Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains


CHAPITRE III.

1-2. Quel est donc l'avantage du Juif, ou quel est le profit de la Circoncision ? il est grand en toute manière, surtout en ce que les oracles de Dieu lui ont été confiés.

Après ce qui a été dit dans le chapitre précédent, relativement aux Juifs, on peut demander ici, quels étaient donc leurs avantages, et quel profit leur revenait de la Circoncision ; l'Apôtre répond qu'ils étaient grands sous tous les rapports, mais que le premier d'entr'eux était que les écritures, nommées les oracles (
1) de Dieu ou les oracles vivants, (Act. VII. 39) avaient été confiées à Israël. Dieu n'avait traité aussi favorablement aucun autre peuple. La lumière de la révélation divine n'avait été transmise aux autres nations que par une tradition orale, et attendu la perversité et la corruption de l'homme, elle avait été bientôt corrompue et presque totalement perdue. Mais l'histoire de l'état originel de l'homme, de l'entrée du péché, la déclaration de la miséricorde promise à Adam, et tout ce qui est relatif à l'histoire de la rédemption, jusqu'à l'époque où par la vocation d'Abraham, une lumière nouvelle fut ajoutée à la première ; les œuvres de Dieu en faveur de leurs pères, la loi qui leur fut donnée lorsqu'ils furent établis en corps de nation, les révélations subséquentes faites aux prophètes relativement au Messie, toutes ces choses avaient été confiées aux Israélites. Ainsi les écritures, dans lesquelles ils espéraient avoir la vie éternelle, puisque les témoignages du Messie y étaient contenus, non-seulement étaient remises à la garde des Juifs, pour leur propre instruction, mais ils en étaient encore les dépositaires pour tout le reste du monde.

3-4. Car qu'est-ce, si quelques-uns n'ont point cru ? Leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? Non sans doute ; mais que Dieu soit véritable et tout homme menteur selon ce qui est écrit ; afin que tu sois trouvé juste en tes paroles, et que tu aies gain de cause quand tu es jugé. (2)

On pouvait objecter à l'assertion précédente, que ces avantages étaient inutiles, d'après ce que l'Apôtre avait dit plus haut, que les Juifs n'avaient cru en Dieu. Il réplique ici que cette accusation ne portait pas sur tous, et demande que devait-il arriver si quelques-uns, quel que fût leur nombre, petit ou grand, n'avaient point cru ? Leur incrédulité devait-elle rendre vaine la fidélité de Dieu à ses promesses et à ses menaces, de telle sorte que ce qui avait été fait pour cette nation ne lui fût pas avantageux, parce que tous n'auraient point cru ?
Bien au contraire, la fidélité de Dieu était justifiée, quoique la plus grande partie d'Israël eût avec obstination et méchanceté rejeté le divin Sauveur ; il avait accompli les promesses qu'il avait faites à leurs pères, et puisqu'ils n'avaient pas voulu se soumettre à lui qui était « la semence d'Abraham », ils ne pouvaient accuser Dieu d'avoir manqué à sa parole, parce que malgré leur désobéissance et leur perversité, il ne leur avait continué sa faveur spéciale. Non sans doute ! que chacun plutôt reconnaisse la véracité et la fidélité de Dieu, quoiqu'il soit obligé de convenir que tous les hommes sont menteurs, et que le blâme de la réjection du Messie, reste sur les Juifs et sur leur hypocrisie, sans même que l'on suppose qu'il puisse atteindre à la fidélité de Dieu. Ainsi l'Éternel était pleinement justifié de toutes les accusations que la présomption et l'aveuglement des hommes dirigent contre son juste gouvernement, ainsi le blâme qui pouvait résulter de ce que les avantages de l'ancienne alliance ne leur avaient pas été aussi utiles qu'ils devaient l'être, ne pouvait être encouru que par les Juifs eux-mêmes.

