Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains


CHAPITRE VII.

1-4. NE savez-vous pas, Mes frères, ( car je parle à ceux qui entendent ce que c'est que la Loi) que la loi exerce son pouvoir sur l'homme durant tout le temps qu'il est en vise ? Car la femme qui est sous la puissance d'un mari, est liée à son mari par la Loi, tandis qu'il est en vie ; mais si son mari meurt, elle est délivrée de la loi du mari. Le mari donc étant vivant, si elle épouse un autre mari, elle sera appelée adultère ; mais son mari étant mort, elle est délivrée de la Loi ; tellement quelle ne sera point adultère si elle épouse un autre mari. Ainsi, mes frères, vous êtes aussi morts à la Loi par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous fructifions à Dieu.

L'apôtre dans le chapitre précédent a répondu à la principale objection que l'on pouvait faire à la doctrine de la justification par la foi seule. II a montré les relations qu'elle avait avec la mort de Christ et la grâce de Dieu, ainsi que les motifs qu'elle fournissait pour la sainteté personnelle ; dans le cours de son épître, il a déclaré que les fidèles n'étaient pas sous la loi ; il expose maintenant sous quel rapport cela a lieu et il prouve qu'ils ne sont plus sous son pouvoir de condamnation, la punition qu'elle établit ayant été infligée et ayant été subie par leur rédempteur qui est mort pour eux.
Il montre encore, d'un autre coté, quel est le but de la loi, comme règle de conduite liée à l'évangile, comme un moyen de les convaincre de péché et de les amener à abandonner leur propre justice et à placer toute leur confiance dans la grâce et la miséricorde de Dieu, qui donnent aux croyants la victoire par leur Seigneur Jésus-Christ, en même temps qu'ils reconnaissent l'excellence de cette loi et qu'ils tâchent de se conformer à ses préceptes, Il est évident que dans toute cette discussion, il ne s'agit pas de la loi cérémonielle en particulier ou de la dispensation Mosaïque, mais que tout ce qu'il dit doit être entendu de la loi de Dieu, de cette loi d'obligation éternelle, sous laquelle tous les hommes étaient placés depuis la création, et qui fut depuis solennellement proclamée sur le Mont Sinaï, et écrite dans les oracles vivants de Dieu.

Ceux auxquels l'Apôtre s'adresse étaient des serviteurs de Dieu et connaissaient la loi et ses obligations, c'est pourquoi afin d'éclaircir ce qu'il avait à dire sur ce sujet, il se sert de l'exemple d'une femme et de son époux ; la femme est soumise à son mari aussi longtemps qu'il vit, de sorte que si, avant qu'il ne mourut, elle se mariait à un autre, elle serait adultère ; mais après qu'il est mort, elle est libre de ses obligations et peut légalement s'unir à un autre.

C'est de la même manière que les relations établies entre la loi et le croyant n'existent plus suivant sa force propre et originaire.
Fais ceci et tu vivras : maudit soit quiconque a péché, (1) Cette cessation de l'effet de la loi a eu lieu par le sang de Jésus-Christ, qui, même a porté nos péchés en son corps sur le bois. » (I. Pier. II. 24) Elle a eu lieu, lorsqu'ils ont été unis à lui dans la conformité de sa mort. Il a aussi été dit que ceux qui sont morts sont justifiés de leurs péchés, la loi relativement à eux a eu son exécution. lis ont été mis à mort par la loi dans le corps de Christ, (2)
La punition leur a été infligée comme à des coupables, et on ne peut pas les soumettre à des peines ultérieures. En conséquence de cette mort, les fidèles sont légalement unis ou
mariés, (3) à celui qui est ressuscité des morts, à celui avec lequel ils sont aussi ressuscités pour porter des fruits à Dieu. Il est clair d'après cela qu'aucune oeuvre n'est reconnue comme bonne avant la conversion et l'union actuelle avec Christ. Toutes les actions qui paraissent bonnes, et que les hommes font avant cette époque sont des oeuvres mortes qui proviennent de l'amour-propre et de l'orgueil. « Ceux qui sont en la chair ne peuvent point plaire à Dieu. » (Rom. VIII. 8) Et Jésus dit à ses disciples : « Demeurez en moi et moi en vous ; comme le sarment ne peut point de lui-même, porter de fruit s'il ne demeure au cep, vous ne le pouvez point, aussi si vous ne demeurez en moi. » (Rom. XV. 4) Pour que les hommes fassent de bonnes oeuvres, il faut qu'ils soient créés en Jésus-Christ pour les faire. (Eph. II. 10)

5-6. Car quand nous étions en la chair, les affections des péchés étant excitées par la Loi, avaient vigueur en nos membres, pour fructifier à la mort. Mais maintenant nous sommes délivrés de la Loi, la Loi par laquelle nous étions retenus étant morte ; afin que nous servions Dieu en nouveauté d'esprit, et non point en vieillesse de lettre.

L'Apôtre emploie ici le mot
chair dans le sens qu'il a souvent dans le Nouveau Testament, ainsi que dans ce chapitre et le suivant, où il signifie la nature humaine totalement corrompue que les hommes reçoivent en naissant. Cette expression est, dans ce sens, opposée à esprit, qui indique cette nature nouvelle et sainte qui est communiquée par l'esprit de Dieu dans la régénération. C'est ainsi que la chair et l'esprit sont opposés l'un à l'autre dans l'épître aux Galates, (Gal. V. 17) et on y voit que par les oeuvres de la chair, on n'entend pas seulement les passions déréglées du corps, et l'action de s'y abandonner, mais encore tous les vices qui n'ont point avec le corps de relation sensible, tels que l'orgueil, la malice, l'envie.
« Ce qui est né de la chair » dit Jésus-Christ à Nicodème, « est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit. » (Jean III. 6) Ces paroles de Notre-Seigneur expriment, comme nous l'avons déjà vu, avec exactitude la véritable raison sur laquelle est fondée la nécessité d'une régénération, d'un changement d'esprit, d'un nouveau coeur, ce qui est répété aussi dans plusieurs autres endroits de l'écriture ; la corruption, la dépravation de l'homme en général, ou sa nature comme corrompue et pécheresse, sont appelées la chair, parce que cette nature perverse appartient à l'humanité ou à la race d'Adam. Les hommes l'ont en eux-mêmes et ils l'ont par leur naissance.

La nature de l'homme laissée à elle-même, abandonnée de l'esprit de Dieu, comme le fut l'homme lors de sa chute, n'a dès lors aucun principe de sainteté et est excessivement corrompue, entièrement pervertie et dégradée ; ainsi le mot
chair, qui signifie homme, a pris dans l'écriture le sens de l'homme comme il est en lui-même, dans son état naturel d'avilissement et de perdition ; d'un autre côté, le mot esprit a pris le sens d'un principe saint et divin, ou d'une nature nouvelle, parce qu'il ne vient pas de l'homme, mais de Dieu qui le communique par une influence vive et permanente de son esprit saint.

L'apôtre Pierre, en s'adressant aux fidèles, leur dit qu'ils « ont été faits participants de la nature divine. » (
II. Pier. I. 4) Ce que dit ici Paul, se rapporte à son propre état avant qu'il fut régénéré, et à celui où se trouvaient les fidèles auxquels il s'adresse avant d'avoir été les objets de la même régénération. Dans cette situation, lorsqu'ils étaient dans la chair, les désirs et les affections défendus par la loi, se montraient avec force et agissant sur toutes les facultés de leur nature dépravée, les assujettissaient à la mort par la sentence de la loi. Mais depuis qu'ils étaient morts avec Christ, depuis que le châtiment de leur péché avait été subi par lui, leurs premiers rapports avec la loi, étaient dissous et ils étaient affranchis du pouvoir de condamnation sous lequel ils étaient avant leur union avec le Sauveur.
L'amour de Dieu ayant été répandu dans leurs coeurs, ils jouissaient de tous les privilèges de la grâce de la nouvelle alliance, ils étaient devenus capables de servir Dieu, selon le sens spirituel des préceptes de la loi, comme ses enfants, avec une affection cordiale, avec reconnaissance, sous l'influence du Saint-Esprit, avec cette nature nouvelle et divine à laquelle ils ont eu part, et non pas seulement avec l'observation extérieure de la lettre de la loi.
Ainsi ils lui obéissaient librement et du fond de leurs coeurs, et ne lui rendaient pas, comme des esclaves, par la seule crainte de la punition, une obéissance froide, contrainte, affectée et purement extérieure.

7-8. Que dirions-nous donc ? la Loi est-elle péché ? à Dieu ne plaise ! au contraire, je n'ai point connu le péché, sinon par la Loi car je n'eusse pas connu la convoitise, si la Loi n'eut dit, tu ne convoiteras point. Mais le péché ayant pris occasion par le commandement, a produit en moi toute sorte de convoitise ; parce que sans la Loi le péché est mort.

