Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE PREMIER.

(suite)

5. Par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d'apôtre, afin d'amener tous les Gentils à l'obéissance de la foi en son nom.

Paul avait reçu de Jésus-Christ, premièrement la grâce, par laquelle il avait été appelé à son service et ensuite la charge d'apôtre de l'évangile. Le
mot grâce dans l'écriture signifie la faveur de Dieu libre et éternelle. Lorsqu'elle est considérée en elle-même, c'est la faveur de Dieu manifestée ; c'est ainsi qu'il est dit de l'évangile qu'il est la grâce salutaire de Dieu qui a apparu à tous les hommes. (Tit. II. 11) Ordinairement, et dans le passage qui nous occupe, elle est considérée dans son emploi, comme le principe intérieur de la vie et de la lumière spirituelle, et elle signifie la faveur de Dieu opérant en l'âme par l'influence du Saint-Esprit.

La grâce est en opposition directe avec tout mérite des oeuvres de quelque espèce et de quelque importance qu'elles soient. Cela est démontré par les passages suivants :
« Le salaire n'est pas imputé comme une grâce, mais comme une dette....., c'est donc de la foi, afin que ce soit par la grâce ; (Rom. IV. 4.16) c'est par la grâce que vous êtes sauvés, non pas par les oeuvres, afin que nul ne se glorifie. (Eph. II. 8-9) Il nous a sauvés, non selon nos oeuvres, mais selon son propre dessein et selon sa grâce. (II. Tim. I. 9) » Aussi la grâce et le mérite ne peuvent se trouver réunis dans le même acte et pour la même fin; l'un exclut nécessairement l'autre, car ils sont essentiellement opposés, aussi inconciliables que les ténèbres et la lumière. « Si c'est par grâce, ce n'est plus par les oeuvres, autrement la grâce n'est plus grâce ; au contraire, si c'était par les oeuvres, ce ne ferait plus grâce, autrement l'oeuvres ne ferait plus l'oeuvre. » (Rom. XI. 6)
Lorsque les bénédictions du salut sont représentées comme découlant de la grâce divine, ceux à qui elles sont distribuées sont considérés, non seulement comme n'ayant pas eu droit à ses bienfaits, mais comme méritant au contraire des punitions, comme ayant encouru une effroyable malédiction, et étant justement exposés à une misère éternelle, morts dans les fautes et dans le péché, fils de rébellion, esclaves du diable, enfants de la colère. (
Eph. II. 1-3) Les écritures attribuent constamment tout ce qu'il y a de bon dans l'homme à la grâce de Dieu, faveur libre et imméritée qui opère en nous avec efficace : « elle est la grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'efficace de la puissance de sa force » ; (Eph. I. 19) elle opère d'abord dans la conversion de ceux qui sont régénérés ; (Eph. III. 7) ensuite dans leur édification et leurs progrès dans la vie divine, (Eph. IV. 16) et enfin dans leur résurrection en gloire au dernier jour. (Phil. III. 21) De cette grâce vient le don de justice par Jésus-Christ (Rom. V. 17) à ceux que Dieu appelle, non selon leurs oeuvres, mais selon la puissance qu'il leur a donnée en Christ avant les temps éternels. (II. Tim. I. 9)

Ainsi le dessein d'accorder grâce aux élus en Jésus et par Jésus, lui était promis dès l'éternité, conformément à ce que notre apôtre dit à Tite, que Dieu a, dès les temps éternels, promis la vie éternelle que ses élus espèrent. (
Tit. I. 2) Dès l'éternité la promesse en était faite à Christ le garant de ses élus, avant que ceux-ci existassent, et la grâce lui fut accordée pour eux. Aussi lorsque le Messie apparut dans sa nature humaine, l'apôtre Jean dit de lui : « Nous avons vu sa gloire, une gloire, comme la gloire du Fils unique du Père, pleine de grâce, et nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » (Jean I., 14. 16. 17)

L'évangile est appelé « 
la dispensation de la grâce de Dieu (Eph. Ill. 2) et il est la grâce de Dieu manifestée pour le salut ; (Tit, II. 11) c'est par la grâce, et non par les oeuvres que les hommes sont sauvés, (Eph. II. 8. 9) car si c'est par la grâce, ce n'est plus par les oeuvres, autrement la grâce ne ferait plus grâce. »
C'est à cette grâce que tous les bienfaits spirituels sont attribués. « Béni soit Dieu qui est le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ; selon qu'il nous avait élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles en charité, nous ayant prédestinés pour nous adopter à foi par Jésus-Christ, selon son bon plaisir et volonté, à la louange
de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables en son bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission des offenses selon les richesses de sa grâce. (Eph. I. 4-7) » Ainsi ceux qui sont justifiés librement par la grâce (Rom. III. 23-24) sont représentés comme étant conduits par Dieu à un état d'acceptation.

