Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. V
CINQUIÈME ANNÉE 1878

LA SACRIFICATURE PRÉSENTE DE CHRIST

Avant de parler du service qu'accomplit actuellement le Seigneur comme notre « grand souverain sacrificateur, » examinons, d'après la Parole de Dieu, quels sont ceux pour qui s'exercent la sacrificature et l'intercession de Christ.
Plusieurs pensent que Christ intercède devant Dieu pour les pécheurs inconvertis, afin que Dieu leur pardonne leurs péchés et sauve leurs âmes. C'est une notion tout à fait contraire à l'Écriture, qui donne une fausse idée de Dieu Lui-même, et qui porte ainsi atteinte à la paix d'un grand nombre de croyants. Il semblerait, d'après cette pensée, que Dieu est contre le pécheur, au lieu d'être pour lui, et qu'il est besoin de beaucoup de prières et de persuasion pour l'amener à s'intéresser à une âme, mais qu'enfin, par l'intercession de Christ, II consent à le faire.

Or, en Jean III, 16, nous lisons : « Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique. » C'est donc Dieu qui, le premier, a pensé au pécheur, et qui l'a tant aimé que de livrer son Fils à la mort de la croix, prouvant ainsi qu'il n'est pas contre le pécheur, mais pour lui, et qu'il n'a nul besoin que quelqu'un émeuve son coeur en sa faveur. Le beau passage de 2 Corinthiens V, 20, nous dit aussi : « Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; » II condescend Lui-même à exhorter les pécheurs, afin qu'ils soient réconciliés avec Lui ; II n'attend donc pas que quelqu'un intercède pour eux.

Hébreux VII, 24, 25, nous montre quels sont ceux pour qui est la sacrificature : « Mais celui-ci (Christ), parce qu'il demeure éternellement, a la sacrificature qui ne se transmet pas. De là vient aussi qu'il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. » Pour qui intercède-t-Il ? Non pour les inconvertis, mais pour ceux qui « s'approchent de Dieu par Lui. » Or, ceux-là sont des croyants rendus « parfaits à perpétuité » par « une seule offrande, » savoir celle du corps de Jésus-Christ faite une fois pour toutes. L'expression « qui s'approchent de Dieu » ne s'applique pas à un pécheur qui vient à Dieu pour être sauvé. Nous la retrouvons en Hébreux X, 22, qui parle évidemment de personnes sauvées, car un pécheur ne saurait, dans ses péchés, s'approcher d'un Dieu saint.

Avant d'aller plus loin, voyons, d'après les Écritures, quel est le fondement sur lequel nous pouvons nous appuyer pour nous approcher de Dieu. Cela est nécessaire, parce que plusieurs enfants de Dieu, par manque de connaissance, ignorent que la question de leurs péchés a été réglée, et ainsi ne savent pas ce que c'est que d'être en sa sainte présence dans une paix parfaite.

Lecteur, savez-vous ce que c'est qu'être sans crainte en la présence d'un Dieu saint ? Pouvez-vous dire : Je sais que mes péchés sont ôtés pour toujours de devant Lui ? Le chapitre X de l'épître aux Hébreux, vers. 1-22, nous montre comment une âme peut ainsi s'approcher de Dieu en sachant que ses péchés sont pardonnés. Il est beau de voir la quantité de témoignages que l'Esprit de Dieu présente pour assurer à nos pauvres coeurs que nos péchés sont ôtés, et que nous sommes rendus parfaits à perpétuité ; puis comment II nous invite à nous approcher de Dieu en toute liberté. Dieu veut nous sauver (vers. 10) ; Christ est venu accomplir l'oeuvre qui nous sauve (vers. 9), et le Saint-Esprit est pour nous le témoin que cette oeuvre a été acceptée et que nos péchés sont ôtés pour toujours (vers. 15-17).