Lorsque l'Apôtre dit que ceux à qui il écrit, pendant qu'ils étaient sous cette première disposition de la loi,
fais ceci et tu vivras, étaient sous la malédiction, jusqu'à ce qu'ils fussent rachetés par Christ, veut-il dire que la loi soit injuste ou fautive ?
Qu'elle cause les péchés des hommes ou du moins qu'elle empêche que leur obéissance ne soit agréable à Dieu ?
Il se contente, suivant sa coutume, de rejeter avec force une telle idée. Il déclare que bien loin qu'il en soit ainsi, la Loi et le péché sont directement opposés, puisque c'est la loi qui découvre et condamne le péché, il en rappelle là-dessus à sa propre expérience. Il n'aurait point été en garde contre la culpabilité des convoitises, (
4) si la loi n'avait dit : tu ne convoiteras point.
Il n'aurait pas supposé qu'étant exempt de l'adultère, du vol, et d'autres violations de la loi, extérieures et grossières, il fût cependant aussi criminel et aussi exposé à la colère de Dieu, pour le simple désir d'un plaisir illicite ou d'un objet qui ne lui était pas accordé.
Il n'aurait pas même ressenti l'action de ces convoitises insatiables, si elles n'avaient eu l'occasion de paraître par la sévérité du commandement, car c'est l'impatience des obstacles qu'il éprouve qui donne au péché l'occasion d'exciter toutes sortes de désirs criminels, et sans la loi, le péché ou la nature corrompue, ne rencontrant point d'opposition, son opération n'aurait point été aperçue. Il était mort.

Le principe pécheur, quoique son existence ne soit pas due à la loi, était dans un état de mort ou de sommeil, et les mêmes affections, les mêmes actions, n'eussent point été destructives, si la loi n'avait donné au péché sa puissance de condamner : « La puissance du péché c'est la loi. » (
I. Cor. XV. 56)

9-11. Car autrefois que j'étais sans la Loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a commencé à revivre. Et moi je suis mort ; et le commandement qui m'était ordonné pour être ma vie, a été trouvé me tourner à mort. Car le péché prenant occasion du commandement, m'a séduit, et par lui m'a mis à mort.

Avant que Paul n'entendît le vrai sens de la loi, il ignorait
sa spiritualité ; il était seulement attentif à la lettre, et par conséquent, n'avait aucune connaissance exacte de sa corruption intérieure.
Il croyait que son coeur et sa conduite étaient bons, et qu'il était dans un état tel, qu'il était agréable à Dieu. Mais lorsque sa conscience sentit le poids du commandement, par la conviction que lui donna l'Esprit saint, lorsqu'il connut la justice, la sévérité et l'étendue de ses dispositions, ses terrible menaces, alors les convoitises de son coeur, qui jusqu'alors avaient été endormies, prirent une nouvelle activité, et chaque effort qu'il tentait pour accomplir les préceptes qui lui étaient imposés, ne faisait que lui montrer davantage quelle était son impuissance pour y parvenir ; c'est ainsi que le péché qui semblait mort renaquit, avec de nouvelles forces, et lui mourut.

Toutes les espérances fondées, sur ce qu'il était en lui-même, étaient détruites, et il découvrait qu'il était pécheur et condamné par la loi, ainsi qu'il le dit ailleurs. « Par la loi je suis mort à la loi. » (Gal. II. 19) De sorte que la loi dont la promesse était que celui qui l'observait vivait par elle, cette loi faite pour des créatures saintes, et dont Paul, quoique pécheur, attendait jadis la justification, cette loi le soumettait à la mort et occasionnait même un accroissement de culpabilité en lui.
Le péché ou la dépravation de la nature tombée, étant opposés à la sainte sévérité de la loi de Dieu, le séduisait (5) par ses tromperies., l'engageait dans des transgressions, et le soumettait à toute la puissance de sa condamnation ; de sorte que le péché l'avait mis à mort par la loi.

12-14. La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui est bon, m'est-il devenu mortel ? nullement ! mais le péché, afin qu'il parût péché, ma causé la mort par le bien afin que le péché fût rendu par le commandement excessivement péchant. Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais je suis charnel, vendu au péché.

L'objection supposée dans le septième verset étant complètement résolue, et la loi se trouvant dans une opposition directe avec le péché dont elle augmente l'activité, qu'elle découvre et qu'elle condamne, on doit convenir qu'elle est sainte dans sa nature et très éloignée de tout mal moral, juste dans ses commandements, n'exigeant tien que ce qui est dû à Dieu et à notre prochain, et bonne dans tous ses objets.
Mais on représente encore ici la même question. Comment ce qui était bon en soi-même, était-il la cause de la mort de Paul ?
Il éloigne une telle supposition. C'est son propre péché qui avait causé sa mort ; la loi n'est point la cause de ses péchés ; elle ne lui fournit aucun prétexte pour offenser Dieu, mais le péché en prend occasion (6) pour le faire.
De même que l'homme criminel se sert de la patience et de la longue attente de Dieu, pour aller plus avant dans sa rébellion contre lui, de même le péché en le soumettant à la mort en vertu d'une loi juste, manifeste sa profonde malignité, sa nature détestable et destructive.

Ce que l'Apôtre prouve ici, ne peut admettre aucun doute. On savait bien que la loi était spirituelle ; le Seigneur Jésus lui-même, l'a expliquée comme ne donnant pas seulement des règles pour la conduite extérieure, mais comme s'étendant à toutes les pensées et à tous les désirs du coeur. (Matt. V. 28) Ainsi la loi prend connaissance de toutes les choses tant du dedans que du dehors, demandant une conformité entière à l'excellence spirituelle des perfections divines, et un état du coeur qui soit approuvé par celui qui est Esprit, et elle ne reconnaît pour bon que ce qui est fait par les motifs les plus purs et les plus excellents, par un amour parfait, et par reconnaissance envers le Créateur.

En parlant de la lettre ou de la forme extérieure de la loi, l'Apôtre dit qu'il était sans reproche, (PhiI. III. 6) ou même que par rapport à sa conduite publique ou à l'égard des hommes, il pouvait affirmer qu'il avait vécu parmi les fidèles, « saintement, justement et sans reproche. » (I. Thess. II. 10) Mais en s'occupant comme il le fait ici, de ce qui est intérieur, en se comparant avec la règle très sainte, il se trouve charnel et vendu pour commettre le péché.
Sa nature était entièrement opposée à la loi spirituelle, et malgré la grâce qu'il avait obtenue, il se trouvait encore bien loin de la perfection, et, sous tous les rapports, incapable d'y atteindre, quoiqu'il désirât ardemment d'y parvenir. Il se voyait lui-même comme un homme comparativement charnel, esclave, vendu contre son gré à un maître odieux qui ne veut pas lui laisser les moyens d'acquérir sa liberté. Un homme est d'autant plus charnel qu'il accomplit moins exactement la loi de Dieu. Dans ce verset, Paul, parlant de ces combats intérieurs qui se passaient en lui, et de son expérience comme fidèle, change le temps passé en présent ; et il continue ainsi, jusqu'à la fin de ce même chapitre.

15-20. Car je n'approuve point ce que je fais, puisque je ne fais point ce que je veux, mais je fais ce que je hais. Or si ce que je fais, je ne le veux point, je reconnais par cela même que la Loi est bonne. Maintenant donc ce n'est plus moi qui fais cela ; mais c'est le péché qui habite en moi. Car je sais qu'en moi, c'est-à-dire, en ma chair, il n'habite point de bien ; vu que le vouloir est bien attaché à moi, mais je ne trouve pas le moyen d'accomplir le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux point. Or si je fais ce que je ne veux point, ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui habite en moi.

Le mauvais principe dont parle l'Apôtre était si puissant et si actif en lui qu'il le livrait à des volontés, à des paroles, à des actions qu'il n'approuvait pas ou qui même étaient condamnés par son esprit renouvelé.
Quoiqu'il désirât ardemment de rendre une parfaite obéissance à la loi de Dieu, et qu'il y fût entièrement déterminé, cependant il se trouvait toujours hors d'état de le faire et en même temps qu'il détestait toutes les espèces et tous les degrés de péché, il trouvait impossible de s'abstenir entièrement de les commettre. Mais de tout cela il résultait clairement, qu'il reconnaissait la bonté de la loi en même temps qu'il était condamné par elle.

Malgré la propension naturelle au mal qui était si forte chez lui, le penchant prédominant de son âme était vers la sainteté ; c'était ce que son jugement approuvait et dans les pénibles combats qu'il avait à soutenir contre ses inclinations, c'est là le côté qu'il était décidé à suivre. Aussi fait-il une distinction entre les jugements et les désirs de l'homme renouvelé et ceux de sa nature corrompue.
À cause de ces derniers, il ne peut faire ce qu'il veut, mais les premiers lui montrent qu'il est conduit par l'esprit. (Gal. V. 16. 17) II n'y a rien dans cela, qui tende le moins du monde à justifier ou à excuser le péché. Au contraire, Paul en parle dans tout ce passage avec la plus grande horreur, mais tout ce qu'il dit tend à montrer que la justification ne peut dans aucun cas être par la loi. (Gal. II. 21)

Il est évident par la limitation contenue dans le v. 18, en ma chair, que l'Apôtre parle ici comme un croyant, et que la grâce habitait en lui aussi bien que le péché. Comme nous l'avons déjà dit, et comme il sera clairement prouvé dans le chapitre suivant, il n'entend pas par le mot chair, le corps matériel, comme étant distinct de l'âme, mais la nature humaine en tant qu'elle est perverse et corrompue, telle qu'elle est dérivée d'Adam après sa chute, et qui, bien qu'elle soit crucifiée dans le croyant, n'est point encore entièrement détruite, ne le sera complètement qu'à la mort et lutte toujours contre l'Esprit : En ma chair il n'habite rien de bon.
Paul connaissait alors cette vérité par l'expérience qu'il n'avait pu faire avant sa conversion. Il avait cru d'abord, qu'il y avait naturellement dans l'homme quelque légère disposition au bien, ou une capacité morale de parvenir à la sainteté ; ensuite son expérience, lui avait fait abandonner en entier ces suppositions.

