Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
II.
1-6.
C'est
pourquoi, (1) ô Homme !
qui que tu sois qui juges, tu es sans
excuse ; car en ce que tu juges les
autres, tu te condamnes toi-même,
puisque toi qui juges, commets les mêmes choses. Or
nous savons que le jugement de Dieu est selon la
vérité sur ceux qui commettent de
telles choses. Et penses-tu, ô Homme !
qui juges ceux qui commettent de telle choses, et
qui les commets, que tu doives échapper au
jugement de Dieu ? Ou méprises-tu les
richesses de sa douceur, et de sa patience et
de sa longue attente ; ne connaissant pas que
la bonté de Dieu te convie à la
repentance ? Mais par ta dureté et par
ton cœur qui est sans repentance, tu t'amasses
la colère pour le jour de la colère
et de la manifestation du juste jugement de Dieu
qui rendra à chacun, selon ses
œuvres.
Le dessein de l'Apôtre était de
prouver que tous les hommes sont par leur nature
sous le péché, et de tirer de
là la conclusion générale
que par les
œuvres de la loi nulle chair ne sera
justifiée. Il
avait pour cela, décrit dans le chapitre
précédent, l'état des
païens idolâtres, et dans celui-ci, il
passe aux Juifs qui attendaient leur salut de leur
qualité de fils d'Abraham et de leurs
privilèges extérieurs pendant qu'ils
rejetaient la justice
de Dieu, à
laquelle la loi et les prophètes avaient
rendu témoignage.
Paul combat partout dans cette épître,
ces préjugés fortement
enracinés en eux, ce qui lui donne
l'occasion de développer clairement la
doctrine de l'évangile aux fidèles de
Rome ; de la séparer de tous les
mélanges étrangers et de toutes les
erreurs, et de montrer que cet évangile seul
est la puissance de Dieu en salut.
Dans la première partie de ce chapitre et
jusqu'au 14e verset, il montre que le juste
jugement de Dieu sera le même contre les
Juifs et les Gentils
désobéissants ; et dans la
seconde, que les avantages extérieurs, dont
avaient joui les Juifs, étaient inefficaces
pour prévenir les effets de ce
jugement.
Les raisonnements de l'Apôtre, se rapportant
à ces jugements, qu'il était commun
aux Juifs de porter sur autrui, et dont il parle
dans les 19e verset et suivants, il est clair que c'est d'eux qu'il
s'agit ici.
Les Gentils ne mettaient point
d'intérêt à se juger les uns
les autres, relativement à leurs cultes
religieux et aux effets moraux qu'ils produisaient
sur ceux qui y étaient dévots, parce
qu'ils regardaient ces choses comme
entièrement indifférentes. Mais les
Juifs avaient appris de leur loi à
condamner, à abhorrer les autres religions,
à se tenir toujours dans un grand
éloignement de ceux qui les professaient,
à regarder les idolâtres comme
étant sous la colère de Dieu, et
à considérer Jéhovah qu'ils
adoraient, comme le seul vrai Dieu.
D'ailleurs il est encore parlé dans le
4e verset
de la bonté, de la patience et de la longue
attente que Dieu a exercées envers eux, et
qui tendaient à les conduire à la
repentance. Ces expressions indiquent la grande
différence qu'il y avait entre leur
situation, et celle des païens. En parlant de
ceux-ci, l'Apôtre ne dit rien de semblable de
la conduite de Dieu envers eux, ni de leur vocation
à la repentance.
Les choses invisibles de Dieu qui peuvent
être connues des hommes par les ouvrages de
la création, sont son pouvoir
éternel, sa divinité, ses attributs
naturels, essentiels et nécessaires. Mais
ses ouvrages n'apprennent rien sur sa
miséricorde, sur la vocation du coupable
à la repentance ni sur
l'établissement d'un plan de salut. Car la
miséricorde n'est point exercée
continuellement et nécessairement
puisqu'elle s'étendrait alors à tous
les êtres, même aux anges
tombés ; mais elle a des objets
particuliers, et elle agit dans des situations
déterminées par la volonté de
Dieu. Il est clair, d'après tout cela, que
c'est aux Juifs qui rejetaient le Messie, que se
rapporte ce que dit l'apôtre dans ce second
chapitre, et de plus, ils sont expressément
nommés au verset 17.
Comme les Juifs étaient dans l'habitude de
juger les Gentils, et de prononcer qu'ils avaient
encouru la condamnation, Paul pour ramener sur
eux-mêmes les accusations qu'il venait de
porter contre les idolâtres, et qui leur
étaient également applicables,
à eux qui rejetaient le Messie, leur
déclare qu'ils sont coupables des
mêmes crimes : et pour donner plus de
poids encore à ce qu'il dit, il leur fait
observer que la sentence de condamnation que Dieu
prononce contre ceux qui commettent ces choses, est
juste ainsi qu'ils le reconnaîtraient
eux-mêmes :
Pensez-vous, demande-t-il, que vous puissiez
échapper au juste jugement de Dieu, vous qui
condamnez les Gentils pour leurs crimes, et qui
commettez les mêmes choses ?
En accueillant ces idées, les Juifs se
trompaient complètement sur le but de leurs
privilèges, qui ne leur étaient pas
accordés pour que le péché
fût plus impuni chez eux que chez les autres,
mais pour les conduire à la repentance afin
de les sauver.
L'Apôtre dit encore que si, par la
dureté et l'impénitence de leurs
cœurs, les Juifs abusaient des
privilèges dont ils jouissaient, bien loin
d'être un avantage pour eux, ces
privilèges rendraient, à la fin, leur
punition plus sévère, dans le jour de
la colère et de la manifestation du juste
jugement de Dieu. Car après avoir connu que
les choses dont il a parlé, étaient
mauvaises, et qu'elles étaient justement
punies, pourraient-ils croire, étant
coupables des mêmes forfaits, qu'il leur
fût possible d'en éviter la
punition ?
Supposeraient-ils que le jugement de Dieu n'est
point égal pour tous les hommes qui agissent
de la même manière, quels que soient
leur nom ou leur condition ?
Il est aisé dans certaines occasions de
discerner le mal dans la conduite des autres, mais
souvent l'amour-propre aveugle les hommes assez
pour empêcher qu'ils ne s'appliquent à
eux-mêmes, le jugement qui le présente
à eux si facilement, lorsqu'il s'agit
d'autrui ; les Juifs surtout étaient
dans ce cas. Ils agissaient en opposition à
la lumière qui leur avait été
donnée, ils étaient ingrats et
rebelles, et croyaient cependant pouvoir
échapper à la punition, tandis qu'ils
s'apercevaient facilement que les païens
étaient profanes, abominables, et indignes
des faveurs divines. Ce n'était point dans
leur jugement qu'il y avait erreur, car s'ils en
avaient porté un autre, ils auraient
été contre l'entière teneur de
leur loi, contre les principes qu'elle cherchait
à leur inculquer dans tant d'endroits et
avec tant de force ; leur faute consistait en
ce qu'ils ne s'apercevaient pas qu'ils fussent
aussi sous la même condamnation et en ce
qu'ils continuaient, malgré des ordres aussi
clairs, à se rendre coupables des
péchés qu'ils avaient
condamnés.
