Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE V.

(suite)

 19. Car comme par la désobéissance d'un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs, ainsi par l'obéissance d'un seul plusieurs seront rendus justes.

Dans ce verset l'Apôtre motive la déclaration qui est contenue au précédent, que d'un côté un jugement avait condamné les hommes, et que de l'autre un don libre les avait conduits à la justification en la vie. La raison en est que comme par la désobéissance d'une seule personne, qui avait le caractère public de représentant de sa postérité, plusieurs ont été rendus ou constitués pécheurs, et ont été traités comme tels, sans que l'on ait eu auparavant égard à leurs transgressions personnelles, ainsi, par l'obéissance d'un seul, qui avait aussi un caractère public et était le représentant de ses fidèles, plusieurs ont été rendus ou constitués justes et traités comme tels, sans que l'on ait auparavant pris en considération leur obéissance personnelle qui dérive de leur union avec Christ, comme aussi leur dépravation provient de leur union avec Adam.
C'est dans ce verset que nous trouvons le vrai sens de l'entrée du péché dans le monde dont il est parlé au commencement de ce discours, au verset douzième. Il est certain que les hommes deviennent personnellement pécheurs, en conséquence de la désobéissance d'Adam
de qui ils tirent leur nature corrompue, et qu'ils deviennent personnellement saints, par l'obéissance de Christ, dont ils partagent les effets dans le renouvellement par l'esprit saint, qui les sanctifie par la vérité. Mais l'Apôtre ne parle ici ni de sainteté, ni de dépravation personnelle ; il parle de la condamnation à mort qu'à encourue tout le genre humain par le seul péché d'Adam, et non par le péché de plusieurs, de même que le don libre de la justification de vie est attribué à tous par la seule justice de Christ.
Le changement du mot tous qui est employé dans le verset précédent, avec le mot plusieurs, (Matt. XX. 28. XXVI. 29, Rom. VIII. 29. Héb. IX. 28) dont Paul se sert dans celui-ci, indique la limitation du sens du premier et le borne aux seuls fidèles, quant à ce qui se rapporte aux bénédictions que leur a apportées le second Adam, ce qui est l'objet principal dont l'Apôtre voulait parler.

Le sommaire de toute la doctrine de l'entrée et de l'éloignement du péché est contenue de la manière la plus claire dans ce verset, comme par la. désobéissance d'un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs, ainsi par l ' obéissance d'un seul, plusieurs seront rendus justes. Il est impossible de concevoir comment les hommes pouvaient être rendus pécheurs par Adam, ou justes par Christ, en quelque portion que ce fut, si on se refuse à admettre l'idée de l'imputation ; ceux qui s'opposent à cette doctrine feraient bien de montrer comment la désobéissance du premier ou l'obéissance du second, peuvent être la cause soit de la condamnation, soit de la justification des hommes, si elle ne leur étaient pas imputées. D'un côté, ce chapitre nous montre l'introduction du péché, la condamnation et la mort ; de l'autre, l'introduction de la justice, la justification et la vie.

20. Or la Loi est intervenue afin que l'offense abondât maïs où le péché a abondé, la grâce y a abondé par dessus.

L'Apôtre appelle encore ici l'attention des saints de Rome, sur l'introduction de la loi de Moïse pour détruire ce préjugé si fortement établi chez les Juifs, et qui pouvait même s'insinuer dans les esprits de ceux d'entre eux qui avaient embrassé l'évangile, savoir que la loi avait été établie comme moyen de justification, tandis qu'elle avait été ajoutée à cause, des transgressions. (Gal. III. 19) et, pour servir à l'exécution des grandes promesses de la grâce.
Le plan de la justification avait été arrangé et exécuté, longtemps avant la dispensation Mosaïque, comme Paul l'a déjà montré par l'exemple d'Abraham. Mais la loi, en y comprenant la dispensation Mosaïque, était entrée un peu s'étendant à la seule nation d'Israël et comparativement, pour un temps assez court ; et bien loin que par elle les hommes fussent justifiés, elle avait occasionné des transgressions multipliées.

Tous sont, à cause d'elle, renfermés sous la rébellion ; parce qu'elle révèle clairement l'autorité et la volonté de Dieu, et montre ainsi, combien les hommes étaient éloignés de lui, et l'impossibilité où ils étaient d'être justifiés par leur obéissance personnelle ; ainsi le péché a abondé, son extension, le mal qu'il y a en lui, et ce qu'il mérite ont été pleinement déclarés, et l'on a vu manifestement la nécessité du remède que Dieu avait préparé et annoncé. La seule faute d'Adam, avait entraîné la mort de toute sa postérité, de ceux-là même qui n'avaient point péché de la même manière que lui. Mais la loi de Moïse, en annonçant la malédiction attachée à toute transgression personnelle, faisait que l'offense qui méritait la mort, abondait, et la déclaration faite dans le second commandement que Dieu punira l'iniquité des pères sur leurs enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération, était propre à imprimer profondément dans les esprits, la grande vérité de l'entrée du péché dans le monde et la condamnation à la mort que tous les hommes avaient encourue par la transgression du premier auteur de leur race. Tous ces puissants obstacles semblaient être placés sur la voie de l'homme pour lui rendre son rétablissement entièrement impossible.

La loi, et le péché, et la mort, étaient réunis contre le coupable pour sa destruction, car l'aiguillon de la mort c'est le péché, et la puissance du péché c'est la loi. (I. Cor. XV. 56) Cependant, là où le péché abondait par la loi, là où il avait les plus d'avantages sur le pécheur et où il était armé de tout son pouvoir et de toute la force légale pour le condamner, là même se montrait la plénitude de la grâce divine, et elle abondait encore par-dessus. Car Christ, le second Adam, fut soumis à cette loi pour satisfaire à tout ce qu'elle pouvait exiger des coupables, qui formaient son peuple dans toutes les nations, et les racheter par son obéissance à la mort, de la malédiction qu'ils avaient encourue, ayant été lui-même fait malédiction pour eux, (Gal. III. 10) et étant ainsi la fin de la loi en justice à tout croyant. (Rom. X. 4. Voyez aussi Gal. III. 10-15. IV. 4-5) Le péché s'est élevé et a couvert le monde comme un déluge ; mais pour ceux qui ont reçu le don de la justification, la grâce s'est élevée encore au-dessus, les a soutenus, et enfin les a sauvés des effets destructeurs du péché.


