Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE VIII.

 

1. Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la chair, 'mais selon l'esprit.

L'Apôtre a établi qu'il y avait en lui, comme dans tous les fidèles, un combat entre la vieille nature corrompue et la nouvelle vie qu'ils ont reçue. Il a fait une distinction : ce n'est point la même chose qu'être retardé dans sa course
par la corruption naturelle, ou être resté sous cette domination dont Dieu, par Jésus-Christ, a affranchi les croyants.
Il n'y a donc maintenant, dit-il, aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, unis à lui par la foi comme à un chef vivant. Cette union, la base de la justification et de la vie spirituelle, car celui qui a le Fils a la vie, (I. Jean V. 12) cette union est exprimée dans l'écriture par différentes figures, telles que celles du chef et des membres, (Eph. I. 22. 23) des fondements et de l'édifice, (Eph. II. 20) du tronc et des branches, (Jean XV. 5) du mari et de la femme, (Apoc. XIX. 7) et surtout, de la manière la plus remarquable dans la prière de Jésus-Christ, pour tous ceux qui croiraient en lui : « Afin, dit-il, que tous soient un ainsi, que toi Père, es en moi, et moi en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, et que le monde croie que c'est toi qui , m'as envoyé, et je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un, comme nous sommes un, je suis en eux et toi en mi , afin qu'ils soient consommés en un. (Jean. XVII. 21-23)

En conséquence de cette union avec Christ, ceux qui en sont les objets sont, nous l'avons déjà vu, affranchis de la malédiction de la loi. Ils sont pleinement justifiés, ce que l'on voit avec évidence , parce qu'ils marchent selon l'esprit et non selon la chair! Étant un avec Christ, ils reçoivent continuellement de sa plénitude et grâce pour grâce, (Jean I. 16) aussi leur voie n'est-elle pas selon la chair, c'est-à-dire, selon les mouvements de leur nature corrompue, mais selon l'esprit, c'est-à-dire, selon les sentiments du nouvel entendement qu'ils ont reçu par le Saint-Esprit. Ils prennent plaisir à la loi de Dieu , (Rom. VII. 22) lui rendant de leur entendement une obéissance que leur juge approuve , et cherchant toujours à l'accomplir. Ils marchent dans la lumière comme Jésus est dans la lumière ; ils ont communion avec Dieu, et le sang de son fils Jésus-Christ auquel ils ont constamment recours, les nettoie de tous leurs péchés, dont ils se repentent tous les jours, et qu'ils confessent avec humilité. (I. Jean l. 7.8.9.) Ainsi l'état habituel de la vie des chrétiens et la conduite qu'ils ont constamment , est l'obéissance à la volonté de Dieu , quoiqu'ils soient violemment contrariés par l'opposition constante de leur nature corrompue et pécheresse. Ils ont appris par leur expérience , aussi bien que par l'écriture, qu'à moins qu'ils ne demeurent en Christ par la foi, ils ne peuvent glorifier Dieu en portant des fruits de justice, et même qu'ils ne peuvent rien faire, rien absolument, dans la voie de l'obéissance chrétienne, pour un service agréable à Dieu. Mais par la fi , ils sont en celui qui est le véritable cep, et c'est de lui qu'ils tirent leur sève et leur fécondité.

Combien n'y a-t-il pas d'hommes, parmi ceux qui prennent le nom de chrétiens, qui ne veulent point croire que la seule voie de salut, c'est d'être dans Christ ?
Ils ne peuvent penser que toute cette foule qui les entoure et qui évidemment ne lui appartient pas, soit condamnée toute entière. Cependant la destruction par le déluge du genre humain tout entier , excepté Noé et sa famille, qui se sauvèrent dans l'Arche, est un type et une représentation frappante de cette vérité.
Au temps du déluge, le monde ne voulait pas non plus croire l'avertissement qui lui était donné , (Luc XVII. 26. 27) et qui fut proclamé pendant cent vingt ans , (Gen. VI. 3) tandis que l'Arche se préparait. (I Pier. III. 18. 20) (1) Nous voyons par là quel est la situation de ceux qui ne peuvent supporter l'évangile, lorsque les vérités qu'il contient leur sont clairement déclarées, et qu'elles leurs sont adressées à ceux-mêmes , comme à des pécheurs coupables, prêts à périr, et qui n'ont point d'autre voie de salut. Ils voudraient qu'on ne leur annonçât que des choses flatteuses. « C'est ici un peuple rebelle , des enfants menteurs, des enfants qui ne veulent point , écouter la loi de l'Éternel : qui ont dit aux Voyants, ne voyez point : et à ceux qui voient des visions, ne voyez point de visions de justice , mais dites-nous des choses agréables, voyez des visions trompeuses . » (Esa. XXX. 9. 10)

2. Parce que la Loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ , m'a affranchi de la Loi du péché et de la mort.

Paul s'étant donné lui-même pour exemple, en parlant des combats intérieurs que tous les fidèles ont à soutenir, déclare ici, ce qui est également applicable à tous, que la loi ou le principe moteur de la vie spirituelle, communiqué par l'esprit de Dieu, l'a affranchi du principe du péché et de mort qu'il sent encore agir dans ses membres; qu'il l'a affranchi, non du combat qu'il doit toujours soutenir contre le péché qui demeure en lui, mais de l'influence dominante qu'il pourrait exercer.

Quoique les hommes se vantent d'être libres, ils sont tous, dans leur état naturel, esclaves du péché. Lorsque Jésus parlait aux Juifs qui faisaient profession de croire en lui, mais qui , comme on vit bientôt après, n'entendaient pas sa doctrine , il leur disait : . « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. Ils lui répondirent.... nous ne servîmes jamais personne, comment donc dis-tu, vous serez rendus libre ? »(Jean VIII. 32.33)
C'est de la même manière que les hommes qui ne sont point convertis à Christ vantent leur liberté. Ils affirment que leur volonté est libre, et qu'ils peuvent choisir le bien, tout comme ils peuvent choisir le mal. Que si par cette liberté, ils entendent le pouvoir de choisir sans aucune force extérieure qui les contraigne ou qui les empêche, ils ont raison et ils sont libres dans ce sens. Mais un agent moral choisit suivant les dispositions ou l'inclination de son âme.

