrétiens peuvent
obtenir est considérée dans les
écritures comme le but de la mort de
Christ ; c'est pour cette fin qu'il est mort,
qu'il est ressuscité, et qu'il doit
régner sur les vivants et sur les
morts ; il a
racheté son peuple et l'a purifié
pour lui-même : ce n'était point là
seulement un dessein, une créature aurait pu
être chargée de nous enseigner
à réformer notre cœur et notre
vie, sans avoir la puissance de l'effectuer ;
tandis que Christ est la cause de la
sainteté, qu'il est le chef qui vivifie les
membres et les conduit, la racine qui porte la
sève aux branches et les rend fertiles. Les
fidèles sont « l'ouvrage de Dieu,
créés en Jésus-Christ, pour
les bonnes-œuvres. » (Ephés. II. 10)
Christ est aussi le grand motif de la
sainteté dans toutes ses parties. L'amour de
Jésus contraint les hommes à vivre
pour lui. La juste obéissance est
l'obéissance de la foi, de la foi qui agit
par l'amour. (Gal. V. 6)
Les croyants et leurs œuvres sont
acceptés tous dans le bien-aimé. Il
est la fin et le but de leur soumission, afin que
le nom du Père, soit glorifié en son
Fils, et que le nom du Fils soit glorifié en
eux : ils sont sanctifiés et
purifiés, pour qu'ils puissent offrir des
sacrifices d'actions de grâces, à
celui qui les a délivrés des
ténèbres et
appelés à sa merveilleuse
lumière. Nous ne devons point être
étonnés d'après cela, que
l'écriture peigne le commencement et la
continuation de la vie des croyants dans des termes
tels que les suivants : ayant Christ formé en nous,
étant greffés pour faire une
même plante avec lui, plantés dans le Seigneur
Jésus, étant ensevelis avec lui pour
ressusciter ensemble,
marchant en lui,
portant ses fruits,
vivant avec lui et
mourant avec lui, et d'autres expressions pareilles qui
montrent, sous divers rapports, que la vie sainte
est en Christ, cause bien heureuse de la
rédemption.
On doit remarquer avec quel soin les principaux
motifs, soit pour atteindre à la
sainteté en général, soit pour
accomplir quelque devoir particulier, sont toujours
tirés de quelque vue spéciale de
l'œuvre de la rédemption
particulièrement convenable pour nous
exciter à remplir chacune de nos
obligations.
L'amour de Dieu en Christ, qui est le plus grand
motif que nous puissions avoir pour l'aimer de tout
notre cœur, de toute notre âme, et de
toute notre pensée, est ordonné dans
un si grand nombre de passages, qu'il est inutile
d'en citer aucun. Sommes-nous engagés
à aimer notre prochain ? c'est parce
que Dieu nous a aimés, que nous devons nous
aimer les uns les autres. Lorsque nous sommes
exhortés à avoir une conduite
généreuse et
désintéressée, à
ne point regarder
à notre intérêt particulier,
mais à avoir
égard à
ce qui concerne les autres, c'est parce que nous devons avoir un
même sentiment qui a été en
Jésus-Christ, lequel étant en forme
de Dieu, a daigné s'anéantir
lui-même et faire des choses si merveilleuses
pour nous : (Phil. II. 4 -7) si l'aumône envers les pauvres
nous est ordonnée, c'est parce que
Jésus-Christ qui était riche est
devenu pauvre pour l'amour de nous, afin que par sa
pauvreté nous devenions riches : le
support pour nos frères faibles, doit avoir
pour motif la mort de Jésus-Christ pour
nous : il nous est commandé de
n'être pas criminellement les esclaves des
hommes, c'est parce que nous avons
été rachetés à haut
prix : si nous sommes exhortés à
pardonner les offenses, c'est parce que Dieu, pour
l'amour de Christ, nous a pardonnés :
le motif de la chasteté, est que nous sommes
les membres du corps de Christ, et les temples du
Saint-Esprit.
En un mot dans les diverses exhortations aux
nombreux devoirs particuliers d'une vie sainte, les
motifs qui correspondent à chacun, sont
tirés des différentes vues d'un seul
grand et important objet, le mystère de la
rédemption : nous apprenons
par-là combien cet objet doit
continuellement occuper la pensée du
fidèle et avoir de l'influence sur lui dans
toutes les actions de sa vie. « Car
lui-même a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin
qu'étant morts au
péché, nous vivions à la
justice. (I. Pier. II. 24) Car vous êtes rachetés
par prix ; glorifiez donc Dieu dans votre
corps et dans vos esprits qui appartiennent
à Dieu. (I. Cor. VI. 20) »
L'Évangile donc est touchant Jésus-Christ ;
non-seulement il en
est l'auteur, mais il en est le but principal, et
l'objet essentiel. La doctrine de Moïse et des
Apôtres, ne peut être appelée
une doctrine touchant
Moïse ou
les apôtres
comme
l'évangile est appelé
l'Évangile de
Dieu touchant son Fils.
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