Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
VI.
1-7.
Que
dirons-nous donc ? demeurerons-nous dans le
péché, afin que la grâce
abonde ? À Dieu ne plaise !
Car
nous
qui sommes morts au
péché, comment y vivrons-nous
encore ? Ne savez-vous pas que nous tous qui
avons été baptisés en
Jésus-Christ, avons été
baptisés en sa mort. Nous sommes donc
ensevelis avec lui en sa mort par le
baptême ; afin que comme Christ est
ressuscité des morts par la gloire du
Père, nous marchions aussi en
nouveauté de vie. Car si nous avons
été faits une même plante avec
lui par la conformité de sa
mort,
nous
le serons aussi par la conformité
de sa
résurrection.Sachant
ceci,
que
nôtre vieil homme a été
crucifié avec lui, afin que le corps du
péché soit détruit ; afin
que nous ne servions plus le péché.
Car celui qui est mort, est quitte du
péché.
Paul a déjà établi la doctrine
de la justification, par la foi et non par les
oeuvres ; il a enseigné que ceux qui
reçoivent l'abondance de la grâce, et
le don de la justice, régneront dans la vie
par Jésus-Christ ; il commence à
présent, à réfuter l'objection
indiquée dans le dernier verset du
chapitre III.
C'est la même que tous ceux qui n'ont pas
connu le pouvoir de l'évangile, ont
répétée dans tous les temps et
dans tous les lieux. Si vous établissez ce
système, disent-ils, les bonnes, oeuvres
sont inutiles ; les hommes peuvent vivre comme
il leur plaît, et vous ouvrez la porte
à toute espèce
d'immoralité : cette doctrine semble
faite pour produire les plus funestes
conséquences. Ainsi suivant ceux qui font
cette objection, la foi en Christ, par
laquelle les hommes
reçoivent l'esprit de Dieu, est entièrement incapable de
produire les effets que les écritures
déclarent partout être
inséparables d'elle.
Ce que nous devons remarquer surtout dans la
réponse de Paul à cette objection
commune, qu'il anéantit la loi, qu'il rend
inutiles les bonnes oeuvres, et que d'après
sa doctrine, l'homme peut vivre dans le
péché pour l'exaltation de la
grâce, c'est que l'Apôtre n'abandonne
pas une seule des propositions qu'il a d'abord
avancées. Il ne dit pas une seule fois, la
chose qui parait à plusieurs la plus propre
à lever les difficultés, savoir, que
notre obéissance, notre justice, enfin nos
oeuvres personnelles sont nécessaires
à la justification devant Dieu.
Certes, si c'eût été sa
doctrine, et que l'opinion opposée fût
une erreur, si la justice de l'homme entrait pour
quelque chose dans la justification, il serait bien
étrange que celui qui insiste partout si
fortement sur la nature, l'utilité et la
nécessité des bonnes oeuvres, ne s'en
soit pas servi,
n'ait pas fait usage
de cela, pour répondre à l'accusation
que l'on lui intentait, d'anéantir la loi,
de la rendre inutile ; qu'il n'ait pas dit, du
moins, qu'en rejetant les oeuvres de la loi, il
soutenait la nécessité de celles qui
étaient faites selon l'évangile,
comme une condition de la justification devant
Dieu. Mais il est si loin d'une telle opinion qu'il
affirme constamment ce qui est incompatible avec
elle.
L'Apôtre repousse cette objection, en
insistant sur les raisons et les motifs de la
sainteté et des bonnes oeuvres qui
appartiennent spécialement aux
fidèles, et en montrant en détail
dans ce chapitre, le rapport nécessaire que
la foi à la mort de
Christ et à la grâce de Dieu, a avec
la nature de la sanctification, avec l'excellence,
l'utilité, les avantages de la
sainteté selon l'évangile, ainsi que
le but qu'a celle-ci, dans l'ordre établi
par Dieu ; tout cela est dans le dessein de
nous montrer combien la justification par la foi
seule, est compatible avec la
nécessité de la justice et de la
sainteté personnelles.
Ceux sur qui les raisons et les motifs qu'il
développe, ne produisent point une
obéissance personnelle, sont tout à
fait étrangers à l'évangile,
au génie et aux inclinations de la
créature
régénérée, à
l'efficacité de la grâce de Dieu et de
l'amour de Christ, et à toute
l'économie divine dans les causes et les
moyens du salut.
C'est de la manière suivante que Paul
établit la sainte tendance de sa doctrine
à ce que les croyants soient constitués
justes, non par leur
propre obéissance, mais par
l'obéissance de Christ.
Nous qui avons déclaré quelle est la
malice du péché par qui la mort a
été introduite, que disons-nous,
(1) quand nous
enseignons la surabondance de la grâce ?
disons-nous, continuons dans le
péché, afin que la grâce abonde
davantage en notre pardon ? Nullement, les
croyants moururent par le péché,
(2) et connaissant les
fatales conséquences qui suivent l'acte de
le commettre, ne seront-ils pas
détournés de vivre plus longtemps
dans cet état ?
Leur baptême leur enseigne qu'ils moururent
par le péché, car ignorez-vous, que
tous ceux d'entre eux qui ont été
baptisés en Christ, (3) ont
été baptisés à
la ressemblance de sa mort.
D'ailleurs ils ont été ensevelis avec
Christ, par le baptême, pour leur enseigner
une autre leçon, c'est que, quoiqu'ils
soient morts par le péché, cependant
comme Jésus-Christ est ressuscité des
morts par la puissance de son Père, afin de
vivre éternellement, ils seront aussi
ressuscités par cette même puissance
pour marcher avec lui dans cette vie nouvelle et
éternelle qu'ils ont reçue par
lui ; car puisqu'ils ont été
plantés ensemble (4) avec Christ dans le
baptême à la ressemblance de sa mort,
comme occasionnée par le
péché, certainement par leur sortie
de l'eau, ils apprennent qu'ils seront aussi
ressuscités à la ressemblance de sa
résurrection ; ils apprennent aussi que
leur vieille nature corrompue a été
crucifiée avec lui, que le corps du
péché sera détruit, afin
qu'ils ne soient plus des esclaves occupés
dans cette vie à servir le
péché. Il n'a point de droit pour
régner sur eux, car comme l'esclave qui est
mort est libre de son esclavage, de même
celui qui est mort par le péché est
quitte du péché, (5)
Ainsi, comme la mort de Christ était le
moyen par lequel le péché avait
été détruit, et comme son
séjour dans le tombeau était une
preuve de la réalité de cette mort,
de même, le baptême du fidèle
est une figure de la délivrance
complète du péché et signifie
que Dieu lui impute la mort de Christ, comme si
c'était sa propre mort ; c'est aussi
une figure de la purification du fidèle pour
le service de Dieu, comme la résurrection de
Christ était un témoignage divin de
sa justification de tous les péchés
dont il s'était chargé ; le
fidèle jouit de ces
bénédictions par cette foi qui unit
son âme à Christ, et qui est
formée dans son
coeur par le
même pouvoir qui ressuscita
Jésus-Christ des morts et qui ressuscitera
son peuple au dernier jour.
La doctrine de la justification par le sang de
Jésus-Christ, au lieu de donner aucune
permission ou aucun encouragement pour continuer
dans le péché, condamne donc le
péché en la chair, en même
temps que ce sang affranchit de la loi du
péché, et de la mort.
