Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE VI.

1-7. Que dirons-nous donc ? demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? À Dieu ne plaise ! Car nous qui sommes morts au péché, comment y vivrons-nous encore ? Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, avons été baptisés en sa mort. Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort par le baptême ; afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous marchions aussi en nouveauté de vie. Car si nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité de sa mort, nous le serons aussi par la conformité de sa résurrection.Sachant ceci, que nôtre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit ; afin que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort, est quitte du péché.

Paul a déjà établi la doctrine de la justification, par la foi et non par les oeuvres ; il a enseigné que ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce, et le don de la justice, régneront dans la vie par Jésus-Christ ; il commence à présent, à réfuter l'objection indiquée dans le dernier verset du
chapitre III.
C'est la même que tous ceux qui n'ont pas connu le pouvoir de l'évangile, ont répétée dans tous les temps et dans tous les lieux. Si vous établissez ce système, disent-ils, les bonnes, oeuvres sont inutiles ; les hommes peuvent vivre comme il leur plaît, et vous ouvrez la porte à toute espèce d'immoralité : cette doctrine semble faite pour produire les plus funestes conséquences. Ainsi suivant ceux qui font cette objection, la foi en Christ, par
laquelle les hommes reçoivent l'esprit de Dieu, est entièrement incapable de produire les effets que les écritures déclarent partout être inséparables d'elle.

Ce que nous devons remarquer surtout dans la réponse de Paul à cette objection commune, qu'il anéantit la loi, qu'il rend inutiles les bonnes oeuvres, et que d'après sa doctrine, l'homme peut vivre dans le péché pour l'exaltation de la grâce, c'est que l'Apôtre n'abandonne pas une seule des propositions qu'il a d'abord avancées. Il ne dit pas une seule fois, la chose qui parait à plusieurs la plus propre à lever les difficultés, savoir, que notre obéissance, notre justice, enfin nos oeuvres personnelles sont nécessaires à la justification devant Dieu.
Certes, si c'eût été sa doctrine, et que l'opinion opposée fût une erreur, si la justice de l'homme entrait pour quelque chose dans la justification, il serait bien étrange que celui qui insiste partout si fortement sur la nature, l'utilité et la nécessité des bonnes oeuvres, ne s'en soit pas servi
, n'ait pas fait usage de cela, pour répondre à l'accusation que l'on lui intentait, d'anéantir la loi, de la rendre inutile ; qu'il n'ait pas dit, du moins, qu'en rejetant les oeuvres de la loi, il soutenait la nécessité de celles qui étaient faites selon l'évangile, comme une condition de la justification devant Dieu. Mais il est si loin d'une telle opinion qu'il affirme constamment ce qui est incompatible avec elle.

L'Apôtre repousse cette objection, en insistant sur les raisons et les motifs de la sainteté et des bonnes oeuvres qui appartiennent spécialement aux fidèles, et en montrant en détail dans ce chapitre, le rapport nécessaire que la foi à la mort de Christ et à la grâce de Dieu, a avec la nature de la sanctification, avec l'excellence, l'utilité, les avantages de la sainteté selon l'évangile, ainsi que le but qu'a celle-ci, dans l'ordre établi par Dieu ; tout cela est dans le dessein de nous montrer combien la justification par la foi seule, est compatible avec la nécessité de la justice et de la sainteté personnelles.
Ceux sur qui les raisons et les motifs qu'il développe, ne produisent point une obéissance personnelle, sont tout à fait étrangers à l'évangile, au génie et aux inclinations de la créature régénérée, à l'efficacité de la grâce de Dieu et de l'amour de Christ, et à toute l'économie divine dans les causes et les moyens du salut.

C'est de la manière suivante que Paul établit la sainte tendance de sa doctrine à ce que les croyants soient
constitués justes, non par leur propre obéissance, mais par l'obéissance de Christ.

Nous qui avons déclaré quelle est la malice du péché par qui la mort a été introduite, que disons-nous, (
1) quand nous enseignons la surabondance de la grâce ? disons-nous, continuons dans le péché, afin que la grâce abonde davantage en notre pardon ? Nullement, les croyants moururent par le péché, (2) et connaissant les fatales conséquences qui suivent l'acte de le commettre, ne seront-ils pas détournés de vivre plus longtemps dans cet état ?
Leur baptême leur enseigne qu'ils moururent par le péché, car ignorez-vous, que tous ceux d'entre eux qui ont été baptisés en Christ, (
3) ont été baptisés à la ressemblance de sa mort. D'ailleurs ils ont été ensevelis avec Christ, par le baptême, pour leur enseigner une autre leçon, c'est que, quoiqu'ils soient morts par le péché, cependant comme Jésus-Christ est ressuscité des morts par la puissance de son Père, afin de vivre éternellement, ils seront aussi ressuscités par cette même puissance pour marcher avec lui dans cette vie nouvelle et éternelle qu'ils ont reçue par lui ; car puisqu'ils ont été plantés ensemble (4) avec Christ dans le baptême à la ressemblance de sa mort, comme occasionnée par le péché, certainement par leur sortie de l'eau, ils apprennent qu'ils seront aussi ressuscités à la ressemblance de sa résurrection ; ils apprennent aussi que leur vieille nature corrompue a été crucifiée avec lui, que le corps du péché sera détruit, afin qu'ils ne soient plus des esclaves occupés dans cette vie à servir le péché. Il n'a point de droit pour régner sur eux, car comme l'esclave qui est mort est libre de son esclavage, de même celui qui est mort par le péché est quitte du péché, (5)

Ainsi, comme la mort de Christ était le moyen par lequel le péché avait été détruit, et comme son séjour dans le tombeau était une preuve de la réalité de cette mort, de même, le baptême du fidèle est une figure de la délivrance complète du péché et signifie que Dieu lui impute la mort de Christ, comme si c'était sa propre mort ; c'est aussi une figure de la purification du fidèle pour le service de Dieu, comme la résurrection de Christ était un témoignage divin de sa justification de tous les péchés dont il s'était chargé ; le fidèle jouit de ces bénédictions par cette foi qui unit son âme à Christ, et qui est formée dans
son coeur par le même pouvoir qui ressuscita Jésus-Christ des morts et qui ressuscitera son peuple au dernier jour.

La doctrine de la justification par le sang de Jésus-Christ, au lieu de donner aucune permission ou aucun encouragement pour continuer dans le péché, condamne donc le péché en la chair, en même temps que ce sang affranchit de la loi du péché, et de la mort.
Elle découvre le péché et ses funestes conséquences sous leur forme la plus hideuse, et déploie en même temps, la miséricorde et l'amour de Dieu, de la manière la plus attrayante. Les fidèles de Christ sont considérés comme étant punis de mort en lui, suivant la sentence originaire et irrévocable prononcée contre l'homme à cause de sa transgression. Mais comme Jésus est ressuscité des morts par le pouvoir du Père, eux aussi seront ressuscités avec lui.

