Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE IV.

1-2. QUE dirons-nous donc qu'Abraham notre père a trouvé selon la chair ? Certes si Abraham a été justifié par les oeuvres, il a de quoi se glorifier, mais non pas envers Dieu.

L'Apôtre éclairât ici sa doctrine de la justification en citant l'histoire d'Abraham, et la déclaration de David. Rien n'est, en effet, plus propre que ces deux exemples à nous convaincre combien est vaine l'espérance de ceux qui comptent sur la justification par les oeuvres.
Abraham était un patriarche éminemment saint, le père commun de la nation d'Israël ; il avait été appelé l'ami de Dieu, et tous les peuples de la terre devaient être bénis en lui.
David était l'homme selon le coeur de Dieu ; l'ancêtre du Messie et son type personnel ; il était oint Roi et Prophète, et, si Abraham n'avait été justifié que par la foi, si David, parlant par l'Esprit de Dieu, déclare que c'est la seule voie par laquelle les hommes puissent recevoir la justification qui pourra prétendre à l'obtenir par aucun autre moyen.

Nous avons déjà observé que dans toute cette épître, Paul a dirigé spécialement son attention sur les Juifs. Les Gentils n'avaient point reçu des avantages extérieurs assez grands pour offrir un fondement à leur confiance, pour tranquilliser leurs consciences et pour les assurer qu'ils étaient agréables à Dieu. C'est pour cela qu'il était bien difficile, quoique les derniers prophètes eussent dirigé leurs vues vers ce point, de persuader aux Juifs, qu'ils devaient établir une distinction bien tranchée, entre les institutions typiques de leur loi, qui ne les sanctifiaient, que quant à la pureté de la chair (Héb. IX. 13) et le sang qui devait éloigner véritablement le péché de l'âme. Aussi l'Apôtre demande-t-il ici ce que leur père Abraham a obtenu par ses privilèges extérieurs ? (Rom. II. 25. Phil. III. 3. 4)

Il était consigné dans les écritures qu'il avait été justifié ; la question était de savoir comment il l'avait été. Si c'était par ses oeuvres, alors il avait quelque chose dont il pouvait se glorifier ; mais Paul, comme s'il avait hâté de repousser une idée aussi contraire à la perfection de la loi de Dieu et à la dépravation de l'homme, s'empresse de répliquer brusquement ; mais non pas envers Dieu. Il eût été contraire à toute la doctrine des écritures, de penser que l'homme formé dans l'iniquité et que sa mère a échauffé dans le péché, (Ps. LI. 7) qui dans aucun moment ne rend complètement à la loi l'obéissance qu'elle exige, qui encourt à chaque instant la punition de la mort par le péché, pût avoir le moindre droit à se glorifier en présence de ce Dieu, devant qui les Séraphins couvrent leurs faces de leurs ailes. (Isa. VI. 2)

3. Car que dit l'écriture ? qu'Abraham a cru à Dieu et cela lui a été imputé à justice.

L'Apôtre s'en rapporte ici aux écritures de l'ancien Testament qui donnent un témoignage positif de sa doctrine ; elle déclare qu'Abraham crut ce que Dieu lui assurait, et que cette croyance lui avait été imputée, avait été allouée en sa faveur ou compté pour justice.
Cette citation est tirée de Gen. XV. 6. Elle se rapporte au temps où l'Éternel promit à Abraham que sa postérité serait innombrable comme les étoiles du Ciel. C'était le renouvellement de la promesse qu'il lui avait faite lorsqu'il l'avait tiré de son pays, (Gen. XII. 2. 3) et ainsi elle comprenait la déclaration qui lui avait été répétée en divers termes que toutes les nations du monde seraient bénies en sa semence.
Cette promesse se rapportait donc à celle qui fut faite à nos premiers parents après leur chute et dans laquelle était renfermée l'espérance originaire d'une rédemption éternelle, qui devait être accomplie par un libérateur né de la race humaine, et que Dieu annonçait à Abraham comme devant sortir de sa postérité.

