Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE IV.

(suite)

25. Lequel a été livré pour nos offenses et qui est ressuscité pour notre Justification.

La foi de tous ceux qui croient au témoignage de Dieu envers son fils, leur fera imputée à justice ; car Jésus
qui s'est donné lui-même pour les péchés (Gal. I. 4) de ceux qui croient en lui, a été livré à la mort pour les expier, a souffert, lui juste pour les injustes, afin de les amener à Dieu (I. Pier. III. 18) de qui ils avaient été séparés par leurs iniquités. (Esa. LIX. 2) Il a entrepris, comme garant de la nouvelle alliance, de répondre de tous les péchés de ceux qui en partageraient les bienfaits ; de souffrir la punition due à leurs crimes ; de faire satisfaction pour eux en s'offrant lui-même en sacrifice propitiatoire pour cette expiation, et de les racheter au prix de son sang de l'état de misère où ils étaient sous la loi et sous la malédiction qu'elle prononce ; et cela était nécessaire pour que la grâce et la gloire préparées dans l'alliance, pussent être communiquées aux croyants. Sans cela la justice et la fidélité de Dieu, n'auraient pu permettre que des pécheurs qui avaient apostasié, qui s'étaient révoltés contre lui, et qui par-là, étaient tombés sous la sentence de malédiction de la loi, fussent encore reçus dans sa faveur et participassent à la grâce et à la gloire.

Christ est aussi
ressuscité pour la justification des croyants : s'étant substitué aux pécheurs pour souffrir dans sa propre personne la peine du péché, suivant la première sentence, le Jour que tu en mangeras, tu mourras de mort. (Gen. II. 17) II est sorti d'entre les morts pour témoignage de l'accomplissement des menaces de Dieu, pour gage que par l'acceptation de son sacrifice, la justice divine était satisfaite, et que par sa mort et son obéissance, la sainte loi était honorée et glorifiée.
Jésus-Christ étant vivifié par l'esprit, (
I. Pier. III. 18) par lequel il a été ainsi justifié (I. Tim. III. 16) de toutes les charges qui pouvaient être alléguées contre lui, comme garant de ceux dont il portait les iniquités, (Esa. LII. 6) Jésus-Christ a été proclamé le juste serviteur de Dieu, (Esa. LIII. 11) qui l'avait maintenu parce que c'était son élu, en qui son âme prenait son bon plaisir. (Esa. XLII. 1) Ainsi Dieu, en le ressuscitant, a donné la plus haute preuve qu'il était satisfait de la rançon qu'il avait donnée pour son peuple. Christ a accompli l'oeuvre dont le Père l'avait chargé, et il est le seul homme qui ait été ou qui ait pu être justifié par les oeuvres.

Le Rédempteur ayant accompli sa tâche, ayant été publiquement reconnu comme accepté, il a été justifié en qualité de garant et comme personne publique et les siens ont été justifiés en lui, « quand il est entré dans les lieux saints par son propre sang et non par celui des veaux et des boucs, après avoir obtenu une rédemption éternelle. » (
Héb. IX. 12) C'était ce que représentaient comme des types, les grands Prêtres sous la loi ; ils étaient établis pour le sacrifice, l'intercession et la bénédiction, « Et quant aux sacrificateurs, il en a été fait plusieurs à cause que la mort les empêchait d'être perpétuels, mais celui-ci, parce qu'il demeure éternellement, a une sacrificature perpétuelle. (Héb. VII. 23. 24) Et tout sacrificateur assiste chaque jour, administrant et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés, mais celui-ci ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis, pour toujours à la droite de Dieu. (Héb. X. 11. 12) Car Christ n'est point entré dans les lieux saints faits de main qui étaient des figures correspondantes aux vrais, mais il est entré au ciel même afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. » (Héb. IX. 24) Là il a présenté son propre Sang ; là, comme le juste avocat, (I. Jean. II. 1) il intercède pour les siens ; (Héb. VII. 25) de-là il viendra pour les bénir (Matt. XXV. 34) et donnera à sa bénédiction le pouvoir de produire des effets éternels, (Matt. XXV. 46) car, par une seule oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés. (Héb. X. 14)

La justification que les croyants reçoivent en la conversion, est donc, comme nous l'avons déjà dit, une participation à la justification et à la résurrection de Christ ; tous les autres bienfaits qu'ils reçoivent, la consolation, l'espérance, la joie ici-bas et la vie éternelle pour l'avenir, sont aussi en participation avec leur Sauveur ressuscité. Ils sont
régénérés pour avoir une espérance vive, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, d'obtenir un héritage incorruptible. (I. Pier. I. 3. 4)
Par ces instructions de l'Apôtre, nous apprenons, que tous les hommes étant pécheurs, leur salut ne peut être opéré que par la grâce, sans laquelle on ne peut être sauvé. Et l'on doit observer que dans tout ce qu'il vient d'enseigner sur la justification, l'Apôtre se sert du mot
grâce, non relativement à son opération sur le coeur des hommes, comme si les hommes étaient justifiés par la sainteté qu'elle produit, mais relativement à son origine, comme il le fait aussi Eph. II. 5. 8, II. Tim. I. 9. et nous avons vu, chap. III. 23, où il dit que ceux qui croient sont justifiés par la grâce, qu'il ajoute le mot gratuitement, pour donner plus de force à son expression, de sorte qu'il exclut de toute part à la justification, toutes les oeuvres du fidèle, et toutes les préparations qu'il pourrait faire avant de l'être. Il est justifié seulement et absolument comme étant considéré en Christ suivant l'évangile, gratuitement, par la grâce de Dieu, par la rédemption qui est en Jésus-Christ.

Nous apprenons encore par là qu'afin d'être sauvé par la grâce, il faut l'être par la foi. Le salut par la foi, exclut toute idée que l'acceptation par Dieu, puisse provenir en aucune manière de quelque chose qui serait bon dans l'homme, soit la disposition de son esprit, le choix que fait sa volonté ou le penchant de son affection. L'emploi assigné à la foi dans le plan du salut, est d'abattre toutes les prétentions de l'homme au mérite, et de montrer la souveraineté de la grâce de Dieu, dans la distribution de ce salut. La foi n'a aucune efficacité morale qui procure le pardon des hommes et leur acceptation par Dieu.
L'amour est produit par l'Esprit saint, de même que la foi, mais si la justification des hommes était produite par lui, elle ne paraîtrait pas aussi gratuite qu'étant distribuée par la foi.

La bénédiction de justification reçue par la foi est précisément l'opposé de la malédiction de la condamnation. C'est le grand bienfait de la rédemption disposé convenablement à la condition de l'homme tombé, qui par le sentiment intérieur de son péché et sa disposition à y persévérer, était également incapable de jouir de la faveur divine.
Lorsque la crainte de la coulpe est éloignée de lui, la reconnaissance succède dans son esprit à l'éloignement de Dieu occasionné par la dépravation ; il est réconcilié avec l'Éternel, a la paix avec lui, l'honore avec un coeur vrai, devient obéissant à ses saints commandements, et est animé par le désir et l'espérance de parvenir à la perfection de la sainteté et du bonheur.

