Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE V.

1-2. ÉTANT donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ. Par lequel aussi nous avons été amenés par la foi à cette grâce, dans laquelle nous nous tenons fermes, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu.

Ayant prouvé dans les chapitres précédents, que tous les hommes sont pécheurs, et que nul ne peut être justifié que par la grâce au moyen de la foi, Paul nous montre ici l'état bienheureux des croyants et les effets de bénédiction dont la justification est accompagnée

Jusqu'à ce que l'homme soit justifié, il est dans un état d'inimitié avec Dieu, et sous le poids de sa colère ; mais au moment où il a reçu par la foi, la justice de Dieu, la paix est avec lui, cette paix, qui renferme toute bénédiction, est établie en lui. Elle lui est accordée par Jésus-Christ, et il est le seul qui, comme médiateur, pût l'établir entre le Dieu très-saint et l'homme pécheur. Nous avons déjà vu qu'il ne parvient que par la grâce, sans oeuvres d'aucune espèce, à cet état de faveur, qui est toujours permanent. Les croyants s'y tiennent fermes.
C'est Dieu qui justifie, qui est-ce qui condamnera ? (Rom. VIII. 32. 33) Sur ce fondement inébranlable le fidèle se réjouit en Dieu, dans l'espérance d'une éternelle félicité à venir.

Nous avons vu encore que la justification des croyants comprend, non-seulement le pardon des péchés ou la délivrance de la colère de Dieu, mais aussi un titre à la gloire ; la rémission des péchés et l'héritage en participation avec ceux qui sont sanctifiés, sont toujours réunis dans les auteurs sacrés, comme étant obtenus ensemble par la foi en Jésus-Christ. (
Act. XXVI. 18) Tout sujet de s'enorgueillir ou de se glorifier en soi-même est exclu, comme l'apôtre l'a déjà dit ; (Rom. III. 26. et IV. 2) mais par la libre grâce de Dieu, le fidèle se glorifie dans l'espérance de la vie éternelle, afin que comme il est écrit, celui qui se glorifia, se glorifie au Seigneur. (I. Cor. I. 31) Toute la postérité d'Israël sera justifiée, et elle se glorifiera en l'Éternel. (Esa. XLV. 25)

Ceux qui entendent et qui croient la parole de vie, qui connaissent l'excellence divine du plan de la rédemption, par un Sauveur crucifié et ressuscité, voient en lui tout ce qui est nécessaire pour pacifier leurs consciences coupables et pour fournir un fondement à leurs espérances envers Dieu. Ils trouvent ainsi le moyen de les satisfaire, en croyant seulement cette vérité qu'il adresse à tous sans exception.
Auparavant ils cherchaient toujours la tranquillité de leur esprit, au moyen de quelque changement avantageux qu'ils cherchaient à découvrir en eux-mêmes, ou au moyen de quelque ouvrage, de quelques actions qu'ils avaient faites, qui devaient les rendre dignes de Christ, leur donner des droits sur lui et fournir un fondement à leur confiance en lui ; mais ils n'avaient pas la moindre idée qu'ils pussent trouver une consolation directe seulement dans ce que l'évangile atteste relativement à Christ. Mais maintenant ils découvrent dans l'évangile un remède gratuit, complet et suffisant auquel Dieu lui-même a pourvu, et qui convient de toutes les manières, à la situation où ils se trouvent comme coupables, perdus, pécheurs. Ils voient et ils croient que l'oeuvre achevée par le Fils de Dieu, comme substitut volontaire du coupable pour qui il est mort, que cette oeuvre que Dieu, par la résurrection de Christ, a déclaré accepter, est suffisante seule pour que ce Dieu juste et saint leur pardonne et les accepte, quelques coupables qu'ils soient.
Par cette foi ils sont justifiés, non en agissant, mais en croyant en celui qui justifie l'impie, et étant ainsi justifiés par la foi, ils ont la paix avec Dieu par le Seigneur Jésus-Christ.

Avant de parler des fruits que produit le croyant, l'Apôtre le représente ici comme se réjouissant dans l'espérance de la gloire de Dieu, il le représente comme ne tirant le motif de sa consolation que de la vue de Dieu en Christ, qu'il a reçue par la foi, et c'est la seule véritable source de l'espérance du fidèle ; elle est, il est vrai, susceptible de confirmation et d'accroissement, mais si elle ne tire pas son origine de Christ, et de cette expiation seule, c'est une fausse espérance.
Aussitôt qu'un homme croit à l'évangile de Christ, il doit imiter la force de la foi d'Abraham et donner gloire à Dieu, se reposant pleinement sur le fondement assuré qui sert de base à son espérance, et, vécut-il mille ans, il n'acquerra jamais de titre à la gloire meilleur ou différent de celui dont il est en possession depuis le moment où il a cru.
Paul dit, en s'adressant à
tous les membres de l'église de Colosses : « rendant grâces au Père, qui nous a rendus dignes de participer à l'héritage des saints, dans la lumière, qui nous a délivres de la puissance des ténèbres, et nous a transportés au royaume de son Fils bien aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission des péchés. » (Col. I. 12-14)

Il est ordonné aux chrétiens « de retenir, ferme jusqu'à la fin l'assurance et la gloire de l'espérance. » (
Héb. III. 6) Le commencement de cette assurance est la conviction de la vérité de cette déclaration de Dieu, qu'il a mis toute son affection en son Fils bien aimé. L'inimitié contre Dieu et la dureté naturelle du coeur de l'homme, cessent d'exister aussitôt que celui-ci fait qu'il n'a pour être pur, qu'à se laver dans le sang de Christ, qu'il fait qu'il « ne doit plus craindre, mais seulement croire ; » et lorsqu'il tient sa vue attachée sur ces objets, sa nouvelle nature se répand en effusions abondantes d'amour, il devient à la fois sensible à l'affection que Dieu a pour lui et à celle qu'il a pour Dieu. Il est vrai que dans le commencement de cette nouvelle vie, la foi est ordinairement faible ; ces objets ne se présentent pas distinctement, et l'espérance, l'amour et la joie, ne peuvent dépasser les progrès de la foi dont ils émanent. De là, la convenance pour tous les fidèles, de cette prière des disciples de Jésus. Seigneur ! augmente-nous la fol. (Luc XVII. 5)