C'est ainsi que Dieu annonça l'évangile à Abraham. (Gal. III. 8) Celui-ci crut à Jéhovah, et cette foi lui fut comptée pour justice. Toute action de l'homme peut lui être imputée ainsi, car le Seigneur peut vouloir bien récompenser sa créature pour une de ses actions, quoique cette action émanant d'une créature imparfaite et pécheresse, ne puisse lui donner aucun droit positif à une telle bénédiction. Ce don peut être caractérisé en le considérant comme une allouance accordée gratuitement à celui à qui elle n'appartenait pas. (Ps. CVI.30. 31) Mais combien plus la gratuité de la faveur divine ne se déploie-t-elle pas lorsqu'elle est accordée où l'homme n'a rien fait ? car il y aurait une grande différence entre faire quelque chose de bien, quelque peu que ce soit, et croire simplement que Dieu veut accomplir ses promesses ; cette allouance de la foi pour la justice, est donc la preuve la plus forte que la bénédiction du Très-Haut n'est point allouée comme une dette, comme une dispensation de justice, mais comme acte de faveur nullement méritée, comme une dispensation de miséricorde. La foi d'Abraham lui fut comptée pour justice, parce que la vérité qu'il crut est une chose agréable à Dieu.

Ce passage des anciennes écritures confirme la doctrine que la justice de Dieu est reçue par la foi, et montre le témoignage qui en était rendu par la loi. (Rom. III. 21) II réfute aussi l'opinion de ceux qui se trompant sur la manière dont l'apôtre Jacques s'exprime, (Jac. II) affirment que l'homme est d'abord justifié seulement par la foi, mais qu'il l'est ensuite par les oeuvres qui découlent de la foi.
Les paroles de la Genèse que nous avons citées, se rapportent à une période qui est bien postérieure à l'époque où Abraham avait cru en Dieu et avait été justifié. (Gen. XII. 1. 4. Heb. XI. 8.) Par conséquent l'homme obtient d'abord la justification par la foi, et ne continue dans cet état que par la foi.

4-5. Or à celui qui fait les oeuvres, le salaire ne lui est pas imputé comme une grâce, mais comme une chose due. Mais à celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice.

Ici est établie formellement la distinction entre recevoir pour les oeuvres et recevoir par la foi. Dans le premier cas, l'homme reçoit ce qui au moins en partie, lui est dû ; dans le second, tout est à titre de faveur. C'est dans le 5.e verset que cette manière de justification est placée dans le point de vue le plus clair.
D'abord l'homme à qui la foi est imputée pour justice ne fait pas les oeuvres. Il ne fait rien pour obtenir la justification. Mais ce n'est pas tout ; à l'époque où il est justifié, il était impie. Cette expression, impie est appliquée par tout dans les saints livres aux hommes de la dernière méchanceté. (I. Tim. I. 9, l. Pier.IV. 18. II. Pier. II. 5) (1)

Quelques personnes disent qu'il peut être accordé que Dieu justifie les impies, mais seulement ceux qui l'ont été d'abord et non ceux qui le sont encore lorsqu'ils sont justifiés. Cela est vrai, parce que tous ceux qui sont justifiés étaient auparavant impies, et que tous ceux qui sont justifiés deviennent au même instant pieux. Mais la question est de savoir s'ils étaient impies ou non, dans le moment qui a précédé leur justification. Or, s'ils sont considérés comme pieux et le sont véritablement, les paroles de l'Apôtre sont fausses, et la proposition contraire que Dieu ne justifie que les hommes pieux sera vraie.

Il n'y a donc rien de bon dans l'homme, aux yeux de Dieu, avant qu'il n'ait été justifié. Jusqu'alors il est impie, il est dans cet état contre lequel la colère de Dieu se révèle du ciel, (Rom. I. 18) et par conséquent il n'a été rien fait par lui qui contribue à sa justification.
L'homme qui cherche à être justifié, en faisant quelque chose que ce soit, s'oppose à l'évangile de la grâce de Dieu et est dans la malheureuse condition de ces Juifs que Paul peint avec tant de sensibilité dans les IX.e et X.e chapitres de cette épître. « Seigneur, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? demanda le geôlier de Philippe à Paul et Silas, ils répondirent, crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. (Act. XVI. 30. 31) Que ferons-nous pour faire les oeuvres de Dieu ? demandaient les Juifs à Jésus. Il répondit et dit, c'est ici l'oeuvre de Dieu que vous croyez en celui qu'il a envoyé En vérité, en vérité, je vous dis : qui croit en moi a la vie éternelle Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean VI. 28. 29. 47. 54)

Jésus déclare, quant à ces dernières paroles, qu'elles doivent être prises dans un sens spirituel (Jean VI. 63) et leur signification est la même que celle des mots qui précèdent. Qui croit au Fils a la vie éternelle. (Jean III. 36) L'homme est donc justifié et sauvé seulement par la croyance, et dans le passage que nous avons sous les yeux , la foi est opposée à toute espèce d'oeuvre. « À celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, la foi lui est imputée à justice. » Ainsi dans l'évangile, la justice et la vie éternelle, sont révélées comme des dons libres de Dieu en Jésus-Christ, sans condition et sans exception aux plus grands pécheurs qui croient au témoignage que Dieu a rendu de son Fils.

