Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
V.
1-2. ÉTANT
donc
justifiés par la foi, nous avons la paix
avec Dieu, par Notre Seigneur
Jésus-Christ. Par lequel aussi nous avons
été amenés par la foi à
cette grâce, dans laquelle nous nous tenons
fermes, et nous nous glorifions dans
l'espérance de la gloire de
Dieu.
Ayant prouvé dans les chapitres
précédents, que tous les
hommes sont
pécheurs, et que nul ne peut être
justifié que par la grâce au moyen de
la foi, Paul nous montre ici l'état
bienheureux des croyants et les effets de
bénédiction dont la justification est
accompagnée
Jusqu'à ce que l'homme soit justifié,
il est dans un état d'inimitié avec
Dieu, et sous le poids de sa colère ;
mais au moment où il a reçu par la
foi, la justice de Dieu, la paix est avec lui,
cette paix, qui renferme toute
bénédiction, est établie en
lui. Elle lui est accordée par
Jésus-Christ, et il est le seul qui, comme
médiateur, pût l'établir entre
le Dieu très-saint et l'homme
pécheur. Nous avons déjà vu
qu'il ne parvient que par la grâce, sans
oeuvres d'aucune espèce, à cet
état de faveur, qui est toujours permanent.
Les croyants s'y tiennent fermes. C'est Dieu qui justifie, qui est-ce
qui condamnera ? (Rom. VIII. 32. 33)
Sur ce fondement
inébranlable le fidèle se
réjouit en Dieu, dans l'espérance
d'une éternelle félicité
à venir.
Nous avons vu encore que la justification des
croyants comprend, non-seulement le pardon des
péchés ou la délivrance de la
colère de Dieu, mais aussi un titre à
la gloire ; la rémission des
péchés et l'héritage en
participation avec ceux qui sont sanctifiés,
sont toujours réunis dans les auteurs
sacrés, comme étant obtenus ensemble
par la foi en Jésus-Christ. (Act. XXVI. 18) Tout sujet de s'enorgueillir ou de
se glorifier en soi-même est exclu, comme
l'apôtre l'a déjà dit ;
(Rom. III. 26. et IV. 2)
mais par la libre grâce de Dieu, le
fidèle se glorifie dans l'espérance
de la vie éternelle, afin que comme il est
écrit,
celui qui se glorifia,
se glorifie au Seigneur. (I. Cor. I. 31) Toute
la postérité d'Israël sera
justifiée, et elle se glorifiera en
l'Éternel. (Esa. XLV. 25)
Ceux qui entendent et qui croient la parole de vie,
qui connaissent l'excellence divine du plan de la
rédemption, par un Sauveur crucifié
et ressuscité, voient en lui tout ce qui est
nécessaire pour pacifier leurs consciences
coupables et pour fournir un fondement à
leurs espérances envers Dieu. Ils trouvent
ainsi le moyen de les satisfaire, en croyant
seulement cette vérité qu'il adresse
à tous sans exception.
Auparavant ils cherchaient toujours la
tranquillité de leur esprit, au moyen de
quelque changement avantageux qu'ils cherchaient
à découvrir en eux-mêmes, ou au
moyen de quelque ouvrage, de quelques actions
qu'ils avaient faites, qui devaient les rendre
dignes de Christ, leur donner des droits sur lui et
fournir un fondement à leur confiance en
lui ; mais ils n'avaient pas la moindre
idée qu'ils pussent trouver une consolation
directe seulement dans ce que l'évangile
atteste relativement à Christ. Mais
maintenant ils découvrent dans
l'évangile un
remède gratuit, complet et suffisant auquel
Dieu lui-même a pourvu, et qui convient de
toutes les manières, à la situation
où ils se trouvent comme coupables, perdus,
pécheurs. Ils voient et ils croient que
l'oeuvre achevée par le Fils de Dieu, comme
substitut volontaire du coupable pour qui il est
mort, que cette oeuvre que Dieu, par la
résurrection de Christ, a
déclaré accepter, est suffisante
seule pour que ce Dieu juste et saint leur pardonne
et les accepte, quelques coupables qu'ils
soient.
Par cette foi ils sont justifiés, non en
agissant, mais en croyant en celui qui justifie
l'impie, et étant ainsi justifiés par
la foi, ils ont la paix avec Dieu par le Seigneur
Jésus-Christ.
Avant de parler des fruits que produit le croyant,
l'Apôtre le représente ici comme se
réjouissant dans l'espérance de la
gloire de Dieu, il le représente comme ne
tirant le motif de sa consolation que de la vue de
Dieu en Christ, qu'il a reçue par la foi, et
c'est la seule véritable source de
l'espérance du fidèle ; elle
est, il est vrai, susceptible de confirmation et
d'accroissement, mais si elle ne tire pas son
origine de Christ, et de cette expiation seule,
c'est une fausse espérance.
Aussitôt qu'un homme croit à
l'évangile de Christ, il doit imiter la
force de la foi d'Abraham et donner gloire à
Dieu, se reposant pleinement sur le fondement
assuré qui sert de base à son
espérance, et, vécut-il mille ans, il
n'acquerra jamais de titre à la gloire
meilleur ou différent de celui dont il est
en possession depuis le moment où il a
cru.
Paul dit, en s'adressant à tous les
membres de l'église de Colosses :
« rendant grâces au Père,
qui nous a rendus dignes de participer à
l'héritage des saints, dans la
lumière, qui nous a délivres de la
puissance des ténèbres, et nous a
transportés au royaume de son Fils bien
aimé, en qui nous avons la rédemption
par son sang, savoir la rémission des
péchés. » (Col. I. 12-14)
Il est ordonné aux chrétiens
« de retenir, ferme jusqu'à la fin
l'assurance et la gloire de
l'espérance. » (Héb. III. 6) Le commencement de cette assurance
est la conviction de la vérité de
cette déclaration de Dieu, qu'il a mis toute
son affection en son Fils bien aimé.
L'inimitié contre Dieu et la dureté
naturelle du coeur de l'homme, cessent d'exister
aussitôt que celui-ci fait qu'il n'a pour
être pur, qu'à se laver dans le sang
de Christ, qu'il fait qu'il « ne doit
plus craindre, mais seulement
croire ; » et lorsqu'il tient sa vue
attachée sur ces objets, sa nouvelle nature
se répand en effusions abondantes d'amour,
il devient à la fois sensible à
l'affection que Dieu a pour lui et à celle
qu'il a pour Dieu. Il est vrai que dans le
commencement de cette nouvelle
vie, la foi est
ordinairement
faible ; ces objets ne se présentent
pas distinctement, et l'espérance, l'amour
et la joie, ne peuvent dépasser les
progrès de la foi dont ils émanent.