On doit toujours se souvenir que la volonté est la volonté de l'âme, et que le jugement est le jugement de l'âme.
C'est l'âme qui conçoit, qui juge, qui veut. Un fou juge avec folie, un méchant veut avec méchanceté, un homme de bien veut avec bonté. Il est dit dans l'écriture que Dieu ne peut se renier lui-même, (II. Tim. II. 13) qu'il ne peut mentir. (Tit. I. 2.) Il ne peut donc choisir le mal. Sa nature étant parfaitement sainte, le mal lui est impossible.
D'un autre côté, les esprits méchants et pervers, ne peuvent choisir ce qui est saint. « Toutes les fois que le diable profère le mensonge, il parle de son propre fonds. Car il est menteur. » (Jean. VIII. 44)

L'homme dans son état charnel choisit le mal, mais il ne peut choisir le bien, non pas à la vérité à cause de quelque obstacle extérieur, car alors il ne serait point criminel, mais à cause de l'opposition de ses inclinations perverses. Il est incliné au mal et il fera le mal.
« Le coeur des hommes est plein au-dedans d'eux-mêmes d'envie de mal faire. (Eccl. VIII. 11),
Toute l'imagination des pensées de leur coeur n'est que mal, en tout temps (Gen. VI. 5)
Le coeur des hommes est plein de maux. » (Eccl. IX. 3)

Il leur est dit : « le More (l'Éthiopien) changerait-il sa peau, et le léopard ses taches ? Pourriez-vous aussi faire quelque bien, vous qui n'êtes (n'avez) appris qu'à mal faire. » (Jér. XIII. 23)
Leur langage est « J'aime les étrangers et j'irai après eux. (Jér. II. 25) Quant à la parole que tu nous as dit au nom de l'Éternel, nous ne l'écouterons pas. (Jér. XLIV. 16)
« Israël, dit le Seigneur ne m'a point eu à gré. (Ps. LXXXI. 12) J'ai tous les jours étendu mes mains au peuple rebelle, à ceux qui marchent dans le mauvais chemin, savoir après leurs pensées. (Esa. LXV. 2) Ils disent au Dieu fort, retire-toi de nous (Job. XXII. 17)
Retire-toi de nous ; car nous ne nous soucions point de la science de tes voies.
Qui est le Tout-puissant, que nous le servions, et quel bien nous reviendra-t-il de l'avoir invoqué ? (Job. XXI. 14. 15)
Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous. » (Luc. XIX. 14)

Le résultat de leur consultation contre le Seigneur et contre son oint, est « rompons leurs liens et jetons loin de nous leurs cordes. » (Ps. II. 3)

Ainsi « c'est des méchants que vient la méchanceté. (I Sam. XXIV. 14)
Le mauvais arbre ne peut produire de bons fruits. (Matt. VII. 18)
Si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut point voir le royaume de Dieu..... si quelqu'un n'est né d'eau et d'esprit, il ne peut point entrer dans le royaume de Dieu. (Jean III. 3. 5)
Nul ne peut venir à moi si le père qui m'a envoyé ne le tire..... Il leur dit donc, nul ne peut venir vers moi, s'il ne lui est donné de mon père. (Jean VI. 44- 65)
L'homme animal ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont une folie, il ne peut même les entendre parce qu'elles se discernent spirituellement. ( I. Cor. II. 14)
Voici leur oreille est incirconcise et ils ne peuvent entendre. Voici la parole de l'Éternel leur est en opprobre et ils n'y prennent point de plaisir. » (Jér. VI. 10)
Il est dit que leur coeur est un coeur de pierre. (Ezech. XXXVI. 26)
Ils ont rendu leur coeur dur comme le diamant. (Zach. VII. 12)
Comment pourriez-vous parler bien, étant méchants, car de l'abondance du coeur la bouche parle ? (Mat. XII. 34)
Comment pouvez-vous croire, vu que vous cherchez la gloire l'un de l'autre, et que vous ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ? (Jean. V. 44)
Le monde ne peut point recevoir l'Esprit de vérité. (Jean XIV. 17)
Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage ? c'est parce que vous ne pouvez écouter ma parole. (Jean VIII. 43)
Nul ne peut dire que par le Saint-Esprit que Jésus est le Seigneur. (I. Cor. XII. 3)
Ainsi l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se rend point sujette à la loi de Dieu et aussi ne le peut-elle point, à quoi il est ajouté, c'est pourquoi ceux qui sont en la chair, ne peuvent plaire à Dieu. » (Rom. VIII. 7. 8)

Il suit de là qu'il y a dans l'homme naturel, une incapacité morale entière de choisir ce qui est bien, quoique ce fût son devoir, et qu'il ait été convenable de le lui ordonner. Il est « privé de toute force. » (Rom. V. 6)
Les hommes dans cet état sont toujours représentés dans les écritures mêmes, comme marchant « selon le Prince de la puissance de l'air qui est l'esprit qui agit maintenant avec efficace dans les enfants rebelles à Dieu, » (Eph. II. 2) comme étant sous le pouvoir de Satan. (Act. XXVI. 18)
Ils sont sa proie, ils sont ses captifs légitimement, parce qu'ils le sont volontairement. Ils ne peuvent en être affranchis que par le moyen de la parole de Dieu qui est l'épée de l'Esprit, (Eph. VI. 17) que l'Éternel emploie, accordant à ceux à qui il lui semble bon, la bénédiction de la régénération suivant qu'il lui plaît, (Jean III. 8) et distribuant ses dons, selon qu'il le jugeà propos. (l. Cor. XII. 11) C'est seulement par Dieu lui-même que les hommes sont délivrés du pouvoir des ténèbres, (Col. I. 13) de la domination du péché, (Rom. VI. 14. 22) la loi de l'esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a « affranchi de la loi du péché et de la mort ..... Si le fils vous affranchit vous serez véritablement libre. » (Jean VIII. 36)

Lorsque Dieu veut faire du bien aux hommes, il accomplit envers eux cette gracieuse promesse : « Je leur donnerai un coeur pour me connaître. » (Jér. XXIV. 7)
C'était cette préparation du coeur que David, Roi d'Israël, suppliait Dieu d'accorder à son fils Salomon, en même temps qu'il reconnaissait avec gratitude que c'était de l'Éternel que venaient sa propre bonne volonté dont il avait la conscience, et celle qu'avait son peuple (et dont il demandait la continuation) d'offrir à l'Éternel ce qui lui avait été donné par lui-même.

