Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE III.

(suite)

24-26. Lequel Dieu, a établi de tout temps pour être une victime de propitiation, par la foi, en son sang, afin de montrer sa justice par la rémission des péchés précédents, selon la patience de Dieu ; Pour montrer, aussi, sa justice dans le temps présent, afin qu'il soit trouvé juste, et justifiant celui qui est de la foi de Jésus. (1)

La doctrine de l'expiation, est ici clairement établie ; la tolérance de Dieu dans la rémission des péchés précédents, est mise en opposition avec sa justice, qui est déclarée, dans le temps présent, par le pardon qu'elle accorde dans le sang de Christ.
Le mot traduit par
propitiation, signifie proprement le propitiatoire. (2) L'Apôtre l'applique ici au Christ et montre ainsi qu'il est le vrai propitiatoire, qu'il est la réalité de ce qui était représenté dans l'ancienne alliance, lorsque le grand prêtre d'Israël, arrosait du sang des sacrifices, dans le jour des expiations, le propitiatoire où Jéhovah avait promis de se trouver avec son peuple. Le pardon miséricordieux de Dieu, accordé à Israël, lui était donné du propitiatoire, lorsqu'il était arrosé de sang sept fois, ce qui signifiait la plénitude et la suffisance du sacrifice qui était demandé pour l'expiation des péchés : C'est ainsi que dans la nouvelle alliance, Dieu a établi Christ pour être le propitiatoire, par la foi, en son sang, ce qui fait voir clairement que si Dieu n'avait point eu égard au sang de Christ, versé pour les péchés des hommes, il ne leur eût point pardonné leurs fautes ; ainsi ceux qui vont à Dieu pour chercher la miséricorde, par le sang de Jésus-Christ, ceux-là seulement trouveront la miséricorde et la rémission des péchés pour la vie éternelle, que nul n'atteint par un autre moyen.

Comme il n'aurait pas été nécessaire d'arroser le propitiatoire de sang, si Dieu avait voulu seulement déclarer sa miséricorde et non sa justice en même temps, il est clair que ce n'était ni la miséricorde ni la repentance, mais le sang, et le sang même de Christ qui était nécessaire pour l'expiation du péché de l'âme.
La sagesse divine avait réglé, d'après cela, que Christ, le vrai propitiatoire, serait arrosé de sang, et de son propre sang, et que Dieu le demandait ainsi pour montrer, non sa miséricorde mais sa justice, dans la rémission des péchés. L'Apôtre, en effet, ne dit point, qu'en pardonnant les péchés, Dieu a été miséricordieux, mais qu'il a été juste ; ce n'était point la miséricorde, mais seulement la justice de Dieu qui était un obstacle à ce que les pécheurs fussent justifiés à ses yeux ; car sans doute, Dieu est aussi essentiellement juste et saint, qu'il est bon et miséricordieux, et c'est pour cela que les droits, non de sa miséricorde, mais de sa justice, devaient nécessairement être satisfaits, avant que les hommes pécheurs fussent délivrés de la malédiction de la loi divine ; et comme ils étaient incapables d'opérer cette satisfaction par eux-mêmes, Dieu qui est riche en miséricorde, a donné son propre Fils pour la faire à leur place.
Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné, son Fils unique, afin que, quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. (Jean III. 16)

La vérité contenue dans les versets dont nous nous occupons, c'est que Dieu a donné la démonstration la plus claire de sa justice, en établissant son Fils pour être le vrai propitiatoire, par qui les pécheurs ont accès auprès de lui, par la foi en son sang. Cette justice aurait pu paraître obscurcie, s'il avait avec tant de longue attente souffert les péchés des hommes, sans leur montrer une preuve suffisante de sa haine pour le péché. Le sacrifice de Christ, affranchit la justice de Dieu du reproche qu'on aurait pu lui faire, non-seulement de n'avoir pas infligé sur-le-champ, la peine aux pécheurs, (
Eccl. VIII. 11) mais, au contraire, d'en avoir reçu plusieurs dans sa faveur. (Act. XVII. 3. Héb. IX. 15) Si Dieu n'avait eu égard à cette expiation future, ils auraient du être tous punis immédiatement d'après sa justice ; mais à cause de cette propitiation, il différait l'exécution de sa sentence, tous les hommes étaient placés sous une dispensation de miséricorde, et plusieurs la recevaient. La tolérance de Dieu dans la rémission des péchés passés, est donc mise en opposition avec sa justice, qui était alors manifestée, par le mode même de pardonner ; de sorte que Dieu montrait qu'il agissait avec la justice la plus rigoureuse, en même temps que les pécheurs étaient justifiés par leur croyance en Jésus.
Ainsi en remettant la punition justement méritée par les péchés passés, Dieu n'a eu égard, ni à la repentance, ni aux bonnes œuvres de ses serviteurs qui ne pouvaient satisfaire sa justice, ni aux sacrifices légaux, qui ne pouvaient
ôter le péché ; il n'a considéré que le divin Garant de la nouvelle alliance et l'expiation qu'il a consommée. C'est pour cela que dans la plénitude des temps, ce sacrifice fut offert, cette justice introduite, ce mode de justification publié dans le monde, afin que Dieu fit connaître qu'il était un gouverneur juste et droit, quoique cependant il justifiât ceux : qui croyaient en Jésus.

27. Où, est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclus. Par quelle loi ? Est-ce par la loi des œuvres ? Non. Mais par la loi de la foi.

Paul a démontré quelle est la seule voie par laquelle l'homme puisse
être Juste devant Dieu. (Job IX. 2) Il a prouvé que ce n'était pas par sa propre justice par la loi, mais par celle qui est de la foi en Christ, la justice qui est de Dieu par la foi. (Phil. III. 9) II peut bien dire à présent : où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclus. Par quelle loi, d'après quelle doctrine, quelle règle de jugement, est-il exclus ? Est-ce par celle des œuvres. Non, car si les œuvres étaient admises, fut-ce dans le plus faible degré, pour opérer, pour avancer ou pour aider la justification de l'homme, il pourrait avoir en quelque proportion, sujet de se glorifier ; il lui ferait permis de le faire pour avoir accompli une loi qui exigerait des œuvres comme condition de la justification, parce que si l'homme est justifié par une loi, il doit lui avoir obéi parfaitement, et il aurait le droit de s'en glorifier. Mais non ; ce droit est exclus parce que la justification est reçue par la foi, et qu'il est clair, qu'avoir cru un témoignage, n'est pas un sujet de se glorifier.