Tout homme dans le monde, en tout temps et en tout
pays, quelle que soit sa profession religieuse,
quelque nom qu'il prenne, est dans son état
naturel,
substantiellement coupable, si ce n'est pas
formellement, des choses qui ont été
énumérées dans le chapitre
précédent. Il ne se prosterne pas
devant une idole, mais il est impie,
il n'adore pas Dieu en esprit et en
vérité ; il a de
l'inimitié contre Dieu. (Rom, VIII. 7) Les choses qui sont de l'esprit de
Dieu, lui sont une folie, ( I. Cor. II. 14) et quoiqu'il puisse tenter de le
cacher à la vue des autres et même
à la sienne propre, il est lui-même l'idole élevée dans son
cœur. Il peut dans sa conduite
extérieure être à l'abri
d'être accusé des mêmes crimes
grossiers et des mêmes formes
d'iniquité dont les païens
étaient coupables : mais il a dans son
cœur la semence de tous ces vices, qui sont
prêts à se montrer, si l'occasion leur
en est offerte, aussitôt que les obstacles
extérieurs qui les contiennent, pourront
être éloignés ; enfin il
est en même temps et d'une manière
directe, Injuste,
en offensant la loi de Dieu, qu'il viole
journellement, et en manquant à chaque
moment à l'exécution des ordres
qu'elle contient.
Ta dureté et
ton cœur qui est sans repentance.
Ce sont les termes
dont l'écriture se sert envers tous ceux qui
ne sont point convertis. Partout les
Prophètes adressent ce langage au peuple
d'Israël ; « ils ont rendu leur
cœur dur comme le diamant pour ne point
écouter la loi, » (Zach. VII. 12) et l'éloignement où
étaient les Gentils de la vie de Dieu, qui
venait de leur ignorance, était causé
par l'endurcissement
de leur cœur. (Eph. IV. 18) « Le cœur de l'homme
est trompeur et désespérément
malin, par-dessus toutes choses. »
(Jér. XVII. 9)
Dans le 4e verset
de ce chapitre, l'Apôtre a parlé de la
bonté, de la patience et de la longue
attente de Dieu ; dans le 5e, il
parle de sa colère ; ainsi l'homme est
appelé à la fois à
considérer la bonté et la
sévérité de Dieu.
(Rom. XI. 22) Ces deux motifs d'amour et de
crainte, doivent l'avertir de fuir la colère
à venir. (Matt. III. 7)
Dieu est représenté dans
l'écriture comme plein de bonté, de
patience et de longue attente, dont l'exercice
cependant est toujours d'accord avec sa
sainteté, sa justice et sa
vérité « Comme donc,
l'Éternel passait devant lui, il cria :
l'Éternel, l'Éternel, le Dieu Fort,
pitoyable, miséricordieux, tardif à
la colère, abondant en gratuité et en
vérité. Gardant la gratuité
jusqu'en mille générations,
ôtant l'iniquité, le crime et le
péché, qui ne tient point le coupable
pour innocent, et qui punit l'iniquité
des pères sur les
enfants et sur les enfants des enfants
jusqu'à la troisième et à la
quatrième génération.
(Exod. XXXIV. 6-7) Mais toi, Seigneur, tu es le Dieu
Fort, pitoyable, miséricordieux, tardif
à la colère, et abondant en
bonté et en
vérité. » (Ps. LXXXVI. 15)
La bonté de Dieu envers tous paraît
dans la création et dans sa Providence.
« L'Éternel est bon envers tous,
et ses compassions sont au-dessus de toutes ses
œuvres. » (Ps. CXLV. 9) Mais elle est surtout
déployée dans les faveurs qu'il
accorde à son peuple et dans sa patience
envers lui. « O que tes biens sont grands
que tu as réservés pour ceux qui te
craignent, et que tu as faits, en la
présence des fils des hommes, à ceux
qui se retirent vers toi ! (Ps. XXXI. 20) Savourez et voyez que
l'Éternel est, bon. O que bienheureux est
l'homme qui se confie en lui ! (Ps. XXXIV. 9), Que les hommes
célèbrent envers l'Éternel sa
bonté et ses merveilles envers les fils des
hommes. (Ps. CVII. 8) Combien sera grande sa
bonté et sa beauté !
(Zach. IX. 17) La gratuité du Dieu Fort dure
tous les jours. » (Ps. LII. 3)
La patience de Dieu et sa longue attente donnent
aux pécheurs le temps et l'occasion de la
repentance ; en leur découvrant sa
miséricorde, elles leur fournissent des
motifs d'encouragement, et sans la
dépravation des hommes, les invitations de
l'évangile les conduiraient tous à la
réconciliation avec Dieu. Mais si les hommes
en présumant trop de sa bonté,
continuent à rejeter l'évangile et
à désobéir à ses
commandements, leur condamnation sera d'autant plus
sévère. Ils trouveront, comme
l'Apôtre le dit des Juifs, qu'ils ont
accumulé pour eux-mêmes des
trésors de colère qui feront
amassés pour le jour de la colère et
de la récompense finale, C'est alors que
Dieu manifestera la justice parfaite de ses
décisions, devant le monde entier.
Entasser la colère pour le jour de la
colère, lorsque la dispensation de
miséricorde aura pris fin, est une
considération qui doit remplir de terreur.
Cependant c'est à cela que sont
employées toutes les actions que font dans
ce monde, ceux qui refusent d'écouter Dieu
dans son évangile ; dans ce jour
terrible, il y en aura beaucoup qui diront
« aux montagnes et aux rochers, tombez
sur nous et cachez-nous de devant la face de celui
qui est assis sur le trône, et de devant la
colère de l'Agneau. Car tout œil le
verra et ceux même qui l'ont percé, et
toutes les tribus de la terre se lamenteront devant
lui. ». (Apoc. VI. 16. I. 7)
Le jour du jugement est appelé ici le jour
de la révélation du juste jugement de
Dieu. Dieu n'aura point pour but
ou pour dessein dans ce jugement,
de connaître ce qu'ont fait les hommes, pour
savoir quelle est la punition, ou quelle est la
récompense qui doit être donnée
à chacun, ce qui est le but des jugements
humains, mais de manifester ce que sont les hommes,
tant au reste du monde, qu'à leurs propres
consciences, afin d'effectuer la séparation,
et d'établir la différence qui
doivent avoir lieu dans la rétribution
éternelle qui doit suivre, et dans laquelle
Dieu « rendra à chacun selon ses
œuvres. »
Les écritures déclarent que les
hommes ne sont point choisis, (Rom. XI. 6)
ne sont point
justifiés, (Rom. IV. 2. 5) ne sont point sauvés
(Ephes. II. 9. Tit. III. 5) par leurs œuvres ;
(2) qu'ils ne sont
point non plus sauvés selon leurs
œuvres, (II. Tim. 1. 9) mais elle enseigne
uniformément qu'ils feront jugés
selon leurs œuvres (3) (Job. XXXIV. 11. Ps. LXII. 12. Prov XXIV. 12. Esa. III. 10. 11. Jer. XXVII. 10. XXXII. 19.
Ezech. XVIII. 30. Math. XVI. 27. XXV. 34-45. II. Cor. V. 10. Gal. VI. 7. 8. Apoc. II. 23. XX. 12.
XXII. 12)
Les œuvres des hommes manifestent ce qu'ils
sont, elles seront donc considérées
dans le jugement comme un témoignage de leur
état et de leur caractère.
« Cueille-t-on le raisin sur des
épines ou les figues sur des chardons, vous
les connaîtrez à leurs fruits ;
ainsi tout bon arbre fait de bons fruits, mais le
mauvais arbre fait de mauvais fruits ; le bon
arbre ne peut point faire de mauvais fruits, ni le
mauvais arbres faire de bons
fruits. »
(Math. VII. 16.18) Si un homme est bon, il fera le
bien, s'il est méchant il fera le mal.
