Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
PREMIER.
(suite)
5.
Par
lequel nous avons reçu la grâce et la
charge d'apôtre, afin d'amener tous les
Gentils à l'obéissance de la foi en
son nom.
Paul avait reçu de Jésus-Christ,
premièrement la grâce, par laquelle il
avait été appelé à son
service et ensuite la charge d'apôtre de
l'évangile. Le mot grâce dans l'écriture signifie la
faveur de Dieu libre et éternelle.
Lorsqu'elle est considérée en
elle-même, c'est la faveur de Dieu
manifestée ; c'est ainsi qu'il est dit
de l'évangile qu'il est la grâce salutaire de
Dieu qui a apparu à tous les hommes.
(Tit. II. 11) Ordinairement, et dans le passage
qui nous occupe, elle est considérée
dans son emploi, comme le principe intérieur
de la vie et de la lumière spirituelle, et
elle signifie la faveur de Dieu opérant en l'âme par l'influence du
Saint-Esprit.
La grâce est en opposition directe avec tout
mérite des oeuvres de quelque espèce
et de quelque importance qu'elles soient. Cela est
démontré par les passages
suivants : « Le salaire n'est pas imputé
comme une grâce, mais comme une dette.....,
c'est donc de la foi, afin que ce soit par la
grâce ; (Rom. IV. 4.16) c'est par la grâce que vous
êtes sauvés, non pas par les oeuvres,
afin que nul ne se glorifie. (Eph. II. 8-9) Il nous a sauvés, non selon
nos oeuvres, mais selon son propre dessein et selon
sa grâce. (II. Tim. I. 9) » Aussi la grâce et le
mérite ne peuvent se trouver réunis
dans le même acte et pour la même fin;
l'un exclut nécessairement l'autre, car ils
sont essentiellement opposés, aussi
inconciliables que les ténèbres et la
lumière. « Si c'est par
grâce, ce n'est plus par les oeuvres,
autrement la grâce n'est plus
grâce ; au contraire, si c'était
par les oeuvres, ce ne ferait plus grâce,
autrement l'oeuvres ne ferait
plus l'oeuvre. »
(Rom. XI. 6)
Lorsque les bénédictions du salut
sont représentées comme
découlant de la grâce divine, ceux
à qui elles sont distribuées sont
considérés, non seulement comme
n'ayant pas eu droit à ses bienfaits, mais
comme méritant au contraire des punitions,
comme ayant encouru une effroyable
malédiction, et étant justement
exposés à une misère
éternelle, morts dans les fautes et dans le
péché, fils de rébellion,
esclaves du diable, enfants de la colère.
(Eph. II. 1-3) Les écritures attribuent
constamment tout ce qu'il y a de bon dans l'homme
à la grâce de Dieu, faveur libre et
imméritée qui opère en nous
avec efficace : « elle est la
grandeur de sa puissance envers nous qui croyons,
selon l'efficace de la puissance de sa
force » ; (Eph. I. 19) elle opère d'abord dans la
conversion de ceux qui sont
régénérés ;
(Eph. III. 7) ensuite dans leur édification
et leurs progrès dans la vie divine,
(Eph. IV. 16) et enfin dans leur
résurrection en gloire au dernier jour.
(Phil. III. 21) De cette grâce vient le don de
justice par Jésus-Christ (Rom. V. 17) à ceux que Dieu appelle, non
selon leurs oeuvres, mais selon la puissance qu'il
leur a donnée en Christ avant les temps
éternels. (II. Tim. I. 9)
Ainsi le dessein d'accorder grâce aux
élus en Jésus et par Jésus,
lui était promis dès
l'éternité, conformément
à ce que notre apôtre dit à
Tite, que Dieu a, dès les temps
éternels, promis la vie éternelle que
ses élus espèrent. (Tit. I. 2)
Dès l'éternité la promesse en
était faite à Christ le garant de ses
élus, avant que ceux-ci existassent, et la
grâce lui fut accordée pour eux. Aussi
lorsque le Messie apparut dans sa nature humaine,
l'apôtre Jean dit de lui :
« Nous avons vu sa gloire, une gloire,
comme la gloire du Fils unique du Père,
pleine de grâce, et nous avons tous
reçu de sa plénitude et grâce
pour grâce ; car la loi a
été donnée par Moïse,
mais la grâce et la vérité sont
venues par Jésus-Christ. »
(Jean I., 14. 16. 17)
L'évangile est appelé
« la
dispensation de la grâce de Dieu
(Eph. Ill. 2) et il est la grâce de Dieu
manifestée pour le salut ;
(Tit, II. 11) c'est par la grâce, et non par
les oeuvres que les hommes sont sauvés,
(Eph. II. 8. 9) car si c'est par la grâce, ce
n'est plus par les oeuvres, autrement la
grâce ne ferait plus
grâce. »
C'est à cette grâce que tous les
bienfaits spirituels sont attribués.
« Béni soit Dieu qui est le
Père de Notre Seigneur Jésus-Christ,
qui nous a bénis de toute
bénédiction spirituelle dans les
lieux célestes en Christ ; selon qu'il
nous avait élus en lui avant la fondation du
monde, afin que nous fussions saints et
irrépréhensibles en charité,
nous ayant prédestinés pour nous
adopter à foi par Jésus-Christ, selon
son bon plaisir et volonté, à la
louange de la gloire
de sa grâce, par laquelle il nous a rendus
agréables en son bien-aimé, en qui
nous avons la rédemption par
son sang, savoir la
rémission des offenses selon les richesses
de sa grâce. (Eph. I. 4-7) » Ainsi ceux qui sont
justifiés librement par la grâce
(Rom. III. 23-24) sont représentés comme
étant conduits par Dieu à un
état d'acceptation.