28-29. Nous concluons donc que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs, ne l'est-il pas des Gentils ? Certes, il l'est aussi des Gentils, car il y a un seul Dieu qui justifiera par la foi la circoncision, et l'incirconcision aussi au moyen de la foi.

L'Apôtre tire de tout ce qu'il dit jusqu'ici, cette conclusion claire et incontestable, que l'homme est justifié par la foi sans les œuvres de la loi, et que, comme Dieu est également le Dieu des Juifs et des Gentils, (3) les uns et les autres sont justifiés d'une même manière.
Les uns et les autres le seront par la foi, ou au moyen de la foi, ce qui veut dire la même chose : c'est par la foi, au moyen de la foi, et non pour la foi ni à cause de la foi, que l'homme reçoit la justice de Christ, pour lui être comptée comme la cause mémoire pour laquelle il est justifié.

Dans différentes parties de l'écriture, il est dit que les hommes sont justifiés , ,, en latin
fide, ex fide, per fidem, mais on ne trouve nulle part, propter fidem, c'est-à-dire, que l'on est justifié par la foi, au moyen de la foi, dans la foi, mais non à cause de la foi.
En matière de justification, la foi n'est considérée ni comme un acte d'obéissance, ni comme un principe de l'obéissance future, mais comme établissant entre Christ et le pécheur, une relation qui rend convenable que le fidèle obtienne son pardon et qu'il soit justifié pour l'amour de la justice et de la rançon du Sauveur, au lieu que celui qui ne lui est point uni, reste sous la condamnation.
C'est
la loi de la foi, c'est la règle de la conduite de Dieu envers les croyants, dans la justification, car tout le plan du salut procède sur ce principe, qu'aucune chair ne se glorifie devant lui. (I. Cor, I. 27-31)

Ainsi la justification devant Dieu ne vient d'aucune chose que l'homme fasse ou puisse faire. Elle est de tout point séparée de la loi, on ne peut l'obtenir par cette dernière ni par aucune de ses œuvres. Tout sujet de se glorifier est entièrement exclus, ce qui ne serait point, si quelque chose de ce que fait l'homme afin de l'obtenir, pouvait lui être de quelque utilité pour cela. « Je suis persuadé, dit un auteur ( après avoir cité le
verset 28 dont nous nous occupons, Rom. IV. 5. et XI. 6. Gal. II. 16. Eph. II. 8-9. et Tite III. 5.) que tout homme sans préjugés, dont l'imagination ne ferait point préoccupée par des idées et des distinctions, dont on ne peut trouver la moindre trace ni dans les textes ci-dessus, ni ailleurs, déciderait que la loi, dans tous les sens de ce mot, que les œuvres de quelque espèce qu'elles soient, en quelque temps et par quelques moyens qu'elles soient accomplies, qu'elles soient faites par des croyants ou des pécheurs, ne peuvent, dans aucun sens, servir à la justification devant Dieu, mais au contraire, en sont exclues de toutes les manières et dans tous les sens. S'il en est ainsi c'est la seule justice de Christ, à laquelle nous puissions avoir recours, et sans elle nous ne pouvons jamais parvenir à la justification. »


31. Anéantissons-nous donc la loi par la foi, non sans doute, mais au contraire nous affermissons la loi.

L'Apôtre ayant clairement énoncé la doctrine de la justification par la foi seule, prévient une objection qu'on pourrait lui faire. Cette objection, qu'il réfute encore pleinement dans les chap.
VI, VII, VIII a été constamment répétée jusqu'à nos jours par ceux qui ne veulent pas se soumettre à la justice de Dieu : (Rom. X. 3) Si vous enseignez que les hommes sont justifiés dans une voie dont les œuvres sont exclues comme ayant une part quelconque à la justification, vous anéantissez la loi.
L'Apôtre rejette avec horreur cette conclusion, et affirme au contraire, que par cette doctrine il
affermit la loi.
La doctrine de la justification par la foi seule, établit la loi, en ce qu'elle la maintient dans tous ses commandements, et dans toute sa fonction. Il est clair que toute loi humaine et divine demande une obéissance parfaite. « Maudit soit celui qui ne persévère point dans toutes les choses qui sont au livre de la loi pour les faire. (Gal. III.10) Or quiconque aura gardé toute la loi, s'il vient à pécher en un seul point, il est coupable de tous. » (Jacq. III. 10) Ces déclarations s'appliquent à toute espèce de loi.


La loi de Dieu a été violée par tous les hommes, il faut savoir comment ils peuvent être justifiés. Il est clair qu'ils ne peuvent l'être par elle, puisqu'elle ne peut en même temps justifier et condamner. Il est évident aussi qu'ils ne peuvent être justifiés sans un équivalent, autrement la justice de Dieu serait compromise et sa loi ferait anéantie.
C'est ainsi que les Sociniens anéantissent la loi en disant que Jésus-Christ n'était qu'un homme, et en niant par conséquence l'imputation de sa justice et l'expiation de son sacrifice.
Les Ariens qui disent que Jésus est la plus haute et la plus excellente des créatures, anéantissent aussi la loi. Plus inconséquents que les Sociniens, ils parlent d'une obéissance et d'une expiation vicariale. Mais, si le Messie était une créature, dès-lors il est clair qu'il ne pouvait avoir dans son obéissance ni dans ses souffrances, aucune surabondance de mérite qu'il pût transporter à l'avantage d'autres êtres créés.

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta puissance, doit être le commandement donné à tous les êtres intelligents. Aucune créature, de quelque nature qu'elle soit, ne peut faire davantage, et un amour qui serait moindre que celui auquel sa force peut suffire, ne peut être demandé ni accepté par la justice divine.