« L'homme de bien tire de bonnes choses
du bon trésor de son cœur ; et
l'homme méchant tire de mauvaises choses du
mauvais trésor de son cœur.
(Luc VI. 45) C'est des méchants que vient
la méchanceté, (1. Sam. XXIV. 14) Qui est-ce qui tirera le pur de
l'impur ? Personne. » (Job. XIV. 4)
Les bonnes œuvres ne rendent pas un homme bon,
mais elles prouvent qu'il l'est ; il ne l'est
pas pour les avoir faites, mais il fait de bonnes
œuvres parce qu'il est bon. En effet avant
qu'il les fasse, il faut qu'il ait
été rendu bon lui-même, il faut
qu'il soit
régénéré ; car ce qui est né de la.
chair, est chair ; c'est-à-dire, est corrompu et
mauvais, et ceux qui sont dans la chair ne peuvent
plaire à Dieu. Il faut donc qu'un homme soit
créé de nouveau dans le Christ
Jésus, que son cœur soit nettoyé
et purifié, que la loi de Dieu soit
écrite en lui, avant qu'il puisse rendre
obéissance à la loi ; car ce
n'est point obéissance que tout ce qu'il
fait et qui ne procède pas de l'amour pour
Dieu.
Toutes les œuvres réellement bonnes
sont les fruits de l'esprit de Dieu. (Gal. V. 22) Ce sont les seules qui soient
appelées bonnes dans l'écriture et
toutes les autres qui ne
procèdent pas d'un cœur pur et dont le
motif n'est pas l'amour de Dieu, sont
des œuvres
mortes. (Héb. IX. 14) Pour constituer une bonne
œuvre, le motif et la fin doivent être
bons comme l'acte lui-même.
C'est en étant unis à Christ par la
foi, que les chrétiens
« fructifient à
Dieu. (Rom. VII 4) Le sarment ne peut point porter de
lui-même de fruit, s'il ne demeure
attaché au cep. (Jean XV. 4) Ils sont remplis des fruits de
justice qui sont par Jésus-Christ à
la gloire et à la louange de Dieu
(Phil. I. 11) » De telles œuvres
provenant de l'union avec Christ seront connues au
jour du jugement. « J'ai eu
faim, et vous m'avez donné à
manger ; J'ai
eu soif, et vous
m'avez donné à boire ; etc. En
tant que vous avez fait ces choses à l'un de
ces plus petits de mes frères, vous
me l'avez fait à Moi-même, » (Math. XXV. 35. et suiv.)
Ainsi l'amour que l'on manifeste par des actes
d'affection envers les croyants, qui sont les seuls
que Jésus reconnaisse pour ses
frères, cet amour procédant de celui
que l'on a pour Christ et qui provient de la
croyance de l'évangile, cet amour sera le
signe, le caractère qui au dernier jour,
prouvera l'union avec Christ, et par
conséquent la justification par sa justice.
« En ce que nous aimons nos
frères, nous savons que, nous sommes
transférés de la mort à la
vie. » (
I. Jean III. 14)
D'un autre côté, ceux qui seront
condamnés seront reconnus à ce qu'ils
n'aiment point Christ ; ce qui prouvera qu'ils
n'avaient point d'union avec lui, et par
conséquent nulle bonne œuvre ne leur
sera attribuée. Car tous les hommes, toutes
les actions des hommes, étant coupables et
pollués, aucune de leurs œuvres ne
s'élevant à la conformité avec
la parfaite loi de Dieu ; ils ne peuvent
être agréables à Dieu qu'en son
Fils, et ne peuvent lui être
présentés que lavés dans son
sang.
Ce que Jésus dit aux Juifs est
également vrai de tous les hommes
non-convertis. « Je connais bien que vous
n'avez point l'amour de Dieu en vous. »
(Jean V. 42) C'est pour cela que les
méchants seront condamnés, non pas
d'après l'idée que le monde, en
général, se forme du jugement, parce
que leurs mauvaises actions l'emportent sur les
bonnes, mais parce qu'ils n'ont pas une seule
action qui soit agréable à Dieu, qui
soit reconnue avoir été faite dans la
vue de lui obéir, puisqu'alors ils auraient
obtenu une récompense : « Car
quiconque aura donné à boire,
seulement un verre d'eau froide à l'un de
ces petits en qualité de disciple, je vous
dis en vérité, qu'il ne perdra point
sa récompense » (Matth. X. 42)
Il y a des apparences de mal et de bien dans ce
monde, soit dans la conduite du peuple de Dieu,
soit dans celle du peuple du
monde, qui peuvent égarer, sur leur
caractère, ceux qui ne connaissent point les
écritures. Les enfants de la lumière
choisissent Dieu pour
leur unique bien, mais ne peuvent jamais parvenir
à une conformité parfaite avec sa
volonté et sa sainte nature ; ils ont
souvent des raisons pour se trouver
profondément humiliés ; ils
prennent bien plaisir à la loi de Dieu quant
à l'homme intérieur ;
(Rom. III. 22) mais, ils ne peuvent atteindre le
moyen de l'accomplir.
D'un autre côté, les enfants de ce siècle
choisissent
différentes fins, qui dans un sens
particulier, peuvent être plus ou moins
dignes d'être recherchées, mais, comme
ce n'est point Dieu qu'ils prennent pour leur but
et leur part finale, leur vertu est essentiellement imparfaite : leur sagesse est
incomplète, et c'est ainsi qu'ils sont morts
dans le péché et dans l'erreur de
leurs voies. (4)
On peut se proposer différentes fins qui
méritent le titre de convenables, en prenant
ce mot pour désigner la convenance dans un
sens subordonné ; on peut employer
divers moyens louables ; mais ces fins et ces
moyens quoique d'accord et combinés
habilement, n'élèvent point ceux qui
s'en occupent au-dessus de l'accusation
d'être essentiellement vicieux, et cela vient
du défaut d'une fin dernière et
principale, qui soit essentiellement convenable
et à laquelle toutes les autres soient
subordonnées. Un homme qui n'a point la
connaissance et l'amour de Dieu qui est le grand
bien et qui doit être le but absolu de tout
agent moral, ne peut soutenir qu'il soit
essentiellement vertueux parce qu'il est, dans un
sens limité, bon père, bon
maître, bon voisin ou bon patriote, parce
qu'il a évité plusieurs vices,
encouragé plusieurs desseins vertueux.
La vraie vertu n'est bornée à aucun
cercle d'êtres créés et ne peut
avoir pour objet rien moins que l'infini,
même dans l'accomplissement des devoirs
ordinaires. L'amour vrai d'un Dieu infiniment
glorieux soumet, règle et se subordonne
toute autre affection, et est seul, absolu et sans
réserve. (Luc XVI. 26. Deu. XIII, 6. 9. XXXIII. 8. 9) Ainsi celui qui connaît et
aime Dieu, est essentiellement vertueux
malgré les défauts, et celui qui ne
le connaît et ne l'aime point, est
essentiellement vicieux quelques excellentes
qualités qu'il paraisse posséder.