C'est par cette grâce que Paul avait été appelé, (
Gal. I. 15) et par laquelle il avait reçu l'apostolat. Il avait été fait le ministre de l'évangile suivant le don de la grâce, pour annoncer entre les Gentils, les richesses incompréhensibles de Christ. (Eph. III. 7. 8) C'est à cette grâce qu'il attribue tout ce qu'il était comme serviteur de Dieu et tout ce qu'il avait fait comme apôtre. « Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a point été vaine, car j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous, non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (I. Cor. XV. 10)

Dans l'opération de la grâce de Dieu, nous ne sommes pas simplement passifs, on ne peut pas dire non plus que Dieu fasse quelque chose et nous le reste, mais Dieu produit tout et nous faisons tout. Dieu est proprement l'unique auteur et la source de nos actions, mais nous sommes proprement ceux qui agissons. Nous sommes sous divers rapports, pleinement passifs, et sous d'autres pleinement actifs. Dans les écritures, les mêmes choses sont représentées comme venant de Dieu et comme venant de nous. Il y est dit qu'il purifie les coeurs des croyants (
Act. XV. 9) et ailleurs qu'ils se purifient eux-mêmes (I. Jean III. 3) ; il leur est ordonné de travailler à leur salut avec crainte et tremblement, parce que c'est Dieu qui opère en eux le vouloir et le faire selon son bon plaisir. (Phil. II.12. 13)
Ainsi ce n'est point le Saint-Esprit, mais nous-mêmes, par la vertu de son pouvoir, qui aimons Dieu et notre prochain ; qui craignons le Seigneur et la gloire de sa majesté ; qui nous confions en lui en tout temps ; qui nous réjouissons avec crainte en contemplant à la fois les bénédictions qu'il nous promet et notre impuissance au milieu des dangers qui nous environnent ; qui, enfin, espérons tous les bienfaits dont il nous a fait la promesse.
Aussi Paul appelle-t-il fruits du Saint-Esprit, l'amour, la joie, la paix, la longue attente, la douceur, la bonté, la fidélité, l'humilité, la tempérance.
L'origine de ces qualités est dans le Saint-Esprit, c'est de lui qu'elles dérivent, mais confédérées dans leur exercice ou leur développement, elles deviennent propres aux croyants. Si quelqu'un donc inférait faussement de cette doctrine de l'écriture, qu'il ne reste plus rien à faire à l'homme parce que, dans un sens, c'est la grâce de Dieu qui le contraint d'agir, celui-là ne connaît pas ce dont il parle, et ignore ce qu'il affirme. Il pourrait avec autant de convenance conclure de ce que Dieu a contraint à l'existence notre âme et toutes nos facultés, que nous ne pouvons penser, raisonner, craindre ni aimer.
La grâce est dans nos coeurs un principe vivant qui est à la disposition souveraine de Dieu. Exercer ce principe lorsqu'on l'a obtenu, est aussi bien notre devoir, que conserver notre vie et notre santé ; et comme les soins que celles-ci exigent, nécessitent des pensées et des actes de volonté d'une certaine espèce ; ainsi l'existence de la grâce dans l'âme, occasionne nécessairement la bonté de nos pensées et de nos volontés.
Mais il n'en est pas de même de la grâce manifestée, c'est un objet de choix que l'on peut recevoir ou rejeter, dont on peut se servir ou abuser selon les dispositions de l'esprit, selon que la grâce opérante a agi ou non en lui ; ainsi les grâces chrétiennes, comme principe de renouvellement par la seule opération de l'esprit, sont en opposition avec toute notion relative au pouvoir que l'on supposerait à l'homme de se régénérer lui-même : tandis qu'au contraire, confédérées dans leur exercice, qui demande pour leur existence un objet perceptible, elles supposent des efforts de l'homme.
« Allons donc avec assurance au trône de la Grâce ; afin que nous obtenions miséricorde, et que nous trouvions grâce pour être aidés dans le besoin, » (
Héb. IV. 16) non-seulement pour obtenir la miséricorde qui nous pardonne nos péchés ; mais encore pour recevoir plus de cette grâce qui opère en nous intérieurement.

Comme cette grâce procède de Dieu le Père, elle procède aussi de Jésus-Christ. C'est de lui que Paul déclare avoir reçu, tant la grâce d'être son serviteur et d'en accomplir les devoirs, que l'apostolat pour que les nations obéissent à la foi, se soumissent à l'évangile, reçussent la justice de Dieu révélée à la foi, et produisissent les fruits de justice qui sont les effets de la foi. C'est par l'évangile seul que le commerce entre Dieu et l'homme est rétabli et maintenu, et son obéissance n'est ni acceptée ni reconnue sans la foi.
Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit Jésus-Christ, nul ne vient au Père que par moi. (Jean XIV. 6)