3-5. Et non-seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l'affliction produit la patience ; et la patience l'épreuve, et l'épreuve l'espérance. Or l'espérance ne confond point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs, par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

L'état de l'homme aux yeux de Dieu, est entièrement changé dès le moment où il croit à l'évangile. Il est passé de la mort à la vie, il est justifié par la foi ; il est aussi sanctifié, un changement intérieur et personnel a lieu en lui aussitôt. Jésus-Christ lui est fait non seulement
justification, mais aussi sanctification de la part de Dieu. (I. Cor. I. 30)

La justification du croyant est complète dès le premier instant, il est absous pour toujours de la coulpe du péché, et accepté comme parfaitement juste dans la justice de Christ, étant un avec lui ; de même il est parfaitement sanctifié en lui, parce qu'il est
accompli en lui. (Col. II. 10)
Mais, quant à l'oeuvre de la sanctification dans son âme, par laquelle il est renouvelé de plus en plus, à l'image de Dieu, cette opération est graduelle et progressive, (
l. Thess. IV. 3. V. 23) et le conduit jusqu'à ce qu'il soit présenté devant la gloire de Dieu avec joie et qu'il soit irrépréhensible, (Jud. 24) non-seulement par la justice qui lui est imputée, mais encore par celle qui est gravée en lui.
C'est relativement à ce dernier effet que les écritures sont pleines d'exhortations à l'activité, à la vigilance, à l'usage de tous les moyens pour croître en la grâce, ainsi que de menaces contre la rétrogradation et l'apostasie. Le Seigneur rend les unes et les autres efficaces par sa bénédiction et sa puissance, pour l'édification et la persévérance finale de son peuple.
Le fidèle est ainsi affranchi de la puissance des ténèbres, et délivré de la domination comme de la punition du péché. Le sang de Christ l'a lavé de la coulpe du péché et son Esprit l'a lavé de sa souillure. Il se réjouit, non seulement dans
l'espérance d'être mis en possession de la gloire qui sera révélée, mais encore dans les afflictions par lesquelles on entre dans le royaume de Dieu. (Act. XIV. 22. II. Cor. VI. 10. I. Thess. I. 6. II. Thess. l. 4) Le croyant ne se glorifie pas dans ses afflictions comme dans la croix de Christ ; cette croix est l'objet dans lequel il se glorifie ; mais il se réjouit dans les afflictions, parce qu'elles sont un moyen et un instrument ordonné par Dieu, pour l'accomplissement de sa volonté et du bien du fidèle. Rien n'est plus contraire à la nature de l'homme, mais le chrétien est capable de penser ainsi, parce qu'il fait qu'au moyen de ces tribulations, le Seigneur, qui est assis comme celui qui raffine et purifie l'argent, (Mal. III. 3) le nettoie de la corruption qui était inhérente à sa nature ; il sait que ces peines produisent la patience, et dans l'exercice de cette patience, (Jacq. I. 3) qui lui est si nécessaire dans son état présent, (Héb. X. 36) il a l'expérience, non-seulement de la bonté et de la fidélité de Dieu, mais de la réalité et de la force de sa propre foi, qui lui apparaît dans ses effets, en le rendant capable d'imiter la patience avec laquelle Christ a souffert les injures et les afflictions qui lui furent prodiguées.

Cette expérience produit
l'espérance, et c'est ainsi que toutes les grâces chrétiennes s'unissent l'une à l'autre. Nous trouvons ici l'espérance placée une seconde fois ; la première, comme nous l'avons vu, elle provient seulement de la vue de l'oeuvre et de la suffisance des mérites de Christ, et ici elle tire de nouvelles forces de l'expérience qu'a le croyant de la fidélité de Dieu, et de l'affection qu'il ressent lui-même pour son créateur. C'est ainsi qu'elle est confirmée. « Or que chacun examine ses actions et alors il aura de quoi se glorifier en lui-même seulement et non pas dans les autres. » (Gal. VI. 4)

L'espérance des chrétiens est ainsi fondée entièrement et exclusivement sur l'oeuvre accomplie de Christ, et est confirmée par la croissance des fruits de justice, dont ils sont remplis et qui sont par Jésus-Christ, à la gloire de Dieu, (
Phil. I. 11) Elle ne peut être illusoire, parce que l'amour que Dieu porte au fidèle et le sentiment de joie que produit cet amour, la versent dans son coeur, par le Saint-Esprit qui lui a été donné suivant la promesse qui en a été faite. Nous avons connu et cru, l'amour que Dieu a pour nous, (I. Jean IV. 16) et le sentiment de cet amour de Dieu, est toujours accompagné d'un amour réciproque dans le coeur du croyant. « Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier. » (I. Jean IV. 19)

Ainsi ceux qui ont l'amour de Dieu dans le coeur, ont une vive espérance qui les vivifie, les encourage dans toutes leurs détresses, les rendant capables de combattre et de surmonter toutes les difficultés, dans la voie qui conduit à la maison de leur père. Elle ne peut manquer et ne meurt point avant d'être accomplie. Les espérances mondaines trompent souvent les hommes, et sont ainsi cause qu'ils sont rendus confus par les choses qui découvrent la faiblesse de leur jugement.
Lorsqu'un homme s'est regardé comme assuré, lorsqu'il a mis beaucoup d'importance à ses espérances et qu'il a placé sa confiance en elles, alors elles manquent et frustrent son attente. Elles meurent avant les hommes et ils voient leur folie et le malheur qu'ils ont eu de se confier en elles ; elles meurent, au plus tard, avec eux et ne les accompagnent pas plus loin.
Que c'est une chose effrayante lorsqu'un homme et toutes ses espérances périssent à la fois ! « Quand l'homme méchant meurt son attente périt, et l'espérance des hommes violents périra.
(Prov. XI, 7) Mais le juste trouve retraite même en la mort. » (Prov. XIV. 34) La mort qui prive les pécheurs de toutes leurs espérances, et qui leur enlève tous leurs héritages, remplit l'espérance du fidèle, et le fait jouir de ce qui lui est réservé ; elle est comme un messager de Dieu, envoyée pour mettre ses enfants en possession de leur héritage.