C'est seulement la croyance de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ qui peut faire obtenir la paix de la conscience et produire l'obéissance à la sainte volonté de Dieu. » Sans l'effusion de sang il ne se fait point de rémission des péchés. » (
Heb. IX. 22) C'est le langage de l'écriture et c'est aussi la voix de la conscience. Un homme en résistant à sa conscience, et agissant en opposition avec ses mouvements, peut parvenir à étouffer sa voix et à s'endurcir le coeur, mais ce à quoi l'homme le plus moral selon le monde, ne peut atteindre, c'est à satisfaire sa conscience par ses actions. Il peut faire continuellement des efforts dans sa propre justice, pour agir d'après ce qu'il sait être juste ; mais s'il tourne ses pensées sur un jugement à venir, et sur la juste rétribution qui le suit, il ne pourra jamais être certain d'avoir fait assez pour être acquitté. Il lui semblera toujours qu'il lui manque encore quelque chose à quoi il pourra parvenir dans un temps plus éloigné ; cependant il ne sera pas satisfait, il aura une terreur secrète des conséquences de la mort, et craindra que Dieu au dernier jour ne devienne son ennemi, et ne lui inflige une punition.

Pour être libre de ces funestes présages intérieurs, il cherche à rabaisser la loi de Dieu en la conformant à sa conduite et se fait à lui-même une divinité assortie à ses craintes et un Dieu d'un caractère trop miséricordieux pour exercer une stricte justice. Mais tout cela n'est qu'un palliatif et ne peut le guérir. Sa conscience quoique assoupie n'est point satisfaite. L'inimitié de son coeur contre Dieu subsiste toujours, son orgueil n'est point mortifié ; et lorsque on lui représente Dieu, tel qu'il est peint dans les écritures, lorsqu'on lui montre l'humiliante doctrine du salut, cet orgueil se révolte, et cette inimitié s'irrite.
Tel est le misérable état de l'homme naturel, sous la meilleure forme qu'il puisse avoir, soit comme strict moralité, soit comme dévot et religieux. Mais lorsqu'il plaît à Dieu d'accompagner de sa bénédiction la vérité de sa parole relativement à Christ mourant pour les offenses de ceux qui croient en lui et ressuscitant pour leur justification, il se fait sur-le-champ, une révolution entière dans le coeur de ce pécheur. Il voit le mal et les effets mortels de la maladie du péché, l'extension de la loi, la satisfaction de Christ et son oeuvre achevée dans sa plénitude et son efficacité. Il reconnaît que l'on ne peut rien ajouter à cette oeuvre, et que toute coopération humaine à la justification est entièrement inadmissible. La satisfaction de Christ est présentée à ses yeux comme complète et comme seule, et par cette seule vue, sa conscience coupable est satisfaite : elle dit,
les gages du péché, c'est la mort, et cette mort, Christ l'a soufferte. Ici tout péché est puni jusqu'au dernier, et sûrement il ne pourrait être puni deux fois. Celui qui participe à cette mort de Christ, est donc affranchi de toutes les peines qui devraient être les suites du péché.

Alors la conscience de cet homme est une bonne conscience « par le sang de Christ, elle est purifiée des oeuvres mortes pour servir le Dieu vivant » (
Heb. IX. 14) qui ne peut l'être jusqu'à ce qu'elle soit dans cet état. Tout ce qu'elle peut demander est accompli et toutes les accusations réduites au silence. Les sentiments fâcheux du péché et de la condamnation par la loi, (Rom. VII. 5) étant éloignés, l'inimitié contre Dieu a disparu, et est remplacée par l'amour. Un doux calme, une sainte tranquillité règnent en lui, il est comme l'argile dans la main du potier, dans une soumission passive à la volonté divine, dans une tranquille dépendance de Dieu, dans la résignation et non dans la paresse, ce qui est la vraie situation du chrétien.
Cependant sa vieille nature corrompue n'est point entièrement chassée. Le vieil homme vit encore en lui, et lui donne des inquiétudes. Mais sa pensée sert Dieu, dans son jugement sain et réfléchi, elle lui est entièrement dévouée, et son désir est d'être saint comme Dieu est saint. De-là naît une obéissance volontaire aux commandements de Dieu, de-là sont produits
« des fruits de justice qui sont par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. » (Phil. I. 11) C'est l'ouvrage de l'esprit de Dieu qui a rendu témoignage de Christ à son âme, (Jean XV. 26) et le fruit de cet esprit est la charité, la joie, la paix, un esprit patient, la bonté, la bienfaisance, la fidélité, la douceur, la tempérance. » (Gal. V. 22)
Le Fidèle a une conscience pure « par la résurrection de Jésus Christ, qui est à la droite de Dieu, étant allé au ciel, » (
I. Pier. III. 21. 22) et la conduite de cette conscience, lorsqu'il a le soin de la conserver pure par l'application continuelle du sang de Jésus-Christ, est le grand moyen de se rendre capable de s'attacher à Dieu, et de soutenir le combat du chrétien.
La vue de ce sang l'a conduit d'abord à Dieu, « il a été la source ouverte, pour le péché et pour la souillure. » (
Zach. XIII. 1) II marche toujours depuis dans une sainte communion avec son Dieu ; ne se séduisant point lui-même en disant qu'il n'a point de péchés, mais confessant ses fautes, et s'assurant que le sang de Jésus-Christ le purifie de tout péché. (I. Jean I. 7)

Suis-je donc véritablement un pécheur assez coupable pour que rien, si ce n'est le sang du fils de Dieu, ne puisse expier mes fautes ?
Abandonnons dès lors les traces du Pharisien, et disons comme le Publicain ; ô Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis un pécheur ! (
Luc XVIII. 13) L'orgueil de la propre justice doit être aussi odieux aux yeux de mon Créateur, que la méchanceté. Ce doit être un des premiers éléments d'une vraie repentance de renoncer entièrement à ma propre justice, comme fondement d'espérance, et d'être entièrement humilié.
Laissez-moi apprendre avec la femme pénitente (
Luc VII.) à me jeter aux pieds de mon bienheureux sauveur, à dépendre entièrement de son expiation, de son mérite et de la bonté de Dieu manifestée par lui ; et lorsqu'il me dit « ta foi t'a sauvée, va-t-en en paix » (non tes larmes, ton amour, tes dons t'ont sauvée, quoiqu'elle eût arrosé ses pieds d'une huile odoriférante, qu'elle eût aimé beaucoup, et qu'elle eût versé les précieuses larmes de la pénitence ) alors apprenons pourquoi l'écriture est si abondante et si remplie de preuves qui montrent que la justification devant Dieu, vient de la grâce, par la foi seule, et non par les oeuvres. C'est afin que l'homme ne puisse s'enorgueillir, que Dieu soit glorifié, et que je puisse le remercier du coeur pour sa bonté pendant toute l'éternité. Lorsqu'il dit, ta foi t'a sauvé, il se désigne lui-même comme le seul objet duquel dépende le salut. Il y a, il est vrai, dans tous les chrétiens un assemblage de toutes les grâces, mais leur action est différente. C'est celle de la foi et de la foi seule d'embrasser Jésus, et de reposer sur lui pour le salut. Puisse le lot de tous les lecteurs de ces pages, être de tomber aux pieds du Fils de Dieu, en simplicité de foi, en amour, en humilité, en gratitude et en adoration !