Elle découvre le péché et ses
funestes conséquences sous leur forme la
plus hideuse, et déploie en même
temps, la miséricorde et l'amour de Dieu, de
la manière la plus attrayante. Les
fidèles de Christ sont
considérés comme étant punis
de mort en lui, suivant la sentence originaire et
irrévocable prononcée contre l'homme
à cause de sa transgression. Mais comme
Jésus est ressuscité des morts par le
pouvoir du Père, eux aussi seront
ressuscités avec lui.
C'est pourquoi ils sont obligés par les
considérations réunies de la crainte
et de l'amour, de la reconnaissance et d'une
joyeuse espérance, à régler
les actions de la vie qui leur est ainsi
donnée, d'une manière nouvelle et
sainte.
Étant baptisés en Christ, en qui ils
sont rendus accomplis, ils doivent être
conformes à lui, ils doivent se
séparer du péché non-seulement
par la mutilation d'un de ses membres, mais en
détruisant son corps entier. Ils doivent
s'en dépouiller comme on quitte un vieux
vêtement que l'on renonce pour toujours
à porter ; ils doivent le crucifier
avec Christ, pour qu'il soit complètement
détruit.
Le baptême, qui est un signe
cérémoniel de l'initiation dans la
vie nouvelle où entrent les fidèles,
leur montre de la manière la plus forte, la
nécessité de la pureté morale,
les moyens d'y pourvoir conformément
à l'évangile et leur obligation de
renoncer à toute chose incompatible avec le
service de Dieu.
« Vous êtes tous enfants de Dieu
par la foi en Jésus-Christ, car vous tous
qui avez été baptisés en
Christ, vous avez revêtu
Christ. »
C'est cette union des fidèles avec Christ,
qui est répétée en tant de
manières et montrée partout dans les
écritures, comme le seul fondement de la
sanctification qui, suivant les desseins
inaltérables de Dieu et sa confiance dans
leur exécution, est inséparable de la
justification.
8-10.
Or si
nous sommes morts avec Christ, nous croyons que
nous vivrons aussi avec lui ; Sachant que
Christ étant ressuscité des morts ne
meurt plus, et que la mort n'a plus
d'empire sur lui. Car ce qu'il est
mort,
il est
mort une fois à cause du
péché ; mais ce qu'il est
vivant, il est vivant à
Dieu.
Christ est le chef des croyants et ils sont unis
avec lui en tout ce qu'il a fait. C'est pour eux
qu'il a vécu, qu'il
est mort et qu'il est
ressuscité. Il est donc aussi certain qu'ils
vivront à jamais avec lui, qu'il l'est
qu'ils moururent avec lui. Cette persuasion est
fondée sur sa résurrection des morts,
qui est une preuve qu'il ne meurt plus. Il est
à la vérité mort une fois pour
le péché ou par le
péché, mais il vit par la puissance
de Dieu qui l'a ressuscité des morts ;
aussi sa vie est une vie immortelle. Et comme cette
vie depuis sa résurrection, durera toujours,
de même la vie spirituelle que son peuple
reçoit de lui, sera éternelle
Les fidèles « sont mis à
couvert de la mort seconde. »
C'était seulement dans sa nature humaine que
Christ pouvait mourir ; la vie de sa nature
humaine est rétablie par Dieu et soutenue
par lui.
11.
Vous aussi tout de même
faites votre compte que vaut êtes morts au
péché, mais vivants à Dieu en
Jésus-Christ notre Seigneur.
Comme Christ est mort par le péché et
qu'il vit par la puissance de Dieu, les croyants,
qui ne sont qu'un avec lui, doivent aussi se croire
morts par le péché, et
ressuscités par Dieu lui-même, qui de
sa propre volonté les a engendrés,
(Jac. I. 18)
dont ils sont les
enfants, (I. Jean III. 2) en qui leur vie est cachée
avec Christ, (Col. III. 3) et par qui elle est
conservée.
Comme il est dit dans le verset
précédent que Christ est mort
par le péché, et non
au péché, il paraît
comme nous l'avons dit, que cette expression,
lorsqu'elle est appliquée aux fidèles
dans ce chapitre, doit être traduite de
même.
L'Apôtre ne répond pas à
l'objection contenue dans le premier verset, que
les croyants ne sont plus capables de
pécher, parce qu'ils sont morts au
péché.
Voici en quoi consiste la force de la
réplique de Paul. Le fondement de la
justification libre, n'est point que la punition du
péché soit remise aux fidèles,
mais que cette punition méritée, ait
été soufferte par
Jésus-Christ.
Une des fins de la punition du péché,
est de détourner de le commettre ; il
est donc clair que Dieu qui l'a infligée au
Rédempteur, sacrifié pour son peuple,
a eu en vue, en cela, de contenir
l'iniquité.
Lorsque quelqu'un a le sentiment que le pardon de
ses péchés est le résultat de
la punition endurée par Christ, il doit
avoir relativement au péché les
mêmes idées, que s'il avait
éprouvé lui-même ce terrible
jugement prononcé contre lui, et qu'il soit
éloigné du péché par
l'idée des souffrances de Jésus,
comme si elles lui avaient été
propres. Il suit évidemment de là que
les procédés de Dieu dans la
justification, au lieu d'ouvrir la porte au
péché,
détournent au contraire
les croyants de le commettre, et cela, par les
motifs les plus efficaces.
12-14.
Que le
péché ne règne donc point en
votre corps mortel, pour lui obéir en ses
convoitises ; Et n'appliquez point vos membres
pour être des instruments d'iniquité
au péché ; mais appliquez-vous
à Dieu comme de morts étant faits
vivants, et appliquez vos membres
pour
être des instruments de justice à
Dieu. Car le péché n'aura point
d'empire sur vous, parce que vous n'êtes point
sous la Loi, mais sous la Grâce.
La considération de leur mort par le
péché et de leur vie par Dieu, est
pour les fidèles, le motif le plus puissant,
pour ne pas s'abandonner plus longtemps à
être esclaves du péché, mais au
contraire, pour se rendre entièrement
à Dieu. Les versets dont nous nous occupons,
contiennent une exhortation faite aux
fidèles de remplir leurs devoirs, et en
même temps une promesse qu'ils seront
capables de s'en acquitter. Il leur est
ordonné de ne point souffrir que le
péché règne dans leurs corps
mortels, qui pour la destruction totale de leur
vieille nature, sont restés soumis à
la mort temporelle.
Par l'intermédiaire de leur corps, qui les
lie encore au
présent siècle mauvais
(Gal. 1.4)
ils seront tentés de commettre le
péché, mais ils ne doivent plus
appliquer leurs membres à être les
instruments de ces transgressions, ils ne doivent
plus souffrir que le péché
règne en eux, comme autrefois il
régna quand il exerçait le principal
empire sur l'âme et qu'il soumettait l'homme
à son influence. Le chrétien qui est
le meilleur et le plus avancé dans la
sainteté, conserve toujours en lui des
restes de sa corruption, car la perfection
n'appartient pas à notre état actuel,
et celui qui dit qu'il est sans péché
se séduit
lui-même et la vérité n'est
point en lui. (I. Jean 1. 8)
Mais le fidèle
doit résister à la tentation et ne
point ouvrir la voie à sa propension
naturelle vers le mal, mais agir au contraire comme
celui qui est régénéré,
et de mort étant fait vivant, il doit user
de tous ses moyens pour le service de Dieu, ayant
obtenu l'assurance que le péché, dont
il était auparavant l'esclave volontaire,
lorsqu'il marchait selon le train de ce monde, ne
peut plus avoir d'empire sur lui.