5-8. Or si notre injustice recommande la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n'est-il pas injuste quand il punit ? (Je parle en homme) Non sans doute. Autrement comment Dieu jugera-t-il le monde ? Et si la vérité de Dieu par mon mensonge est plus abondante pour sa gloire, pourquoi suis-je encore condamné comme pécheur ? Mais plutôt, (selon que nous sommes blâmés et que quelques-uns disent que nous disons) pourquoi ne faisons-nous du mal afin qu'il en, arrive du bien ? desquels la condamnation est juste. (3)

L'Apôtre prévient ici une autre objection qu'on pourrait lui faire.
Je parle comme un homme, dit-il ; c'est-à-dire, que l'impiété naturelle aux hommes et leur défaut de respect pour la Divinité, doivent les conduire ordinairement à faire des objections contre elle.
Cette objection est la suivante. Si notre injustice montre évidemment la nécessité et l'excellence de la
justice de Dieu, pour la justification de l'homme, ne ferait-il pas injuste, (4) s'il prenait vengeance sur nous d'actions qui ont été l'occasion éventuelle de la manifestation de sa gloire ? Telle est la conclusion que Paul rejette avec horreur. S'il était ainsi, comment Dieu jugerait-il le monde ? (5) Comment pourrait-il punir aucun criminel ?

Malgré cette réponse faite dans le
verset 6, l'Apôtre suppose encore que l'on insiste en disant que Dieu serait injuste s'il se vengeait des incrédules, parce que si sa fidélité est manifestée par leur incrédulité, pourquoi seraient-ils cependant jugés comme des pécheurs, et pourquoi ne pourraient-ils pas, d'après cette idée, faire du mal pour qu'il en arrivât du bien ?
Le développement de

cette objection, en fait connaître l'affreuse nature qui ne va pas à moins qu'à légitimer la délibération formelle de commettre le péché, ce qui étant une rébellion directe contre Dieu, ne peut être justifié par aucun bien qui puisse en résulter ; aussi l'Apôtre croit qu'il est suffisant de déclarer que c'est calomnieusement qu'on lui impute la doctrine qu'on peut faire le mal pour qu'il en arrive du bien, et quant à ceux qui soutiennent ce principe, si choquant en lui-même, et dont les conséquences sont si destructives, il prononce sans argumenter plus longuement, que leur condamnation est juste. (
6)
Dieu peut justement punir, et il punira assurément les pécheurs qui cependant lui ont fourni des occasions de manifester sa gloire, d'une manière plus remarquable, et ainsi il prendra occasion de la rébellion des hommes pour déployer ses propres perfections de la manière la plus avantageuse, encore que l'intention des transgresseurs et le but de leur conduite y soient directement opposés.


9. Quoi donc, sommes-nous plus excellents ? Nullement, car nous avons ci-devant convaincu que tous, tant Juifs que Grecs, sont assujettis au péché.

L'Apôtre a répondu à la question qu'on lui a faite relativement aux avantages supérieurs des Juifs ; il demande s'ils sont meilleurs que les Gentils ; il répond que sous aucun rapport, ils n'étaient meilleurs, parce qu'il avait déjà prouvé que tous, tant Juifs que Gentils, sont sous le péché, c'est-à-dire, sous la condamnation du péché.
Dans le premier et le second chapitres, L'Apôtre a établi par le fait, que tous les hommes excepté ceux qui obéissent à la vérité sont sous le péché, il va le confirmer, en rappelant divers passages de l'ancien Testament pour fixer plus pleinement cette imputation et spécialement pour en convaincre les Juifs.

10. Selon qu'il est écrit, (7) il n'y a point de juste, non pas même un seul.

Cette citation tirée des Ps. XIV et LII, (
Ps. XIV. 1. 3. Ps. LIII. 1.4) prouve qu'il n'y a aucune exception à cette décision, et qu'aucun homme n'est juste.

11-12. Il n'y a personne qui ait de l'intelligence, personne qui recherche Dieu, Ils se sont égarés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles il n'y en a aucun qui fasse le bien, non pas même un seul. (8)
Ce que Paul a appliqué aux Gentils, (
Ephés. IV. 18.) il l'applique ici également aux Juifs et aux Gentils. Leur entendement était obscurci, ils étaient éloignés de la vie de Dieu, à cause de leur ignorance, qui était en eux par l'endurcissement de leur cœur, (9) Tout mal vient de la dépravation des hommes, de leur endurcissement naturel. (Esa. VI. 10. II. Cor. IV. 4. II. Cor. III. 15) C'est pour cela qu'ils appellent le mal, bien, et le bien, mal ; qu'ils font les ténèbres, lumière, et la lumière, ténèbres ; qu'ils font l'amer, doux, et le doux, amer ; (Esa. V. 20) que les choses de l'esprit de Dieu sont une folie pour eux, (I. Cor. I. 18 et II. 14) pendant que la sagesse du monde est une folie devant Dieu. (I. Cor. III. 19)