Comme régénéré, il avait à la vérité une volonté habituelle d'obéir à la loi de Dieu, et d'accomplir le bien qu'elle exigeait de lui, cependant sa nature corrompue s'y opposait tellement qu'il ne pouvait faire tout celui qu'il désirait habituellement, que dans bien des occasions il ne pouvait atteindre ce but et que souvent même il faisait en quelque sorte ou à quelque degré, le mal qu'il désirait habituellement d'éviter.
Il est clair par là qu'il était constamment déconcerté et embarrassé dans l'exécution de ses desseins vifs et persévérants pour obéir à la loi de Dieu ; de sorte cependant, que ce n'était pas précisément lui-même comme fidèle qui péchait, que c'était la corruption naturelle, qui restait en lui.
Cela est répété deux fois aux versets 17 et 20 et dans les mêmes paroles.


21-23. Je trouve donc cette loi au-dedans de moi, que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends bien plaisir à la loi de Dieu quant à l'homme intérieur. Mais je vois dans mes membres une autre loi, qui combat contre la loi de mon entendement, et qui me rend prisonnier à la loi du péché, qui est dans mes membres.

En résultat, l'Apôtre trouve une loi, un principe opérant fortement en lui, qui était toujours présent et actif, pour le retarder dans la carrière qu'il parcourait. Cependant il n'était plus sous son empire, puisqu'il prenait plaisir à la loi de Dieu quant à l'homme intérieur, (7) Il était comme une nouvelle créature, née à Dieu, régénérée dans l'esprit de son entendement, qui se plaît à la loi de Dieu dans toute sa spiritualité ; il ressentait dans ses membres l'influence d'un autre principe puissant, cette tendance au mal qui caractérise le vieil homme, et qu'il distingue ici de nouveau de son homme intérieur et de sa nature renouvelée qu'il désirait perfectionner.

C'est ce penchant naturel qui faisait une guerre perpétuelle à l'oeuvre de la grâce en son âme, la poussant à ce qui est mal et tendant sans cesse à la mettre sous le pouvoir du péché.
Rien ne démontre mieux l'état déchu de l'homme et l'entière corruption de sa nature, que cet état continuel d'une guerre irréconciliable qu'elle soutient, même dans les coeurs des fidèles, contre la nature divine, dont par la grâce de Dieu ils ont été faits participants.

Après une peinture si vive du combat violent qu'il y a entre la chair et l'esprit, c'est-à-dire entre la nature primitive et corrompue de l homme, et cette nature nouvelle qu'il reçoit de Dieu, comment y a-t-il un seul homme, parmi ceux qui prétendent croire aux écritures, qui puisse affirmer que les hommes sont nés purs, ou nier qu'ils sont entièrement corrompus dès leur origine ?
« Si la nature de l'homme est si mauvaise que, dans ceux-là même qui sont renouvelés dans l'esprit, non seulement elle ne peut pas faire d'efforts vers le bien, mais qu'au contraire, elle y combat contre les impressions de la grâce, comment pourrait-on supposer que dans ceux qui, loin d'être régénérés, sont encore les esclaves de Satan, il existe la moindre tendance à des efforts ou à des actions vertueuses ? »

Lorsque dans l'heure des ténèbres, le prince de ce monde vint attaquer le Rédempteur, il ne possédait rien en lui (Jean XIV. 20). II ne trouva point de corruption sur laquelle ses tentations puissent faire de l'effet ; mais quand il attaqua l'apôtre Pierre, il trouva prise sur lui. Il le vainquit au point de lui faire abandonner et renier son maître malgré la plus ferme et la plus sincère résolution, et il serait entré en lui, aurait pris possession de lui comme de Judas, si le Seigneur n'avait prié pour que sa foi ne défaillît point, (8) (Luc XXII. 3. 31. 32) Aussi Paul déclare ailleurs que nous n'avons pas à combattre contre la chair et le sang (que nous n'avons pas seulement à résister à notre nature corrompue, à l'opposition du monde et ses habitudes dépravées ), mais contre les principautés, contre les puissances, contre les seigneurs du monde, gouverneurs des ténèbres de ce siècle, contre les malices spirituelles qui sont dans les lieux célestes. » (Eph. VI. 12)

24-25. Ha ! misérable que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Je sers donc moi-même de l'entendement à la loi de Dieu, mais de la chair, à la loi du péché.

Trouvant en lui cette violente résistance, sentant son esprit divisé par les deux principes opposés de la nature et de la grâce, mais entièrement décidé sur le choix, l'Apôtre s'écrie avec amertume, Qui me délivrera du corps de cette mort ?
Ayant la triste certitude qu'il ne peut par lui-même se relever, il se réfugie dans la miséricorde de Dieu ; il se jette dans les bras de son rédempteur, « parce qu'il peut toutes choses en Christ qui le fortifie, (Phil. IV. 13) et qu'en lui, il est plus que vainqueur. (Rom. VIII. 37) Grâces à Dieu, s'écrie-t-il, qui nous a donné la victoire par Notre Seigneur Jésus-Christ. (I. Cor. XV. 57)

Telle est la description exacte de l'état de guerre que chaque chrétien éprouve aussi longtemps qu'il est en son corps, et tel, suivant la mesure de grâce qui lui a été départie, est son langage triomphant et les ferventes actions de grâces qu'il rend à Dieu pour le moyen de salut qui lui a été accordé par Jésus-Christ, par qui il a des arrhes et de sûres espérances d'une délivrance finale qui sera complète, et d'une victoire glorieuse qui terminera l'état de guerre spirituelle qu'il a soutenue.

Le combat que l'Apôtre décrit ici, le plaisir que l'on trouve dans la loi de Dieu, et l'accord du coeur avec les préceptes saints et sévères de la loi, sont des choses qui sont particulières aux régénérés.
Ceux qui connaissent l'excellence de cette loi, ceux qui portent toutes leurs vues à l'obéissance envers Dieu, ceux qui ont la faim et la soif de la justice, sentiront la force du langage que l'Apôtre emploie ici ; elle résulte du haut degré de sanctification auquel il était parvenu, de sa haine pour le péché et de sa profonde humilité.

Ce combat était la plus pénible de ses épreuves, au point que lui-même se regardait comme misérable. La demeure du péché en lui le retardait dans sa carrière et tourmentait tellement les inclinations saintes de l'homme spirituel, qu'il comparait sa situation à celle de ces personnes, qui, en punition de leurs crimes, étaient enchaînées à un cadavre et obligées de le traîner sans cesse avec elles.

Si l'Apôtre n'avait pas été un homme intègre, il n'aurait point parlé de lui-même aussi sincèrement qu'il le fait ici. Il aurait fait comme plusieurs autres. Il aurait présenté les choses, sous le point de vue le plus favorable. Il n'aurait point découvert entièrement son coeur, et dans le temps que les églises l'admiraient, il ne leur aurait point dévoilé ce qui se passait en lui.
Nous voyons ici une simplicité et une humilité réelles ; il n'y avait plus en lui rien de Pharisien. Le Pharisien est devenu Publicain.
La vérité se montre ; il dit : y a-t-il un homme qui gémisse sous un corps de pèche et de mort ? qui en sondant son coeur trouve qu'en lui, c'est-à-dire, en sa chair, il ne demeure rien de bon ? Telle est ma situation, ajoute-t-il, et si j'ai quelque chose dont je puisse me glorifier, c'est en Jésus-Christ et non en moi-même. « Qui est-ce qui peut dire j'ai purifié mon coeur et je suis net de mon péché. (Prov. XX. 9) Certainement il n'y a point d'homme juste sur la terre, qui agisse toujours bien et qui ne pèche point. (Eccl. VII. 20) Car nous péchons tous en plusieurs choses. » (Jacq. III. 2)

La preuve que l'Apôtre parle depuis le v. 7, de sa propre expérience, et que son discours se rapporte au temps écoule depuis sa conversion et à l'époque où il écrivait cette épître, la preuve de ce fait est pleine et entière.

I. Dans ce passage Paul s'exprime à la première personne plus de quarante fois ; mais au lieu (alors) que du 7.e verset au 14.e, il employait le passé, il parle ensuite de lui-même, toujours au présent, sans donner aucune indication qu'il ait l'intention de parler d'un autre.