C'est pourquoi ils sont obligés par les considérations réunies de la crainte et de l'amour, de la reconnaissance et d'une joyeuse espérance, à régler les actions de la vie qui leur est ainsi donnée, d'une manière nouvelle et sainte.
Étant baptisés en Christ, en qui ils sont rendus accomplis, ils doivent être conformes à lui, ils doivent se séparer du péché non-seulement par la mutilation d'un de ses membres, mais en détruisant son corps entier. Ils doivent s'en dépouiller comme on quitte un vieux vêtement que l'on renonce pour toujours à porter ; ils doivent le crucifier avec Christ, pour qu'il soit complètement détruit.

Le baptême, qui est un signe cérémoniel de l'initiation dans la vie nouvelle où entrent les fidèles, leur montre de la manière la plus forte, la nécessité de la pureté morale, les moyens d'y pourvoir conformément à l'évangile et leur obligation de renoncer à toute chose incompatible avec le service de Dieu.
« Vous êtes tous enfants de Dieu par la foi en Jésus-Christ, car vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. »

C'est cette union des fidèles avec Christ, qui est répétée en tant de manières et montrée partout dans les écritures, comme le seul fondement de la sanctification qui, suivant les desseins inaltérables de Dieu et sa confiance dans leur exécution, est inséparable de la justification.

8-10. Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui ; Sachant que Christ étant ressuscité des morts ne meurt plus, et que la mort n'a plus d'empire sur lui. Car ce qu'il est mort, il est mort une fois à cause du péché ; mais ce qu'il est vivant, il est vivant à Dieu.

Christ est le chef des croyants et ils sont unis avec lui en tout ce qu'il a fait. C'est pour eux qu'il a vécu, qu'il est mort et qu'il est ressuscité. Il est donc aussi certain qu'ils vivront à jamais avec lui, qu'il l'est qu'ils moururent avec lui. Cette persuasion est fondée sur sa résurrection des morts, qui est une preuve qu'il ne meurt plus. Il est à la vérité mort une fois pour le péché ou par le péché, mais il vit par la puissance de Dieu qui l'a ressuscité des morts ; aussi sa vie est une vie immortelle. Et comme cette vie depuis sa résurrection, durera toujours, de même la vie spirituelle que son peuple reçoit de lui, sera éternelle
Les fidèles « sont mis à couvert de la mort seconde. » C'était seulement dans sa nature humaine que Christ pouvait mourir ; la vie de sa nature humaine est rétablie par Dieu et soutenue par lui.

11. Vous aussi tout de même faites votre compte que vaut êtes morts au péché, mais vivants à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.

Comme Christ est mort par le péché et qu'il vit par la puissance de Dieu, les croyants, qui ne sont qu'un avec lui, doivent aussi se croire morts par le péché, et ressuscités par Dieu lui-même, qui de sa propre volonté les a engendrés, (
Jac. I. 18) dont ils sont les enfants, (I. Jean III. 2) en qui leur vie est cachée avec Christ, (Col. III. 3) et par qui elle est conservée.

Comme il est dit dans le verset précédent que Christ est mort
par le péché, et non au péché, il paraît comme nous l'avons dit, que cette expression, lorsqu'elle est appliquée aux fidèles dans ce chapitre, doit être traduite de même.
L'Apôtre ne répond pas à l'objection contenue dans le premier verset, que les croyants ne sont plus capables de pécher, parce qu'ils sont morts au péché.
Voici en quoi consiste la force de la réplique de Paul. Le fondement de la justification libre, n'est point que la punition du péché soit remise aux fidèles, mais que cette punition méritée, ait été soufferte par Jésus-Christ.
Une des fins de la punition du péché, est de détourner de le commettre ; il est donc clair que Dieu qui l'a infligée au Rédempteur, sacrifié pour son peuple, a eu en vue, en cela, de contenir l'iniquité.

Lorsque quelqu'un a le sentiment que le pardon de ses péchés est le résultat de la punition endurée par Christ, il doit avoir relativement au péché les mêmes idées, que s'il avait éprouvé lui-même ce terrible jugement prononcé contre lui, et qu'il soit éloigné du péché par l'idée des souffrances de Jésus, comme si elles lui avaient été propres. Il suit évidemment de là que les procédés de Dieu dans la justification, au lieu d'ouvrir la porte au péché, détournent au contraire les croyants de le commettre, et cela, par les motifs les plus efficaces.

12-14. Que le péché ne règne donc point en votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises ; Et n'appliquez point vos membres pour être des instruments d'iniquité au péché ; mais appliquez-vous à Dieu comme de morts étant faits vivants, et appliquez vos membres pour être des instruments de justice à Dieu. Car le péché n'aura point d'empire sur vous, parce que vous n'êtes point sous la Loi, mais sous la Grâce.

La considération de leur mort par le péché et de leur vie par Dieu, est pour les fidèles, le motif le plus puissant, pour ne pas s'abandonner plus longtemps à être esclaves du péché, mais au contraire, pour se rendre entièrement à Dieu. Les versets dont nous nous occupons, contiennent une exhortation faite aux fidèles de remplir leurs devoirs, et en même temps une promesse qu'ils seront capables de s'en acquitter. Il leur est ordonné de ne point souffrir que le péché règne dans leurs corps mortels, qui pour la destruction totale de leur vieille nature, sont restés soumis à la mort temporelle.

Par l'intermédiaire de leur corps, qui les lie encore
au présent siècle mauvais (Gal. 1.4) ils seront tentés de commettre le péché, mais ils ne doivent plus appliquer leurs membres à être les instruments de ces transgressions, ils ne doivent plus souffrir que le péché règne en eux, comme autrefois il régna quand il exerçait le principal empire sur l'âme et qu'il soumettait l'homme à son influence. Le chrétien qui est le meilleur et le plus avancé dans la sainteté, conserve toujours en lui des restes de sa corruption, car la perfection n'appartient pas à notre état actuel, et celui qui dit qu'il est sans péché se séduit lui-même et la vérité n'est point en lui. (I. Jean 1. 8) Mais le fidèle doit résister à la tentation et ne point ouvrir la voie à sa propension naturelle vers le mal, mais agir au contraire comme celui qui est régénéré, et de mort étant fait vivant, il doit user de tous ses moyens pour le service de Dieu, ayant obtenu l'assurance que le péché, dont il était auparavant l'esclave volontaire, lorsqu'il marchait selon le train de ce monde, ne peut plus avoir d'empire sur lui.
Il n'est plus sous la malédiction de la loi, pour être livré à une punition éternelle, car Christ a été livré lui-même, et fait malédiction pour lui ; (
Gal. III, 13) il partage la faveur de Dieu, qui l'a délivré de cette punition et a assuré ses bénédictions. Le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera de mal. (II. Thes. III, 3. I, Cor. 1.8, 9)