C'est par la foi qu'Abel offrit un plus excellent sacrifice que Caïn ; qu'Abraham obéit au commandement qui lui prescrivit d'aller dans le pays de Canaan, qu'il reçut ensuite pour héritage : c'est par la foi, enfin, que Samuel, David et les prophètes ont
exercé la justice. (Héb. XI. 4. 8. 32. 33) Et comme ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu, ( Rom. VIII. 8) toutes les oeuvres supposées bonnes, qui ne procéderaient pas de la foi, au lieu d'être des oeuvres de justice, ne feraient que des oeuvres mortes. (Héb. IX. 14)

L'obéissance de la foi, devait être prêchée à
toutes les nations, aux Païens aussi bien qu'aux Juifs. Paul fut particulièrement chargéd'annoncer l'évangile aux incirconcis. (Gal. II. 7) Mais il eut aussi de fréquentes occasions de le prêcher aux Juifs. (Act. XVII. 11. XIX. 8) Ces mots toutes les nations comprennent les Juifs et les Gentils, ici comme dans plusieurs autres passages de l'Écriture. L'expression grecque que l'on a traduite par nations, indique tantôt les Juifs, (Luc VII. 5. Jean XI. 48) tantôt les Païens comme distincts des premiers, (Matt. VI. 32. et X. 5) tantôt, enfin, les uns et les autres. (Matt. XXV. 32. Act. XVI. Apoc. XXII. 2)
Les chrétiens en général sont appelés une
nation sainte (I. Pier. II. 9) comme l'avaient été les Israélites. (Deut. VII. 6. XIV. 21) Dieu, dans les siècles passés, avait permis que les Païens marchassent dans leurs propres voies, quoiqu'il ne fut pas resté sans témoignage parmi eux. (Act. XIV. 16. 17) Il avait souvent manifesté son indignation contre le péché et sa résolution de le punir, tant dans le déluge universel, que dans d'autres occasions. Mais après l'établissement de la nation d'Israël en Canaan, après l'institution de son culte public, après qu'il lui eût donné sa révélation écrite, il n'interposa plus généralement son autorité d'une manière visible, pour détourner les nations des voies qu'elles avaient choisies, en ne se souciant pas de demeurer dans la connaissance de Dieu, Cependant Dieu, passant par-dessus ces temps de l'ignorance, (sans paraître s'en apercevoir ) commanda, enfin, à tous les hommes de venir à la repentance, (Act. XVII. 30) car « il fallait que le Christ souffrit, et qu'il ressuscitât des morts le troisième jour, afin qu'on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés, parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem. » (Luc XXIV. 46. 47)

L'obéissance de la foi devait être prêchée à toutes les nations au
nom de Christ. Le nom de Dieu, la gloire, l'autorité de Dieu, ont la même signification dans l'écriture. « Les nations redouteront le nom de l'Éternel et tous les rois de la terre sa gloire. (Ps. CII. 16) Son nom est haut élevé, sa gloire est sur la terre et dans les cieux. » (Ps. CXLVIII.)
Le temple de Jérusalem est appelé l'édifice du nom de Dieu, et la demeure de son nom. (
Ps, LXXIV. 7) Nous trouvons dans différents endroits de l'Écriture, que Dieu créa le monde pour faire connaître ses perfections et son nom. « Louez-le vous, Soleil et Lune, toutes les étoiles qui jetés de la lumière, louez-le. Que ces choses louent le Nom de l'Éternel, car il a commandé et elles ont été créées ; qu'elles louent le Nom du Seigneur, car son Nom est haut élevé : (Ps. CXLVIII, 3-5. 12) Éternel, Notre Seigneur, que son Nom est magnifique sur toute la terre, vu que tu as mis ta majesté au-dessus des cieux. » ( Ps. VIII. 1) Les actes de la bonté de Dieu pour son peuple, sont faits pour l'amour de son nom. « L'Éternel pour l'amour de son Nom n'abandonnera point son peuple. (I Sam. XII. 22) Il restaure mon âme et me conduit pour l'amour de son Nom dans les sentiers unis. » ( Ps. XXIII. 3) C'est en son nom que son peuple le sollicite : O Dieu de notre délivrance, aide nous pour l'amour de la gloire de ton Nom. ( Ps. LXXIX. 9)
Les jugements de Dieu, exécutés contre les pécheurs, l'ont été pour l'amour de son nom. « Je t'ai fait subsister pour ceci, afin de faire voir en toi ma puissance, et que mon Nom soit célébré par toute la terre. (Exod. IX. 16)