6-8. Comme aussi David exprime la béatitude de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les oeuvres en disant : Bienheureux sont ceux à qui les iniquités sont pardonnées et dont les péchés sont couverts ! Bienheureux est l'homme à qui le Seigneur n'aura point imputé son péché !

L'Apôtre continue à prouver et expliquer sa doctrine par cette citation du Psaume XXXII. 1. 2. Ce passage montre combien est heureux l'homme dont les iniquités sont pardonnées ou remises, et dont les péchés sont couverts, « Qui est le Dieu fort comme toi qui ôtes l'iniquité, et qui passes par-dessus les péchés du reste de ton héritage ? Il ne tient point à toujours sa colère parce qu'il se plaît en sa gratuité, il aura encore compassion de nous ; effacera nos iniquités, et jettera tous nos péchés au fond de la mer. (Mich. VII. 18. 19)
David en parlant des hommes qu'il regarde spécialement comme heureux, ne fait point mention, ne dit rien, de ceux qui n'ont jamais péché, ou qui ayant fait de bonnes oeuvres ont couvert leurs péchés et se sont justifiés eux-mêmes. Il peint au contraire le bonheur de l'homme à qui Dieu a imputé la justice sans les oeuvres, lorsqu'il dit, Bienheureux sont ceux dont les iniquités sont pardonnées.
Le pardon des péchés n'est point équivalent à la justification qui comprend aussi l'action de traiter un homme comme juste et de lui donner le droit à la récompense de la vie éternelle. Car il est évident que dans toute espèce d'actions, pardonner à un criminel est une chose bien différente de lui donner un titre pour un bien. Mais ces bénédictions du pardon et de la justification ne peuvent être séparées, puisque celui à qui Dieu a pardonné est aussi justifié, et que celui qui est justifié par lui, reçoit aussi le pardon.
L'un et l'autre sont des dons de la grâce, sont accordés aux mêmes personnes et en même temps, et sont communiqués par la médiation de Christ.

Le criminel qui reçoit son pardon est affranchi de l'obligation de souffrir la mort pour ses crimes, mais celui qui est justifié, est déclaré avoir droit à la vie. Paul parle aux Juifs d'Antioche, de la rémission des péchés et de la justification, comme de deux bénédictions distinctes. (Act. XIII. 38. 39) Mais Dieu impute toujours la justice à celui à qui il n'impute pas le péché, car il ne pardonne à aucun qu'à cause de son union avec Jésus-Christ par la foi, et lorsque son sang expiatoire couvre leurs péchés, sa justice justifie aussi leurs personnes.
Comme leur garant a souffert pour leurs péchés qui lui ont été imputés, ils sont récompensés et obtiennent l'héritage de la vie éternelle, parce que sa justice leur est imputée, c'est là que l'on peut tirer le vrai sens de l'expression effacer les péchés, si fréquemment employée dans l'écriture, c'est les tirer du compte.

C'est ainsi qu'un salut complet est préparé par la grâce de Dieu, dans l'évangile, au moyen du sang de Christ. La rançon est payée l'expiation est faite, la justice des siècles est amenée par le garant de la nouvelle alliance ; c'est auprès de lui que le pécheur se réfugie, renonçant à toute autre apologie. Il n'a point d'autre défense devant Dieu, et celui qui connaît Dieu et se connaît lui-même, n'a de confiance en aucun autre, et pour assurer son succès, il a un « avocat envers le Père, Jésus-Christ, le juste. » (I. Jean II. 1)
Nous voyons en liant le 6.e verset du passage dont nous nous occupons, avec la citation comprise dans les versets suivant, que lorsque les péchés sont pardonnés à l'homme, la justice lui est aussi imputée ; l'Apôtre y répète que Dieu l'impute sans les oeuvres, ce qui fait que nous trouvons dans ces versets une idée exacte de la nature de la justification.
Elle n'a pour objet aucun changement personnel ou intérieur qui soit produit dans l'homme. Le mot, justification, (2) signifie un changement dans l'état de l'homme aux yeux de Dieu, de telle sorte que celui qui, jusqu'au moment où il l'a reçu, était coupable et sous la condamnation, mais dont le péché est actuellement pardonné, est regardé ou compté pour juste, comme s'il avait rendu à la loi de Dieu la parfaite obéissance qu'elle demande.
Il est vrai qu'aussitôt que l'homme est justifié, un changement intérieur est opéré en lui, parce qu'il reçoit l'esprit, par la foi qui le justifie, et qu'il est ainsi sanctifié. Mais la sanctification est entièrement différente de la justification quoique inséparable d'elle. Jésus-Christ a été fait, de la part de Dieu, pour son peuple, justification et sanctification. (I. Cor. I. 30)