C'est par cette grâce que Paul avait
été appelé, (Gal. I. 15) et par laquelle il avait reçu
l'apostolat. Il avait été fait le
ministre de l'évangile suivant le don de la
grâce, pour annoncer entre les Gentils, les
richesses incompréhensibles de Christ.
(Eph. III. 7. 8) C'est à cette grâce
qu'il attribue tout ce qu'il était comme
serviteur de Dieu et tout ce qu'il avait fait comme
apôtre. « Par la grâce de
Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce
envers moi n'a point été vaine, car
j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous,
non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est
avec moi. » (I. Cor. XV. 10)
Dans l'opération de la grâce de Dieu,
nous ne sommes pas simplement passifs, on ne peut
pas dire non plus que Dieu fasse quelque chose et
nous le reste, mais Dieu produit tout et nous
faisons tout. Dieu est proprement l'unique auteur
et la source de nos actions, mais nous sommes
proprement ceux qui agissons. Nous sommes sous
divers rapports, pleinement passifs, et sous
d'autres pleinement actifs. Dans les
écritures, les mêmes choses sont
représentées comme venant de Dieu et
comme venant de nous. Il y est dit qu'il purifie
les coeurs des croyants (Act. XV. 9) et ailleurs qu'ils se purifient
eux-mêmes (I. Jean III. 3) ; il leur est ordonné de
travailler à leur salut avec crainte et
tremblement, parce que c'est Dieu qui opère
en eux le vouloir et
le faire selon son bon plaisir. (Phil. II.12. 13)
Ainsi ce n'est point le Saint-Esprit, mais
nous-mêmes, par la vertu de son pouvoir, qui
aimons Dieu et notre prochain ; qui craignons
le Seigneur et la gloire de sa
majesté ; qui nous confions en lui en
tout temps ; qui nous réjouissons avec
crainte en contemplant à la fois les
bénédictions qu'il nous promet et
notre impuissance au milieu des dangers qui nous
environnent ; qui, enfin, espérons tous
les bienfaits dont il nous a fait la promesse.
Aussi Paul appelle-t-il fruits du Saint-Esprit,
l'amour, la joie, la paix, la longue attente, la
douceur, la bonté, la
fidélité, l'humilité, la
tempérance.
L'origine de ces qualités est dans le
Saint-Esprit, c'est de lui qu'elles
dérivent, mais
confédérées dans leur exercice
ou leur développement, elles deviennent
propres aux croyants. Si quelqu'un donc
inférait faussement de cette doctrine de
l'écriture, qu'il ne reste plus rien
à faire à l'homme parce que, dans un
sens, c'est la grâce de Dieu qui le contraint
d'agir, celui-là ne connaît pas ce
dont il parle, et ignore ce qu'il affirme. Il
pourrait avec autant de convenance conclure de ce
que Dieu a contraint à
l'existence notre âme et toutes nos
facultés, que nous ne pouvons penser,
raisonner, craindre ni aimer.
La grâce est dans nos coeurs un principe
vivant qui est à la disposition souveraine
de Dieu. Exercer ce principe lorsqu'on l'a obtenu,
est aussi bien notre devoir, que conserver notre
vie et notre santé ; et comme les soins
que celles-ci exigent, nécessitent des
pensées et des actes de volonté d'une
certaine espèce ; ainsi l'existence de
la grâce dans l'âme, occasionne
nécessairement la bonté de nos
pensées et de nos volontés.
Mais il n'en est pas de même de la
grâce manifestée, c'est un objet de
choix que l'on peut recevoir ou rejeter, dont on
peut se servir ou abuser selon les dispositions de
l'esprit, selon que la grâce opérante
a agi ou non en lui ; ainsi les grâces
chrétiennes, comme principe de
renouvellement par la seule opération de
l'esprit, sont en opposition avec toute notion
relative au pouvoir que l'on supposerait à
l'homme de se régénérer
lui-même : tandis qu'au contraire,
confédérées dans leur
exercice, qui demande pour leur existence un objet
perceptible, elles supposent des efforts de
l'homme.
« Allons donc avec assurance au
trône de la Grâce ; afin que nous
obtenions miséricorde, et que nous trouvions
grâce pour être aidés dans le
besoin, » (Héb. IV. 16) non-seulement pour obtenir la
miséricorde qui nous pardonne nos
péchés ; mais encore pour
recevoir plus de cette grâce qui opère
en nous intérieurement.