L'espérance du fidèle n'est donc pas seulement assurée par la parole de Dieu, mais elle est encore scellée dans son coeur par le Saint Esprit, qui lui découvre, par ses influences sacrées, la tendre affection de Dieu pour lui, et qui la répand sur toutes les facultés de son âme, où elle produit une pureté de dispositions, un amour réciproque des perfections divines, une satisfaction inexprimable à être en communion avec Dieu, une vive reconnaissance de ses bienfaits, et un zèle ardent pour sa gloire ; ces opérations du Saint-Esprit sont à la fois des preuves de la régénération du chrétien et des arrhes de son bonheur céleste : elles assurent son espérance contre la honte d'être frustrée dans ce qu'elle attend.
Cette confiance triomphante est un privilège inappréciable dont tout fidèle doit rechercher avec soin et avec ardeur, la jouissance habituelle.

Nous voyons par les premiers versets de ce chapitre, que ceux qui sont justifiés par la foi, ont la paix avec Dieu, le père, l'union avec Christ, le fils, et qu'ils jouissent du séjour du Saint-Esprit en eux. C'est en ce nom, comme un seul Dieu qu'ils ont reçu le baptême, par lequel ils reconnaissent ce qu'ont fait pour leur rédemption, non-seulement le Père, mais le Fils et le Saint-Esprit.
Nous voyons que ceux qui sont justifiés, sont sanctifiés, de sorte que nous avons les trois choses qui dirigent la vie chrétienne, la Foi, l'Espérance et la Charité. (
I. Cor. XIII. 13) La Foi est le grand et le seul moyen d'obtenir tous les privilèges et toutes les bénédictions, parce que c'est elle qui unit le fidèle à Christ, et que c'est elle qui reçoit tout de sa plénitude.

L'Espérance attend les bénédictions promises comme devant être accomplies en la vie éternelle, et est ainsi l'ancre sûre et ferme de l'âme, (
Héb. VI. 19) qui la maintient assurée au milieu de toutes les tempêtes et lorsque tout autre support manque.
La Charité ou l'amour, est le fruit de l'union avec Christ, le renouvellement de l'image de Dieu dans l'âme et le vrai principe de l'obéissance, et de tous les services volontaires au moyen desquels le chrétien fait du bien aux autres par la volonté de Dieu. « La fin du commandement c'est la charité, qui procède d'un coeur pur et d'une bonne conscience et d'une foi, sincère. » (
I. Tim. 1. 5)
La foi sincère est la racine de tout ; la foi dans la résurrection de Jésus-Christ, produit une bonne conscience. (
I. Pier. III. 21) Le coeur est purifié par la foi. (Act. XV. 9) La foi est opérante par la charité. (Gal. V. 6)
Ces trois choses, la foi, l'espérance et la charité, existent comme essentielles à la piété dans tous les âges, sous toutes les dispensations. Mais la plus excellente des trois, c'est la charité : non que la charité puisse faire l'office de la foi en justifiant un pécheur, ce qui est aussi impossible qu'il l'est à l'oeil de pouvoir percevoir des sons, ni qu'elle puisse exister en aucun homme qui n'a point la foi et l'espérance.
La foi et l'espérance sont les moyens par lesquels le criminel orgueilleux, personnel, charnel, condamné, est conduit à aimer Dieu et à aimer les hommes pour l'amour de lui ; elles sont l'échafaudage sans lequel l'édifice ne peut être élevé, et l'édifice est cependant plus précieux que l'échafaudage, et quand il est élevé, l'autre est abattu comme n'ayant plus aucun usage.
Dieu est amour. (
I. Jean IV. 8) L'amour est la véritable image de Dieu, l'essence de la sainteté, le lien de la perfection, (Col. III. 14) et l'accomplissement de la loi. (Rom. XIII. 10) La foi et l'espérance nous sont nécessaires comme à des pécheurs, dans cet état d'imperfection où nous sommes. Mais la foi se perdra bientôt dans la vue réelle, et l'espérance dans la jouissance, tandis que l'amour parfait durera à jamais. Il est l'élément, la joie et la gloire des cieux. Il unit Dieu et toutes les créatures saintes, dans une harmonie et une félicité parfaites, sans mélange d'aucuns principes différents, aux siècles des siècles pendant toute l'éternité.

6-11. Car lorsque nous étions encore privés de toute force, Christ est mort en son temps, pour nous qui étions des impies. Or à grand peine arrive-t-il que quelqu'un meure pour un juste ; mais encore il pourrait être que quelqu'un voudrait bien mourir pour un bienfaiteur. Mais Dieu signale son amour envers nous, en ce que lorsque nous n'étions que pécheurs, Christ est mort pour nous. Beaucoup plutôt donc, étant maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère, par lui. Car si lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, étant déjà réconciliés serons-nous sauvés par sa vie. Et non-seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.

Ici Paul démontre l'impossibilité qu'il y a que l'espérance du croyant soit jamais frustrée : elle est fondée sur l'amour incomparable de Dieu, avec quoi rien dans le monde ne peut être mis en parallèle.
À peine un homme voudrait-il mourir pour un juste, (
1) un homme strictement honnête et vertueux. Il serait possible que pour un homme bon, pour un doux bienfaiteur, on trouvât quelqu'un qui voulut donner sa vie, mais combien l'amour de Dieu, excède tout ce que peuvent faire les hommes ! Dieu a signalé quel était son amour pour son peuple, en ce que son Fils dans le temps qui était destiné pour cela, (2) mourut pour ceux qui étaient encore des pécheurs, en opposition avec lui, dignes de toute sa colère et incapables de sortir par eux-mêmes de cet état. C'est la plus forte assurance que ceux qui sont justifiés par son sang, seront sauvés par lui ; car si ceux qui étaient ses ennemis, ont été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, combien plus est-il évident qu'ils seront sauvés par sa vie, maintenant qu'il est devant la face de Dieu, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.