Une créature ne peut jamais être, tout au plus, qu'un « serviteur inutile », qui ne fait que ce qu'il est de son devoir de faire, et s'il lui avait été permis de se mettre à la place de ceux qui avaient transgressé la loi, elle devait souffrir, pour elle-même, toute la punition que la violation de la loi exigeait pour satisfaction, et alors sa vie aurait été perdue pour toujours.
Aucune, par son obéissance ou ses souffrances, ne peut mériter l'acquittement d'une autre.
Quand elles seraient acceptées pour elle, leur insuffisance relativement aux autres, resterait la même et la loi serait anéantie, parce que la totalité de cette obéissance, autant que ses forces peuvent y suffire, est due par cette créature pour elle-même, et dans la situation où elle se trouve. Il est évident par l'ancien Testament, qu'une simple créature ne peut offrir à Dieu, le vrai sacrifice ou cette expiation réelle, dont les sacrifices ordonnés autrefois n'étaient que la figure et l'ombre. Nous y voyons que ces choses-là n'étaient point regardées comme un vrai sacrifice à Dieu, comme une vraie satisfaction, qui, avant d'être offertes à Dieu, lui appartenaient déjà. D'où il suit qu'une simple créature n'a rien à offrir à Dieu qui puisse être agréé par lui ; puisque tout lui appartient déjà, et qu'elle n'a rien qu'elle ne tienne de sa libéralité.

Un autre classe d'hommes en reconnaissant la divinité et la satisfaction du propre fils de Dieu, soutient que l'homme est justifié en partie par ses œuvres, et en partie par l'œuvre de Christ, et voudrait ainsi partager avec le Rédempteur, la gloire du salut. Alors tout sujet de se glorifier ne serait plus interdit à la créature qui a violé la loi de Dieu et encouru sa malédiction, son obéissance souillée et imparfaite pourrait entrer pour quelque partie dans sa justification, comme l'imaginent les Ariens, et encore une fois, la justice de Dieu serait compromise et sa loi demeurerait anéantie.

Quelques personnes qui rejettent la doctrine de la justification par la foi sans les œuvres, insistent en alléguant que dans ce chapitre, et en général dans toute cette épître , l'Apôtre ne parle pas de la loi de Dieu en général, mais seulement de cette alliance particulière qui avait été faite avec Israël, et surtout de la loi cérémonielle qui était abolie avec toutes ses pratiques. On verra par les remarques suivantes que cette opinion n'est nullement fondée.
La première occasion, où la loi, sous l'empire de laquelle le genre humain se trouve placé, ait été proclamée solennellement et confiée à l'écriture, a été lorsque le peuple Hébreu la reçut au Mont Sinaï. Cette loi déclara alors, quelle était la volonté de Dieu, quels étaient les devoirs exigés de l'homme ; cependant, comme elle était mise sous la forme d'une alliance, certaines parties en étaient adaptées aux circonstances particulières dans lesquelles se trouvait le peuple auquel elle avait été délivrée et, eu égard à ces circonstances, n'étaient obligatoires que d'une manière locale et temporaire.

Prise dans son ensemble, l'alliance avec Israël devait s'évanouir dès que son but serait rempli ; mais quoique cette alliance, considérée comme un seul tout, et même quelques-unes de ses parties ne fussent que transitoires, une autre partie, et cette partie était la principale, celle sur laquelle tout le reste était fondé, avait été établie pour avoir une force perpétuelle. La loi donnée à Moïse était divisée en trois parties, morale, cérémonielle et civile ou politique. Cette dernière, particulière à Israël, était l'application de la loi morale aux circonstances spéciales dans lesquelles se trouvait cette nation. Les statuts ou la loi cérémonielle, quoiqu'ils eussent une liaison avec la loi morale, n'étaient que l'ombre de l'évangile, et cette ombre dut passer quand la réalité parut, (
4) Mais indépendamment de ces modifications de la loi de Dieu, particulières à l'occasion dans laquelle elle fut donnée, la loi morale contenue dans les Dix Commandements, formait une partie constituante et la base de cette alliance. Les Dix Commandements seuls émanés de la propre voix de Dieu, et écrits avec son doigt sur les tables de pierre, étaient déposés dans l'intérieur de l'arche, tandis que les autres parties de l'alliance écrites par Moïse étaient placées à côté, comme prêtes à être écartées.

La loi morale, étant ainsi consignée dans l'alliance avec les Israélites, et à laquelle étaient unies certaines dispositions spéciales relatives aux circonstances dans lesquelles ils se trouvaient, n'était point particulière à cette dispensation. Elle existait avant cette alliance et devait, dans son essence, lui survivre à jamais. Elle était écrite originairement dans le cœur des hommes, et avait été transmise par la tradition orale depuis le commencement du monde. C'est pour avoir violé cette loi que Caïn fut banni de la présence de Dieu, (
Gen. IV. 10. 12. 16) que le genre humain fut détruit par le déluge, (Gen. VI. 5. 11) et que le feu du ciel avait détruit les cités de la plaine. (Gen. XVIII. et Ps. XI. 5. 6)
C'est la violation de cette loi, obligatoire pour tous, que Paul reprochait aux Gentils et aux Juifs séparément, et à tous les hommes sans distinction, lorsqu'il leur fait voir ensuite qu'ils sont tous également coupables sous différentes formes. (
Rom. I. 19-32. II. 17-20. III. 9-19)

C'est de cette loi que Paul, parlant des païens, disait : « ils montrent que l'œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs. » (
Rom. II. 15) C'est par la violation de cette loi morale qu'il montre d'après les anciennes écritures, que personne n'est juste, que toute bouche sera fermée, et que tout le monde est coupable devant Dieu. (Rom. III. 3-20) C'est cette même loi qui l'avait convaincu qu'il était lui-même pécheur, parce qu'elle a dit, tu ne convoiteras point, commandement qu'il reconnaît être saint, juste, bon et peu après spirituel. (Rom. VII. 7. 12. 14)
C'est cette loi qu'il recommande avec tant de force aux croyants comme règle de leur conduite, dans les cinq derniers chapitres de cette épître, aussi bien que dans le 6. e lorsqu'il leur dit qu'étant unis à Jésus qui a porté la malédiction que la loi avait prononcée, ils sont affranchis de sa condamnation. Il fait même, chap. XIII, une énumération particulière de quelques-uns de ces commandements. (Rom. XIII. 8. 9) C'est le développement de cette loi que Jésus-Christ explique dans son sermon sur la montagne, où il déclare que quiconque violera le moindre de ses commandements, sera le moindre dans le royaume des cieux, et que celui qui les pratique et celui qui les garde sera appelé grand, non pas sous l'économie de la loi Mosaïque, mais dans le royaume des cieux, c'est-à-dire, dans celui du Messie : et le sommaire de toute cette loi, tel qu'il est écrit, c'est : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. (Matt. XXII. 39)

Ainsi ce que l'Apôtre entend par le mot de
Loi ; cette loi dont les œuvres, qualifiées ici et ailleurs d'oeuvres de justice, sont exclues de tout effet pour la justification ; cette loi est la règle universelle des devoirs, qui entrait dans la dispensation Mosaïque et qui est contenue dans les livres de l'ancien Testament. Ce que nous venons de dire établit suffisamment que les paroles de l'Apôtre ne se rapportent ni à la loi cérémonielle des Juifs, ni à aucune autre chose qui fût d'une obligation temporaire ou particulière à cette économie. Nous allons encore le rendre plus évident par les remarques suivantes.