« Puis David bénit l'Éternel en présence de toute l'assemblée, et dit : ô Éternel ! Dieu d'Israël, notre Père ! (2) Tu es béni, de tout temps et à toujours. O, Éternel ! c'est à toi qu'appartiennent la magnificence, la puissance, la gloire, l'éternité et la majesté, car tout ce qui est aux cieux et en la terre est à toi ! O Éternel ! le royaume est à toi, et tu es le Prince de toutes choses. Les richesses et les honneurs viennent de toi ; et tu as la domination sur toutes choses ; la force et la puissance sont en ta main, et il est aussi en ta main d'agrandir et de fortifier toutes choses.
Maintenant donc, ô notre Dieu, nous te célébrons et nous louons ton nom glorieux. Mais qui suis-je et qui est mon peuple que nous ayons assez de pouvoir pour offrir ces choses volontairement ? Car toutes choses viennent de toi et les ayant reçues de ta main, nous te les présentons ; et même nous sommes étrangers et forains chez toi, comme ont été tous nos pères, et nos jours sont comme l'ombre sur la terre, et il n'y a nulle espérance.
Éternel notre Dieu ! toute cette abondance que nous avons préparée pour bâtir une maison à ton Saint Nom, est de ta main, et toutes ces choses sont à toi. Et je fais, ô mon Dieu, que c'est toi qui sondes les coeurs et que tu prends plaisir à la droiture. C'est pourquoi j'ai volontairement offert, d'un coeur droit toutes ces choses, et j'ai vu maintenant avec joie que ton peuple qui s'est trouvé ici, t'a fait son offrande volontairement. O Éternel ! Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël nos pères, entretien ceci à toujours, savoir l'inclination des pensées du coeur de ton peuple, et tourne leurs coeurs vers toi.
Donne aussi un coeur droit à Salomon mon fils, afin qu'il garde tes commandements, tes témoignages, et tes statuts, et qu'il fasse tout ce qui est nécessaire et qu'il bâtisse le palais que j'ai préparé. » (I Chron. XXIX. 10-19)

Dans une autre occasion, David en avouant humblement la dépravation de sa 'nature et ses péchés actuels, demande à Dieu « que l'esprit de l'affranchissement le soutienne. » (Ps. LI. 14)
C'est le Saint-Esprit qui affranchit l'âme du pouvoir du péché et de Satan, qui produit une disposition pure, juste et libre, qui enseigne aux hommes à honorer Dieu et les rend capables de le faire comme enfants et non comme esclaves. « Où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. » (II. Cor. III. 17)
Ainsi même ceux qui sont régénérés ne peuvent rien faire que par un continuel fournissement de l'esprit de J. C. (Phil. I. 19) (3) Ils ne peuvent avoir d'eux-mêmes une bonne pensée. « Non que nous soyons capables de nous-mêmes de penser quelque chose, comme de nous-mêmes, mais notre capacité vient de Dieu. » (Il. Cor. III. 5)
Ils ne peuvent même faire les choses qu'ils désirent. « Car la chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair et ces choses sont opposées l'une à l'autre, tellement que vous ne faites point les choses que vous voudriez. » (Gal. V. 17) Toute leur capacité de faire quelque oeuvre bonne vient du Seigneur. « Le sarment, ne peut point de lui-même porter de fruit. » (Jean XV. 4)

II n'y a donc rien qui empêche les hommes d'obéir à la volonté de Dieu, que les mauvaises dispositions qui leur sont propres, et leur aversion pour les choses de Dieu. Les facultés naturelles de l'homme sont suffisantes pour qu'il puisse faire ce qui lui est demandé, s'il les emploie bien. S'il les emploie d'une autre manière, la faute en appartient exclusivement à lui-même ; et comme la corruption de notre nature ne prive l'homme d'aucune de ses facultés naturelles, ou d'une liberté entière d'agir conformément aux décisions de son propre esprit, l'obligation où il est d'agir justement continue à avoir la même force sans aucune diminution. S'il était possible que le renoncement à la justice dégageât l'homme de ses obligations, il s'ensuivrait la plus absurde conséquence, savoir : qu'une créature pourrait, lorsqu'elle voudrait, se rendre « sans la loi quant à Dieu, » par un acte de rébellion, et se trouver par une conséquence naturelle, placée hors des bornes de la juridiction divine.

D'après cela, nous voyons ici avec quelle justice Dieu punit pour leurs crimes, les hommes qui n'ont pu se soustraire à l'esclavage du péché et de la mort hors qu'ils n'aient été conduits par la grâce de Dieu.
Nous y voyons aussi avec quelle justice une parfaite obéissance leur est demandée ; Dieu n'est point sous l'obligation de donner sa grâce, et, dans l'homme, l'incapacité d'obéir à la loi de Dieu n'étant point naturelle, mais morale, (4) ne peut détruite le droit qu'a le Très-Haut d'exiger l'obéissance sous la peine d'encourir sa terrible colère.
Il est impossible, par la nature de choses, que les règles éternelles de la justice de Dieu, pussent cesser de demander aux créatures raisonnables, une obéissance parfaite et sans péché ; dire que l'incapacité morale de l'homme, détruit ou affaiblit à quelque degré que ce soit, l'obligation de garder la loi morale, c'est ajouter l'insulte à la rébellion contre l'Éternel. Car qu'est-ce que cette incapacité morale ? C'est seulement, comme nous l'avons dit, un éloignement de Dieu, une inclination dépravée de l'esprit charnel, qui. non seulement accueille et favorise l'inimitié contre Dieu, mais est elle-même cette inimitié.
Et que l'on ne dise pas pour presser l'objection, que cette idée que les écritures donnent de la corruption naturelle de l'homme et de la grâce souveraine et efficace de Dieu, réduit les humains à la simple condition de machines ; il y a entre eux et des agents mécaniques, cette différence essentielle, et il nous suffit de la connaître, que l'homme est un agent volontaire, tant dans l'état de nature que dans l'état de grâce. Il veut et il agit selon ses dispositions propres, tandis que les machines n'ont ni pensée ni volonté. Aussi longtemps que sa volonté est corrompue et opposée à Dieu, sa conduite est mauvaise, il accomplit les desseins de la chair et de son esprit, (Eph. II. 3) et d'un autre côté, lorsque Dieu donne au pécheur une nouvelle pensée et un nouvel esprit, un changement correspondant a certainement lieu dans sa conduite.
Quant à l'objection que si l'homme est tellement corrompu, que s'il n'a point par lui-même de capacité pour le bien, il ne peut être blâmé de faire le mal ; il suffira de faire observer que si elle avait quelque force, plus un agent volontaire serait un scélérat diabolique, plus il devrait être regardé comme innocent.
Une créature n'est pas sujette au blâme, si elle n'est pas un agent volontaire, et si elle l'est, si ses dispositions, sa volonté, sont absolument méchantes, elle serait certainement incapable de faire aucun bien, et d'après l'argument ci-dessus, elle ne pourra être blâmée si elle fait le mal.
Une conséquence aussi monstrueuse, détruit toute la force de l'objection d'où elle est déduite. Mais si on pressait l'objection, si quelqu'un demandait orgueilleusement : « De quoi se plaint-il encore ? Qui peut résister à sa volonté ? Pourquoi m'a-t-il fait ainsi ? » À de tels murmures, il n'y a de réponse convenable que celle de l'Apôtre : « Mais plutôt, ô homme, qui es-tu, toi qui contestes contre Dieu ? » (Rom. IX. 20)