Dans le verset qui nous occupe et dans bien d'autres endroits, le nom de Christ est employé de la même manière que celui du Père : « Par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d'apôtre, afin d'amener tous les Gentils à l'obéissance de la foi,
en son nom. » C'est une nouvelle preuve convaincante de sa divinité, car Dieu a déclaré qu'il ne donnerait point sa gloire à un autre. Pour l'amour de moi, pour l'amour de moi, je le ferai, car comment mon Nom serait-il profané ? Certes je ne donnerai point ma gloire à un autre. (Esa. XLVIII. 11)
Le peuple de Dieu est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, comme un seul nom, et c'est le commandement de Dieu que nous croyons au nom de son Fils Jésus-Christ. (
I. Jean III. 23) L'apôtre Jean loue Gaïus d'avoir assisté ceux qui partaient pour le nom de Christ sans rien prendre des Gentils. (III. Jean 5. 6. 7) Jésus lui-même ordonne aux apôtres d'aller annoncer à toutes les nations la repentance et la rémission des péchés et de les prêcher en son nom. (Luc XXIV. 47) Il a dit de Paul, « Il est un vaisseau choisi pour porter mon nom devant les Gentils, les Rois, et les enfants d'Israël ; car je lui montrerai combien il aura à souffrir pour mon nom. (Act. IX. 15. 16)
Son Nom, dit le Psalmiste, inspiré, en parlant du Messie, son Nom durera à toujours : sa renommée ira de père en fils tant que le soleil durera, et on se bénira en lui. Toutes les nations le publieront bienheureux. (
Ps. LXXII. 17)

6. Entre lesquels aussi vous êtes, vous qui êtes appelés par Jésus-Christ !

Comme la commission de Paul s'étendait à toute les nations, il notifie ici à l'église de Rome, comme à celle de Corinthe, que Dieu lui avait départi une mesure selon laquelle il avait pu parvenir jusqu'à eux. (
II. Cor. X. 13. 14) Ils avaient déjà, à la vérité, été appelés par Jésus-Christ ; mais il était nécessaire qu'ils fussent affermis en s'appuyant sur leur très-sainte foi. (Jud. 20) La mission apostolique consistait en deux parties : d'abord faire des disciples, et ils le devenaient aussitôt qu'ils croyaient l'évangile, ensuite leur enseigner à observer toutes les choses que le Seigneur a commandées. (Matt. XXVIII. 19. 20) La vocation des fidèles de Rome est ici attribuée au Seigneur Jésus, comme elle l'est dans d'autres endroits à Dieu le Père. (Rom. VIII. 30. I. Cor. I. 9)

7. À vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés à être saints ; que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ.

L'apôtre ne s'adresse pas ici à tous les habitants de Rome en général, mais seulement à une classe particulière de personnes, à ceux qui, dans cette ville, étaient
bien-aimés de Dieu, appelés et saints. Ils étaient saints parce qu'ils étaient appelés, et appelés parce qu'ils étaient bien-aimés de Dieu.

Le mot
Saints signifie des personnes qui sont séparées pour le service de Dieu, sanctifiées en Jésus-Christ. C'est le caractère de tout le peuple de Dieu sans exception. Nous ne savons rien du royaume de Dieu que par les écritures, et nous y trouvons que ce nom de Saint convient à tous ceux qui sont unis à Christ. Il n'y a point de classe moyenne pour les hommes. Ils sont tous enfants de Dieu ou enfants du Diable ; Nous savons, dit Jean, parlant de lui-même et des autres croyants, que nous sommes nés de Dieu, mais tout le monde est plongé dans le mal. (I. Jean III. 10. V. 19)
Ceux à qui Paul adresse son épître sont considérés par lui comme
des frères saints, participants de la vocation céleste (Héb. III. 1). « Ils étaient d'abord esclaves du péché, mais ils ont depuis obéi de coeur à la doctrine à laquelle ils ont été rendus conformes. » (Rom. VI. 17) Ils sont « convertis des ténèbres à la lumière, du pouvoir de Satan à Dieu ; ils ont reçu la rémission de leurs péchés et leur part avec ceux qui sont sanctifiés par la foi qu'ils ont en Jésus-Christ. » (Act. XXVI. 18)

C'est par Jésus-Christ que les saints de Rome avaient été appelés à la repentance. Je ne viens point, disait Jésus, appeler à la repentance les justes mais, les pécheurs. (
Matt. IX. 13) On peut dire, dans un autre sens, que beaucoup sont appelés ; (Matt. XX. 16) mais ceux-ci avaient été sauvés et appelés par une vocation sainte, non selon leurs œuvres, mais selon la propre volonté et la grâce de Dieu, qui leur a été donnée en Christ avant le commencement du monde. (II. Tim. I. 9)
Cette vocation efficace est venue de l'amour infini de Dieu, qui les a aimés, même lorsqu'ils étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. (
Eph. II. 4.5) Car il a signalé son amour pour eux, lorsqu'ils étaient impies, pécheurs, et qu'ils se montraient ses ennemis, (Rom. V. 6. 10) Ainsi, il paraît que les saints ont été choisis par Dieu, en Christ, avant la fondation du monde ; (Eph. I. 4) ils forment une race choisie, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple particulier qui annonce les vertus de celui qui l'a appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière, (I. Pier. II. 9) et ils aiment Dieu, parce qu'il les a aimés le premier. (I. Jean IV. 10. 13)

L'adresse de chacune des épîtres est semblable à celle qui est contenue dans le passage dont nous nous occupons. Elles s'adressent toujours et exclusivement aux Saints, soit rassemblés en églises, soit individuellement, comme unis à Christ, comme enfants de Dieu et se réjouissant de l'espérance de sa gloire, comme ayant reçu l'esprit d'adoption, et devenus héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, comme ayant d'abord souffert et devant ensuite être glorifiés avec lui.