Deux comparaisons sont faites dans ce passage.
L'une entre l'état passé des croyants et leur état présent, ils étaient d'abord les ennemis, maintenant ils sont les amis de Dieu.
L'autre est établie entre la condition passée du Sauveur et sa condition présente ;
il était mort, et maintenant II vit.
Et la proposition qui réunit ces deux est, que la réconciliation à Dieu est entièrement due à la mort de Jésus-Christ, comme à la cause méritoire. Puis donc que la mort du Rédempteur peut produire un aussi grand effet que la réconciliation de ceux qui étaient les ennemis du Très-haut, il n'y a point lieu de douter que la vie de Christ ne doive être suffisante pour un objet dont l'exécution est moins difficile, c'est-à-dire, pour obtenir la continuation de l'amitié et de la bienveillance divines pour ceux qui sont déjà réconciliés. Par la mort qu'il a soufferte à leur place, ils sont affranchis de la condamnation, la rigueur de la loi ayant eu son cours et ayant reçu son exécution par la punition de leurs péchés en lui, et ainsi ils sont sauvés des effets de la colère.

Par sa résurrection, sa vie et son entrée dans la gloire éternelle, récompense réservée à son oeuvre de médiateur, ils entrent en partage de cette gloire « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, » a-t-il dit lui-même, « je vais vous préparer le lieu. (
Jean XIV. 2) Parce que je vis, vous aussi vous vivrez. (Jean XIV. 19) Mon Père, je désire que ceux que tu m'as donnés soient avec moi où je suis afin qu'ils contemplent la gloire, que tu m'as donnée. (Jean XVII. 24) Ainsi Jésus-Christ ayant été livré pour les offenses des fidèles, il est ressuscité pour leur justification : et l'incomparable amour de Dieu, qui n'a pas épargné son Fils bien aimé, est le plus sûr fondement d'une confiance absolument illimitée en lui, de la part de tout homme qui renonçant à établir sa propre justice, se soumet à la sienne. (Rom. X. 3) En même temps la nécessité de verser un sang infiniment précieux, pour que les croyants puissent être justifiés, est pour eux la plus forte preuve de l'infinie malice du péché, de l'infinie pureté, de la terrible justice de Dieu, et de la nécessité où ils sont de se conduire avec crainte durant le temps de leur séjour temporel. (I. Pier. I. 17. 19)

Non-seulement les croyants sont sauvés et se réjouissent dans l'espoir de la gloire future , mais encore ils se glorifient en Dieu par Jésus-Christ, par qui ils ont reçu la réconciliation. « Mon âme se glorifiera en l'Éternel ; magnifiez l'Éternel avec moi et exaltons son nom tous ensemble. (
Ps. XXXIV 3. 4) La justice et la force sont en l'Éternel. » (Esa. XLV. 24) Le sentiment qu'ils éprouvent de la tendre affection de Dieu, « dans un si grand salut, » est rendu plus vif en regardant au rocher duquel ils ont été taillés et au creux de la citerne d'où ils ont été tirés. (Esa. LI. 1)
Dans ces versets, la première situation de ceux qui ensuite ont été sauvés, est dépeinte avec la plus grande vivacité, lis étaient
privés de toute force ; (3) à cause de leur éloignement de Dieu dont la sagesse était folie pour eux, ils n'avaient pas le pouvoir de se relever de leur funeste condition ; ils étaient impies, pécheurs, sous la colère, et ses ennemis.

Vous qui pensez avec orgueil que vous pouvez devenir meilleurs par vos propres forces, et vous rendre ainsi agréables à Dieu. Vous qui rejetez avec dédain un salut acheté sans argent et sans aucun prix, (Esa. LV. 1) considérez ces caractères et tremblez, C'est votre devoir assurément de vous faire un coeur nouveau, mais si le maure ne change point sa peau, ni le léopard ses taches, (Jér. XIII. 23) ce ne sera point sans la grâce efficace de Dieu, que vous qui êtes accoutumés au mal, parviendrez à faire le bien.

D'un autre côté, que ceux qui se mettent entièrement sous la dépendance de Dieu, qui reconnaissent avec sincérité que les caractères rapportés plus haut, étaient les leurs, qui ne se glorifient que dans la croix de Christ, qui comptent toutes choses pour rien, au prix de l'excellence de sa connaissance, qui désirent d'être trouvés en Christ, ayant, non pas leur propre justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu par la foi. (
Phil. III. 9) Que ces fidèles prennent cette pleine consolation dont parlent les versets que nous avons sous les yeux.
Si lorsque tu étais impie, impénitent, ennemi de la sainteté, de la loi, de la souveraineté et de la grâce de Dieu, tu as été amené à un état de réconciliation, combien plus maintenant que tu jouis de cette faveur, ne seras-tu pas préservé de retomber sous le pouvoir du péché et de Satan.

12. C'est pourquoi comme par un seul homme le péché est entré au monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort est par venue sur tous les hommes, parce que tous ont péché.

L'Apôtre a montré que le monde est plein de péché, et que tous les hommes, Juifs et Gentils, étaient dans leur état naturel sans force, pécheurs, ennemis de Dieu, et sous le poids de sa colère. Il a montré aussi que les uns et les autres étaient admis à l'état de justification, de paix et de réconciliation avec Dieu, par la foi à l'expiation de Christ, sans aucun égard à aucune différence qu'on supposerait dans leur caractère personnel, ou à la distinction que la loi de Moïse établissait entre eux.
Dans les éclaircissements ultérieurs qu'il donne à ce sujet, il enseigne quels sont les fondements tant de la condamnation que de la justification, et remontant à leurs sources respectives, Adam et Christ, il montre en quoi se ressemblent ces deux chefs opposés du genre humain, et en quoi ils diffèrent dans la manière dont leurs influences opposées ont été transmises par chacun d'eux.