Le verset 12 nous dit : « Mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu. » On voit dans le livre du Lévitique, chap. IV, 27-31, que si un Juif avait péché par erreur, et que ce péché fut venu à sa connaissance, il devait apporter son offrande. Selon la loi, « l'âme qui péchera, mourra ; » la peine du péché, c'était donc la mort. L'homme qui avait péché était-il mis à mort ? Non ; Dieu avait pourvu à ce qu'il y eût un substitut ; celui qui avait commis le péché devait amener un chevreau, sur la tête duquel il posait sa main, ce qui signifiait que son péché était transféré sur le chevreau ; l'animal était égorgé... puis on lit : « Et il lui sera pardonné » (vers. 29-31). C'est comme si Dieu eût dit : « J'accepte la mort de ce chevreau en place de celle de l'homme qui a commis le péché. » L'animal mourait pour l'homme, et celui-ci s'en allait pardonné. Mais ce sacrifice n'était que pour un seul péché ; si l'Israélite venait à pécher de nouveau, il devait amener un autre sacrifice.

Voyez maintenant le contraste établi en Hébreux X, 12, entre ce qui avait lieu sous le régime de la loi, et ce dont nous jouissons selon l'Évangile de la grâce. Il est dit : « Mais celui-ci (Christ), ayant offert un SEUL sacrifice pour les péchés, s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu. » Vous, cher lecteur chrétien, croyez-vous que, non-seulement un péché, mais tous vos péchés ont été placés sur Christ quand II était suspendu à la croix, qu'il a subi le jugement de ces péchés devant Dieu, et les a tous ôtés une fois pour toutes ? Remarquez que, s'ils n'ont pas été ôtés alors, ils ne peuvent jamais l'être, car il n'y a qu'« un seul sacrifice pour les péchés, et Christ ne peut mourir de nouveau.

Il ne peut être question de péchés passés, présents ou futurs, car lorsque Christ mourut, ils étaient tous futurs, et par cette « seule offrande », lisons-nous, « il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Hébreux X, 14). Ce n'est pas pour un mois, ni pour un an, c'est à perpétuité. « Sanctifiés » veut dire ici ceux que Dieu a mis à part en sainteté pour le salut. Mais maintenant se pose la question : Si nos péchés sont ôtés et si nous sommes rendus parfaits à perpétuité par « une seule offrande, » quel besoin y a-t-il d'un sacrificateur ?

Or, quoique nous soyons sauvés, que la question de nos péchés soit réglée pour toujours, et que, pour la foi, nous soyons assis « dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus » (Éphésiens II, 6), nous ne sommes pas encore dans la gloire. Nous sommes, en l'attendant, engagés dans la traversée du désert, pleine de difficultés, d'épreuves et de dangers, et environnés de tous côtés de la puissance de Satan. C'est pourquoi Christ est à la droite de Dieu pour y représenter devant Lui ceux qui sont sauvés et les soutenir dans leur sentier au milieu de ce monde, en leur donnant toute la grâce nécessaire et l'aide au moment opportun, et pour les sauver à travers toutes les difficultés et les dangers du voyage, jusqu'à ce que chacun d'eux soit entré dans le repos « qui reste pour le peuple de Dieu. » II s'occupe d'eux devant Dieu, pour les amener tous sains et saufs au terme de la carrière.

Mais, remarquez-le, ce n'est pas pour les péchés, puisqu'il n'est sacrificateur que pour ceux dont les péchés sont ôtés pour toujours, ce qu'il a fait une fois pour toutes lorsqu'il s'est offert Lui-même (Hébr. VII, 27). En Hébr. VIII, 1, 2, nous lisons qu'il est assis maintenant à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, et qu'il est en même temps « ministre des lieux saints. »

Dans l'épître aux Hébreux, le Saint-Esprit nous conduit vers la personne du Seigneur Jésus, et déploie devant nous ses diverses gloires. Le chapitre I fait ressortir sa gloire divine ; le chapitre II, sa gloire comme Fils de l'homme ; puis l'épître continue en démontrant combien sa sacrificature est supérieure à celle de l'ancienne Alliance ; et enfin, au chapitre VIII, tout est résumé par ces mots : « Nous avons un tel souverain sacrificateur. »