I. Paul se sert du mot de Loi dans divers sens à cause de l'insuffisance du langage humain, cela est vrai ; mais la liaison de la phrase avec celles qui précèdent et qui la suivent doit montrer en général, dans quel sens il doit être entendu.
Quand il s'exprime ainsi,
tout ce que dit la loi, v. 19, il est évident qu'il entend les Saines Écritures en général, puisque les citations qu'il fait ne sont pas prises dans la loi de Moïse, et la même expression est employée souvent ailleurs pour désigner le corps entier de l'ancien Testament.
Lorsqu'il dit en parlant des Juifs, qu'ils
sont sous la loi, il est clair qu'il entend la dispensation légale qui les distinguait des Gentils ; mais lorsqu'il dit, par loi est la connaissance du péché, il ne peut entendre que la loi morale dont l'extension, la spiritualité et l'excellence montrent quelles sont les choses criminelles, et combien est horrible le péché, tandis que la loi cérémonielle, quoiqu'elle eut un rapport emblématique au péché, donnait plutôt la connaissance du salut en préfigurant d'avance par les types, l'effusion du sang de l'expiation et la communication de la grâce sanctifiante par laquelle le péché est détruit.

II. La difficulté d'obtenir la justification par la loi de Moïse, ne pouvait être plus grande que celle de l'obtenir par cette loi universelle sous laquelle tous les hommes sont placés : ce n'était pas à cause de ce qu'ordonnait la loi cérémonielle que les Israélites ne pouvaient être justifiés par la loi. L'observer dans toutes ses parties, n'offrait point à la nature humaine cette difficulté qu'elle trouvait dans l'observation de la loi morale.
À plusieurs époques de leur histoire, on voit que les Israélites étaient scrupuleusement exacts à accomplir quelques-unes des observances cérémonielles. Dans les messages qui leur furent adressés par les prophètes, le poids des accusations tombait surtout sur les violations qu'ils faisaient de la loi morale ; tandis que l'on convenait que comparativement, les rites cérémoniels n'étaient point négligés. (
Esa. I. 10-17).

III. Dans ce chapitre, depuis le v. 22, Paul fait contraster la justification par la foi, avec la justification par les œuvres, de telle manière que toute occasion de se glorifier est détruite ; or, certainement, l'occasion de se glorifier serait aussi peu détruite ; si les hommes pouvaient être justifiés par la pratique des œuvres de toute autre loi, que s'ils pouvaient l'être par leur obéissance à telle loi particulière du code de Moïse.

IV. La raison que l'Apôtre donne pour attester que les hommes ne sont pas justifiés par la loi est celle-ci : par la loi est la connaissance du péché. Mais cela n'était pas particulier à l'alliance avec Israël : car il prouve, comme nous l'avons vu, que tous les hommes sont pécheurs, non-seulement en citant la loi écrite et en se rapportant à ses préceptes d'éternelle obligation, mais encore il en appelle à leur conscience, de sorte que lorsqu'il parle dans ce chapitre de l'impossibilité où se trouvent les hommes d'être justifiés par la loi, il entend la loi en général, c'est-à-dire la loi universelle de Dieu, sous quelque forme qu'elle soit, écrite dans le cœur des hommes, ou délivrée par la voix de Dieu sur le Mont Sinaï. Aussi on ne voit jamais dans ce discours de Paul, d'opposition entre les œuvres morales et cérémonielles, mais seulement entre les œuvres de la loi (5) et la foi.

V. L'exemple de la justification d'Abraham, par laquelle Paul commence son quatrième chapitre, et qu'il amène pour démontrer complètement sa proposition, réfute absolument l'opinion qu'en parlant de la loi et des œuvres, il n'ait voulu parler que de ce qui appartenait à la loi Mosaïque, puisque Abraham était justifié par la foi et non par les œuvres, plusieurs siècles avant la naissance de Moïse.

VI. Enfin, l'Apôtre dit, dans le verset dont nous nous occupons, que par sa doctrine de la justification par la foi et non par les œuvres de la loi, celle-ci n'est pas anéantie, mais qu'elle est au contraire établie. Il montre par-là qu'il ne s'agit nullement de la loi cérémonielle ou de la dispensation légale qui était anéantie parce qu'elle avait rempli son but. C'est ce qu'il affirme expressément dans plusieurs lieux de ses écrits.

Lorsqu'il avertit les églises de la Galatie, de l'erreur où elles étaient de chercher, la justification, dans l'observation de la loi de Moïse, il montre que le dessein dans lequel elle avait été instituée est accompli et parle de ses observances cérémonielles comme
d'éléments faibles et misérables, (Gal. IV. 9) qui étaient alors inutiles et abrogés. Il écrit dans le même sens aux églises de Corinthe et de Colosses, (II. Cor. III. 7-13. Col. II. 14) et il prouve que l'alliance avec Israël était surannée et abolie, parce qu'elle n'avait d'autre but que de conduire à la perfection, (Héb. VI. 1) introduite par le Messie : c'est l'objet de l'épître aux Hébreux. II répète trois fois dans le passage de l'épître aux Corinthiens, que nous venons de citer, que la loi de Moïse est anéantie, se servant du même mot qu'il emploie ici, pour dire que sa doctrine n'anéantit pas la loi, mais qu'elle l'affirme.

