Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
PREMIER.
4-5. Et qui a été fait de
la semence de David selon la chair, et qui a
été pleinement déclaré
(1) Fils de Dieu, en
puissance, selon l'esprit de
sanctification, par sa résurrection d'entre
les morts.
Conformément à plusieurs
prédictions particulières,
Jésus le Messie, devait descendre de David,
roi d'Israël (2) selon la chair,
c'est-à-dire, selon la nature humaine,
« Car lorsque l'accomplissement des temps
est venu, Dieu a envoyé son Fils, né
d'une femme, (Gal. IV. 4) puis donc que les enfants
participent à la chair, et au sang, il a
aussi participé aux mêmes
choses. » (Héb. II. 14) Pour prouver la
réalité de son humanité,
l'apôtre Jean déclare qu'il est venu en
chair, (I. Jean IV. 2) et cette expression qui ne
peut-être employée en parlant d'un
simple homme, prouve aussi sa préexistence
puisqu'il faut en conclure qu'il
aurait pu venir en toute autre manière. Il
a été
fait de la semence de David, l'expression grecque est la
même, que celle dont se sert Jean lorsqu'il
dit que le verbe de Dieu a été
fait chair. (Jean l. 14)
Il a aussi été pleinement déclaré
et manifesté
de la manière la plus précise, que
Jésus est le Fils de Dieu investi de tout
pouvoir, par sa résurrection d'entre les
morts : la dignité de sa personne avait
été cachée jusqu'alors sous le
voile de la nature humaine, mais depuis, par sa
résurrection, sa gloire ineffable, comme
Fils de Dieu, fut manifestée, il fut alors
reconnu pour être le Christ, le pouvoir de
Dieu et la sagesse de Dieu, qui par rapport
à l'humanité qu'il a revêtue, a
été désigné pour
gouverner tous les mondes, étant
élevé sur le trône
médiatorial comme héritier de toutes
choses. « Étant la splendeur de sa
gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant
toutes choses par sa parole toute-puissante, ayant
fait par soi-même la purification de nos
péchés, il s'est assis à la
droite de la Majesté, dans les lieux
très-hauts. (Héb. I. 3)
Toute autorité lui a été
donnée dans les cieux et sur la terre,
(Matt. XXVIII. 18) selon cette efficace par laquelle il
peut même s'assujettir toutes
choses. » (Phil. III. 21) Aussi sa résurrection
déclara à la fois qu'il était
le Fils de Dieu en puissance, l'excellente grandeur
de la puissance du Père de gloire, envers
ceux qui croient, selon l'efficace de la puissance
de sa force. « Laquelle il a
déployée avec efficace en Christ
quand il l'a ressuscité des morts et qu'il
l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux
célestes, au-dessus de toute
principauté, de toute puissance, de toute
dignité, de toute domination, et au-dessus
de tout nom qui soit, non-seulement en ce
siècle, mais aussi en celui qui est à
venir.
Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et
l'a établi sur toutes choses, pour
être Chef de l'église, qui est son
corps et l'accomplissement de celui qui accomplit
tout en tous. » (Eph I. 19-23)
Pendant le temps de son ministère,
Jésus eut une controverse avec les
Juifs ; il avait dit que Dieu
« était son propre Père,
se faisant égal à Dieu,
(Jean V. 18)
Les Juifs
l'accusèrent d'être un
blasphémateur (Matt. XXVI. 65) et un séducteur.
(Matt. XXVII. 62) Mais cette discussion fut
décidée et terminée lorsque
Dieu l'a
ressuscité, brisant les liens de la mort,
parce qu'il n'était pas possible qu'il fut
retenu par elle. (Act. II. 24) Il prouva ainsi que sa mort
n'était pas le résultat de son propre
péché, puisqu'alors il serait
demeuré dans l'état de mort, de
même que tous les pécheurs ; ses
ennemis l'avaient crucifié parce qu'il
était, disaient-ils, digne de mort, mais sa
résurrection démentit leur
inculpation. C'était le témoignage
qu'il était justifié de tout ce
dont il avait été
chargé, qu'il était accepté
par Dieu comme grand prêtre de son
peuple ; et comme il avait fondé la
vérité de toutes ses paroles sur sa renaissance d'entre les
morts, sa résurrection est la plus haute
preuve que tout ce qu'il a dit est revêtu de
l'approbation divine. Nous ne pouvons nous rappeler
Christ mourant sous le poids de la colère de
Dieu, sans voir en même temps le grand
miracle de sa résurrection.