Quelques personnes, cependant, prenant le sentiment contraire, qui est aussi le plus commun, nient la dépravation innée de leur nature, et malgré tout ce que l'écriture affirme à ce sujet, persistent à soutenir qu'ils n'ont point une pente au mal et qu'ils ne sont point dans l'impossibilité morale de faire le bien.
Nous devons leur faire la réponse que Notre Seigneur adressa à l'ignorant jeune homme qui, se fiant sur sa propre justice, demandait ce qu'il avait à faire pour obtenir la vie éternelle. » Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » (Matt. XIX. 17) Vous ne pouvez-vous refuser à avouer que c'est là votre devoir. Vous devez aimer Dieu de tout votre coeur, de toute votre âme et de toute votre pensée, et lui obéir constamment. L'avez-vous fait ? Non ; dès lors d'après vos propres principes, vous êtes justement condamnés, car vous dites que vous pouvez faire ce qui est droit, et cependant vous ne le faites pas ; et si vous ne voulez pas vous soumettre sans condition et sans réserve à être sauvé par la voie qui est tracée par l'évangile, dans lequel vous voyez à la fois et votre maladie et le remède dont elle a besoin , votre sang sera sur votre tête. « Mais maintenant vous dites : nous voyons, et c'est à cause de cela que votre péché demeure. » (Jean IX. 41)


3-4. Parce que ce qui était impossible à la Loi, à cause qu'elle était faible dans la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en forme de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché en la chair. Afin que la justice de la Loi fût accomplie en nous, qui ne marchons point selon la chair, mais selon l'Esprit.

Les hommes et tous les êtres intelligents qui sont sortis des mains de Dieu, ont été créés en sainteté. Ils étaient à lui, ils marchaient saintement pour le Seigneur y consacrant universellement toutes leurs facultés à sa gloire et en réglant l'exercice sur la volonté de celui à qui ils appartiennent ; et comme c'était leur devoir indispensable, c'était aussi ce que leur nature non corrompue les conduisait à faire. Mais aussitôt que le péché ou l'opposition à la volonté de Dieu entra dans la nature, soit des anges, soit des hommes, dès lors, devenant apostats envers Dieu et se séparant de lui, ils furent impies dans leur état, et impies dans leur nature, et cependant, l'obligation imposée par la loi sainte, continua toujours, fut toujours immuable, sans qu'elle fût affaiblie par leur entière incapacité à accomplir le moindre de ses préceptes.
Cette incapacité constitue une partie de l'état déplorable dans lequel le péché plonge les créatures qui ont transgressé la loi ; et elle vient de l'impossibilité absolue dans laquelle se trouve une créature séparée de Dieu de se rétablir, par elle-même, au rang de ceux que Dieu avoue et réclame comme étant à lui, aussi bien que de l'opposition qui existe nécessairement entre une créature tombée et la divine volonté.

Mais « ce qui était impossible à la loi à cause qu'elle était faible dans la chair, Dieu en envoyant son propre fils en forme de chair de péché et pour le péché, » l'a accompli.
Personne ne peut supposer, sans être aveuglé par l'orgueil, qu'un être apostat fût capable par son action libre, d'être rétabli au même état que ceux qui sont de Dieu, et ce rétablissement est cependant le fondement nécessaire de toute correspondance sainte avec lui. On ne peut pas même supposer qu'il pût rien faire pour y parvenir. - Il n'y a que l'ignorance de la nature du vrai Dieu, qui ait pu conduire à imaginer que si une telle créature pouvait être rétablie, elle pût l'être autrement que par le Dieu de qui elle était déchue et cela par un acte de sa miséricorde libre et souveraine ou qu'il fût compatible avec sa justice et sa vérité, avec la gloire essentielle à son caractère, que cette miséricorde fût étendue autrement que par la voie que révèle l'évangile. C'est une doctrine qui n'aurait pu monter au coeur d'aucune créature (I. Cor. II. 9), si elle n'avait été révélée, elle l'a été et elle est véritablement la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu en salut, à ceux qui sont appelés. (I. Cor. I. 24)

Le péché qui a séparé Dieu de l'homme devait être détruit ; la justice devait être amenée ; la loi divine devait être magnifiée et rendue honorable, pendant que les transgresseurs seraient reconduits à Dieu.

L'Éternel devait être juste, en justifiant les impies, de sorte que des créatures méchantes devinssent saintes au Seigneur, et lui formassent un peuple particulier. Ce sont ces choses, impossibles aux hommes, que le Seigneur Jésus, le Christ, l'Emmanuel, Dieu manifesté en chair, a accompli par son obéissance, jusqu'à la mort.
II est « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde : » il est le serviteur volontaire de Jéhovah, et a accompli l'oeuvre pour laquelle le Père l'avait envoyé sur la terre, et maintenant tous ceux qui croient le témoignage de l'évangile, sont en lui, ramenés à Dieu avec une pleine acceptation de leurs personnes, et par conséquent une sainteté complète de leur état comme un peuple séparé pour Dieu, dont l'acceptation ne peut pas plus être partielle, que sa restauration dans son premier état ne peut dépendre de son action libre.

Dès lors, c'est uniquement par l'envoi que Dieu a fait de son Fils, dans la forme de la nature humaine tombée et pécheresse, que les fidèles ont été affranchis de la loi du péché et de la mort.
Quoique libre de péché, Jésus devînt sujet aux infirmités auxquelles, à cause du péché, les hommes sont exposés. Il fut compté parmi les transgresseurs de la loi, et puni comme s'il était un pécheur.
C'est ainsi qu'il fut désigné pour être une oblation pour le péché ; (5) par ce moyen, Dieu ayant montré son horreur pour le péché, pût pardonner aux personnes des croyants et les justifier, puisque leur sentence de condamnation avait été exécutée sur leur nature corrompue par sa crucifixion et sa destruction. Cette justification ne pouvait venir de la loi, car la loi sainte, juste et bonne en elle-même était rendue inefficace pour cela à cause de la dépravation humaine, et ne pouvait que condamner. Cela est d'accord avec ce que le même Apôtre dit aux Galates : « Si une loi eût été donnée pour pouvoir vivifier, véritablement la justice serait d'une loi, mais l'écriture a tout renfermé sous le péché, afin que la promesse, par la foi en Jésus-Christ, fût donnée à ceux qui croient. » (Gal. III. 22)

L'envoi du Fils de Dieu et la condamnation du péché en la chair eurent lieu afin que la justice de la loi pût être accomplie en ceux qui marchent, non selon la chair, mais selon l'Esprit.
Marcher selon l'esprit, autant que l'on peut y parvenir, c'est accomplir la justice de la loi, et par la nouvelle alliance, ce but a été complètement atteint. La justice que la loi demande est accomplie par Jésus-Christ, qui est le garant des fidèles, le chef en qui ils sont rendus accomplis, comme étant un avec lui : sa justice non seulement leur est imputée pour leur justification, en les affranchissant de la condamnation de la loi, dont il est parlé dans le premier verset, mais encore leur est départie, leur étant communiquée par leur chef qui est aussi leur sanctification, et à la fin, lors qu'ils seront tous parfaits en gloire, l'accomplissement de la loi, aura lieu en eux personnellement.