Comme par un seul homme, Adam, le père commun et le représentant des Juifs et des Gentils, le péché est
entré dans le monde, et par le péché, la mort, qui en était la punition, ainsi la mort est passée par lui () à tous les hommes, par lui en qui tous ont péché.
Le premier péché d'Adam était l'introduction à tous les péchés personnels, à toute la dépravation qu'il y a dans le monde, dans sa postérité, et dès la première entrée du péché, tous les hommes devinrent exposés à la mort comme à une punition due à ce péché. Cela est ainsi par la force de la constitution divine qui les a liés avec Adam, comme chef ou souche commune de toute la race humaine. C'est donc par un seul péché de cette personne commune ou de ce représentant, pendant qu'il était tel, que la mort est entrée ; car quoique la corruption de tout homme venu au monde, ait été le résultat nécessaire de sa liaison avec Adam, c'est cependant la première faute de celui-ci qui les a rendus tous sujets à la mort, depuis la première entrée du péché dans le monde.

Le mot
mort, comprend ici toute la punition qui est due au péché. Il est parlé de la mort dans l'écriture sous ces trois points de vue différents ; la mort spirituelle ou la privation de la vie spirituelle ; (Eph. II. 1) la mort temporelle ou celle du corps, (Jean XI. 14) et la mort éternelle, appelée aussi la mort seconde. (Apoc. II, 11. XX. 14. XXI. 8)
Ce mot. est employé, tantôt pour désigner l'une de ses parties, tantôt dans toute l'étendue de son sens universel. Il est évident que tous les hommes ont encouru la mort spirituelle, car ils sont tous par leur nature « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, » et « si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut point voir le royaume de Dieu. »
Tous les hommes sont donc aussi sujets à la mort seconde. Plusieurs personnes supposent, à la vérité, que ce qui est dit ici de la mort, ne signifie que la cessation de la vie corporelle, mais tous les enfants d'Adam ne tiennent-ils pas de lui une nature dépravée aussi bien qu'une nature mortelle ? N'est-ce pas de la coulpe, de la dépravation et de la punition éternelle, que Christ est venu délivrer son peuple et non de l'assujettissement à la mort physique ?

Sans la justification et la sanctification, l'immortalité serait-elle un bienfait ? Si les hommes sont dépravés, morts dans le péché et mortels, comme descendants d'Adam, ils doivent non-seulement mourir, mais être misérables et profanes à jamais à moins qu'ils ne soient sauvés par Christ.

Les gages du péché, c'est la mort. (Rom. VI. 23) Ces mots indiquent tout ce que le péché mérite, et tout ce dont Dieu menaça pour la première fois qu'il ferait commis. C'est pour cela que l'Apôtre établit comme le fondement de son raisonnement, que dans le péché actuel d'Adam et par ce péché, tous les hommes sont assujettis à la mort ou à la punition du péché, et que la coulpe de ce péché leur est imputée. L'imputation d'un péché à quelqu'un, l'assujettit justement à la punition due à ce péché, et ne pas l'imputer c'est l'affranchir de cet assujettissement ; cela montre combien est dépourvue de fondement cette interprétation, que la mort est passée à tous les hommes, seulement par la force de la propagation naturelle depuis Adam, sans aucune inculpation de coulpe, ce qui est en contradiction avec les paroles de notre Apôtre. Car c'est la coulpe du péché et non la propagation naturelle, que l'Apôtre affirme être la cause de la mort. Ayant parlé du péché et de la mort comme étant la cause l'un de l'autre, il déclare comment tous les hommes sont devenus sujets à la punition, ou dignes de mort. Aussi il ajoute, en qui tous ont péché. Il est vrai que la mort est due à chaque péché en quelque temps qu'il soit commis ; mais l'Apôtre montre ici comment la mort est passée par Adam à tous les hommes à la fois ; comment ils y sont été tous assujettis dès sa première entrée dans le monde, au moyen du péché actuel d'Adam, qui ne peut être le péché actuel de ses descendants.

Il y a différentes manières de traduire les mots qui finissent ce verset : « 
en qui, par lequel, puisque, parce que, tous ont péché. » Mais quelle que soit celle que l'on adopte, le sens demeure le même. La mort ne vient pas sur les hommes parce que tous ont péché actuellement, puisque les enfants (dont l'Apôtre parle au verset 14) meurent quoiqu'ils n'aient point commis de péchés actuels.

Si donc la mort est venue sur tous les hommes, c'est parce que tous ont péché en Adam leur chef et leur représentant, et que tous sont ainsi enveloppés dans les conséquences de son péché ; et cette vérité est clairement énoncée dans la première épître aux Corinthiens, où il est dit expressément (et le texte n'admet aucune autre traduction) que tous meurent
en Adam. « Car puisque la mort est par un homme, la résurrection des morts est aussi par un homme, car de même que tous meurent en Adam tous aussi seront vivifiés en Christ. » (I. Cor, XV, 21. 22)
La même vérité est clairement exprimée dans les versets qui suivent celui dont nous nous occupons.
Par l'offense d'un seul, plusieurs sont morts, v. 15. La condamnation vient d'une seule faute, v. 16.
Par l'offense d'un seul, la mort a régné par un seul, v. 17 ; Par un seul péché, tous les hommes sont assujettis à la. condamnation, v. 18. Ainsi en Adam, tous les hommes ont péché et ont été assujettis à la condamnation comme étant contenus en lui (Héb. VII. 9. 10) lors de son apostasie. Son sang fut corrompu par sa rébellion ; et c'est de cette nature pervertie, dont l'origine est dans cette première faute, que procèdent toutes nos transgressions actuelles. Par la désobéissance, d'un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs, v. 18,
Dans le passage dont nous nous occupons, et spécialement dans I. Cor. XV, les écritures s'expriment comme s'il n'y avait dans le monde que deux hommes, Adam et Christ ; par le péché du premier, sont venus la mort et le péché, (4) et par l'obéissance du second, la justice et la vie.


13-14. Car jusqu'à la Loi le péché était au monde : or le péché n'est point imputé quand il n'y a point de Loi. Mais la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'avaient point péché de la manière en laquelle Adam avait péché, qui est la figure de celui qui devait venir. (5)

Le sens de ces deux versets, en les liant avec le douzième peut être paraphrasé de la manière suivante.
La mort est venue sur tous les hommes par le péché d'Adam, car depuis sa chute jusqu'à l'époque où la loi fut donnée, le péché fut imputé à toute personne venant au monde ; mais le péché n'est point compté, là où il n'y a point de loi transgressée. Néanmoins, la mort qui est la punition du péché, régna depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur les enfants et les idiots, qui étant incapables de recevoir aucune loi ni de lui obéir, n'ont pas péché actuellement comme Adam, qui était la figure de celui qui était à venir.