La première promesse faite à Adam,
annonçait que le descendant de la femme
briserait la tête du serpent ; les
développements successifs de cette promesse,
par les témoignages des prophètes,
montraient que le descendant de la femme serait
aussi le Fils de Dieu. Ayant donc la nature de
l'homme et ayant été chargé
des iniquités de son peuple, la sentence
générale de mort devait être
exécutée en lui, cela avait
été fait et il était descendu
dans le tombeau, la maison assignée à
chacun de ceux qui sont de la race d'Adam.
(Job, XXX. 23) Mais sa tâche était
aussi d'abolir le pouvoir de la mort, ainsi en
sortant victorieux du tombeau, il prouva qu'il
était le vrai Rédempteur, le Fils de
Dieu avec puissance ; et toutes les
circonstances qui, suivant les prophéties,
devaient accompagner sa venue, toutes ces
circonstances, contradictoires en apparence, furent
conciliées.
C'est ainsi que par sa
mort il a détruit celui qui avait le pouvoir
de la mort, et qu'il a dépouillé les
principautés et les puissances et
triomphé d'elles. (Col. II. 15)
Son royaume
annoncé par son précurseur Jean, et
proclamé par lui-même, était
dès lors établi, tout était
accompli ; le sang de l'alliance avait
été versé, le sacrifice offert
et accepté. La fête était
préparée, telle était la
bonne nouvelle,
que celui qui a tout
pouvoir dans les cieux et sur la terre, ordonnait
à ses apôtres de proclamer dans tout
le monde « Nous vous déclarons,
quant à la promesse qui a été
faite à nos pères, que Dieu l'a
accomplie envers nous qui sommes leurs enfants,
ayant suscité Jésus, selon qu'il est
écrit, au Psaume second, Tu es mon fils, je
t'ai aujourd'hui engendré. »
(Act. XIII. 32. 33) Dès-lors sa
résurrection était non-seulement la
preuve de sa mission divine, mais la
déclaration que tout ce qu'il devait faire
pour le salut était enfin
consommé.
Comme Jésus était de la semence de
David, selon la nature humaine, et paraissait dans
le monde comme le Fils de l'homme, ainsi il
paraissait comme le Fils de Dieu selon
l'esprit de
sainteté, expression hébraïque pour
désigner le Saint-Esprit qui l'avait
engendré, de sorte qu'il était de la
même nature que lui. Il était
Emmanuel, Dieu avec
nous. (Matt. I. 18. 20. 23)
C'est d'après
cela que l'Ange l'annonça à Marie.
« Le Saint-Esprit surviendra en toi, et
la vertu du souverain
t'énombrera, c'est pourquoi ce qui
naîtra de toi, Saint, sera appelé le
Fils de Dieu. » (Luc I. 35)
(3)
Nous voyons dans le passage qui nous occupe, que
c'est sur l'union de la nature divine et de la
nature humaine dans le Messie que Paul
établit le fondement de toutes les grandes
et importantes vérités qu'il avance
dans son épître ; il affirme
encore cette union dans un autre passage et presque
dans les mêmes paroles : Desquels selon la chair est descendu
Christ,
qui est Dieu sur
toutes choses béni éternellement.
(Rom. IX. 5)
C'est de la même manière que Matthieu
commence son évangile. Il donne la
généalogie de la nature humaine de
Jésus-Christ, (Matt. I. 1. 18) et tout de suite après expose
sa nature divine. (Matt. I.18. 23)
Marc commence par déclarer qu'il
était le Fils de Dieu, « selon ce
qui était écrit dans les
prophètes, voici j'envoie mon messager
devant ta face, lequel, préparera la voie
devant toi, la voix de celui qui crie dans le
désert est : préparés le chemin du
Seigneur (de
Jéhovah) (Es. XL. 3)
et aplanissés
ses sentiers. » (
Marc I. 2. 3)
Luc commence par montrer sa nature divine et
humaine ; en parlant de la venue de
Jean-Baptiste, il dit ; il convertira plusieurs des enfants
d'Israël au Seigneur leur Dieu, car il
(c'est-à-dire
Jean) ira devant
lui, (Luc I. 16. 17) c'est-à-dire devant
Jésus qui est le Seigneur leur Dieu.