La conséquence de ce défaut total d'intelligence, qui vient de la dureté du cœur, est que personne dans l'état naturel ne cherche Dieu ; que tous les hommes ignorent leur perversité, leurs défauts et leur misère, et que ce qui est bon, ne peut jamais être trouvé qu'en Dieu ; c'est ainsi que tous sont sortis de la voie du devoir et du bonheur, que tous sont indignes et corrompus et qu'ainsi
nul homme ne fait le bien, non pas même, un seul.

13-14. C'est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils ont frauduleusement usé de leurs langues ; il y a du venin d'aspic sous leurs lèvres. Leur bouche est pleins de malédiction et d'amertume.

L'éloignement où les hommes sont de Dieu et l'état dépravé de leurs cœurs est manifesté par leurs paroles et leurs actions : les organes de la parole sont tous pervertis pour servir le péché. Leur gosier est comme un sépulcre ouvert d'où sortent des vapeurs pernicieuses, des discours impurs. Ils se servent de leurs langues pour flatter et pour tromper. Le poison mortel des reptiles venimeux est caché sous leurs lèvres et en sort pour ternir, pour déchirer, pour détruire la réputation de leur prochain d'une manière couverte et insidieuse. Leur bouche, lorsqu'ils parlent franchement, est pleine de malédictions et d'amertume. (Ps. V. 10. Ps. X. 7. Ps. CXL. 4)

15-17. Leurs pieds sont légers pour répandre le sang. La destruction et la misère sont dans leurs voies. Ils n'ont point connu la voie de la paix.

L'Apôtre parle ici de la férocité des hommes qui remplit tout le monde d'animosité, de querelles, de haines, dans les relations particulières de famille et de voisinage ; de violences, de guerre et de meurtres, dans les rapports des sociétés. Les animaux les plus féroces ne détruisent pas autant d'êtres de leurs espèces, pour apaiser leur faim, que l'homme ne tue de ses semblables, pour rassasier ses passions, son ambition ou sa vengeance. (Prov. I. 16. Esa. LIX. 3. 7. 8)

18. La crainte de Dieu n'est point devant leurs yeux.

Après avoir énuméré les vices de l'humanité, en commençant par son peu d'intelligence et sa négligence à chercher Dieu, l'Apôtre les réduit ici à leur cause première. C'est que l'homme n'a point la crainte de Dieu devant les yeux : qu'il ne l'aime pas, ne rend pas à son caractère la vénération qu'il lui doit, et ne respecte pas son autorité. (
Ps. XXXVI. 2)

On ne peut faire une description plus frappante de la profondeur de la dépravation humaine, et de ses funestes conséquences, que celle que l'Apôtre présente dans cet assemblage de passages des saintes écritures de l'ancien Testament. Tous les hommes dans leur état naturel, sont représentés comme rebelles à Dieu, et faisant de leurs membres des instruments d'iniquité. (
Rom. VI. 13. 17)
Il montre d'abord, comme l'origine de tout mal, leur perversité intérieure et en général l'absence de tout bien, dans l'homme naturel. Il montre ensuite les maux causés par l'abus de la parole, sous quatre chefs particuliers, les discours obscènes, (
Eph. IV 29) le mensonge, (Ps. LVIII. 4. 5. Jér. IX.2. 3) la calomnie, (Ps. L. 19. 20) les malédictions ; (Ps. LIX. 13. Jer. XXIII. 10. Osée IV. 2. Ps. CIX. 17) parce que, comme le dit l'Apôtre Jacques, en parlant de la langue qui produit au dehors tout le mauvais trésor du cœur, « la langue aussi est un feu et un monde d'iniquité. Car la langue est telle entre nos membres, qu'elle souille tout le corps, et enflamme tout le monde qui a été créé, étant elle-même enflammée du feu de la Géhenne. (Jacq. III. 6)