Il n'est plus sous la malédiction de la loi,
pour être livré à une punition
éternelle, car Christ a été
livré lui-même, et fait
malédiction pour lui ; (Gal. III, 13) il partage la faveur de Dieu, qui
l'a délivré de cette punition et a
assuré ses bénédictions.
Le Seigneur est
fidèle,
qui vous affermira et
vous gardera de mal. (II. Thes. III, 3. I, Cor. 1.8, 9)
Ce qui est ordonné aux fidèles dans
le 11.e verset, est ce qui leur est promis dans le
quatorzième. Ils apprennent par là
que les bénédictions qui leur sont
promises ne doivent point arrêter leurs
efforts. Il est vrai que le salut n'est ni
du voulant ni du
courant,
(Rom. IX. 16)
mais après que
les chrétiens sont appelés et
justifiés par la grâce de Dieu, il
faut qu'ils veuillent, qu'ils courent, qu'ils
s'efforcent de combattre contre leur corruption, et
qu'ils attendent de Dieu, dans de ferventes et
continuelles prières, les secours
nécessaires pour la vaincre. Car quoique la
loi ait été complètement
satisfaite par l'obéissance de Christ,
cependant elle n'est point anéantie,
relativement aux fidèles par la foi et
l'imputation de sa justice.
Ni l'une ni l'autre, ne les exempte de
l'obéissance qui est prescrite par la loi,
Ils sont toujours obligés par elle
à aimer le
Seigneur leur Dieu de tout leur coeur et leur
prochain comme eux-mêmes. Ils sont, il est vrai, affranchis de
la loi et de l'obligation de ses commandements, en
tant qu'elle demeure dans cette première
signification, fais
cela et vis, ou comme
il est dit, avec des expressions opposées,
maudit soit celui qui
pèche. Car
celui qui est soumis à l'obligation de la
loi, pour obtenir la justification, est sous la
malédiction.
Mais les chrétiens ont été
rendus libres d'obéir à la loi, par
les motifs et pour les fins de l'évangile,
et l'obligation imposée par cette loi est
telle, que la moindre transgression est un
péché, cependant ils ne sont point
par là livrés par la loi à une
punition éternelle. Il n'y a maintenant aucune
condamnation pour ceux qui sont en
Jésus-Christ. (Rom. VIII. 1)
La loi demande pourtant, autant d'obéissance
pour tous les devoirs qu'elle impose, que pour un
seul ; quant à son pouvoir obligatoire,
elle n'est point susceptible de dispense ou de
relâchement tant que les différences
essentielles du bien et du mal subsistent ; et
si personne ne peut être obligé
à l'accomplissement de ces devoirs par la
force de ses commandements, à moins de
tomber sous la malédiction pour chaque
transgression dont il serait coupable, il faut ou
qu'elle ne soit pas obligatoire, ou que personne ne
soit sauvé.
Quoique les croyants soient dès-lors
affranchis de la malédiction et du pouvoir
de condamnation de la loi, au moyen de l'expiation
de Jésus-Christ, cependant, tant qu'ils sont
dans le monde, pour l'accomplissement des desseins
de Dieu, relatifs au rétablissement de leur
âme à son image, ils sont
obligés de faire tous leurs efforts pour
parvenir à la sainteté et à
l'obéissance que la loi demande. Si pourtant
on pressait l'objection et que
l'on dît quelle sera la force des
commandements de Dieu, si l'homme peut être
justifié, sans leur obéir, par
l'imputation de la justice de Christ ? Nous
répondrons que l'Apôtre ne parle ici
que des croyants desquels il est dit,
qu'ils sont
créés en Jésus-Christ pour les
bonnes oeuvres que Dieu a préparées
afin qu'ils marchent en elles ? (Eph. II. 10)
Supposer que
l'autorité de Dieu n'influe point sur leurs
esprits, relativement à l'accomplissement de
leurs devoirs, plus efficacement que si
c'était de ces devoirs que
dépendît leur justification, ce serait
montrer une grande ignorance du vrai principe de
l'obéissance à la loi, qui est
l'amour, et de la manière dont les
pensées des fidèles sont
affectées. Le Saint-Esprit, par le moyen de
la foi, détermine l'âme à
obéir à la loi, et les obligations
qui sont ainsi imposées à ceux qui
sont justifiés, les lient plus fortement par
l'amour et la reconnaissance, que si elles
étaient présentées comme des
moyens de justification. Dieu a mis sa loi dans
l'esprit de ceux qui sont de la foi, et il l'a
écrite dans leurs coeurs. Il est leur Dieu,
et ils sont son peuple. (Héb. VIII. 10)
15-16.
Quoi
donc ? pécherons-nous parce que nous ne
sommes point sous la Loi, mais sous la
Grâce ? à Dieu ne plaise !
(6)
Ne savez-vous pas bien qu'à
quiconque vous vous rendez esclaves pour
obéir, vous êtes esclaves de celui
à qui vous obéissez, soit du
péché qui conduit à la
mort ; soit de l'obéissance
qui
conduit à la justice ?
Quant à l'objection que cette doctrine qui
établit que les croyants sont sous la
grâce et non sous la loi, est un
encouragement au péché ;
l'Apôtre la repousse avec force : il
affirme que c'est impossible. Si un homme,
d'après ce raisonnement, et attendu qu'il
n'est plus sous la loi, péchait
volontairement, ce serait une preuve
évidente qu'il ne serait pas sous la
grâce.
On connaît l'arbre à ses fruits, on
peut, à la vérité, professer
le christianisme, paraître à quelques
égards servir Dieu, et être
habituellement livré à une conduite
criminelle et des plaisirs réprouvés,
mais pour juger quel maître on sert, il
suffit de savoir quel est celui dont on observe
volontairement les commandements. Soit que l'on
obéisse aux inclinations pécheresses
du coeur, qui conduisent à la mort, ou
à la disposition spirituelle à
l'obéissance et au service de Dieu.
Ceux qui sont de
Christ, ont crucifié la chair avec ses
affections et ses convoitises. (Gal. V. 24)
Cette lumière de la foi, cette
lumière qui sauve, est
un rayon du soleil de
justice lui-même, qu'il envoie dans
l'âme ; et qui fait qu'elle discerne ses
incomparables beautés, cette vue
l'éloigne de tous ces désirs, de
toutes ces convoitises qui lui paraissent alors ce
qu'elles sont en effet, la bassesse et
l'impureté mêmes : elle fait que
l'âme s'étonne elle-même d'avoir
si longtemps aimé cette infamie, et la
détermine entièrement au choix de
Jésus-Christ, « Le Porte-enseigne
choisi entre dix mille, (Cant. V. 10) plus beau qu'aucun des fils des
hommes ; (Ps. XLV. 3) la splendeur de la gloire de son
Père et l'empreinte de sa
personne. » (Héb. l. 3)
L'homme animal peut parvenir à bien parler
de la doctrine de Christ, et être cependant
ensuite ignorant relativement à Christ et
à son salut ; et ainsi son âme
reste dans les chaînes des
ténèbres, ainsi il conserve un esprit
charnel et demeure dans l'asservissement de ses
convoitises : mais l'âme qui a
connaissance de Christ, peut repousser les basses
sollicitations et les impuretés du
péché qui régnait auparavant
sur elle. Lorsqu'elle ne connaissait rien de
meilleur que ces convoitises, elle les croyait
aimables et agréables, mais un coup d'oeil
de la face de Jésus, lui a fait voir qu'il
n'y avait en elles que ténèbres et
difformité. Aussitôt que Christ lui
est apparu, elles ont perdu tout leur crédit
sur l'âme, toute l'estime qu'elle leur
donnait, et elles l'ont perdu pour jamais.