Dans le fait, la doctrine de la foi honora et accomplit la loi cérémonielle et montra son véritable but et celui de toute la dispensation Mosaïque, mais ce n'était que pour mener à son abrogation. Au contraire la loi morale fut pleinement établie, environnée d'honneur et d'autorité, tant relativement à ses préceptes qu'à sa sanction, par la parfaite obéissance et les souffrances propitiatoires du Fils de Dieu ; de cette sorte que son autorité immuable, son excellence et son équité eussent été moins pleinement confirmées, quand tout le genre humain aurait eu pour elle la plus parfaite obéissance, ou par la destruction entière de tous les transgresseurs.
D'autres personnes en admettant que c'est de la loi morale
et universelle que parle l'Apôtre dans le 27e verset, lorsqu'il conclut que l'homme est justifié sans les œuvres, prétendent qu'au lieu de celle-là, une autre loi mitigée a été introduite par l'évangile, que celle-ci. est adaptée à l'imperfection et à la faiblesse de l'homme, et que suivant que l'homme observerait ou transgresserait ses préceptes, il serait justifié ou condamné. Ces personnes n'insistent point sur l'abrogation totale de la loi, ce qui serait le moyen le plus prompt de résoudre leurs difficultés. Elles supposent que ce qui est abrogé, c'est l'obligation qui résultait de la loi de l'accomplir toute entière.
Elles pensent, en conséquence, qu'elle oblige à l'obéissance, mais non pas à une obéissance absolument exempte de péché, et elles attribuent aux mérites et à l'obéissance de Christ, cet adoucissement dans la rigueur de l'observation de la loi. Sur ce fondement, une obéissance imparfaite est acceptée comme si elle était complète, la puissance de la loi pour demander une soumission entière et absolue est détruite et cette mitigation étant un effet de la justice de Christ, on peut dire dans ce sens qu'elle nous sera imputée.

Ce sont des fictions de l'imagination des hommes. Elles n'ont aucun fondement dans l'expérience des fidèles, qui sont convaincus par leur conscience, qu'ils pèchent toutes les fois qu'ils manquent en quelque chose que ce soit à l'accomplissement de la sainte loi de Dieu, et qui ne cherchent de secours que dans la médiation de Christ, qui est, fait de la part de Dieu, justice pour eux. On ne trouve point non plus dans les Saints livres la plus petite indication de ce relâchement de la loi ; il y est beaucoup parlé de la délivrance de la malédiction de la loi, encourue par les hommes, mais il n'y a pas un mot qui indique que son pouvoir obligatoire ait été affaibli. Cette doctrine est contraire à l'écriture, où il est dit, non que la loi doit être abolie, mais qu'elle sera confirmée, non qu'elle est anéantie, mais qu'elle est affermie, et où l'on nous enseigne que sa justice doit être accomplie en nous.

La loi de Dieu est sous tous les rapports adaptée aux créatures qui vivent sous son autorité ; cette loi est sainte, juste et bonne et ne demande rien aux hommes au-delà de ce qu'il est de leur devoir d'accomplir. Ses commandements sont d'aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre pouvoir, et notre prochain comme nous-mêmes : ils sont exactement mesurés et établis d'après nos facultés.
Une, Loi juste ne peut demander davantage, et ne peut demander moins. Mais ce que les personnes, dont nous parlons, entendent par l'imperfection et la faiblesse des hommes, est une incapacité réelle et naturelle d'obéir à la loi de Dieu, tandis que ce que les écritures désignent par ces expressions, n'est autre chose que leur dépravation et leur inclination naturelle au péché. La faiblesse de l'homme relativement à la loi, consiste dans la haine de Dieu et l'amour du péché. Tel est le point de vue sous lequel les écritures le représentent toujours, et en même temps qu'elles pourvoient à remédier complètement à cet état, elles n'atténuent ni n'affaiblissent nulle part l'idée de sa dépravation, à quelque faible degré que ce puisse être.
Paul déclare dans le
chap. V, que lorsque les personnes dont il parle, étaient sans force, Christ était mort pour elles. Mais en examinant la liaison de ce terme, sans force, avec le reste de son discours, il nous sera aisé de découvrir la nature et la cause de cette faiblesse. Or, au même instant, il caractérise les personnes auxquelles il applique ces paroles par les noms d'impies, de pécheurs, d'ennemis de Dieu. (Rom. V. 6-10) C'est toujours dans ces termes que les écrivains sacrés parlent de ceux que certains nomment dans un but différent et pour les excuser, faibles et imparfaits. Puis donc que ce défaut de force est un obstacle réel à l'accomplissement des actions saintes, c'est manifestement une faiblesse qui est entièrement morale, et qui est tout-à-fait distincte des défauts de nos facultés naturelles. Mais si cette incapacité morale devient la mesure des obligations des hommes, ils ne doivent dès-lors remplir leur devoir qu'autant qu'ils y ont de l'inclination : doctrine qui conduirait à un système d'antinomies les plus grossières.

Nous observerons en second lieu, que l'introduction d'une loi mitigée est absolument une fiction. Que ceux qui soutiennent cette idée en fournissent des preuves. Où trouveraient-ils cette loi imparfaite, coordonnée à l'imperfection humaine ? Sera-ce dans le sermon du Sauveur sur la montagne où, après avoir dit qu'il ne venait pas détruire la loi, mais l'accomplir, il menace celui qui viole le moindre de ses commandements, et dit à ses disciples,
soyez parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait ? (Matt. V. 48) En trouveront-ils la moindre trace dans les écrits des apôtres qui ont été envoyés et commis par le Seigneur, pour enseigner à ses disciples à observer tout ce qu'il leur avait commandé ? (Matt. XXVIII. 20)

En faisant une alliance particulière avec la nation d'Israël, qui était en général un peuple charnel, plusieurs choses qui n'avaient pas été permises dès le commencement, le furent aux Juifs à cause de la dureté de leur cœur. (
Matt. XIX. 8. 9) Mais Jésus-Christ en établissant le nouveau royaume, et en confirmant la nouvelle alliance dont il était le sacrificateur, non selon la loi du commandement charnel, mais selon la puissance de la vie impérissable, (Heb. VII) a magnifié la loi de Dieu, l'a rendu honorable, (Esa. XLII. 21) et a exposé ses commandements de la manière la plus étendue.