Son objet déclaré est de montrer que la loi ne peut rien pour aucun pécheur (il a déjà prouvé que tout homme l'est) qu'elle ne peut ni le justifier, ni le sanctifier, et que le fidèle en est toujours convaincu.
Il affirme qu'à la fin il triomphe en Christ, et cependant il déclare qu'il continue à éprouver un état de guerre intérieure, et il conclut en disant, « je sers donc moi-même, de l'entendement à la loi de Dieu, mais de la chair la loi du péché. »
On ne peut pas soupçonner qu'en disant moi-même, il ait voulu parler d'un autre, ni qu'il voulût ainsi affirmer qu'un homme non converti pût servir la loi de Dieu ou triompher en Christ.

II. Il fait contraster son premier état avec celui où il est depuis qu'il a connu le vrai sens de la loi. Il déclare qu'autrefois il entretenait par ignorance une haute opinion de sa piété et de la sûreté de l'état où il était : « Autrefois que j'étais sans la loi je vivais. » Nous voyons la même vérité dans d'autres parties de ses écrits, où il parle de sa sincérité, de son zèle religieux, de son irréprochabilité avant sa conversion, (Act. XXVI. 4. 5-9. Gal. I. 14. Phil. III. 4-6) quoiqu'il ait jugé depuis, que dans ce temps-là même il était un blasphémateur, un persécuteur, un oppresseur, de sorte qu'après même qu'il fut devenu apôtre, il s'appelle le chef des pécheurs. (I. Tim. I. 13.15)
Autrefois il était dans la chair, n'ayant que sa nature originairement corrompue, et qu'il appelle péché ; depuis, quoique la chair ou le péché demeurât en lui, il n'était plus sous son empire, il ne marchait pas dans sa voie et quoiqu'il le fatiguât beaucoup. La nouvelle nature qu'il avait reçue prédominait en lui ; et c'est pour cela qu'il établit pleinement l'opposition qui est en lui-même entre le vieil homme crucifié à la vérité, mais non encore détruit, et la nouvelle nature. C'est la doctrine uniforme de toutes ses épîtres et de toute l'écriture dans la partie historique, aussi bien que dans celle qui est dogmatique.
C'est conformément à elle et d'après ce qu'il expose ici, qu'il exhorte les Saints à Éphèse, à chacun desquels il croyait que la grâce avait été donnée, à dépouiller le vieil homme, (Eph. IV. 7. 22) et toutes les autres exhortations qu'il adresse aux fidèles, sont établies sur le même fondement.

III. Dans d'autres parties de ses écrits, où il n'y a point de doute que Paul ne parle de lui-même comme apôtre, il se montre également convaincu que le péché habite en lui, et déclare exactement comme il le fait ici, qu'il est mort par la loi. (Gal. II. 19)
L'expression la plus énergique dont il se serve ici, c'est qu'il est charnel, vendu au péché, mais nous trouvons ailleurs, qu'il applique le mot charnel, aux saints, enfants en Christ, qui étaient « appelés par Dieu à la communion de son Fils, » et qui devaient être « affermis jusque à la fin, pour être, irrépréhensibles dans la journée de Notre Seigneur Jésus-Christ. (I. Cor. III. 1. 2.) »

IV. Il y a encore dans ce récit deux circonstances qui seraient décisives quand même il ne contiendrait rien de plus.
D'abord l'Apôtre affirme qu'il prend plaisir de la loi de Dieu, quant à l'homme intérieur. Mais se plaire dans cette loi bonne, juste, sainte et spirituelle, haïr tout mal, aimer tout bien, et être profondément touché de ne pouvoir effectuer ce bien que l'on chérit par-dessus tout, c'est une chose qui est particulière aux régénérés. Elle est bien différente de ce que disait un Païen : Je vois le bien, je l'approuve et je fais le pire. C'est ce qu'un homme peut dire sans avoir de repentance, et c'est ce que beaucoup disent en effet. C'est ainsi qu'un autre Païen, sentant son esprit divisé entre l'ambition et les plaisirs des sens, se plaignait d'avoir deux âmes à la fois. Ces déclarations d'ailleurs, annoncent un état de l'âme, non-seulement différent, mais totalement opposé à celui dont parle l'Apôtre. Elles contiennent une reconnaissance pleine et entière de cet empire du péché, dont la puissance est éprouvée par tous ceux qui ne sont point convertis.

Avant sa conversion, l'homme tout entier sert la loi du péché, quelle que soit la très faible opposition de sa conscience, de la crainte et de la honte qu'il peut avoir, jusqu'à ce que l'usurpateur soit à la fin détrôné, et que la grâce règne dans le coeur qui lui était auparavant soumis. C'est alors et ce n'est qu'alors que l'homme suit ce qui est bon, et qu'il « prend plaisir à la loi de Dieu quant à l'homme intérieur. »

« Grand Dieu ! j'ai pris plaisir à faire ta volonté, et ta loi, est au-dedans de mes entrailles. » (Ps. XL. 9) Se plaire dans la loi de Dieu et le craindre, sont des choses inséparables, et le Saint-Esprit appelle bienheureux, ceux qui ont ce sentiment. « Bienheureux est l'homme qui craint l'Éternel et qui prend un plaisir singulier à ses commandements. » (Ps. CXII. 1)
C'est même par cette déclaration que commence le livre des Psaumes. « Bienheureux est l'homme qui ne vit point suivant le conseil des méchants et qui ne s'arrête pas dans la voie des pécheurs, et qui ne s'assied pas au banc des moqueurs, mais qui prend plaisir en la loi de l'Éternel, et qui médite jour et nuit en sa loi. » (Ps. I. 1-2)

Ainsi tout homme qui prend plaisir à la loi de Dieu est bienheureux, et qui oserait affirmer qu'un homme non converti est bienheureux ? La peinture que l'Apôtre fait de son expérience intérieure, est totalement inapplicable à d'autres qu'aux croyants. Loin de se plaire à cette loi de Dieu, dont le premier commandement est : « Tu aimeras Dieu de tout ton coeur ; » l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se rend point sujette à la loi de Dieu, et aussi ne le peut-elle point. (Rom. VIII. 7) Tel est l'état de l'homme non converti.

V. L'autre circonstance qui prouve que cette peinture expressive se rapporte à Paul, apôtre, c'est qu'il n'en espère aucun soulagement que par Jésus-Christ, et qu'il s'exprime dans les mêmes termes qu'il emploie en parlant aux Corinthiens, dans un passage où il s'agit de lui-même, et de sa renaissance avec eux pour l'immortalité bienheureuse. « Grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par Notre-Seigneur Jésus-Christ. (I. Cor. XV. 57).
Cette expression serait-elle applicable à un homme non converti ?

VI. Enfin, dans un autre endroit où il parle de l'expérience des chrétiens ; il affirme exactement les mêmes choses que dans ce passage. « La chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair, et ces choses sont opposées l'une à l'autre, tellement, que vous ne faites pas les choses que vous voudriez. (Gal. V. 17)

Il est aisé de voir combien il était convenable que l'auteur de cette épître rapportât la propre expérience en peignant les travaux du coeur de l'homme et non sa conduite extérieure ; rien n'était plus propre à éclaircir sa doctrine sur la culpabilité et la dépravation humaine, sur l'universalité de la maladie invétérée du péché, que de voir qu'elles étaient capables de s'opposer avec autant de force aux principes de la vie nouvelle.
Sous ce point de vue, ce passage est parfaitement d'accord avec le dessein que l'Apôtre s'est proposé dans cette épître, et en même temps la consolation qu'il trouve dans la doctrine de Jésus-Christ, démontre clairement que les peines éprouvées dans les combats intérieurs ne sont point incompatibles avec la bienheureuse assurance de la vie éternelle, (9) C'était sa jouissance habituelle, ainsi qu'il le déclare en plusieurs endroits. (II. Cor. V. 1. 5. Phil. I. 23. II. Tim. IV. 8)

L'exposition que l'Apôtre fait de son état et ses plaintes sur la corruption qui demeure en lui, correspondent parfaitement, d'un côté avec les instructions que nous donnent l'ancien Testament aussi bien que le nouveau, relativement à la piété et à la dévotion envers Dieu, et de l'autre avec les fautes des plus saints personnages qui faisaient des chutes, commettaient des péchés, que l'histoire nous rapporte en même temps qu'elle rappelle leur horreur pour le mal. « Je suis un homme vil. (Job. XXXIX. 37 / -40: 4))
Hélas moi ! Car c'est fait de moi, parce que je fuis un homme souillé des lèvres. (Es. VI. 5)
Mon âme est attachée à la poudre. (Ps. CXIX. 25)
Certainement je suis le plus hébété de tous les hommes. (Prov. XXX. 2)
Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme, pécheur. » (Luc. V. 8)

Le Seigneur dit aux apôtres Jacques et Jean, vous ne savez quel esprit vous avez ; (Luc. IX. 55) et peu après qu'il eût dit à Pierre que ce n'étaient ni la chair ni le sang qui lui avaient révélé ces choses, mais Dieu lui-même, après lui avoir promis les clefs du royaume des cieux, il lui fait la réprimande la plus sévère que l'Apôtre pût recevoir : arrière de moi, Satan, tu m'es en scandale, car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes. (Matt. XVI. 17-23)

En un mot, toutes les plaintes des saints sur le pouvoir du péché, leurs vifs et ardents désirs de la sainteté, dont nous trouvons tant d'exemples dans l'écriture, et surtout dans le livre des Psaumes, coïncident parfaitement avec les plaintes de Paul, et viennent de la même cause : le plaisir qu'ils prennent à la loi de Dieu, et la pénible conviction qu'ils ont qu'il reste encore dans leur coeur bien des choses qui ne sont pas conformes à cette sainte règle. Cette humble confession et ces profondes lamentations sont bien loin de la disposition et de la conduite des esclaves volontaires de leurs convoitises, et la sincérité avec laquelle les croyants les plus éminents par leur piété, adoptent ce langage, montrent combien il convient à leur sentiment vif de l'horreur du péché et de leur propre bassesse.