21. Afin que comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour conduire à la vie éternelle par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Nous avons appris dans le verset précédent la surabondance de la grâce, ici nous voyons les degrés de cette surabondance dans les croyants. Le péché a exercé son empire en les soumettant à cette mort dont les hommes ont été menacés, et qui est opposée à la vie éternelle. Elle consiste en ce que l'âme perd l'image de Dieu ; que le corps meurt, et que le pécheur est éternellement séparé de Dieu, et livré à la misère qui accompagne cet état. Les fidèles, comme tous les autres hommes, ont encouru cette mort ; mais par la surabondance de la grâce, ils en sont délivrés ; ils étaient nés enfants de la colère comme les autres, (Eph. II. 3) mais ils sont passés de la mort à la vie ; (I. Jean. III. 4) il sont nés de nouveau, non d'une semence corruptible, mais d'une semence incorruptible, par la parole de Dieu, vivante et permanente à toujours. (I Pier. I. 23) Ainsi, c'est par la grâce qu'ils sont sauvés, (Eph. II. 5) étant faits en Jésus-Christ de nouvelles créatures. (II. Cor. V. 17) Ils ont été ainsi délivrés de la mort spirituelle, et par conséquent, de la mort éternelle. Ils sont, à la vérité, soumis encore au trépas du corps, mais il ne les sépare point de Dieu. Le péché, l'aiguillon de la mort est détruit pour eux à jamais, et la division du corps et de l'âme n'a lieu que pour un temps. Leur corps mortel ressuscitera incorruptible à l'immortalité, et la mort des fidèles sera absorbée dans la victoire.

Néanmoins le péché a régné sur eux jusqu'à la mort ; la loi a été, quant à eux, exécutée dans toute son étendue ; Christ a reçu la punition due à son peuple pour avoir violé la loi, car Christ est mort pour lui. (Rom. V. 8) Les fautes que les fidèles ont commises, ont donc été punies en lui, et ils ont été ensevelis avec lui dans sa mort. (Rom. VI. 4) Mais à cause de l'infinie dignité de sa personne, il était impossible à la mort, de le retenir dans ses liens, (Act. II. 24) auxquels il avait été livré selon la sentence de la loi. Il est monté à une vie éternelle, et son peuple s'y est élevé avec lui, (Rom. VI. 5) qui jouit en lui de toutes les bénédictions spirituelles, ayant obtenu la rédemption en son sang, et le pardon des péchés suivant les immenses richesses de la grâce de Dieu ; (Eph. II. 3-7) ainsi la grâce qui règne par la justice de Jésus-Christ, agit d'après la justice, en ne la négligeant jamais, et satisfaisant au contraire à tout ce qu'elle peut exiger, et comme le péché a régné dans les croyants jusqu'à la mort, de même la grâce règne en eux jusqu'à la vie éternelle par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

C'est ainsi que nous voyons réunies « la miséricorde et la justice. (Ps. CI. 1) La bonté et la vérité se sont rencontrées ; la justice et la paix se sont entrebaisées. (Ps. LXXXV. 11) La justice et l'équité sont la base de ton trône, la gratuité et la vérité marchent devant ta face. (Ps. LXXXIX. 15) Il y aura propitiation pour l'iniquité, par la miséricorde et la vérité. (Prov. XVI. 6) Il n'y a point d'autre Dieu que moi, il n'y a point de Dieu fort, juste et sauveur que moi. » (Esa. XLV. 21)


La doctrine de la corruption de la nature humaine, comme provenant du péché du père commun du genre humain, est pleinement établie dans le chapitre qui nous occupe ; cette vérité, quoiqu'elle soit fortement combattue par les préjugés que les hommes ont contre elle, est exactement analogue à ce qui se passe chaque jour sous nos yeux. Suivant la constitution générale du monde fixée par la sage et souveraine disposition de Dieu, les choses de la même espèce, sont étroitement liées entre elles. Cet ordre est établi dans les règnes animal et végétal, et même dans l'économie morale du monde. La plante et la semence ont une correspondance intime ; les qualités de chaque animal passent à sa postérité ; les causes et les effets moraux, sont enchaînés les uns aux autres ; le mal procède du mal, et le bien procède du bien.
Nous pouvons apercevoir sous différents rapports, les avantages qui naissent de cette constitution, quoique comme dans toutes les choses qui nous entourent, il y ait des difficultés qui y tiennent ; mais partout où nous apercevons la main de Dieu, notre devoir est de réprimer toute idée qui serait une censure de son administration, et d'acquiescer pleinement à tout ce qu'il ordonne.
Ce qui prouve irrésistiblement quel est l'état déchu de la nature de l'homme et la rébellion de son coeur, contre le dominateur tout puissant des cieux et de la terre, c'est qu'il ait jamais pu être disposé à la révolte contre une vérité qui porte l'empreinte de l'autorité de Dieu. Nous voyons « les bords de ses voies », mais combien est petite la portion que nous en connaissons ? (Job. XXVI. 14) Aussi loin que peut pénétrer notre entendement, nous trouvons des sujets d'admirer et de glorifier Dieu. Où nous ne pouvons le comprendre c'est notre devoir d'être persuadés, que celui qui juge toute la terre est juste lui-même.

Job humilié devant la présence de Dieu, confessa sa témérité et sa faute. « J'ai donc parlé et je n'y entendais rien, ces choses sont trop merveilleuses pour moi, je n'y connais rien ». J'avais oui de mes oreilles parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu. C'est pourquoi j'ai horreur d'avoir ainsi parlé et je m'en repens sur la poudre et sur la cendre. » (Job. XLII. 3,5. 6)

Au lieu de nous abandonner à un esprit audacieux d'impiété et de suffisance qui appelle le Dieu des cieux au tribunal de la raison humaine, écrions-nous avec le Prophète : « O Éternel ! que tes oeuvres sont en grand nombre ! Tu les as toutes faites avec sagesse, la terre est pleine de tes richesses ; » (Ps. CIV. 24) et avec l'Apôtre : « O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impossibles à trouver ! » (Rom. XI. 33)
Que tous les descendants d'Adam aient été enveloppés dans les effets de la transgression de leur premier père, c'est ce qui est clairement déclaré dans l'écriture, et ce qui est intimement indiqué à chacun par son expérience intérieure. Ce n'est point dans cette constitution divine, le développement d'un principe différent de celui qui régit le monde et par lequel toutes choses sont liées ensemble, et personne ne peut nier que ce principe ne s'étende à tout ce qui regarde et intéresse les hommes. On le retrouve dans toutes les relations de nations, de familles, et d'individus.
La condition civile des parents, détermine celle de leurs descendants. Le fils d'un homme libre naît libre, et le fils d'un esclave est esclave, à moins qu'il ne soit racheté ou délivré de sa condition de quelque autre manière ; le fils participe généralement à la constitution physique et aux qualités mentales de ses parents, et il gagne ou il perd à leur conduite bonne ou mauvaise.