On dit souvent que la justification est un terme de barreau, emprunté à la pratique des cours de justice établies chez les hommes, mais cette explication, quoique bonne à beaucoup d'égards ne nous donne point une idée complète de la manière dont ce terme est employé dans l'écriture. Si un criminel est condamné par un tribunal, il peut recevoir son pardon, mais ne peut-être justifié ; s'il est acquitté, il peut être justifié, mais il ne saurait alors avoir besoin de pardon.
Tandis que la justification de l'homme devant Dieu est toujours liée avec le pardon du péché, et suppose nécessairement que le justifié est coupable, qu'il a violé la sainte loi de Dieu, qu'il a perdu tout droit à la récompense de la justice suivant la loi, et qu'il a encouru les châtiments d'une éternelle misère ; la justification du pécheur suppose donc, non-seulement la rémission totale et finale du châtiment mérité par lui, mais encore un droit actuel à la récompense de la justice, indépendant et de sa conduite future et de sa vie passée.
Elle est représentée partout dans l'écriture comme immédiate et complète, aussitôt que le pécheur croit au Seigneur Jésus-Christ, parce que sa justice lui est imputée avec toute les bénédictions qui y sont attachées ; et non point comme un avantage contingent en attendant la mort et le jugement.

Le Seigneur donne au pécheur un droit et un titre à la vie éternelle, le réputant juste, par un acte de sa grâce souveraine, de sorte qu'il n'est point de condamnation pour lui ; mais qu'étant justifié, il est fait héritier selon l'espérance de la vie éternelle. Tel est le don de la justification, (Rom. V. 16) car les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance. (Rom. XI. 29)

Que la justification suppose, non-seulement la rémission des péchés, mais encore l'avantage que la vie soit adjugée au croyant et qu'il soit accepté comme ayant, par la justice, des droits à la récompense de la gloire, c'est indubitable puisque les croyants sont justifiés par leur communion avec Christ dans sa propre justification, qu'il reçut lorsqu'il ressuscita des morts.
Or par cette justification de Christ, il a été actuellement déclaré absous de tout le péché dont il avait pris la coulpe sur lui, il a été considéré comme ayant accompli toute justice, ayant obéi parfaitement à la volonté de son père ; il a acquis un droit à la récompense de la vie, comme chef et garant de tous les croyants, et elle lui a été donnée en cette qualité ; et comme la vie qu'il a reçue par sa résurrection des morts, est la vie éternelle, tous ceux qui ressuscitent avec lui, qui l'ont pour leur garant et qui sont justifiés en lui, auront aussi la vie éternelle. « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole et croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et il ne fera point exposé à la condamnation , mais il est passé de la mort à la vie.» (Jean V. 24. IV. 14)

Paul discute encore ce sujet de la justification par la foi seule, dans son épître aux Galates. Il leur montre le danger qu'il y a à la plus légère tentative de faire quelque chose dans la vue de la justification. Il les assure que s'ils observent seulement la circoncision (qu'il déclare dans un autre passage (Gal. VI. 15) n'être rien en elle-même, mais que cependant il avait permise dans un dessein différent (Act. XVI. 3) et qu'ils l'observent dans cette vue, Christ ne leur profitera de rien. (Gal. V. 2) Il le répète avec autant de force dans les deux versets suivants, où il établit que ceux qui agissent ainsi, se chargent de l'exécution entière de la loi et renoncent à l'espérance du salut par la grâce ; et afin de leur montrer que la justification n'est point un acte qui puisse être divisé de sorte qu'une partie dérive de l'action de Christ, une autre des oeuvres des hommes, il déclare que ceux qui font des oeuvres de la loi, sont tous sous la malédiction, (Gal. III. 10) que rien ne peut satisfaire la loi qu'une obéissance entière et parfaite, et que par conséquent, tous ceux qui ne persévéraient pas en toutes les choses qui y étaient écrites, étaient également maudits.
Tenter de faire quelque chose de nous-mêmes pour notre justification, tenter d'ajouter quelque chose, quelque petite qu'elle puisse être à l'oeuvre complète de Christ, est une entreprise directement opposée à l'évangile.