En même temps que le principal dessein de l'Apôtre dans la comparaison d'Adam avec Christ, était d'éclaircir le grand point dont il s'était occupé, c'est-à-dire, la justification. par l'obéissance de Christ seul, il réfute aussi dans ce passage les erreurs des Juifs qui étaient opposées à cette doctrine ; ils imaginaient que parce qu'ils étaient la semence naturelle d'Abraham et ses descendants circoncis, ils étaient dans un état de salut et avaient un droit exclusif aux faveurs de Dieu à cause de ces prérogatives, tandis qu'ils regardaient avec mépris les Gentils, comme des pécheurs maudits, comme étant haïs et abandonnés de Dieu. Mais l'Apôtre leur montre ici qu'ils étaient liés avec un ancêtre plus ancien qu'Abraham, avec Adam qui était tombé, et il prouve qu'ils étaient aussi bien que les Gentils, enveloppés dans sa chute. Ils regardaient aussi la loi de Moïse comme la règle générale et souveraine d'après laquelle devait être jugée l'humanité toute entière, par laquelle chacun serait acquitté ou condamné, et ils pensaient que personne ne pouvait être sauvé, à moins qu'il ne se conformât aux institutions spéciales qu'elle contenait. Mais l'Apôtre montre ici qu'il y avait eu une loi plus ancienne, par la transgression de laquelle ils avaient été constitués pécheurs aussi bien que le reste des hommes, et assujettis comme eux à la condamnation : que leur loi n'avait été introduite que longtemps après, non pas afin de les justifier, mais pour faire que l'offense abondât (
v. 20) et pour les conduire à Jésus-Christ, qui est la fin de la loi en justice à tout croyant.

Pour prouver l'union de tout le genre humain avec Adam et la part qu'il avait à sa transgression, pour prouver ces vérités que le coeur orgueilleux des hommes est enclin à nier ou à combattre avec une haine blasphématoire, il fallait faire observer que pendant deux mille cinq cents ans avant la publication de la loi, le péché dominait dans le monde et qu'il était puni par la mort.
Mais le péché ne peut être imputé où il n'y a pas de loi qui ait été transgressée ; aucun homme parmi cette multitude immense qui était morte depuis Adam jusqu'à la promulgation de la loi, n'avait pu violer personnellement la prohibition à laquelle la peine de mort avait été originairement attachée. Cependant ils étaient renfermés dans la sentence prononcée contre Adam, et après bien des fatigues et des peines, ils retournaient en poudre comme ils en avaient été tirés.

On aurait pu imaginer, quant aux adultes, qu'ils mouraient pour leur violation personnelle de la loi de la tradition ou de celle de leur propre raison ; mais pendant ce long intervalle, une multitude innombrable d'individus fut assujettie à la mort, quoiqu'ils n'eussent jamais violé aucune loi à la ressemblance de la transgression d'Adam, c'est-à-dire, volontairement et après délibération. Car le nombre des enfants qui étaient morts après de grandes souffrances et une pénible agonie, avant qu'ils eussent. commis aucun péché actuel, ce nombre était infiniment grand ; ils avaient été enveloppés dans la destruction générale du genre humain par le déluge, ainsi que dans celle de Sodome et de Gomorrhe, et d'après le cours ordinaire des choses, la mort régna sur eux avant qu'ils fussent coupables d'aucune transgression volontaire et délibérée. Ce fait ne peut s'accorder avec les perfections divines, qu'en convenant qu'ils étaient un avec Adam, qu'ils étaient tombés avec lui sous la condamnation, à cause de la violation de la loi sous laquelle il avait agi comme le représentant de toute sa postérité.

Il est clair que les souffrances et la mort des enfants, forment dans tous les âges, une preuve irréfragable
(incontestable) de l'imputation générale du péché d'Adam, mais c'est surtout de lui jusqu'à Moïse qu'elle est la plus forte, parce que la loi qui, dans certaines circonstances, imputait les crimes des pères sur les enfants, jusqu'à la troisième et quatrième génération, (Exod. XX. 5) n'était pas encore proclamée Cependant cette dernière imputation avait pour cause, le même principe d'unité entre la souche et les branches ; il est vrai qu'elle n'avait lieu que dans des cas particuliers, tandis que celle du péché d'Adam atteignait toute sa postérité.

On peut espérer d'après diverses expressions de l'écriture et d'après la surabondance de la grâce, que ceux qui meurent dans l'enfance, qui n'ont point péché à la ressemblance de la transgression d'Adam et qui n'ont point rejeté l'évangile, peuvent être compris dans « l'élection de grâce. » Ils sont enfants de la colère par leur nature ; mais comme ils sont morts en Adam, sans transgression personnelle, ainsi il parait qu'ils peuvent être vivifiés en Jésus-Christ, sans un exercice personnel de la foi en lui, dont ils n'ont point été capables. Car si, dès leur enfance, ils portent l'empreinte de la nature corrompue d'Adam, on peut espérer qu'ils peuvent être renouvelés à l'image de celui qui les a créés, et être ainsi justifiés par l'obéissance de Christ, comme ils avaient été rendus coupables par la désobéissance d'Adam. La puissance souveraine peut aisément se rapprocher d'eux.
Aussitôt que la salutation de Marie, mère de Jésus, fut entendue par Élisabeth, mère de Jean, son précurseur, « le petit enfant, tressaillit de joie en son ventre. » (
Luc l. 44) Jésus a béni de petits enfants, en disant que c'était à ceux qui leur ressemblaient qu'appartenait le royaume de Dieu, d'où l'on pourrait supposer que, même dans leur premier âge, les enfants sont susceptibles de recevoir la grâce de Dieu. Les enfants peuvent être les sujets des prières que nous faisons, et en conséquence être compris dans la promesse.