De là, la convenance pour tous les
fidèles, de cette prière des
disciples de Jésus. Seigneur ! augmente-nous la fol.
(Luc XVII. 5)
3-5.
Et
non-seulement cela, mais nous nous glorifions
même dans les afflictions, sachant que
l'affliction produit la
patience ; et la patience l'épreuve, et
l'épreuve l'espérance. Or
l'espérance ne confond point, parce que l'amour de
Dieu est répandu dans nos coeurs, par le
Saint-Esprit qui nous a été
donné.
L'état de l'homme aux yeux de Dieu, est
entièrement changé dès le
moment où il croit à
l'évangile. Il est passé de la mort
à la vie, il est justifié par la
foi ; il est aussi sanctifié, un
changement intérieur et personnel a lieu en
lui aussitôt. Jésus-Christ lui est
fait non seulement justification, mais aussi sanctification de la part de Dieu. (I. Cor. I. 30)
La justification du croyant est complète
dès le premier instant, il est absous pour
toujours de la coulpe du péché, et
accepté comme parfaitement juste dans la
justice de Christ, étant un avec lui ;
de même il est parfaitement sanctifié
en lui, parce qu'il est accompli en lui. (Col. II. 10)
Mais, quant à l'oeuvre de la sanctification
dans son âme, par laquelle il est
renouvelé de plus en plus, à l'image
de Dieu, cette opération est graduelle et
progressive, (l. Thess. IV. 3. V. 23) et
le conduit jusqu'à ce qu'il soit
présenté
devant la gloire de Dieu avec joie et qu'il soit irrépréhensible,
(Jud. 24)
non-seulement par la justice qui lui est
imputée, mais encore par celle qui est
gravée en lui.
C'est relativement à ce dernier effet que
les écritures sont pleines d'exhortations
à l'activité, à la vigilance,
à l'usage de tous les moyens pour
croître en la grâce, ainsi que de
menaces contre la rétrogradation et
l'apostasie. Le Seigneur rend les unes et les
autres efficaces par sa bénédiction
et sa puissance, pour l'édification et la
persévérance finale de son
peuple.
Le fidèle est ainsi affranchi de la
puissance des ténèbres, et
délivré de la domination comme de la
punition du péché. Le sang de Christ
l'a lavé de la coulpe du péché
et son Esprit l'a lavé de sa souillure. Il
se réjouit, non seulement dans
l'espérance
d'être mis en
possession de la gloire qui sera
révélée, mais encore dans les
afflictions par lesquelles on entre dans le royaume
de Dieu. (Act. XIV. 22. II. Cor. VI. 10. I. Thess. I. 6. II. Thess. l. 4) Le croyant ne se glorifie pas dans
ses afflictions
comme dans la croix
de Christ ; cette croix est l'objet
dans lequel il se
glorifie ; mais il se réjouit dans les
afflictions, parce qu'elles sont un moyen et un
instrument ordonné par Dieu, pour
l'accomplissement de sa volonté et du bien
du fidèle. Rien n'est plus contraire
à la nature de l'homme, mais le
chrétien est capable de penser ainsi, parce
qu'il fait qu'au moyen de ces tribulations,
le Seigneur, qui est
assis comme celui qui raffine et purifie l'argent,
(Mal. III. 3)
le nettoie de la
corruption qui était inhérente
à sa nature ; il sait que ces peines
produisent la patience, et dans l'exercice de cette
patience, (Jacq. I. 3) qui lui est si nécessaire
dans son état présent, (Héb. X. 36) il a l'expérience, non-seulement de la bonté et de
la fidélité de Dieu, mais de la
réalité et de la force de sa propre
foi, qui lui apparaît dans ses effets, en le
rendant capable d'imiter la patience avec laquelle
Christ a souffert les injures et les afflictions
qui lui furent prodiguées.
Cette expérience produit l'espérance, et c'est ainsi que toutes les
grâces chrétiennes s'unissent l'une
à l'autre. Nous trouvons ici
l'espérance placée une seconde
fois ; la première, comme nous l'avons
vu, elle provient seulement de la vue de l'oeuvre
et de la suffisance des mérites de Christ,
et ici elle tire de nouvelles forces de
l'expérience qu'a le croyant de la
fidélité de Dieu, et de l'affection
qu'il ressent lui-même pour son
créateur. C'est ainsi qu'elle est
confirmée. « Or que chacun examine
ses actions et alors il aura de quoi se glorifier
en lui-même seulement et non pas dans les
autres. » (Gal. VI. 4)
L'espérance des chrétiens est ainsi
fondée entièrement et exclusivement
sur l'oeuvre accomplie de Christ, et est
confirmée par la croissance des fruits de
justice, dont ils sont remplis et qui sont par
Jésus-Christ, à la gloire de Dieu,
(Phil. I. 11) Elle ne peut être illusoire,
parce que l'amour que Dieu porte au fidèle
et le sentiment de joie que produit cet amour, la
versent dans son coeur, par le Saint-Esprit qui lui
a été donné suivant la
promesse qui en a été faite.
Nous avons connu et
cru, l'amour que Dieu a pour nous,
(I. Jean IV. 16) et le sentiment de cet amour de
Dieu, est toujours accompagné d'un amour
réciproque dans le coeur du croyant.
« Nous l'aimons parce qu'il nous a
aimés le premier. » (I. Jean IV. 19)
Ainsi ceux qui ont l'amour de Dieu dans le coeur,
ont une vive espérance qui les vivifie, les
encourage dans toutes leurs détresses, les
rendant capables de combattre et de surmonter
toutes les difficultés, dans la voie qui
conduit à la maison de leur père.
Elle ne peut manquer et ne meurt point avant
d'être accomplie. Les espérances
mondaines trompent souvent les
hommes, et sont ainsi cause qu'ils sont rendus
confus par les choses qui découvrent la
faiblesse de leur jugement.