Dans les églises primitives, dans lesquelles tout était ordonné, suivant la volonté de Dieu, par les apôtres eux-mêmes, il aurait pu y avoir des hypocrites ou des hommes qui se trompaient eux-mêmes, mais autant que l'on peut juger des connaissances dans la doctrine de Christ qu'avaient ceux qui les composaient, et de leur conduite pure et conforme à cette connaissance, ils étaient tous saints. C'est sur ce fondement, que l'Apôtre, écrivant aux églises, avec la confiance que les règles qu'il leur donne dans ses épîtres, seront observées, les adresse à tous ceux qui les composent comme à des Saints, et sans aucune exception.
On ne trouve pas dans les épîtres une seule exhortation adressée aux incrédules. Quelques parties de celle de Jacques peuvent paraître au premier aspect faire exception à cette remarque ; mais en les considérant avec attention, on verra manifestement le contraire. Ceci doit être particulièrement remarqué et peut-être regardé comme une clé des épîtres, sans laquelle on ne peut point les comprendre. Il est en même temps essentiel d'observer que ce n'est pas une raison pour penser que l'on ne doive point adresser des exhortations à ceux qui ne sont pas convertis ; au contraire, il faut leur prêcher l'évangile, leur ordonner de le croire, les engager à la pratique de tous les devoirs, et à faire ce que Dieu commande, et ce qu'il a le droit de leur commander, comme à des créatures raisonnables : nous en avons des exemples très-nombreux dans les écritures.
Nous trouvons dans les évangiles plusieurs exemples de discours adressés par Notre Seigneur Jésus-Christ, tantôt à ses disciples, et tantôt à d'autres hommes, et quelquefois, enfin, aux premiers en préférence des autres, comme le sermon sur la montagne. (
Matt. V. VI. VII)

Dans le livre des Actes nous voyons que quand les apôtres prêchaient aux hommes non convertis, ils ne parlaient dans leurs discours que de la repentance et de la foi en Jésus-Christ. Mais pour les épîtres, elles sont exclusivement adressées aux croyants auxquels elles donnent des exhortations, des avis, des conseils, et qu'elles cherchent, par tous les moyens possibles, à affermir dans leur très-sainte foi. Nous ne trouvons jamais dans l'écriture, d'exhortation à aucun devoir, qui ne suppose que ce devoir doit être accompli dans la foi.

Les nombreux avertissements, les fréquentes exhortations que les apôtres adressent aux saints, sont par tout fondées sur la considération de leur état et de leur caractère de croyants, sur celle que Christ est en eux, et que par la plénitude de sa grâce, ils sont en lui ; nous voyons qu'on leur enseigne et qu'on les exhorte à régler leur conduite d'une manière convenable à l'évangile, et aux grandes choses que l'évangile leur a révélées comme devant être librement accordées par Dieu ; à marcher d'une manière convenable à la vocation à laquelle ils sont appelés ; à être les imitateurs de Dieu et de son cher Fils ; à vivre non pas pour eux-mêmes, mais pour lui, comme n'étant point à eux, mais ayant été rachetés à prix.
C'est pour cette raison qu'on les avertit de glorifier Dieu dans leurs corps et dans leurs esprits qui lui appartiennent. En un mot, la pratique de l'évangile, telle qu'elle est peinte dans l'écriture, est aussi distinguée, soit dans ses motifs, soit dans ses fondements, de toute espèce de moralité du monde infidèle, qu'elle est élevée, soit dans sa nature soit dans ses effets, au-dessus des plus hautes prétentions de celle-ci.

C'est sous tous les rapports une vie de foi ; sa pratique est sous l'influence et la direction des motifs révélés par l'évangile, et dont les lumières naturelles ne donnent aucune connaissance. Ceux qui n'ont point cette foi, la combattent toujours, et la regardent comme une oiseuse et stérile spéculation : mais ceux qui ont partagé ses bienfaits, éprouvent toujours qu'elle est la source unique et puissante de toutes les oeuvres vraiment bonnes ; ils savent qu'aucune n'est telle, quelque brillante et estimée qu'elle soit parmi les hommes, si elle ne provient de la foi. De sorte que la signification propre que présente le mot
Saint dans les écritures, indiquant cette séparation pour Dieu, qui appartient également à tous les croyants, comme un don libre qui leur a été fait en Jésus-Christ, et dont le but révélé est la manifestation de la gloire de Dieu, en ses élus et par ses élus qui font son peuple particulier ; elle imprime un caractère évangélique distinctif aux exhortations et aux avertissements qui sont donnés aux chrétiens, touchant la sainteté de leurs voies et de leurs procédés ; ou en d'autres termes, les voies et les procédés des fidèles, leur caractère et leur conduite, sont ceux qui conviennent à l'état de personnes séparées par Dieu, pour des desseins pleins de grâce et de gloire.