Ce qui est ordonné aux fidèles dans le
11.e verset, est ce qui leur est promis dans le quatorzième. Ils apprennent par là que les bénédictions qui leur sont promises ne doivent point arrêter leurs efforts. Il est vrai que le salut n'est ni du voulant ni du courant, (Rom. IX. 16) mais après que les chrétiens sont appelés et justifiés par la grâce de Dieu, il faut qu'ils veuillent, qu'ils courent, qu'ils s'efforcent de combattre contre leur corruption, et qu'ils attendent de Dieu, dans de ferventes et continuelles prières, les secours nécessaires pour la vaincre. Car quoique la loi ait été complètement satisfaite par l'obéissance de Christ, cependant elle n'est point anéantie, relativement aux fidèles par la foi et l'imputation de sa justice.
Ni l'une ni l'autre, ne les exempte de l'obéissance qui est prescrite par la loi, Ils sont toujours obligés par elle
à aimer le Seigneur leur Dieu de tout leur coeur et leur prochain comme eux-mêmes. Ils sont, il est vrai, affranchis de la loi et de l'obligation de ses commandements, en tant qu'elle demeure dans cette première signification, fais cela et vis, ou comme il est dit, avec des expressions opposées, maudit soit celui qui pèche. Car celui qui est soumis à l'obligation de la loi, pour obtenir la justification, est sous la malédiction.
Mais les chrétiens ont été rendus libres d'obéir à la loi, par les motifs et pour les fins de l'évangile, et l'obligation imposée par cette loi est telle, que la moindre transgression est un péché, cependant ils ne sont point par là livrés par la loi à une punition éternelle.
Il n'y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. (Rom. VIII. 1)

La loi demande pourtant, autant d'obéissance pour tous les devoirs qu'elle impose, que pour un seul ; quant à son pouvoir obligatoire, elle n'est point susceptible de dispense ou de relâchement tant que les différences essentielles du bien et du mal subsistent ; et si personne ne peut être obligé à l'accomplissement de ces devoirs par la force de ses commandements, à moins de tomber sous la malédiction pour chaque transgression dont il serait coupable, il faut ou qu'elle ne soit pas obligatoire, ou que personne ne soit sauvé.
Quoique les croyants soient dès-lors affranchis de la malédiction et du pouvoir de condamnation de la loi, au moyen de l'expiation de Jésus-Christ, cependant, tant qu'ils sont dans le monde, pour l'accomplissement des desseins de Dieu, relatifs au rétablissement de leur âme à son image, ils sont obligés de faire tous leurs efforts pour parvenir à la sainteté et à l'obéissance que la loi demande. Si pourtant on pressait l'objection et que l'on dît quelle sera la force des commandements de Dieu, si l'homme peut être justifié, sans leur obéir, par l'imputation de la justice de Christ ? Nous répondrons que l'Apôtre ne parle ici que des croyants desquels il est dit,
qu'ils sont créés en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées afin qu'ils marchent en elles ? (Eph. II. 10)

Supposer que l'autorité de Dieu n'influe point sur leurs esprits, relativement à l'accomplissement de leurs devoirs, plus efficacement que si c'était de ces devoirs que dépendît leur justification, ce serait montrer une grande ignorance du vrai principe de l'obéissance à la loi, qui est l'amour, et de la manière dont les pensées des fidèles sont affectées. Le Saint-Esprit, par le moyen de la foi, détermine l'âme à obéir à la loi, et les obligations qui sont ainsi imposées à ceux qui sont justifiés, les lient plus fortement par l'amour et la reconnaissance, que si elles étaient présentées comme des moyens de justification. Dieu a mis sa loi dans l'esprit de ceux qui sont de la foi, et il l'a écrite dans leurs coeurs. Il est leur Dieu, et ils sont son peuple. (Héb. VIII. 10)

15-16. Quoi donc ? pécherons-nous parce que nous ne sommes point sous la Loi, mais sous la Grâce ? à Dieu ne plaise ! (6) Ne savez-vous pas bien qu'à quiconque vous vous rendez esclaves pour obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort ; soit de l'obéissance qui conduit à la justice ?

Quant à l'objection que cette doctrine qui établit que les croyants sont sous la grâce et non sous la loi, est un encouragement au péché ; l'Apôtre la repousse avec force : il affirme que c'est impossible. Si un homme, d'après ce raisonnement, et attendu qu'il n'est plus sous la loi, péchait volontairement, ce serait une preuve évidente qu'il ne serait pas sous la grâce.
On connaît l'arbre à ses fruits, on peut, à la vérité, professer le christianisme, paraître à quelques égards servir Dieu, et être habituellement livré à une conduite criminelle et des plaisirs réprouvés, mais pour juger quel maître on sert, il suffit de savoir quel est celui dont on observe volontairement les commandements. Soit que l'on obéisse aux inclinations pécheresses du coeur, qui conduisent à la mort, ou à la disposition spirituelle à l'obéissance et au service de Dieu.
Ceux qui sont de Christ, ont crucifié la chair avec ses affections et ses convoitises. (Gal. V. 24)

Cette lumière de la foi, cette lumière qui sauve, est un rayon du soleil de justice lui-même, qu'il envoie dans l'âme ; et qui fait qu'elle discerne ses incomparables beautés, cette vue l'éloigne de tous ces désirs, de toutes ces convoitises qui lui paraissent alors ce qu'elles sont en effet, la bassesse et l'impureté mêmes : elle fait que l'âme s'étonne elle-même d'avoir si longtemps aimé cette infamie, et la détermine entièrement au choix de Jésus-Christ, « Le Porte-enseigne choisi entre dix mille, (
Cant. V. 10) plus beau qu'aucun des fils des hommes ; (Ps. XLV. 3) la splendeur de la gloire de son Père et l'empreinte de sa personne. » (Héb. l. 3)

L'homme animal peut parvenir à bien parler de la doctrine de Christ, et être cependant ensuite ignorant relativement à Christ et à son salut ; et ainsi son âme reste dans les chaînes des ténèbres, ainsi il conserve un esprit charnel et demeure dans l'asservissement de ses convoitises : mais l'âme qui a connaissance de Christ, peut repousser les basses sollicitations et les impuretés du péché qui régnait auparavant sur elle. Lorsqu'elle ne connaissait rien de meilleur que ces convoitises, elle les croyait aimables et agréables, mais un coup d'oeil de la face de Jésus, lui a fait voir qu'il n'y avait en elles que ténèbres et difformité. Aussitôt que Christ lui est apparu, elles ont perdu tout leur crédit sur l'âme, toute l'estime qu'elle leur donnait, et elles l'ont perdu pour jamais.

17-18. Or grâces à Dieu de ce qu'ayant été les esclaves du péché, vous avez obéi du coeur à la forme expresse de la doctrine dans laquelle vous avez été élevés. Ayant donc été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice.

Paul remercie Dieu de ce que ceux à qui cette épître est adressée, ressentent les heureux effets de la foi de Christ. Ils avaient d'abord été les esclaves du péché, comme le sont tous les hommes sans exception, jusqu'à ce qu'ils soient convertis à Dieu. (Tit. III. 3) Mais depuis ils avaient obéi à la vérité, et avaient été revêtus du nouvel homme, créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté, (Eph. IV. 24) comme un métal jeté dans un moule en reçoit l'empreinte, de même ils avaient obéi de coeur, à la doctrine sur laquelle ils avaient été moulés (7) Étant ainsi affranchis de la domination du péché, (8) ils étaient devenus serviteurs de la justice. Jésus dit lui-même, « si vous persistez dans ma parole vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » (Jean VIII. 31, 32)

19-20. (Je parle à la façon des hommes, à cause de l'infirmité de votre chair.) comme donc vous avez appliqué vos membres pour servir à la souillure et à l'iniquité, pour commettre l'iniquité ; ainsi appliquez maintenant vos membres pour servir à la justice en sainteté. Car lorsque voue étiez enclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice.