Nous allons examiner à présent les objections faites à la doctrine de la justification par la foi seule, que l'on a tirées de l'épître de Jacques, et de l'exemple de Corneille, le centurion.
Plusieurs personnes prétendent que ce que l'apôtre Jacques dit, dans son second chapitre,
v, 14-26, est contraire à ce que Paul avance sur le même sujet, et que l'opinion du premier doit être reçue de préférence par les chrétiens.
Cependant les premiers fidèles reçurent tous les écrits de Paul, et il se passa longtemps avant que l'épître de Jacques ne fût admise comme canonique par toutes les églises. Luther la rejeta pendant quelque temps, mais reconnut ensuite son erreur. En effet les ouvrages de ces deux apôtres ont des preuves complètes qu'ils contiennent les paroles du Saint-Esprit, et il est de la plus grande importance de faire attention à ce que disent l'un et l'autre.

Il est d'abord certain qu'il ne peut point y avoir de contrariété réelle entre eux sur le sujet de la justification ; s'il en existait quelqu'une l'un des deux ne serait point Apôtre. Il est par conséquent également nécessaire pour tous les chrétiens, de concilier les passages de leurs écrits, qui au premier coup d'oeil, paraissent opposés l'un à l'autre. Cependant des hommes qui professent le christianisme, combattent la doctrine de la justification par la foi, et confrontent, avec un air de triomphe, le passage de Jacques, indiqué ci-dessus, avec la doctrine que Paul enseigne. Il est pourtant évident que, s'ils ont raison en cela, ils doivent rejeter complètement les écrits de Paul, comme ceux d'un écrivain qui a enseigné une fausse doctrine. Il n'y a point là de milieu, ou les deux Apôtres nous enseignent les mêmes choses, ou l'un de deux est dans l'erreur. On verra dans les considérations suivantes que leur doctrine est parfaitement d'accord.

Tout le monde doit convenir que là où il y à une apparence de contradiction entre deux passages de l'écriture, et que l'un d'eux traite expressément et complètement d'une doctrine dont l'autre ne parle qu'en passant et accidentellement, c'est dans la doctrine contenue au premier de ces passages que l'on doit chercher la vérité, et que le second doit être expliqué, conformément à l'intention du premier, lorsque le sens le permet. D'après cette règle, il est hors de doute que c'est dans l'apôtre Paul et non dans l'apôtre Jacques, que nous devons apprendre la doctrine de la justification.

Nous remarquons sur ce sujet, qu'il y a de la différence entre les deux Apôtres, dans
l'objet qu'ils se proposent, la manière dont ils parlent de la foi, et le sens qu'ils attachent au mot justification.

I.° L'objet que se propose l'apôtre Paul, est de montrer de quelle manière un pécheur coupable, peut par le sang de Jésus-Christ, obtenir le pardon de tous ses péchés, être dans un état de faveur auprès de Dieu et recevoir un droit à l'héritage céleste ; et attachant ce sens au mot justification, il établit que l'homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la loi, (Rom. III. 27) et que, à celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit à celui qui justifie L'impie, sa foi lui est imputée à justice. (Rom. IV. 5)
Telle est la réponse à cette question proposée dans l'écriture : « Comment l'homme se justifiera-t-il devant le Dieu Fort ? Si Dieu veut plaider avec lui, de mille articles, il ne saurait répondre à un seul. » (
Job. IX. 2. 3)

L'objet de l'apôtre Jacques, est totalement différent.
Ayant blâmé les chrétiens à qui il écrivait, de beaucoup de mal qu'il y avait encore parmi eux, son but est de leur enseigner la nécessité de rendre obéissance à la loi de Christ, et de montrer la vanité de la prétention de ceux qui professaient qu'ils étaient justifiés par la foi, sans prouver son existence par les effets qu'elle produit.
Cela est évident pour tout homme qui lira cette épître avec attention. Il avertit ceux à qui elle est adressée, de ne point rejeter sur Dieu la cause de leurs fautes, comme si c'était lui qui les induisît au mal, et rendit ainsi leurs péchés excusables. Il réprouve leurs mauvaises dispositions : l'indiscrétion de leurs langues et leur montre que se glorifier de ces choses, et les donner comme des effets d'une vraie sagesse et du zèle pour la religion, c'était « mentir en déshonorant la vérité. » (
Jacq.III. 14)
Il les censure aussi de ce qu'ils avaient égard à la différence des personnes, respectant le riche et méprisant le pauvre ; il leur reproche enfin beaucoup d'autres choses blâmables. Il paraît avoir eu particulièrement en vue de les mettre en garde contre l'opinion pernicieuse, que la justification par la foi sans les oeuvres de la loi, les affranchissait de l'obéissance à cette loi, et ce qu'il dit à ce sujet, est dirigé, tant contre cette opinion licencieuse, que contre la dépravation du coeur qui engageait à l'adopter et se cachait sous différents prétextes spécieux : il paraît même évident qu'il considérait cette erreur, comme venant de
l'abus que l'on faisait de la doctrine de Paul, car en la réfutant, il se sert des mêmes expressions, des mêmes témoignages, des mêmes exemples que l'on trouve dans cet Apôtre.

2.° Comme l'objet des deux écrivains sacrés, n'était pas le même, la manière dont ils parlent de la loi, relativement à l'objet spécial de chacun d'eux, était différente. Paul parle de la foi réelle, et existant comme elle est professée ; Jacques parle de la profession d'une foi qui n'existe point réellement.
Il commence en observant,
v. 14, qu'un homme peut dire qu'il a la foi, et il demande, de quoi cela lui servira-t-il si un homme n'a point les oeuvres. La foi qui ne produit point des oeuvres, pourra-t-elle le sauver ?
Dans l'explication qu'il donne de ce verset, dans les deux suivants, il montre qu'il ne veut point dire qu'il y ait deux espèces de foi, ni que la foi puisse exister sans produire les oeuvres. « Si le frère ou la soeur sont nus et manquent de ce qui leur est nécessaire chaque jour pour vivre, et que quelqu'un d'entre vous leur
dise, allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez et que vous ne leur donniez point, les choses nécessaires pour le corps, que leur servira cela ? » (Jacq. II, 15. 16)
Ce n'est point de la charité, c'est seulement la profession de la charité. C'est
dire que vous avez de la charité. « De même, aussi la foi, si elle n'a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même. » (Jacq. II. 17)
Ce n'est pas la foi, c'est seulement une apparence de foi.

Dans l'exemple ci-dessus, on ne peut supposer que Jacques veuille dire qu'il y a deux espèces de charité ; comment dès-lors peut-on supposer qu'il a parlé de deux espèces de foi ? Dire que vous avez la foi n'est point la foi ; comme dire que vous avez de la charité, n'est pas de la charité. Aussi dans le verset suivant l'Apôtre demande-t-il que ceux qui professent la foi, montrent leur foi par leurs oeuvres, parce que c'est de cette manière, et non d'aucune autre, qu'elle peut être manifestée.
v. 19. Tu crois qu'il y a un Dieu, tu fais bien : l'Apôtre s'adresse ici à l'homme dont il a parlé dans les v. 14 et 18, et qu'il suppose lui dire qu'il a la foi, et il lui accorde cette supposition pour mieux écraser sa jactance.
Tu crois qu'il y a un Dieu, tu fais bien ; quel effet cela produira-t-il ? Les démons le croient aussi, mais avec des effets qui correspondent à cette croyance. Ils tremblent.