Paul souhaite
la grâce et la paix aux Saints de Rome. C'est la suscription ordinaire des épîtres. Quelquefois il y a grâce, miséricorde et paix. La grâce suppose l'indignité de l'objet qui la reçoit, la miséricorde a du rapport avec un état de souffrances, et la paix à la fin de l'inimitié et de la haine.
La grâce est toujours placée la première, parce que c'est d'elle que découlent toutes les bénédictions par lesquelles les hommes sont sauvés ; et parce que c'est par elle que Dieu peut exercer sa
miséricorde envers les pécheurs, et conduire ceux qui étaient ses ennemis à être en paix avec lui. Aussi le ministère des apôtres, dans la proclamation de l'évangile, est-il appelé le ministère de la réconciliation. (II. Cor. V. 18-20)

Quoique la faveur de Dieu pour ceux qui l'ont reçue par Jésus-Christ, soit toujours la même et que leur état de paix avec lui soit affermi, cependant le sentiment qui répond à cette faveur, et la conviction de cette paix, peuvent varier et augmenter dans ceux qui les possèdent. Le coeur peut aussi recevoir une plus grande mesure de grâce dans son opération, et les fidèles doivent toujours la désirer pour eux, et l'un pour l'autre. Aussi quoique Pierre parle à ceux à qui il a adressé sa première épître, comme à des élus de Dieu, (
I. Pier. I. 2) il leur dit ailleurs : « Que la grâce et la paix vous soient multipliées dans la connaissance de Dieu et de Notre Seigneur Jésus, » (II. Pier. I. 2) et il les exhorte encore à croître dans la grâce et dans la connaissance de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. ( II. Pier. III. 18)
Le sentiment de la paix dans l'âme des fidèles, augmente selon l'accroissement de la connaissance qu'ils ont de Jésus-Christ, et de sa suffisance complète pour l'expiation, quoique le sang de l'aspersion (
Héb. XII. 24) les ait déjà mis en possession de cette paix.

La grâce et la paix avec Dieu sont les plus hautes de toutes les bénédictions. Ceux qui sont à présent les objets de la grâce, recevront ses effets entiers au second avènement de Jésus-Christ ; lorsque le dernier ennemi, la mort, étant pour jamais abattu, ils entreront en possession de la gloire éternelle.
Le Seigneur donnera la grâce et la gloire. (Ps. LXXXIV. 12) La paix de Dieu, qui garde les cœurs, surpasse toute intelligence. (Phil. IV. 7) Comme la plénitude de la grâce sera déployée aux croyants à la révélation de Jésus-Christ, (I. Pier. I. 13) alors aussi ils jouiront, par lui et en lui, de cette paix d'un prix inestimable. « Il entrera en paix, ils se reposeront sur leurs couches, savoir quiconque aura marché devant lui. » (Esa. LVII. 2)

L'apôtre adresse également à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ sa prière pour la grâce et la paix. C'est encore une preuve de la divinité essentielle de notre divin Seigneur, car Dieu seul peut-être l'objet de la prière. (
Matt. IV. 9. 10) Nous trouvons surtout dans les écritures, que les anges et les hommes refusent toujours l'adoration. (Act. X. 25. 26. XIV. 13. i/f. Apoc. XIX 10. XXII. 8. 9) D'un autre côté, le Seigneur Jésus est l'objet de l'adoration des hommes et des anges, jadis sur la terre (Matt. II, 11. XIV. 23, XXVIII. 17. Jean. IX. 38. Luc. XXIV. 52. Héb. I. 6) et maintenant dans les cieux ; (Act. VII. 59. Il. Cor. XII. 8. 9. Apoc. V. 8. 13. et suivants) et il n'a jamais refusé cet hommage. Ainsi Paul écrivant à l'église de Dieu qui est à Corinthe, s'adresse « aux sanctifiés en Jésus-Christ, qui sont appelés à être saints, avec tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de Jésus-Christ leur Seigneur, et le nôtre. (I. Cor. I. 12) Car, quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé. (Rom. X. 13) »

Les Sociniens tâchent d'éluder la force des conséquences de l'invocation qu'Étienne adresse au Seigneur Jésus, en observant qu'il l'invoque comme s'il avait été présent. Sa présence corporelle ou invisible, ne fait aucune différence par rapport au devoir de l'invocation. Mais l'assertion que Jésus était visible à Étienne quand il le priait, est sans fondement. Il fut véritablement visible pour lui dans le conseil, mais nous ne voyons point dans le texte sacré qu'il le fut également quand on le traîna hors de la ville et qu'il fut lapidé.
La prière d'Étienne est un acte direct de culte divin rendu à Jésus. Car comme recevoir à la jouissance de la gloire une âme sortant de cette vie et pardonner la coulpe d'un crime atroce, sont des actes de la puissance et de l'autorité divine, il serait évidemment déraisonnable et contraire aux écritures de faire de telles demandes à quelque créature que ce fut, soit présente, soit absente.