Si cette suite continuelle d'opérations et de réactions, est le sujet de nos observations journalières, si l'on ne peut en douter, et s'il ne s'élève point de réclamations à ce sujet, pourquoi trouverait-on tant de répugnance à admettre ce que l'écriture affirme relativement à la manière dont le péché et sa punition ont été introduits dans le monde ?
Il nous arrive souvent d'être enveloppés dans la plus grande détresse par la conduite des autres ; qu'y a-t-il donc de surprenant à ce que le même résultat se soit ensuivi de la chute de notre premier père ? à ce qu'Adam ayant perdu par sa rébellion la vie spirituelle qu'il avait possédée d'abord, et étant devenu l'esclave du Diable, sa postérité naisse à son image et entre dans le monde placée dans la même condition ?
Mais nous surtout qui péchons volontairement à la ressemblance de la transgression d'Adam, comment pourrions-nous nous plaindre d'être enveloppés dans les conséquences de la même punition. Le fait que tous les hommes sans exception sont pécheurs, « qu'ils se sont égarés dès la matrice, qu'ils ont erré dès le ventre de leur mère en parlant faussement » (Ps. LVIII. 4) est attesté par l'histoire du monde dans tous les pays et chez toutes les nations.

La sombre peinture du caractère des peuples les plus civilisés d'entre des païens, au temps où la philosophie et la science étaient parvenues chez eux au plus haut point, est retracée dans le premier chapitre de cette épître, et pleinement confirmée par les récits de leurs historiens et les descriptions de leurs poètes. Après la venue du Messie, la plus violente opposition à la lumière de l'évangile se manifesta de toutes pars ; le libre exercice de toutes les autres religions avait été permis, mais lorsque la religion chrétienne parut, la plus horrible persécution fut dirigée contre ceux qui la professaient, et après que l'idolâtrie eut été vaincue dans ce combat, que ses rites absurdes furent exposés au jour et renversés par la vérité et l'évidence de l'évangile, lorsque à cause du nombre des prosélytes à la vraie religion, le monde prit le nom de chrétien, et professa la religion chrétienne, la gloire de celle-ci fut bientôt après éclipsée par les corruptions les plus grossières, qui la formèrent sur le modèle du monde et l'adaptèrent à ses goûts.

L'inclination que la nation d'Israël avait pour l'idolâtrie, ses murmures et ses rébellions contre Dieu, offrent un exemple frappant de la dépravation humaine, qui se déployait au milieu des plus grandes obligations et de la jouissance des privilèges les plus insignes. Mais c'est surtout le traitement qu'elle fit éprouver aux Prophètes que Dieu leur envoyait, et plus qu'à tous les autres, au Messie lui-même,c'est ce traitement qui complète cette histoire affligeante de sa perversité.
Un philosophe païen, dans l'ignorance où il était de la nature humaine, avait dit que si la vertu descendait sur la terre, tous les hommes se prosterneraient devant elle et l'adoreraient. Cette supposition de la descente de la vertu sur la terre était réalisée, mais combien fut différent l'accueil qu'on lui fit. « Les nations se mutinent, les Rois de la terre se trouvent en personne et les princes (d'Israël) consultent ensemble contre l'Éternel et contre son oint. (Ps. II. 1.2) Les princes de ce siècle, ont crucifié le Seigneur de gloire, » (I. Cor. II. 8) et généralement les progrès de son royaume ont été toujours et partout, combattus d'une manière ou de l'autre jusqu'à ce jour.

Mais ce n'est pas seulement sur les hommes qui suivent le monde, qui sont sous le pouvoir de Satan, qui combattent l'évangile, que nous voyons la corruption innée du coeur humain exercer ses ravages. On la découvre aussi dans les fidèles de Dieu, par les actes de leur coeur pervers, la faiblesse de leur foi et le défaut d'une conformité entière à la loi de Dieu. Dans les narrations de l'ancien et du nouveau testament, pleines de fidélité et d'impartialité, nous rencontrons partout des preuves frappantes, que le coeur de l'homme est trompeur et désespérément malin par-dessus toutes choses, (Jér. XVII. 19) nous en voyons beaucoup d'exemples parmi ceux qui avaient obtenu un bon témoignage par la foi, et nous observons des chutes dans quelques-uns de ceux qui étaient les plus éminents, et sous le rapport particulier qui les distinguait le plus.
Abraham manque de foi, (Gen. XII. 13. XX. 2) (1) Job de patience, (Job. III. 3) (2) Moïse de douceur, (Nomb. XX. 10) (3) Élisée de force, (I. Rois XIX. 4) (4) Jean de modération, (Luc IX. 54) Pierre de courage. (Matt. XXVI. 56. 74)
Différents vices d'une nature très grave, sont dénoncés et repris dans les épîtres aux églises quoiqu'elles fussent composées de Saints. Ils ne marchaient pas à la vérité, selon la chair, semblables aux hommes du monde, mais la loi était encore en eux faible dans la chair. Barnabas et Paul se séparèrent l'un de l'autre avec aigreur. (Act. XV. 39) Le dernier, dont la conduite, depuis qu'il était devenu chrétien, était en général si exempte de blâme, s'afflige amèrement sur ce que sa dépravation intérieure opère en lui, sur les inclinations corrompues du vieil homme qui l'empêchent de faire les choses qu'il veut, et le forcent à s'écrier avec douleur : « O misérable que je suis ! qui me délivrera du corps de cette mort ! »
Tous les chrétiens font sur eux-mêmes de semblables expériences. Chacun d'eux connaît jusqu'à un certain point, la plaie de son coeur. (I. Rois VIII. 38) En un mot, la corruption de la nature humaine paraît dans tous les sens, et malgré tous les obstacles. Elle ne se montre pas seulement dans les histoires générales des temps anciens et modernes, des peuples sauvages et civilisés ; dans leurs discutions, leurs guerres, et les actes de violence dont ils remplissent la terre ; mais encore dans les disputes et les querelles privées, dans les méchancetés diverses que l'on rencontre dans les familles et dans les individus. On en trouve des signes dans tous les enfants sans exception, aussitôt qu'ils ont la plus légère étincelle de raison. Elle s'offre à l'observation de tous les hommes, dans tous ce qu'ils voient autour d'eux, et surtout dans ce qu'ils peuvent connaître d'eux-mêmes.