L'Éternel se manifeste lui-même aux démons comme un Dieu juste qui se vengera d'eux, et leur croyance occasionne leur terreur. Dans l'évangile, il se manifeste aux hommes, non-seulement comme un Dieu juste, mais encore comme un Dieu sauveur, qui les conduit à une relation particulière avec lui, et la croyance en cette doctrine produit l'amour et l'obéissance.
Les démons reconnaissaient Jésus-Christ pour être le Messie promis, celui qui devait écraser la tête de Satan, ils confessaient qu'il était le Fils de Dieu et le suppliaient de ne point les tourmenter avant le temps. (
Matt. VIII. 29) « Qu'y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous détruire ? Je sais qui tu es ; tu es le saint de Dieu.... Il ne permettait pas que les démons disent qu'ils le connussent. (Marc I. 24. 34)

Les démons aussi sortaient hors de plusieurs corps, criant et disant : tu es le Christ, le Fils de Dieu, mais il les censurait fortement, et ne leur permettait pas de dire qu'ils sussent qu'il était le Christ. » (
Luc IV. 41)
Or cette croyance que Jésus est le Christ, et la confession de cette vérité sont, dans l'homme, unies d'une manière indissoluble, avec la possession d'une vie nouvelle et éternelle qui dérive de Dieu. » Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu. (
I. Jean V. 1) Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux. » (Matt. X. 32)

II peut arriver à la vérité, que les hommes croient à l'existence d'un Être qu'ils appellent Dieu, auquel ils attribuent quelques-unes des perfections qui appartiennent réellement à Dieu, mais à qui ils en refusent d'autres qui sont aussi essentielles à son caractère. C'est le cas de tous ceux qui ne sont ni enfants de Dieu, ni Athées. Mais, comme c'est un Dieu de leur imagination, et non pas celui qui est révélé par les écritures, cette croyance ne peut point produire des fruits de justice. D'un autre côté, celui qui connaît le seul vrai Dieu, et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ, est assuré par le Seigneur lui-même, de la possession de la vie éternelle. (
Jean XVII. 3) Il se réjouit dans l'espérance, il est animé par l'amour de Dieu, et se sent disposé à obéir à sa volonté et à résider aux mauvaises inclinations qu'il a en lui-même. C'est pour cela que l'Apôtre ajoute : « Veux-tu savoir, homme, vain, que tu n'es pas ce que tu prétends être, que la foi qui est sans les oeuvres est morte, » (Jac. II. 20) que ce n'est point la foi, ce n'est pas la croyance à l'évangile.

Dans le
v. 26, Jacques éclaircit encore sa proposition par l'exemple d'un corps sans âme ; qui, quoiqu'il ait parfaitement forme d'un homme, cependant étant mort, n'est plus que l'apparence d'un homme. Le corps, sans esprit ou sans respiration, est mort, c'est de la même manière que la foi sans les oeuvres est morte. Elle n'est point réellement la foi, elle en est seulement la forme ou l'apparence, comme dire chauffez-vous et vous rassasiez, sans donner les choses nécessaires pour cela, n'est point avoir de la charité.
Ainsi, tous les raisonnements de l'Apôtre sont fondés sur la non-existence de la foi dans les personnes qu'il suppose la professer, se vanter de l'avoir ou se confier sur elle.

3.° Ce n'est pas dans le même sens que les deux Apôtres traitent de la justification.
Dans le sens que lui donne Paul, il affirme que les hommes sont justifiés seulement par la foi.
Jacques, dans le sens qu'il prend, ne dit pas que les hommes soient justifiés par les oeuvres sans la foi, mais qu'ils sont justifiés par les oeuvres et non par la foi seule. (
Jacq. II. 24) Il admet aussi bien que Paul, la nécessité de la foi. Tu crois, tu fais bien : et il défend à ceux à qui il écrit, de supposer que l'on puisse recevoir de Dieu quelque chose, si on ne la demande avec foi, (Jacq. I. 6. 7) de sorte que les oeuvres dont il parle, sont celles que Paul appelle l'oeuvre de la loi, (I. Thess. I.3) l'oeuvre qui procède de la foi, et par conséquent les oeuvres faites par un croyant déjà justifié, suivant le sens que Paul attache à ce mot. C'est dès lors une différence dans l'état antérieur des personnes que les deux Apôtres appellent justifiées, et puisque cet état est présenté comme différent, le sens du mot justification doit être déterminé, suivant la différente situation des hommes à qui il s'applique.

Quand l'apôtre Paul traite de la justification, c'est relativement à l'état de coulpe et de condamnation, et il la fait consister, non pas en ce qu'une justice inhérente soit infusée dans l'homme, mais en ce que les péchés lui étant remis, il soit réputé juste par Dieu.
Il est réputé tel, seulement à cause de la justice opérée par Christ, et celle-ci lui donne un droit à tous les résultats bienheureux qui la suivent chez ceux qui, par leur croyance
, sont un avec Jésus. Cette justification est telle que toutes les oeuvres de l'homme quelles qu'elles soient, sont exclues d'y participer et ne peuvent relativement à elle être l'objet d'aucune considération : Dieu l'accorde gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ, par son sang et son obéissance. (Rom. III. 23. V. 9 et 19)

L'apôtre Jacques ne traite point cette question. Sa recherche est relative à la réalité de la foi par laquelle les hommes sont justifiés devant Dieu, en conséquence de leur union avec Christ, et à la manière par laquelle cette foi et cette union peuvent être rendues évidentes.
Il traite donc des effets qui accompagnent la justice imputée, effets qui manifestent quels sont ceux qui sont justifiés devant Dieu, et approuvés de lui comme ses bons et fidèles serviteurs, en ce qu'ils font ce qu'il leur a commandé. La justification dont il parle, procède des oeuvres du fidèle, comme fruits de sa foi ; aussi, dit-il, c'est par les oeuvres que l'homme est justifié et non par la foi seule. Cela est clair, par les deux exemples qu'il cite pour confirmer sa proposition.

Les deux Apôtres éclaircissent et confirment leurs assertions par les exemples d'Abraham et de Rahab. Jacques affirme que Rahab fût justifiée par les oeuvres, lorsqu'elle reçut les messagers de Josué, et qu'elle les eût mis dehors par un autre chemin.
Mais ce fût par la foi, de laquelle le juste vivra, qu'elle les reçut, comme l'atteste Paul, (
Héb. X. 38. XI. 31) par conséquent, elle avait une foi vraie avant leur arrivée, et étant justifiée devant Dieu, elle ne périt point avec les incrédules. Lorsqu'elle reçut les messagers, elle leur fit la déclaration de sa foi (Jos. II. 10. 11) et elle exposa sa vie en les cachant et en les faisant partir ; par là, selon Jacques, elle manifesta ou justifia la sincérité de sa foi et de la profession qu'elle en faisait.
Quant à l'exemple d'Abraham , ce qu'en dit l'Apôtre Paul se rapporte à l'époque où il fut justifié complètement devant Dieu. « Abraham crut à l'Éternel qui lui imputa cela à justice. » (
Gen. XV. 6)
Les expressions de Jacques se rapportent au même Patriarche, mais plusieurs années après, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur un autel ; à cette occasion, il n'est point dit un mot de sa justification devant Dieu ; mais elle fût alors manifestée, la réalité de son existence démontrée, et il était approuvé de Dieu, comme un bon et obéissant serviteur. « Maintenant j'ai
connu que tu crains Dieu, puisque tu n'as point épargné pour moi, ton fils, ton unique. » (Gen. XXII. 12)
Ce même fait est cité aussi par Paul (
Héb. XI. 17) dans l'épître aux Hébreux, comme étant une preuve de la foi d'Abraham, et Jacques était si loin de l'alléguer dans la vue de combattre le passage cité plus haut, que la foi d'Abraham lui fût imputée à justice, qu'après avoir engagé ceux à qui il écrit, à observer « que sa foi agissait avec ses oeuvres et que par ses oeuvres sa foi fût, rendue parfaite, » (Jacq. II. 22) (1) il dit que c'est ainsi que fût accomplie l'écriture qui dit, « Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. » (Jacq. II. 24)

Ainsi c'est par la foi seule que, suivant l'apôtre Jacques, aussi bien que suivant l'apôtre Paul, Abraham fût absous de sa coulpe et réputé juste, et ce fût ensuite par son obéissance, qui provenait de la même foi, que cette foi fût manifestée, qu'il fût approuvé comme serviteur de Dieu ; le jugement porté de sa droiture par Dieu, étant alors attesté ou justifié (
2) de manière à être au-dessus de toute contradiction.
On voit par-là que les deux apôtres
rapportant les mêmes exemples de la justification par la foi, et de la manière dont cette foi opère et est manifestée, cela prouve la parfaite conformité qu'il y a entre leurs écrits.