8. Premièrement je rends grâces touchant vous tous à Dieu, par Jésus-Christ, de ce que votre foi est renommée par tout le monde.

L'apôtre commence ici, comme dans toutes ses épîtres, à parler, autant que la vérité le lui permet, à la louange de ceux à qui il écrit, et il rapporte constamment à Dieu tout ce qui est bon en eux. Il remercie Dieu,
par Jésus-Christ. C'est seulement par Jésus-Christ que la prière ou les actions de grâces, rendues par l'homme pécheur, peuvent monter à l'Éternel ou que nos services peuvent lui être agréables. Les prières de tous les saints sont présentées « par l'Ange de l'alliance. (Mal. III. 1) C'est lui qui est entré dans les lieux saints avec son propre sang. (Héb. IX. 12) Il paraît devant la présence de Dieu pour son peuple et il y est toujours vivant pour intercéder pour lui, (Héb. Vil. 25) et la fumée des parfums, avec les prières des saints, montent de la main de l'Ange vers Dieu. » (Apoc. VIII. 4)

Paul remercie Dieu de ce que la foi des croyants à Rome était si remarquable, que l'on en parlait partout, sans doute parce que leur foi était manifestée par les fruits qu'elle produisait. C'est ainsi qu'ils répondaient à la peinture que Jésus-Christ avait faite des croyants, et qu'ils accomplissaient l'exhortation qu'il avait donnée, (
Matt. V. 14.16) et tel était l'heureux effet de ce qu'ils étaient constitués en une église qui, selon la loi de Jésus, était séparée du monde, et autant que l'homme peut en juger, composée uniquement de saints. L'apôtre, comme nous l'avons déjà observé, ne fait point d'exception, il remercie ici Dieu pour tous. Ce remerciement fait à Dieu, de ce que leur foi était renommée, indique, d'une manière positive, que cette foi était « le don de Dieu » : c'est une vérité souvent enseignée dans les écritures. (Matt. XVI. 17. Luc XVII. 5. Act. XI. 21. XIII. 48. XVI. 14. Rom. XII. 3. Éph. II. 8. Phil. I. 29)

9. Car Dieu que je sers en mon esprit dans l'évangile de son Fils, m'est témoin que je fais sans cesse mention de vous (dans mes prières.)

La prière est le langage naturel du Chrétien ; elle est le moyen donné aux fidèles pour communiquer directement avec Dieu, et il y répond en leur accordant ses bénédictions. Lorsque Dieu adressa à Israël le message de bienfaisance dont fut chargé Ezéchiel, et dans lequel sont contenues des promesses sans qu'aucune condition y soit attachée, il ajoute cependant :
ainsi a dit le Seigneur, l'Éternel, encore serai-je recherché de la maison d'Israël pour leur faire ceci. (Ezéch. XXXVI. 36-37)
Les infidèles n'adressent à Dieu aucune prière qui lui soit agréable. Ils ne connaissent ni celui qui doit être l'objet de leur adoration, ni le moyen d'approcher de lui.
Comment invoqueront-ils celui en qui ils n'ont point cru. (Rom. X. 14) Il est ordonné cependant à chacun de prier mais de prier (Act. VIII. 22) avec foi et en suivant la manière de s'approcher de Dieu prescrite par l'écriture pour obtenir sa miséricorde.
Les Israélites ne pouvaient s'approcher de Dieu que de la manière fixée par la loi, et il n'y a plus maintenant qu'une seule voie pour arriver à lui. Mais lorsqu'un homme est converti des ténèbres et est passé à la lumière merveilleuse de l'évangile, il reçoit l'esprit d'adoption par lequel il crie
Abba. Père. (Rom. VIII. 15) Le Seigneur accueillit de son approbation le premier témoignage de la conversion de Paul : « Voilà il prie », (Act. IX. 11-12) et en lisant les épîtres de cet apôtre, nous sommes conduits à remarquer à chaque instant, combien il était occupé de ce saint exercice, au milieu des travaux nombreux que lui imposaient le soin des églises et celui de sa propre subsistance.