Comme cette grâce procède de Dieu le
Père, elle procède aussi de
Jésus-Christ. C'est de lui que Paul
déclare avoir reçu, tant la
grâce d'être son serviteur et d'en
accomplir les devoirs, que l'apostolat pour que les
nations obéissent à la foi, se
soumissent à l'évangile,
reçussent la justice de Dieu
révélée à la foi, et
produisissent les fruits de justice qui sont les
effets de la foi. C'est par l'évangile seul
que le commerce entre Dieu et l'homme est
rétabli et maintenu, et son
obéissance n'est ni acceptée ni
reconnue sans la foi. Je suis le chemin, la
vérité et la vie, dit Jésus-Christ,
nul ne vient au
Père que par moi. (Jean XIV. 6)
C'est par la foi qu'Abel offrit un plus excellent
sacrifice que Caïn ; qu'Abraham
obéit au commandement qui lui prescrivit
d'aller dans le pays de Canaan, qu'il reçut
ensuite pour héritage : c'est par la
foi, enfin, que Samuel, David et les
prophètes ont exercé la justice.
(Héb. XI. 4. 8. 32. 33)
Et comme ceux qui
sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu,
( Rom. VIII. 8) toutes les oeuvres supposées
bonnes, qui ne procéderaient pas de la foi,
au lieu d'être des oeuvres de justice, ne
feraient que des oeuvres mortes. (Héb. IX. 14)
L'obéissance de la foi, devait être
prêchée à toutes les nations, aux Païens aussi bien qu'aux
Juifs. Paul fut particulièrement
chargéd'annoncer
l'évangile aux incirconcis. (Gal. II. 7) Mais il eut aussi de
fréquentes occasions de le prêcher aux
Juifs. (Act. XVII. 11. XIX. 8)
Ces mots toutes les
nations comprennent
les Juifs et les Gentils, ici comme dans plusieurs
autres passages de l'Écriture. L'expression
grecque que l'on a traduite par nations, indique tantôt les Juifs,
(Luc VII. 5. Jean XI. 48) tantôt les Païens comme
distincts des premiers, (Matt. VI. 32. et X. 5)
tantôt, enfin, les uns et les autres.
(Matt. XXV. 32. Act. XVI.
Apoc. XXII. 2)
Les chrétiens en général sont
appelés une nation sainte (I. Pier. II. 9)
comme l'avaient
été les Israélites.
(Deut. VII. 6. XIV. 21)
Dieu, dans les siècles passés, avait
permis que les Païens marchassent dans leurs
propres voies, quoiqu'il ne fut pas resté
sans témoignage parmi eux. (Act. XIV. 16. 17) Il avait souvent manifesté
son indignation contre le péché et sa
résolution de le punir, tant dans le
déluge universel, que dans d'autres
occasions. Mais après l'établissement
de la nation d'Israël en Canaan, après
l'institution de son culte public, après
qu'il lui eût donné sa
révélation écrite, il
n'interposa plus généralement son
autorité d'une manière visible, pour
détourner les nations des voies qu'elles
avaient choisies, en ne se souciant pas de demeurer
dans la connaissance de Dieu, Cependant Dieu,
passant par-dessus ces temps de l'ignorance, (sans
paraître s'en apercevoir ) commanda, enfin,
à tous les hommes de venir à la
repentance, (Act. XVII. 30) car « il fallait que le
Christ souffrit, et qu'il ressuscitât des
morts le troisième jour, afin qu'on
prêchât en son nom la repentance et la
rémission des péchés, parmi
toutes les nations, en commençant par
Jérusalem. » (Luc XXIV. 46. 47)
L'obéissance de la foi devait être
prêchée à toutes les nations au
nom de Christ. Le nom
de Dieu, la gloire,
l'autorité de Dieu, ont la même
signification dans l'écriture.
« Les nations redouteront le nom de
l'Éternel et tous les rois de la terre sa
gloire. (Ps. CII. 16) Son nom est haut
élevé, sa gloire est sur la terre et
dans les cieux. » (Ps. CXLVIII.)
Le temple de Jérusalem est appelé
l'édifice du nom de Dieu, et la demeure de
son nom. (Ps, LXXIV. 7) Nous trouvons dans différents
endroits de l'Écriture, que Dieu créa
le monde pour faire connaître ses perfections
et son nom. « Louez-le vous, Soleil et
Lune, toutes les étoiles qui jetés de
la lumière, louez-le. Que ces choses louent
le Nom de l'Éternel, car il a
commandé et elles ont été
créées ; qu'elles louent le Nom
du Seigneur, car son Nom est haut
élevé : (Ps. CXLVIII, 3-5. 12)
Éternel, Notre Seigneur, que son Nom est
magnifique
sur toute la terre,
vu que tu as mis ta majesté au-dessus des
cieux. » (
Ps. VIII. 1) Les actes de la bonté de Dieu
pour son peuple, sont faits pour l'amour de son
nom. « L'Éternel pour l'amour de
son Nom n'abandonnera point son
peuple. (I Sam. XII. 22) Il restaure mon âme et me
conduit pour l'amour de son Nom dans les sentiers
unis. » (
Ps. XXIII. 3) C'est en son nom que son peuple le
sollicite : O
Dieu de notre délivrance, aide nous pour
l'amour de la gloire de ton Nom. (
Ps. LXXIX. 9)
Les jugements de
Dieu, exécutés contre les
pécheurs, l'ont été pour
l'amour de son nom. « Je t'ai fait subsister pour ceci, afin
de faire voir en toi ma puissance, et que mon Nom
soit célébré par toute la
terre. (Exod. IX. 16)
Dans le verset qui nous occupe et dans bien
d'autres endroits, le nom de Christ est
employé de la même manière que
celui du Père : « Par lequel
nous avons reçu la grâce et la charge
d'apôtre, afin d'amener tous les Gentils
à l'obéissance de la foi,
en son
nom. »
C'est une nouvelle preuve convaincante de sa
divinité, car Dieu a déclaré
qu'il ne donnerait point sa gloire à un
autre. Pour l'amour de
moi, pour l'amour de moi, je le ferai, car comment
mon Nom serait-il
profané ?