Dans tout son discours, l'Apôtre continue à opposer la chair à l'esprit : désignant par la chair, comme nous l'avons déjà observé, la nature corrompue, dont tous les hommes ont reçu l'héritage, et qu'il appelle expressément chair de péché. La chair et l'esprit, comme nous l'avons aussi vu, sont opposés l'un à l'autre dans l'épître aux Galates, où les oeuvres et les fruits de chacun font décrits particulièrement, (Gal. V. 16-25. VI. 8) et où l'on voit aussi les conséquences opposées et certaines qui s'ensuivent de semer à l'un ou à l'autre.
Dans le verset 9 de ce chapitre, l'esprit dont il est parlé ici, est distingué de l'Esprit de Dieu. Partout où cet esprit ou cette vie spirituelle existent, ils sont produits par le Saint-Esprit, ils font inséparablement liés ; et de la présence du premier qui est le rétablissement de l'image de Dieu dans l'âme, on doit conclure la présence et l'opération du dernier.

5-8. Car ceux qui sont selon la chair, sont affectionnés aux choses de la chair ; mais ceux qui sont selon l'Esprit sont affectionnés aux choses de l'Esprit. Or l'affection de la chair est la mort ; maisaffection de l'Esprit est la vie et la paix. Parce que l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se rend point sujette à la Loi de Dieu ; et aussi ne le peut-elle point. C'est pourquoi ceux qui sont en la chair ne peuvent point plaire à Dieu.

Ceux qui marchent selon la chair, recherchent le plaisir et la satisfaction de leurs dispositions perverties et l'amour de ce monde occupe leurs pensées, mais ceux qui marchent selon l'Esprit recherchent les choses qui nourrissent en eux cette nature divine, dont ils sont faits participants, et qui lui appartiennent.
Quoique le principe corrompu demeure encore en eux, au lieu de se soumettre à lui, ils le combattent, ils le mortifient, et tachent d'obtenir son entière destruction.
Ainsi la chair et l'esprit conduisent dans des directions opposées ; l'affection de la chair est une mort spirituelle, dont la fin est une éternelle mort, mais l'affection de l'esprit, c'est avoir le commencement de la vie éternelle, et avoir dès à présent la paix de l'âme. C'est la paix de la conscience et la paix avec Dieu.

Le mot traduit dans ces versets par affection, signifie toutes les facultés de l'âme, tant l'acte de percevoir, que celui de réfléchir et celui de vouloir. Cette affection de la chair ou cet esprit charnel, doit être la mort, car elle est inimitié contre Dieu. L'Apôtre ne dit pas seulement qu'elle est ennemie, mais qu'elle est inimitié dans le sens abstrait et le plus général, par conséquent elle ne se rend en aucune manière sujette à la loi de Dieu. Elle est moralement incapable de faire autre chose que se révolter contre lui et lui refuser l'obéissance. Un ennemi peut être réconcilié, mais l'inimitié ne peut être réconciliée. Aussi l'affection charnelle doit-elle être crucifiée et détruite ; et comme une créature raisonnable ne peut plaire à Dieu, en refusant de s'assujettir à sa sainte loi, il est évident que l'homme qui n'est point régénéré, ne peut plaire à Dieu.

Ainsi la vraie religion est également éloignée et du système de la propre justice qui s'attache à la loi pour la justification, et d'une licence opposée à la loi qui la rejette comme règle de conduite. Car à moins que l'homme n'obéisse à la loi, il ne peut plaire à Dieu.

Le 7. e v. prouve donc la corruption totale de la nature humaine et montre qu'elle ne peut être améliorée ni réformée. Il faut que le coeur soit changé, qu'une nouvelle nature soit donnée ; pour parvenir au salut, les hommes doivent devenir de nouvelles créatures ; (II. Cor. V. 17) ils doivent être régénérés et participer ainsi de la nature divine ; (II. Pier. I. 4) et cette régénération est opérée au moyen de l'évangile qui est la puissance de Dieu en salut. (I. Cor. IV. 15. Jacq. I. 18. I. Pier. I. 23) Le croyant doit être l'ouvrage de Dieu, créé en Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres (Eph. II. 10) et Christ doit être formé en lui. (Gal. IV. 19)

Il ne peut pas y avoir d'expression plus énergique que celle-ci, l'affection de la chair est inimitié contre Dieu.
Telle est la vérité au milieu des belles prétentions que la chair s'arroge, et des apparences spécieuses dont elle se couvre. Les hommes craignent naturellement la punition et désirent le bonheur dans la vie future. Beaucoup de personnes veulent avoir de la religion pour échapper à l'enfer, beaucoup de gens sont très religieux dans leurs propres voies, et cependant sont dans l'inimitié contre Dieu.
Parmi les païens ils s'en trouvaient qui étaient dans les mêmes circonstances : parmi les Juifs, beaucoup avaient du zèle pour Dieu, mais sans connaissance. (Rom. X. 2) Paul lui-même, comme nous l'avons déjà vu, « avançait dans le judaïsme plus que plusieurs de son âge dans sa nation, étant le plus ardent zélateur des traditions de ses pères » (Gal. I. 14) En cela, sa religion était sincère, mais cette religion était celle d'un coeur qui n'était point changé ; où pouvait conduire cette sincérité ? à la plus violente opposition à Jésus-Christ. « Il est vrai que pour lui, il avait cru qu'il devait faire de grands efforts contre Jésus le Nazarien. » (Act. XXVI. 9)
Telles étaient aussi les femmes dévotes, (6) qui persécutaient les apôtres, et parmi ceux qui portent le nom de chrétiens, il en est beaucoup qui se trouvent dans la même situation. Ils récitent beaucoup de prières, ils lisent les écritures, ils assistent avec exactitude au culte public, et ils sont souvent réguliers dans leur conduite, mais en tout cela ils cherchent à établir leur propre justice, ils pervertissent l'évangile et d'une alliance de grâce, ils font en réalité une alliance d'oeuvres. Plus ils s'approchent du but de cette religion, plus ils deviennent orgueilleux et satisfaits de leur propre justice et plus ils sont opposés à Dieu et à l'évangile.