Le plan entier de la rédemption est établi sur ce fait, que le monde est en rébellion contre Dieu, et que Satan y a usurpé l'autorité. Toutes les parties de l'histoire scripturaire confirment cette vérité. Dans la première révélation de miséricorde, Dieu promit un libérateur qui devait briser la tête du serpent et détruire ses oeuvres. Les préparatifs de l'arrivée du vainqueur de Satan, forment le sujet des écritures de l'ancien Testament, celles du nouveau montrent l'accomplissement de la première promesse, dans l'incarnation, la vie, la mort, la résurrection et l'ascension de celui qui est le Prince du salut.
Dans la suite de l'exécution de ce dessein, nous voyons d'un côté, la continuelle souveraineté de Dieu, la pureté de son caractère divin en opposition au péché, la sagesse et l'étendue des moyens employés pour l'accomplissement de ce plan ; de l'autre, notre attention est dirigée sur la tendance confiante de l'homme vers le mal, sur son opposition à ce qui est bien.
Après que le péché fut entré dans le monde, « la terre fut corrompue, devant Dieu et remplie d'extorsion. Dieu donc regarda la terre et voici elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre.... et l'Éternel vit que la malice des hommes était très-grande sur la terre et que toute l'imagination des pensées de leur coeur n'était que mal en tout temps. (Gen. VI. 11. 12) »

Rien ne peut nous enseigner d'une manière plus frappante la dépravation actuelle et inhérente à l'homme, que l'ensemble de l'économie Mosaïque, dans laquelle la souillure légale était le signe de l'impureté morale. Lorsque un enfant était né, la mère était regardée comme impure, et elle avait besoin d'une expiation, (5) L'attouchement d'un corps mort occasionnait aussi une souillure, et divers sacrifices étaient ordonnés pour effacer toute espèce d'impureté légale que l'on aurait pu contracter involontairement.
Les sacrifices ne pouvaient être offerts par le peuple, qu'au moyen des prêtres consacrés et établis pour ce dessein, Il y avait aussi des expiations établies pour ces prêtres eux-mêmes, pour le tabernacle, pour l'autel et pour les instruments des sacrifices, avant que les premiers pussent s'approcher de Dieu, et que les derniers pussent être employés à son service.
Chaque année, il y avait un jour consacré à l'expiation générale, et c'était le seul où l'on pût pénétrer dans le sanctuaire intérieur. Ce jour là, le grand prêtre, le premier d'Israël, s'approchait de Dieu avec le sang des animaux sacrifiés, afin de faire l'expiation pour lui-même et pour les péchés du peuple, car « sans effusion de sang il ne se fait point de rémission. » (Héb. IX. 22) C'est ainsi que l'étroite liaison du péché à l'âme de l'homme et la punition qu'il méritait, étaient placés constamment sous les yeux des Israélites, depuis leur naissance jusqu'à leur mort, dans toutes les actions de leur vie, et surtout lorsqu'ils s'approchaient solennellement de Dieu.

Sous la nouvelle alliance, depuis que la foi (l'objet de la foi) est venue, (Gal. III. 23) depuis que ces emblèmes extérieurs sont abolis, depuis que les choses spirituelles ont été publiées sans l'intervention d'images sensibles, il a été établi cependant deux institutions pour être observées, et toutes les deux rappellent fortement au croyant, sa coulpe et sa mort.
Le Baptême représente sa mort par le péché, le nettoiement de l'impureté par la régénération et le renouvellement par le Saint-Esprit ; en un mot, sa renaissance avant qu'il puisse entrer dans le royaume des cieux.
L'autre, la Cène, rappelle l'horreur de Dieu pour le péché, sa punition jusqu'à la mort de son Fils par lequel seul la réconciliation a pu être faite. Cette institution nous rappelle encore que ce n'est qu'en mangeant la chair et en buvant le sang du Fils de l'homme que l'on peut avoir part à sa mort et obtenir la vie en lui.
Dans la déclaration que celui qui n'aura point cru l'évangile sera condamné, (Marc XVI. 16) l'état pécheur, ruiné, de la nature humaine, est clairement publié, et en rappelant à ceux que Dieu a vivifiés, qu'ils étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, et qu'ils sont « par nature enfants de colère comme, les autres, » (Ephés. II. 1-5) on leur inculque cette grande vérité, « que celui qui ne croit point est déjà condamné, car il n'a point cru, au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean III. 18)

Ce mal moral, qui comme on le voit, prévaut universellement dans ce monde, on a tenté de l'attribuer à la force de l'exemple ; mais c'était prendre l'effet pour la cause. On a cherché aussi à l'imputer à l'influence du corps sur l'âme, en disant que les hommes naissent purs, mais que les passions l'emportant sur leur raison, ils sont séduits par elles ; comme si les passions ou les vives émotions d'une âme pure ne devaient pas être pures aussi, et d'ailleurs comme les hommes naissent avec leur constitution, et avec des passions ou des inclinations qui uniformément engendrent le mal, la difficulté n'est pas résolue et reste la même qu'auparavant.
Mais si, par le péché, la mort est entrée dans le monde, (Rom. V. 12) si, comme l'indique l'écriture, « les gages du péché c'est la mort, » (Rom. VI. 23) si la mort est un ennemi, (1. Cor. XV. 26) comment d'après leurs principes, ceux qui combattent la doctrine d'une corruption inhérente à l'homme et qui dérive de sa nature, pourront-ils rendre raison de la mort des enfants ? Car s'il parait contraire à la raison que les enfants souffrent pour le péché de leurs pères, si les enfants naissent purs, comment expliquera-t-on que les maladies, les peines et la mort, leur soient infligées ? qu'ils soient particulièrement assujettis à la souffrance, et qu'une grande partie du genre humain, meure avant l'âge de dix ans ?
Si l'on réplique que cela est dû à des causes naturelles, nous demanderons à notre tour, qui est-ce qui a ordonné ces causes ?
Il y a de l'athéisme à supposer qu'il y a quelque chose que l'on appelle nature et qui est indépendant de Dieu, ou même qui lui serait supérieur. Que sont donc les lois de la nature, si elles ne sont pas les lois de Dieu ?

Nous, en opposition à ces vains raisonnements contraires à la parole de Dieu, nous concluons avec certitude que puisque la mort, qui est la punition du péché, règne sur les enfants et sur les idiots, puisqu'ils meurent aussi bien que les autres, quoiqu'ils n'aient point de péché actuel, alors ils meurent pour le seul péché d'Adam. (6)

Malgré ce qui est dit si positivement : tous meurent en Adam, (1 Cor. XV. 22) et malgré les déclarations répétées dans le chapitre qui nous occupe, que par l'offense d'un seul tous les hommes ont encouru le péché et la mort, on allègue souvent comme une objection à cette doctrine, que le mot imputé, n'est employé nulle part dans l'écriture, relativement au péché d'Adam, et que par conséquent cette imputation ou cette allouance à sa postérité, n'existe point. Mais on pourrait aussi bien dire que, parce que ce mot n'est appliqué nulle part dans les saintes écritures, à beaucoup de maux moraux tels que l'incrédulité, l'idolâtrie, l'orgueil, le vol, le parjure, etc., c'est une raison pour que ces péchés ne soient point imputés à ceux qui les ont commis.