Ce passage est donc parfaitement convenable pour consoler le fidèle qui « connaît la plaie de son coeur, » (I. Rois. VIII. 38) au milieu de ces rudes combats spirituels, inconnus à tout le monde excepté à lui-même et au scrutateur des coeurs. Il est quelques-uns de ces croyants qui n'ayant point examiné avec assez de soin ce passage, et étant égarés par de fausses interprétations, s'écartent du sens naturel et craindraient d'appliquer ces paroles à Paul, l'Apôtre de Jésus-Christ. Lorsqu'ils l'auront considéré sous le point de vue convenable, ils béniront Dieu pour les consolations et les instructions qu'il pourra leur fournir, tandis que toute cette peinture, sous le même aspect, ne sera que folie pour ceux, qui, n'étant chrétiens que de nom, ne peuvent point avoir fait de telles expériences.

Nous voyons dans ce chapitre que les fidèles sont affranchis de la condamnation de la loi, mais qu'elle continue à être la règle de leur devoir. Le Saint-Esprit s'en sert afin de les convaincre qu'ils sont pécheurs, et de les engager à s'attacher au Seigneur Jésus, pour le pardon de leurs offenses et leur entier affranchissement du pouvoir du péché.
Plus un chrétien s'approche de la ressemblance avec Christ, et plus ces vues sur le salut l'affectent profondément, plus il sent dans son âme la nécessité de lui appliquer constamment le sang de l'expiation : cette « source qui est ouverte en faveur de la maison de David, et des habitants de Jérusalem pour le péché et pour, la souillure. » (Zach. XIII. 1) Ainsi plus un homme a reçu de la grâce, plus il a aussi le sentiment de sa propre indignité, de la miséricorde libre de Dieu, et par conséquent plus il aura d'humilité.

L'accroissement de la grâce tend non seulement à faire penser aux saints que leur perversité est extrêmement grande, ce qui est vrai, mais encore que la difformité de la faute la plus légère, ou du plus léger degré de dépravation, est si grand, qu'elle l'emporte de beaucoup sur la beauté du plus haut degré de sainteté, qu'ils puissent atteindre, ce qui est également vrai. Car le moindre péché contre un Dieu infini, a une qualité infiniment odieuse, et infiniment horrible ; tandis que le plus haut degré de sainteté dans une créature, ne peut pas avoir une perfection infinie.
Par conséquent sa beauté n'est rien en comparaison de la difformité du péché. Que le péché soit infiniment haïssable, c'est ce que l'on peut démontrer évidemment, parce que le mal, l'iniquité, la difformité qui sont en lui consistent dans la violation d'une obligation, en étant, ou en faisant autrement que l'on n'était obligé d'être, ou de faire, et d'après cela, l'iniquité de la violation est d'autant plus grande que l'obligation à laquelle on était soumis était plus grande elle-même.
Or certainement l'obligation d'aimer ou d'honorer un être, est d'autant plus grande, qu'il est plus digne d'être aimé et honoré. Nous sommes assurément obligés d'aimer davantage ce qui est plus aimable, que ce qui l'est moins ; et si un être a le droit d'être infiniment aimé de nous, notre obligation de l'aimer est infiniment grande, et par conséquent ce qui sera contraire à cet amour, sera infiniment inique, odieux et horrible.

Plus un homme a reçu de lumières spirituelles, plus donc il paraîtra à ses propres yeux horrible et défiguré par le péché, et moins ce qu'il a de bonté lui paraîtra proportionné à sa méchanceté. En vérité elle est comme rien ; elle est moins qu'une goutte d'eau dans l'océan : car ce qui est fini ne peut supporter de comparaison avec ce qui est infini.
Plus il est éclairé de la lumière spirituelle, mieux il voit les choses sous leurs véritables rapports. C'est ce qui prouve que l'effet de la grâce est tel, que plus un fidèle en ressent l'effet au milieu des restes de sa corruption, et moins il trouve que sa sainteté et sa bonté soient en proportion avec sa difformité, non seulement sa difformité passée, mais sa difformité actuelle, par les vices qui paraissent encore dans son coeur, par les défauts abominables de ses pensées les plus hautes, de ses affections les meilleures, et de ses actions les plus brillantes.
Aussi l'apôtre Paul, au milieu de toutes les bénédictions qu'il avait reçues, était forcé, lorsqu'il considérait l'état de son coeur devant Dieu, à s'écrier : O misérable que je suis !

Nous voyons encore dans ce chapitre, que si Paul eut la conviction qu'il était un pécheur condamné par la loi, ce fut après que le Seigneur Jésus, se fut révélé à lui, car jusqu'alors, il était juste à ses propres yeux. Il avait vécu Pharisien, suivant la secte la plus exacte de sa religion, il avait avancé dans le Judaïsme plus que ceux de son âge, étant le plus ardent zélateur des traditions de ses pères ; (Act. XXVI. 5. Gal. I. 14) à cette époque, il vivait sans la loi, ce qui est opposé à la conviction pleine et entière, qu'il était un pécheur condamné par elle.

La conviction du péché est souvent représentée comme le premier acte de Dieu, lorsque par sa grâce il veut attirer le pécheur à lui ; mais elle est seulement une partie, ou plutôt un effet immédiat de ce premier acte.
Il arrive, il est vrai, fréquemment qu'il a une espèce de persuasion que l'on est pécheur, qui ne venant pas de cette source est seulement occasionnelle et temporaire, quoique, pour un temps, elle puisse atteindre profondément le coeur et déterminer l'homme « à faire beaucoup de choses, » comme Hérode lorsqu'il entendait la prédication de Jean.

Pour avoir une vraie conviction de son péché, il faut d'abord que le pécheur ait quelque idée convenable de Dieu.
Une connaissance de sa nature et de sa gloire, est le vrai fondement de tout : elle seule peut produire une conviction salutaire du péché, car comment pourrait-il connaître vraiment ce qu'est le péché, s'il ne savait contre qui il l'a commis ? (10)
Le péché peut être craint comme dangereux, sans cette connaissance ; mais sa nature et son démérite ne peuvent être connus que par leur contraste avec la sainteté, la majesté, la bonté, la vérité de celui contre qui il a été commis, et qui ne manifeste qu'en Jésus-Christ la connaissance de sa gloire. (II. Cor. IV. 6)
Aucun moyen extérieur ne peut donner une telle connaissance de Dieu, ou produire cette conviction du péché sans le concours de la lumière divine et le pouvoir du Saint-Esprit sur l'âme. La conscience naturelle peut être incitée à faire naître quelques désirs, mais s'ils ne sont pas fondés sur la connaissance spirituelle des perfections de Dieu, suivant la révélation qu'il en a faite lui-même dans sa parole, ils s'évanouiront tôt ou tard, et les pécheurs retourneront à leurs premières voies, (II Pier. II. 20. 22) ou bien ils tomberont dans une forme de piété, fondée sur leur propre justice. (Luc XVIII. 11)
Comme il y a dans la dispensation de l'évangile, beaucoup de choses différentes, qui peuvent opérer sur les passions naturelles des hommes, les nombreuses apostasies que nous voyons, doivent être des sujets de douleur plutôt que d'étonnement. Mais, comme nous voyons dans le chapitre suivant, lorsque le Seigneur a commencé une bonne oeuvre, il l'achève, jusqu'à la journée de Jésus-Christ ; (Phil. I. 6) il garde les fidèles par sa puissance, par la foi, afin qu'ils obtiennent le salut. (I. Pier. I. 5)

Les hommes peuvent être sous la crainte de la condamnation et en même temps excessivement opposés à recevoir les consolations du glorieux évangile. Cela vient, non de quelque défaut dans la grâce qu'il révèle, ou dans le salut qu'il apporte, non de ce que le pécheur est dans un besoin, une détresse si grande qu'il n'a pas complètement pourvu à son rétablissement, mais de ce qu'il ne regarde point la gloire de la grâce, qui règne triomphante dans l'évangile, et le dessein de Dieu, d'y pourvoir. Il désirerait de se trouver désigné en quelque manière, comme un objet convenable de la miséricorde de Dieu, par de pieuses dispositions et des affections sanctifiées.
C'est là l'obstacle à sa consolation, la grande cause de sa perplexité. En d'autres termes, il est prêt à craindre de n'être pas suffisamment humilié sous le sentiment du péché, de n'avoir pas assez d'horreur pour lui ou de n'avoir pas ces fervents désirs de Christ et de la sainteté qu'il doit ressentir, avant d'avoir droit à croire en lui pour le salut.