17-18.
Or
grâces à Dieu de ce qu'ayant
été les esclaves du
péché, vous avez obéi du coeur
à la forme expresse de la doctrine dans
laquelle vous avez été
élevés. Ayant donc été
affranchis du péché, vous avez
été asservis à la justice.
Paul remercie Dieu de ce
que ceux à qui cette épître est
adressée, ressentent les heureux effets de
la foi de Christ. Ils avaient d'abord
été les esclaves du
péché, comme le sont tous les hommes
sans exception, jusqu'à ce qu'ils soient
convertis à Dieu. (Tit. III. 3) Mais depuis ils avaient obéi
à la vérité, et avaient été
revêtus du nouvel homme, créé selon Dieu en
justice et en vraie sainteté, (Eph. IV. 24) comme un métal jeté
dans un moule en reçoit l'empreinte, de
même ils avaient obéi de coeur,
à la doctrine sur laquelle ils avaient
été moulés (7) Étant ainsi
affranchis de la domination du péché,
(8) ils
étaient devenus
serviteurs de la justice. Jésus dit
lui-même, « si vous persistez dans
ma parole vous êtes vraiment mes disciples,
vous connaîtrez la vérité et la
vérité vous rendra
libres. »
(Jean VIII. 31, 32)
19-20.
(Je parle à la façon
des hommes, à cause de
l'infirmité de votre chair.) comme donc vous avez
appliqué vos membres pour servir à la
souillure et à
l'iniquité, pour commettre
l'iniquité ; ainsi appliquez
maintenant vos membres pour servir à la
justice en sainteté. Car lorsque voue
étiez enclaves du
péché, vous étiez libres à
l'égard de la justice.
Comme l'homme est naturellement tardif de coeur
pour entendre les choses spirituelles, il faut
nécessairement les représenter sous
des images sensibles : c'est par ce motif, que
l'Apôtre se sert d'une manière
figurée de parler, et en rappelant aux
fidèles de Rome, qu'ils avaient autrefois
appliqué leurs membres à la souillure
et au crime, entassant iniquité sur
iniquité, il les exhorte à
présent à croître de plus en
plus dans la sainteté du coeur et la
pureté de la conduite. Car quand ils servaient le
péché,
ils étaient
libres à l'égard de la
justice, non pas
assurément, qu'ils le fussent des
obligations qu'elle impose, mais ils
n'étaient point empêchés par
elles de suivre leurs inclinations
charnelles ; chacun sert ou le
péché ou la justice ; ces deux
services sont incompatibles, nul ne peut servir deux maîtres.
Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
(Matt. VI. 24)
Les croyants peuvent
à la vérité, par occasion,
tomber dans le péché, et ce qui reste
en eux de la nature corrompue, les empêche de
poursuivre la course qui leur est proposée,
avec toute la vivacité et la promptitude
qu'ils désireraient, Tellement qu'ils ne font point les
choses qu'ils voudraient. (Gal. V. 17) Mais leur conduite habituelle,
montre quel est celui qu'ils servent.
21-22.
Quel
fruit donc aviez-vous alors des choses dont
maintenant vous avez honte ? certes leur fin
eut la mort. Mais maintenant que vous êtes
affranchis du péché, et asservis
à Dieu, vous avez votre fruit dans la
sanctification, et pour fin la vie
éternelle.
Outre les motifs que l'Apôtre a
déjà donnés, les
fidèles doivent être conduits à
servir Dieu plutôt que le
péché, d'abord à cause de la
nature et des suites de celui-ci ; il est
honteux, il ne satisfait pas, et sa fin c'est la
mort : ensuite parce que tous les
préceptes de Dieu tendent à la
sainteté et à la perfection au
bonheur.
Paul en appelle ici à ceux à qui il
s'adresse, et à leur expérience, tant
dans le service du crime que dans celui de la
sainteté. Ils étaient honteux et
affligés au souvenir de
leur conduite passée,
lorsqu'ils étaient esclaves du
péché et de Satan, par qui ils avaient été
pris pour faire sa volonté. (II. Tim. II. 26)
Lorsqu'ils étaient rebelles, abusés, asservis à
diverses convoitises et
voluptés,
(Tit. III)
conformes au monde, et marchant suivant son train.
(Rom. XII. 2) Mais depuis, ils s'étaient
chargés du joug léger de
Jésus-Christ ; les mouvements
irréguliers de leurs passions étaient
assujettis ; leur conduite était
sainte, et ils étaient transformés
par le renouvellement de leur entendement, et
éprouvaient quelle est la volonté de
Dieu, bonne, agréable et parfaite.
(Rom. XII. 2)
Les hommes du monde ne connaissent que la
première de ces voies ; ils y trouvent
avec la vanité, les peines et le
mécontentement qui l'accompagnent. Les
chrétiens l'ont suivie pendant quelque
temps, mais Dieu les en a retirés, ils se
sont tournés vers lui, dans une direction
opposée à la première.
Ayant achevé de répondre
victorieusement à l'objection, que la
doctrine qu'il enseignait conduisait les hommes
à vivre dans le péché.
l'Apôtre assure ici ceux à qui il
écrit, qu'en ayant été
affranchis, et étant devenus serviteurs de
Dieu, ils avaient
leurs fruits dans la sanctification, et pour
fin la vie éternelle.
Cet heureux
résultat est assuré à tous les
croyants comme nous le verrons avec plus de
détail dans le chapitre VIII.
D'après l'ordre de Dieu, Christ, qui est le
garant de ses fidèles, leur a procuré
le Saint-Esprit, et tous les secours de la
grâce, nécessaires tant pour devenir
de nouvelles créatures, que pour rendre
obéissance à Dieu, d'après de
nouveaux principe d'une vie toute spirituelle et
pour continuer fidèlement jusqu'à la
fin.
C'est ainsi que la sécurité des
croyants, et l'impossibilité où ils
sont de déchoir de l'état de
grâce, est pour eux une sûreté
de ne pas pécher, c'est-à-dire de ne
point tomber sous la domination du
péché. Leur pardon est sûr,
parce que leur foi et leur sainteté sont
assurées par les promesses de Dieu ; et
supposer qu'une personne s'abandonne sans frein au
péché à cause de la persuasion
où elle est que son salut est assuré
par la première acceptation de Christ, c'est
faire une supposition qui contredit les
écritures. « Quiconque, est
né de Dieu ne vit point dans le
péché, car la semence
de Dieu demeure en lui, et il ne peut
pécher parce qu'il est né de
Dieu. » (I. Jean III. 9) De saintes dispositions sont
introduites dans son âme et elles exercent
constamment leur influence, « Car si
quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle
créature ; les choses vieilles sont
passées : voici toutes choses sont
devenues nouvelles. » (II. Cor. V. 17)
23.