Lorsqu'un homme s'est regardé comme
assuré, lorsqu'il a mis beaucoup
d'importance à ses espérances et
qu'il a placé sa confiance en elles, alors
elles manquent et frustrent son attente. Elles
meurent avant les hommes et ils voient leur folie
et le malheur qu'ils ont eu de se confier en
elles ; elles meurent, au plus tard, avec eux
et ne les accompagnent pas plus loin.
Que c'est une chose effrayante lorsqu'un homme et
toutes ses espérances périssent
à la fois ! « Quand l'homme
méchant meurt son attente périt, et
l'espérance des hommes violents
périra.
(Prov. XI, 7)
Mais le juste trouve
retraite même en la mort. »
(Prov. XIV. 34) La mort qui prive les
pécheurs de toutes leurs espérances,
et qui leur enlève tous leurs
héritages, remplit l'espérance du
fidèle, et le fait jouir de ce qui lui est
réservé ; elle est comme un
messager de Dieu, envoyée pour mettre ses
enfants en possession de leur héritage.
L'espérance du fidèle n'est donc pas
seulement assurée par la parole de Dieu,
mais elle est encore scellée dans son coeur
par le Saint Esprit, qui lui découvre, par
ses influences sacrées, la tendre affection
de Dieu pour lui, et qui la répand sur
toutes les facultés de son âme,
où elle produit une pureté de
dispositions, un amour réciproque des
perfections divines, une satisfaction inexprimable
à être en communion avec Dieu, une
vive reconnaissance de ses bienfaits, et un
zèle ardent pour sa gloire ; ces
opérations du Saint-Esprit sont à la
fois des preuves de la
régénération du
chrétien et des arrhes de son bonheur
céleste : elles assurent son
espérance contre la honte d'être
frustrée dans ce qu'elle attend.
Cette confiance triomphante est un privilège
inappréciable dont tout fidèle doit
rechercher avec soin et avec ardeur, la jouissance
habituelle.
Nous voyons par les premiers versets de ce
chapitre, que ceux qui sont justifiés par la
foi, ont la paix avec Dieu, le père, l'union
avec Christ, le fils, et qu'ils jouissent du
séjour du Saint-Esprit en eux. C'est en ce
nom, comme un seul Dieu qu'ils ont reçu le
baptême, par lequel ils reconnaissent ce
qu'ont fait pour leur rédemption,
non-seulement le Père, mais le Fils et le
Saint-Esprit.
Nous voyons que ceux qui sont justifiés,
sont sanctifiés, de sorte que nous avons les
trois choses qui dirigent la vie chrétienne,
la Foi, l'Espérance et la Charité.
(I. Cor. XIII. 13) La Foi est le grand et le seul moyen
d'obtenir tous les privilèges et toutes les
bénédictions, parce que c'est elle
qui unit le fidèle à Christ, et que
c'est elle qui reçoit tout de sa
plénitude.
L'Espérance attend les
bénédictions promises comme devant
être accomplies en la vie éternelle,
et est ainsi l'ancre sûre et ferme de
l'âme, (Héb. VI. 19) qui la maintient assurée au
milieu de toutes les tempêtes et lorsque tout
autre support manque.
La Charité ou l'amour, est le fruit de
l'union avec Christ, le renouvellement de l'image
de Dieu dans l'âme et le vrai principe de
l'obéissance, et de tous les services
volontaires au moyen desquels le chrétien
fait du bien aux autres par la volonté de
Dieu. « La fin du commandement c'est la
charité, qui procède d'un coeur pur
et d'une bonne conscience et d'une foi,
sincère. » (I. Tim. 1. 5)
La foi sincère est la racine de tout ;
la foi dans la résurrection de
Jésus-Christ, produit une bonne conscience.
(I. Pier. III. 21) Le coeur est purifié par la
foi. (Act. XV. 9) La foi est opérante par la
charité. (Gal. V. 6)
Ces trois choses, la foi, l'espérance et la
charité, existent comme essentielles
à la piété dans tous les
âges, sous toutes les dispensations. Mais la
plus excellente des trois, c'est la
charité : non que la charité
puisse faire l'office de la foi en justifiant un
pécheur, ce qui est aussi impossible qu'il
l'est à l'oeil de pouvoir percevoir des
sons, ni qu'elle puisse exister en aucun homme qui
n'a point la foi et l'espérance.
La foi et l'espérance sont les moyens par
lesquels le criminel orgueilleux, personnel,
charnel, condamné, est conduit à
aimer Dieu et à aimer les hommes pour
l'amour de lui ; elles sont
l'échafaudage sans lequel l'édifice
ne peut être élevé, et
l'édifice est cependant plus précieux
que l'échafaudage, et quand il est
élevé, l'autre est abattu comme
n'ayant plus aucun usage.
Dieu est amour. (I. Jean IV. 8) L'amour est la véritable
image de Dieu, l'essence de la sainteté, le
lien de la perfection, (Col. III. 14) et l'accomplissement de la loi.
(Rom. XIII. 10) La foi et l'espérance nous
sont nécessaires comme à des
pécheurs, dans cet état
d'imperfection où nous sommes. Mais la foi
se perdra bientôt dans la vue réelle,
et l'espérance dans la jouissance, tandis
que l'amour parfait durera à jamais. Il est
l'élément, la joie et la gloire des
cieux. Il unit Dieu et toutes les créatures
saintes, dans une harmonie et une
félicité parfaites, sans
mélange d'aucuns principes
différents, aux siècles des
siècles pendant toute
l'éternité.
6-11. Car lorsque nous étions
encore privés de toute force, Christ est mort en son
temps, pour nous qui étions
des
impies. Or à grand peine arrive-t-il que
quelqu'un meure pour un juste ; mais encore il
pourrait être que quelqu'un voudrait bien
mourir pour un bienfaiteur. Mais Dieu signale son
amour envers nous, en ce que lorsque nous
n'étions que pécheurs, Christ est
mort pour nous. Beaucoup plutôt donc,
étant maintenant justifiés par son
sang, serons-nous
sauvés de la
colère, par lui. Car si lorsque nous
étions ennemis, nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de
son Fils, beaucoup plutôt, étant
déjà réconciliés
serons-nous sauvés par sa vie. Et
non-seulement cela, mais nous nous glorifions
même en Dieu par Notre Seigneur
Jésus-Christ, par lequel nous avons maintenant
obtenu la réconciliation.