Lecteur, avez-vous jamais contemplé la personne glorieuse de Christ, tel qu'il est maintenant, à la droite de Dieu, un Homme vivant glorifié (quoiqu'il soit Dieu aussi), couronné de gloire et d'honneur ? Pouvez-vous dire comme en Hébreux II, 9 : « Je vois Jésus i, non plus sur la terre, non dans le tombeau, non pas même ressuscité sur la terre, mais « couronné de gloire et d'honneur s à la droite de Dieu ? Bon nombre d'enfants de Dieu qui connaissent l'oeuvre du Seigneur Jésus sur la croix, ne pensent pas à la personne glorieuse de Celui qui a accompli cette oeuvre, et qui maintenant est « assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux. » Mais lorsqu'une fois l'âme a saisi la gloire dont II est revêtu, combien ne lui paraît-Il pas digne d'admiration comme « ministre des lieux saints » ! Qu'il est doux de penser que Celui qui nous a aimés et qui s'est donné Lui-même pour nous, vit maintenant pour exercer son ministère en notre faveur dans les parvis d'en haut !

Au chapitre IX, vers. 24, nous le voyons « paraître pour nous devant la face de Dieu ; » c'est-à-dire, qu'il nous représente là dans tout ce que sa Personne a de précieux, et qu'il y est notre justice permanente devant Dieu.
Aaron, souverain sacrificateur du peuple d'Israël, présente un beau type de ce ministère du Seigneur Jésus (Exode XXVIII, 9-12). Les noms des enfants d'Israël étaient gravés sur les deux pierres d'onyx placées sur les épaules d'Aaron, ainsi que sur les douze pierres précieuses fixées au pectoral ; ces noms ne pouvaient être effacés.

Le pectoral lui-même était étroitement joint à l'éphod, ou vêtement sacerdotal, de sorte qu'Aaron portait les noms des enfants d'Israël « continuellement devant l'Éternel » (vers. 29) ; il ne pouvait entrer dans le lieu saint sans que Dieu se souvînt d'Israël. De même, le Seigneur Jésus, « notre grand souverain sacrificateur, » porte continuellement devant Dieu le nom de chaque croyant.

Il y avait aussi sur le front d'Aaron une lame d'or pur fixée sur la tiare, et sur laquelle étaient gravés ces mots : « La sainteté à l'Éternel » (vers. 36). L'or, dans les Écritures, représente en général la justice divine. Une justice pure, parfaite, divine, et la sainteté à l'Éternel, voilà ce que, typiquement, rencontraient les yeux de Dieu quand Aaron entrait dans le tabernacle. Et maintenant, nous pouvons contempler Christ, paraissant pour nous en justice devant Dieu, dans toute la gloire de sa personne, « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs » (Hébr. VII, 26). Avec quelle complaisance Dieu arrête ses regards sur Lui ! La lumière divine peut Le pénétrer de part en part, sans trouver en Lui la moindre tache, la plus légère souillure : il n'y a rien en Lui qui ne réponde parfaitement aux exigences de la nature de Dieu. Et chaque croyant peut regarder en haut vers Lui et dire : Voilà Celui qui me représente devant Dieu !

Il ne sera pas sans utilité de rappeler ici la distinction entre l'office de « sacrificateur » et celui d' « avocat, » mentionné dans le II° chap. de l'épître de Jean. Ce dernier est en rapport avec le péché que peut commettre un enfant de Dieu, chose possible, hélas ! mais qui ne devrait pas avoir lieu ; car nous sommes appelés à marcher comme Christ a marché (1 Jean II, 6). Par la grâce de Dieu, nous apprenons que ce manquement, ce péché, n'interrompt ou ne détruit pas la relation d'enfant qui existe en vertu de la rédemption accomplie par le Sauveur ; aussi l'office d'avocat s'exerce-t-il « auprès du PÈRE. » Or, il n'est pas question de cette relation dans la sacrificature de Christ ; celle-ci répond à la nature même de DIEU, et a en vue notre faiblesse humaine, en tenant compte de la scène du monde que nous avons à traverser en y rendant témoignage pour Dieu et en luttant contre le mal. Elle n'est donc pas quelque chose d'occasionnel, comme l'office d'avocat. Notre faiblesse a constamment besoin du grand Sacrificateur ; aussi est-Il « toujours vivant » pour s'intéresser à nous.