Car
les gages du péché, c'est la mort ;
mais le don de Dieu, c'est la vie éternelle
par Jésus-Christ notre Seigneur.
Les gages du péché, ce qu'il
mérite, ce à quoi il conduit, c'est
la mort : pendant que la vie éternelle,
est un don libre de
Dieu, par
Jésus-Christ. Ainsi quelques objections que
l'on fasse, puisqu'elle est un don que Dieu accorde
librement, l'homme ne peut pas la mériter
plus ou moins, par aucun moyen. Ceux qui nient
cette vérité, ou qui l'expliquent
d'une autre manière, s'opposent directement
à ce passage, ainsi qu'à toute la
suite des raisonnements de l'Apôtre.
Il revient ici au point d'où il était
parti en établissant que tout le monde avait
péché, mais que ceux qui croyaient
étaient justifiés gratuitement par la
grâce qui leur avait été
accordée au moyen de la rédemption en
Jésus-Christ. (Rom. III. 22. 23)
Ceux dont les coeurs ne s'humilieront pas pour
recevoir ce don libre
avec gratitude, ne
jouiront pas de la vie éternelle.
Christ ne profitera de
rien (Gal. V. 2)
à ceux qui regardent les oeuvres, comme
pouvant, du moins en partie, leur donner quelque
droit à cette félicité.
Ils s'attachent, pour leur justification, à
cette loi qui exige que l'on aime Dieu de tout son
coeur, de tout son âme, de toute sa
pensée, et toute la malédiction
prononcée par elle, tombera sur tous ceux
qui cherchent le salut dans son exécution,
et qui du commencement jusqu'à la fin de
leur vie, ne l'ont point observée sans la
violer ni la négliger jamais.
Quelqu'un prétendra-t-il l'avoir fait (il
est inutile de lui demander si c'est pendant le
cours entier de la vie) seulement pendant un seul
moment ou pour une seule action ? Cependant
combien n'y a-t-il pas d'hommes qui cherchent
à faire des
retraites du mensonge et refusent de se soumettre à
la justice de Dieu. « Car, le lit sera trop court et on ne
pourra s'y étendre, et la couverture trop
étroite quand on voudra s'envelopper. Ainsi,
a dit l'Éternel, voici je mettrai pour
fondement une pierre, en Sion, une pierre
éprouvée, la pierre de l'angle le
plus précieux pour être un fondement
solide ; celui qui croira, ne se hâtera
point ; et je mettrai le jugement à
l'équerre, et la justice au niveau et la
grêle détruira la retraite du mensonge
et les eaux inonderont les lieux où on se
retirait...... Voilà vous tous qui allumez
le feu et qui vous ceignez d'étincelles,
marchez à la lueur de votre feu, et dan les
étincelles que vous avez embrasées.
Ceci vous a été fait de ma main, vous
serez gisants dans les tourments. »
(Esa. XXVIII.16-20)
La mort temporelle est la fin de la vie la plus
pieuse comme la plus impie, mais
ici, dans le sens de l'Apôtre, ce mot a sa
signification la plus étendue, et est
opposé à la vie éternelle.
Pendant que la doctrine d'un bonheur éternel
est généralement admise, des hommes
révoquent en doute l'éternité
des peines. Les livres saints expriment cependant
aussi clairement et aussi évidemment l'une
que l'autre. Ils se servent des mêmes mots
pour exprimer l'une et l'autre durée.
Ceux-là s'en
iront aux peines éternelles mais les justes
iront jouir de la vie éternelle.
(Matt. XXV. 46)
Il est impossible de placer là l'idée
d'une restauration à venir. À cause
de la dureté de son coeur, l'homme est
insensible au grand mal du péché, et
les menaces de ces punirions qui lui sont
réservées, d'après la parole
de Dieu, choquent cette insensibilité, et
lui semblent injustes et impossibles.
Le serpent. dit
à la femme,
vous ne mourrez
nullement. (Gen. III. 4) C'est de la même
manière qu'il veut à présent
suggérer que la doctrine de la punition
éternelle, quoique affirmée par le
Seigneur, dans la description du jugement dernier,
et plusieurs fois enseignée par lui pendant
son séjour sur la terre, est contraire
à toutes les idées que les hommes
peuvent se faire de la bonté et de la
miséricorde de Dieu,
« Si ta main te fait broncher
coupe-la ; il vaut mieux que tu entres manchot
dans la vie que d'avoir deux mains et d'aller dans
la Géhenne, au feu qui ne s'éteint
point ; là où leur ver ne meurt
point et le feu ne s'éteint point : et
si ton pied te fait broncher, coupe-le ; il
vaut mieux que tu entres boiteux dans la vie que
d'avoir deux pieds et d'être jeté dans
la Géhenne, au feu qui ne s'éteint
point, là où leur ver ne meurt point
et le feu ne s'éteint point : et si ton
oeil te fait broncher, arrache-le ; il vaut
mieux que tu entres dans le royaume de Dieu n'ayant
qu'un oeil que d'avoir deux yeux et d'être
jeté dans la Géhenne du feu là
où leur ver ne meurt point et le feu ne
s'éteint point, car chacun sera salé
de feu et toute oblation sera salée de sel.
(Marc IX. 43-45) »
Dans ce passage, ces expressions
répétées, leur ver ne meurt
point, aussi bien que
celles-ci, le feu ne
s'éteint point, sont absolument contraires à
toute idée, soit d'anéantissement,
soit d'une future restitution au bonheur.
Sous la loi les victimes offertes en sacrifice
devaient être salées avec du sel.
(Lev. II. 13) Le sel est un emblème de
l'incorruptibilité, et son usage
annonçait la perpétuité de
l'alliance de Dieu avec les croyants. C'est de la
même manière que tous les sacrifices
faits à la
justice divine,
seront salés avec du feu.
Chaque pécheur sera
conservé par le feu lui-même, pour
devenir incombustible et pouvoir endurer, pendant
l'éternité, les tourments qui lui
sont destinés. C'est pour cela qu'il peut
être dit salé par le feu,
en faisant allusion
à la propriété du sel de
préserver les corps de la corruption. La
juste vengeance de Dieu sera d'une nature, telle
qu'elle rendra incorruptibles les héritiers
de l'enfer, dont la misère n'aura point de
fin, non plus que la félicité des
justes.
« Malheur (dit Jésus) à
l'homme par qui le fils de l'homme est trahi ;
il eût été bon pour cet
homme-là de n'être pas
né. » (Marc XIV. 21) Si la punition des méchants
dans l'état futur, devait avoir un terme,
fut-ce dans la période la plus
reculée, et que ce châtiment dût
être suivi d'un bonheur éternel, ce
qui est dit ici de Judas, ne serait point vrai.
Quoiqu'en disent quelques personnes qui voudraient
le combler, il a été
déclaré qu'il y a « un
grand abîme » (Luc XVI. 26) entre le séjour du bonheur et
celui de la misère, et que tout passage de
l'un à l'autre est absolument
impraticable.
Sur le sujet de l'éternité des
peines, nous pouvons citer l'opinion de
quelques-uns de ces premiers écrivains du
christianisme que l'on nomme les Pères.