Ici Paul démontre l'impossibilité
qu'il y a que l'espérance du croyant soit
jamais frustrée : elle est
fondée sur l'amour incomparable de Dieu,
avec quoi rien dans le monde ne peut être mis
en parallèle.
À peine un homme voudrait-il mourir pour un
juste, (1) un homme
strictement honnête et vertueux. Il serait
possible que pour un homme bon, pour un doux
bienfaiteur, on trouvât quelqu'un qui voulut
donner sa vie, mais combien l'amour de Dieu,
excède tout ce que peuvent faire les
hommes ! Dieu a signalé quel
était son amour pour son peuple, en ce que
son Fils dans le temps qui était
destiné pour cela, (2) mourut pour ceux
qui étaient encore des pécheurs, en
opposition avec lui, dignes de toute sa
colère et incapables de sortir par
eux-mêmes de cet état. C'est la plus
forte assurance que ceux qui sont justifiés
par son sang, seront sauvés par lui ;
car si ceux qui étaient ses ennemis, ont
été réconciliés avec
lui par la mort de son Fils, combien plus est-il
évident qu'ils seront sauvés par sa
vie, maintenant qu'il est devant la face de Dieu,
étant toujours
vivant pour intercéder pour eux.
Deux comparaisons sont faites dans ce passage.
L'une entre l'état passé des croyants
et leur état présent, ils
étaient d'abord les ennemis, maintenant ils
sont les amis de Dieu.
L'autre est établie entre la condition
passée du Sauveur et sa condition
présente ; il était mort, et maintenant II vit.
Et la proposition qui
réunit ces deux est, que la
réconciliation à Dieu est
entièrement due à la mort de
Jésus-Christ, comme à la cause
méritoire. Puis donc que la mort du
Rédempteur peut produire un aussi grand
effet que la réconciliation de ceux qui
étaient les ennemis du Très-haut, il
n'y a point lieu de douter que la vie de Christ ne
doive être suffisante pour un objet dont
l'exécution est moins difficile,
c'est-à-dire, pour obtenir la continuation
de l'amitié et de la bienveillance divines
pour ceux qui sont déjà
réconciliés. Par la mort qu'il a
soufferte à leur place, ils
sont affranchis de la
condamnation, la rigueur de la loi ayant eu son
cours et ayant reçu son exécution par
la punition de leurs péchés en lui,
et ainsi ils sont sauvés des effets de la
colère.
Par sa résurrection, sa vie et son
entrée dans la gloire éternelle,
récompense réservée à
son oeuvre de médiateur, ils entrent en
partage de cette gloire « Il y a
plusieurs demeures dans la maison de mon
Père, » a-t-il dit lui-même,
« je vais vous préparer le lieu.
(Jean XIV. 2) Parce que je vis, vous aussi vous
vivrez. (Jean XIV. 19) Mon Père, je désire
que ceux que tu m'as donnés soient avec moi
où je suis afin qu'ils contemplent la
gloire, que tu m'as donnée. (Jean XVII. 24) Ainsi Jésus-Christ ayant
été livré pour les offenses
des fidèles, il est ressuscité pour
leur justification : et l'incomparable amour
de Dieu, qui n'a pas épargné son Fils
bien aimé, est le plus sûr fondement
d'une confiance absolument illimitée en lui,
de la part de tout homme qui renonçant
à établir sa propre justice, se
soumet à la sienne. (Rom. X. 3)
En même temps la nécessité de
verser un sang infiniment précieux, pour que
les croyants puissent être justifiés,
est pour eux la plus forte preuve de l'infinie
malice du péché, de l'infinie
pureté, de la terrible justice de Dieu, et
de la nécessité où ils sont de
se conduire avec crainte durant le temps de leur
séjour temporel. (I. Pier. I. 17. 19)
Non-seulement les croyants sont sauvés et se
réjouissent dans l'espoir de la gloire
future , mais encore ils se glorifient en Dieu par
Jésus-Christ, par qui ils ont reçu la
réconciliation. « Mon âme se
glorifiera en l'Éternel ; magnifiez
l'Éternel avec moi et exaltons son nom tous
ensemble. (Ps. XXXIV 3. 4) La justice et la force sont en
l'Éternel. » (Esa. XLV. 24) Le sentiment qu'ils éprouvent
de la tendre affection de Dieu, « dans un
si grand salut, » est rendu plus vif en
regardant au rocher duquel ils ont
été taillés et au creux de la
citerne d'où ils ont été
tirés. (Esa. LI. 1)
Dans ces versets, la première situation de
ceux qui ensuite ont été
sauvés, est dépeinte avec la plus
grande vivacité, lis étaient
privés de toute
force ; (3) à cause de
leur éloignement de Dieu dont la sagesse
était folie pour eux, ils n'avaient pas le
pouvoir de se relever de leur funeste
condition ; ils étaient impies, pécheurs, sous la
colère, et
ses ennemis.
Vous qui pensez avec
orgueil que vous pouvez devenir meilleurs par vos
propres forces, et vous rendre ainsi
agréables à Dieu.
Vous qui rejetez avec dédain un salut
acheté sans
argent et sans aucun prix, (Esa. LV. 1) considérez ces
caractères et tremblez, C'est votre devoir
assurément de vous faire un coeur nouveau,
mais si le maure ne
change point sa peau, ni le léopard ses
taches, (Jér. XIII. 23) ce ne sera point sans la grâce
efficace de Dieu, que vous qui êtes
accoutumés au mal, parviendrez à
faire le bien.
D'un autre côté, que ceux qui se
mettent entièrement sous la
dépendance de Dieu, qui reconnaissent avec
sincérité que les caractères
rapportés plus haut, étaient les
leurs, qui ne se glorifient que dans la croix de
Christ, qui comptent toutes choses pour rien, au
prix de l'excellence de sa connaissance, qui
désirent d'être trouvés en
Christ, ayant, non pas leur propre justice qui est
de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ,
la justice qui est de Dieu par la foi.
(Phil. III. 9) Que ces fidèles prennent
cette pleine consolation dont parlent les versets
que nous avons sous les yeux.
Si lorsque tu étais impie,
impénitent, ennemi de la sainteté, de
la loi, de la souveraineté et de la
grâce de Dieu, tu as été
amené à un état de
réconciliation, combien plus maintenant que
tu jouis de cette faveur, ne seras-tu pas
préservé de retomber sous le pouvoir
du péché et de Satan.
12.