Comme l'homme est naturellement tardif de coeur pour entendre les choses spirituelles, il faut nécessairement les représenter sous des images sensibles : c'est par ce motif, que l'Apôtre se sert d'une manière figurée de parler, et en rappelant aux fidèles de Rome, qu'ils avaient autrefois appliqué leurs membres à la souillure et au crime, entassant iniquité sur iniquité, il les exhorte à présent à croître de plus en plus dans la sainteté du coeur et la pureté de la conduite. Car
quand ils servaient le péché, ils étaient libres à l'égard de la justice, non pas assurément, qu'ils le fussent des obligations qu'elle impose, mais ils n'étaient point empêchés par elles de suivre leurs inclinations charnelles ; chacun sert ou le péché ou la justice ; ces deux services sont incompatibles, nul ne peut servir deux maîtres. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. (Matt. VI. 24)

Les croyants peuvent à la vérité, par occasion, tomber dans le péché, et ce qui reste en eux de la nature corrompue, les empêche de poursuivre la course qui leur est proposée, avec toute la vivacité et la promptitude qu'ils désireraient, Tellement qu'ils ne font point les choses qu'ils voudraient. (Gal. V. 17) Mais leur conduite habituelle, montre quel est celui qu'ils servent.

21-22. Quel fruit donc aviez-vous alors des choses dont maintenant vous avez honte ? certes leur fin eut la mort. Mais maintenant que vous êtes affranchis du péché, et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sanctification, et pour fin la vie éternelle.

Outre les motifs que l'Apôtre a déjà donnés, les fidèles doivent être conduits à servir Dieu plutôt que le péché, d'abord à cause de la nature et des suites de celui-ci ; il est honteux, il ne satisfait pas, et sa fin c'est la mort : ensuite parce que tous les préceptes de Dieu tendent à la sainteté et à la perfection au bonheur.
Paul en appelle ici à ceux à qui il s'adresse, et à leur expérience, tant dans le service du crime que dans celui de la sainteté. Ils étaient honteux et affligés au souvenir de leur conduite passée, lorsqu'ils étaient esclaves du péché et de Satan,
par qui ils avaient été pris pour faire sa volonté. (II. Tim. II. 26)

Lorsqu'ils étaient
rebelles, abusés, asservis à diverses convoitises et voluptés, (Tit. III) conformes au monde, et marchant suivant son train. (Rom. XII. 2) Mais depuis, ils s'étaient chargés du joug léger de Jésus-Christ ; les mouvements irréguliers de leurs passions étaient assujettis ; leur conduite était sainte, et ils étaient transformés par le renouvellement de leur entendement, et éprouvaient quelle est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite. (Rom. XII. 2)
Les hommes du monde ne connaissent que la première de ces voies ; ils y trouvent avec la vanité, les peines et le mécontentement qui l'accompagnent. Les chrétiens l'ont suivie pendant quelque temps, mais Dieu les en a retirés, ils se sont tournés vers lui, dans une direction opposée à la première.

Ayant achevé de répondre victorieusement à l'objection, que la doctrine qu'il enseignait conduisait les hommes à vivre dans le péché. l'Apôtre assure ici ceux à qui il écrit, qu'en ayant été affranchis, et étant devenus serviteurs de Dieu,
ils avaient leurs fruits dans la sanctification, et pour fin la vie éternelle.
Cet heureux résultat est assuré à tous les croyants comme nous le verrons avec plus de détail dans le chapitre VIII.

D'après l'ordre de Dieu, Christ, qui est le garant de ses fidèles, leur a procuré le Saint-Esprit, et tous les secours de la grâce, nécessaires tant pour devenir de nouvelles créatures, que pour rendre obéissance à Dieu, d'après de nouveaux principe d'une vie toute spirituelle et pour continuer fidèlement jusqu'à la fin.
C'est ainsi que la sécurité des croyants, et l'impossibilité où ils sont de déchoir de l'état de grâce, est pour eux une sûreté de ne pas pécher, c'est-à-dire de ne point tomber sous la domination du péché. Leur pardon est sûr, parce que leur foi et leur sainteté sont assurées par les promesses de Dieu ; et supposer qu'une personne s'abandonne sans frein au péché à cause de la persuasion où elle est que son salut est assuré par la première acceptation de Christ, c'est faire une supposition qui contredit les écritures. « Quiconque, est né de Dieu ne vit point dans le péché, car la semence de
Dieu demeure en lui, et il ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu. » (I. Jean III. 9) De saintes dispositions sont introduites dans son âme et elles exercent constamment leur influence, « Car si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées : voici toutes choses sont devenues nouvelles. » (II. Cor. V. 17)

23. Car les gages du péché, c'est la mort ; mais le don de Dieu, c'est la vie éternelle par Jésus-Christ notre Seigneur.

Les gages du péché, ce qu'il mérite, ce à quoi il conduit, c'est la mort : pendant que la vie éternelle, est un
don libre de Dieu, par Jésus-Christ. Ainsi quelques objections que l'on fasse, puisqu'elle est un don que Dieu accorde librement, l'homme ne peut pas la mériter plus ou moins, par aucun moyen. Ceux qui nient cette vérité, ou qui l'expliquent d'une autre manière, s'opposent directement à ce passage, ainsi qu'à toute la suite des raisonnements de l'Apôtre.
Il revient ici au point d'où il était parti en établissant que tout le monde avait péché, mais que ceux qui croyaient étaient justifiés gratuitement par la grâce qui leur avait été accordée au moyen de la rédemption en Jésus-Christ. (
Rom. III. 22. 23)