Ainsi le pécheur, lors même que sa conscience est oppressée par le péché, s'oppose à la vraie grâce de Dieu, en désirant d'avoir quelque mérite antérieur, qui lui soit propre d'où il paraît que le véritable renoncement à soi-même que demande l'évangile, est le sacrifice le plus pénible pour l'orgueil humain,

Nous devons observer ici, que la profonde angoisse qui naît de la crainte de l'enfer, n'est demandée à personne avant d'avoir la paix avec Dieu. Car cette angoisse n'appartient pas aux préceptes de la loi, mais à sa malédiction ; les profondes terreurs d'une punition éternelle ne sont point une partie de ce qui est demandé aux pécheurs, mais sont une partie des peines qui leur sont infligées. Il est à la vérité, une tristesse évangélique du péché qui est un devoir pour nous ; elle nous est ordonnée, et des promesses y sont attachées : mais la terreur légale, qui vient de. la malédiction de la loi, et non de ses préceptes, qui exprime le sentiment du danger qui vient par la loi, plutôt que celui de la peine d'avoir fait du mal contre la loi, cette terreur n'est point une marque de l'amour de Dieu, ni d'aucune sainte disposition. Un pécheur réveillé, qui désire d'avoir des alarmes de cette espèce, est un homme qui cherche la misère de l'incrédulité afin d'obtenir la permission de croire.

Il y a donc de la différence entre la terreur de la conscience et la conviction du péché, et l'une des deux peut exister sans l'autre. La crainte de la colère divine peut-être excitée par une prévoyance alarmante, par de vives idées de la mort et du jugement qui doit la suivre, par la conscience de quelque crime grossier, dans la conduite extérieure, et on peut ressentir cette crainte :
- sans avoir en vue la sainteté, la spiritualité, et l'étendue de la loi divine ;
- sans avoir la conviction de la justice des malédictions qu'elle prononce comme peine immuable et méritée de toute transgression des commandements qu'elle prescrit ;
- sans avoir le discernement de la cause et du siège du péché qui a sa racine dans le coeur perverti, dans la nature corrompue et dans l'éloignement de la vie de Dieu ;
-
sans avoir la conviction qu'avait Paul de l'impossibilité où il était de le surmonter.

Ces caractères essentiels d'une vraie conviction du péché, se trouvent là où la conscience purifiée par le sang de la propitiation qui annonce la paix, est, malgré cette conviction, délivrée des terreurs qui viennent de la coulpe, et où l'esprit d'adoption étant dans le coeur, rend le pécheur capable de regarder Dieu comme un père réconcilié avec lui, par celui « qui a été fait malédiction, pour lui ». C'est seulement dans cette vue que l'on a par la foi, que le pécheur peut acquérir la conviction la plus intime du péché ; attendu qu'il y voit le plus effrayant développement de son démérite, dans les souffrances de celui « qui a été fait péché pour nous, » en même temps qu'il fait la découverte glorieuse de la tendresse et de l'amour avec lequel ce Dieu contre qui il a péché, a établi un sacrifice pour ôter le péché.

Toute vue de la nature du péché obtenue autrement que dans la croix de Christ, tend à éloigner d'un Dieu juste l'âme coupable et à l'envelopper dans les ténèbres du désespoir, tandis que la vue qu'a le croyant de celui « qu'il a percé », le conduit au Père de toute miséricorde, le place dans un état d'humiliation devant le trône de la grâce, et l'oblige à s'abhorrer lui-même et à renoncer à toute confiance en la chair. Comme cette vraie conviction du péché, commence avec la vie de la foi, elle continue pendant toute la vie du croyant et devient d'autant plus profonde, qu'il croit davantage en la grâce et en la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.


Dans ce chapitre et dans les précédents, il est beaucoup parlé de la Loi de Dieu. Dieu est le législateur aussi bien que le Créateur du monde, et sa loi découle nécessairement des rapports qu'il a avec ses créatures. Sa loi est une peinture de son caractère, elle retrace sa sainteté, sa justice et sa bonté, et en un mot, son amour ; Car Dieu est amour. (I. Jean IV. 8. 12. 16) Elle est comprise toute entière dans le sommaire qu'en donna le Seigneur Jésus en ces mots : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme et de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. (Luc X. 27)
Ainsi l'accomplissement de la loi, c'est l'amour, (Rom. XIII. 10) et « la fin du commandement, c'est l'amour. » (l. Tim. I. 5)

L'amour qui est demandé à la créature par la loi, dans toute sa puissance, dans toute son intensité, c'est d'abord pour Dieu son Créateur, le grand objet de l'amour.
La seconde partie du sommaire de la loi, loin de contrarier ce but coïncide avec lui et en découle, en ordonnant d'aimer notre prochain, qui est ainsi que nous, une créature de Dieu, et qui est aussi sous une dispensation de miséricorde.

L'amour que nous devons avoir pour notre prochain, doit être semblable à celui que nous nous portons à nous-mêmes ; cela nous montre que ce dernier amour ne doit point être condamné, il est convenable et nécessaire comme une partie de la loi de notre création, qui nous ordonne de considérer nos besoins et d'y pourvoir.

L'amour de nous-mêmes ne devient criminel que lorsqu'il est excessif, et lorsqu'il aboutit à l'homme au lieu d'aboutir à Dieu. Ainsi cet amour de nous-mêmes, lorsqu'il est convenablement réglé, devient la mesure de celui que nous devons avoir pour les autres, et doit être constamment en exercice dans toutes les relations que nous avons avec eux, et dans l'accomplissement de tous les devoirs qui naissent de ces relations. C'est ainsi que nos devoirs tant envers le Créateur, qu'envers la créature, ne sont point contraires les uns aux autres, maïs au contraire dérivent de la même source, et suivent la même voie qui est l'amour.

Cette loi est sainte, elle est la parfaite règle du droit. Elle est juste, elle ordonne tout ce qui est équitable et dû, et de rien de plus. Elle est bonne, en elle-même et dans sa tendance, elle est disposée pour maintenir entièrement l'ordre, et pour établir le plus haut degré de bonheur dont soient capables ceux qui sont sous son pouvoir.
Elle doit être la loi de toute la création intelligente. D'après sa sainteté, sa justice et sa bonté, rien de plus, ni rien de moins ne peut être demandé à aucune créature : la loi de l'Éternel est parfaite ; (Ps. XIX. 8) il n'y a rien qui manque, ni qui excède, elle demande la parfaite obéissance qui est essentielle à la nature de toute loi, car aucune loi ne peut dispenser de la plus petite partie de l'obéissance qu'elle demande.

D'après la nature de la loi ainsi déterminée, il est clair que toute oeuvre de surérogation est impossible ; car aucune créature dans l'univers, ne peut aimer Dieu au-delà de sa force.
Cette loi est encore fortifiée par des sanctions sans lesquelles elle serait un avis, et non pas une loi, elles sont indispensables pour conserver la dignité et l'autorité du législateur et pour la rendre efficace. « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire : et l'homme qui aura fait ces choses vivra par elles. » (Gal. III. 10. 12)

La récompense de l'obéissance aussi bien que la punition de la transgression dérivent l'une et l'autre du caractère de Dieu.
Dieu est amour pour lui-même et pour ses créatures.
Dieu doit s'aimer lui-même par-dessus tout et infiniment ; étant l'objet suprême de l'amour, et étant infiniment digne d'être aimé.
Dieu est aussi amour pour ses créatures, comme cela parait par la situation originaire où elles se sont toutes trouvées au commencement.

Les anges à leur création étaient habitants des cieux où Dieu manifeste sa présence. (Esa. LXVI, 1) Ils y contemplaient la gloire de Dieu et ils environnaient son trône. (Esa, VI. 2. Apoc. V. 11)
Lorsque l'homme fut créé, le monde fut disposé pour lui, il jouit de la communion avec Dieu, et il avait été prononcé que toutes les choses qui l'entouraient étaient très bonnes.
C'est de cette heureuse situation originaire, qu'une partie des anges, et l'homme, sont tombés par l'effet de la désobéissance.

Ainsi ils ont rompu volontairement le lien parfait, qui est l'amour, et par conséquent, le malheur qui vient de leur rébellion contre Dieu, n'est imputable qu'à eux-mêmes.
Dieu qui est infini en toute perfection, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, (Hab. I. 13) devait nécessairement punir le péché ; le péché qui est la violation de la loi d'amour, sépare les créatures de Dieu, de celui qui est la source de leur bonheur, et les sépare, aussi les unes des autres, c'est une rébellion contre son juste gouvernement, qui tend à produire une confusion et une misère universelles. Dès lors l'amour de Dieu pour lui-même et pour toute chose qui est bonne, sa sainteté qui le met dans une opposition infinie avec le péché, et sa justice qui rend à chacun ce qui lui est dû, exigent que le péché soit puni comme il le mérite.