C'est
pourquoi comme par un seul homme le
péché est entré au monde, et
par le péché, la mort, et ainsi la
mort est par venue sur tous les
hommes, parce que tous ont
péché.
L'Apôtre a montré que le monde est
plein de péché, et que tous les
hommes, Juifs et Gentils, étaient dans leur
état naturel sans force, pécheurs,
ennemis de Dieu, et sous le poids de sa
colère. Il a montré aussi que les uns
et les autres étaient admis à
l'état de justification, de paix et de
réconciliation avec Dieu, par la foi
à l'expiation de Christ, sans aucun
égard à aucune différence
qu'on supposerait dans leur caractère
personnel, ou à la distinction que la loi de
Moïse établissait entre eux.
Dans les éclaircissements ultérieurs
qu'il donne à ce sujet, il enseigne quels
sont les fondements tant de la condamnation que de
la justification, et remontant à leurs
sources respectives, Adam et Christ, il montre en
quoi se ressemblent ces deux chefs opposés
du genre humain, et en quoi ils diffèrent
dans la manière dont leurs influences
opposées ont été transmises
par chacun d'eux.
Comme par un seul homme, Adam, le père
commun et le représentant des Juifs et des
Gentils, le péché est entré dans le monde, et par le
péché, la mort, qui en était
la punition, ainsi la mort est passée par lui () à tous
les hommes, par lui en qui
tous ont péché.
Le premier péché d'Adam était
l'introduction à tous les
péchés personnels, à toute la
dépravation qu'il y a dans le monde, dans sa
postérité, et dès la
première entrée du
péché, tous les hommes devinrent
exposés à la mort comme à une
punition due à ce péché. Cela
est ainsi par la force de la constitution divine
qui les a liés avec Adam, comme chef ou
souche commune de toute la race humaine. C'est donc
par un seul péché de cette personne
commune ou de ce représentant, pendant qu'il
était tel, que la mort est
entrée ; car quoique la corruption de
tout homme venu au monde, ait été le
résultat nécessaire de sa liaison
avec Adam, c'est cependant la première faute
de celui-ci qui les a rendus tous sujets à
la mort, depuis la première entrée du
péché dans le monde.
Le mot mort,
comprend ici toute la
punition qui est due au péché. Il est
parlé de la mort dans l'écriture sous
ces trois points de vue différents ; la
mort spirituelle ou la privation de la vie
spirituelle ; (Eph. II. 1)
la mort temporelle ou
celle du corps, (Jean XI. 14) et la mort éternelle,
appelée aussi la mort seconde. (Apoc. II, 11. XX. 14.
XXI. 8)
Ce mot. est employé, tantôt pour
désigner l'une de ses parties, tantôt
dans toute l'étendue de son sens universel.
Il est évident que tous les hommes ont
encouru la mort spirituelle, car ils sont tous par
leur nature « morts dans leurs fautes et
dans leurs péchés, » et
« si quelqu'un n'est né de
nouveau, il ne peut point voir le royaume de
Dieu. »
Tous les hommes sont donc aussi sujets à la
mort seconde. Plusieurs personnes supposent,
à la vérité, que ce qui est
dit ici de la mort, ne signifie que la cessation de
la vie corporelle, mais tous les enfants d'Adam ne
tiennent-ils pas de lui une nature
dépravée aussi bien qu'une nature
mortelle ? N'est-ce pas de la coulpe, de la
dépravation et de la punition
éternelle, que Christ est venu
délivrer son peuple et non de
l'assujettissement à la mort
physique ?
Sans la justification et la sanctification,
l'immortalité serait-elle un bienfait ?
Si les hommes sont dépravés, morts
dans le péché et mortels, comme
descendants d'Adam, ils doivent non-seulement
mourir, mais être misérables et
profanes à jamais à moins qu'ils ne
soient sauvés par Christ.
Les gages du
péché,
c'est la mort.
(Rom. VI. 23) Ces mots indiquent tout ce que le
péché mérite, et tout ce dont
Dieu menaça pour la première fois
qu'il ferait commis. C'est pour cela que
l'Apôtre établit comme le fondement de
son raisonnement, que dans le péché
actuel d'Adam et par ce péché, tous
les hommes sont assujettis
à la mort ou à la punition du
péché, et que
la coulpe de ce péché leur est
imputée. L'imputation d'un
péché à quelqu'un,
l'assujettit justement à la punition due
à ce péché, et ne pas
l'imputer c'est l'affranchir de cet
assujettissement ; cela montre combien est
dépourvue de fondement cette
interprétation, que la mort est
passée à tous les hommes, seulement
par la force de la propagation naturelle depuis
Adam, sans aucune inculpation de coulpe, ce qui est
en contradiction avec les paroles de notre
Apôtre. Car c'est la coulpe du
péché et non la propagation
naturelle, que l'Apôtre affirme être la
cause de la mort. Ayant parlé du
péché et de la mort comme
étant la cause l'un de l'autre, il
déclare comment tous les hommes sont devenus
sujets à la punition, ou dignes de mort.
Aussi il ajoute, en
qui tous ont péché. Il est vrai que la mort est due
à chaque péché en quelque
temps qu'il soit commis ; mais l'Apôtre
montre ici comment la mort est passée par
Adam à tous les hommes à la
fois ; comment ils y sont été
tous assujettis dès sa première
entrée dans le monde, au moyen du
péché actuel d'Adam, qui ne peut
être le péché actuel de ses
descendants.
Il y a différentes manières de
traduire les mots qui finissent ce verset :
« en
qui, par lequel, puisque, parce
que, tous ont
péché. » Mais quelle que
soit celle que l'on adopte, le sens demeure le
même. La mort ne vient pas sur les hommes
parce que tous ont péché
actuellement,
puisque les enfants
(dont l'Apôtre parle au verset 14)
meurent quoiqu'ils n'aient point commis de
péchés actuels.
Si donc la mort est venue sur tous les hommes,
c'est parce que tous ont péché en
Adam leur chef et leur représentant, et que
tous sont ainsi enveloppés dans les
conséquences de son
péché ; et cette
vérité est clairement
énoncée dans la première
épître aux Corinthiens, où il
est dit expressément (et le texte n'admet
aucune autre traduction) que tous meurent
en Adam. « Car puisque la mort
est par un homme, la résurrection des morts
est aussi par un homme, car de même que tous
meurent en Adam tous aussi seront vivifiés
en Christ. » (I. Cor, XV, 21. 22)
La même vérité est clairement
exprimée dans les versets qui suivent celui
dont nous nous occupons. Par l'offense d'un seul, plusieurs
sont morts,
v. 15.