L'amour est l'accomplissement de la loi,
il est une partie
essentielle de toute sainteté et de toute
vertu. Ainsi le défaut
d'amour pour Dieu est une violation complète
de la loi, rend un homme essentiellement vicieux,
et fait que toutes ses œuvres morales ont la
nature du vice. Beaucoup de ces actes, par
l'ignorance où l'on est de la
spiritualité et de l'extension de la loi de
Dieu, de la condition tombée de l'homme,
paraissent à ceux qui les font, des actions
bonnes et dignes de récompense.
Mais au dernier jour, « le jugement fera
mis à l'équerre et la justice au
niveau ; et la grêle détruira la
retraite du mensonge, et les eaux inonderont le
lieu où l'on se
retirait. »
(Esa. XXVIII. 17)
Ceux qui auront
été établis sur
le fondement fait en
Sion, seront
sauvés, et dans ce jour suprême
éprouveront que les gracieuses promesses
qu'on leur a faites, sont accomplies dans toute
leur étendue. « Ce personnage (le
Messie) sera comme le lieu auquel on se retire
à couvert du vent, et comme un asile contre
la tempête. (Esa. XXXII. 2) Et l'oeuvre de la foi, le travail de la
charité, » ( I. Thes. I. 3) qu'il les aura rendus capables
d'accomplir ces actions seront produites au grand
jour comme une preuve qu'ils sont conformes
à l'image de son Fils, selon la
prédestination de Dieu, (Rom. VIII. 28) et par conséquent ils seront
acquittés de toute charge portée
contre eux. Car « qui intentera
accusation contre les élus de
Dieu, ». pour lesquels le royaume a
été préparé dès
la fondation du monde, et si « Dieu est
celui qui justifie, qui sera celui qui
condamnera. » (Rom. VIII. 32. 33)
Dans ce monde ils sont comme un signe et un
miracle, (Esa. VIII. 18) on les contredit partout ;
(Act. XXVIII. 22) mais alors Jésus les
reconnaîtra devant les hommes et les anges
assemblés, leur disant, « me
voici, moi et les enfants que Dieu
m'a donnés. » (Heb. II. 13)
Tandis donc que l'écriture attribue
constamment la justification devant Dieu à
la foi, sans les œuvres, elle dit partout que
le jugement sera rendu selon les œuvres, sans
faire mention de la foi.
Dans la justification par la foi, Christ est
considéré comme notre propitiation et
notre avocat : au dernier jour il sera notre
juge. La fin de Dieu dans la justification est la
gloire de sa grâce, mais dans le dernier
jugement c'est la gloire de sa justice
rémunératrice ; la peinture
tracée du jugement dernier dans
l'évangile, (Mat. VII.
et XXV) fait
connaître que dans ce jour, ceux qui ont fait
profession d'avoir la foi en Jésus-Christ
seront examinés pour savoir si elle a
été réelle ; que cet
examen sera fait d'après les fruits et les
effets de cette foi, suivant les occasions que
chacun aura eues, et que c'est ainsi que
peut-être établie la déclaration de
l'état de chaque homme, faite devant
tous.
La foi est opérante par la
charité,
(Gal. V. 6)
et la charité sera regardée comme la
pierre de touche pour examiner la
réalité de la foi.
Ainsi les bonnes œuvres ne constituent pas une
partie des titres de l'homme à la vie
éternelle, qui est le libre don de Dieu par
Jésus-Christ Notre Seigneur. (Rom. VI. 23) Mais attendu qu'elles sont des
effets bienheureux qui proviennent de la
grâce de Dieu, elles seront reconnues comme
une démonstration de ce titre et prises, à ce
qu'il paraît, comme la mesure des
récompenses. « Ceux qui meurent au
Seigneur se reposent de leurs travaux, et leurs
œuvres les suivent. » (Apoc. XIV. 13)
L'amour de Dieu en Christ, est le grand mobile de
l'obéissance prescrite par les
écritures. Cependant les motifs pris du
bien-être des hommes eux-mêmes, quoique
subordonnés à celui-là, ne
sont point oubliés, mais sont mis à
la place qui leur convient pour animer les croyants
dans leurs travaux et exciter leur espoir.
Ils sont exhortés à s'amasser des
trésors dans le ciel ; (Matt. VI. 20) à se faire des amis des
richesses iniques ; (Luc. XVI. 9) à amasser pour l'avenir un
bon trésor, (I.Tim. VI. 19)
(5) parce que
« celui qui sème chichement
recueillera aussi chichement, mais celui qui
sème libéralement
recueillera
aussi
libéralement, (II. Cor. IX. 6) et que chacun recevra sa
récompense selon son travail. »
(l. Cor. III. 8)
Tout ce que les hommes font pour le service de Dieu
procède de sa grâce qui opère
en eux, (II. Cor. VIII. 1) et de la mesure de foi qui leur a
été départie. (Rom. XII. 3) Sans elles, ils ne peuvent produire
aucune bonne œuvre, et ils ne peuvent jamais
en faire plus que ce qui provient d'elles : il
a plu à Dieu de récompenser de cette
manière les effets de sa propre grâce,
et quand la couronne sera placée sur la
tête des chrétiens « ils la
jetteront aux pieds de celui qui est vivant au
siècle des siècles, en disant,
Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur
et puissance. » (Apoc. IV. 10) Toute la gloire du salut, du
commencement jusqu'à la fin, dans toutes ses
parties et dans tous ses degrés, est
attribuée à Dieu, et l'homme ne peut
en tirer aucun sujet de se
glorifier. Une misérable créature
tombée aurait-elle de quoi se glorifier
d'avoir été rétablie par
Dieu ? « La cognée se
glorifiera-t-elle contre celui qui en coupe ou la
scie, se magnifiera-t-elle contre celui qui la
remue. » (Esa. X. 15)
Dieu en récompensant ainsi son peuple
à leur résurrection, (Luc. XIV. 14) satisfait à la fois, suivant
l'économie de la nouvelle alliance, à
sa divine justice, à sa
fidélité aussi bien qu'à sa
grâce ; « car Dieu n'est pas
injuste, pour oublier leur œuvre et le travail
de la charité qu'ils ont
témoignée pour son nom. »
(Heb. VI. 10) Il n'est pas infidèle
à ses promesses quand il les
récompense.
Dans l'heureuse liaison de ses
bénédictions avec leur
obéissance, Dieu montre non-seulement son
amour pour son Fils et pour eux, mais encore
combien la sainteté et la vertu lui
plaisent ; ainsi dans tout le système
du salut, la grâce règne en suivant
les voies de la justice.
Et tandis que d'un côté, il y aura
différents degrés de gloire, et que
les fidèles recevront chacun sa
récompense selon son travail, de l'autre,
différents degrés de punition seront
infligés aux pécheurs, suivant les
différents degrés de
méchanceté.