Nous sommes bien loin
à la vérité, d'attacher le
plus léger degré d'autorité, à ce qu'ils ont écrit ou
dit. Leurs opinions aussi bien que les
nôtres, doivent être attestées
par les écritures ; aucun homme, aucun,
corps d'hommes, à quelque époque
qu'il ait existé, ne peut y ajouter ni en
retrancher une seule parole, et ne peut en donner
aucune interprétation, qui, à raison
de son auteur ou de ses auteurs, puisse lier la
conscience des autres.
La parole que Jésus a annoncée sera
celle qui nous jugera au dernier jour.
(Jean XII. 48) Nous pouvons cependant
répéter leurs expressions.
Clément Romain dit : si nous ne faisons
la volonté de Christ, nous serons
livrés à une punition
éternelle.
La punition des damnés, dit Justin, martyr,
est sans fin ; c'est un tourment dans un feu
éternel.
Irénée, dans son symbole
de foi, dit dans un article exprès, que
Jésus-Christ enverra les impies et les
injustes dans un feu éternel.
Tertullien déclare que tous les
méchants sont destinés à des
tourments éternels, et si quelqu'un pense,
dit-il, que les pécheurs sont
consumés et non punis, qu'il se rappelle que
le feu de l'enfer est appelé éternel,
parce qu'il est établi pour une punition
éternelle, et que leur substance durera
toujours, parce que leur punition ne doit point
finir.
Cyprien affirme que les âmes des criminels,
réunies à
leurs n'aurait point fourni
une preuve aussi évidente de la
pureté de Dieu. On voit que lors même
que l'Éternel est disposé à la
miséricorde, il attend pour l'exercer que sa
justice soit satisfaite.
Peut-on réfléchir à ces
vérités, sans être
profondément convaincu que c'est un Dieu qui
a les yeux trop purs pour voir le mal,
(Hab. I. 13) et avec qui l'injustice ne peut
avoir aucune communion ? Quel est celui qui
après ces réflexions pourra
espérer sa faveur, tant qu'il retiendra
l'amour du péché, et se flatter
d'habiter en sa présence, tant qu'il sera
encore taché de sa souillure ?
Tous ceux qui voient la nécessité de
l'expiation du Rédempteur, sentent qu'il
serait contradictoire en soi-même, et
incompatible avec la sagesse et l'uniformité
du gouvernement de Dieu, de supposer que c'est
l'impunité pour les pécheurs, et la
licence d'offenser Dieu, que Christ à
achetée au prix de son sang. Ils doivent
voir que Dieu ne peut haïr le
péché avant l'expiation de Christ, et
l'aimer après ses souffrances, et que s'il a
trouvé nécessaire de le punir si
sévèrement, dans le Garant des
fidèles, il ne peut ensuite le supporter et
l'avoir pour agréable, dans ceux pour qui ce
Garant a satisfait.
Loin de croire qu'ils aient la liberté de
pécher, ils sont disposés à
s'écrier au contraire, « qui
pourrait subsister en la présence, de
l'Éternel, ce Dieu saint ? »
(I. Sam. VI. 20)
Ce qui montre encore dans cette doctrine, la
pureté de la nature divine, est que le
rapprochement continuel entre Dieu et ceux qui sont
justifiés est opéré par un
intercesseur et un avocat. Il contribue à
conserver continuellement dans leurs coeurs, ce
sentiment de la sainteté divine et de leur
propre indignité, qui ne leur permet de
s'approcher de l'Éternel, que par
l'intercession d'un autre.
Ceux qui croient à la justification par
l'imputation de la justice de Christ doivent encore
être portés à
l'obéissance de la manière la plus
forte par les motifs de gratitude et de
reconnaissance qu'ils doivent à Dieu.
L'expression simple et naturelle de ces sentiments
consiste à vivre d'une vie pure et sainte,
à se dévouer à son service,
à le servir, à faire sa
volonté, à l'honorer.
L'inexprimable grandeur des
bénédictions qu'ils ont
reçues, leur délivrance d'une
misère et d'une angoisse éternelle,
le droit qui leur a été donné
à la gloire et au bonheur éternel, la
condescendance infinie et pleine d'affection du
grand et glorieux auteur de ces dons - quand
miséricordieux envers ceux qui loin de le
servir provoquaient hautement sa colère - il
a suscité pour eux celui qui était
puissant pour les sauver ; les
moyens étonnants
employés à l'exécution de ce
dessein, Dieu, n'épargnant pas son propre
Fils, mais le livrant à la mort.
Le sentiment que les croyants ont de leur
misère et de leur indignité, tout
impose à leur reconnaissance la plus forte
obligation de faire la volonté de leur Dieu.
Avec quelle ardeur ne chercheront-ils pas, avec
quelle joie n'embrasseront-ils pas les occasions de
prouver leur reconnaissance ? Le nom
de leur Rédempteur ne leur sera-t-il pas
cher comme un parfum répandu ?
(Cant. I. 3)
Ceux qui croient à l'imputation de la
justice de Christ, et qui espèrent
d'être sauvés seulement par elle,
doivent être remplis d'un extrême amour
pour Dieu.
L'amour est le plus puissant moyen de produire
l'amour. Aussi l'apôtre Jean dit-il,
« nous avons connu et cru l'amour que
Dieu a pour nous. Dieu est amour, » et
peu après, « nous l'aimons parce
qu'il nous a aimés le
premier. »
(I. Jean IV. 16. 19)
Les faveurs infinies et ineffables que Dieu a
répandues sur ses enfants, toutes les
circonstances qui les ont préparées,
les moyens par lesquels elles ont été
accordées, doivent exciter l'amour le plus
ardent et porter les croyants à en donner
tous les témoignages. Mais la
considération de ces
bénédictions accordées comme
des grâces libres et
imméritées, est particulière
à ceux qui croient que leur justification
vient seulement de l'imputation de la justice de
Christ. Car quoique il y ait des hommes qui se
disent chrétiens, et qui déclarent ne
reconnaître aucun mérite dans l'homme,
il n'y a que ceux dont nous avons parlé qui
prouvent par les principes qu'ils avouent et par
leur langage usuel qu'ils ne les supposent pas.
Ceux-là croient, non-seulement que la
miséricorde de Dieu n'est pas
méritée, mais encore qu'ils ont
justement mérité sa colère et
son indignation ; qu'ils les ont
méritées continuellement, même
dans leur état le meilleur ; que leurs
actions les plus saintes et les plus pures, sont
tellement mêlées de
péché, corrompues par un alliage
d'impureté, que si elles étaient
pesées dans l'exacte balance de la justice,
elles suffiraient pour les faire condamner.
« L'amour de Christ nous contraint,
tenant ceci, pour certain, que si un
est mort pour tous, tous aussi sont morts, et qu'il
est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne
vivent point dorénavant pour
eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et
ressuscité pour eux. »
(II. Cor. V. 14)
Dans le coeur de ceux qui sont justifiés par
la foi, l'amour de Dieu, comme le dit
l'Apôtre dans le chapitre
précédent, est répandu par le
Saint-Esprit qui leur a été
donné, et cet amour est
le principal mobile de toutes leurs actions. Il
montre constamment son influence, autant qu'elle
n'est point contrariée par les efforts de ce
qui reste dans l'homme de cette loi dans ses
membres qui combat la loi de son entendement.