Comme l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, celui qui est dans la chair, qui n'est pas converti, ne peut plaire à Dieu. Il n'a point d'amour pour lui ni pour sa loi, il est de ceux dont l'Apôtre a dit ci-dessus, (Rom. VI. 20) « qu'ils étaient libres à l'égard de la justice. » Ces expressions montrent que ceux qui ne sont pas convertis, ne ressentent aucune influence dans leurs actions de la considération de la gloire et de l'autorité de Dieu. Ils ne rendent aucune sorte d'obéissance à la justice, mais sont au contraire les esclaves volontaires du péché ; d'une manière ou de l'autre, ils agissent par des motifs personnels, de sorte que rien de ce qu'ils font n'est bon devant Dieu.
Celui qui est en la chair est lui-même l'idole qu'il honore et la fin de tout ce qu'il fait. Ceux qui dans cet état professent qu'ils sont chrétiens ne conviennent pas qu'ils soient aussi méchants que l'évangile les représente, et veulent chercher à établir la paix dans leur conscience ou à avoir une bonne conscience par d'autres moyens que par la résurrection de Jésus-Christ. (I. Pier. III. 21) Ils ne fondent pas leurs espérances sur l'efficacité du sang de l'expiation, qu'ils imaginent n'avoir été versé que dans la vue de donner du poids à leurs oeuvres, de manière à suppléer à leur défaut, de sorte que ne considérant point ce sang comme opérant la satisfaction entière, ne regardant point l'oeuvre de Christ, comme une oeuvre accomplie, ce n'est pas lui sur lequel ils portent leur attention, mais seulement sur une fiction de leur imagination.

Tout ce qui peut être bon dans un homme est l'effet d'une nouvelle création, d'un principe surnaturel formé dans son coeur par l'évangile de Christ et l'action du Saint-Esprit, et jusqu'à ce que ce soit effectué, tout ce qu'il peut faire, les qualités humaines les plus remarquables, quoiqu'elles puissent l'élever à ses propres yeux, sont en abomination devant Dieu.
L'évangile est fait et disposé pour flétrir l'orgueil de la gloire humaine. Il a été donné, non pour ceux qui se croient sages et justes, qui fondent des espérances sur leurs bonnes dispositions et leurs bonnes oeuvres, mais pour les coupables, pour les abandonnés, pour les misérables, pour ceux qui sont près de périr. « Il a rempli de biens ceux qui avaient faim, il a renvoyé les riches vides. » (Luc. I. 53, Voyez aussi Apoc. III. 17. 18)

Ce que dit l'Apôtre dans ces versets, de l'inimitié de l'affection de la chair envers Dieu, et de l'impossibilité ou l'homme est de lui plaire tant qu'il n'est point converti, doit être considéré avec la plus grande attention. Le péché n'a pas seulement fait perdre à l'homme la ressemblance de Dieu en effaçant en nous sa sainte image ; non seulement il nous a rendus étrangers à Dieu, en nous égarant loin de lui, mais il nous a encore rendus ses ennemis, non seulement ses ennemis, mais l'inimitié elle-même. Cette inimitié est peinte ici comme une antipathie contre la loi de Dieu, un refus de l'accomplir ; Elle ne se rend point sujette à la loi de Dieu, et aussi ne le peut-elle point. C'est dans l'affection de la chair, une impossibilité absolue de se rapporter à la loi de Dieu, et par conséquent à Dieu lui-même.
La raison de cette impossibilité gît dans leurs qualités opposées. Dieu est spirituel et saint : telle est sa loi, comme l'Apôtre le déclare dans le chapitre précédent, et l'opposition qu'il y met entre la vieille nature et la loi, existe complètement chez tous ceux qui ne sont point régénérés, La loi dit-il, est sainte, elle est spirituelle ; à quoi il oppose, mais je suis charnel et vendu au péché.
Que diront à cela ceux qui avilissent la grâce et qui exaltent la nature, ou plutôt qui anéantissent la grâce et déifient la nature ? Voici le plus grand éloge que fait l'Apôtre de la nature humaine la meilleure, c'est qu'elle est inimitié contre Dieu. Tous ces faux brillants de vertu et de bonté morale parmi les modernes qui sont du monde, ou parmi les païens d'autrefois, (7) n'étaient pas autre chose, et tel est l'état de tous ceux qui ignorent le salut de Christ, par qui seul cette inimitié est éloignée.

L'homme considéré dans sa composition peut être regardé comme le lien entre la terre et les cieux, qui se rassemblent et se réunissent en lui.
Son corps a été tiré de la poussière, mais son âme est une respiration de vie émanée du Père des esprits.
Sa demeure est une maison d'argile, mais l'habitant de cette maison d'argile est de la plus noble extraction.
Cependant il a oublié son origine et est tellement plongé dans la chair, qu'il ne mérite plus de porter un autre nom que celui de chair. Il est devenu le serviteur et l'esclave de son corps, et semblable aux Israélites en Égypte, il voudrait perpétuellement travailler dans la fange. Qu'est-ce que vos arts, votre commerce, vos manufactures, votre culture, votre économie rurale ? Toutes ces choses ne font-elles pas destinées au corps pour sa nourriture et son vêtement ? L'esprit doit appliquer ses soins à toutes ces choses, quoique, à proprement parler, elles ne s'étendent point jusqu'à lui, et qu'il n'y ait point d'intérêt ; il est bien vrai que les besoins du corps en demandent beaucoup et que des modes superflues en exigent encore bien davantage ; mais il est bien affligeant que les hommes forcent leur âme à s'oublier elle-même, à négliger sa propre affaire, pour travailler uniquement à celles-là, et en faire sa seule occupation. Ils y consument tout leur temps, ce sont les travaux qu'ils préfèrent, et ce qui est pire ils y engagent leurs affections, « Leur fin est la perdition, .... n'ayant d'affection que, pour les choses de la terre. » (Phil. III. 19)