Certes je ne donnerai
point ma gloire à un autre.
(Esa. XLVIII. 11)
Le peuple de Dieu est baptisé au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, comme un
seul nom, et c'est le commandement de Dieu que nous
croyons au nom de son Fils Jésus-Christ.
(I. Jean III. 23) L'apôtre Jean loue Gaïus
d'avoir assisté ceux qui partaient pour le
nom de Christ sans rien prendre des Gentils.
(III. Jean 5. 6. 7) Jésus lui-même ordonne
aux apôtres d'aller annoncer à toutes
les nations la repentance et la rémission
des péchés et de les prêcher en
son nom. (Luc XXIV. 47) Il a dit de Paul, « Il est
un vaisseau choisi pour porter mon nom devant les
Gentils, les Rois, et les enfants
d'Israël ; car je lui montrerai combien
il aura à souffrir pour mon nom.
(Act. IX. 15. 16)
Son Nom, dit le Psalmiste, inspiré, en
parlant du Messie, son Nom durera à
toujours : sa renommée ira de
père en fils tant que le soleil durera, et
on se bénira en lui. Toutes les nations le
publieront bienheureux. (Ps. LXXII. 17)
6.
Entre
lesquels aussi vous êtes, vous qui êtes
appelés par
Jésus-Christ !
Comme la commission de Paul s'étendait
à toute les nations, il notifie ici à
l'église de Rome, comme à celle de
Corinthe, que Dieu lui avait départi une
mesure selon laquelle il avait pu parvenir
jusqu'à eux. (II. Cor. X. 13. 14) Ils avaient déjà,
à la vérité, été
appelés par Jésus-Christ ; mais
il était nécessaire qu'ils fussent
affermis en s'appuyant sur leur très-sainte
foi. (Jud. 20)
La mission apostolique consistait en deux
parties : d'abord faire des disciples, et ils
le devenaient aussitôt qu'ils croyaient
l'évangile, ensuite leur enseigner à observer toutes les
choses que le Seigneur a
commandées.
(Matt. XXVIII. 19. 20) La vocation des fidèles de
Rome est ici attribuée au Seigneur
Jésus, comme elle l'est dans d'autres
endroits à Dieu le Père.
(Rom. VIII. 30. I. Cor. I. 9)
7. À vous tous qui êtes à
Rome,
bien-aimés de
Dieu,
appelés à être
saints ; que la
grâce et la paix vous soient
données par Dieu, notre Père, et par
le Seigneur Jésus-Christ.
L'apôtre ne s'adresse pas ici à tous
les habitants de Rome en général,
mais seulement à une classe
particulière de personnes, à ceux
qui, dans cette ville, étaient
bien-aimés de
Dieu, appelés et saints. Ils étaient saints parce qu'ils étaient
appelés,
et appelés
parce qu'ils étaient bien-aimés de Dieu.
Le mot Saints
signifie des
personnes qui sont séparées pour le
service de Dieu, sanctifiées en
Jésus-Christ. C'est le caractère de
tout le peuple de Dieu sans exception. Nous ne
savons rien du royaume de Dieu que par les
écritures, et nous y trouvons que ce nom de
Saint convient à tous ceux qui sont unis
à Christ. Il n'y a point de classe moyenne
pour les hommes. Ils sont tous enfants de Dieu ou
enfants du Diable ; Nous savons, dit Jean, parlant de lui-même et
des autres croyants, que nous sommes nés de Dieu,
mais tout le monde est plongé dans le
mal. (I. Jean III. 10. V. 19)
Ceux à qui Paul adresse son
épître sont considérés
par lui comme des
frères saints, participants de la vocation
céleste (Héb. III. 1).
« Ils
étaient d'abord esclaves du
péché, mais ils ont depuis
obéi de coeur à la doctrine à
laquelle ils ont été rendus
conformes. » (Rom. VI. 17) Ils sont « convertis des
ténèbres à la lumière,
du pouvoir de Satan à Dieu ; ils ont
reçu la rémission de leurs
péchés et leur part avec ceux qui
sont sanctifiés par la foi qu'ils ont en
Jésus-Christ. » (Act. XXVI. 18)
C'est par Jésus-Christ que les saints de
Rome avaient été appelés
à la repentance. Je ne viens point, disait
Jésus, appeler à la repentance les
justes mais, les pécheurs. (Matt. IX. 13) On peut dire, dans un autre sens,
que beaucoup sont
appelés ;
(Matt. XX. 16) mais ceux-ci avaient
été sauvés et appelés
par une vocation sainte, non selon leurs
œuvres, mais selon la propre volonté et
la grâce de Dieu, qui leur a
été donnée en Christ avant le
commencement du monde. (II. Tim. I. 9)
Cette vocation efficace est venue de l'amour infini
de Dieu, qui les a aimés, même
lorsqu'ils étaient morts dans leurs fautes
et dans leurs péchés. (Eph. II. 4.5) Car il a signalé son amour
pour eux, lorsqu'ils étaient impies, pécheurs,
et qu'ils se
montraient ses ennemis, (Rom. V. 6. 10) Ainsi, il paraît que les
saints ont été choisis par Dieu, en
Christ, avant la fondation du monde ;
(Eph. I. 4)
ils forment une race choisie, une sacrificature
royale, une nation sainte, un peuple particulier
qui annonce les vertus de celui qui l'a
appelé des ténèbres à
sa merveilleuse lumière, (I. Pier. II. 9) et ils aiment Dieu, parce qu'il les
a aimés le premier. (I. Jean IV. 10. 13)
L'adresse de chacune des épîtres est
semblable à celle qui est
contenue dans le passage dont nous nous occupons.