Comparez Esaïe, chap, XL. 3.
Jean déclare qu'au commencement la parole était
avec Dieu, et que
la parole était
Dieu, (Jean I. 1. 12) indiquant ainsi la distinction et
l'unité dans la divinité, et montrant
que sous le rapport de la nature divine, le Messie
était Jéhovah. Il affirme que toutes
choses ont été faites par lui, qu'il
a été fait chair et que
dès-lors il doit être regardé
comme le Fils unique engendré du
Père ; qu'il n'était pas un Fils
par création
comme Adam et les
anges (Job. XXXVIII. 7) car
auquel des anges a-t-il jamais dit tu es mon Fils,
je t'ai aujourd'hui engendré
(Héb. I. 5), mais qu'il était son Fils
par génération.
Le même
apôtre commence sa première
épître, presque par les mêmes
paroles. « Ce qui était dès
le commencement, ce que nous avons ouï, ce que
nous avons vu de nos propres yeux, ce que nous
avons contemplé et ce que nos propres mains
ont touché de la parole de vie, car la vie a
été manifestée et nous l'avons
vue et aussi nous témoignons et nous vous
annonçons la vie éternelle qui
était avec le Père et qui nous
a été manifestée (I. Jean I. 2) et il la finit en disant : Nous
sommes dans le Véritable, savoir en son Fils Jésus-Christ, il est le
vrai Dieu et la vie éternelle. »
(I. Jean V. 20) //,cette personne, ce pronom démonstratif,
Jésus pour son sujet immédiat, et le
sens que l'apôtre attache à cette
expression il est le
vrai Dieu, est
fixé par ce qu'il ajoute, « et la
vie éternelle, de laquelle il avait
dit, Chap. I. 2., nous vous annonçons la vie
éternelle qui était avec le
Père et qui nous a été
manifestée..... La parole était avec
Dieu et la parole était Dieu, et
la parole a
été faite, chair, et nous avons vu sa gloire.
(Jean I. 1. 14) »
Dans les Actes des Apôtres, Paul s'adressant
aux surveillants de l'église
d'Éphèse les exhorte à
paître
l'église de Dieu qu'il a rachetée par
son propre sang. (Act. XX. 28) (4) La satisfaction
et la rançon de nos âmes, c'est le
sang de Jésus, qui, dans sa personne
mystérieuse comme Dieu et homme, a
racheté son peuple au prix de son sang.
L'union de la nature divine et de la nature humaine
donne à ce sacrifice, dont la
première est l'autel, une valeur
infinie.
Les premiers principes que Pierre enseigna
lorsqu'il prêcha l'évangile aux Juifs,
à Jérusalem, furent que Jésus
était le Christ ou le Messie promis ;
qu'il avait été crucifié,
qu'il était ressuscité des morts,
qu'il était élevé à la
droite de son père, qu'il avait
été fait Christ et Seigneur, et que
quiconque croirait en lui, obtiendrait la
rémission de ses péchés.
(Act. II. 22-36. IV. 9-12)
Ces mêmes principes furent le fondement de
l'instruction donnée à Corneille et
à sa maison, (Act.X. 36-44) qui avaient déjà
entendu la parole que
Dieu avait adressée aux enfants
d'Israël. C'est
sur le même fondement qu'étaient
établies les instructions que Paul donnait
à Antioche, (Act. XIII. 23-40) et il rappelle ainsi aux Corinthiens
les bases de leur premier enseignement.