La condamnation vient
d'une seule faute,
v. 16.
Par l'offense d'un
seul, la mort a régné par un
seul, v. 17 ;
Par un seul
péché, tous les hommes sont
assujettis à la. condamnation,
v. 18.
Ainsi en Adam, tous les hommes ont
péché et ont été
assujettis à la condamnation comme
étant contenus en lui (Héb. VII. 9. 10) lors de son apostasie. Son sang fut
corrompu par sa rébellion ; et c'est de
cette nature pervertie, dont l'origine est dans
cette première faute, que procèdent
toutes nos transgressions actuelles.
Par la
désobéissance, d'un seul
homme,
plusieurs ont
été constitués
pécheurs, v. 18,
Dans le passage dont
nous nous occupons, et spécialement dans
I. Cor. XV, les écritures s'expriment
comme s'il n'y avait dans le monde que deux hommes,
Adam et Christ ; par le péché du
premier, sont venus la mort et le
péché, (4) et par
l'obéissance du second, la justice et la
vie.
13-14. Car jusqu'à la Loi le
péché était au monde : or
le péché n'est point imputé
quand il n'y a point de Loi. Mais la mort a
régné depuis Adam jusqu'à
Moïse, même sur ceux qui n'avaient point
péché de la manière en
laquelle Adam avait
péché, qui est la figure de celui qui
devait venir. (5)
Le sens de ces deux versets, en les liant avec le
douzième peut être paraphrasé
de la manière suivante.
La mort est venue sur tous les hommes par le
péché d'Adam, car depuis sa chute
jusqu'à l'époque où la loi fut
donnée, le péché fut
imputé à toute personne venant au
monde ; mais le péché n'est
point compté, là où il n'y a
point de loi transgressée. Néanmoins,
la mort qui est la punition du péché,
régna depuis Adam jusqu'à Moïse,
même sur les enfants et les idiots, qui
étant incapables de recevoir aucune loi ni
de lui obéir, n'ont pas péché
actuellement comme Adam, qui était la figure
de celui qui était à venir.
En même temps que le principal dessein de
l'Apôtre dans la comparaison d'Adam avec
Christ, était d'éclaircir le grand
point dont il s'était occupé,
c'est-à-dire, la justification. par
l'obéissance de Christ seul, il
réfute aussi dans ce passage les erreurs des
Juifs qui étaient opposées à
cette doctrine ; ils imaginaient que parce
qu'ils étaient la semence naturelle
d'Abraham et ses descendants circoncis, ils
étaient dans un état
de salut et avaient un droit
exclusif aux faveurs de Dieu à cause de ces
prérogatives, tandis qu'ils regardaient avec
mépris les Gentils, comme des
pécheurs maudits, comme étant
haïs et abandonnés de Dieu. Mais
l'Apôtre leur montre ici qu'ils
étaient liés avec un ancêtre
plus ancien qu'Abraham, avec Adam qui était
tombé, et il prouve qu'ils étaient
aussi bien que les Gentils, enveloppés dans
sa chute. Ils regardaient aussi la loi de
Moïse comme la règle
générale et souveraine d'après
laquelle devait être jugée
l'humanité toute entière, par
laquelle chacun serait acquitté ou
condamné, et ils pensaient que personne ne
pouvait être sauvé, à moins
qu'il ne se conformât aux institutions
spéciales qu'elle contenait. Mais
l'Apôtre montre ici qu'il y avait eu une loi
plus ancienne, par la transgression de laquelle ils
avaient été constitués
pécheurs aussi bien que le reste des hommes,
et assujettis comme eux à la
condamnation : que leur loi n'avait
été introduite que longtemps
après, non pas afin de les justifier, mais
pour faire que l'offense abondât
(v. 20) et
pour les conduire à Jésus-Christ, qui
est la fin de la loi en justice à tout
croyant.
Pour prouver l'union de tout le genre humain avec
Adam et la part qu'il avait à sa
transgression, pour prouver ces
vérités que le coeur orgueilleux des
hommes est enclin à nier ou à
combattre avec une haine blasphématoire, il
fallait faire observer que pendant deux mille cinq
cents ans avant la publication de la loi, le
péché dominait dans le monde et qu'il
était puni par la mort.
Mais le péché ne peut être
imputé où il n'y a pas de loi qui ait
été transgressée ; aucun
homme parmi cette multitude immense qui
était morte depuis Adam jusqu'à la
promulgation de la loi, n'avait pu violer
personnellement la prohibition à laquelle la
peine de mort avait été
originairement attachée. Cependant ils
étaient renfermés dans la sentence
prononcée contre Adam, et après bien
des fatigues et des peines, ils retournaient en
poudre comme ils en avaient été
tirés.
On aurait pu imaginer, quant aux adultes, qu'ils
mouraient pour leur violation personnelle de la loi
de la tradition ou de celle de leur propre
raison ; mais pendant ce long intervalle, une
multitude innombrable d'individus fut assujettie
à la mort, quoiqu'ils n'eussent jamais
violé aucune loi à la ressemblance de
la transgression d'Adam, c'est-à-dire,
volontairement et après
délibération. Car le nombre des
enfants qui étaient morts après de
grandes souffrances et une pénible agonie,
avant qu'ils eussent. commis aucun
péché actuel, ce nombre était
infiniment grand ; ils
avaient été enveloppés dans la
destruction générale du genre humain
par le déluge, ainsi que dans celle de
Sodome et de Gomorrhe, et d'après le cours
ordinaire des choses, la mort régna sur eux
avant qu'ils fussent coupables d'aucune
transgression volontaire et
délibérée. Ce fait ne peut
s'accorder avec les perfections divines, qu'en
convenant qu'ils étaient un avec Adam,
qu'ils étaient tombés avec lui sous
la condamnation, à cause de la violation de
la loi sous laquelle il avait agi comme le
représentant de toute sa
postérité.