D'autres faisant une distinction vaine entre tache et coulpe, supposent que Dieu n'impute point à la postérité d'Adam, toute la coulpe de son péché, mais seulement une petite partie ; « ils supposent relativement aux enfants, que quoique le péché leur soit vraiment imputé, de sorte qu'ils soient exposés à une punition réelle, cependant il ne leur est pas imputé au même degré, et qu'ainsi ils ne sont point comme Adam lui-même, exposés à une punition éternelle, mais seulement à la mort temporelle ou l'anéantissement, Adam lui-même, l'auteur immédiat du péché, ayant été infiniment plus coupable que ne peut l'être sa postérité. Nous observons là-dessus, que supposer que Dieu n'impute pas tout le péché d'Adam, mais seulement une partie, ne lève aucune des difficultés et ne soulage que notre imagination.
Penser que ces pauvres enfants souffrent pour le péché d'Adam, des tourments aussi vifs que ceux qu'ils endurent quelquefois dans le monde, et que ces tourments finissent par la mort et l'anéantissement, peut être plus facile à concevoir pour l'imagination, qu'une éternelle misère ; mais cela n'est point un moyen de lever les difficultés qui embarrassent la raison.

Il n'y a point de raison ni de règle qui puissent être supposés exister contre l'imputation entière d'un péché commis par une personne à une autre qui ne l'a pas commis personnellement, qui ne soit aussi bonne pour combattre l'imputation et la punition partielles. Car toutes les raisons, s'il y en a, portent contre l'imputation en elle-même et non pas contré le degré de cette imputation.

S'il y a quelque règle, s'il y a quelque bonne et forte raison, qui milite contre la communication de la coulpe de celui qui a agi, à celui qui n'a point agi, cette raison sera également bonne pour tous les cas de la même nature. S'il y a quelque force dans les arguments que l'on allègue contre l'imputation du péché d'Adam à sa postérité, c'est qu'Adam et sa postérité, ne sont pas un même être. Mais c'est aussi concluant contre l'imputation d'une partie de la coulpe que contre l'imputation entière. Car la postérité d'Adam, n'étant point un avec lui, n'a pas plus de part à une petite partie de ce qu'il a fait, qu'elle n'en a à la totalité. Elle doit être absolument dégagée de tout intérêt dans ses actes, soit que cet intérêt fût particulier ou général ; et il n'y a point une raison qui puisse être alléguée pour soutenir que le péché d'un homme ne peut être justement imputé dans sa totalité, au compte d'un autre qui n'était pas encore, qui ne puisse aussi bien être objectée contre l'imputation en partie, de manière que celui à qui le péché serait imputé, fût sujet à quelque condamnation ou à quelque peine à raison de cette imputation.
Si ces raisons sont bonnes, toute la différence qu'il peut y avoir est celle-ci : infliger aux enfants une grande punition pour le péché d'Adam, est une grande injustice, et leur infliger une punition comparativement petite, est une plus petite injustice ; mais il ne sera ni vrai, ni aisé à démontrer, que l'un ne soit pas un acte injuste comme l'autre. »

« Éclaircissons ce cas par un exemple : pour prouver que je ne puis pas exiger d'un de mes voisins, ce qu'un autre me doit, on me dit qu'il est autre que mon débiteur, et que leurs affaires, leurs intérêts, leurs biens sont distincts. Or si cette raison est bonne, elle le sera autant si je lui demande une partie de la dette que si ''en demande la totalité. À la vérité, c'est pour moi un plus grand acte d'injustice de prendre tout que de ne prendre qu'une partie, mais l'un est aussi véritablement et aussi certainement injuste que l'autre. » (7)

Cette vérité de l'imputation de la coulpe ou de la collocation sur le compte d'un individu des fautes commises par un autre qui est lié avec lui, cette vérité est manifestée partout dans l'ancien Testament tant relativement aux nations, qu'aux simples individus.
Au renouvellement du monde on en voit un exemple remarquable dans le fait relatif à Chanaan, d'après la malédiction de Noé, qu'il encourut à cause du péché de son père, malédiction dont, jusqu'à nos jours, sa postérité n'a point été relevée. (Gen. IX. 25) Cette vérité fut encore reconnue solennellement dans la promulgation publique de la loi, dans laquelle, au second commandement, Dieu déclara aux Israélites, « qu'il punirait les iniquités des pères sur les enfants, jusqu'à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui le haïssent. » (Exod. XX. 5)
Dans la proclamation même de son nom glorieux de Jéhovah, cette imputation est expressément affirmée, lorsqu'il dit, « qu'il punit l'iniquité des pères sur les enfants, et sur les enfants des enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération. » (Exod. XXXIV. 7) Moïse fondant son plaidoyer en faveur d'Israël sur le caractère de Dieu comme juste, bon, sauveur, répète encore ces paroles, « punissant l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération. » (Nomb. XIV. 18)
À cause des murmures du peuple lors du retour des espions, il fut ordonné par Dieu à Moïse et à Aaron de leur dire ; « vos enfants seront paissant dans ce désert pendant quarante ans, et ils porteront la peine de vos paillardises, jusqu'à ce que vos charognes soient consumées au désert. » (Nomb. XIV. 33) Dieu déclare en parlant de l'homme qui fait le mal, « je mettrai ma face contre cet homme-là et contre sa famille. » (Lév. XX. 5)
Annonçant des menaces à Israël, il dit, « ceux qui demeureront de reste d'entre vous, se fondront à cause de leurs iniquités, au pays de vos ennemis, et ils se fondront aussi à cause des iniquités de leurs pères avec eux. » (Lév. XXVI. 39) Voyez aussi dans le Ps. CIX. 10, la menace faite par le Saint-Esprit, de la punition des enfants « du méchant » « Tu fais miséricorde jusqu'en mille générations, » dit le prophète Jérémie, « et tu rends l'iniquité des pères dans leurs enfants après eux. » (Jér. XXXII. 18) Le même prophète dit dans ses Lamentations, « nos pères ont péché, et ils ne sont plus et nous avons porté leurs iniquités. » (Lam. V. 7) Cela a été vérifié par l'exemple des Ammonites et des Moabites auxquels il n'était pas permis d'entrer dans la congrégation d'Israël, jusqu'à la dixième génération, parce qu'ils ne voulurent point secourir les Israélites à leur sortie d'Égypte, et qu'ils louèrent à prix d'argent Balaam, pour les maudire. (Deut. XXIII. 3-6) Parce qu'Hamalec les attaqua dans leur route, Dieu déclara qu'on lui ferait la guerre de génération en génération, et ordonna à Israël d'effacer son souvenir de dessous les cieux. (Exod. XVII. 14. 16. Deut. XXV. 17. 19)