Ceux dont les coeurs ne s'humilieront pas pour recevoir ce
don libre avec gratitude, ne jouiront pas de la vie éternelle. Christ ne profitera de rien (Gal. V. 2) à ceux qui regardent les oeuvres, comme pouvant, du moins en partie, leur donner quelque droit à cette félicité.
Ils s'attachent, pour leur justification, à cette loi qui exige que l'on aime Dieu de tout son coeur, de tout son âme, de toute sa pensée, et toute la malédiction prononcée par elle, tombera sur tous ceux qui cherchent le salut dans son exécution, et qui du commencement jusqu'à la fin de leur vie, ne l'ont point observée sans la violer ni la négliger jamais.
Quelqu'un prétendra-t-il l'avoir fait (il est inutile de lui demander si c'est pendant le cours entier de la vie) seulement pendant un seul moment ou pour une seule action ? Cependant combien n'y a-t-il pas d'hommes qui cherchent à faire
des retraites du mensonge et refusent de se soumettre à la justice de Dieu. « Car, le lit sera trop court et on ne pourra s'y étendre, et la couverture trop étroite quand on voudra s'envelopper. Ainsi, a dit l'Éternel, voici je mettrai pour fondement une pierre, en Sion, une pierre éprouvée, la pierre de l'angle le plus précieux pour être un fondement solide ; celui qui croira, ne se hâtera point ; et je mettrai le jugement à l'équerre, et la justice au niveau et la grêle détruira la retraite du mensonge et les eaux inonderont les lieux où on se retirait...... Voilà vous tous qui allumez le feu et qui vous ceignez d'étincelles, marchez à la lueur de votre feu, et dan les étincelles que vous avez embrasées. Ceci vous a été fait de ma main, vous serez gisants dans les tourments. » (Esa. XXVIII.16-20)
La mort temporelle est la fin de la vie la plus pieuse comme la plus impie, mais ici, dans le sens de l'Apôtre, ce mot a sa signification la plus étendue, et est opposé à la vie éternelle.
Pendant que la doctrine d'un bonheur éternel est généralement admise, des hommes révoquent en doute l'éternité des peines. Les livres saints expriment cependant aussi clairement et aussi évidemment l'une que l'autre. Ils se servent des mêmes mots pour exprimer l'une et l'autre durée.
Ceux-là s'en iront aux peines éternelles mais les justes iront jouir de la vie éternelle. (Matt. XXV. 46)

Il est impossible de placer là l'idée d'une restauration à venir. À cause de la dureté de son coeur, l'homme est insensible au grand mal du péché, et les menaces de ces punirions qui lui sont réservées, d'après la parole de Dieu, choquent cette insensibilité, et lui semblent injustes et impossibles.
Le serpent. dit à la femme, vous ne mourrez nullement. (Gen. III. 4) C'est de la même manière qu'il veut à présent suggérer que la doctrine de la punition éternelle, quoique affirmée par le Seigneur, dans la description du jugement dernier, et plusieurs fois enseignée par lui pendant son séjour sur la terre, est contraire à toutes les idées que les hommes peuvent se faire de la bonté et de la miséricorde de Dieu,

« Si ta main te fait broncher coupe-la ; il vaut mieux que tu entres manchot dans la vie que d'avoir deux mains et d'aller dans la Géhenne, au feu qui ne s'éteint point ; là où leur ver ne meurt point et le feu ne s'éteint point : et si ton pied te fait broncher, coupe-le ; il vaut mieux que tu entres boiteux dans la vie que d'avoir deux pieds et d'être jeté dans la Géhenne, au feu qui ne s'éteint point, là où leur ver ne meurt point et le feu ne s'éteint point : et si ton oeil te fait broncher, arrache-le ; il vaut mieux que tu entres dans le royaume de Dieu n'ayant qu'un oeil que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans la Géhenne du feu là où leur ver ne meurt point et le feu ne s'éteint point, car chacun sera salé de feu et toute oblation sera salée de sel. (
Marc IX. 43-45) »

Dans ce passage, ces expressions répétées,
leur ver ne meurt point, aussi bien que celles-ci, le feu ne s'éteint point, sont absolument contraires à toute idée, soit d'anéantissement, soit d'une future restitution au bonheur.
Sous la loi les victimes offertes en sacrifice devaient être salées avec du sel. (
Lev. II. 13) Le sel est un emblème de l'incorruptibilité, et son usage annonçait la perpétuité de l'alliance de Dieu avec les croyants. C'est de la même manière que tous les sacrifices faits à la justice divine, seront salés avec du feu.
Chaque pécheur sera conservé par le feu lui-même, pour devenir incombustible et pouvoir endurer, pendant l'éternité, les tourments qui lui sont destinés. C'est pour cela qu'il peut être dit
salé par le feu, en faisant allusion à la propriété du sel de préserver les corps de la corruption. La juste vengeance de Dieu sera d'une nature, telle qu'elle rendra incorruptibles les héritiers de l'enfer, dont la misère n'aura point de fin, non plus que la félicité des justes.

« Malheur (dit Jésus) à l'homme par qui le fils de l'homme est trahi ; il eût été bon pour cet homme-là de n'être pas né. » (
Marc XIV. 21) Si la punition des méchants dans l'état futur, devait avoir un terme, fut-ce dans la période la plus reculée, et que ce châtiment dût être suivi d'un bonheur éternel, ce qui est dit ici de Judas, ne serait point vrai. Quoiqu'en disent quelques personnes qui voudraient le combler, il a été déclaré qu'il y a « un grand abîme » (Luc XVI. 26) entre le séjour du bonheur et celui de la misère, et que tout passage de l'un à l'autre est absolument impraticable.

Sur le sujet de l'éternité des peines, nous pouvons citer l'opinion de quelques-uns de ces premiers écrivains du christianisme que l'on nomme
les Pères.
Nous sommes bien loin à la vérité, d'attacher le plus léger degré d'autorité, à ce qu'ils ont écrit ou dit. Leurs opinions aussi bien que les nôtres, doivent être attestées par les écritures ; aucun homme, aucun, corps d'hommes, à quelque époque qu'il ait existé, ne peut y ajouter ni en retrancher une seule parole, et ne peut en donner aucune interprétation, qui, à raison de son auteur ou de ses auteurs, puisse lier la conscience des autres.

La parole que Jésus a annoncée sera celle qui nous jugera au dernier jour. (
Jean XII. 48) Nous pouvons cependant répéter leurs expressions.
Clément Romain dit : si nous ne faisons la volonté de Christ, nous serons livrés à une punition éternelle.
La punition des damnés, dit Justin, martyr, est sans fin ; c'est un tourment dans un feu éternel.
Irénée, dans son
symbole de foi, dit dans un article exprès, que Jésus-Christ enverra les impies et les injustes dans un feu éternel.
Tertullien déclare que tous les méchants sont destinés à des tourments éternels, et si quelqu'un pense, dit-il, que les pécheurs sont consumés et non punis, qu'il se rappelle que le feu de l'enfer est appelé éternel, parce qu'il est établi pour une punition éternelle, et que leur substance durera toujours, parce que leur punition ne doit point finir.
Cyprien affirme que les âmes des criminels, réunies à leurs n'aurait point fourni une preuve aussi évidente de la pureté de Dieu. On voit que lors même que l'Éternel est disposé à la miséricorde, il attend pour l'exercer que sa justice soit satisfaite.