L'union avec Dieu à laquelle un homme est amené, lorsqu'il reçoit par la foi la justice de Christ et qu'il est ainsi justifié gratuitement par sa grâce, exige que dorénavant il marche dans l'obéissance de Dieu. Vous êtes mes amis , dit Jésus à ses disciples, si vous faites ce que Je vous commande. (Jean XV. 14)
Paul après avoir établi de la manière la plus claire et sans aucune restriction, que « à celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice, » (Rom. IV. 9) affirme avec autant d'autorité que si ceux à qui il écrit vivent selon la chair, ils mourront ; (Rom. VIII. 13) et que sans la sanctification nul ne verra le Seigneur. (Héb. XII. 14) « La foi, dit-il, est opérante par la charité. (Gal. V. 6) La parole de Dieu agit avec efficace en vous qui croyez. » (1. Thess. II. 13)
Suivant la constitution de la nouvelle alliance, tous ceux qui sont justifiés ou réputés justes devant Dieu, sont aussi sanctifiés, et cette sanctification qui se manifeste dans les oeuvres qui procèdent de la foi, accompagne sûrement la première. Les oeuvres sont des fruits que Dieu demande, et qui constituent la manifestation ou la justification de l'union du fidèle avec Christ, par laquelle il a obtenu la justification devant Dieu, qui l'approuve et qui le récompensera.

La justification par la foi, est celle d'un criminel accusé qui est devant le tribunal de la divine justice, pour se défendre de l'accusation de n'avoir point eu une justice parfaite. La perfection de la justice est demandée par la loi et la justice divine, et sous ce rapport, il ne peut point espérer, de s'appuyer sur des oeuvres de justice qu'il aurait faites. (Tit. III. 5) La divine révélation lui fournit ce témoignage relativement à Christ, « qu'il est la fin de la loi, en justice à tout croyant. » (Rom.X. 4) C'est sur ce témoignage et sur la foi qu'il a en lui, que le criminel étaie sa défense, et il est regardé comme justifié.

La justification par les oeuvres, est celle d'un être moral toujours sujet à la règle de la loi du bien et du mal. Dans sa défense contre l'accusation, il n'a pas seulement à établir que Christ est la fin de la loi, que la grâce a préparé un remède contre le péché, et que le divin témoignage est cru, puisque toutes ces choses sont convenues et admises. Mais on le presse, en lui demandant, vous êtes justiciable de la loi de l'obéissance morale, car si vous l'avez dédaignée, c'est une preuve que vous n'avez point de droit aux privilèges des fidèles que vous avez allégués, et que ce n'est qu'une vaine prétention de votre part, car aucun de ceux qui ont la foi en Christ, ne rejette son joug. Prouvez par cette épreuve la réalité de votre foi, et la sincérité de votre profession, Montrez votre foi par les oeuvres.
Comme
ici l'accusation est fondée sur le défaut d'oeuvres, il est évident que la défense ne peut avoir d'autre objet pour la justification de cette charge, que les oeuvres qui sont demandées ; et de même qu'elles présentent, dans cette vie, des preuves qui manifestent la foi, de même elles les fourniront au dernier jour, quand on examinera les hommes en leur demandant non-seulement, qu'avez-vous cru, mais encore qu'avez-vous fait ?

En un mot, l'apôtre Jacques ne contredit certainement pas cette déclaration du Sauveur lui-même. « En vérité, en vérité, je vous dis qui croit en moi, a la vie éternelle » (Jean VI. 47) ou les paroles de Paul qui ont le même but, « l'évangile de Christ est la puissance de Dieu en salut à tout croyant. » (Rom. I. 16) Mais il demande, si ce qui est compatible avec l'indulgence pour le péché et la négligence de ses devoirs, est vraiment la foi.
Son but est de prouver à tous ceux qui invoquent le nom de Christ, la nécessité de lui obéir et de se retirer de toute iniquité. Il veut aussi leur montrer la vanité de toute prétention à la justification par une foi qui, loin d'être réelle et fructifiante en bonnes oeuvres, n'existerait que de nom. Il déclare que c'est par les oeuvres, que les hommes montrent leur foi et prouvent qu'elle est réelle, et c'est dans ce sens qu'ils sont justifiés par les oeuvres et non par la foi seule.
Il n'y a donc aucune contradiction entre les deux Apôtres : Paul établit la doctrine de la justification par la foi, et Jacques écrit contre ceux qui la pervertissent. Voici le résultat de leurs doctrines, conciliées ensemble.
1. ° La justice de Dieu, opérée par Christ, révélée dans l'Évangile et reçue par la foi, est la seule par laquelle les hommes puissent être absous de la coulpe, et réputés justes par Dieu.

2.° Les fruits de justice qui sont par Jésus-Christ, (Phil. I. 11) que les fidèles produisent, sont la preuve de la réalité de leur foi ; ils rendent claire cette vérité que l'on a reçu par la foi, l'esprit qui a été promis, (Gal. III. 14) ils font voir que ceux qui les portent sont unis au cep vivant, et reçoivent en conséquence la louange et l'approbation de Dieu (I. Cor. IV. 5. II. Cor. X. 8) qui est glorifié par eux ; (Phil. l. 11. Jean XV. 8) et ces fruits seront appelés au jour du jugement pour justifier les croyants contre toute imputation d'hypocrisie, qui fera établie contre tous ceux qui disent qu'ils ont la foi, mais qui n'ont pas les oeuvres.

Du centurion Corneille.

Il y a des personnes qui parlent de l'évangile, comme bon et utile aux hommes, mais qui ne le regardent pas comme indispensablement nécessaire au salut. Pour le prouver on cite souvent l'histoire du centurion Corneille, rapportée au livre des actes des Apôtres, chap. X. On veut y trouver un exemple d'un païen qui, sans la lumière de la révélation, avait été accepté comme un adorateur de Dieu. Mais cette idée est contraire à tout ce qu'enseignent les écritures et même à ce qui est dit relativement à Corneille.