« Car avant toutes choses, je vous ai
donné ce que j'avais aussi reçu,
savoir que Christ est mort pour nos
péchés, selon les
écritures ; et qu'il a
été enseveli, et qu'il est
ressuscité le troisième jour selon
les écritures. » (I. Cor. XV. 3-4) Il prêcha incessamment dans
les synagogues, que Christ était
le Fils de Dieu.
(Act. IX. 20)
Quelques personnes cependant, en opposition
à la doctrine de la divinité de
Jésus-Christ, objectent, que dans les
analyses des premiers discours des apôtres,
que nous avons dans leurs Actes, et dont nous
venons de citer quelques-uns, ils ne
présentent pas cette doctrine. Mais c'est
une erreur, parce que tout ce qu'ils disent se
rapporte au Messie
dont le
caractère était complètement
tracé par les prophètes, comme le
premier-né, le Fils
donné, le Dieu fort et puissant, le
Père d'éternité qui devait
régner sans fin sur le trône de David
son Père. ( Héb.1. 8)
Paul donnant à Timothée des
directions pour se conduire dans l'église du
Dieu vivant, déclare expressément que
Dieu a
été manifesté en chair.
(5)
Le fondement de tout ce que l'apôtre dit,
dans l'épître aux Hébreux, de
la perfection de la nouvelle alliance,
comparée à l'ancienne, est
établi sur la divinité essentielle de
celui qui est le chef
et le consommateur de la fol. Après avoir
énoncé qu'il était le Fils de
Dieu, Paul détermine le sens de ce titre, en
citant un passage qui lui est adressé, et
qui lui attribue le
nom, le trône, le royaume, la justice et
l'éternité de Dieu. « O Dieu ! ton
trône demeure aux siècles des
siècles et le sceptre de ton royaume est un
sceptre d'équité. »
(Es. IX. 6. 7) Immédiatement après,
toute création dès le commencement
lui est attribuée ; et pour
répondre à l'objection que l'on
pouvait faire qu'il s'était reconnu homme et
qu'il avait vécu entre les hommes, Paul
ajoute : « Il a été
fait un peu moindre que les Anges.... les enfants
participant à la chair et au sang, lui de
même a participé à ces
choses ; car c'est pourquoi il a fallu qu'il
fut semblable à ses frères, afin
qu'il fut un souverain sacrificateur,
miséricordieux et fidèle dans les
choses qui doivent être faites envers Dieu,
pour la propitiation des péchés du
peuple. » (Héb. II. 9. 14.
17)
Vers la fin des saints volumes, Jésus
déclare qu'il est l'Alpha et l'Oméga, le
commencement et la fin, le
premier et le dernier, le Tout-Puissant, (Apoc. I. 8)
la racine et la postérité de David.
(Apoc. V. 5. XXII. 13,
16. Voy.
aussi Esa. XLI, 4. et XLV. 6)
Dans toutes ces indications que les
écritures nous donnent de
Jésus-Christ, nous voyons qu'il est homme
puisqu'il a le nom, les attributs et les autres
circonstances de l'humanité, et nous
apprenons en même temps qu'il est Dieu,
puisqu'il a les noms, les attributs, les
œuvres et la gloire de la divinité.
Sa nature humaine n'est pas moins certaine que sa
nature divine, celui
qui ne confesse pas qu'il est venu en chair, est
l'Antéchrist ; (
I. Jean IV. 3) c'est
pour cela qu'autant il est vrai, sous un rapport,
qu'il est inférieur au Père, autant
il est vrai, que, sous un autre rapport, il est
égal à lui.
Parlant en son état d'humiliation il
dit : « mon Père est plus
grand que moi (Jean XIV. 28), étant en forme de Dieu, il
n'a point regardé comme une usurpation
d'être égal
à Dieu, cependant il s'est anéanti
lui-même, prenant la forme de
serviteur. » (Phil. II. 6. 7) Il était donc aussi
véritablement le serviteur de Dieu qu'il
était Dieu, ce dernier caractère
étant celui qui lui était propre, et
le premier étant celui qu'il avait pris
volontairement.
Le contraste de ces expressions, la forme de Dieu et la
forme d'un serviteur,
montrent également la réalité
des deux caractères, et en disant qu'il a
pris la forme d'un serviteur on établit,
d'une manière incontestable, sa
divinité essentielle et originaire.