Ainsi l'espoir d'être accepté par Dieu doit être fondé seulement sur la grâce, la miséricorde, le pardon dans le sang de Christ : c'est en ceci que l'âme est acceptée, qu'elle peut se reposer, sans aucune considération de rien qui soit en elle, si ce n'est que tout y est pécheur et exposé à la ruine.
Les hommes trouvent cette doctrine difficile, et seraient bien aise d'avoir quelque chose en eux qu'ils pussent mêler au sang de Christ. Ils ne savent comment placer ces pierres fondamentales sans quelque ciment, de leurs propres efforts et de l'observation de leurs devoirs, et parce que ces choses ne peuvent se combiner, ils emploient toute leur vie à un travail inutile. Si le fondement est la grâce, il n'est point les oeuvres, autrement la grâce n'est plus la grâce.
Prendre d'abord la miséricorde et le pardon comme venant seulement de Christ et rendre ensuite l'obéissance à Dieu, dans la force de Christ et pour l'amour de Christ, telle est la vie du croyant.

9-12. Cette déclaration donc de la béatitude est-elle seulement pour la circoncision ou aussi pour l'incirconcision ? Car nous disons que la foi a été imputée à Abraham à justice. Comment donc lui a-t-elle été imputée ? a ce été lorsqu'il était déjà circoncis ou lorsqu'il était encore incirconcis ? ce n'a point été dans la circoncision, mais dans l'incirconcision. Puis il reçut le signe de la circoncision pour un sceau de la justice de la foi, laquelle il avait reçu étant incirconcis, afin qu'il fut le Père de tous ceux qui croient, étant incirconcis et que la justice leur fut aussi imputée. Et qu'il fut aussi le père de la circoncision, c'est-à-dire, de ceux qui ne sont pas seulement de la circoncision, mais qui aussi suivent les traces de la foi de notre père Abraham, laquelle il a eue étant incirconcis.

Après avoir exposé la nature de la justification et la manière dont elle est reçue, l'Apôtre demande ici, si cette bénédiction était seulement à ceux qui étaient circoncis ou si elle leur était commune avec les incirconcis.
Il était d'autant plus nécessaire de le décider, que les Juifs, non-seulement supposaient que la justification dépendait, au moins en partie, des oeuvres des hommes, mais encore que les privilèges du peuple de Dieu étaient liés d'une manière inséparable avec la circoncision.
Dans le chapitre précédent v. 29. 30, il déclare que la justification s'étendait aux Gentils aussi bien qu'aux Juifs, et qu'elle était reçue par la foi, sans les oeuvres. Il affirme ici qu'elle n'avait point de liaison nécessaire avec la circoncision. Il le prouve par l'exemple d'Abraham ; II vient de montrer par l'ancien Testament, que la foi avait été attribuée à Abraham pour justice, et y ajoute encore ici, cette circonstance qu'elle lui avait été comptée avant qu'il fut circoncis. Il était donc clair, d'après cela, que la circoncision n'était pas nécessaire pour la justification. Abraham, reçut de Dieu cette marque qui était le sceau ou la confirmation de la réalité de la justification qu'il avait eue par la foi, qu'il possédait avant d'être circoncis, et qui était ainsi le gage de l'accomplissement de la promesse qui lui avait été faite d'une postérité nombreuse, surtout dans le sens spirituel.

Tout cela eût lieu afin qu'Abraham, recevant la promesse d'être le père de Celui en qui toutes les familles de la terre seraient bénies, et étant justifié par sa foi dans cette promesse, put être le père spirituel de tous ceux qui dans la suite croiraient, quoiqu'ils ne fussent pas circoncis ; il était clair, par son exemple, que la justice leur ferait imputée.
Il devait être aussi le père des circoncis, auxquels, s'ils croyaient, il était également certain, que la justice, d'après ce qui lui était arrivé, serait imputée ; non parce qu'ils étaient circoncis, mais parce qu'ils marchaient sur les traces de la foi que Abraham avait eue, même avant sa circoncision. « Car en Jésus-Christ, ni la circoncision, ni l'incirconcision, n'ont aucune efficace, mais la foi opérante par la charité. » (Gal. V. 6)

13. Car la promesse d'être héritier du monde, n'a pas été faite à Abraham ou à sa semence par la loi, mais par la justice de la foi.