Il est clair que les souffrances et la mort des
enfants, forment dans tous les âges, une
preuve irréfragable (incontestable) de l'imputation
générale du péché
d'Adam, mais c'est surtout de lui jusqu'à
Moïse qu'elle est la plus forte, parce que la
loi qui, dans certaines circonstances, imputait les
crimes des pères sur les enfants,
jusqu'à la troisième et
quatrième génération,
(Exod. XX. 5)
n'était pas
encore proclamée Cependant cette
dernière imputation avait pour cause, le
même principe d'unité entre la souche
et les branches ; il est vrai qu'elle n'avait
lieu que dans des cas particuliers, tandis que
celle du péché d'Adam atteignait
toute sa postérité.
On peut espérer d'après diverses
expressions de l'écriture et d'après
la surabondance de la grâce, que ceux qui
meurent dans l'enfance, qui n'ont point
péché à la ressemblance de la
transgression d'Adam et qui n'ont point
rejeté l'évangile, peuvent être
compris dans « l'élection de
grâce. » Ils sont enfants de la
colère par leur nature ; mais comme ils
sont morts en Adam, sans transgression personnelle,
ainsi il parait qu'ils peuvent être
vivifiés en Jésus-Christ, sans un
exercice personnel de la foi en lui, dont ils n'ont
point été capables. Car si,
dès leur enfance, ils portent l'empreinte de
la nature corrompue d'Adam, on peut espérer
qu'ils peuvent être renouvelés
à l'image de celui qui les a
créés, et être ainsi
justifiés par l'obéissance de Christ,
comme ils avaient été rendus
coupables par la désobéissance
d'Adam. La puissance souveraine peut
aisément se rapprocher d'eux.
Aussitôt que la salutation de Marie,
mère de Jésus, fut entendue par
Élisabeth, mère de Jean, son
précurseur, « le petit enfant,
tressaillit de joie en son ventre. »
(Luc l. 44)
Jésus a béni de petits enfants, en
disant que c'était à ceux qui leur
ressemblaient qu'appartenait le royaume de Dieu,
d'où l'on pourrait supposer que, même
dans leur premier âge, les enfants sont
susceptibles de recevoir la grâce de Dieu.
Les enfants peuvent être les sujets des
prières que nous faisons, et en
conséquence être compris dans la
promesse.
Dans le quatorzième
verset, dont nous
nous occupons à présent, la doctrine
de l'introduction du péché et de la
mort dans le monde par la chute d'Adam, est
répétée deux fois. Car
après avoir remarqué que la mort
régnait même sur ceux qui n'avaient
point péché à la ressemblance
du péché d'Adam, l'Apôtre
répète encore la même chose en
ces mots qui est la
figure de celui qui devait venir.
La ressemblance à cause de laquelle Adam est
regardé comme le type de Christ, consiste en
ce qu'Adam communiqua à ceux qu'il
représentait ce qui lui appartenait, et en
ce que Jésus communique aussi ce qui lui
appartient, à ceux qu'il
représente.
Il y a cependant une grande dissemblance entre ce
qu'ils communiquent l'on et l'autre. D'Adam
viennent le péché et la mort, de
Christ, la justice et la vie. C'est par sa
désobéissance qu'Adam a
communiqué le péché et la
mort, c'est par son obéissance que Christ a
communiqué la justice et la vie, et comme
Adam était le père de la
première vie, de la vie naturelle, ainsi
Jésus est l'auteur de la vie spirituelle
dont ses fidèles jouissent à
présent, et de la seconde ou de la vie
future qu'ils obtiendront à leur
résurrection, et c'est d'après ces
analogies qu'il est appelé le dernier Adam.
(l. Cor. XV. 45)
Si donc l'obéissance actuelle de Christ, est
imputée ainsi à tous ceux dont il est
le chef, et leur est comptée pour leur
justification, comme si c'était leur propre
obéissance, de même le
péché actuel d'Adam, qui est le type
de Christ, est imputé à tous ceux
dont il est le chef et est comptée pour leur
condamnation, comme si c'était leur propre
péché.
Écrivant à ceux qui dans Corinthe
étaient sanctifiés en Christ,
l'Apôtre leur dit, « le premier
homme étant de la terre est tiré de
la poussière, mais le second homme,
savoir
le Seigneur,
est du ciel, et comme nous avons
porté, l'image de celui qui est tiré
de la poussière, nous porterons, aussi
l'image du Céleste. »
(I. Cor. XV. 47. 49)
15-16.
Mais
il n'en est pas du don comme de l'offense ;
car si par l'offense d'un seul plusieurs sont
morts, beaucoup plutôt la
grâce de Dieu, et le don par la grâce,
qui est d'un seul homme, savoir
de
Jésus-Christ, a abondé sur plusieurs. Et
il n'en est pas du don comme de ce qui est
arrivé par un seul qui a
péché ; car la condamnation
vient d'une seule faute : mais le don de la
justification s'étend à plusieurs
péchés.
Quoique Adam fût un type de Christ, cependant
le bienfait qui a été librement
accordé par le Rédempteur, n'a pas
seulement réparé les maux
occasionnés par la seule faute du premier
père des hommes, mais les a surpassés
de beaucoup. Les effets de
cette seule offense n'étaient pas
limités à un seul ; ils
s'étendaient à plusieurs, dont la
condamnation était la suite d'une seule
faute.
D'un autre côté, la grâce libre
de Dieu et le don de la justification par la
grâce, par un seul homme qui est
Jésus-Christ, a excédé de
beaucoup ou a été bien plus
considérable pour plusieurs. Car ce don par
la grâce non-seulement procure à celui
qui le reçoit, le pardon
de cette seule offense, par laquelle il est
tombé sous la condamnation, mais encore elle
lui donne le pardon de toutes ses offenses
personnelles, le plaçant dans un état
complet de justification, dans une situation bien
plus heureuse et bien plus relevée, que
celle de laquelle il était déchu en
Adam.
On pourrait imaginer, que de même que tous
les hommes ont été condamnés
dans le premier auteur de leur race, il
était de droit qu'ils fussent
justifiés par « le dernier
Adam. » Il en est autrement.
L'Apôtre répète souvent que la
justification est un don, un don de la grâce,
et puisque c'est par grâce, elle
n'était pas due.
Ainsi quoiqu'il puisse paraître difficile de
concilier la justice de Dieu, avec la condamnation
de tous les hommes, en leur premier père,
agissant comme leur chef et leur
représentant, c'était strictement
juste aux yeux de « Dieu seul
sage, » car il ne laisse à l'homme
aucun droit
aux
bénédictions de la justification
qu'il daigne accorder, dans sa souveraine
miséricorde.