Elles s'adressent toujours et exclusivement aux
Saints, soit rassemblés en églises,
soit individuellement, comme unis à Christ,
comme enfants de Dieu et se réjouissant de
l'espérance de sa gloire, comme ayant
reçu l'esprit d'adoption, et devenus
héritiers de Dieu et cohéritiers de
Christ, comme ayant d'abord souffert et devant
ensuite être glorifiés avec lui.
Dans les églises primitives, dans lesquelles
tout était ordonné, suivant la
volonté de Dieu, par les apôtres
eux-mêmes, il aurait pu y avoir des
hypocrites ou des hommes qui se trompaient
eux-mêmes, mais autant que l'on peut juger
des connaissances dans la doctrine de Christ
qu'avaient ceux qui les composaient, et de leur
conduite pure et conforme à cette
connaissance, ils étaient tous saints. C'est
sur ce fondement, que l'Apôtre,
écrivant aux églises, avec la
confiance que les règles qu'il leur donne
dans ses épîtres, seront
observées, les adresse à tous ceux
qui les composent comme à des Saints, et
sans aucune exception.
On ne trouve pas dans les épîtres une
seule exhortation adressée aux
incrédules. Quelques parties de celle de
Jacques peuvent paraître au premier aspect
faire exception à cette remarque ; mais
en les considérant avec attention, on verra
manifestement le contraire. Ceci doit être
particulièrement remarqué et
peut-être regardé comme une clé
des épîtres, sans laquelle on ne peut
point les comprendre. Il est en même temps
essentiel d'observer que ce n'est pas une raison
pour penser que l'on ne doive point adresser des
exhortations à ceux qui ne sont pas
convertis ; au contraire, il faut leur
prêcher l'évangile, leur ordonner de
le croire, les engager à la pratique de tous
les devoirs, et à faire ce que Dieu
commande, et ce qu'il a le droit de leur commander,
comme à des créatures
raisonnables : nous en avons des exemples
très-nombreux dans les écritures.
Nous trouvons dans les évangiles plusieurs
exemples de discours adressés par Notre
Seigneur Jésus-Christ, tantôt à
ses disciples, et tantôt à d'autres
hommes, et quelquefois, enfin, aux premiers en
préférence des autres, comme le
sermon sur la montagne. (Matt. V.
VI.
VII)
Dans le livre des Actes nous voyons que quand les
apôtres prêchaient aux hommes non
convertis, ils ne parlaient dans leurs discours que
de la repentance et de la foi en
Jésus-Christ. Mais pour les
épîtres, elles sont exclusivement
adressées aux croyants auxquels elles
donnent des exhortations, des avis, des conseils,
et qu'elles cherchent, par tous les moyens
possibles, à affermir dans leur
très-sainte foi. Nous ne trouvons jamais
dans l'écriture, d'exhortation à
aucun devoir, qui ne suppose que ce devoir doit
être accompli dans la foi.
Les nombreux avertissements, les fréquentes
exhortations que les
apôtres adressent aux saints, sont par tout
fondées sur la considération de leur
état et de leur caractère de
croyants, sur celle que Christ est en eux, et que
par la plénitude de sa grâce, ils sont
en lui ; nous voyons qu'on leur enseigne et
qu'on les exhorte à régler leur
conduite d'une manière convenable à
l'évangile, et aux grandes choses que
l'évangile leur a
révélées comme devant
être librement accordées par
Dieu ; à marcher d'une manière
convenable à la vocation à laquelle
ils sont appelés ; à être
les imitateurs de Dieu et de son cher Fils ;
à vivre non pas pour eux-mêmes, mais
pour lui, comme n'étant point à eux,
mais ayant été rachetés
à prix.
C'est pour cette raison qu'on les avertit de
glorifier Dieu dans leurs corps et dans leurs
esprits qui lui appartiennent. En un mot, la
pratique de l'évangile, telle qu'elle est
peinte dans l'écriture, est aussi
distinguée, soit dans ses motifs, soit dans
ses fondements, de toute espèce de
moralité du monde infidèle, qu'elle
est élevée, soit dans sa nature soit
dans ses effets, au-dessus des plus hautes
prétentions de celle-ci.