Aussi longtemps que le pécheur continue
à vivre sous le fardeau de sa coulpe non
pardonnée ; aussi longtemps qu'il voit
chaque perfection de Dieu, armée contre lui
de terreur, il ne peut avoir qu'une crainte
servile : mais lorsqu'il entend la gracieuse
promesse du pardon, lorsqu'il connaît le
fondement juste sur lequel est établi ce
pardon, il le saisit comme son propre bien, et est
uni à Dieu d'un amour sincère. Il
place uniquement toute sa confiance dans les
mérites du Seigneur
Jésus,
et attribue à
Dieu toute la gloire de son salut.
Un chrétien est persuadé que Dieu a
pris son bon plaisir en son Fils bien aimé,
et que tout ce qui est nécessaire pour qu'il
soit recommandé à la faveur divine
fût accompli par Jésus sur la croix,
lorsqu'il dit, tout
est accompli, et
qu'il rendit l'esprit. (Jean XIX. 30)
C'est le principe qui
influe sur ses actions et qui le conduit dans la
vie. C'est l'étoile polaire qui le guide et
l'empêche de se perdre dans
l'obscurité des conjectures oiseuses que le
sage du monde fait sur le bonheur et sur la
vertu.
Cette vérité lui enseigne à
aimer Dieu et ses commandements, il y trouve les
motifs du renoncement à soi-même le
plus grand et le plus réel. La persuasion
où il est que le caractère de
Jésus est si agréable aux yeux de
Dieu, qu'il procure sa faveur au coupable, l'engage
à imiter ce divin chef, car il est clair que
s'il dit qu'il croit en lui et qu'il ne l'imite
pas, ce qu'il dit est faux.
C'est ainsi qu'il est conduit dans le sentier de la
vertu la plus agréable à Dieu,
quoiqu'il voit par l'exemple de
Jésus-Christ, son véritable
modèle, que ce n'est point le sentier de
l'honneur du monde ; étant ainsi
excité par la gratitude et l'amour, il ne
travaille point au labeur inutile de chercher
à acquérir un titre à la
faveur divine, mais son obéissance est
l'expression continuelle de sa reconnaissance
envers Dieu pour le libre don de cette justice que
son Fils a été envoyé pour
opérer, qu'il a accomplie sur la croix, et
que le fidèle regarde comme un titre
à la miséricorde divine, suffisant
pour le plus coupable des hommes.
Honorer Dieu dans son coeur et le servir pendant la
vie, est le premier et le plus vif désir de
celui qui est né de nouveau. Cela n'est
point et ne peut être ainsi pour celui qui
est dans l'état naturel. Il est aisé
de voir par-là pourquoi les
hommes selon le monde ont un
tel amour pour leur propre justice, tandis que ceux
qui aiment Dieu sont remplis d'horreur pour ce
mensonge destructeur.
Il paraît d'abord étrange que ce
soient ceux qui ne sont chrétiens que de
nom, ceux qui évidemment ne sont point les
plus rigides sur la morale, qui soient les
admirateurs et les défenseurs de la doctrine
de la justification par les oeuvres, qui combattent
si fortement celle de la justification par la foi,
sans les oeuvres de la loi, et qui méprisent
la doctrine de la grâce de Dieu ; mais
il est aisé de résoudre cette
difficulté : ces personnes n'ont point
de justes idées de l'étendue et de la
spiritualité de la loi de Dieu, et elles
repoussent avec indignation l'idée que les
hommes puissent être justement
condamnés pour ne lui avoir pas rendu une
obéissance complète ; elles
n'ont pas un juste sentiment de l'obligation
naturelle et inaltérable de le glorifier
dans leurs pensées, dans leurs paroles et
dans leurs actions, de sorte qu'elles regardent
comme un service méritoire, tout ce qu'elles
font dans des vues religieuses, et qu'elles pensent
que certainement quelque chose leur est dû
pour cela ; elles pensent que si elles vivent
sobrement, régulièrement et d'une
manière décente, surtout si elles
sont exactes et ponctuelles dans la pratique des
actes extérieurs de la religion, il serait
très extraordinaire que Dieu ne fût
pas à quelques égards, dans
l'obligation de les récompenser.
C'est un service pénible pour elles, un
service qu'elle font seulement pour être
récompensées, ou au moins pour
n'avoir point à souffrir de l'avoir
négligé. Il n'est pas étonnant
d'après cela, qu'elles insistent sur son
mérite.
D'un autre côté, ceux qui sont
nés de Dieu, ont le sentiment que le devoir
de toute créature raisonnable est de l'aimer
de tout son coeur, et de consacrer tous ses moyens
et toutes ses facultés au service de son
Créateur. Ils sont convaincus, que
celui-là même qui serait sans
péché, n'aurait fait que ce qui est
juste et équitable, et n'aurait point pour
cela de mérite à alléguer.
Mais c'est surtout lorsqu'ils voient combien le
péché leur est inhérent,
combien ils sont loin de remplir leur devoir dans
toutes les circonstances, qu'ils réclament
de Dieu la miséricorde et non la
récompense, et qu'ils sont prêts
à s'écrier avec le Roi
prophète : « ô
Éternel ! si tu prends garde , aux
iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais
il y a pardon , par devers toi, afin que tu sois
craint . » (Ps. CXXX. 3. 4) En
un mot,
l'obéissance que quelques personnes rendent
à contre-coeur à la loi, est
considérée par elles comme une dette
qu'elles imposent à Dieu,
tandis que l'obéissance vraie, est
regardée par les autres comme une dette dont
elles s'acquittent envers lui ; et il doit
toujours arriver, par conséquent, que c'est
l'imperfection même de l'obéissance
qui augmente la disposition de l'homme à
l'évaluer plus qu'elle ne le mérite,
et à se confier sur elle pour le bonheur
éternel, qu'il croit devoir en être la
conséquence.
Notre Apôtre, en écrivant aux
Colossiens, et les avertissant de se tenir en garde
contre la séduction des hommes du monde,
s'adresse à eux, presque dans le même
langage qu'il emploie au commencement de ce
chapitre. « Prenez garde que personne ne vous
gagne par la philosophie, et par de vains
raisonnements, conformes à la tradition des
hommes et aux éléments du monde et
non point à la doctrine de Christ, car toute
la plénitude de la divinité habite en
lui corporellement, et vous êtes rendus
accomplis en lui qui est le chef de
toute principauté et puissance, en qui aussi
vous êtes circoncis d'une circoncision faite
sans main qui consiste à dépouiller
le corps des péchés de la chair, ce
qui est la circoncision de Christ, étant
ensevelis avec lui par le baptême, en qui
aussi vous êtes ensemble ressuscités
par la foi de l'efficace de Dieu qui l'a
ressuscité des morts. »
(Col. II. 8-12)
Ici nous apprenons ce qu'est la circoncision du
coeur. Elle est effectuée par
l'opération
régénératrice de
l'Esprit-Saint, elle consiste à
dépouiller le corps du péché,
à mortifier les mauvaises dispositions,
à renoncer aux oeuvres de la nature
corrompue par la vertu de cette circoncision
spirituelle dont Christ est l'auteur. La
conformité dont il est parlé ici,
avec le Sauveur crucifié et
ressuscité, est effectuée par une foi
qui se confie dans le pouvoir salutaire de Dieu qui
l'a relevé d'entre les morts.