Non-seulement II nous représente devant Dieu, mais II sympathise avec nous (Hébr. IV, 15,16) ; et II intercède aussi pour nous (Hébr. VII, 25) ; non pour que nos péchés soient ôtés, car cette question a été réglée à la croix, mais II intercède pour nous dans nos faiblesses et nos infirmités, nous soutenant ainsi continuellement ; car « II peut sauver entièrement (c'est-à-dire, jusqu'à l'achèvement de la course, à travers tous les dangers et les difficultés du chemin) ceux qui s'approchent de Dieu par Lui. »
On le voit dans le cas de Pierre ; le Seigneur pria pour lui, afin que sa foi ne défaillît pas (Luc XXII, 32). Le Seigneur a été un homme ici-bas ; II a foulé le sentier de la foi, étant éprouvé de toutes manières ; II a su ce que c'était que d'être fatigué ; II a souffert la faim et la soif ; II a soupiré ; II a pleuré ; II fut aussi tenté par Satan.
Pour nous, nous sommes attirés et amorcés par nos propres convoitises, parce qu'il y a du péché en nous ; pour Lui, la tentation vint toujours du dehors. Jamais II n'a été tenté du dedans : ce serait un blasphème de le penser, car II était saint dès sa naissance et sans péché. Tout en Lui était la pureté même. Mais le Seigneur a été dans ce monde comme homme et a passé à travers les tentations de Satan et les épreuves auxquelles nous sommes assujettis ; c'est pourquoi II peut sympathiser avec nous dans ces choses : « en ce qu'il a souffert Lui-même, étant tenté, II est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Hébr. II, 18).

Supposez que vous ayez été conduit par l'Esprit de Dieu dans une certaine voie, et que Satan vous sollicite de l'abandonner à cause des difficultés et des souffrances que vous y rencontrez. Le Seigneur peut sympathiser avec vous en cela, car II a été tenté de cette manière comme homme ici-bas, et II vous secourra tout comme II sympathisera avec vous dans la tentation.
Il y a encore une bénédiction spéciale qui se rattache à la place glorieuse de Jésus à la droite de Dieu : c'est que nous avons accès directement au trône de Dieu même, parce que nous avons un tel « grand souverain sacrificateur » (Hébr. IV, 14-16). En y allant, nous faisons l'expérience que c'est un trône de grâce, où nous recevons miséricorde, et où nous trouvons grâce pour avoir du secours au moment opportun. Quelle place merveilleuse pour être aidés, que le trône de Dieu Lui-même !

Enfin, le Seigneur Jésus s'occupe activement du culte que nous rendons ; Il conduit les louanges de l'assemblée (Hébr. II, 12). Comparez aussi Exode XXVIII, 38 avec Hébr. XIII, 15. Aaron portait l'iniquité des saintes offrandes des enfants d'Israël... pour les rendre agréables à l'Éternel. Le sacrifice du chrétien est la louange et l'adoration. Il est vrai que, comme chrétiens, nous avons été « rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière. » Toutefois, nous avons encore du péché en nous, et combien souvent soit imperfections, soit péché, ne sont-ils mêlés, avec notre culte. Il est précieux alors pour l'âme de penser que tout va à Dieu par Christ ; c'est-à-dire, qu'il présente nos louanges à Dieu dans toute la bonne odeur et l'excellence de sa personne (1).

Quand le pèlerinage du désert sera terminé et nous quitterons cette demeure terrestre pour celle d'en haut, le repos éternel « qui reste pourle peuple de Dieu, » alors il n'y aura plus besoin de sacrificateur.

Puisse l'Esprit de Dieu, cher lecteur, vous diriger à considérer dans toute sa gloire le souverain Sacrificateur de notre profession, qui est incessamment occupé de nous pour nous conduire à travers le désert, qui nous représente fidèlement devant Dieu, et est toujours vivant pour intercéder pour nous, jusqu'au moment où, chacun étant amené à la gloire, II jouira du travail de son âme et en sera rassasié.

LES DEUX MÉPRISÉS
(Luc VII, 36-50.)

Il y a deux manières d'apprécier les choses : on peut les considérer au point de vue de l'homme naturel qui juge par l'extérieur, par ce qui tombe sous les sens ou par ce qui peut être saisi par les facultés naturelles, comme aussi par ce qui convient à ses passions et ses convoitises, ou bien on envisage les choses au point de vue de Dieu. Dans ce. dernier cas, c'est la foi qui est en exercice pour saisir l'appréciation que Dieu porte sur les faits ou les personnes, et l'on comprend que cette appréciation différera du tout au tout de celle de l'homme pécheur qui, par nature, est opposé à Dieu.