Depuis le moment que le péché entra dans le monde, la communion immédiate que Dieu avait avec l'homme cessa : elle ne peut depuis lors être maintenue que par le moyen d'un médiateur par la foi, dans le témoignage de Dieu.
D'abord après la chute de l'homme, les sacrifices d'animaux furent établis comme le type principal, ou une représentation de la voie de salut annoncé dans la première promesse, (Gen. III. 15) salut qui devait être effectué par celui qui abolirait le péché par son propre sacrifice « Car c'est le sang qui fera propitiation pour l'âme. »
L'histoire de Caïn et d'Abel, les deux premiers hommes nés dans le monde, prouve évidemment que ce n'était plus que par rapport à ce sacrifice que Dieu conservait une communion avec l'homme coupable. Caïn apporta à Dieu les fruits de la terre, mais il ne montrait point de respect pour l'expiation que les sacrifices d'animaux étaient destinés à préfigurer : cela prouvait que Caïn ne croyait pas la vérité liée avec cette institution, et son oblation fût rejetée. Abel, d'un autre côté offrit, non-seulement l'homme une oblation (3) comme Caïn, mais encore les premiers-nés de son troupeau. Ainsi il se reconnaissait solennellement comme pécheur, et se rapprochait de Dieu dans la voie qu'il avait marquée pour représenter l'expiation. « L'Éternel eut égard à Abel, et à son oblation. (Gen. IV. 4) Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent, sacrifice que Caïn. (Héb. XI. 4)
Ainsi, dès les premières lignes de l'écriture sainte, la manière d'être délivré du péché et de Satan, et d'être agréable à Dieu, qui forme tout le sujet des pages sacrées, est indiquée dans une promesse et développée par un exemple. La justice de Dieu qu'il a établie, est révélée à la foi et attestée par la loi qui la préfigure, et par les prophètes qui l'annoncent.

Tous ceux qui croyaient en cette première promesse, étaient justifiés par la foi, comme on le voit par les nombreux exemples, contenus dans l'onzième chapitre de l'épître aux Hébreux. Au moyen de la dispensation de la loi de Moïse, une nouvelle lumière fut accordée aux hommes relativement à l'accomplissement de cette promesse. Mais quoique les Israélites fussent obligés à recevoir parmi eux, les hommes de toute nation qui offraient de se joindre à eux, cependant aucun commandement n'était donné aux Gentils à cet effet. S'ils conservaient l'ancienne tradition et s'ils y croyaient, elle continuait à être aussi efficace pour leur salut qu'elle l'avait été dès le commencement.
Jéthro, beau-père de Moïse, quoiqu'il ne se joignît pas à Israël, était un adorateur de Dieu, accepté par lui, comme nous l'apprenons par la communion que Moïse et les chefs d'Israël, eurent avec lui dans des sacrifices. (Exo. XVIII. 10. 12)
Rahab, la Cananéenne, fut justifiée par la foi avant d'être unie à Israël. (Héb. XI, 31)
Les Mages qui vinrent de l'orient, adorèrent le Messie promis, aussitôt qu'il parut au monde, et eurent l'honneur d'être les premiers à annoncer son avènement au peuple d'Israël.

En mettant à part la nation d'Israël, et en lui conférant des privilèges particuliers, Dieu n'avait pas voulu exclure le reste du monde de l'union avec lui ; mais il avait voulu conserver le dépôt de la vraie lumière, jusqu'à ce que « vint la semence à l'égard de laquelle la promesse avait été faite, » (Gal. III. 19) et il fut toujours vrai, qu'il n'y avait point en Dieu d'acception de personnes, et que dans toute nation , celui qui le craignait et qui s'adonnait à la justice, lui était agréable. « Car en Jésus-Christ ni la circoncision, ni l'incirconcision, n'ont aucune efficace, mais la foi, opérante par la charité, » (Gal. V. 6) et nous avons vu que l'exemple d'Abraham avait été rapporté comme une preuve de cette vérité, puisqu'il fut justifié par la foi avant d'être circoncis.

La doctrine uniforme des saintes écritures depuis le commencement jusqu'à la fin, est que l'homme tombé ne peut jamais être agréable à Dieu que par la foi dans le Sauveur, soit lorsqu'il était promis, soit depuis qu'il a apparu sur la terre.
Par la parole de vérité, l'homme est régénéré ; par la foi, il est justifié ; par la foi, il est sanctifié ; et c'est au moyen de la foi qu'il est conservé pour le salut par la puissance de Dieu. « Il est impossible de lui être agréable sans la foi, » (Héb. XI. 6) et c'est cependant comme contradictoire à toutes ces vérités, que l'on cite souvent le fait qui concerne Corneille, comme nous présentant un exemple d'un homme, qui, sans la foi, était un adorateur agréable à Dieu.
Pour établir une assertion pareille contre la teneur entière des écritures, il faudrait des preuves claires et positives ; mais bien loin qu'il y en ait aucune, nous trouvons au contraire, en examinant ce fait, que la parole de Dieu, toujours d'accord avec elle-même, parle clairement et précisément le même langage, dans l'exemple qu'elle cite ici, que dans toutes les autres parties.

Nous y apprenons que Corneille vivait dans le voisinage de Jérusalem, que c'était un homme dévot et craignant Dieu, qu'il faisait beaucoup d'aumônes et. priait continuellement. (Act. X. 1. 2) Que ses prières et ses aumônes étaient montées en mémoire devant Dieu. (Act. X. 4) Que c'était un homme juste et craignant Dieu, qui avait un bon témoignage de toute la nation des Juifs, (Act. X. 22) et qu'il était informé de la parole que Dieu avait envoyé signifier aux enfants d'Israël, depuis le baptême de Jean, en annonçant la paix par Jésus-Christ. (Act. X. 36. 37. 38)
D'après tout cela, quoique Corneille fut Gentil et incirconcis, (Act. XI. 1-3) il serait contradictoire avec toutes les écritures qu'il ne fut point agréable à Dieu, que nous savons ne point faire acception de personnes, (Rom. II. 10. 11) et qui est également le Dieu des Juifs et des Gentils. (Rom. III. 28) Au contraire son acceptation par Dieu, est parfaitement conforme à tout ce que l'évangile dit du salut. Nous allons examiner ce fait en détail.

i.° Corneille était un homme dévot (), ce mot signifie qui honore convenablement, qui est pieux ; on ne le trouve que dans trois autres endroits du nouveau Testament ; dans le même chapitre v. 7, où il caractérise un des serviteurs de Corneille.

Dans le même livre des actes, chap. XXII, v. 12, où il est appliqué à Ananias, qui est expressément appelé disciple (Act. IX. 10) par le Saint-Esprit, et qui reçut du Seigneur, l'honneur éminent d'être envoyé par lui, pour porter le premier message à l'apôtre Paul. (Act. IX. 10-17) Nous le trouvons enfin employé dans II. Pierre II. 9. où il indique précisément les serviteurs de Dieu qu'il distingue des injustes et qu'il sait délivrer des tentations. (II.Pier. II. 9) Dès-lors l'application de ce mot à Corneille, suffit seule pour fixer son caractère et établir qu'il était un de ceux qui sont justifiés par la foi. Nous savons (Rom. IV. 5) que ceux qui sont justifiés, ont été, jusqu'au moment de leur justification,, impies, méchants, c'est exactement l'opposé de. Nous trouvons donc ici une preuve évidente que Corneille était un croyant justifié.