Si les partisans de cette loi que l'on suppose mitigée, et par laquelle ils espèrent qu'ils seront justifiés, attendu que leur obéissance sera, ce qu'ils appellent sincère quoique imparfaite ; si ces personnes ne peuvent trouver sur quoi cette doctrine est fondée, il est inutile de les presser d'établir ce qu'est cette loi, quels sont les commandements qu'elle prescrit, et les dispenses qu'elle accorde, d'en donner enfin un abrégé qui indique qu'elle est la quantité totale d'obéissance qu'une demande pour être satisfaite. Il est certain que quoique ceux qui se servent de leur raison pour juger et non pour interpréter les écritures, puissent avoir été assez égarés par leurs raisonnements pour adopter une pareille fiction, il faut que leurs consciences soient cautérisées (
I Tim. IV. 2) comme par le feu, si elles sont satisfaites par une telle obéissance. La conscience vengera les droits de la parfaite loi de Dieu, et les accusera en dépit de leurs vaines tromperies. « Si la loi eût été donnée pour pouvoir vivifier, véritablement la justice serait de la loi. Mais l'écriture a montré que tous les hommes étaient pécheurs, afin que la promesse par la foi en Jésus-Christ fut donnée à ceux qui croient. » (Gal. III. 21, 22)

On voit par là que cette nouvelle loi qui ne demande qu'une obéissance sincère quoique imparfaite, comme condition de la justification, suivant le système de plusieurs personnes, anéantit ensemble la loi et l'évangile, et nous conduit à une règle de conduite, incertaine, nouvelle et inintelligible, que chacun interpréterait suivant ses propres inclinations. Elle introduit à la fois et l'orgueil Pharisaïque et la licence la plus opposée à la loi. Cependant cette notion vague et contraire aux écritures, est si commode pour assoupir la conscience et la réconcilier avec une vie mondaine, elle est tellement d'accord avec l'aversion naturelle au cœur humain, tant pour la sainteté de la loi, que pour la doctrine humiliante de l'évangile, que peut-être elle égare plus d'esprits que tout autre faux système. C'est un fait constant, que plus les hommes cherchent dans leurs connaissances, des moyens de pallier leurs fautes, plus ils s'égarent relativement à la grâce de notre Seigneur.

Il est vrai, d'un autre côté, que parce que l'incrédulité produit dans les hommes le mépris de la personne et de la justice de Christ, ils sont conduits inévitablement à chercher l'approbation de leur conscience, dans l'exténuation de leurs péchés, et c'est ainsi que leurs esprits sont insensiblement détournés de Jésus et engagés à placer leur espérance en eux-mêmes.
C'est ainsi que les Scribes et les Pharisiens, mettaient leur confiance dans les œuvres de la loi, et enseignaient au peuple,
à se justifier eux-mêmes devant les hommes. (Luc XVI. 15) Ils étaient bien convaincus dans leurs consciences qu'ils n'étaient point parvenus à la perfection que demande la loi de la justice : mais comme ils ne voulaient pas chasser cette orgueilleuse idée de leur propre justice, ils étaient forcés, pour apaiser leurs consciences, d'avoir recours à la corruption et l'affaiblissement de la loi, ainsi qu'à l'exaltation de leurs propres œuvres. Nous en trouvons un exemple dans le jeune homme qui, a son sens, l'avait accomplie toute entière. Pour déraciner leur erreur, le Seigneur indiqua dans le sermon sur la Montagne, quels étaient le sens spirituel et la vraie intention de la loi, et montra que les règles qu'elle donne doivent diriger les dispositions du cœur ; il en donna un exemple, par le septième commandement, et dans l'exposition du sixième, il déclara que la plus légère transgression était punissable par le feu de l'enfer.
Mais après tout, qu'est-ce qu'une loi mitigée et adoucie, sinon une loi qui a moins de perfection et une loi imparfaite, est une loi qui autorise le péché.

Si le Créateur a donné une
loi sainte, juste et bonne, que doit-on conclure de l'assertion que le Rédempteur en a introduit une autre plus douce, sinon que la nature du bien et du mal moral est changée, ou que la nouvelle loi, n'est ni sainte, ni juste, ni bonne. Dès-lors ce système de relâchement de la loi et de sa coordination avec les imperfections humaines, proclame ouvertement l'anéantissement de la loi.

Cette erreur relativement à l'introduction, sous la nouvelle économie, d'une loi adoucie et mitigée, est si commune et si pernicieuse, qu'il ne fera point inutile d'ajouter à ce que nous avons déjà dit, les remarques suivantes du célèbre Edwards. « Les Arminiens soutiennent opiniâtrement qu'il serait injuste à Dieu de nous demander quelque chose au-delà de ce que notre pouvoir actuel et notre capacité peuvent accomplir. Ils soutiennent en même temps que nous sommes incapables de rendre une obéissance parfaite, que Christ est mort pour satisfaire aux imperfections de notre obéissance, et qu'il a ouvert la voie pour que notre obéissance imparfaite fut acceptée au lieu d'une obéissance parfaite. Ces propositions doivent les conduire insensiblement à la plus grossière contradiction. Car ils disent que
Dieu, dans sa miséricorde pour les hommes, a aboli la loi rigoureuse sous laquelle ils étaient originairement et qu'au lieu de celle-là il a établi une constitution plus douce et nous a mis sous une nouvelle loi qui demande seulement une obéissance sincère, quoique imparfaite, à cause des circonstances de pauvreté, d'infirmité, et de faiblesse où nous nous trouvons depuis la chute. »

« Maintenant, comment pourra-t-on concilier ces choses ? Je demanderai qu'elle est la loi que violent ces imperfections de l'obéissance ? Si elles ne violent aucune des lois sous lesquelles nous ayons jamais été, elles ne sont point des péchés, et si elles ne sont point des péchés, en quoi était-il nécessaire que Christ mourut pour y satisfaire ? Mais si ce sont des péchés et des violations d'une loi, quelle est cette loi ? Ce ne peut point être la
nouvelle, car suivant ces principes, elle ne demande qu'une obéissance imparfaite, ou une obéissance avec des imperfections, et par conséquent, si on a pour elle une obéissances accompagnée d'imperfections, ce n'est point la violer, puisque c'est tout ce qu'elle demande. Ce ne peut point non plus être une violation de la loi ancienne, puisque, suivant eux, elle a été entièrement abolie et que nous n'avons jamais été sous son autorité. »

« Ils disent qu'il ne serait point juste, de nous demander une obéissance parfaite, parce qu'il serait point juste de nous demander plus que nous ne pouvons faire ou de nous punir pour y avoir manqué, et c'est précisément pour cela que d'après leur propre système, les imperfections de notre obéissance ne méritent pas d'être punies.
Pourquoi était-il donc nécessaire que Christ mourut pour satisfaire à ces imperfections ?
Pourquoi fallait-il qu'il souffrit en expiation, pour des choses qui n'étaient point des fautes et qui en elles-mêmes ne méritaient point de souffrance ?