Le grand artifice de l'ennemi de Dieu et des hommes, consiste à les tromper sur ce que demande la loi, et sur la certitude de la punition qui doit suivre sa violation. Vous ne mourrez nullement. (Gen. III. 4) Tel est le mensonge par lequel il ruina le monde. Dans cette occasion il se cacha sous la forme d'un serpent, et il se cache encore effectivement pour persuader ceux qu'il rend captifs de sa volonté, qu'il n'a aucune existence que dans l'imagination des hommes ou du moins qu'il n'a aucun pouvoir pour les tenter. C'est ainsi que ses victimes qui n'ont point la conscience de l'être, dont plusieurs sont les sages du monde, sont plus aisément séduites par lui et entraînées vers leur destruction éternelle; mais celui qui le connaît et qui sait où il fait son séjour, a averti les hommes de ses pièges. « Il a été meurtrier, dès le commencement, » dit le Seigneur Jésus, « et il n'a point persévéré dans la vérité ; car la vérité n'est point en lui, toutes les fois qu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car, il est menteur, et le père du mensonge. » (Jean VIII. 44)

L'atrocité d'une offense contre une loi, et le degré de punition suivant la justice doivent être en proportion de la justice et de la bonté de la loi, et de la dignité et de l'autorité du législateur.
Le mal qu'il y a à violer la loi de Dieu, peut être évalué d'après la punition qui a été infligée à la race humaine à cause d'un seul péché (Rom. V. 18). Ce fut l'entrée de la mort spirituelle, temporelle et éternelle, mais, par l'amour de Dieu, les hommes furent placés aussitôt sous une dispensation de miséricorde.
Les gouvernements humains étant imparfaits, dispensent de la justice quand ils font grâce, mais il ne peut en être de même avec Dieu, qui, lorsqu'il montre sa miséricorde, le fait d'accord avec la justice. « Il demeure fidèle, il ne se peut renier soi-même. » (II. Tim. II. 13) C'est pourquoi, dans le plan du salut, la loi est maintenue dans toute son autorité et dans toutes ses sanctions. Le péché est puni, et en même temps le pécheur est sauvé.

L'autorité, la majesté et la souveraineté de Dieu sont évidemment intéressées à ce que les menaces et les peines indiquées par la loi, aient leur effet entier. L'inexécution des lois humaines porte la confusion et le désordre dans les familles et dans les états, mais si les lois de Dieu n'étaient point exécutées, ce serait dans tout l'univers que la confusion et le désordre absolus seraient introduits.

L'immuable sagesse, la justice et la vérité de Dieu sont intéressées dans l'exécution de cette loi ; car faire une loi, indique une inclination à continuer de la faire observer, et quand un souverain donne une loi à ses sujets, on peut dire en quelque manière qu'il se l'impose à lui-même, c'est-à-dire, que lorsqu'il oblige ses sujets à obéir à cette loi, il s'engage lui-même à en maintenir l'autorité. La gloire même de la bonté du législateur est intéressée à cette observation. La même raison qui l'a déterminé à faire de bonnes lois, doit le déterminer à conserver leur autorité et à les mettre en exécution.

Dans le gouvernement du monde, Dieu est à la fois législateur et juge. Il n'en est pas toujours de même dans les autres gouvernements ; le législateur peut être absent, et le juge peut dispenser de la loi sans la faute du législateur. Lorsque le juge n'exécute pas une loi, cette inéxécution se réfléchit sur le législateur, et condamne ce qu'il a fait. Dans les lois des hommes, qui sont toujours sujets à l'erreur, c'est souvent un honneur de dispenser de la loi, en considération d'événements qui arrivent sans avoir été prévus lorsque la loi fut faite. Mais ici, d'après la sagesse infinie de Dieu, une chose semblable ne peut point avoir lieu.

Le but de la loi de Dieu est un but d'une importance ineffable ; infiniment au-dessus de celui que se proposent les lois des hommes ; son but immédiat est la sainteté et la gloire de Dieu et le bonheur de ses créatures. Le but de la loi morale est celui de notre existence, le but de l'existence de toute choses, celui de la création et de la providence, celui de toutes les lois qui gouvernent les cieux et la terre, le soleil, la lune et les étoiles. La loi morale est la plus haute loi ; c'est la loi donnée aux habitants du monde, à toutes les créatures raisonnables.

Chacun est convaincu qu'il est juste et nécessaire que les lois données au soleil, à la lune et aux étoiles, soient gardées jusqu'à la fin du monde. Cependant, il n'est rien de moins raisonnable que les objections des incrédules contre les miracles de la bible, considérés comme déviations de ces lois.
Les miracles faits par Moïse, publiant la loi morale, lorsque l'homme par sa perversité l'avait oubliée ; ceux opérés par Christ, en accomplissant la loi, étaient de la plus grande importance ; et dans ce cas, la suspension de ces lois n'en était pas précisément une violation, mais au contraire les faisait servir à la plus haute fin pour laquelle elles eussent été établies.
Mais même les lois données aux créatures inanimées sont tellement maintenues qu'elles peuvent faire que les hommes soient moins étonnés que Dieu maintienne l'autorité de la loi morale, qui est d'une importance infiniment plus grande.
Le royaume de Dieu gouverné par cette loi, montre son importance ; elle est incomparablement plus étendue que toute autre. Si les lois d'un autre royaume étaient suspendues, l'état tomberait dans la confusion ; mais la confusion dans les autres royaumes ne serait rien en comparaison de celle du royaume de Dieu. Y maintenir l'ordre est d'une importance infiniment plus haute, comme sa durée est infiniment plus grande. Le royaume de Dieu est par-dessus toutes choses d'éternité en éternité, Le gouvernement de Dieu est le gouvernement suprême, Tous les autres lui sont fournis. Il est bien plus important que la loi soit maintenue dans le gouvernement suprême que dans ceux qui lui sont subordonnés ; ce qu'il y a de mal dans ceux-ci peut être rectifié, c'est pourquoi dans le gouvernement suprême, il est d'une importance au-dessus de toute expression, qu'il y ait le plus grand égard pour la justice ; de sorte que les raisons que l'on peut avoir dans les autres états pour dispenser de la loi, ne peuvent exister dans le royaume de Dieu.

Christ a magnifié la loi et l'a rendue honorable. (Esa. XLII. 21)
Il lui a fait un honneur ineffable par l'obéissance qu'il lui a rendue. Avant de venir dans le monde, il était parfaitement saint, mais cette sainteté ne pouvait point être appelé proprement obéissance. On pouvait dire aussi exactement que la loi était conforme à lui, qu'on pouvait dire qu'il était conforme à la loi. II n'était point un membre ou un sujet du royaume des cieux, il en était le chef ; il agissait alors en forme de Dieu, c'est-à-dire, comme souverain du monde, et ensuite dans la forme d'un serviteur ; comme il était vraiment l'un, il était aussi vraiment l'autre. Il avait été assujetti à la loi, lorsqu'il était né d'une femme. Sa sainteté l'engageait auparavant à faire la loi et à gouverner le monde par elle ; mais alors c'était cette loi qui le gouvernait. Sa sainteté et sa justice étaient d'abord la sainteté de Dieu, et elles devinrent ensuite l'obéissance d'un homme.
Christ a magnifié la loi, et la rendue honorable ; en tant qu'il lui a rendu une obéissance complète jusqu'à la mort sans tâche, et en tant que l'exemple de son obéissance fut d'une influence universelle, pour toute sorte de personnes et pour toute espèce de devoirs.
C'était l'obéissance de la personne la plus glorieuse qui put être assujettie à la loi ; quoique chaque homme en obéissant à la loi, l'honore autant qu'il le peut par son obéissance, cependant celle d'une personne, peut lui faire plus d'honneur, que celle d'un autre.
Plus la personne qui obéit est honorable et plus la loi est honorée. Il résulte clairement de là que l'obéissance du fils de Dieu dans notre nature, a plus honoré la loi, que n'eût pu le faire l'obéissance du genre humain tout entier. Il a donné à chaque commandement de la loi, à chaque devoir qu'elle imposait, plus d'honneur qu'ils n'avaient reçu d'outrages par la désobéissance de tous les transgresseurs qui ont été au monde. De sorte que s'il était possible que les devoirs de la sainteté fussent plus honorables dans un temps que dans l'autre, ils le feraient assurément davantage, depuis que celui qui est Dieu lui-même a rempli ces devoirs et s'est acquitté des actes d'obéissance dont nous sommes chargés.
Lorsque d'autres sujets obéissent à la loi, c'est leur propre honneur qui dérive de cette obéissance, mais dans le cas dont nous parlons ; c'était la loi qui était honorée de l'obéissance du souverain.