2.° Corneille était un homme craignant Dieu, avec toute sa famille. Lorsque les écritures se servent de cette expression, elle se rapporte toujours au vrai Dieu ; et personne ne peut nier que Corneille ne soit représenté ici, comme craignant le Dieu d'Israël.
C'est le caractère de tous ceux qui ne sont point régénérés « que la crainte, de Dieu n'est point devant leurs yeux ». (Rom. III. 18) D'un autre côté, c'est une promesse que Dieu fait à son peuple qu'il mettra sa crainte dans leur coeur. (Jér. XXXII. 39. 40) C'est une haute louange pour les églises de la Judée, de marcher dans la crainte du Seigneur, et elle est liée avec la consolation du Saint-Esprit. (Act. IX. 31) Enfin c'est par la grâce que le peuple de Dieu le sert, en sorte qu'il lui est agréable avec respect et crainte. (Héb.XII. 28)

3.° Corneille faisait beaucoup d'aumônes au peuple. Aucune oeuvre n'est reconnue dans l'écriture comme bonne et agréable à Dieu, qu'autant qu'elle procède de la foi. Ses enfants « sont sauvés par la grâce an moyen de la foi, ils sont son ouvrage, étant créés en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées afin qu'ils marchent en elles. » (Eph. II. 10) C'est d'après ces principes, que dans le même chapitre de l'épître aux Hébreux, où l'Apôtre dit que sans la foi il est impossible d'être agréable à Dieu, il rappelle la mémoire de ceux qui, par la foi, ont exercé la justice. (Héb. XI, 6. 33)

4.° Corneille priait Dieu continuellement. Les hommes peuvent rendre un culte à un Dieu inconnu ou à un Dieu de leur imagination , mais ils ne peuvent prier le vrai Dieu sans croire en lui. « Il est impossible de lui être agréable sans la foi, car il faut que celui qui vient à Dieu, croie que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent, » (Héb. XI. 6) et cette dernière proposition, nul ne peut la croire sans le témoignage de la révélation. Car nul autre moyen ne peut la donner à connaître. La foi n'est point une conjecture ou une opinion douteuse, mais une persuasion que Dieu, qui a fait les promesses, est puissant pour les accomplir. (Rom. IV. 21) Sur ce sujet les plus sages des anciens philosophes étaient dans une incertitude complète. « Le monde n'a point connu Dieu par la sagesse. » (I. Cor. I.21) Comment un pécheur sera-t-il justifié ? Comment pourra-t-il approcher du Dieu saint ? Quelle relation sera établie entre eux, et surtout sur quel fondement pourra-t-il espérer une rémunération ?
Personne, si ce n'est Dieu, ne peut répondre à cette question. « Nul n'a connu les choses de Dieu que l'esprit de Dieu. (I. Cor. II.11) Mais comment invoqueront-ils celui en qui ils n'ont point cru ? » (Rom. X. 14) Et pour être exaucé comme le fut Corneille, on doit nécessairement « demander avec foi, ne douter nullement, car celui qui doute est semblable au flot de la mer agité par le vent et jeté ça et là ; or qu'un tel homme ne s'attende point à recevoir aucune chose du Seigneur. » (Jacq. 1. 6. 7)

5.° Les prières et les aumônes de Corneille étaient montées en mémoire devant Dieu. Cela est une preuve qu'il l'avait adoré dans la foi au médiateur promis. Car nul ne peut aller au Père que par lui : c'est une vérité déclarée par Jésus-Christ lui-même, et figurée d'une manière frappante dans toutes les observances cérémonielles de l'ancien Testament. Or si Corneille avait été agréable à Dieu à cause de ses aumônes et de ses prières, sans avoir de foi au Sauveur, il s'ensuit « qu'étant ignorant de la justice de Dieu et ayant cherché à établir sa propre justice, » il y avait réussi, et que dans ce cas, il serait parvenu à la justification par les oeuvres de la loi et non par la foi, ce qui serait en opposition directe avec ce que déclare Paul, tant relativement aux Juifs que relativement aux Gentils. (Rom. IX. 33. X.3)

D'ailleurs il nous est appris par deux fois, que Corneille s'approchait de Dieu suivant le culte institué à Jérusalem. Il y est dit que Corneille priait à la neuvième heure, (Act. X. 3. 30) c'était l'heure des prières du temple et le temps où l'on offrait le sacrifice du soir. (Act. III. 1) Le temple de Jérusalem était un grand type du Rédempteur, et le moyen de communication entre Dieu et le peuple d'Israël ; c'était dans celui-là seul que les sacrifices pouvaient être offerts, et que l'on pouvait rendre à Dieu le culte prescrit, Jésus lui-même en faisant allusion au temple, s'applique le sens typique de cet édifice ; « abattez ce temple, et en trois jours je le relèverai. » (Jean II. 19) Lorsque les Israélites étaient éloignés du temple, ils montraient leur respect pour cet édifice, en étendant leurs mains vers le saint oracle, lorsqu'ils s'approchaient de Dieu.

Lors de sa dédicace, Salomon pria Dieu d'exaucer des cieux les prières que ceux de son peuple lui feraient en étendant leurs mains vers cette maison. (I. Rois VIII. 38) Jonas, englouti dans le ventre d'un grand poisson, disait, je regarderai encore vers le temple de ta sainteté. (Jon. II. 5) Daniel, dans une contrée éloignée, priait « les fenêtres de sa chambre étant ouvertes du côté de Jérusalem, » (Dan. VI. 10) et lorsque pendant sa prière, un messager spécial lui fut envoyé du ciel, pour lui faire la révélation remarquable de la naissance du Messie, c'était « environ sur le temps de l'oblation du soir. » (Dan. IX. 21) (4) Ce fut aussi à la neuvième heure, au temps de l'oblation du soir, pendant que Corneille priait, qu'un Ange de Dieu lui porta le message de l'Éternel. Et on doit même observer que dans la prière de dédicace de Salomon, dont nous avons déjà parlé, il est fait une mention expresse de l'étranger qui priera vers cette maison. « Et même, lorsque l'étranger qui ne sera pas de son peuple d'Israël, mais qui sera venu d'un pays éloigné pour l'amour de ton Nom, (car on entendra parler de ton Nom qui est grand et de ta main forte et de ton bras étendu) lors donc qu'il sera venu, et qu'il te priera vers cette maison ; exauce-le, Toi, des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, et fais selon tout ce pourquoi, cet étranger aura crié vers Toi. (I. Rois VIII. 42)

6.° Corneille, que son serviteur appelle « un homme juste, » (5) était vu favorablement par les Juifs, qui étaient bien à portée de connaître sa situation. « Il avait un témoignage de toute la nation des Juifs. (Act.X. 22) « Les mêmes paroles sont dites du dévot Ananias. « Il avait un bon témoignage de tous les Juifs. » (Act.XXII. 12) Un autre centurion qui n'était pas Israélite, fut recommandé par les Juifs comme aimant leur nation, et étant digne qu'on lui accordât ce qu'il demandait. Jésus dit de lui, à la troupe qui le suivait, « je vous dis, que je n'ai pas trouvé, même en Israël une aussi grande foi. » (Luc VII. 5. 9) Voilà un cas tout pareil à celui de Corneille, qui a été décidé par le Seigneur Jésus lui-même.

Enfin Corneille avait connaissance de la parole que Dieu avait « envoyée signifier aux enfants d'Israël, en annonçant la paix, par Jésus-Christ. « Vous savez, ajoute Pierre en s'adressant à Corneille et aux autres assistant, ce qui est arrivé dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, depuis le baptême que Jean a prêché ; savoir, comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de force, Jésus le Nazarien, qui a passé de lieu en lieu en faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec Jésus. » (Act. X. 36-38)
Sur quel fondement donc peut-on assurer que Corneille ignorait le vrai Dieu ? Non-seulement le système entier de la divine révélation du commencement jusqu'à la fin, nous défend de nous arrêter à cette idée, mais encore nous trouvons ici accumulées des preuves de la plus grande évidence, qui démontrent le contraire, dans le passage même où il s'agir de lui.