C'est sous tous les rapports une vie de foi ;
sa pratique est sous l'influence et la direction
des motifs révélés par
l'évangile, et dont les lumières
naturelles ne donnent aucune connaissance. Ceux qui
n'ont point cette foi, la combattent toujours, et
la regardent comme une oiseuse et stérile
spéculation : mais ceux qui ont
partagé ses bienfaits, éprouvent
toujours qu'elle est la source unique et puissante
de toutes les oeuvres vraiment bonnes ; ils
savent qu'aucune n'est telle, quelque brillante et
estimée qu'elle soit parmi les hommes, si
elle ne provient de la foi. De sorte que la
signification propre que présente le
mot Saint
dans les
écritures, indiquant cette séparation
pour Dieu, qui appartient également à
tous les croyants, comme un don libre qui leur a
été fait en Jésus-Christ, et
dont le but révélé est la
manifestation de la gloire de Dieu, en ses
élus et par ses élus qui font son
peuple
particulier ; elle imprime un caractère
évangélique distinctif aux
exhortations et aux avertissements qui sont
donnés aux chrétiens, touchant la
sainteté de leurs voies et de leurs
procédés ; ou en d'autres
termes, les voies et les procédés des
fidèles, leur caractère et leur
conduite, sont ceux qui conviennent à
l'état de personnes séparées
par Dieu, pour des
desseins pleins de grâce et de gloire.
Paul souhaite la
grâce et la paix aux Saints de Rome. C'est la
suscription ordinaire des épîtres.
Quelquefois il y a grâce, miséricorde
et paix. La
grâce suppose l'indignité de l'objet
qui la reçoit, la miséricorde a du
rapport avec un état de souffrances, et la
paix à la fin de l'inimitié et de la
haine.
La grâce est toujours
placée la première,
parce que c'est d'elle que découlent toutes
les bénédictions par lesquelles les
hommes sont sauvés ; et parce que c'est
par elle que Dieu peut exercer sa miséricorde envers les pécheurs, et
conduire ceux qui étaient ses ennemis
à être en
paix avec lui. Aussi
le ministère des apôtres, dans la
proclamation de l'évangile, est-il
appelé le ministère de la
réconciliation. (II. Cor. V. 18-20)
Quoique la faveur de Dieu pour ceux qui l'ont
reçue par Jésus-Christ, soit toujours
la même et que leur état de paix avec
lui soit affermi, cependant le sentiment qui
répond à cette faveur, et la
conviction de cette paix, peuvent varier et
augmenter dans ceux qui les possèdent. Le
coeur peut aussi recevoir une plus grande mesure de
grâce dans son opération, et les
fidèles doivent toujours la désirer
pour eux, et l'un pour l'autre. Aussi quoique
Pierre parle à ceux à qui il a
adressé sa première
épître, comme à des élus
de Dieu, (I. Pier. I. 2)
il leur dit
ailleurs : « Que la grâce et
la paix vous soient multipliées dans la
connaissance de Dieu et de Notre Seigneur
Jésus, » (II. Pier. I. 2) et il les exhorte encore à
croître dans la grâce et dans la
connaissance de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. (
II. Pier. III. 18)
Le sentiment de la paix dans l'âme des
fidèles, augmente selon l'accroissement de
la connaissance qu'ils ont de Jésus-Christ,
et de sa suffisance complète pour
l'expiation, quoique le sang de l'aspersion
(Héb. XII. 24) les ait déjà mis en
possession de cette paix.
La grâce et la paix avec Dieu sont les plus
hautes de toutes les bénédictions.
Ceux qui sont à présent les objets de
la grâce, recevront ses effets entiers au
second avènement de
Jésus-Christ ; lorsque le dernier
ennemi, la mort, étant pour jamais abattu,
ils entreront en possession de la gloire
éternelle. Le
Seigneur donnera la grâce et la gloire.
(Ps. LXXXIV. 12)
La paix de Dieu, qui
garde les cœurs, surpasse toute intelligence.
(Phil. IV. 7) Comme la plénitude de la
grâce sera déployée aux
croyants à la révélation de
Jésus-Christ, (I. Pier. I. 13) alors aussi ils jouiront, par lui et
en lui, de cette paix d'un prix inestimable.
« Il entrera en paix, ils se reposeront
sur leurs couches, savoir quiconque aura marché devant
lui. » (Esa. LVII. 2)
L'apôtre adresse également à
Dieu le Père et au Seigneur
Jésus-Christ sa prière pour la
grâce et la paix. C'est encore une preuve de
la divinité essentielle de notre divin
Seigneur, car Dieu seul peut-être l'objet de
la prière. (Matt. IV. 9. 10) Nous trouvons surtout dans les
écritures, que les anges et les hommes
refusent toujours l'adoration. (Act. X. 25. 26. XIV. 13. i/f. Apoc. XIX 10. XXII. 8. 9) D'un autre côté, le
Seigneur Jésus est l'objet de l'adoration
des hommes et des anges, jadis sur la terre
(Matt. II, 11. XIV. 23,
XXVIII. 17. Jean. IX. 38. Luc. XXIV. 52. Héb. I. 6) et
maintenant dans
les cieux ; (Act. VII. 59. Il. Cor. XII. 8. 9. Apoc. V. 8. 13. et suivants) et il n'a jamais refusé cet
hommage. Ainsi Paul écrivant à
l'église de Dieu qui est à Corinthe,
s'adresse « aux sanctifiés en
Jésus-Christ, qui sont appelés
à être saints, avec tous ceux qui, en
quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de Jésus-Christ leur
Seigneur, et le nôtre. (I. Cor. I. 12) Car, quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera
sauvé. (Rom. X. 13) »
Les Sociniens tâchent d'éluder la
force des conséquences de l'invocation
qu'Étienne adresse au Seigneur Jésus,
en observant qu'il l'invoque comme s'il avait
été présent. Sa
présence corporelle ou invisible, ne fait
aucune différence par rapport au devoir de
l'invocation. Mais l'assertion que Jésus
était visible à Étienne quand
il le priait, est sans fondement. Il fut
véritablement visible pour lui dans le
conseil, mais nous ne voyons point dans le texte
sacré qu'il le fut également quand on
le traîna hors de la ville et qu'il fut
lapidé.