L'Écriture nous présente de nombreux exemples de cette différence entre le jugement porté par l'homme et celui que porte la foi.
Au chapitre XXV du 1er livre de Samuel, nous voyons David poursuivi par Saül, entouré d'une troupe d'hommes sans aveu et méprisables aux yeux du monde (1 Samuel XXII, 1-2), et considéré par le riche Nabal comme un serviteur qui s'est rebellé contre le roi son maître. Nabal le traite comme tel avec le dernier mépris et la plus grande rudesse. En effet, aux yeux de l'homme du monde, rien ne pouvait recommander ni justifier le fugitif David. Mais Abigaïl, femme de Nabal, voit David tout autrement. Pour elle, il est, comme aux yeux de Dieu, le roi élu par l'Éternel, celui qui doit régner sur Israël, et elle le traite, en conséquence, avec toute déférence et respect, quelle que soit sa position actuelle.

Nous trouvons quelque chose d'analogue dans le récit que rapportent les versets de Luc placés en tête de ces lignes.
Le pharisien qui avait invité Jésus à venir manger chez lui, était loin de voir dans le Seigneur ce qu'avait trouvé en Lui la pauvre pécheresse qui pleurait à ses pieds. Pour Simon, Jésus n'était qu'un homme comme un autre ; il doutait même qu'il pût Lui accorder le titre de prophète (vers. 39) ; il estimait sans doute Lui avoir fait honneur en L'invitant à sa table.

Voyez au contraire la pauvre femme qui, méprisée de tous, était entrée chez le pharisien. Elle ne dit rien à Jésus ; elle ne lui donne aucun titre pour attirer son attention ; elle se tient derrière, à ses pieds qu'elle arrose de larmes ; elle les essuie avec ses propres cheveux ; elle les couvre de baisers et les oint du parfum qu'elle avait apporté. Scène touchante aux yeux de la foi,mais incompréhensible pour Simon et ses amis !

Qu'est-ce qui portait cette femme à agir d'une manière si extraordinaire aux yeux du monde ? C'est qu'elle avait découvert en Jésus ce que le pharisien ne savait pas y voir : le Sauveur que Dieu avait envoyé à son peuple. À travers l'humble apparence du Seigneur, et malgré le mépris que plusieurs déversaient sur Lui, elle avait discerné Celui auprès de qui seul elle pouvait trouver la grâce dont son coeur sentait profondément le besoin. Quelle valeur n'attachait-elle donc pas à la personne de Jésus !

D'où provenait une si grande différence dans l'appréciation qu'elle et Simon faisaient du Seigneur ? Simplement de ceci : le pharisien jugeait de Christ selon l'homme, tandis que la pauvre pécheresse l'appréciait par la foi, selon Dieu, et trouvait en Lui l'amour de Dieu répondant aux besoins pressants de son âme altérée.
Il en est encore de même aujourd'hui. La foi seule nous fait connaître ce qu'est Jésus pour le pécheur perdu. Elle seule le fait apprécier au coeur comme LE DON DE DIEU (Jean IV, 10).

Quant à ceux qui envisagent Jésus au point de vue de l'homme, que discernent-ils en Lui ? Hélas ! rien de particulier. C'est un homme comme un autre, et même moins qu'un autre, car, selon l'Écriture, « il n'y a en lui ni forme ni apparence » (Esaïe LUI, 2), rien qui attire le regard de la chair, rien qui puisse satisfaire le coeur naturel ; II était « le MÉPRISÉ des hommes. »
Aussi voyons-nous Simon manquer envers Luiaux égards que commandaient envers des hôtes les coutumes de ces temps, comme le Seigneur le lui reproche : « Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ;... tu ne m'as point donné de baiser ;... tu n'as pas oint ma tête d'huile. »
Mais cette femme de mauvaise vie, méprisée de tous, avait saisi et possédait par la foi le secret de Dieu touchant son Fils. Sa conscience était éveillée quant à ses nombreux péchés, son coeur sentait le besoin de la grâce ; or, là où se trouvent ces choses, là se développe l'intelligence spirituelle. Voilà pourquoi elle fait précisément ce qui convenait à la personne glorieuse aux pieds de laquelle elle se tenait prosternée. Celui que les Juifs méconnaissaient était tout pour son âme. En Lui, elle avait vie, richesses et bonheur ; le posséder lui suffisait.