S'il n'avait été que la
première et la plus élevée des
créatures, il aurait été
toujours le serviteur de Dieu et n'aurait pu
prendre la forme d'un serviteur. La contradiction
ferait palpable, aussi toutes les fois qu'il est
parlé dans la Bible de
l'égalité du Messie et de Dieu, ces
expressions se rapportent à Jésus
comme Dieu, comme elles se rapportent à lui,
en qualité d'homme et de médiateur,
lorsqu'elles marquent son
infériorité.
Comme toute l'économie de la divine
révélation est fondée sur
l'union de la nature divine avec la nature humaine,
dans la personne du Messie, nous la trouvons
annoncée dans toutes les saintes
écritures, soit dans ce que contiennent les
livres historiques, par exemple, l'apparition de
Dieu en forme humaine à Abraham, à
Jacob, à Josué, &c., soit dans
les écrits des prophètes et des
apôtres. Ce mystère nous est
présenté partout. En nous disant que
Christ est le Dieu Tout-Puissant, on nous enseigne
aussi qu'il est un enfant né pour
nous ; nous apprenons en même temps
qu'il est le Verbe de Dieu, et que le Verbe a
été fait chair pour nous ; et
lorsque nous lisons qu'il est la splendeur de la
gloire du Père et l'empreinte de sa
personne, il nous est aussi enseigné qu'il
nous a affranchis de nos péchés.
II n'y a qu'une manière exacte de voir ce
sujet important. La première et la grande
vérité que le Saint-Esprit
témoigne aux fidèles est touchant
Christ. (Jean XVI. 13. 14) L'esprit de vérité ne
peut assurer deux choses opposées ;
l'une que Christ est Dieu et homme tout ensemble,
l'autre qu'il est une créature, qui, quelque
élevée que l'on put la supposer,
serait toujours infiniment au-dessous de Dieu.
Les uns ou les autres de ceux qui admettent ces
opinions si opposées sont dans une erreur
fondamentale et ont reçu un esprit de mensonge, il n'y a point de milieu. Or, celui
qui croit que Jésus est le Christ, est
né de Dieu ; (I. Jean V. 1)
mais si la doctrine
de qui que ce soit est fausse à cet
égard, il n'a point de respect pour le
Christ dont parlent les écritures, mais pour
une personne imaginaire, infiniment
différente. Lorsqu'en disant que l'article
fondamental de la foi est que Jésus est le
Messie, on entend par là que la personne
appelée de ce non, qui a
vécu à telle époque, dans tel
lieu, devait s'appeler ainsi ; mais que l'on
ne renferme pas, dans les idées que ce mot
exprime, toutes les qualités et les droits
de cette personne, on soutient une opinion
absolument déraisonnable ; car ni le
nom, ni le temps, ni le lieu n'ont une importance
aussi grande que les autres choses qui lui sont
essentielles, et qui sont beaucoup plus
nécessaires pour assurer l'identité
qu'il y a entre l'objet de notre
vénération et de notre amour et la
personne que l'évangile nous
révèle.
Si ce Christ, qu'il nous dit être une
personne divine, nous supposons que c'est
simplement un homme, ou même la
première de toutes les créatures,
nous donnons à nos idées un objet
infiniment plus différent du
véritable, que si en reconnaissant
l'existence de cette personne divine, nous
supposions qu'elle a un autre nom, ou qu'elle a
vécu dans d'autres temps ou d'autres lieux.
Jésus lui-même reproche aux Juifs de
ne pas le connaître. ( Jean VII. 28) Dans quel sens ne le
connaissaient-ils pas ? Ce ne pouvait
être que parce qu'ils se formaient de lui une
idée fausse.