La prière d'Étienne est un acte
direct de culte divin rendu à Jésus.
Car comme recevoir à la jouissance de la
gloire une âme sortant de cette vie et
pardonner la coulpe d'un crime atroce, sont des
actes de la puissance et de l'autorité
divine, il serait évidemment
déraisonnable et contraire aux
écritures de faire de telles demandes
à quelque créature que ce fut, soit
présente, soit absente.
8.
Premièrement je rends
grâces touchant vous tous à Dieu, par
Jésus-Christ, de ce que votre foi est
renommée par tout le monde.
L'apôtre commence ici, comme dans toutes ses
épîtres, à parler, autant que
la vérité le lui permet, à la
louange de ceux à qui il écrit, et il
rapporte constamment à Dieu tout ce qui est
bon en eux. Il remercie Dieu, par Jésus-Christ.
C'est seulement par
Jésus-Christ que la prière ou les
actions de grâces, rendues par l'homme
pécheur, peuvent monter à
l'Éternel ou que nos services peuvent lui
être agréables. Les prières de
tous les saints sont présentées
« par l'Ange de l'alliance. (Mal. III. 1) C'est lui qui est entré dans
les lieux saints avec son propre sang.
(Héb. IX. 12) Il paraît devant la
présence de Dieu pour son peuple et il y est
toujours vivant pour intercéder pour lui,
(Héb. Vil. 25) et la fumée des parfums, avec
les prières des saints, montent de la main
de l'Ange vers Dieu. » (Apoc. VIII. 4)
Paul remercie Dieu de ce que la foi des croyants
à Rome était si remarquable, que l'on
en parlait partout, sans doute parce que leur foi
était manifestée par les fruits
qu'elle produisait. C'est ainsi qu'ils
répondaient à la peinture que
Jésus-Christ avait faite des croyants, et
qu'ils accomplissaient l'exhortation qu'il avait
donnée, (Matt. V. 14.16) et tel était l'heureux effet
de ce qu'ils étaient constitués en
une église qui, selon la loi de
Jésus, était séparée du
monde, et autant que l'homme peut
en juger, composée uniquement
de saints. L'apôtre, comme nous
l'avons déjà observé, ne fait
point d'exception, il remercie ici Dieu pour
tous. Ce remerciement fait à Dieu, de
ce que leur foi était renommée,
indique, d'une manière positive, que cette
foi était « le don de Dieu » :
c'est une vérité souvent
enseignée dans les écritures.
(Matt. XVI. 17. Luc XVII. 5. Act. XI. 21. XIII. 48.
XVI. 14.
Rom. XII. 3. Éph. II. 8. Phil. I. 29)
9.
Car
Dieu que je sers en mon esprit dans
l'évangile de son Fils, m'est témoin
que je fais sans cesse mention de vous (dans mes
prières.)
La prière est le langage naturel du
Chrétien ; elle est le moyen
donné aux fidèles pour communiquer
directement avec Dieu, et il y répond en
leur accordant ses bénédictions.
Lorsque Dieu adressa à Israël le
message de bienfaisance dont fut chargé
Ezéchiel, et dans lequel sont contenues des
promesses sans qu'aucune condition y soit
attachée, il ajoute cependant :
ainsi a dit le
Seigneur,
l'Éternel,
encore serai-je recherché de la maison
d'Israël pour leur faire ceci.
(Ezéch. XXXVI.
36-37)
Les infidèles n'adressent à Dieu
aucune prière qui lui soit agréable.
Ils ne connaissent ni celui qui doit être
l'objet de leur adoration, ni le moyen d'approcher
de lui. Comment
invoqueront-ils celui en qui ils n'ont point cru.
(Rom. X. 14) Il est ordonné cependant
à chacun de prier mais de prier
(Act. VIII. 22) avec foi et en suivant la
manière de s'approcher de Dieu prescrite par
l'écriture pour obtenir sa
miséricorde.
Les Israélites ne pouvaient s'approcher de
Dieu que de la manière fixée par la
loi, et il n'y a plus maintenant qu'une seule voie
pour arriver à lui. Mais lorsqu'un homme est
converti des ténèbres et est
passé à la lumière
merveilleuse de l'évangile, il reçoit
l'esprit d'adoption par lequel il crie
Abba. Père. (Rom. VIII. 15) Le Seigneur accueillit de son
approbation le premier témoignage de la
conversion de Paul : « Voilà
il prie », (Act. IX. 11-12) et en lisant les
épîtres de cet apôtre, nous
sommes conduits à remarquer à chaque
instant, combien il était occupé de
ce saint exercice, au milieu des travaux nombreux
que lui imposaient le soin des églises et
celui de sa propre subsistance.
L'apôtre Pierre se retirait à midi
pour prier en secret. (Act. X. 9)
Daniel tombait sur ses genoux trois fois par jour
et rendait grâces à Dieu.