Dans le
quatorzième verset, dont nous nous occupons à présent, la doctrine de l'introduction du péché et de la mort dans le monde par la chute d'Adam, est répétée deux fois. Car après avoir remarqué que la mort régnait même sur ceux qui n'avaient point péché à la ressemblance du péché d'Adam, l'Apôtre répète encore la même chose en ces mots qui est la figure de celui qui devait venir.
La ressemblance à cause de laquelle Adam est regardé comme le type de Christ, consiste en ce qu'Adam communiqua à ceux qu'il représentait ce qui lui appartenait, et en ce que Jésus communique aussi ce qui lui appartient, à ceux qu'il représente.
Il y a cependant une grande dissemblance entre ce qu'ils communiquent l'on et l'autre. D'Adam viennent le péché et la mort, de Christ, la justice et la vie. C'est par sa désobéissance qu'Adam a communiqué le péché et la mort, c'est par son obéissance que Christ a communiqué la justice et la vie, et comme Adam était le père de la première vie, de la vie naturelle, ainsi Jésus est l'auteur de la vie spirituelle dont ses fidèles jouissent à présent, et de la seconde ou de la vie future qu'ils obtiendront à leur résurrection, et c'est d'après ces analogies qu'il est appelé le dernier Adam. (
l. Cor. XV. 45)

Si donc l'obéissance actuelle de Christ, est imputée ainsi à tous ceux dont il est le chef, et leur est comptée pour leur justification, comme si c'était leur propre obéissance, de même le péché actuel d'Adam, qui est le type de Christ, est imputé à tous ceux dont il est le chef et est comptée pour leur condamnation, comme si c'était leur propre péché.
Écrivant à ceux qui dans Corinthe étaient sanctifiés en Christ, l'Apôtre leur dit, « le premier homme étant de la terre est tiré de la poussière, mais le second homme,
savoir le Seigneur, est du ciel, et comme nous avons porté, l'image de celui qui est tiré de la poussière, nous porterons, aussi l'image du Céleste. » (I. Cor. XV. 47. 49)

15-16. Mais il n'en est pas du don comme de l'offense ; car si par l'offense d'un seul plusieurs sont morts, beaucoup plutôt la grâce de Dieu, et le don par la grâce, qui est d'un seul homme, savoir de Jésus-Christ, a abondé sur plusieurs. Et il n'en est pas du don comme de ce qui est arrivé par un seul qui a péché ; car la condamnation vient d'une seule faute : mais le don de la justification s'étend à plusieurs péchés.

Quoique Adam fût un type de Christ, cependant le bienfait qui a été librement accordé par le Rédempteur, n'a pas seulement réparé les maux occasionnés par la seule faute du premier père des hommes, mais les a surpassés de beaucoup. Les effets de cette seule offense n'étaient pas limités à un seul ; ils s'étendaient à plusieurs, dont la condamnation était la suite d'une seule faute.
D'un autre côté, la grâce libre de Dieu et le don de la justification par la grâce, par un seul homme qui est Jésus-Christ, a excédé de beaucoup ou a été bien plus considérable pour plusieurs. Car ce don par la grâce non-seulement procure à celui qui le reçoit, le
pardon de cette seule offense, par laquelle il est tombé sous la condamnation, mais encore elle lui donne le pardon de toutes ses offenses personnelles, le plaçant dans un état complet de justification, dans une situation bien plus heureuse et bien plus relevée, que celle de laquelle il était déchu en Adam.

On pourrait imaginer, que de même que tous les hommes ont été condamnés dans le premier auteur de leur race, il était de droit qu'ils fussent justifiés par « le dernier Adam. » Il en est autrement. L'Apôtre répète souvent que la justification est un don, un don de la grâce, et puisque c'est par grâce, elle n'était pas due.
Ainsi quoiqu'il puisse paraître difficile de concilier la justice de Dieu, avec la condamnation de tous les hommes, en leur premier père, agissant comme leur chef et leur représentant, c'était strictement juste aux yeux de « Dieu seul sage, » car il ne laisse à l'homme aucun
droit aux bénédictions de la justification qu'il daigne accorder, dans sa souveraine miséricorde.

17-18. Car si par l'offense d'un seul la mort a régné par un seul, beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce, et du don de la justice, régneront en vie par un seul, qui est Jésus-Christ. Ainsi comme par une seule offense, le jugement est sur tous les hommes en condamnation, ainsi, et par une seule justice, le don est sur tous les hommes en justification de vie.

Si par la chute d'un seul homme la mort a régné sur tous, a bien plus forte raison, à cause de la dignité souveraine de celui qui a rétabli la vie, ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce et du don de la justification
, régneront-ils dans la vie par la parfaite obéissance d'un seul.
Elle ne consista point dans un seul acte, mais elle continua pendant tout le cours de la vie de leur unique garant Jésus-Christ, le second homme, le Seigneur du ciel. Ils ne seront pas rétablis dans ce paradis terrestre, dans lequel l'homme fut placé avec le danger de faillir ; mais dans ce monde, ils seront conservés dans l'état de grâce auquel ils ont eu accès par la foi, et dans lequel ils restent fermes, et ensuite ils seront placés dans la jouissance la plus entière d'honneur, de gloire et de bénédiction, dans le monde céleste, devant le trône de Dieu, sans courir le danger de jamais perdre ce bonheur.

Parlant de ses brebis, sous l'emblème du bon berger, Jésus dit lui-même, « Je suis venu afin qu'elles aient la vie, et qu'elles l'aient même en abondance. Je leur donne la vie éternelle et elles ne périront jamais et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous et personne ne peut les ravir des mains de mon Père. » (
Jean X. 10. 28. 30) Nous apprenons par ce passage quelle est l'excellence de la vie qui est promise aux croyants, par qui elle leur est transmise, sa sûreté entière et sa durée éternelle.