L'Apôtre donne ici une autre preuve que la bénédiction de la justification par la foi, s'applique aux Gentils comme aux Juifs. Abraham était établi héritier du monde, le père commun des croyants, soient Juifs soient Gentils ; car Christ était de la semence d'Abraham, tous ceux qui sont de Christ sont de, la semence d'Abraham, et héritiers selon la promesse. (Gal. III. 29) Ils sont les héritiers de l'éternel héritage promis par Dieu, (Heb. IX 15) de cet héritage dont la terre de Canaan, donnée à Abraham et à ses descendants naturels, n'était que le type. Mais cet héritage ne fut pas accordé à Abraham et à sa semence par la loi, c'est-à-dire, en vertu d'un titre que la loi ou l'obéissance à la loi pussent conférer, mais par la justice qui est reçue au moyen de la foi.
Paul déclare la même chose aux Galates. « Quant à l'alliance qui a été auparavant, confirmée par Dieu en Christ, la loi qui est venue quatre cents trente ans après, ne peut point l'annuler pour abolir la promesse, car si l'héritage est par la loi, il n'est point par la promesse, or, Dieu l'a donné à Abraham par la promette. » (Gal. III. 17. 18)

14-15. Or si ceux qui sont de la loi sont héritiers, la foi est anéantie et la promesse est abolie, Vu que la loi produit la colère, car où il n' y a point de loi, il n'y a point aussi de transgression.

On voit ici pourquoi les promesses faites à Abraham d'être héritier du monde et père d'une multitude de nations (Gen. XVII. 4) ne pouvaient point dériver de la loi ; le pécheur n'a qu'un moyen de recevoir la justification, c'est par la foi, et s'il en était autrement, ce moyen serait anéanti, et par conséquent les promesses seraient vaines et sans effet. Cela doit être ainsi parce que la loi ne peut être satisfaite, à moins d'une parfaite obéissance que les hommes sont dans l'impossibilité de lui rendre, de sorte qu'elle les soumet à la colère de Dieu, au lieu d'être le moyen d'obtenir sa bénédiction.
C'est la loi qui les assujettit à la colère de Dieu en découvrant le péché, et qui rend sa punition par la justice divine, un résultat nécessaire, car s'il n'y avait pas de loi, il n'y aurait point de péché. La puissance du péché (ce qui lui donne le pouvoir de condamner) c'est la loi. (I Cor. XV. 56) Dès lors il est évident que les promesses ne résultent pas de la loi, et que d'après cela qu'elles n'appartenaient pas plus aux Juifs qu'aux Gentils.

16-17. C'est donc par la foi, afin que ce soit par la grâce et afin que la promesse soit assurée à toute la semence, non-seulement à celle, qui est de la foi d'Abraham qui est le père de nous tous. Selon qu'il est écrit, je t'ai établi père de plusieurs nations, devant Dieu, en qui il a cru ; lequel fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient.

La bénédiction de la justification vient donc par la foi seule, et elle vient de cette manière afin que ce soit par la grâce et qu'elle puisse par-là, être étendue aux pécheurs, car si elle venait de la loi, et d'oeuvres plus ou moins importantes, ce ne ferait plus de la grâce qu'elle dériverait, en effet, recevoir en vertu de la grâce, ou recevoir en vertu du mérite de ses oeuvres, sont deux choses tout-à-fait incompatibles ; et il a été établi qu'elle proviendrait de la grâce, pour que tous ceux qui font partie, dans le sens spirituel, de cette descendance que Dieu avait promise à Abraham, obtinssent sûrement ce qui lui avait été promis. De sorte qu'elle n'est pas limitée aux peuples qui tiraient de lui leur origine naturelle, à ceux qui jouissaient des avantages de la dispensation légale dont il leur avait été déjà parlé, (Rom III. 1) mais à tous ceux qui ont eu la même foi qu'Abraham, car, selon qu'il était écrit, lorsque l'Éternel ordonna à Abraham de marcher devant sa face, il lui promit qu'il serait père d'une multitude de nations. (Gen. XVII. 1-5)