Telle devait être la punition des descendants de ceux qui s'étaient signalés eux-mêmes par leur audacieuse rébellion contre Jéhovah, en n'aidant point ou en s'opposant à la nation qu'il conduisait dans l'héritage qu'il lui avait destiné.
La même chose se vérifie encore par l'exemple de l'Égypte, de qui (comme cela s'accomplit encore aujourd'hui) il avait été prédit qu'elle serait « le plus bas des royaumes, et qu'elle ne s'élèverait plus au-dessus des nations, » (Ezech. XXIX. 15) et aussi par celui des enfants d'Esaü, « contre lesquels l'Éternel est indigné à toujours. » (Mal. I. 4)
Job en retraçant le caractère du pécheur dit, « Dieu réservera aux enfants du méchant la punition de ses violences, il la leur rendra et il le saura. » (Job. XXI. 19)
Ce qui fut accompli d'une manière remarquable dans la famille de Saül. Trois ans de famine ayant suivi la mort de ce prince à cause de sa conduite envers les Gabaonites, ses enfants furent mis à mort, et cette punition fut approuvée par Dieu, puisqu'il est dit qu'après cela, Dieu fut apaisé envers le pays. (II. Sam. XXI. 1-14) « Tout le sang, juste qui a été répandu sur la terre depuis le sang d'Abel, le juste, jusqu'au sang de Zacharie, » (Matt. XXIII. 35. 36) retomba sur la génération des juifs qui crucifièrent Jésus, et l'imprécation qu'ils firent sur eux-mêmes à sa mort, que son sang soit sur nous et sur nos enfants, (Matt. XXVII. 25) se vérifie complètement sur leurs descendants jusqu'à ce jour.

Les écritures parlent du péché et de la dépravation, comme appartenant à l'homme dans son état de chute, comme une qualité qui lui serait naturelle. Ainsi il est dit : « que le coeur des hommes est plein de maux et que des folies occupent leurs coeurs pendant la vie. » (Eccl. IX. 3) Cela s'applique évidemment à l'espèce humaine toute entière dans son état naturel ; de même les écritures désignent souvent les actions et les choses comme méchantes et criminelles simplement en disant quelles sont comme de l'homme, semblables à l'homme ou simplement des hommes.
La parole de Dieu distingue souvent aussi ce qui est mal ou criminel, en l'appelant propre à l'homme, comme étant proprement ce qui lui appartient. C'est ainsi qu'il est dit que les hommes abandonnent leur coeur aux convoitises pour marcher dans leurs propres voies ; dans leurs propres conseils ; d'après l'imagination de leurs propres coeurs ; à la lumière de leurs yeux ; suivant leurs propres inventions. (Ps. LXXXI. 13. Act. XIV. 16. Eccl. XII. 1. Jer. IX. 14. XVIII. 12) C'est de l'humanité en général qu'il est dit « nous nous sommes détournés en suivant chacun son propre chemin. » (Esa. LIII. 6) Ces inventions criminelles, ces conseils, ces convoitises, sont dits nous appartenir, parce qu'ils nous sont naturels comme à des créatures dépravées, et qu'ils dérivent de notre corruption innée.

Les écritures représentent l'humanité, dans son état naturel, comme étant universellement dépravée, et cela sans aucune exception, non pas même d'un seul homme. « L'Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes pour voir s'il y en a quelqu'un qui soit intelligent et qui cherche Dieu. Ils se sont tous égarés, ils se sont tous ensemble rendus odieux, il n'y en a aucun qui fasse le bien, non, pas même un seul. » (Ps. XIV. 2.3)
L'Apôtre, comme nous l'avons vu plus haut, cite ce passage pour prouver que Juifs et Gentils, tous sont sous le péché et que tout le monde est coupable devant Dieu, (Rom. III. 9-12) et son argument repose entièrement sur l'universalité de la corruption humaine, car s'il y avait quelques exceptions, il ne pourrait tirer cette conclusion, « c'est pourquoi, par les oeuvres de la loi nulle chair ne sera justifiée devant Dieu. » Il est vrai qu'aux yeux des hommes et relativement à la société humaine, il y a des personnes dont le caractère est de beaucoup préférable à celui de quelques autres, et on peut supposer que quelques-unes sont plus odieuses que d'autres aux yeux de Dieu, mais les meilleurs ainsi que les pires des hommes ont « tous péché et sont entièrement privés de la gloire de Dieu. » De sorte que relativement à la justification aux yeux de Dieu, il n'y a point de différence entre eux. Or ce qui est universellement et sans exception le cas de tous les hommes, doit avoir son fondement dans la nature de l'homme, et puisque tous les individus de l'espèce humaine, sans exception, sont déclarés être pécheurs, il est évident qu'ils ont tous une nature corrompue, que le péché est profondément enraciné en eux, et qu'ils y ont une forte tendance. « Combien l'homme qui boit l'iniquité comme l'eau n'est-il pas abominable et impur. » (Job. XV. 16. Voyez aussi I. Rois. VIII. 46. Prov. XX. 9. Eccl. VII. 20. IX. 3. Esa. I. 6. XLVIII. 8. LXIV. 6. Ezéch. XVI. 4-5. etc.)

La parole de Dieu représente la corruption de la nature humaine comme totale, et étendue à l'homme tout entier. L'âme est dépravée dans toutes ses facultés, l'entendement est aveuglé relativement aux choses de Dieu. La volonté est obstinée et perverse, et les affections sont toutes charnelles et terrestres.
D'après cela le coeur de l'homme est représenté comme aveugle, endurci, trompeur par-dessus toutes choses et désespérément malin. (Eph. IV. 18. Ezéch. III. 7. Jér. XVII 9) Toute l'imagination de leurs coeurs, n'est que mal en tout temps, (Gen. VI. 5) et le Seigneur en parle comme étant le siège de toutes les dispositions criminelles, et la source de toutes les mauvaises actions. (Marc. VII. 21. 22) Relativement au corps, l'Apôtre parle de chacun de ses membres, comme étant un instrument de crime. (Rom. III. 13. 15. VI. 19) De sorte que l'homme est naturellement corrompu par-dessus tout, dans toutes ses parties, à un très-haut degré, et que quoique quelques-uns arrivent à un plus haut point de dépravation que les autres, tous en ont naturellement les racines dans leurs coeurs.