Paul décrit encore la méchanceté des hommes dans leurs actions, leurs querelles, leurs violences, leurs homicides, et déclare enfin le mépris qu'ils font ouvertement de la loi de Dieu. Tout cela est conforme à la déclaration de celui dont les yeux sont comme « une flamme de feu, qui sonde les cœurs et les reins, et qui connaît les ouvrages des enfants des hommes. » Car du dedans, c'est-à-dire, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les larcins, les mauvaises pratiques pour avoir le bien d'autrui, les méchancetés, la fraude, l'impudicité, le regard malin, les discours outrageux, la fierté, la folie ; tous ces maux sortent du dedans et souillent l'homme. (
Marc. VII. 20. 23)

Tel est l'état de la nature humaine, tant que le cœur n'eu point changé, tant que l'homme n'est pas lavé par Dieu de ses impuretés, et que Dieu ne lui a pas ôté son cœur de pierre pour lui donner un cœur de chair et un nouvel esprit. (
Ezech. XXXVI. 26. 27)
D'après tout cela, on peut se faire une faible idée de ce que sera dans le monde à venir, la condition de ceux qui périssent, à qui l'évangile est voilé, « desquels le Dieu de ce siècle a aveuglé les entendements, c'est-à-dire, des incrédules, afin que la lumière de l'évangile de la gloire de Christ, lequel est l'image de Dieu, ne leur resplendît point. » (
II. Cor. IV. 3. 4) Alors les différents obstacles qui opèrent d'une manière si étendue dans cette vie, seront éloignés, et la dépravation naturelle de l'homme tombé, éclatera dans toute son horrible méchanceté.

19. Or nous savons que tout ce que la Loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Dieu.

Ce que la loi écrite disait de tous les hommes devait nécessairement être appliqué aux Juifs qui étaient sous la loi, mais il n'était point dit que ce ne fût applicable qu'à eux.
La révélation de Dieu qui contient sa loi, est relative, sous la qualification générale d'homme, à toute la race d'Adam, et elle commence par l'histoire des ancêtres communs aux Juifs et aux Gentils.
Le but de l'Apôtre, dans ce passage, n'a donc pas été de donner aux Juifs l'application de ce que les saints livres contenaient, mais de leur montrer qu'ils y étaient compris, parce qu'ils pouvaient être disposés à le nier. Cela est clair par la dernière partie de ce verset, qui est exprimé dans les termes de l'universalité la plus complète :
Que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Dieu, et cela prévient encore l'objection qu'ils pouvaient présenter en prétendant que la loi, même en parlant d'eux, ne les comprenait pas tous, mais seulement des individus particuliers de leur nation.
C'est de la même manière que quelques personnes cherchent de nos jours, à éluder la force de ces passages, en disant qu'ils ne sont point applicables à tous les hommes, mais seulement aux Juifs. Mais pour réfuter cette opinion, qui ne naît que de ce que ceux qui la font s'entretiennent dans une ignorance complète de l'état de leurs cœurs, il suffit de leur faire observer que les expressions qu'emploie l'Apôtre, renferment tous les individus de la race humaine, autant qu'il est possible à des mots d'exprimer une idée. Il est dit au
verset 10. Il n'y a point, non pas même un seul ; au verset 11. Personne, Personne ; au verset 12. Tous, Tous ensemble, Aucun, Pas un seul, et dans sa conclusion, Toute bouche ; Tout le monde, Nulle chair. Ainsi par la loi, le péché est découvert et condamné. Cette règle parfaite fait connaître le mal dans les dispositions et dans les actions des hommes, et par conséquent, elle condamne le pécheur comme coupable au lieu de prononcer qu'il est juste, et tout le monde est trouvé coupable devant Dieu.

20. C'est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui, par les œuvres de la loi, car par la loi, est donnée la connaissance du péché.

Comme Paul vient de prouver, non-seulement en rappelant le fait, mais encore par les écritures de vérité, que tout le monde est coupable devant Dieu, il arrive à sa conclusion générale : c'est que les œuvres de la loi, soit qu'elle ait été donnée à l'homme dans les livres saints, ou qu'elle soit écrite dans son cœur, ne pourront le justifier devant Dieu. Cela est évident, puisque c'est la loi qui donne la connaissance du péché.