Les uns seront traités moins rigoureusement
que les autres au jour du jugement ;
(Matt. XI. 22. 24) il y en aura qui recevront une plus
grande condamnation. (Matt. XXIII. 14) (On voit que ces expressions ne
favorisent pas le système de ceux qui,
contre ces déclarations positives de
l'écriture, prétendent que la
mort seconde
sera un
anéantissement des âmes des
condamnés.) Ainsi ceux qui seront
sauvés, seront pleinement convaincus qu'ils
ne doivent leur salut qu'à la
grâce ; les méchants voyant leurs
péchés dans leur punition,
reconnaîtront l'équité et la
convenance de l'action divine, qui rend à
chacun selon ses œuvres. « Dites au
juste que bien lui sera, car ils mangeront le fruit
de leurs œuvres ; malheur au
méchant dans le mal, car la
rétribution de ses mains lui fera
faite. »
(Esa. III. 10. 11)
« Bienheureux sont ceux qui font ses
commandements, afin qu'ils aient droit à
l'arbre de vie et qu'ils entrent par les portes de
la cité. » (Apoc. XXII. 14) Ceux qui font les commandements de
Dieu délivrés aux pécheurs
dans l'évangile, en rendant
l'obéissance de la foi à la quelle
ils ont été amenés par la
prédication de Jésus-Christ,
ceux-là seront bénis et ils ont un
droit provenant de la grâce, à toutes
les bénédictions du salut - par
Christ et à l'admission dans le ciel. C'est
ainsi que nous voyons à la fin des Saintes
Écritures, que les hommes en donnant la
preuve qu'ils ont leur part dans la
médiation de Christ, sont admis aux fruits
de l'arbre de vie,
comme nous
voyons dès leur
commencement, qu'ils en ont été
exclus par la transgression de la loi de Dieu.
« À tous ceux qui l'ont
reçu, il leur a donné le droit
d'être faits enfants de Dieu, savoir à
ceux qui croient en son nom. »
(Jean I. 12)
7-11.
Savoir
la vie éternelle à ceux qui
persévérant à bien faire,
cherchent la gloire, l'honneur et l'immortalité.
Mais il y aura de l'indignation et de la
colère contre ceux qui sont contentieux, et
qui se rebellent contre la vérité et
obéissent à l'injustice. Il y aura
tribulation et angoisse sur toute âme d'homme
qui fait le mal, du Juif premièrement, puis
aussi du Grec. Mais gloire, honneur et paix
à chacun qui fait le
bien ; au Juif
premièrement, puis aussi au Grec, parce que Dieu,
na point d'égard à l'apparence des
personnes.
Dans ces versets l'Apôtre trace les deux
routes opposées ; celle qui mène
au bonheur, celle qui conduit à la
misère. Ceux qui, persévérant
à bien faire, cherchent l'honneur et
l'immortalité, recevront de Dieu la vie
éternelle ; ou, comme il est dit au
onzième verset, la gloire, l'honneur et la
paix seront données à tous ceux qui
font le bien, soit Juifs, soit Gentils.
La teneur entière du discours de
l'Apôtre, prouve clairement qu'il ne veut
point dire ici que l'homme puisse nullement
être agréable à Dieu, ni
à cause de son obéissance à la
loi, ni à raison de quelque mérite
qu'il ait contracté par ses
œuvres ; mais seulement dans la voie qui
a été marquée, en recevant la
justice que Dieu a révélée, et
en lui rendant l'obéissance qui
découle de la foi.
Dans le seizième verset du chapitre premier, l'Apôtre
est parti de ce point que l'évangile est la
puissance de Dieu en salut, au Juif
premièrement, et puis aussi au Grec,
(expression pareille à celle dont il se sert
ici ) et ayant prouvé que tous les hommes
sont sous la coulpe du péché, il
conclut en déclarant qu'ils ne peuvent
être justifiés que par la foi
seulement.
Supposer après cela que le sens de ces
derniers versets soit que les hommes puissent
être justifiés par les œuvres
imparfaites qu'ils peuvent accomplir, ou qu'ils
puissent être sauvés dans une autre
voie que l'obéissance de la foi, ce serait
non-seulement donner à ce passage un sens
qui se trouverait en opposition directe avec
l'évangile, mais encore mettre
l'Apôtre en contradiction avec lui-même
de la manière la plus palpable.
D'ailleurs ces versets sont liés avec
l'invitation à la repentance qui est
contenue dans le quatrième, et cette
repentance vient seulement de l'évangile et
n'a nul rapport avec la justification par la loi
qui demanderait qu'on lui rendit une
obéissance entière et
complète. Il est encore parlé de la
même manière dans le 29e verset, de la circoncision du cœur,
renouvellement qui ne peut avoir lieu que par
l'opération de l'esprit de Dieu,
(Jean III. 6) promis par l'évangile et
reçu par la foi.
(Gal. III. 14) Rien n'est plus évident que
ceci, savoir que le pêcheur ne peut rien faire de bien
jusqu'à ce qu'il ait obtenu
miséricorde et qu'il soit renouvelé
dans l'esprit de son entendement, « car
II nous a sauvés, non par des œuvres de
justice que nous eussions faites, mais suivant la
miséricorde, par l'ablution de la
régénération et le
renouvellement du
Saint-Esprit. » (Tite III. 5) Il est également clair
d'ailleurs que la gloire, l'honneur,
l'immortalité et la paix avec Dieu, ne
peuvent être connues que par
l'évangile qui a mis en lumière la
vie et l'immortalité. ( II. Tim. I. 10) On doit observer aussi que les
termes bonnes
œuvres ou
bien faire
ne sont nulle part
employés, dans le Nouveau Testament, pour
signifier une vertu morale pratiquée par
ceux qui ne croient pas l'évangile ou aucune
œuvre autre que celles qui sont les fruits du
Saint-Esprit.
Le seul passage qui paraisse faire une exception
est le v. 3,
chap. XIII de
l'épître aux Romains, et là ces
mots signifient des œuvres bonnes devant Dieu
principalement, quoique ce ne soit pas
peut-être exclusivement.
Nous devons remarquer encore que l'Apôtre,
dans ces versets, met en opposition ces deux
choses, continuer à bien faire et ne point
obéir à la vérité, ce
qui montre que le bien
faire dont il parle,
dérive de l'obéissance à la
vérité ; dans le premier
chapitre, il avait accusé les Gentils de
retenir injustement captive la vérité
qu'ils connaissaient ou qu'ils pouvaient
connaître concernant Dieu. Mais ici il parle
des Juifs auxquels la vérité de Dieu
avait été
révélée, non-seulement dans
les œuvres de la création relativement
à son pouvoir éternel et à sa
divinité, mais encore et plus
particulièrement dans le plan de la
rédemption qui était la voie par
laquelle les pécheurs lui seraient
agréables, révélation, qui si
souvent est appelée la vérité
par excellence, et
qui se réunit toute entière dans le
Messie. Car la grâce et la vérité
sont venues par
Jésus-Christ. (Jean l. 17) Christ déclare que
lui-même est la vérité,
(Jean XIV. 6) et il appelle sa parole la
vérité. « Si vous persistez
dans ma parole, vous connaîtrez la
vérité et la vérité
vous rendra libres ; (Jean VIII. 31. 32) je suis venu au monde afin de rendre
témoignage à la
vérité. » (Jean XVIII. 37)
Lorsqu'il prie pour ses disciples, il dit :
« sanctifie-les par ta
vérité, ta parole est la
vérité. » (Jean XVII. 17) Le mot vérité est souvent employé par les
apôtres pour désigner
l'évangile. « Ayant purifié
vos âmes en obéissance de la
vérité. » (I Pier, l. 22) Jean l'emploie souvent dans le
même sens dans ses épîtres.
Paul parle fréquemment de la vérité,
indiquant
par-là la doctrine du salut. (Gal. III. 1. Col. I. 5)
Il blâme les églises de la Galatie de
ce qu'elles
n'obéissent point à la
vérité, c'est-à-dire, à
l'évangile qui leur avait été
prêché. Il parle aux Thessaloniciens
de ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont
point reçu l'amour de la
vérité, par lequel ils pourraient
être sauvés et leur déclare
bientôt après que Dieu « a
envoyé à ceux qui périssent
une erreur efficace, de sorte qu'ils croiront au
mensonge, afin que tous ceux-là, soient
jugés qui n'ont pas cru la vérité,
mais qui ont
pris plaisir à
l'iniquité ; ( II. Thes. II. 10-14) » en même temps
qu'il assure ces fidèles que
l'Éternel les a élus dès le
commencement, pour le salut, par la sanctification
de l'esprit et la croyance de La vérité.