Cette dépravation venant d'Adam tombé qui est la souche naturelle du genre humain, doit donc être inhérente à notre nature, et en dériver dès notre naissance ; telle est la manière dont David envisage cette matière, lorsque confessant son péché, il dit, « voilà, j'ai été formé dans l'iniquité et ma mère m'a échauffé dans le péché, (Ps. LI. 7) ce qui prouve clairement qu'étant inspiré par l'esprit de Dieu, il se voyait lui-même comme étant une créature dépravée par la naissance, ou dès le sein de sa mère ; et rappelons-nous qu'il le dit, non pour diminuer et affaiblir son péché, mais comme en étant le commencement, comme étant la source de tout, et qu'il l'avoue comme aggravant beaucoup sa faute.
Job, parlant de l'homme né de femme, demande, « qui est-ce qui tirera le pur de l'impur, personne ; » (Job. XIV. 4) ce qui montre que l'homme est moralement impur quand il entre dans le monde, et que c'est l'état de tous ceux qui sont nés de femme.
La même chose est clairement exprimée dans ces paroles, « qu'est-ce que de l'homme, qu'il soit pur et de celui qui est né de femme qu'il soit juste ? » (Job. XV. 14) où l'on voit que ces deux mots juste et pur sont synonymes, ce qui prouve qu'il s'agit de la pureté morale. La forme de ces interrogations implique une forte négation de la pureté et de la justice de l'homme. « Qu'est-ce que de l'homme qu'il soit pur, » et de peur que l'on ne pensât que cela s'applique seulement aux adultes, et que les enfants peuvent être exceptés de la sentence qu'il prononce, il ajoute. « et de celui qui est né de femme qu'il soit juste, » exprimant clairement par là qu'il est impur par sa nature et d'après son origine ; c'est conformément à cela que le Seigneur parlant à Nicodème de la nécessité d'être né de nouveau, lui en donne la raison : « ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit » (Jean III. 6) Être né de la chair signifie certainement entrer dans le monde par la génération naturelle, et quant au mot chair, lorsqu'il est mis en opposition avec l'esprit, comme il est ici, il signifie toujours dans le nouveau Testament, quelque chose qui est moralement corrompu et pécheur, comme charnel, quand il est opposé à spirituel,

Ainsi l'humanité est représenté par la parole de Dieu comme étant dépravée par sa nature, et criminelle dès son enfance ou depuis sa jeunesse.
Salomon observe que « la folie est liée au coeur du jeune enfant. » (Prov. XXII. 15) Le Psalmiste déclare « que les méchants se sont égarés dès la matrice, ils ont erré dès le ventre de leur mère. (Ps. LVIII. 4) L'Éternel vit que la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute l'imagination des pensées de leur coeur n'était que mal en tout temps. » (Gen. VI. 5)
Si quelqu'un croyait que cela ayant été dit de la génération qui disparut de la surface de la terre par le déluge était particulier à cette génération, que l'on observe ce que Dieu dit après le déluge, lorsqu'il déclara que tant que la terre subsisterait, il ne détruirait plus les hommes : « l'Éternel dit, dans son coeur, je ne maudirai plus la terre à l'occasion des hommes, (8) quoique l'imagination du coeur des hommes, soit mauvaise dès leur jeunesse. (Gen. VIII. 21)

En résultat nous avons vu que les écritures nous enseignent la doctrine de l'imputation des fautes des pères sur les enfants, de la manière la plus explicite ; elle déclare également dans toutes ses parties, l'imputation de la coulpe du premier Adam à tous ceux qui sont unis avec lui par la génération naturelle, aussi bien que l'imputation de la justice du second Adam à tous ceux qui sont unis avec lui par la génération spirituelle. L'une et l'autre sont publiées dans la doctrine des saints livres qui nous les présentent partout dans la déclaration de la nécessité de la circoncision du coeur, de dépouiller le vieil homme pour revêtir l'homme nouveau. Mais dans le chapitre dont nous nous occupons, la corruption originaire et dérivée de l'homme, et ces conséquences, sont montrées avec tant de précision et répétées si souvent, que si les hommes qui font profession de prendre la bible pour leur règle, ne sont point convaincus de ses vérités, et qu'en admettant qu'ils sont personnellement pécheurs, ils insistent sur ce qu'ils naissent purs, ils ne seraient pas non plus persuadés, quand quelqu'un des morts ressusciterait.

Si cependant des hommes qui prétendent recevoir la bible comme étant la parole de Dieu, niaient encore ce qui y est si évidemment contenu, et blâmaient la constitution qu'il a établie laissons-les lui répondre ; il ne daigne pas faire l'apologie de sa conduite, et avec notre vue imparfaite et obscure, on pourrait nous trouver trop officieux de le tenter. « Celui qui juge toute la terre ne fera-t-il pas justice ? » c'est la vraie réponse à faire à toutes ces objections. N'avouer la justice, la sagesse, la bonté de la conduite de Dieu, que lorsque nous pouvons les connaître, ne prouve ni foi ni humilité, car on avouerait la même chose d'un égal ou d'un ennemi ; et ceux qui suivent ce principe doivent broncher sur la pierre d'achoppement de l'imputation du péché d'Adam à sa postérité, quelques efforts qui soient faits pour l'éloigner. Mais il nous convient d'adorer les profondeurs que nous ne pouvons mesurer, et que ce que nous croyons de Dieu, ce soit ..... « la nuée, et l'obscurité sont autour de lui, la justice et le jugement sont la base de son Trône. » (Ps. XCVII. 2)

« Dieu a fait l'homme juste, mais ils ont cherché beaucoup de discours. » (Eccl. VII. 29) Cela ne se rapporte point à la naissance des hommes, mais à la création de l'homme. Il fut créé à l'image de Dieu. « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu ; il le créa mâle et femelle. (Gen. I. 26.) Adam était obligé de rendre obéissance à son créateur, de qui il avait reçu l'existence et une abondance de bénédictions ; mais il transgressa sa loi, il tomba et il engendra ensuite un fils à sa ressemblance, selon son image. (Gen. V. 3) Quoique ce fait soit vrai, un homme pourrait-il, d'après ce fondement, se justifier lui-même et se défendre par ce moyen du jugement prononcé contre le péché ? Si nous n'étions que de la matière ou des machines, nous pourrions attribuer tout le mal des péchés que nous commettons à notre premier père ; mais il n'en est pas ainsi. Nous sentons que tout ce que nous faisons, qui a une culpabilité morale, nous le faisons volontairement.