Un grand nombre de peuples, il est vrai, tirent leur origine de ce patriarche, mais l'alliance que Dieu traita avec lui, devait recevoir un accomplissement bien plus étendu encore, dans cette multitude d'hommes de toutes les nations qui ont été, et qui doivent être à l'avenir, intéressés dans les bénédictions spirituelles qui lui ont été accordées, pour lui et pour tous ceux qui lui ressembleraient par la foi ; pour tous ceux dont il est le père devant Dieu et dans un sens spirituel. Car Dieu ne peut pas seulement vivifier ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés et susciter des enfants à Abraham au milieu des nations qui étaient mortes dans l'idolâtrie et l'iniquité, mais il appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient. Lorsqu'il fit ses promesses à Abraham, l'innombrable multitude des fidèles à venir, étaient présente devant lui par sa prescience et sa prédétermination, et il considéra à la fois, lui comme le Père et eux comme la famille, à qui l'héritage de la bénédiction était assuré par la foi, car Dieu pouvait même des pierres, faire naître des enfants à Abraham. (Matt. III. 9) Ainsi tous ceux qui sont de « Christ, sont de la semence d'Abraham et héritiers selon la promesse. »

18-22. Et Abraham ayant espéré contre espérance, crût qu'il deviendrait le père de plusieurs nations, selon ce qui lui avait été dit, ainsi sera ta postérité. Et n'étant pas faible dans la foi, il n'eût point d'égard à son corps qui était déjà amorti, vu qu'il avait environ cent ans, ni à l'âge de Sara qui était hors d'état d'avoir des enfants. Et il ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par défaut de foi, mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, étant pleinement persuadé que celui qui lui avait fait la promesse était puissant aussi pour l'accomplir. C''est pourquoi cela lui a été imputé à justice.

Ici l'Apôtre célèbre la force de la foi d'Abraham qui, sans égard à la difficulté que présentait le cours naturel des choses, soit relativement à lui, soit relativement à Sara, qui était âgée de 90 ans, crut que Dieu lui donnerait, malgré son âge avancé, un fils avec lequel serait confirmée l'alliance que l'Éternel avait faite avec lui.
Abraham eut une entière confiance dans la promesse qui lui fut faite, (3) il savait bien qu'elle n'était pas seulement relative à Isaac comme héritier de ses biens temporels, mais qu'elle assurait qu'il ferait le père d'une multitude de nations. Cette alliance n'avait pas seulement pour objet ce fils, mais elle devait subsister après lui et durer éternellement avec sa semence. (Gen. XVII. 19) Cette expression s'appliquait à un individu, (Gal. III. 13. 16) en qui toutes les familles de la terre seraient bénies, et il est clair que ce n'était point Isaac, puisque c'était de sa race qu'il devait naître. (Gen. XXI. 12) Ainsi l'alliance divine ne se rapportant pas seulement aux biens temporels, mais aux bénédictions spirituelles, le premier sens, le sens de la lettre était subordonné au second qui était Celui de l'esprit. C'est dans toute l'extension de ce dernier sens, qu'Abraham crut aux déclarations de Dieu. Il a vu le jour de Christ, il l'a vu et s'en est réjoui. (Jean VIII. 56)
Sa foi ne fut ébranlée par aucune des circonstances qui paraissaient devoir rendre son espoir incertain ; II fut fort dans la foi, et donna gloire à Dieu, se confiant pleinement dans sa vérité et dans sa puissance pour accomplir ce qu'il avait annoncé. Abraham crut à Dieu, et sa foi était relative à la personne et à la venue de Christ, c'est pour cela qu'elle Lui fut imputée à justice. (Gen. XV.6)

23-24. Or que cela lui ait été imputé, il n'a point été écrit seulement pour lui, mais aussi pour nous à qui aussi il sera imputé, à nous, dis-je, qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jésus Notre-Seigneur.

L'Apôtre finit en montrant de quelle manière la bénédiction de la justification est reçue et en déclarant qu'elle n'était point bornée aux descendants d'Abraham, mais qu'elle pouvait s'étendre aux hommes de tous les pays, à tous ceux qui, comme Abraham, croyaient en celui qui avait ressuscité des morts Christ, celui dont Isaac avait été le type, tant lorsqu'il avait été suscité du corps déjà amorti d'Abraham, que lorsqu'il avait été recouvré de l'autel sur lequel il devait être offert. (Heb. XI. 19)
La justification d'Abraham par la foi. n'est donc pas consignée dans l'écriture seulement pour faire connaître la bénédiction qu'il avait obtenue, mais pour prouver que d'autres encore pouvaient obtenir la même.