Tous ces passages
équivalent à ce qu'il dit ici en
parlant de ceux qui ne croient pas ou qui
n'obéissent pas à la
vérité, mais qui obéissent
à l'injustice.
L'Apôtre ayant donc déclaré que
chacun, au dernier jour, serait jugé selon
ses oeuvres, et parlant des Juifs à qui
avait été faite la
révélation de la gloire de l'honneur,
de l'immortalité, aussi bien que celle de la
punition future, indique dans les versets dont nous
nous occupons, la voie que les écritures
prescrivent pour parvenir à la vie
éternelle, aussi bien que celle qui conduit
à la destruction.
Il parle d'un côté de ceux qui
persévérant à faire le bien,
font effort pour entrer par la porte
étroite ; (Luc XIII. 24) font effort, non pas toutefois comme
les Juifs : ceux-ci loin de se soumettre
à la justice de Dieu, tâchaient
d'établir la leur, et de parvenir à
la loi de justice, non par la foi, mais comme par
les œuvres de la loi ; (Rom. IX. 32) tandis que ceux dont parle ici Paul,
« s'étudient pour entrer dans ce
repos, (Héb. IV. 11) en poursuivant constamment la course
qui leur est proposée, portant les yeux sur
Jésus, (Héb. XII. 1. 2) et imitant ceux qui par la foi et la
patience héritent de ce qui leur a
été promis. » (Héb. VI. 12) Ils considèrent
« l'espérance des biens
réservés dans les cieux, dont ils ont
eu ci-devant connaissance par la parole de la
vérité, par
l'évangile. » (Col. I. 5)
C'est cette voie sur laquelle Paul a dit que
lui-même courait. (Phil. III. 14)
De l'autre côté, il parle de ceux qui
font contentieux et qui disputent contre la
manière que Dieu emploie pour sauver les
pécheurs et contre la dispensation gratuite
de ses faveurs imméritées.
Ceux-là n'obéissent pas à la
vérité, mais ils obéissent
à l'injustice ; à ceux-là
Dieu rendra de l'indignation, de la colère,
de la tribulation et de l'angoisse. L'indignation
et la colère de ce Dieu, juste gouverneur de
l'univers, est révélée des
cieux contre toute injustice, et il fera tomber la
tribulation et l'angoisse, sur tout homme, sans
exception, Juif ou Gentil, qui sera trouvé
dans son péché, « lorsque
le Seigneur Jésus sera
révélé du ciel avec les anges
de sa puissance, avec des flammes
de feu, exerçant la vengeance contre ceux
qui ne connaissent point Dieu, et contre ceux qui
n'obéissent pas à
l'évangile ; » (II. Thes. I. 7. 8) tandis que les
bénédictions de gloire dans le plus
haut degré d'exaltation, de l'honneur dans
l'approbation de Dieu, de la paix et de la joie en
lui, seront accordées tant aux Juifs qu'aux
Gentils, qui auront fait ce qui est bien devant
lui.
La condamnation la plus sévère devait
être infligée au Juif non converti,
parce qu'il avait eu des privilèges
supérieurs, quoique cependant le Gentil
désobéissant ne fût pas exempt
de punition ; et d'un autre côté,
la déclaration de miséricorde que
contient l'évangile, avait été
annoncée aux Juifs avant de l'être aux
Gentils, quoique ceux-ci n'en fussent pas exclus,
parce que Dieu n'a point égard à
l'apparence des personnes.
Tous les hommes, tant juifs que païens, seront
traités également au jour du jugement
de Dieu. Ils sont tous
l'ouvrage de ses mains. (Job. XXXIV. 19) La nation des Juifs jouissait, il
est vrai, de plus grands avantages, mais
c'était pour le bien du monde que le culte
du vrai Dieu était conservé dans son
sein, et que l'Éternel y préparait
les voies à la venue du Messie, sans la
médiation duquel l'humanité
entière restait sous la condamnation et
périssait indistinctement, tandis que sous
le rapport de leur dépravation naturelle, et
de l'utilité dont était pour eux la
voie de justification par la foi, les Juifs
étaient dans la même situation que les
Gentils.
C'est ce que l'Apôtre veut leur prouver. Il
veut leur montrer surtout qu'ils ne pouvaient pas
se fier à l'avantage qu'ils avaient de
descendre d'Abraham, ou à leur
obéissance à la loi, qu'à l'un
et à l'autre égard, ils
étaient également punissables pour
leurs péchés et qu'ils n'avaient
d'autre moyen de plaire à Dieu que celui qui
était préparé pour le reste
des hommes.
Dans son caractère de juge, Dieu ne montrera
de partialité ni pour l'un ni pour l'autre,
mais rendra à chacun selon ses
œuvres.
11-16.
Car
tous ceux qui auront péché sans la
Loi, périront aussi sans la Loi, et tous
ceux qui auront péché en la Loi,
seront jugés par la Loi ; (parce que ce
ne sont pas ceux qui écoutent la Loi, qui
sont justifiés, mais ce sont ceux qui observent la
Loi qui seront justifiés. Or quand les
Gentils qui n'ont point la Loi font naturellement
les choses qui sont de la Loi, n'ayant point la Loi,
ils sont Loi à eux-mêmes. Et ils
montrent par là que l'oeuvre de la Loi est
écrite dans leurs cœurs ; leur
conscience leur rendant témoignage, et leurs
pensées s'accusant entre elles ou
s'excusant) au jour que Dieu jugera les secrets des
hommes par Jésus-Christ, selon mon
Évangile.
L'Apôtre éclaircit ici l'assertion
qu'il a énoncée que devant
Dieu il n'y avait pas d'acception
de personnes et que les pécheurs tant Juifs
que Gentils, seraient jugés selon leurs
œuvres. Les versets 13, 14 et 15 font une parenthèse
destinée à expliquer le sujet.
Dans les versets 12 et
16, qui
doivent être lus de suite, Paul nous apprend
que dans le jour auquel, suivant l'évangile
qu'il avait prêché, Dieu doit juger
les secrets des hommes par Jésus-Christ,
(Act. XVII. 31) de même que ceux qui ont
péché sans la loi,
c'est-à-dire, sans avoir de
révélation, soit la patriarcale, soit
la juive, soit la chrétienne,
périront
sans être
jugés par cette loi, ainsi ceux qui ont
péché sous l'autorité de la
loi révélée seront
condamnés
par cette loi. Toute
puissance étant donnée à
Jésus-Christ (Matt. XXVIII 18) comme chef du royaume de la
médiation, il jugera les secrets des hommes
au dernier jour ; il prendra connaissance
non-seulement de leurs actions publiques et
cachées, mais encore de leurs secrets
motifs, de sorte que l'état réel des
hommes lui sera pleinement découvert.
Dans la parenthèse comprise aux versets 13, 14, 15, l'Apôtre établit la
justice de ce jugement, tant relativement aux
Juifs, que relativement aux Gentils.