Son obéissance a magnifié la loi, parce qu'elle était par un ordre divin et solennel. Christ était choisi par Dieu, oint, et élu pour cette fin. Il était Jéhovah, qui était envoyé par Jéhovah, pour naître sous la loi, et. lorsque nous considérons que l'oeuvre la plus étonnante de Dieu que nous puissions concevoir est l'incarnation de son fils et sa vie dans le monde, et que ces merveilles étaient faites pour magnifier sa loi, nous verrons qu'il est impossible d'avoir de trop hautes idées de cet amour, et, si l'on peut parler ainsi, du respect que Dieu a pour sa propre loi.
Christ a magnifié la loi en accomplissant ses conditions pénales : Il a souffert tout ce dont elle menaçait et tout ce qui était mérité par sa violation, il a porté tout le poids du péché et a ainsi donné une fin au péché et à sa punition, pour tous ceux qui ont part à sa médiation, ainsi il a soutenu l'honneur de la loi, et a montré qu'elle est sa force pour infliger les punitions qu'elle a annoncées.

Les souffrances de Christ ont été une exécution réelle des peines prononcées par la loi. La nature de la rédemption aurait été altérée, si Christ était venu seulement pour expliquer la loi et non pour l'accomplir, pour nous enseigner nos devoirs et non pour expier nos péchés. Christ pouvait nous enseigner nos devoirs sans prendre notre nature, il nous les enseigne par les autres, mais il acquitte nos péchés par lui-même. (Héb. l. 3) La loi avait été donnée par Moïse, mais accomplie seule par Christ ; la loi fut, à la vérité, magnifiée lorsque le Fils de Dieu resta un si long temps sur la terre pour la publier et l'expliquer, mais son exécution était une chose entièrement différente.

Les souffrances de Christ étaient l'exécution complète de la loi, aucune autre punition qu'eussent souffert les créatures, ne pourrait être appelée ainsi. La loi fut proprement mise à exécution, lorsque les menaces qu'elle contenait furent accomplies ; ceux qui sont dans l'enfer, ne peuvent jamais dire ce que Jésus a dit sur la croix : Tout est accompli. C'est de lui seulement que l'on a pu dire, qu'il consumerait le péché qu'il ferait propitiation pour l'iniquité, (Dan. IX. 24) Il a ôté la charge du péché qui conduisait la mort. (Héb. IX. 26) Aussi il apparaîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l'attendent à salut, (Héb. IX. 28) ayant déjà porté tout son poids.

Cela sert à magnifier la loi en montrant la certitude de la menace qu'elle prononce, la punition éternelle. La fin de l'éternité ne peut jamais être vue, mais cependant, lorsque Jésus-Christ a supporté une punition équivalente à une punition éternelle, c'est pour nous une démonstration visible, de l'éternité de la punition du péché.
Cependant, lorsque Christ rendît une parfaite obéissance à la loi, et souffrit les peines qu'elle imposait, il n'affranchit pas son peuple de l'obligation de lui obéir, mais de sa malédiction.
Ainsi la loi demeure dans toute sa force, comme règle de conduite, et les transgressions dont on se rend coupable, ne peuvent être expiées que par l'application continuelle et l'efficace du sang de cette oblation, qui a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés (Héb. X. 14) et qui est présenté dans les cieux par Christ, le souverain sacrificateur. (Héb. X. 12)

Tous les faux systèmes de christianisme, dérogent à l'honneur de la loi. D'un côté ils diminuent l'étendue de ses demandes, de l'autre ils rabaissent l'idée de sa sanction pénale.
C'est ainsi que l'ignorance de la nature de la sainte loi. est la base de tous les faux systèmes, et que la vérité à cet égard, n'est défendue avec exactitude par personne ; que par ceux qui reconnaissent Jésus-Christ comme Dieu manifesté en chair et venu pour accomplir la loi, qui se reconnaissent eux-mêmes, comme pécheurs par leur nature et par leur conduite, sauvés par le lavement de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit, et qui, par conséquent, sont ce qu'ils sont par la grâce seule.

La loi de Dieu donnée par lui-même sur le mont Sinaï dans une forme prohibitive, à cause des inclinations des hommes aux transgressions, frappa d'une telle terreur les esprits des Israélites, qu'ils ne pouvaient soutenir ce qui était ordonné, (Héb. XII. 29) mais qu'au contraire, ils s'éloignaient, se tenaient à une grande distance et réclamaient la médiation de Moïse ; et bien loin que cette loi ait été mitigée ou adoucie sous quelque rapport, dans la nouvelle dispensation, elle est expliquée dans toute son étendue et sa spiritualité par Jésus-Christ ainsi que par ses apôtres, et il est montré qu'elle atteint toutes les pensées du :coeur. La loi est spirituelle. (Rom. VII. 14)

Tous les chrétiens prennent plaisir à la loi de Dieu quant à l'homme intérieur, et en même temps qu'ils admettent l'obligation de lui obéir complètement, le sujet constant de leurs plaintes, est que d'après leur dépravation originaire, ils ne peuvent faire les choses qu'ils désirent (Rom. VIII 15-23), mais « ils rendent » grâces à Dieu qui leur a donné la victoire par leur Seigneur Jésus-Christ.
 « O combien j'aime ta loi ! Je courrai par la voie de tes commandements, quand tu auras mis mon coeur au large. L'horreur m'a saisi à cause des méchants qui ont abandonné ta loi.» (Ps. CXIX. 97. 32. 53)
Plus les chrétiens connaîtront la sainteté, la justice et la bonté de la loi de Dieu , plus ils admireront son amour et le prix de l'évangile de sa grâce par laquelle ils sont délivrés de sa malédiction, plus ils seront convaincus de leur indignité, de l'impossibilité où ils sont de subsister en présence de Dieu, sans un médiateur d'une dignité infinie, sans une obéissance d'une perfection infinie, et sans une expiation d'une infinie valeur.


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(1) La miséricorde dont il parle au second commandement, n'est relative à la loi qui était donnée, qu'en tant qu'elle était liée avec l'évangile, ou la
bonne nouvelle qui était annoncée aux Juifs par les expiations et les purifications légales.

(2) L'expression originale, signifie proprement,
ont été mis à mort, avec l'accusatif et le génitif, signifie quelquefois dans ou en ; voyez II. Cor. V. 10, Gal. IV. 13, I. Thes. IV. 14.
Ceux qui dorment en Jésus. Les fidèles étant considérés comme des membres de Christ, à cause de l'union intime qui existe entr'eux et lui, il est dit dans l'écriture que ce qui lui arrive leur arrive aussi. C'est ainsi qu'il a été dit dans le chapitre précédent,
v, 4-8, qu'ils étaient morts avec Christ ; ensevelis avec Christ et ressuscités avec lui, Éphésiens II. 4-6., qu'ils sont circoncis avec lui. À cause de cela, les croyants de toutes les nations sont appelés incirconcision.

(3) Dans ce passage, l'union de Christ avec son église est représentée comme un mariage comme
Ephes. V.31. 32. Apoc. XXI. 9. XXII. 17. C'est la peinture la plus vive que l'on puisse faire de l'union qui subsiste et qui doit subsister, pendant toute l'éternité, entre Jésus et ses fidèles, ainsi que du bonheur qu'ils tireront son amour pour eux et de leur entière soumission à lui.

(4)
Le mot employé dans l'original, , signifie un ardent désir soit du bien, soit du mal ; il est pris ici en mauvaise part, comme il l'est aussi, I. Jean II. 16. II est aussi employé dans le sens favorable : Luc XXII. 15. I Thess. II. 17.

(5) M'a séduit ou m'a trompé. Les dispositions au péché trompent les hommes en leur faisant croire que les prohibitions de la loi sont déraisonnables, que les actions qu'elle défend sont agréables ou utiles, ou que la punition dont ils sont menacés ne suivra pas ces actions, elles leur persuadent de s'en rendre coupables. Tel fut le discours du serpent à Eve : le serpent m'a séduite, et les mauvaises inclinations des hommes, sous l'influence du diable, les attaquent toujours par les mêmes suggestions.

(6) L'Apôtre établit clairement ici, la différence qu'il y a entre la cause proprement dite et l'occasion.

(7) Paul est le seul qui se serve de cette expression, l'homme intérieur, et il ne l'emploie qu'en parlant des fidèles. II. Cor. IV. 16. Eph. III. 16.

(8) Ici nous avons un bel exemple du soin vigilant que prend le bon Pasteur et de la puissance de son intercession auprès du Père, et nous voyons aussi pourquoi les tentations de Satan sont déconcertées à l'égard de quelques personnes, tandis que d'autres qui sont dans les mêmes circonstances et ont les mêmes avantages, sont vaincus et finissent par périr. « Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés : » Jean XVII. 9. 20.

(9) « Comme attristé et cependant toujours joyeux. » II. Cor. VI. 10. Ces paroles appliquées aux épreuves intérieures et extérieures du chrétien peuvent être regardées comme sa devise.

(10) C'est cela seulement qui peut indiquer la différence entre la conviction réelle et ces craintes passagères qui ne prouvent qu'un esprit d'esclavage. Dans l'écriture, ceux qui sont dans leur état naturel ou non régénéré, sont représentés comme étant dans l'état d'ignorance et dans les ténèbres. II est dit d'eux qu'ils ne connaissent pas Dieu. Gal. IV. 8. Eph. IV. 18. Act. XXVI. 18. II. Cor. IV, 4-6. L'écriture présente cet objet sous ce point de vue, plus souvent qu'on ne le croit communément.

 

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