Tous les hommes dès le premier moment où ils distinguent le bien du mal, pèchent volontairement, et ainsi se rendent propres la coulpe et la punition du péché d'Adam. Ils y ont consenti ; ils l'ont réitéré ; tous ont désobéi à la loi, en opposition à leur propre conscience, et s'ils périssent, ils périssent dans leur propre péché. C'est pour cela que la rédemption, à laquelle Dieu a pourvu dans sa miséricorde, n'est pas seulement pour racheter les hommes du seul péché par lequel la mort était entrée dans le monde, mais d'une multitude d'offenses individuelles.
La condamnation vient d'une seule faute ; mais le don de la. justification s'étend à plusieurs péchés. Depuis que Dieu a pourvu à un si glorieux remède, et que là où le péché a abondé, la grâce abonde encore par-dessus, rien n'est plus propre à mettre au plus grand jour la rébellion de l'homme et son amour pour le péché, que de l'entendre d'un côté nier sa corruption innée, de l'autre rejeter un aussi grand salut. Bienheureux sont au contraire ceux qui ne contestent pas avec leur Créateur, qui ne lui disent pas pourquoi m'as tu fait ainsi ? (Rom. IX. 20) mais qui adorant sa bonté et sa miséricorde de ce qu'il ne les a pas abandonnés à la punition de leurs péchés, telle que leur conscience leur atteste qu'ils la méritent, reçoivent avec joie le témoignage de sa propre parole, que comme par la désobéissance d'un seul, plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi par l'obéissance, d'un seul, plusieurs seront constitués justes.


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(1) La conduite d'Abraham, dans cette circonstance particulière, fut très coupable et en contraction avec le caractère de père des croyants, et d'ami de Dieu. Son conseil à Sara ne pouvait venir que d'incrédulité et de défiance. Une nombreuse postérité lui était promise, Dieu aurait-il souffert qu'il fût mort sans enfants ?
Les paroles qu'il suggéra à Sara, étaient au moins une équivoque avec l'intention de tromper. Il la tentait de se joindre à lui dans ce péché, et son langage supposait en lui une dépendance de police du monde, et une disposition, si son artifice réussissait, à accorder à Sara le mérite d'avoir sauvé sa vie, au lieu de rapporter à Dieu la gloire de sa préservation.

(2) Personne, si ce n'est le Sauveur, n'a jamais souffert une angoisse et une tentation extrême sans affaiblissement dans son amour, sans mélange de péché, sans aucun signe d'impatience.

(3) " Vous rebelles (morim ) écoutez » Nomb. XX. 10. Le mot more, traduit fou (Matt. V. 22.) diffère seulement en nombre de ce mot hébreu. Il paraît qu'ici cette expression (more) est un terme oriental aussi bien que raka. Car moreh est aussi un mot oriental, et il ne pouvait être écrit d'une autre manière en caractères grecs. Il est plus souvent employé pour désigner la rébellion contre Dieu, que contre les princes de la terre, et comprend dans sa signification le défaut de foi en Dieu, et d'obéissance à ses commandements.

(4) II parait qu'Élisée s'enfuit la nuit qui suivît le sacrifice , où le feu du ciel et une pluie abondante étaient tombées à sa prière. Il semble que dans cette occasion, il ait été abandonné à lui-même pour son humiliation , et que par conséquent il fut saisi d'une terreur déraisonnable. Au lieu de s'exposer à toutes les conséquences, en s'assurant sur la protection du Très-haut, au lieu de poursuivre ses avantages en conduisant le peuple à détruire le culte de Bahal, et à rétablir celui de Jéhovah, il se déroba à ce service important, et rempli d'impatience, désira la mort et pria pour l'obtenir.

(5) La mère d'un enfant mâle était elle-même impure d'après la loi, pendant une semaine après ses couches, et elle rendait impur tout ce qu'elle touchait ; pendant le reste du temps prescrit, elle était éloignée du culte public, mais cependant elle ne communiquait pas à d'autres son impureté. Le temps marqué pour les enfants femelles était double, apparemment parce que c'est par ce sexe que le péché est entré d'abord.
Lorsque les jours de sa purification étaient écoulés, la femme présentait à la porte du tabernacle, un holocauste et une offrande pour le péché, par les mains du prêtre, qui les offrait à Dieu, et faisait propitiation pour elle. Lévit., chap. XII.

(6) Ce que dit Jésus-Christ, Matt. XVIII. 3. « Si vous ne devenez comme de petits enfants vous n'entrerez point dans le royaume des deux, » et XIX. 14, « Le royaume des cieux est pour ceux qui ressemblent à de petits enfants », est quelquefois allégué pour prouver que les enfants ne sont point naturellement corrompus. Mais on ne peut point tirer cette conclusion de ces paroles.
Les enfants par la simplicité et la douceur qu'ils montrent comparativement aux autres hommes, sont des emblèmes convenables pour représenter l'humble soumission et l'esprit de dépendance qui sont l'essence du christianisme. Ils ont une innocence ou plutôt une innocuité relative comme l'ont les petits des animaux les plus féroces, mais ils commencent bientôt comme eux à montrer quelle est la nature de la souche d'eu ils tirent leur origine. « Les petits enfants, dit Edwards, sont recommandés comme des modèles de vertu négative, d'innocuité, relativement à l'exercice et aux fruits du péché, d'innocence, relativement à ses mauvais effets, comme étant l'image de la douceur et de l'humilité qui viennent de leur faiblesse réunie à la délicatesse de leur esprit, à la crainte, la défiance de soi-même, la déférence et la confiance pour leurs parents et les personnes plus âgées qu'eux. C'est ainsi qu'ils sont présentés pour modèles, comme les pigeons, qui sont une espèce d'animal d'un naturel paisible, sont les emblèmes de la douceur et de la simplicité. » Cant, V. 2. Matt. X, 16.

(7) Voyez l'excellent ouvrage du président Edwards, sur le péché originel, qui contient une discussion complète de cette importante doctrine.

(8) Cette gracieuse promesse est liée immédiatement avec l'offrande d'animaux tués en sacrifice, qui manifestait la foi de Noé et désignait l'agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. C'est par sa médiation que le monde entier n'a pas reçu la punition du feu éternel, mais au contraire a été placé sous une dispensation de miséricorde ; c'est ainsi que tous les biens tant temporels que spirituels, viennent par celui qui seul peut dire : « Quel est celui d'entre vous qui me reprendra de péché ? » par celui qui n'a point commis de péché et dans la bouche duquel il n'a point été trouvé de fraude, »

 

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