Les premiers affirmaient avec obstination que pour
être justifiés devant Dieu, il
suffisait de lire et d'entendre la loi, et de
donner en même temps quelque attention aux
cérémonies légales. C'est
à ce préjugé
profondément enraciné dans leurs
esprit, qu'il répond dans le verset 13.
leur déclarant qu'il ne suffisait pas pour
la justification, d'entendre la lecture de leur
loi, mais qu'il fallait l'accomplir.
Accomplir la loi, c'est lui rendre une parfaite
obéissance : les Juifs pouvaient
dès-lors se convaincre par leur loi
elle-même, (Deut. XXVII. 26) qu'elle ne suffisait pas à
leur justification ; car tous ceux qui font des œuvres
de la loi (qui
s'attachent à l'obéissance à
la loi pour obtenir leur justification)
sont sous la
malédiction, car il est écrit maudit
soit quiconque ne persévère pas dans
toutes les choses écrites au livre de la
loi, pour les faire. Or que par la loi personne ne
soit justifié devant Dieu, cela
paraît par ce qui est dit que le juste vivra
de la foi. (Gal. III. 10. 11) (6)
Nous trouvons, dans les versets 14 et 15, la
réponse a l'autre objection, qui
était dirigée contre la condamnation
des Gentils qui n'avaient point de loi
écrite. Ils n'en avaient point en effet de
telle, mais ils n'étaient pas pour cela sans
loi. Ils faisaient voir clairement que la
distinction entre le juste et l'injuste
était écrite dans leurs cœurs,
leur conscience en rendait témoignage ;
ils le montraient encore par les raisonnements
(7) qu'ils faisaient
entr'eux, soit en s'accusant l'un l'autre de
mauvaises actions, soit en se défendant
contre de telles accusations; ils n'étaient
donc pas sans loi, puisque le jugement de leur
conscience les accusait de l'avoir
violée.
La loi de Dieu était écrite
originairement dans le cœur d'Adam qui
était fait à l'image de
l'Éternel, et quoique depuis qu'il l'eut
transgressée et qu'il eut perdu cette
ressemblance, cette loi se fût effacée
en grande partie, quoique les connaissances que
donne la conscience aux hommes qui ne font point
éclairés par les lumières de
la révélation, soient seulement
partielles ; les restes que leurs cœurs
conservent encore de l'œuvre de la loi sont
suffisants pour condamner justement tout homme
puisque tout homme connaît bien qu'il n'a pas
fait tout ce que dicte sa conscience, et qu'ainsi,
d'après son propre jugement, il se condamne
lui-même.
Nous voyons par ce passage qu'il n'y avait plus
dans le cœur de l'homme que des restes de la
connaissance de la loi, suffisants toutefois pour
le condamner. Dans la promesse de la nouvelle
alliance, (Héb. VIII. 10) Dieu déclare qu'il
écrira sa loi
dans le cœur de son peuple. Cependant dans le passage qui nous
occupe, l'Apôtre ne dit pas que la loi
fût écrite dans le cœur des
hommes, mais l'oeuvre
de la loi.
Il semble par la
différence de ces deux expressions, que
pendant qu'il y avait dans l'homme un reste du
sentiment intérieur qui lui fait discerner
le bien du mal, l'approbation ou l'improbation qui
en étaient la fuite, n'étaient pas
relatives à l'autorité du
législateur ou à celle de la loi,
mais seulement à la distinction entre les
actions confédérées comme
justes ou criminelles en elles-mêmes.
L'amour de Dieu et la crainte respectueuse envers
lui, qui sont les vrais principes de
l'obéissance, avaient disparu de la
pensée des hommes, mais la connaissance de
son équité et de la justice, et la
conscience que les violations de la loi
méritaient et attiraient une punition,
avaient été
conservées.
Les versets ci-dessus, sont souvent cités
pour prouver que les hommes peuvent être
sauvés par leurs oeuvres sans
révélation, et cependant ils prouvent
le contraire.
Leur but est de justifier l'équité de
Dieu qui en condamnant les hommes pour leurs
péchés, les juge d'après la
loi de leur propre conscience.
Il est prouvé ici et dans le chapitre
précédent, que Dieu ne demeure jamais sans
témoignage. Les œuvres de la création
parlent extérieurement à
tous les hommes, et
l'Apôtre affirme dans ces versets, que le
sens moral naturel parle aussi à tous les
hommes intérieurement.
Ce spectacle et cette
loi réunis, déclarent à la
fois l'existence, l'autorité souveraine, la
sagesse et la bonté de Dieu, et combien la
race humaine lui est comptable de toute sa conduite
morale ; les lumières de la conscience,
fortes et profondes de leur nature, quoique
confuses et indéterminées dans leur
application, placent l'homme sous le lien d'une
obligation positive parce que l'humanité
toute entière reconnaît leur force et
la nécessité de se soumettre à
leur autorité, lors même qu'elle
tâche en vain, de raisonner contre la
validité de leurs décisions.
Paul montre et ce que ces lumières peuvent
faire, et ce pour quoi elles sont
insuffisantes ; il prouve qu'elles ne peuvent
être le fondement de la justification et de
la consolation, mais du désespoir et de la
condamnation. Dans le jour du juste jugement de
Dieu, le péché sera puni, quel que
soit celui en qui il se trouvera, s'il n'est
lavé par le sang de l'expiation, soit dans
le Juif, soit dans le Grec.
17-20.
Voici, tu portes le nom de Juif, tu te
reposes entièrement sur la Loi, et tu te
glorifies en Dieu ; Tu connais sa
volonté et tu sais discerner ce qui est
contraire, étant instruit par la Loi, et tu
crois être le conducteur des aveugles, la
lumière de ceux qui sont dans les
ténèbres, le docteur des ignorants, le
maître des idiots, ayant le modèle de
la connaissance et de la vérité dans
la Loi.
L'Apôtre assure ici les Juifs, dont il parle
clairement en les nommant, que tous leurs avantages
extérieurs et toutes les
choses dont ils se
glorifiaient ne les
sauveraient pas. Ils portaient le nom de Juifs,
(8) C'était un
nom honorable dérivé de celui du
patriarche Juda, et qui signifie, confesseur de Jéhovah.
Ils se reposaient sur
la loi qu'ils avaient reçue, en laquelle ils
avaient confiance, connaissant qu'elle venait de
Dieu et qu'il n'était pas nécessaire
qu'ils allassent ailleurs pour chercher la sagesse.
(Deut. XXX. 11. 12)
Ils faisaient leur
gloire d'adorer le vrai Dieu, tandis que les
Gentils servaient leurs vanités
mensongères.
Étant instruits par la loi, ils
connaissaient sa volonté. Elle leur
était pleinement connue et ils pouvaient
clairement distinguer le bien du mal. Comme ils
possédaient dans cette loi, la forme ou la
représentation de la connaissance de la
vérité, ils avaient assez de
confiance pour se croire capables d'instruire le
reste du monde qui, relativement aux choses de
Dieu, était plongé dans
l'obscurité, dans la stupidité, et
qui était ignorant comme le sont les
enfants.
21-24.
Toi donc qui enseignes les
autres, ne t'enseignes-tu point
toi-même ? Toi qui prêches qu'on
ne doit point dérober, tu
dérobes ; Toi qui dis qu'il ne faut
point commettre adultère, tu commets
adultère ; toi qui as en abomination les
idoles, tu commets des
sacrilèges ; Toi qui te glorifies en la
Loi, tu déshonores Dieu par la transgression
de la Loi. Car le nom de Dieu est
blasphémé à cause de vous
parmi les Gentils, comme il est
écrit.