Peut-on réfléchir à ces vérités, sans être profondément convaincu que c'est un Dieu qui a les yeux trop purs pour voir le mal, (
Hab. I. 13) et avec qui l'injustice ne peut avoir aucune communion ? Quel est celui qui après ces réflexions pourra espérer sa faveur, tant qu'il retiendra l'amour du péché, et se flatter d'habiter en sa présence, tant qu'il sera encore taché de sa souillure ?
Tous ceux qui voient la nécessité de l'expiation du Rédempteur, sentent qu'il serait contradictoire en soi-même, et incompatible avec la sagesse et l'uniformité du gouvernement de Dieu, de supposer que c'est l'impunité pour les pécheurs, et la licence d'offenser Dieu, que Christ à achetée au prix de son sang. Ils doivent voir que Dieu ne peut haïr le péché avant l'expiation de Christ, et l'aimer après ses souffrances, et que s'il a trouvé nécessaire de le punir si sévèrement, dans le Garant des fidèles, il ne peut ensuite le supporter et l'avoir pour agréable, dans ceux pour qui ce Garant a satisfait.
Loin de croire qu'ils aient la liberté de pécher, ils sont disposés à s'écrier au contraire, « qui pourrait subsister en la présence, de l'Éternel, ce Dieu saint ? » (
I. Sam. VI. 20)

Ce qui montre encore dans cette doctrine, la pureté de la nature divine, est que le rapprochement continuel entre Dieu et ceux qui sont justifiés est opéré par un intercesseur et un avocat. Il contribue à conserver continuellement dans leurs coeurs, ce sentiment de la sainteté divine et de leur propre indignité, qui ne leur permet de s'approcher de l'Éternel, que par l'intercession d'un autre.
Ceux qui croient à la justification par l'imputation de la justice de Christ doivent encore être portés à l'obéissance de la manière la plus forte par les motifs de gratitude et de reconnaissance qu'ils doivent à Dieu. L'expression simple et naturelle de ces sentiments consiste à vivre d'une vie pure et sainte, à se dévouer à son service, à le servir, à faire sa volonté, à l'honorer.
L'inexprimable grandeur des bénédictions qu'ils ont reçues, leur délivrance d'une misère et d'une angoisse éternelle, le droit qui leur a été donné à la gloire et au bonheur éternel, la condescendance infinie et pleine d'affection du grand et glorieux auteur de ces dons - quand miséricordieux envers ceux qui loin de le servir provoquaient hautement sa colère - il a suscité pour eux celui qui était puissant pour les sauver ; les moyens étonnants employés à l'exécution de ce dessein, Dieu, n'épargnant pas son propre Fils, mais le livrant à la mort.
Le sentiment que les croyants ont de leur misère et de leur indignité, tout impose à leur reconnaissance la plus forte obligation de faire la volonté de leur Dieu. Avec quelle ardeur ne chercheront-ils pas, avec quelle joie n'embrasseront-ils pas les occasions de prouver leur reconnaissance 
? Le nom de leur Rédempteur ne leur sera-t-il pas cher comme un parfum répandu ? (Cant. I. 3)

Ceux qui croient à l'imputation de la justice de Christ, et qui espèrent d'être sauvés seulement par elle, doivent être remplis d'un extrême amour pour Dieu.
L'amour est le plus puissant moyen de produire l'amour. Aussi l'apôtre Jean dit-il, « nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous. Dieu est amour, » et peu après, « nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier. 
» (I. Jean IV. 16. 19)

Les faveurs infinies et ineffables que Dieu a répandues sur ses enfants, toutes les circonstances qui les ont préparées, les moyens par lesquels elles ont été accordées, doivent exciter l'amour le plus ardent et porter les croyants à en donner tous les témoignages. Mais la considération de ces bénédictions accordées comme des grâces libres et imméritées, est particulière à ceux qui croient que leur justification vient seulement de l'imputation de la justice de Christ. Car quoique il y ait des hommes qui se disent chrétiens, et qui déclarent ne reconnaître aucun mérite dans l'homme, il n'y a que ceux dont nous avons parlé qui prouvent par les principes qu'ils avouent et par leur langage usuel qu'ils ne les supposent pas.
Ceux-là croient, non-seulement que la miséricorde de Dieu n'est pas méritée, mais encore qu'ils ont justement mérité sa colère et son indignation ; qu'ils les ont méritées continuellement, même dans leur état le meilleur ; que leurs actions les plus saintes et les plus pures, sont tellement mêlées de péché, corrompues par un alliage d'impureté, que si elles étaient pesées dans l'exacte balance de la justice, elles suffiraient pour les faire condamner. « L'amour de Christ nous contraint, tenant ceci, pour certain, que
si un est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent point dorénavant pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (II. Cor. V. 14)
Dans le coeur de ceux qui sont justifiés par la foi, l'amour de Dieu, comme le dit l'Apôtre dans le chapitre précédent, est répandu par le Saint-Esprit qui leur a été donné, et cet amour est le principal mobile de toutes leurs actions. Il montre constamment son influence, autant qu'elle n'est point contrariée par les efforts de ce qui reste dans l'homme de cette loi dans ses membres qui combat la loi de son entendement.

Aussi longtemps que le pécheur continue à vivre sous le fardeau de sa coulpe non pardonnée ; aussi longtemps qu'il voit chaque perfection de Dieu, armée contre lui de terreur, il ne peut avoir qu'une crainte servile : mais lorsqu'il entend la gracieuse promesse du pardon, lorsqu'il connaît le fondement juste sur lequel est établi ce pardon, il le saisit comme son propre bien, et est uni à Dieu d'un amour sincère. Il place uniquement toute sa confiance dans les mérites du Seigneur Jésus
, et attribue à Dieu toute la gloire de son salut.

Un chrétien est persuadé que Dieu a pris son bon plaisir en son Fils bien aimé, et que tout ce qui est nécessaire pour qu'il soit recommandé à la faveur divine fût accompli par Jésus sur la croix, lorsqu'il dit,
tout est accompli, et qu'il rendit l'esprit. (Jean XIX. 30)
C'est le principe qui influe sur ses actions et qui le conduit dans la vie. C'est l'étoile polaire qui le guide et l'empêche de se perdre dans l'obscurité des conjectures oiseuses que le sage du monde fait sur le bonheur et sur la vertu.
Cette vérité lui enseigne à aimer Dieu et ses commandements, il y trouve les motifs du renoncement à soi-même le plus grand et le plus réel. La persuasion où il est que le caractère de Jésus est si agréable aux yeux de Dieu, qu'il procure sa faveur au coupable, l'engage à imiter ce divin chef, car il est clair que s'il dit qu'il croit en lui et qu'il ne l'imite pas, ce qu'il dit est faux.
C'est ainsi qu'il est conduit dans le sentier de la vertu la plus agréable à Dieu, quoiqu'il voit par l'exemple de Jésus-Christ, son véritable modèle, que ce n'est point le sentier de l'honneur du monde ; étant ainsi excité par la gratitude et l'amour, il ne travaille point au labeur inutile de chercher à acquérir un titre à la faveur divine, mais son obéissance est l'expression continuelle de sa reconnaissance envers Dieu pour le libre don de cette justice que son Fils a été envoyé pour opérer, qu'il a accomplie sur la croix, et que le fidèle regarde comme un titre à la miséricorde divine, suffisant pour le plus coupable des hommes.

Honorer Dieu dans son coeur et le servir pendant la vie, est le premier et le plus vif désir de celui qui est né de nouveau. Cela n'est point et ne peut être ainsi pour celui qui est dans l'état naturel. Il est aisé de voir par-là pourquoi les hommes selon le monde ont un tel amour pour leur propre justice, tandis que ceux qui aiment Dieu sont remplis d'horreur pour ce mensonge destructeur.