Où il n'y a point de loi, il n'y a point aussi de transgression, (
Rom. IV. 15) mais la loi de Dieu étant la règle des devoirs de l'homme et aucun homme ne se conformant exactement à ce modèle, il est prouvé que tout homme est un violateur de la loi, il est donc impossible qu'aucun soit justifié par les œuvres de cette loi.
L'Apôtre rappelle ici ces paroles du Psalmiste. « 
N'entre point en jugement avec ton Serviteur, car nul homme vivant ne sera justifié devant toi. (Ps. CXLIII. 2) »
Le Roi Prophète parle ici de lui-même et quoiqu'il fut serviteur de Dieu, il le prie de ne point le juger par la loi, de ne point l'appeler en jugement pour décider de son sort d'après son obéissance. « 
Comment l'homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort ? Si Dieu veut plaider avec lui, de mille articles il ne saurait répondre sur un seul. (Job. IX 2. 3) Certainement il n'y a point d'homme juste sur la terre qui agisse toujours bien et qui ne pèche point. (Eccl. VII. 20) »

Notre Apôtre déclare aux Galates la même vérité : « mais tous ceux qui font des œuvres de la loi, sont sous la malédiction, car il est écrit, maudit soit quiconque ne persévère dans toutes les choses qui sont au livre de la loi pour les faire, or que par la loi
, personne ne soit justifié devant Dieu, cela paraît par ce qui est dit que le juste vivra de la foi. (Gal. III. 10. 11»

21. Mais maintenant la justice de Dieu est manifestée sans la Loi, lui étant rendu témoignage par la loi et par les prophètes.
En suivant les traces indiquées par la loi, nul homme ne pourrait être relevé des effets de la colère de Dieu qui est révélée des cieux, contre toute espèce d'impiété et d'injustice. (Rom. I. 18) Cela étant prouvé, l'Apôtre commence à éclaircir sa première proposition que l'évangile est la puissance de Dieu en salut à tout croyant.
Cette justice, à laquelle Dieu a pourvu pour les coupables est maintenant enfin manifestée, par la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ d'entre les morts ; cette justice est sans la loi, elle n'a rien de commun avec l'obéissance personnelle des hommes envers la loi, et ne peut être obtenue par les œuvres de la loi. Elle parvient à l'homme par une voie tout-à-fait différente. Quoiqu'elle ne vienne point de la loi, puisqu'alors Christ serait mort inutilement, (Gal. II. 21) la loi et les prophètes lui rendent partout témoignage. C'est toujours leur but et leur dessein. Ils montrent la nécessité de cette justice, en prouvant par l'histoire de l'homme que depuis sa chute, il est pécheur et qu'il ne peut être justifié par l'obéissance à cette loi qu'il a transgressée. Ils lui rendent encore témoignage, par les promesses, les types, les prophéties, qu'ils rapportent et qui sont tous relatifs au Messie et à cette justice de Dieu.

22-23. La justice, dis-je, de Dieu par la foi en Jésus-Christ, s'étend à tous et sur tous ceux qui croient, (car il n'y a nulle différence vu que tous ont péché, et qu'ils sont entièrement privés de la gloire de Dieu) étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ.

Cette justice de Dieu à laquelle la loi et les prophètes rendent témoignage, par laquelle l'homme est justifié, ne lui est point attribuée à cause de quelque œuvre de justice qu'il ait pu faire par obéissance à la loi. (
Tit. III. 5) Mais elle est reçue par la foi seule. Elle est étendue, imputée ou allouée à tous ceux qui croient le témoignage de Dieu, lequel il a rendu de son Fils, (I. Jean V. 9) et est placée sur eux pour les couvrir comme un vêtement. (Esa. LXI. 10) Ceux qui reçoivent de cette manière cette justice, sont justifiés librement par la grâce ou la faveur de Dieu. On ne peut exprimer plus fortement que cette justification est accordée sans le moindre rapport à aucune chose faite par l'homme, à aucun mérite de sa part.
Il ne possède rien qui lui donne aucun droit à l'obtenir ; il ne peut y avoir aucune prétention qui vienne de la repentance, ou de rien qui lui appartienne ; elle vient par la grâce, c'est la seule source d'où dérive la justification, et
si c'est par la grâce, ce n'est plus par les œuvres, autrement la grâce n'est plus la grâce. (Rom. XI. 6) Et de peur que l'on n'imaginât que la grâce n'agit pas dans ses opérations, aussi bien que dans le choix de ses objets, conformément à son caractère d'une bonté souveraine et imméritée, l'Apôtre ajoute le mot gratuitement. Ce mot exclut toute considération d'aucune chose qui puisse être dans l'homme la cause ou la condition de la justification. Le moyen de la recevoir est la foi, et nous verrons dès le commencement du chapitre suivant, (Rom. IV. 4. 5) que la foi est mise en opposition avec toute espèce d'œuvres, et au verset 16, que c'est donc par la foi, afin que ce soit par la grâce. (Rom. IV. 16)