L'apôtre Pierre se retirait à midi pour prier en secret. (
Act. X. 9) Daniel tombait sur ses genoux trois fois par jour et rendait grâces à Dieu. (Dan. VI. 10) Le Psalmiste dit « Je te prie le soir et le matin, et je te prie au milieu du jour. (Ps. LV. 18) J'ai prévenu l'aube du jour pour crier à toi ; j'ai espérance en ta parole. Mes yeux ont prévenu les veilles de la nuit, et j'ai médité ta parole. Entends, ma voix selon ton amour, ô Seigneur ! sept fois le jour, je te loue à cause de tes jugements » (Ps. CXIX. 147-164) ; mais c'est surtout Jésus-Christ lui-même, qui nous a donné le plus grand exemple de l'accomplissement de ce devoir qu'il a commandé si souvent à ses disciples. Il passait les nuits entières en prières.

Pour être peu exposé à la tentation, il faut être beaucoup dans la prière. C'est faire venir à nous le secours si convenable aux fidèles, qui leur a été réservé en Christ. (
Héb. IV. 16) Paul en donnant aux croyants d'Éphèse des instructions pour qu'ils se revêtissent de l'armure entière de Dieu, afin de résister aux mauvais jours et de demeurer fermes, ajoute cette conclusion générale à tout ce qu'il leur dit : « Priés en votre esprit par toute sorte de prières et de supplications, en tout temps, veillant à cela avec une entière persévérance. » (Ephés. VI. 18) Priés en tout temps, c'est-à-dire, soyez toujours prêts à remplir ce devoir ; (Luc XVIII. 1.) par toutes sortes de prières et de supplications, présentant à Dieu, tous nos différents désirs, tout ce qui est convenable à notre condition suivant sa volonté ; et veillant à cela., pour ne point être détourné par quelques chose que ce soit, et cela, non pour un peu de temps, mais avec une entière persévérance, avec suite.
Les croyants doivent vivre en prières, pour ne point
entrer en tentation. C'est une partie de leurs demandes journalières à Dieu de vouloir préserver leurs âmes, garder leurs cœurs et empêcher leurs voies d'être embarrassées ; de diriger leurs affaires par sa bonne et sage providence, d'empêcher qu'ils ne soient exposés à aucune tentation accablante, et enfin, de leur accorder l'activité, le soin et la vigilance dans ses propres voies. C'est ainsi qu'ils sont délivrés, tandis que les autres seront retenus dans les liens de leur propre folie.

L'esprit de prière est donné par Dieu de qui proviennent
tout bien et tout don parfait. « Je répandrai, dit le Messie, sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem, l'esprit de grâce et de supplication, et ils regarderont vers moi, qu'ils ont percé. » (Zach. XII. 10)
Nous voyons aussi que Paul, se servant avec Timothée d'expressions à peu près équivalentes, à celles qu'il emploie ici, rend grâces à Dieu de ses propres prières, comme David le remercie d'avoir été capable d'offrir volontairement de construire son temple. (
II. Tim. I. 3. I. Chron. XXIX. 14)
L'écrivain sacré appelle ici, à témoin de la vérité de ce qu'il déclare, le Dieu qu'il servait avec sincérité dans l'évangile de son Fils ; on voit par là que dans des occasions convenables et solennelles, on peut faire cette haute invocation et introduire le nom de Dieu, (
Héb. VI. 16) mais ceux qui se servent légèrement de ce saint Nom dans la conversation commune et dans des occasions indifférentes, comme dans l'expression mon Dieu, doivent se rappeler que « l'Éternel ne tiendra point pour innocent celui qui aura pris son Nom en vain. » (Exod. XX. 7) Ceux qui ont contracté cette criminelle habitude ou se servent de ces expressions : Ma foi, etc., doivent considérer attentivement ce que nous enseigne sur ce sujet important le Seigneur. (Matthieu V. 34. 37.) Le péché de ceux qui font un usage léger et inconsidéré de cette locution mon Dieu, ce péché est grave au-delà de toute expression.
La profanation du nom de Dieu dans les discours familiers est en particulier incompatible avec les craintes que doit inspirer ce Nom glorieux,
(I. Chron. XXIX.13) ce Nom grand et terrible car il est saint. (Ps. XCIX. 3) Il est beaucoup de personnes qui ne savent point assez combien ce péché est horrible. Une religion fondée sur des principes et des vues mondaines peut aisément s'accorder avec une telle conduite ; mais ceux qui sont convaincus du mal qu'il y a à tout péché, considéré comme une rébellion contre Dieu et une désobéissance à ses ordres, ceux-là connaissent quelle est la coulpe et l'impiété de cette abominable coutume. La religion qui est l'ouvrage du Saint-Esprit de Dieu et qui consiste à recouvrer son image effacée dans les âmes, ne pourra jamais supporter une violation aussi directe de l'autorité sacrée de l'Éternel, une attaque aussi criminelle contre son honneur et sa gloire. « Or sur toutes choses, mes frères, ne jurez point, ni par le ciel ni par la terre, ni aucun autre serment ; mais que votre oui, soit Oui, et votre non, Non, afin que vous ne tombiez point sous la condamnation. » (Jacq. V. 12)


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