Il paraît d'abord étrange que ce soient ceux qui ne sont chrétiens que de nom, ceux qui évidemment ne sont point les plus rigides sur la morale, qui soient les admirateurs et les défenseurs de la doctrine de la justification par les oeuvres, qui combattent si fortement celle de la justification par la foi, sans les oeuvres de la loi, et qui méprisent la doctrine de la grâce de Dieu ; mais il est aisé de résoudre cette difficulté : ces personnes n'ont point de justes idées de l'étendue et de la spiritualité de la loi de Dieu, et elles repoussent avec indignation l'idée que les hommes puissent être justement condamnés pour ne lui avoir pas rendu une obéissance complète ; elles n'ont pas un juste sentiment de l'obligation naturelle et inaltérable de le glorifier dans leurs pensées, dans leurs paroles et dans leurs actions, de sorte qu'elles regardent comme un service méritoire, tout ce qu'elles font dans des vues religieuses, et qu'elles pensent que certainement quelque chose leur est dû pour cela ; elles pensent que si elles vivent sobrement, régulièrement et d'une manière décente, surtout si elles sont exactes et ponctuelles dans la pratique des actes extérieurs de la religion, il serait très extraordinaire que Dieu ne fût pas à quelques égards, dans l'obligation de les récompenser.
C'est un service pénible pour elles, un service qu'elle font seulement pour être récompensées, ou au moins pour n'avoir point à souffrir de l'avoir négligé. Il n'est pas étonnant d'après cela, qu'elles insistent sur son mérite.

D'un autre côté, ceux qui sont nés de Dieu, ont le sentiment que le devoir de toute créature raisonnable est de l'aimer de tout son coeur, et de consacrer tous ses moyens et toutes ses facultés au service de son Créateur. Ils sont convaincus, que celui-là même qui serait sans péché, n'aurait fait que ce qui est juste et équitable, et n'aurait point pour cela de mérite à alléguer.
Mais c'est surtout lorsqu'ils voient combien le péché leur est inhérent, combien ils sont loin de remplir leur devoir dans toutes les circonstances, qu'ils réclament de Dieu la miséricorde et non la récompense, et qu'ils sont prêts à s'écrier avec le Roi prophète : « ô Éternel ! si tu prends garde , aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais il y a pardon , par devers toi, afin que tu sois craint . » (
Ps. CXXX. 3. 4) En un mot, l'obéissance que quelques personnes rendent à contre-coeur à la loi, est considérée par elles comme une dette qu'elles imposent à Dieu, tandis que l'obéissance vraie, est regardée par les autres comme une dette dont elles s'acquittent envers lui ; et il doit toujours arriver, par conséquent, que c'est l'imperfection même de l'obéissance qui augmente la disposition de l'homme à l'évaluer plus qu'elle ne le mérite, et à se confier sur elle pour le bonheur éternel, qu'il croit devoir en être la conséquence.

Notre Apôtre, en écrivant aux Colossiens, et les avertissant de se tenir en garde contre la séduction des hommes du monde, s'adresse à eux, presque dans le même langage qu'il emploie au commencement de ce chapitre.
« Prenez garde que personne ne vous gagne par la philosophie, et par de vains raisonnements, conformes à la tradition des hommes et aux éléments du monde et non point à la doctrine de Christ, car toute la plénitude de la divinité habite en lui corporellement, et vous êtes rendus accomplis en lui qui est le chef de toute principauté et puissance, en qui aussi vous êtes circoncis d'une circoncision faite sans main qui consiste à dépouiller le corps des péchés de la chair, ce qui est la circoncision de Christ, étant ensevelis avec lui par le baptême, en qui aussi vous êtes ensemble ressuscités par la foi de l'efficace de Dieu qui l'a ressuscité des morts. » (Col. II. 8-12)

Ici nous apprenons ce qu'est la circoncision du coeur. Elle est effectuée par l'opération régénératrice de l'Esprit-Saint, elle consiste à dépouiller le corps du péché, à mortifier les mauvaises dispositions, à renoncer aux oeuvres de la nature corrompue par la vertu de cette circoncision spirituelle dont Christ est l'auteur. La conformité dont il est parlé ici, avec le Sauveur crucifié et ressuscité, est effectuée par une foi qui se confie dans le pouvoir salutaire de Dieu qui l'a relevé d'entre les morts.
Le baptême des fidèles est l'emblème de leur mort par le péché, de leur renaissance à la justice et de leur consécration au service de Dieu. Ainsi l'Éternel non seulement, par le sang de Christ, a sauvé les hommes de la coulpe et de la punition de leurs fautes, mais encore les délivre par son Esprit-Saint, de la domination et du pouvoir du péché, renouvelant leurs pensées, et les rendant capables de le servir et de le posséder.

Jean observe que « Jésus est venu par eau et par sang et non seulement par l'eau, mais par l'eau et par le sang. » (
I. Jean V. 6) Ce sont les deux grandes branches du salut. Il est venu sauver les pécheurs, non par l'eau seulement, non pas seulement en leur enseignant la voie de la sainteté et en les rendant capables d'y marcher ; mais par l'eau et par le sang, c'est-à-dire, en satisfaisant pour leur coulpe, et en leur ouvrant ainsi la voie pour que leurs personnes et leurs oeuvres de foi et de charité soient agréables à Dieu.

La grande et céleste bénédiction de la sanctification, est donc le fruit de l'union avec Christ. C'est en vertu de cette union qui subside entre Christ comme le chef, et l'église comme son corps, que les élus de Dieu sont les objets de la grâce régénératrice, et possèdent le Saint-Esprit, suivant ces paroles instructives et si énergiques :
sans moi, sans l'union vivifiante avec moi, semblable à celle d'un sarment vivant d'un cep florissant, vous ne pouvez rien faire de vraiment bon, de vraiment agréable à Dieu.
C'est par l'esprit de vérité et la parole de la grâce qu'un pécheur peut être sanctifié comme il est écrit, vous avez
« purifié vos âmes en obéissant à la vérité par le Saint-Esprit. » (l. Pier. l. 22) Aussi nous lisons, « la sanctification de l'esprit, (II. Thess. II. 13) la sainteté de la vérité, » (Eph. IV. 24) et être « sanctifié par la vérité. »

En comparant ces passages ensemble, il est évident que le Saint-Esprit emploie la vérité évangélique, comme l'instrument destiné à produire dans le coeur et dans la vie du chrétien, cette sainteté qui est comprise dans la bénédiction et qui est désignée par le mot de sanctification. C'est pour cela que le grand intercesseur priait ainsi. « Sanctifie-les par ta vérité, ta parole est la vérité, » (Jean XVII. 17) et qu'il affirme ; « vous êtes déjà nets, par la parole que je vous ai enseignée. » (Jean XV. 3)

Si quelqu'un prétend croire en Jésus-Christ, aimer son nom, et jouir de la communion avec lui, et que cet homme ne rende pas une obéissance habituelle à ses commandements, « il est menteur et la vérité n'est point en lui, » (
I. Jean II. 4) car le Seigneur dit : « si quelqu'un m'aime il gardera ma parole, » (Jean XIV. 23) et il nous instruit que si quelques-uns ne gardent pas ses paroles, c'est qu'ils ne l'aiment pas quoiqu'ils professent le contraire.
Ce qui ne produit pas l'obéissance n'est point l'amour, et ce qui ne vient pas de l'amour ne mérite pas le nom d'obéissance ; des prétentions à l'amour sans obéissance sont une hypocrisie évidente, et l'obéissance sans amour, est un véritable esclavage.