Le baptême des fidèles est
l'emblème de leur mort par le
péché, de leur renaissance à
la justice et de leur consécration au
service de Dieu. Ainsi l'Éternel non
seulement, par le sang de Christ, a sauvé
les hommes de la coulpe et de la punition de leurs
fautes, mais encore les délivre par son
Esprit-Saint, de la domination et du pouvoir du
péché, renouvelant leurs
pensées, et les rendant capables de le
servir et de le posséder.
Jean observe que « Jésus est venu
par eau et par sang et non seulement par l'eau,
mais par l'eau et par le sang. »
(I. Jean V. 6) Ce sont les deux grandes branches du
salut. Il est venu sauver les pécheurs, non
par l'eau seulement, non pas seulement en leur
enseignant la voie de la sainteté et en les
rendant capables d'y
marcher ; mais par l'eau et par le sang,
c'est-à-dire, en satisfaisant pour leur
coulpe, et en leur ouvrant ainsi la voie pour que
leurs personnes et leurs oeuvres de foi et de
charité soient agréables à
Dieu.
La grande et céleste
bénédiction de la sanctification, est
donc le fruit de l'union avec Christ. C'est en
vertu de cette union qui subside entre Christ comme
le chef, et l'église comme son corps, que
les élus de Dieu sont les objets de la
grâce régénératrice, et
possèdent le Saint-Esprit, suivant ces
paroles instructives et si énergiques :
sans moi, sans l'union vivifiante avec moi,
semblable à celle d'un sarment vivant d'un
cep florissant, vous ne pouvez rien faire de
vraiment bon, de vraiment agréable à
Dieu.
C'est par l'esprit de vérité et la
parole de la grâce qu'un pécheur peut
être sanctifié comme il est
écrit, vous avez « purifié vos âmes en
obéissant à la vérité
par le Saint-Esprit. » (l. Pier. l. 22)
Aussi nous lisons,
« la sanctification de l'esprit,
(II. Thess. II. 13) la sainteté de la
vérité, » (Eph. IV. 24) et être « sanctifié par la
vérité. »
En comparant ces
passages ensemble, il est évident que le
Saint-Esprit emploie la vérité
évangélique, comme l'instrument
destiné à produire dans le coeur et
dans la vie du chrétien, cette
sainteté qui est comprise dans la
bénédiction et qui est
désignée par le mot de
sanctification. C'est pour cela que le grand
intercesseur priait ainsi. « Sanctifie-les par ta
vérité, ta parole est la
vérité, » (Jean XVII. 17) et qu'il affirme ;
« vous êtes déjà
nets, par la parole que je vous ai
enseignée. » (Jean XV. 3)
Si quelqu'un prétend croire en
Jésus-Christ, aimer son nom, et jouir de la
communion avec lui, et que cet homme ne rende pas
une obéissance habituelle à ses
commandements, « il est menteur et la
vérité n'est point en
lui, » (I. Jean II. 4) car le Seigneur dit :
« si quelqu'un m'aime il gardera ma
parole, » (Jean XIV. 23) et il nous instruit que si
quelques-uns ne gardent pas ses paroles, c'est
qu'ils ne l'aiment pas quoiqu'ils professent le
contraire.
Ce qui ne produit pas l'obéissance n'est
point l'amour, et ce qui ne vient pas de l'amour ne
mérite pas le nom d'obéissance ;
des prétentions à l'amour sans
obéissance sont une hypocrisie
évidente, et l'obéissance sans amour,
est un véritable esclavage.
Paul décide que c'est par la
déclaration des grandes doctrines de la
grâce que les hommes sont conduits à
la pratique des bonnes oeuvres.
Ces grandes vérités sont la condition
dépravée et ruinée de tous les
hommes, la voie de rétablissement par la
miséricorde de Dieu, le renouvellement du
Saint-Esprit donné par Jésus-Christ,
afin qu'étant justifiés par sa
grâce, ceux qui sont
les objets de ce renouvellement puissent être
faits héritiers suivant l'espérance
de la vie éternelle, ce que Paul atteste
être une parole certaine.
Conformément à cela, il veut que Tite
qu'il a établi pour mettre en bon ordre les
choses qui restaient à régler dans
les églises, affirme constamment ces grandes
vérités, « afin que
(9) ceux qui ont cru en
Dieu aient soin les premiers de s'appliquer aux
bonnes oeuvres. » (Tite III. 3-8)
Ainsi ces doctrines, par lesquelles, à ce
que disent plusieurs personnes, la loi est
anéantie, qui, suivant elles, conduisent les
hommes au péché afin que la
grâce abonde ; ces doctrines, contre
lesquelles on fait depuis le temps des
apôtres, les mêmes objections que Paul
combat dans le chapitre qui nous occupe, ces
doctrines sont le moyen par lequel le Saint-Esprit
opère sur les coeurs des hommes et produit
des effets entièrement opposés. La
Bible nous enseigne partout que le plan du salut
qui délivre du péché et de la
mort, est, dès sa première origine
dans le conseil de Dieu dans
l'éternité, dans le choix de ses
objets, dans la manière dont ils sont
sanctifiés, enfin dans sa consommation en
gloire, fondé tout entier sur la
grâce.
(Eph. I. 2-7) « Par la grâce de
Dieu je suis, ce que je suis. (I. Cor. XV, 10) Or à celui qui par la
puissance qui agit en nous avec efficace, peut
faire infiniment plus que tout ce que nous
demandons et pensons ; à lui soit
gloire dans l'église en Jésus-Christ,
dans tous les âges du siècle des
siècles. Amen. (Eph. III, 20. 21)
Le chapitre précédent présente
la grâce régnant sur le trône de
Dieu pour la justification des croyants ; nous
voyons dans celui-ci, qu'elle règne aussi
dans leurs coeurs, que la sanctification est
inséparable de la justification et que les
motifs de dévouement à Dieu,
dérivent de cette même doctrine, qui
paraît au monde propre à introduire la
licence.
L'amour de Dieu, la reconnaissance envers lui, la
crainte respectueuse que nous devons à celui
qui est « un feu
consumant, »
et la vue
encourageante des bénédictions
futures, sont les fondements de l'obéissance
sainte et deviennent efficaces par la grâce
de Dieu. Les choses de Dieu paraissent, il est
vrai, folie et scandale à l'homme animal,
mais les fidèles les connaissent par leur
expérience. Bien loin donc que l'abondance
de la grâce puisse conduire ceux qui la
reçoivent à persévérer
dans le péché, c'est la grâce
et la grâce seule qui est la source et le
principe de toute sainteté dans leurs
pensées et dans leurs
actions.
Tel est la vraie tendance de la grâce de Dieu
manifestée dans son évangile et
opérant efficacement dans le coeur de tout
croyant. « La grâce de Dieu
salutaire à tous les hommes a
été manifestée ; nous
enseignant qu'en renonçant à
l'impiété et aux
passions
mondaines, nous
vivions dans le présent siècle,
sobrement, justement, et religieusement, en
attendant la bienheureuse espérance et
l'apparition de la gloire du grand Dieu et notre
sauveur Jésus-Christ qui s'est donné
lui-même pour nous, afin de nous racheter de
toute iniquité et de nous purifier, pour
lui, être un peuple qui lui appartienne en
propre et qui soit zélé pour les
bonnes oeuvres. » (Tite II. 11-14)
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