Ne réfléchirez-vous pas que vos âmes périssent, parce que vous ne considérez pas leur nature spirituelle ? Lorsque ce tabernacle terrestre que vous habitez retombera sur la terre (et ce sera bientôt) vos âmes doivent entrer dans l'éternité ; et eussiez-vous des biens de la terre une part, telle que vos coeurs terrestres peuvent à présent la désirer, tous perdront dans ce moment leur usage. Ils ne sont un vrai bien pour l'âme dans aucun temps, et ils le seront encore moins alors.
Si vous tenez pendant tout le temps de votre vie, votre âme occupée de l'intérêt et de l'avantage du corps, combien sera-t-elle pauvre et dénuée dans cet autre monde pour lequel elle n'aura pourvu à rien, où elle ne portera que la culpabilité d'une vie criminelle, qui la plongera dans l'abîme sans fond ?
Rappelez-vous donc que l'affection de la chair est la mort. Il est de la plus grande importance que vous acquerriez la conviction que vous avez une trop bonne opinion de votre condition naturelle : vous vous irriteriez même le plus profane d'entre vous, si quelqu'un vous prenait à part, et vous disait, vous êtes l'ennemi de Dieu, et cependant, il n'est aucun de vous, si vous croyez ce que disent les saintes écritures, qui ne doive confesser que tous les hommes sont naturellement tels ; aussi, à moins qu'un homme ne trouve en lui-même un changement notable de son naturel, il demeure vrai qu'il est ennemi, qu'il est même inimitié contre Dieu. Quand vous lui étiez étrangers, devenir liés avec lui ; bien plus, de ses ennemis devenir ses amis, ce sont des changements trop remarquables pour qu'ils arrivent dans l'homme sans qu'il y en ait quelque preuve et quelque signe. Il est vrai qu'il y a de la variété dans la manière dont s'opère la conversion, et pour quelques personnes, surtout si elle a lieu dans leurs premières années, la grâce peut être donnée de la manière la moins sensible. Mais nous pouvons affirmer avec confiance, que, quelle que soit la manière dont elle est répandue dans le coeur, il y aura une différence grande et sensible entre l'amitié avec Dieu, et la condition originaire de notre nature qui est inimitié contre lui Ne vous flattez donc pas sur votre état ; tant que vos esprits sont ardents pour aimer le monde et froids pour l'amour de Dieu, que vous êtes « amateurs des voluptés plutôt que de Dieu, » (II. Tim. III. 4) vous êtes ses ennemis, car avec lui il n'y a point de neutralité.

Dans ces versets nous apprenons combien profondément la corruption a pénétré dans la nature de l'homme, et par conséquent, combien doit aussi agir profondément le remède qui peut la guérir ; nous y voyons que toutes les parties de nos corps et toutes les facultés de notre âme sont originairement corrompues ; « l'entendement et la conscience font souillés, » (Tit. I. 15) comme le dit l'Apôtre, car ils sont naturellement enfoncés dans la chair et asservis par elle, et par conséquent ils doivent porter son nom.
Nous sommes entièrement devenus chair, ce qui est la source de tous nos malheurs ; nous avons perdu notre première ressemblance avec le Père des esprits, jusqu'à ce qu'elle ait été renouvelée en nous par la participation de son Esprit Saint ; et telle est souvent l'erreur de ceux-là même qui sont renouvelés à sa ressemblance, que dans leurs propres travaux, ils s'opposent bien au péché actuel, mais ils ne portent pas assez la tâche à la racine de l'arbre, à la « racine d'amertume » qui est l'inimitié naturelle et innée contre Dieu.
Jusqu'alors, quand même ils auraient coupé quelques branches, ils n'auront rien fait de bien. Tant que la racine a de la vigueur, elles repousseront de nouveau, et peut être plus fortement qu'auparavant.
Pleurez sur chacun de vos péchés connus, car le moindre péché le mérite, mais en même temps que cette considération de vos fautes rappelle vos pensées à ce qui est le siège de votre rébellion, la perversité de votre nature qui a commencé à vivre en vous dès le sein maternel, qui est née et qui a crû avec vous ; cela vous humiliera au dernier point et élèvera vos pensées pieuses à une grande hauteur. Telle fut, comme nous l'avons déjà observé, la marche de David, (Ps. LI. 7) lorsqu'on déplorant les péchés particuliers d'adultère et de meurtre, dont il s'était rendu coupable, il était conduit à la corruption de sa nature, qu'il avouait être la cause de sa profonde culpabilité et de son indignité.

Le pouvoir de cette corruption innée est la grande peine de ceux qui sont régénérés, elle fait qu'ils s'écrient comme fait notre Apôtre dans le chapitre précédent ; « O misérable, que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ! »
Les convertis sont déjà délivrés de son empire, comme nous le voyons par ce qu'il ajoute, mais ils ne sont pas à l'abri d'être tourmentés et fatigués par lui. Quoiqu'il ne soit plus, comme il l'était auparavant, leur maître absolu, cependant il demeure encore dans leur maison comme un serviteur indiscipliné, ou un esclave incommode et dangereux, et ce corps de mort sera encore la cause de leurs afflictions jusqu'à ce que le trépas mette fin à ce combat.
Cette lèpre a pénétré si profondément dans les murs de la maison, qu'elle ne peut être parfaitement purifiée à moins qu'elle ne soit abattue ; (Lev. XIV. 44. 45) et c'est cette peine qui, plus qu'aucune autre des afflictions de la vie, fait que le serviteur de Jésus, non seulement est satisfait de mourir, mais qu'il le désire et qu'il dit avec l'Apôtre : « mon désir tend bien à déloger et à être avec Christ, ce qui m'est beaucoup meilleur. » (Phil. I. 23)

Mais comme le péché a abaissé l'âme et l'a fait dégénérer, comme il l'a rendue charnelle, ainsi le fils de Dieu en prenant notre nature, l'a élevée de nouveau et l'a rendue spirituelle. L'âme qui le reçoit est spiritualisée ; il y a plus ! De même que le péché a rendu l'âme charnelle, la grâce rend spirituel le corps lui-même, en le faisant participer et coopérer avec l'âme, aux choses spirituelles, à ses actions, à ses souffrances, en lui donnons aussi sa part de l'espérance d'une récompense éternelle.
Tel est le caractère principal, que l'Apôtre attribue ici aux chrétiens, à qui il écrit : c'est qu'ils avaient l'affection de l'esprit et que leurs actions répondaient à leurs affections. « Ils marchaient, non selon la chair, mais selon l'esprit. » Tandis qu'auparavant, avec le reste du monde, ils étaient emportés à la poursuite des honneurs, des biens et des plaisirs terrestres, maintenant leurs désirs sont tournés d'un autre côté. Ils recherchent l'honneur, ils ont une vive ambition de l'obtenir, mais c'est l'honneur dont l'Apôtre parle dans cette épître : « En persévérant à bien faire, ils cherchent la gloire, l'honneur et l'immortalité. » (Rom. II, 7) Leur pensée se porte sur les biens et les profits ; mais, comme le même Apôtre, c'est Christ qu'ils veulent gagner, ils ne font point de cas des autres choses qu'ils regardent comme nuisibles en comparaison. (Phil. III. 8) Ils désirent ardemment aussi des plaisirs ; mais ce ne font point les plaisirs de la terre, ils sont trop vils et de trop courte durée ; ceux qu'ils ambitionnent sont ceux qui sont « à la droite de Dieu, pour jamais. » (1)
C'est le chemin qui conduit à cette vie dont parle le Psalmiste, c'est la voie de sainteté qui y mène, qui font leurs délices. Les exercices spirituels ne sont pas seulement pour eux une tâche, mais une joie et un délassement, et ce changement, c'est l'Esprit Saint qui l'opère, en rendant leur âme spirituelle, de charnelle qu'elle était.