L'Apôtre a déclaré plus haut
les privilèges extérieurs des Juifs,
la profession qu'ils faisaient de leur foi et les
belles apparences qu'ils présentaient. Ici
il accuse leur conduite réelle et leur
caractère, et montre ainsi leur
inconséquence et leur hypocrisie ; il
leur reproche que malgré les avantages dont
ils jouissaient, malgré la
sévérité avec laquelle ils
jugeaient que les Gentils étaient coupables
des crimes cités plus haut, ils faisaient
les mêmes choses.
Eux, qui se considéraient comme les docteurs
des autres, étaient coupables des
infractions les plus criantes de leur propre loi,
et commettaient les mêmes délits
qu'ils enseignaient aux autres à
éviter. Ils
dérobaient, ils étaient
adultères ; leurs prophètes
eux-mêmes rendaient témoignage de la
vérité de ces inculpations.
(Ezech. XXII. 7-14) Ils étaient coupables de
sacrilège, et même ce crime
était fréquent parmi eux.
(Mal. I. 7. 8.13.
III. 8. 14. Agg. II. 14) Ils avaient changé le temple
de Dieu, en une caverne de voleurs. (Jér. VII. 11. et
Matt. XXI. 13) Ils faisaient leur gloire de leur
loi, et en la violant continuellement, ils
déshonoraient le Dieu d'Israël, et
faisaient que son nom était
blasphémé par les Gentils, comme il
était écrit dans les saints livres.
(Ezech. XXXVI. 20. 22)
Les païens accusaient la religion des Juifs,
des crimes que ce peuple commettait, et
attribuaient les calamités que ses
iniquités attiraient sur lui, à
l'impuissance de leur Dieu, qui ne pouvait les
protéger. C'est ainsi que ceux qui
condamnaient l'impiété et l'injustice
des autres peuples, se rendaient coupables des
mêmes fautes qu'eux.
25-29.
Il est vrai que la
Circoncision est profitable, si tu gardes la Loi,
mais si tu es transgresseur de la Loi, ta
circoncision devient incirconcision. Mais si celui
qui est incirconcis garde les ordonnances de la
Loi, son incirconcision ne lui sera-t-elle pas
réputée circoncision ? Et si
celui qui est naturellement incirconcis, accomplit
la Loi, ne te jugera-t-il point, toi qui, dans la
lettre et dans la circoncision, es transgresseur de
la Loi. Car celui-là n'est point Juif qui ne
l'est qu'au dehors, et celle-là n'est point
la circoncision qui est faite par dehors en la
chair, mais celui-là est Juif, qui l'est au
dedans, et la circoncision, est celle qui est de
coeur en esprit, et non pas dans la lettre, et de
celui-là la louange n'est point des hommes,
mais de Dieu.
Malgré les violations criantes de la loi,
dont l'Apôtre vient de parler, et dont les
Juifs qui rejetaient l'évangile
étaient coupables, ils se confiaient
cependant dans la circoncision. C'était une
marque de distinction dont ils jouissaient, comme
étant la nation dans laquelle le Messie
devait naître et qui leur était utile
pour leur rappeler la foi d'Abraham, de qui ils
descendaient. Mais cette circoncision et tous les
avantages qui lui étaient unis, ne pouvaient
produire aucun bon effet en ceux qui violaient la
loi, et qui négligeaient cette justice
reçue par la foi, dont ce signe était
un sceau pour Abraham.
Celui qui cherchait dans la loi sa justification,
était obligé de lui obéir en
son entier, et dans ce cas, la circoncision
l'obligeait à l'accomplir parfaitement.
(Gal. V. 3)
Sous ce rapport, au lieu de leur procurer des
avantages, elle aggravait encore leur condamnation.
(Matt. XI. 21-24. Luc XII. 47. 48)
Pour prouver que la circoncision ne pouvait servir
à les faire acquitter dans le jugement de
Dieu, l'Apôtre leur assure ici, que si un
Gentil incirconcis observait les préceptes
de la loi et réglait sa
conduite sur elle, il serait regardé comme
un véritable serviteur de Dieu,
malgré le défaut de circoncision.
Ainsi celui qui aurait cru les promesses de Dieu,
relatives au Messie, et qui aurait
éprouvé intérieurement un
changement spirituel, jugerait et condamnerait les
Juifs, qui ayant la lettre de la loi et la
circoncision, n'auraient pas eu une disposition
intérieure à l'obéissance, et
qui auraient négligé et violé
les préceptes qui leur avaient
été donnés.
Les Juifs devaient être convaincus, de ce que
dit ici l'Apôtre, que pour être
réellement Juif, il ne suffisait pas de
l'être par la naissance. Tous ceux qui sont d'Israël ne
sont pourtant pas Israël. (Rom. IX. 6) Celui qui descendait d'Abraham,
seulement selon la chair, n'était pas un
vrai Juif ; (
Apoc. Il. 9) n'était pas de la race de ce
patriarche, dans le sens le plus complet et le plus
important, dans le sens spirituel.
Considérés sous ce rapport, les Juifs
n'étaient pas enfants d'Abraham, mais le
père dont ils étaient issus,
était le Diable. (Jean VIII. 39-44) La vraie Circoncision n'est pas
celle de la chair qui n'était qu'un signe
extérieur et non la chose signifiée.
Mais, celui-là était un vrai Juif,
celui-là était un vrai fils
d'Abraham, qui était dans la même
disposition intérieure, qui possédait
la même foi ; et la vraie circoncision
selon le sens spirituel et non suivant la lettre de
la loi, est la circoncision du cœur.
L'idée qu'un rite extérieur, quelle
que fût sa signification, mettait celui qui
en était l'objet, dans une relation de salut
avec Dieu, était une erreur dans laquelle
les Juifs étaient généralement
tombés, et de laquelle tous ceux qui
professent le christianisme ne sont point
exempts.
Rien de ce qui est fondé sur la loi, ne peut
subsister devant Dieu comme titre à la
justification, si ce n'est son parfait
accomplissement, et comme tous les hommes
l'enfreignent, il n'y a que la justice qui est
reçue par la foi qui serve au tribunal du
Très-haut ; c'est celle qu'Abraham
possédait avant d'être circoncis,
celle qui est liée avec la circoncision du
cœur que Dieu a promise (Deut. XXX. 6) et qu'il accorde à tous ceux
qui appartiennent à la nouvelle alliance,
(Ezech. XXXVI. 26. 27) appelée l'esprit, pour la distinguer de l'ancienne qui
est appelée la
lettre. (II. Cor. III. 6) Ceux qui appartiennent à
cette dernière, ont reçu la loi
écrite sur des tables de pierre, mais tous
les autres, depuis le plus petit jusqu'au plus
grand, connaissent le Seigneur, (Heb. VIII. 11) et reçoivent la loi
écrite sur les tables charnelles de leur
cœur. (II. Cor. III. 3) Ils sont circoncis
intérieurement, non selon le sens
littéral, mais selon le sens
spirituel ; ils n'ont point l'approbation des
hommes du monde, qui ne les entendent point, qui au
contraire les calomnient,
(Jean XV. 18.19 , I Jean III. 13) mais ils jouissent de la faveur et
de l'approbation de Dieu. C'est nous qui sommes la Circoncision,
qui servons Dieu en esprit, qui
nous glorifions en
Jésus-Christ,
et qui n'avons point
de confiance en la chair. (Phil. III. 3. 4. 7)
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