17-18.
Car
si par
l'offense d'un seul la mort a régné
par un seul, beaucoup plutôt ceux qui
reçoivent l'abondance de la
grâce, et du don de la justice,
régneront en vie par un seul,
qui
est Jésus-Christ. Ainsi comme
par une seule offense, le jugement est sur tous les hommes en
condamnation, ainsi, et par une seule justice,
le
don est sur tous les hommes en
justification de vie.
Si par la chute d'un seul homme la mort a
régné sur tous, a bien plus forte
raison, à cause de la dignité
souveraine de celui qui a rétabli la vie,
ceux qui reçoivent l'abondance de la
grâce et du don de la
justification,
régneront-ils
dans la vie par la parfaite obéissance d'un
seul.
Elle ne consista point dans un seul acte, mais elle
continua pendant tout le cours de la vie de leur
unique garant Jésus-Christ, le second homme,
le Seigneur du ciel. Ils ne seront pas
rétablis dans ce paradis terrestre, dans
lequel l'homme fut placé avec le danger de
faillir ; mais dans ce monde, ils seront
conservés dans l'état de grâce
auquel ils ont eu accès par la foi, et dans
lequel ils restent fermes, et ensuite ils seront
placés dans la jouissance la plus
entière d'honneur, de gloire et de
bénédiction, dans le monde
céleste, devant le trône de Dieu, sans
courir le danger de jamais perdre ce
bonheur.
Parlant de ses brebis, sous l'emblème du bon
berger, Jésus dit lui-même,
« Je suis venu afin qu'elles aient la
vie, et qu'elles l'aient même en abondance.
Je leur donne la vie éternelle et elles ne
périront jamais et personne ne les arrachera
de ma main. Mon Père qui me les a
données est plus grand que tous et personne
ne peut les ravir des mains de mon
Père. » (Jean X. 10. 28. 30)
Nous apprenons par ce passage quelle est
l'excellence de la vie qui est promise aux
croyants, par qui elle leur est transmise, sa
sûreté entière et sa
durée éternelle.
Ayant établi qu'Adam était le type de
Christ et montré l'immense différence
qu'il y avait entre eux, l'Apôtre nous fait
voir ici la correspondance qu'il y a entre le type
et celui qui était figuré,
relativement à tous ceux qui étaient
représentés par chacun d'eux.
Comme par une seule offense ou une seule chute, le
jugement de Dieu a été
en condamnation sur
tous les hommes qui
étaient représentés par Adam,
ainsi par une seule justice , l'obéissance
de Christ jusqu'à la mort, le don libre de
la justice a été en justification de vie, sur tous les
hommes qui
étaient représentés par
Christ, et comme l'Apôtre a
déjà montré que c'était
par une seule voie que la condamnation à la
mort était venue dans le monde, il enseigne
encore ici qu'il n'y a non plus qu'une voie par
laquelle on parvienne à la
justification.
Il est clair que le sens de ce passage n'est pas
que le don de la justification vienne
universellement sur tous les hommes. Cela n'est
point vrai en soi-même. Comme il y a sous
d'autres rapports, une différence entre Adam
et Christ, il y en a ici une autre encore.
C'est qu'ils ne sont point les chefs ou les
représentants de la même collection
d'individus. Adam représente tous ceux qui
se rapportent à lui par la
génération naturelle, et par
conséquent l'humanité
entière ; Christ représente tous
ceux qui se rapportent à lui par leur
régénération spirituelle, et
par conséquent, ceux-là seulement qui
reçoivent par la foi la promesse de l'esprit.
Ce ne sont pas donc
tous les hommes ; il n'y a que ceux qui
croient qui reçoivent la justification de
vie. Donner un autre sens à ce verset,
serait contredire toute la doctrine des saintes
écritures (Dan. XII. 2. Mat t. XXV. 46, Jean. V. 29) et même ce que déclare
l'Apôtre que la justice de Dieu par la foi en
« Jésus-Christ, s'étend
à tous et sur tous ceux qui croient,
(Rom. III. 22) mais que tous ceux-là seront
condamnés qui n'auront point cru à la
vérité. (II. Thess. II. 12) »
Le sens est borné par les mots du
verset
dix-septième,
à ceux-là seulement qui ont
reçu l'abondance de la grâce et du don
de la justice. Paul parle donc ici de ceux qu'il a
désignés au
commencement de ce chapitre comme étant
justifiés par la foi ; de ceux qui sont
unis à Christ dans sa mort et dans sa
résurrection ; de ceux qui ont
été les esclaves du
péché, maïs qui depuis ont
obéi de coeur à la doctrine dans
laquelle ils ont été
élevés.
C'est dans le
même sens qu'il
écrit aux Corinthiens, « car,
puisque la mort est par un homme, la
résurrection des morts, est aussi par un
homme, et comme tous meurent en Adam, de
même aussi tous seront vivifiés en
Christ. » (I. Cor. XV. 22) Il fait exactement le même
parallèle que dans le passage qui nous
occupe, et comme dans celui-ci, le sens du mot
tous est limité et son application
est éclaircie par sa liaison avec le reste
du discours, (6)
L'Apôtre dans cette épître comme
dans celle-ci, ne s'adresse qu'aux
fidèles ; il parle de ceux qui dorment
en Christ, de ceux dont il a été fait
les prémices (I. Cor. XV, 18. 20) et dont la résurrection est
représentée par ces expressions,
ils ressusciteront
incorruptibles,
en gloire, en
pouvoir,
en corps spirituel.
(I. Cor. XV. 42. 44) Il dit aussi que comme nous avons porté l'image
de celui qui est tiré de la
poussière,
nous porterons aussi
l'image du Céleste, (I. Cor. XV. 49) ainsi tout ce qu'il dit
jusqu'à la fin de ce XVe chapitre,
s'applique à tous ceux qui croient en Christ, mais non
pas à tous
les hommes en
général.
La mort des croyants qui leur vient du
péché, par leur rapport avec Adam et
leur ensevelissement dans la corruption, le
déshonneur et la faiblesse, leur sont donc
communs avec des infidèles, mais le libre
don de la justification de vie, leur vivification
avec Christ, la résurrection en
incorruptibilité, en gloire, en pouvoir,
n'appartiennent qu'à eux seuls,
(7)
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