Ainsi Dieu a manifesté sa grâce en établissant une voie de réconciliation, et n'épargnant pas son Fils unique bien aimé pour accomplir son dessein. Celui-ci ne s'est pas épargné lui-même. O amour incomparable ! Il n'a point donné sa vie. pour des amis, mais pour des étrangers, non seulement pour des étrangers, mais pour des ennemis, pour des personnes injustes et impies dont l'affection était inimitié contre lui.
Après cela, Dieu envoie encore sa parole, message de réconciliation, à ceux qui lui sont rebelles ; il envoie son Esprit dans le coeur de ceux « qui sont élus dès le commencement pour le salut, » pour changer leurs esprits afin qu'ils ne périssent point dans leur désobéissance, pour amener à lui ceux qui étaient éloignés, ayant aboli en la chair leur inimitié par la mort de son Fils
 


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(1) Le sens de ce passage de Pierre est souvent mal entendu. On suppose qu'il enseigne que Christ descendit aux enfers, le séjour des esprits condamnés , et qu'il leur avait prêché l'évangile. Comme si, après la mort, il était possible que leur état changeât. C'est ainsi qu'une complication d'erreurs est fondée sur ce passage.
Les écritures disent bien que Jésus-Christ, à sa mort, fut dans l'état invisible , Act II. 27., mais elles ne disent nulle part, qu'il ait été aux enfers , dans le lieu de punition, elles attestent au contraire , que son âme séparée de son corps, alla directement en paradis ; Luc XXIII. 43.
L'état dans lequel les âmes des hommes se trouvent après la mort, est partout présenté dans les saints livres , comme définitif; et la sentence prononcée sur elles , et qui sera publiés au dernier jour, est aussi présentée comme irrévocable. Le sens du passage cité , est éclairci lorsqu'on le compare avec la Genèse VI. 3., où l'Esprit est appelé l'Esprit de Dieu. Cet Esprit de Dieu est aussi appel l'Esprit de Christ. Rom. VIII. 9. Ainsi c'était par son Esprit que Jésus avait prêché à ceux qui, au temps où Pierre écrivait, étaient en pris n ; qu'il le fit par la bouche de Né , qui était un prédicateur de la justice de Dieu , de la même manière qu'il a aussi prêché par les prophètes, I. Pier. I. 11. 12. et qu'il prêcha depuis par les apôtres. Marc XIII. 11.

Ces esprits étaient en prison parce qu'ils avaient refusé d'écouter le message de miséricorde et de réconciliation adressés par Dieu, lorsqu'il daigna plaider avec eux, usant de puissants moyens pour les convaincre pendant cent vingt ans, temps qu'il avait fixé pour sa patience, et pendant lequel, l'Arche fut construite. 
«Mn. Esprit ne plaidera point toujours avec les hommes, car aussi ils ne sont que chair, mais leurs jours seront six vingt ans (6 x 20 ans = 120 ans )Gen. VI. 3.
Après ce temps, Christ cessa de plaider avec eux par son Esprit, ils furent abandonnés à la punition : et le déluge vint qui les fit tous périr, Luc XVII. 2. , et alors ils furent jetés en prison sous la condamnation , et réservés pour être punis au jour du jugement, II. Pier. II. 9. avec les anges pécheurs, que Dieu à précipités dans l'abîme , chargés des chaînes d'obscurité. II. Pier. II. 4.

(2) Éternel, Dieu d'Israël notre Père, peut signifier le Dieu de notre Père Israël, ou Jacob, ou Éternel, notre Père, D'un d'Israël. Dans ce dernier cas, ces paroles doivent être regardées comme le premier exemple qu'il y ait dans l'écriture, d'une prière adressée à Dieu comme notre Père, ce qui est le langage de l'esprit d'adoption. On ne peut concevoir rien de plus humble, de plus spirituel et de plus dévot que cette prière de David. Voy. aussi Esa. LXIII. 16. LXIV. 8.

(3) , comme Martin le traduit, Ephés. IV. 16.

(4) L'incapacité naturelle consiste dans un défaut de l'esprit ou du corps d'un homme qui lui ôte tout moyen de connaître ou de faire une certaine chose, quelque désir qu'il en ait.
L'incapacité naturelle ne peut donc jamais rendre les hommes criminels.
L'incapacité morale consiste dans un si grand éloignement ou déplaisir de faire quelque chose, que l'esprit ne peut le surmonter quoiqu'il agisse librement, c'est-à-dire, quoiqu'il choisisse sans aucune impulsion étrangère ni aucune contrainte. Quand cet éloignement porte sur ce qui est bon, il est inséparable du blâme, et plus cet éloignement est grand, plus le blâme qui y est attaché l'est aussi. Tous les hommes font journellement ces distinctions, et c'est là-dessus qu'ils établissent à chaque instant leurs jugements sur leurs actions mutuelles.

(5) Le même mot , traduit par celui-ci, le péché, signifie aussi l'oblation pour le péché, et est traduit ainsi dans l'épître aux Hébreux, chapitre X, Verset 6 et 8.

(6) Le mot grec traduit ici par dévotes, est . Act. XIII. 50.

(7) Relativement à l'apparente vertu des Païens, le lecteur peut consulter les anciens écrivains français, et surtout le célèbre Claude, qui traite ce sujet, soit dans son Commentaire sur les trois premiers chapitres de l'épître aux Romains, soit dans son Essai sur la justification. Dans ce dernier ouvrage, il affirme, et il démontre que les qualités qui paraissaient chez les plus célèbres païens, les vertus morales les plus éminentes étaient de vrais péchés. « II ne faut pas douter, dit-il, que ce ne fussent dans les personnes de Socrate, de Scipion, d'Aristide, etc., de véritables péchés que Dieu par conséquent condamnera en son jugement. » (Essai sur la just., p. 93 ) Une seule chose suffisait pour souiller leurs actions, c'est que le but des meilleures, n'était pas la gloire de Dieu. mais la leur.

 

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