Pour fortifier encore plus cette proposition, de crainte que l'on ne pensât que cette voie de justification ne fut pas la seule, et que les hommes pussent être justifiés de quelque autre manière, l'Apôtre met une parenthèse à la fin du
verset 22. Car il n'y a point de différence, vu que tous ont péché et qu'ils sont entièrement privés (10) de la gloire de Dieu. Quelque distinction qu'il y ait entre les hommes, soit Juifs, soit Gentils, soit qu'ils conservent de la décence dans leurs actions extérieures, soit qu'ils s'abandonnent entièrement au vice, il n'y a point de différence entr'eux, en ceci : c'est qu'ils sont tous coupables, et tous condamnés par la loi de Dieu.
Ils ont le même besoin de ce mode de justification, par la raison évidente qu'ils ont tous transgressé la loi de Dieu et qu'ils ne parviennent pas à lui rendre la gloire qui lui est due.
Dans chaque moment de la vie de l'homme, il reste éloigné de l'amour de Dieu, que la loi lui commande d'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée ; chaque instant il s'écarte de cette obéissance
complète que cette loi demande nécessairement. Ceux qui croient sont donc justifiés gratuitement par la grâce de Dieu, par la rédemption en Jésus-Christ.

Le mot
rédemption signifie en général, une délivrance et quelquefois une délivrance opérée par le pouvoir. Ainsi Dieu racheta Israël d'Egypte par sa grande puissance, (Néh, I. 10) et la résurrection du corps, par un acte de la puissance divine, est appelée une rédemption ; (Rom. VIII. 22) mais il signifie plus particulièrement une délivrance procurée par un prix, comme celle des esclaves, des prisonniers, des condamnés, lorsqu'ils sont délivrés du servage, de la captivité, ou de la mort, au moyen d'une rançon. C'est ici le sens de ce mot.

L'homme s'est révolté contre Dieu et a encouru la condamnation de sa juste loi ; mais Dieu par sa grâce libre et son infinie miséricorde, a substitué à la place des coupables, son propre Fils, a transféré d'eux à lui, l'obligation de satisfaire à la peine, a fait que le
seul juste, souffrit pour les injustes, et qu'il portât la punition de leurs péchés, en son corps, sur le bois. (I. Pier. III. 18) Les écritures représentent souvent la mort ou le sang de Christ, comme un prix de rachat : les croyants ont été rachetés à un haut prix : ils sont rachetés par le sang ; ils obtiennent la rédemption par son sang. (Matth. XX. 28. I. Cor. VI. 20. Gal. III. 13. Ephes. I. 7. I. Pier. I. 18. 19. Apoc. V. 9) Ainsi son peuple est justifié par la médiation du Fils de Dieu, par son obéissance, et son intercession au prix de son sang et de sa mort. Car Christ est la fin de la loi en justice à tout croyant.
Il est dit ici que les croyants sont justifiés par la grâce. Il est dit aussi qu'ils sont justifiés par le sang de Christ, (
Rom. V. 9) et qu'ils sont justifiés par la foi ; (Rom. V. 1) ces trois expressions différentes, n'indiquent que la manière dont un même bienfait est accordé. La grâce est la source de la justification : le sang de Christ en est la cause méritoire, et la foi, le moyen de recevoir cette bénédiction.