Pourquoi la mort de Christ était-elle nécessaire pour obtenir que notre obéissance
imparfaite fut acceptée, lorsque, d'après ce système, il aurait été injuste de demander plus qu'une obéissance imparfaite ?
Pourquoi fallait-il que Christ mourut, pour rendre acceptable par Dieu, une obéissance qu'il ferait injuste que Dieu n'acceptât pas ? Fallait-il donc que Christ mourut pour que Dieu ne fit pas une injustice ? Si l'on dit que Christ est mort pour satisfaire pour nous à l'ancienne loi, qu'ainsi nous pouvons n'être pas sous son autorité, et qu'il nous a donné le moyen de pouvoir être sous une loi plus douce ; je demanderai encore alors, quelle nécessité il y avait que Christ mourut pour que nous ne fussions plus sous une loi, telle que d'après leurs principes, soit que Jésus-Christ fut mort ou non, il eût été injuste que nous fussions sous son autorité, puisque nous ne sommes point capables de l'accomplir. »

« Ainsi les Arminiens sont en contradiction avec eux-mêmes, non-seulement dans ce qu'ils disent de la nécessité de la
satisfaction de Christ, pour expier ces imperfections que nous ne pouvons éviter, mais encore dans ce qu'ils disent de la grâce de Dieu, accordée pour que l'homme fut capable de rendre une obéissance sincère à la nouvelle loi.
Ils avouent
qu'à cause du péché originel, nous avons été rendus entièrement incapable de remplir la condition de pardon sans une nouvelle grâce de Dieu, mais ils affirment qu'il donne à tous cette grâce par laquelle l'accomplissement de la condition, est vraiment possible à tous les hommes, et que sur ce fondement, il peut justement leur être demandé comme il l'est en effet. S'ils veulent parler avec exactitude, ils doivent entendre par la grâce, cette assistance qui est de la grâce, ou qui émane d'une faveur ou d'une affection libres. Mais cependant ils en parlent, comme s'il était déraisonnable, injuste et cruel à Dieu de demander, comme condition de pardon ce qui est devenu impossible par le péché originel. S'il en est ainsi, comment est-ce une grâce de donner de l'assistance et de la capacité pour accomplir cette condition ? Ou plutôt, pourquoi appellent-ils du nom de grâce, ce qui est rigoureusement une dette que Dieu est obligé d'acquitter, et qu'il lui ferait injuste et cruel de retenir, puisque nous ne pouvons accomplir sans elle, ce qu'il demande comme condition de pardon. »

Indépendamment de tout ce que nous avons déjà dit, pour prouver l'erreur de ceux qui pensent que malgré cette conclusion de l'Apôtre,
l'homme est justifié sans les oeuvres de la loi, il est cependant encore quelque moyen pour qu'une espèce d'obéissance morale, cérémonielle, mitigée ou autre, entre pour quelque chose dans l'oeuvre de la justification, indépendamment, disons-nous, de tous ces raisonnements il suffirait pour démontrer la fausseté de cette opinion de remarquer ce fait ; c'est que la déclaration de l'Apôtre est : nous concluons que l'homme est justifié par la foi. C'est là le point établi, c'est le moyen par lequel l'homme est justifié, et tout l'enchaînement des raisons de l'Apôtre est d'accord avec cette conclusion. Car après avoir prouvé que tant les Juifs que les Gentils étaient tous sous le péché, et démontré par plusieurs citations de l'écriture qu'aucun n'était juste, non pas même un seul, il affirme que la justice de Dieu est à tous et pour tous ceux qui croient et qui sont justifiés gratuitement par la grâce, de sorte que tout motif de se glorifier est exclus. (Rom. III.23. 26)
Il observe au commencement du chapitre suivant, « qu'à celui qui fait les oeuvres le salaire ne lui est pas imputé comme une grâce, mais comme une chose due, » et il ajoute immédiatement après, « conformément à sa doctrine, » à celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. (
Rom. IV. 4-5)
On voit qu'il éloigne toute idée d'une justification qu'il fut possible à l'homme d'obtenir par une obéissance plus ou moins grande, complète ou incomplète, de quelque loi ou de quelque règle que ce soit, réelle ou imaginaire, puisqu'il est dit expressément que Dieu justifie non-seulement celui qui
ne fait pas les oeuvres, mais encore celui qui est impie. Ce n'est pas seulement le mérite des oeuvres, des oeuvres soit de la loi de la conscience ou de celle de la révélation, soit de la loi cérémonielle, soit de la loi morale, que l'Apôtre rejette, dans ses raisonnements ; mais encore l'accomplissement de ces oeuvres en tant qu'elles seraient requises pour la justification. Une réception cordiale de Jésus-Christ comme « la consommation de la loi en justice à tout croyant, » donne seule au pécheur qui retourne à lui un titre à obtenir la justification de la vie par une dispensation miséricordieuse.

Par cette doctrine la loi de Dieu est établie dans toute son étendue :

1.° Dans sa fonction ; elle avait été violée, et la punition entière a été infligée au Rédempteur, seul capable de la supporter et de lui survivre.
2.° Dans ses commandements ; elle ordonnait une obéissance parfaite qui a été accomplie par lui ; ainsi aucun trait de lettre, pas un seul iota de la loi n'a passé, mais toutes choses ont été faites. (
Matt. V. 18)
3.° La dignité du Rédempteur étant infinie, ses souffrances et son obéissance sont infiniment méritoires, et sont ainsi imputées à tous ceux qui sont en union avec lui par la foi.