Il n'est pas inutile de remarquer que ceux qui
s'éloignent du vrai sens de
l'Écriture, relativement à la
divinité essentielle de Jésus-Christ,
en diffèrent aussi sur tous les points
principaux de la doctrine de
l'évangile : sur l'article fondamental
de Dieu Père, Parole et Saint-Esprit et ces
trois-là étant un ; sur le
caractère de Dieu juste et sauveur,
(le système
des Ariens et des Sociniens conduit à nier
sa justice) ; sur la loi, comme
impérative et ne pouvant être
satisfaite que par une complète
obéissance ; sur le caractère de
l'homme conçu dans le péché et
enfanté dans l'iniquité, enfant de la
colère par sa nature, placé sous une
condamnation de mort, comme une punition qui lui
est transmise depuis son premier père, en un
mot, sur la corruption totale de la nature
humaine ; sur la doctrine de la satisfaction
de Jésus (6) ; sur celle de la
régénération ; sur celle
de la justification par la foi seule et non pas par
les œuvres d'aucune espèce, soit
œuvres de la loi, soit œuvres de la
foi ; sur la sanctification par l'influence du
Saint-Esprit ; sur l'élection par un
décret souverain de Dieu ; enfin sur la
persévérance finale des Saints par
l'efficacité de la grâce.
Les Ariens et les Sociniens retranchent aussi en
général, de ce qu'ils regardent comme
des objets de foi, la
doctrine de la punition éternelle des
pécheurs dans la vie future, l'existence du
diable, ou tout au moins son action sur la
pensée des hommes, et pour tout dire, ils
rejettent aussi l'inspiration pleine et
complète des Saintes Écritures,
(7) II est vrai que
ceux qui nient ces vérités, prennent
le nom de chrétiens, aussi bien que ceux qui
les croient, mais pourrait-on concevoir que les uns
et les autres le fussent à la fois ? On
doit cependant convenir que parmi ceux qui
retiennent le chef,
(Col. II. 19) il y en a qui ignorent quelque
partie des vérités exposées
ci-dessus. « Personne ne peut poser d'autre
fondement que celui qui est posé, savoir
Jésus-Christ, » mais sur ce fondement on peut
bâtir avec différents
matériaux.
Si, à cause de leur mauvaise qualité,
quelque œuvre humaine est consumée dans
le grand jour auquel elle sera
éprouvée, cependant si celui qui l'a
bâtie, l'a édifiée sur le
fondement sûr, il fera sauvé,
toutefois comme par le
feu, ( I. Cor. III. 11-15)
de même que
celui qui s'échappe de sa maison
incendiée perd tout ce qu'elle contient.
Mais où comparaîtront, ceux qui n'ont
pas connu celui dont la connaissance est la vie
éternelle ? (Jean XVII. 3) » Quiconque nie le Fils
n'a point non plus le Père (1 Jean II. 23), celui qui a le Fils a la vie, et
celui qui n'a point le Fils de Dieu, n'a point la
vie. (1. Jean V. 12) Qui croit au Fils a la vie
éternelle, mais qui ne croit pas au Fils, ne
verra point la vie, mais la colère de
Dieu, demeure sur lui. (Jean III. 36)
« Prenez garde que personne ne vous gagne par
la philosophie, par de vains raisonnements
conformes à la tradition des hommes et aux
éléments du monde et non point
à la doctrine de Christ, car, toute la
plénitude de la divinité habite en
lui corporellement. (Col. II. 8. 9) » Jéhovah se montrait dans le
temple par le Schechina ou gloire visible qui n'était
cependant qu'un emblème ou une ombre de sa
gracieuse présence. Les
justes, il est vrai, sont remplis de l'abondance de
Dieu, dans les œuvres efficaces qu'il fait en
eux et dans la distribution libérale des
largesses de ses communications. Mais en Christ la
plénitude de la divinité habitait
substantiellement ou corporellement ;
« parce qu'il a plu à toute
plénitude ( à l'infinie,
plénitude de l'existence ou de la
divinité) d'habiter en lui. »
(Col. I. 19. Voyez aussi Jean XIV. 9. 10) (8)
Les noms et les titres donnés dans
l'écriture à la connaissance de
Christ montrent quelle est son ineffable importance
et qu'elle est le but, l'âme et la vie de la
religion. Cette connaissance est appelée
le grand
mystère, de piété, la
puissance de Dieu en salut, la puissance et la
sagesse de Dieu ; la sagesse de Dieu en
mystère,
la vie
éternelle,
le fondement du
salut.
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