Ayant établi qu'Adam était le type de Christ et montré l'immense différence qu'il y avait entre eux, l'Apôtre nous fait voir ici la correspondance qu'il y a entre le type et celui qui était figuré, relativement à tous ceux qui étaient représentés par chacun d'eux.
Comme par une seule offense ou une seule chute, le jugement de Dieu a été
en condamnation sur tous les hommes qui étaient représentés par Adam, ainsi par une seule justice , l'obéissance de Christ jusqu'à la mort, le don libre de la justice a été en justification de vie, sur tous les hommes qui étaient représentés par Christ, et comme l'Apôtre a déjà montré que c'était par une seule voie que la condamnation à la mort était venue dans le monde, il enseigne encore ici qu'il n'y a non plus qu'une voie par laquelle on parvienne à la justification.

Il est clair que le sens de ce passage n'est pas que le don de la justification vienne universellement sur tous les hommes. Cela n'est point vrai en soi-même. Comme il y a sous d'autres rapports, une différence entre Adam et Christ, il y en a ici une autre encore.
C'est qu'ils ne sont point les chefs ou les représentants de la même collection d'individus. Adam représente tous ceux qui se rapportent à lui par la génération naturelle, et par conséquent l'humanité entière ; Christ représente tous ceux qui se rapportent à lui par leur régénération spirituelle, et par conséquent, ceux-là seulement qui reçoivent par la foi
la promesse de l'esprit.
Ce ne sont pas donc tous les hommes ; il n'y a que ceux qui croient qui reçoivent la justification de vie. Donner un autre sens à ce verset, serait contredire toute la doctrine des saintes écritures (Dan. XII. 2. Mat t. XXV. 46, Jean. V. 29) et même ce que déclare l'Apôtre que la justice de Dieu par la foi en « Jésus-Christ, s'étend à tous et sur tous ceux qui croient, (Rom. III. 22) mais que tous ceux-là seront condamnés qui n'auront point cru à la vérité. (II. Thess. II. 12) »
Le sens est borné par les mots du
verset dix-septième, à ceux-là seulement qui ont reçu l'abondance de la grâce et du don de la justice. Paul parle donc ici de ceux qu'il a désignés au commencement de ce chapitre comme étant justifiés par la foi ; de ceux qui sont unis à Christ dans sa mort et dans sa résurrection ; de ceux qui ont été les esclaves du péché, maïs qui depuis ont obéi de coeur à la doctrine dans laquelle ils ont été élevés.

C'est dans
le même sens qu'il écrit aux Corinthiens, « car, puisque la mort est par un homme, la résurrection des morts, est aussi par un homme, et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront vivifiés en Christ. » (I. Cor. XV. 22) Il fait exactement le même parallèle que dans le passage qui nous occupe, et comme dans celui-ci, le sens du mot tous est limité et son application est éclaircie par sa liaison avec le reste du discours, (6)
L'Apôtre dans cette épître comme dans celle-ci, ne s'adresse qu'aux fidèles ; il parle de ceux qui dorment en Christ, de ceux dont il a été fait les prémices (
I. Cor. XV, 18. 20) et dont la résurrection est représentée par ces expressions, ils ressusciteront incorruptibles, en gloire, en pouvoir, en corps spirituel. (I. Cor. XV. 42. 44) Il dit aussi que comme nous avons porté l'image de celui qui est tiré de la poussière, nous porterons aussi l'image du Céleste, (I. Cor. XV. 49) ainsi tout ce qu'il dit jusqu'à la fin de ce XVe chapitre, s'applique à tous ceux qui croient en Christ, mais non pas à tous les hommes en général.
La mort des croyants qui leur vient du péché, par leur rapport avec Adam et leur ensevelissement dans la corruption, le déshonneur et la faiblesse, leur sont donc communs avec des infidèles, mais le libre don de la justification de vie, leur vivification avec Christ, la résurrection en incorruptibilité, en gloire, en pouvoir, n'appartiennent qu'à eux seuls, (
7)


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(1) Mourir pour un juste,
pour un bienfaiteur,, c'est évidemment mourir en sa place, en son lieu, et par conséquent, c'est dans le même sens que l'on dit dans le v. suivant que Christ est mort pour son peuple, c'est-à-dire, à la place de son peuple.

(2),
dans le temps convenable. Voyez Marc I. 15. Gal. IV. 4, Eph. I. 10.

(3) L'expression originale signifie celui qui est faible par maladie, et est employée ici pour montrer l'influence pernicieuse du péché qui affaiblit toutes les facultés de l'âme ; Esaïe se sert de la même métaphore,
chap. I, v. 5. Toute tête est en douleur et tout coeur est languissant.

(4) Quoique Eve eût été la première dans la transgression, cependant le péché n'entra pas dans le monde par elle, sauf en sa condamnation personnelle, jusqu'à ce qu'Adam, qui était constitué le représentant du genre humain, eut aussi mangé du fruit défendu.

(5) Le raisonnement contenu dans les deux versets sera plus clair si le mot
imputé, qui est dans la seconde partie du v. 13, est suppléé dans la première.

(6) Voyez une restriction pareille dans
I. Jean V. 19, « nous sommes de Dieu, mais le monde entier,, est plongé dans le mal. » Jésus dit, « je ne prie point pour le monde, » Jean XVII. 9.

(7) Le sens du
29e verset de I. Cor. XV. est souvent mal entendu et quelquefois expliqué d'une manière à faire supposer que l'Apôtre favorisait les superstitions les plus grossières. Autrement que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi donc sont-ils baptisés pour les morts.
Ce verset doit être lié avec le 20e, et tous ceux qui les séparent forment une parenthèse. On peut en expliquer le vrai sens en observant que la préposition, que l'on a traduit pour, signifie aussi, au lieu, à la place, et marque la succession. Être baptisé à la place et au lieu des morts, c'est succédera ceux qui sont tombés martyrs de Jésus-Christ, et qui, si les morts ne ressuscitent pas, sont morts pour toujours. Il y a dans Denys d'Halicarnasse ( L. 8 ) un passage dans lequel on trouve cette préposition employée dans le même sens. « Ceux-là aussitôt qu'ils entrèrent en charge, jugèrent convenable d'enrôler d'autres soldats,, à la place de ceux qui étaient morts dans la guerre. » est aussi employé dans ce sens dans les versets 5 et 6 ci-dessus.

 

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