En conséquence, tous ceux qui, par cette foi, ont part à son expiation, sont mis en possession de la vie éternelle, comme de la récompense méritée par une obéissance parfaite, en même temps que leurs péchés ont été punis en lui autant que la justice peut le demander. « Il jouira du travail de son âme et en sera rassasié. Mon serviteur juste en justifiera plusieurs par la connaissance qu'ils auront de lui, et lui-même portera leurs iniquités. (Esa. LIII. 11) Car, il a fait celui qui n'a point connu de péché, être péché pour nous afin que nous fussions justice de Dieu en lui. (II. Cor. V. 21) L'Éternel prenait plaisir en lui à cause de sa justice, il magnifiait sa loi et le rendait honorable. » (Esa. XLII. 21)
Ainsi tous les faux systèmes sans exception, anéantissent la loi de Dieu. Le
dernier verset de ce chap. III, suffit seul pour les faire rejeter tous ; tandis que par la doctrine de la justification par la foi, la loi au lieu d'être anéantie est affermie et fortifiée.
Elle est encore affermie par ce que, pendant que les croyants en Christ sont affranchis de la condamnation, ils ne sont point dispensés de suivre la loi, comme règle de leur conduite, et dans toute son étendue, mais au contraire ils sont engagés à obéir, (
I. Cor. VI. 19. 20) par des motifs nouveaux et puissants ; la doctrine de l'évangile ne tend qu'à la sainteté, et la vocation est une sainte vocation. (II. Tim. I. 6) Cette doctrine au moyen de laquelle la grâce règne par la justice, est la seule voie suivant laquelle les hommes puissent être sauvés ; elle est la seule par laquelle cependant la loi ne soit point anéantie, mais affermie.

En un mot, la doctrine de la foi, magnifie de toutes les manières, la loi de Dieu, sainte, juste, bonne et spirituelle ; elle l'affermit dans son autorité et dans l'honneur qui lui est dû, tandis que tous les autres systèmes de justification, déshonorent la loi ou affaiblissent son autorité et son pouvoir obligatoire, comme si ses préceptes étaient d'une rigidité déraisonnable, que les peines qu'elle impose fussent d'une sévérité injuste, et que Dieu ne pût par conséquent être équitable en traitant les hommes d'après elle. Nous connaissons donc quelle est la doctrine de l'Apôtre, parce que nous savons quelle est celle que les hommes attaquent comme
anéantissant la loi, qu'ils représentent sans cesse comme affaiblissant l'obligation des saintes pratiques, celle enfin qui bien entendue et crue véritablement, établit la loi de la manière la plus complète et donne les motifs les plus efficaces pour une sainte obéissance.


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(1) La traduction littérale du
v, 24 est, « lequel Dieu a pré-établi propitiatoire par la foi, en son sang, pour démonstration de sa propre justice, en passant les péchés commis auparavant, dans la tolérance de Dieu. »

, passant les péchés, ou bien au passage du péché, Michée dit : » qui est un Dieu fort comme toi, qui es un Dieu qui ôtes l'iniquité, qui passes par-dessus les péchés du reste de ton héritage ! » Chap. VII. v. 18. On ne trouve le mot dans aucun autre endroit du Nouveau Testament ni de la version des LXX.
L'apôtre parle dans ces versets de deux périodes distinctes pendant lesquelles la mort de Christ a opéré, en déterminant Dieu à
passer les péchés, c'est-à-dire, à ne pas punir tout de suite les hommes de les avoir commis.
La première période est celle qui s'est écoulée depuis la chute de l'homme jusqu'à la venue de Christ ; la seconde, depuis sa mort jusqu'à la fin du monde. Ainsi la mort de Christ a rendu l'exercice de la miséricorde divine compatible avec la rectitude morale du gouverneur de l'univers.

(2) ,
propitiatoire, ce mot est proprement un adjectif qui se joint à, couvercle, qui est sous entendu ordinairement, mais qui est exprimé dans la version des LXX ; (Exode XXV. 17.) en général dans cette version, signifie le couvercle de l'arche qui était d'or pur.

(3) II semble faire allusion ici à ce passage de
Zacharie, chap. XIV. v. 8. dans lequel le prophète peint les progrès de l'évangile sous l'emblème d'une source d'eau vive qui sort de Jérusalem, et se répand à l'orient et à l'occident ; à quoi il ajoute, et l'Éternel sera roi sur toute la terre, et il sera le seul Éternel et son nom ne sera qu'un.

(4) La loi cérémonielle ou lévitique, qui prescrivait différentes institutions, purifications, ainsi que divers sacrifices, indiquait à la fois le péché de l'homme et la voie ouverte pour sa délivrance.
Sous la dispensation Mosaïque, les Juifs devaient nécessairement les observer ; par cette obéissance, ils conservaient leurs droits légaux aux bénédictions qui leur étaient promises comme nation, et qui n'étaient pas limitées à ceux qui étaient adorateurs spirituels ; et ces institutions aidaient ceux qui craignaient vraiment Dieu, à se conduire par la foi, au grand sacrifice de l'Agneau de Dieu.
Sous ces deux rapports, la loi cérémonielle était abrogée par la mort de Christ ; l'évangile en tient depuis la place. Si un Israélite, se confiant à son obéissance pour la loi morale, avait rejeté les ordonnances de la loi cérémonielle, il aurait été retranché ; c'est ainsi, que si quelqu'un qui prend le nom de chrétien, croit s'acquitter si bien des devoirs moraux, qu'il ne voie pas la nécessité de mettre toute son espérance en Christ, il sera condamné par la loi, dans laquelle il cherche la vie.

(5) Quoique cela n'arrive point toujours, en général lorsque l'on trouve dans l'écriture le mot , loi, pour signifier la loi de Moïse, il est précédé de l'article. Mais c'est surtout dans le passage qui nous occupe que cette distinction est observée. Dans le
v. 19, où il s'agit incontestablement des écrits et des institutions de Moïse, l'article est répété deux fois : tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi..
Au v. 20, où il est parlé de la loi en général : par les oeuvres de loi, aucune chair ne sera justifiée devant sa face, car par la loi vient la connaissance du péché,, sans article.
Au
v. 21. la justice de Dieu est manifestée sans loi, lui étant rendu témoignage par la loi et les prophètes, . Ici dans la première partie de la phrase, loi sans article signifie la loi en général, et la loi, avec l'article, les cinq livres de Moïse distingués ainsi des ouvrages des prophètes, suivant la division ordinaire des écritures de l'ancien Testament.
C'est ainsi que le Seigneur dit, « ce sont ici les discours que je vous tenais, quand j'étais encore avec vous, qu'il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi, dans la loi de Moïse, et dans les prophètes et dans les psaumes fussent acccomplies. »
Luc XXIV. 44. Dans le v. 28, c'est encore en général qu'il en est parlé lorsqu'il dit « nous concluons que l'homme est justifié par foi, sans œuvres de loi, et au 3. e, anéantissons-nous donc loi par la foi ; ainsi n'advienne, au contraire nous établissons loi »

 

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