(Dan. VI. 10) Le Psalmiste dit « Je te
prie le soir et le matin, et je te prie au milieu
du jour. (Ps. LV. 18) J'ai prévenu l'aube du jour
pour crier à toi ; j'ai
espérance en ta parole. Mes yeux ont
prévenu les veilles de la nuit, et j'ai
médité ta parole. Entends, ma voix
selon ton amour, ô Seigneur ! sept fois
le jour, je te loue à cause de tes
jugements » (Ps. CXIX. 147-164) ; mais c'est surtout
Jésus-Christ lui-même, qui nous a
donné le plus grand exemple de
l'accomplissement de ce devoir qu'il a
commandé si souvent à ses disciples.
Il passait les nuits entières en
prières.
Pour être peu exposé à la
tentation, il faut être beaucoup dans la
prière. C'est faire venir à nous le
secours si convenable aux fidèles, qui leur
a été réservé en
Christ. (Héb. IV. 16) Paul en donnant aux croyants
d'Éphèse des instructions pour qu'ils
se revêtissent de l'armure entière de
Dieu, afin de résister aux mauvais jours et
de demeurer fermes, ajoute cette conclusion
générale à tout ce qu'il leur
dit : « Priés en votre esprit
par toute sorte de prières et de
supplications, en tout temps, veillant à
cela avec une entière
persévérance. »
(Ephés. VI. 18) Priés en tout temps,
c'est-à-dire,
soyez toujours prêts à remplir ce
devoir ; (Luc XVIII. 1.) par
toutes sortes de prières et de
supplications, présentant à Dieu, tous
nos différents désirs, tout ce qui
est convenable à notre condition suivant sa
volonté ; et veillant à cela.,
pour ne point
être détourné par quelques
chose que ce soit, et cela, non pour un peu de
temps, mais avec une
entière
persévérance, avec suite.
Les croyants doivent vivre en prières, pour
ne point entrer en
tentation. C'est une
partie de leurs demandes journalières
à Dieu de vouloir préserver leurs
âmes, garder leurs cœurs et
empêcher leurs voies d'être
embarrassées ; de diriger leurs
affaires par sa bonne et sage providence,
d'empêcher qu'ils ne soient exposés
à aucune tentation accablante, et enfin, de
leur accorder l'activité, le soin et la
vigilance dans ses propres voies. C'est ainsi
qu'ils sont délivrés, tandis que les
autres seront retenus dans les liens de leur propre
folie.
L'esprit de prière est donné par Dieu
de qui proviennent tout bien et tout don parfait.
« Je
répandrai, dit le Messie, sur la maison de
David et sur les habitants de Jérusalem,
l'esprit de grâce et de supplication, et ils
regarderont vers moi, qu'ils ont
percé. » (Zach. XII. 10)
Nous voyons aussi que Paul, se servant avec
Timothée d'expressions à peu
près équivalentes, à celles
qu'il emploie ici, rend grâces à Dieu
de ses propres prières, comme David le
remercie d'avoir été capable d'offrir
volontairement de construire son temple.
(II. Tim. I. 3. I. Chron. XXIX. 14)
L'écrivain sacré appelle ici,
à témoin de la vérité
de ce qu'il déclare, le Dieu qu'il servait
avec sincérité dans l'évangile
de son Fils ; on voit par là que dans
des occasions convenables et solennelles, on peut
faire cette haute invocation et introduire le nom
de Dieu, (Héb. VI. 16) mais ceux qui se servent
légèrement de ce saint Nom dans la
conversation commune et dans des occasions
indifférentes, comme dans l'expression
mon Dieu,
doivent se rappeler
que « l'Éternel ne tiendra point
pour innocent celui qui aura pris son Nom en
vain. » (Exod. XX. 7)
Ceux qui ont contracté cette criminelle
habitude ou se servent de ces expressions :
Ma foi, etc.,
doivent
considérer attentivement ce que nous
enseigne sur ce sujet important le Seigneur.
(Matthieu V. 34. 37.) Le
péché de ceux qui font un usage
léger et inconsidéré de cette
locution mon Dieu,
ce
péché est grave au-delà de
toute expression.
La profanation du nom de Dieu dans les discours
familiers est en particulier incompatible avec les
craintes que doit inspirer ce Nom
glorieux,
(I. Chron. XXIX.13)
ce Nom grand et
terrible car il est
saint. (Ps. XCIX. 3) Il est beaucoup de personnes qui ne
savent point assez combien ce péché
est horrible. Une religion fondée sur des
principes et des vues mondaines peut
aisément s'accorder avec une telle
conduite ; mais ceux qui sont convaincus du
mal qu'il y a à tout péché,
considéré comme une rébellion
contre Dieu et une désobéissance
à ses ordres, ceux-là connaissent
quelle est la coulpe et l'impiété de
cette abominable coutume. La religion qui est
l'ouvrage du Saint-Esprit de Dieu et qui consiste
à recouvrer son image effacée dans
les âmes, ne pourra jamais supporter une
violation aussi directe de l'autorité
sacrée de l'Éternel, une attaque
aussi criminelle contre son honneur et sa gloire.
« Or sur toutes choses, mes
frères, ne jurez point, ni par le ciel ni
par la terre, ni aucun autre serment ; mais
que votre oui, soit Oui, et votre non, Non, afin
que vous ne tombiez point sous la
condamnation. » (Jacq. V. 12)
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