Le premier témoignage formel de la justification d'un pécheur, est celui d'Abraham. D'autres avaient été justifiés depuis le commencement du monde, mais cette prérogative lui fut réservée que sa justification et la manière dont elle fut accordée, serait la première dont les saints témoignages fissent mention. // crut à l'Éternel qui lui imputa cela à justice. C'est ainsi que l'on voit que dès la première déclaration de la nature de la justification, il est affirmé qu'elle est accordée par imputation et parla foi seule. Ce passage, ainsi que tout ce qui est dit dans ce chapitre depuis le v. 9, prouve quel est le caractère qui appartient aux parties historiques de l'écriture, qui est toute entière divinement inspirée, et nous fait voir qu'elles doivent être lues avec la plus grande attention. Chacune des circonstances qui y sont énoncées, et le mode de la narration lui-même, sont arrangés et dictés par celui a qui, de tout temps, toutes ses oeuvres sont connues. (Act. XV. 18)


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(1) Dans II. Pierre II. 5, aussi bien qu'au V.e chapitre, v. 6. de cette épître, Martin traduit le mot par impie, et dans I. Tim. I. 9, il le traduit par sans piété.

(2) L'étymologie latine et la forme de composition du mot justification sembleraient indiquer un changement intérieur de l'injustice inhérente à l'homme en une justice qui lui serait également inhérente, car telle est la signification des mots composés de même, tels que sanctification, mortification, vivification, qui marquent tous une opération intérieure.
C'est le sens apparent de ce mot qui a peut-être induit en erreur quelques anciens auteurs, comme Augustin, qui ont exposé la doctrine de la sanctification sous le nom de justification.
Les mots de justificatio et justifico), n'appartiennent pas proprement à la langue latina, et on ne peut indiquer aucun bon auteur qui s'en soit servi pour désigner l'action de créer dans une personne une justice qui lui soit inhérente, et leur sens est plutôt relatif à un acte de juridiction qu'à une opération réelle.
Justificari, est justus censeri, être réputé juste ; pro justo haberi, être compté ou estimé juste.
Le mot grec , est employé dans le nouveau Testament, dans ce sens et seulement dans ce sens. Par exemple, la sagesse a été justifié par les enfants, Matt. XI. 19, non pas rendue juste, mais approuvée et déclarée juste. Tu seras justifié par tes paroles, non rendu juste, mais approuvé, ce qui paraît encore par l'antithèse ; tu seras condamné par tes paroles. Matt. XII. 37. Ils justifient Dieu, Luc VII. 29. non pas assurément en faisant qu'il devienne juste, mais en avouant et déclarant sa justice.

(3) N'être point faible dans la foi, c'est être fort dans la foi ; en hébreu pour affirmer fortement une chose, on nie la chose contraire.
Il n'eut point d'égard à son corps qui était déjà amorti : les enfants qu'il eut de Kétura après la mort de Sara, n'affaiblissent point cette assertion, car le corps d'Abraham ayant été renouvelé par miracle pour la génération d'Isaac, il put conserver sa vigueur pendant un temps considérable après cette époque.
Il ne forma point de doute (ou il ne disputa point contre les promesses,, Rom. IV. 20. Jud. 9.) comme par défaut de foi. Nous savons que lorsque Dieu déclara que Sara serait la mère des nations, « Abraham se prosterna la face contre terre, et sourit en disant, naîtrait-il un fils à un homme de cent ans ? » (Gen. XVII. 17.) Cette question ne provenait pas d'un sentiment de défiance, mais au contraire de son admiration et de sa gratitude, comme on doit l'inférer de l'attitude qu'il avait prise lorsqu'il eut cette pensée. Et quant à son sourire, il ne provenait point d'un doute de la promesse de Dieu ; car dans ce cas, il eut été repris comme le fut Sara pour une cause semblable. Ce sourire signifiait seulement le contentement que lui donnaient les promesses de Dieu. Le rire est signe de joie : Dieu m'a donné de quoi rire, tous ceux qui l'entendront riront avec moi. » (Gen. XXI. 6.) En même temps qu'Abraham se réjouissait de la promesse d'un fils né de Sara que lui avait faite l'Éternel, il le pria en disant, qu'Ismaël vive devant toi ; ce n'était point défiance des paroles de Dieu, mais un souhait qu'il prolongeât la vie d'Ismaël ; on le voit par la réponse que Dieu lui fit. « Je t'ai aussi exaucé touchant Ismaël, voici je l'ai béni, et je le ferai croître et multiplier très-abondamment. » (Gen. XVII. 20.)

 

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