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(1) Les Grecs se servaient de ce mot ,
Oracles, pour désigner les réponses que leurs Divinités, ou plutôt les Prêtres consacrés à leur culte, faisaient à ceux qui les consultaient, surtout quand ces réponses étaient faites en prose.
Ici il désigne la totalité de l'ancien Testament. Moïse par inspiration divine mit par écrit les révélations que Dieu avait faites jusqu'à son temps, depuis le commencement du monde.
Celles que Dieu voulut faire depuis sous la dispensation Mosaïque par le moyen des prophètes juifs, furent consignées par eux dans des livres, et confiées à la nation d'Israël, pour son avantage et pour celui du monde. Comme c'était le principal privilège qu'eussent les Juifs, c'est le seul qui soit mentionné ici par l'Apôtre. C'est ainsi que le Psalmiste a donné la parole de Dieu comme le privilège distinctif des Israélites. « Il déclare ses paroles à Jacob et ses statuts et ses ordonnances à Israël, il n'a point fait ainsi à toutes les nations. »
Ps. CXLVII. 19. 20. L'emploi que l'Apôtre fait ici du mot Oracles, qui signifie un discours ou une réponse de Dieu, est une nouvelle preuve que toutes les écritures de l'ancien Testament sont la parole de Dieu.

(2)
Quand tu es jugé, ou plutôt comme on peut le traduire, quand tu juges, ce qui est conforme au Ps. LI. 6 d'où cette citation est tirée ; les menaces de Dieu relativement auxquelles David justifiait Dieu, ou le reconnaissait juste, étaient celles que Nathan lui avait faites de la part de Dieu en censurant ses péchés (II. Sam. XII. 9) et le jugement de Dieu était la punition qui fut infligée à David par Dieu, en exécution de ce qu'il lui avait annoncé. Dans cette punition, le Roi-Prophète avoue la vérité et la justice de Dieu, et la reconnaît en recevant son châtiment avec humilité.

(3) Le caractère romain indique dans ce paragraphe, les réponses que fait l'Apôtre à un interlocuteur supposé.

(4) Par respect pour la majesté de Dieu, l'apôtre cherche à adoucir la supposition qu'il est injuste ; aussi la met-il sous la forme d'une question. Dieu ne serait-il pas injuste ? Il ajoute qu'il parle comme un homme qui veut faire une objection ; il l'interrompt ensuite en niant énergiquement cette assertion sur le fondement que Dieu est le juge du monde.

(5) L'idée d'un jugement universel comprend celle qu'il sera fait avec justice. Car si une seule personne avait à se plaindre d'une injustice faite dans cette occasion, ce ne serait plus un jugement, mais un exercice inconvenant du pouvoir, par lequel le juge serait déshonoré. C'est d'après cette idée qu'Abraham dit à Dieu ;
Celui qui juge toute la terre ne fera-t-il point justice ? Gen. XVIII 25.

(6) L'Apôtre enseigne ici positivement que l'on ne peut jamais faire les choses qui sont mauvaises en elles-mêmes, sous le prétexte d'en tirer quelque bien. Si ce principe était adopté, il n'est point de si grands crimes que l'on ne pût justifier.
(7) Les apôtres en citant des passages de l'ancien Testament, s'attachent au sens plus qu'à la lettre.

(8) L'expression traduite par dureté,
Ephés. IV. 18. signifie le calus ou le ciment naturel qui joint les parties d'un os rompu ; cette substance dure par laquelle elles sont réunies. Ce mot est aussi employé dans Marc III. 5. et dans cette épître XI. 25.

(9)
Je disais en ma précipitation, tout homme est menteur. Ps. CXVI.11. Ce Psaume se rapporte aussi aux souffrances du Rédempteur. C'est le Messie qui y parle et au moment où il est prêt à accomplir le vœu qu'il a fait à son père et l'oeuvre qu'il a entreprise (Ps. XL. 6. 7) il se plaint d'avoir été abandonné de ses disciples au milieu de ses afflictions et de ses épreuves. J'ai dit dans mon agitation, tous les hommes me manquent et dans les trois versets suivants, il s'encourage lui-même, par la considération de la fidélité de son père.

(10)
. Ce mot est proprement appliqué à ceux qui, manquant de force dans une course, sont hissés en arrière.

 

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