Et quelle est la base sur laquelle, au mépris de toutes ces preuves on veut élever l'opinion contraire ? C'est seulement cette déclaration de Pierre : « Je reconnais que Dieu n'a point égard à l'apparence des personnes, mais qu'en toute nation, celui qui le craint, et qui s'adonne à la justice, lui est agréable. » (Act. X. 34. 35) Nous avons déjà vu quels sont ceux qui, d'après la doctrine de l'écriture, craignent Dieu, s'adonnent à la justice, et lui sont agréables. Que Dieu ne fasse point d'acception de personnes, c'est ce qui est répété dans plusieurs endroits de l'écriture, (Voy. Deut.X. 17. Job.XXXIV. 19. Gal. II. 6. Eph.VI. 9. Col. III. 25. I. Pier. l. 17. Rom. II. 10. 11. 25. 29) et Paul confirme la même déclaration en l'appliquant aux Juifs et aux Gentils.
Cependant malgré ce qui avait été dit par les prophètes, et malgré le commandement fait par Jésus-Christ aux apôtres de prêcher l'évangile à toute créature, les préjugés étaient si fortement enracinés en eux, que Pierre eut besoin d'une nouvelle révélation pour être informé et convaincu du devoir d'annoncer l'évangile aux Gentils ; cette révélation lui fut faite dans ce dessein ; mais il était en peine d'en savoir le sens, (Act. X. 17) et ne l'entendit point jusqu'à ce qu'il fut informé par Corneille de ce qui avait été révélé à ce dernier. Dès-lors il ne douta plus du sens des paroles que lui avait dites la Voix céleste qu'il avait entendue : « Les choses que Dieu a purifiées, ne les tiens point pour souillées, » il s'écria sur-le-champ, « En vérité, je reconnais que Dieu n'a point d'égard à l'apparence des personnes, mais qu'en toute nation, celui qui le craint et qui s'adonne à la justice, lui est agréable. »

En un mot, le centurion Corneille honorait Dieu comme l'avaient fait Abel, Énoch et Noé, comme le firent aussi Melchisédec et Abraham. Il connaissait le culte des Juifs et était informé de la parole de Dieu qu'il avait envoyée signifier à Israël, annonçant la paix par Jésus-Christ, quoiqu'elle n'eût pas été jusque là adressée aux Gentils incirconcis. Jusqu'au moment où Pierre fut envoyé vers le centurion, Jésus ne leur avait pas encore été prêché comme étant le Messie. Avant son avènement, il était seulement nécessaire de croire que le Messie devait venir, mais depuis qu'il avait paru sur la terre et qu'il avait été annoncé aux Gentils, aussi bien qu'aux Juifs, il devenait indispensable pour eux de croire que Jésus était le Messie. D'après cela, Corneille fut informé par l'Ange que la personne qu'il lui était ordonné d'envoyer quérir, lui dirait « des choses par lesquelles il serait sauvé, lui et toute sa maison. ». (Act. XI. 14) Cela ne prouvait pas que le centurion ne fût point jusqu'alors agréable à Dieu ; mais comme l'Éternel avait accordé au monde une nouvelle lumière, et donné un nouveau commandement, « celui-ci est mon Fils bien-aimé....., écoutez-le, » (Matt. XVII. 5) il était nécessaire que Corneille le reçut et lui obéit. Tout de même qu'il est d'une nécessité indispensable pour tout chrétien qui ignorerait quelque partie de la volonté de Dieu, de lui obéir aussitôt qu'elle lui est connue.

Il ne reste plus qu'une remarque à faire sur ce sujet ; c'est que lorsqu'il est dit que le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole, (Act. X. 44) il n'est point parlé de la première réception des influences du Saint-Esprit, mais de ce que Paul appelle la manifestation de l'esprit. (I. Cor. XII. 7) Car il est ajouté qu'ils parlèrent immédiatement après en diverses langues, (Act. X. 46) C'est de la même manière que le Saint-Esprit fut répandu sur les apôtres en dons miraculeux, (Act. II. 4 et IV. 31) longtemps après qu'ils eurent ressenti en eux sa sainte influence (Matt. XVI. 17) et après qu'ils l'eurent reçu du Seigneur Jésus lui-même. (Voyez Act . VIII. 5. 6. 8. 14. 17) Il n'y a rien de plus clairement établi relativement aux opérations divines, que l'existence de ces deux opérations du Saint-Esprit, celle qui est seulement intérieure, et celle qui est accompagnée de dons miraculeux.


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(1) Fût rendue parfaite, c'est ce même mot qui est employé par le Seigneur dans sa réponse à l'Apôtre,
II. Cor. XII. 9, et que Martin traduit par manifeste sa force, " ma venu manifeste sa force dans l'infirmité. » Les oeuvres n'ajoutent rien à la foi, mais elles prouvent sa réalité et son efficace.

(2) Voyez à la note de la
page 133. les observations sur le sens du mot justifié. On y voit plusieurs exemples qui prouvent qu'il ne signifie point rendre juste, mais compter pour juste, déclarer juste ou approuver comme juste.
On pourrait en ajouter encore plusieurs comme : « on justifiera le juste et on condamnera le méchant »
Deut. XXV. 1. Voyez aussi II. Chron. VI. 23. Paul parlant de Dieu, dit, « tu seras justifié dans tes paroles » c'est-à-dire, " ta justice y sera manifestée, ou comme traduit Martin, « tu seras trouvé juste. » Rom. III. 4. Il dit encore, « je ne me sens coupable de rien, mais pour cela, je ne suis pas justifié. » (I. Cor. IV. 4.) C'est-à-dire, approuvé. Ce dernier sens de ce mot est souvent rendu dans d'autres parties de l'écriture par d'autres expressions : Comme plaire à Dieu. I. Thess. IV. 1. Lui être agréable. Héb. XI. 5. Être loué par lui, II. Cor. X. 18. Toutes ces manières de parler se rapportent aux bonnes-oeuvres des croyants, dont les personnes ayant été d'abord acceptées quand elles ont été justifiées par la foi, leurs services sont aussi acceptés et approuvés. C'est ainsi qu'il est dit, « l'Éternel eût égard à Abel et à son oblation. » (Gen. IV. 4.)

(3) Abel apporta des fruits de la terre ( Mincha ) aussi bien que Caïn, car il est dit que le Seigneur eut égard à son oblation.

(4) C'est à peu près à la même heure que le Christ expira. Matt. XXVII. 46. Tant est exacte la correspondance du type avec celui qu'il devait représenter.

(5) Outre notre Seigneur Jésus-Christ qui est le juste (Act. III. 14. VII. 52. I. Pier. III. 18. I. Jean. II. 1.) Il y a dans l'écriture sept autres personnes que Corneille auxquelles l'épithète juste est appliqué. Abel, Matth. XXIII.35. Noé, Gen. VI. 9. VII. 1. Lot, II. Pier. II. 7. Joseph, Matt. I. 19. Siméon, Luc II. 25, Jean-Baptiste, Marc VI. 20. Joseph d'Arimathée, Luc XXIII. 50.

 

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