Paul décide que c'est par la déclaration des grandes doctrines de la grâce que les hommes sont conduits à la pratique des bonnes oeuvres.
Ces grandes vérités sont la condition dépravée et ruinée de tous les hommes, la voie de rétablissement par la miséricorde de Dieu, le renouvellement du Saint-Esprit donné par Jésus-Christ, afin qu'étant justifiés par sa grâce, ceux qui sont les objets de ce renouvellement puissent être faits héritiers suivant l'espérance de la vie éternelle, ce que Paul atteste être une parole certaine.
Conformément à cela, il veut que Tite qu'il a établi pour mettre en bon ordre les choses qui restaient à régler dans les églises, affirme constamment ces grandes vérités, « afin que (
9) ceux qui ont cru en Dieu aient soin les premiers de s'appliquer aux bonnes oeuvres. » (Tite III. 3-8)

Ainsi ces doctrines, par lesquelles, à ce que disent plusieurs personnes, la loi est anéantie, qui, suivant elles, conduisent les hommes au péché afin que la grâce abonde ; ces doctrines, contre lesquelles on fait depuis le temps des apôtres, les mêmes objections que Paul combat dans le chapitre qui nous occupe, ces doctrines sont le moyen par lequel le Saint-Esprit opère sur les coeurs des hommes et produit des effets entièrement opposés. La Bible nous enseigne partout que le plan du salut qui délivre du péché et de la mort, est, dès sa première origine dans le conseil de Dieu dans l'éternité, dans le choix de ses objets, dans la manière dont ils sont sanctifiés, enfin dans sa consommation en gloire, fondé tout entier sur la
grâce. (Eph. I. 2-7) « Par la grâce de Dieu je suis, ce que je suis. (I. Cor. XV, 10) Or à celui qui par la puissance qui agit en nous avec efficace, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons ; à lui soit gloire dans l'église en Jésus-Christ, dans tous les âges du siècle des siècles. Amen. (Eph. III, 20. 21)

Le chapitre précédent présente la grâce régnant sur le trône de Dieu pour la justification des croyants ; nous voyons dans celui-ci, qu'elle règne aussi dans leurs coeurs, que la sanctification est inséparable de la justification et que les motifs de dévouement à Dieu, dérivent de cette même doctrine, qui paraît au monde propre à introduire la licence.
L'amour de Dieu, la reconnaissance envers lui, la crainte respectueuse que nous devons à celui qui est « un feu consumant, 
» et la vue encourageante des bénédictions futures, sont les fondements de l'obéissance sainte et deviennent efficaces par la grâce de Dieu. Les choses de Dieu paraissent, il est vrai, folie et scandale à l'homme animal, mais les fidèles les connaissent par leur expérience. Bien loin donc que l'abondance de la grâce puisse conduire ceux qui la reçoivent à persévérer dans le péché, c'est la grâce et la grâce seule qui est la source et le principe de toute sainteté dans leurs pensées et dans leurs actions.

Tel est la vraie tendance de la grâce de Dieu manifestée dans son évangile et opérant efficacement dans le coeur de tout croyant. « La grâce de Dieu salutaire à tous les hommes a été manifestée ; nous enseignant qu'en renonçant à l'impiété et aux passions
mondaines, nous vivions dans le présent siècle, sobrement, justement, et religieusement, en attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire du grand Dieu et notre sauveur Jésus-Christ qui s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier, pour lui, être un peuple qui lui appartienne en propre et qui soit zélé pour les bonnes oeuvres. » (Tite II. 11-14)


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:


(1)
Que disons nous donc ? paraît ici être, non pas le futur de , mais le présent de l'indicatif de contracte en, voyez Phil. IV. 4.

(2)
, étant l'Aoriste second, signifie nous mourûmes, et , étant le datif, non pas de l'objet de la proposition, mais de la cause, de la manière ou de l'instrument, paraît devoir être traduit par le péché, comme cause. Martin été obligé de traduire dans le v. 10, à cause du péché, quoique ici et dans le v. 11, il traduise au péché.

(3)
Baptisés en Christ : Implantés en lui, et devenus, par le baptême une partie de son corps ; le baptême unissant tous les fidèles à Christ comme chef de leur alliance tout ce qui lui arrive doit être considéré comme leur arrivant à tous. C'est pour cela qu'il est dit : nous avons été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort. On voit par là que le baptême est une représentation emblématique de leur union avec Christ comme membres de son corps ; cependant le baptême ne doit point être confondu avec la régénération dont il est seulement le signe extérieur ; Simon qui professait la foi en Christ, était baptisé, mais il parût ensuite qu'il n'avait ni par, ni héritage avec Jésus, comme nous voyons Act, VIII. 13. 21.
(4) L'ensevelissement de Christ et des fidèles, premièrement dans l'eau du baptême et ensuite dans la terre, est comparée avec justesse à la plantation des graines dans la terre, puisque dans les deux cas l'effet est une renaissance dans un état de plus grande perfection.
(5) Car celui qui est mort est quitte du péché. L'Apôtre ayant représenté dans le verset précédent, tous les fidèles, comme crucifiés avec Christ, celui qui est mort, doit signifier dans ce verset-ci, celui qui est mort avec Christ.
Ainsi ajoute-t-il, dans le verset suivant,
Or si nous mourûmes avec Christ, Christ ayant souffert la mort pour son peuple, par la malignité du péché, les effets en sont les mêmes pour les fidèles, que s'ils l'avaient tous endurée personnellement.
La coulpe du péché ne peut plus être imputée à celui qui a subi sa peine. Il en est quitte, ou littérale
ment il en est justifié. (verset 7.)
Ainsi celui qui est mort avec Christ, est quitte de la coulpe du péché, et par conséquent est affranchi de sa domination et de la punition méritée qu'il attirerait sur lui.

(6)
A Dieu ne plaise ! qu'on lit ici, au v. 2 et dans d'autres endroits de cette épître n'est point une traduction du grec, qui signifie que cela ne soit pas. L'Apôtre n'employait pas sans nécessité le nom de Dieu, comme plusieurs le font souvent d'une manière profane dans les conversations ordinaires.

(7) Le mot original signifie quelquefois, comme ici, un
moule dans lequel les métaux fondus sont versés pour recevoir la forme de ce moule.

(8)
Affranchis ; . Ce mot était consacré à l'acte de donner la liberté à un esclave ; c'était ce que les Romains appelaient manumission.

(9) Le mot grec n'est pas OTI, mais INA.

 

- haut de page -