Pour ce qui est des témoins de cette scène émouvante, à quelle distance morale ne sont-ils pas de la pauvre pécheresse ! Ils restent entièrement étrangers à ce qui se passe devant eux. Ils n'ont de pensées que pour accuser Celui qui, seul sur la terre, avait l'autorité de pardonner les péchés. Des neuves de grâce découlaient du sein de Celui qui était le méprisé et le rejeté, et se répandaient dans le coeur de la pécheresse que la foi avait amenée à cette divine source ; mais eux ne le voyaient pas !

C'est l'incrédulité à l'égard de la personne de Christ qui laissait ces hommes froids et indifférents devant un déploiement si merveilleux de lagrâce. Ils ne croyaient pas en Lui, et ainsi ils ne comprenaient, ni son amour dont ils ne se souciaient pas, ni les motifs qui l'avaient fait descendre de la gloire du ciel au milieu de la scène de péché et de misère que présente ce monde.
Au contraire, cette femme, si misérable aux yeux du monde, attirée vers Jésus par la grâce que sa foi avait découverte en Lui, n'est pas déçue dans son attente. Elle a la joie et la consolation ineffables de recueillir des lèvres mêmes du Seigneur le précieux témoignage qui ôtait tout fardeau de son âme et la remplissait de confiance et de paix. « Tes péchés te sont pardonnés, » lui dit Jésus ; et comme si c'était trop peu, afin aussi de fermer la bouche à ses contredisants, Il ajoute : « Ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix. »

Chose admirable que la rencontre, dans la maison du pharisien, de ces deux personnes méprisées l'une et l'autre ! C'est ainsi que la sagesse de Dieu conduit les choses et montre la gloire de sa grâce dans ce que les hommes n'estiment point (1 Corinthiens I). Pensez-vous que ce fût un déshonneur pour Christ d'être méconnu par un honorable pharisien et reconnu par une misérable femme ? Oh ! non, c'était sa gloire. Il était venu chercher et sauver ce qui était perdu, et son vrai caractère était ainsi manifesté. Loin d'être un obstacle au déploiement de la riche et souveraine grâce de Dieu, les nombreux péchés de la femme étaient ce qui l'attirait et en démontrait l'absolue nécessité.

O vous donc qui soupirez après le pardon, comprenez bien que ce n'est que par la grâce seule que vous pouvez le posséder. Ce n'est qu'en reconnaissant que vous êtes tout aussi mauvais, tout aussi indignes que la pécheresse dont nous venons de parler, que vous apprécierez ce qu'est Celui qui est venu sauver les pécheurs perdus. Si vous avez quelque prétention d'être juste, si vous avez quelque confiance en vous-même, vous serez porté à dire : Je n'ai besoin de rien, et, comme Simon le pharisien, vous vous priverez volontairement de la grâce qui seule peut sauver et rendre heureux. Chose terrible que de rejeter la grâce qui apporte le salut, quand elle nous est présentée et offerte gratuitement !

Lecteur, comment appréciez-vous Christ ? Qu'est-Il pour vous ? Le voyez-vous encore avec indifférence, comme Simon, ou l'avez-vous saisi par la foi comme votre précieux et unique Sauveur ?

JEUNE ET FORTE

[L'article suivant nous a été envoyé du midi de la France, avec les quelques paroles d'introduction qui se trouvent en tête.]

Cher frère en Christ,
La lecture de l'article (2) de votre journal intitulé : « Dernières paroles d'une jeune fille, » m'a rappelé un fait à peu près semblable qui s'est passé dans l'endroit où je demeure. Maintes fois, en parlant aux âmes, je le leur ai cité pour leur montrer le danger que courent ceux qui repoussent le salut que Dieu offre aux pécheurs.
Une jeune fille d'une vingtaine d'années était venue assister à une réunion où était annoncél'Évangile. « La grâce de Dieu qui apporte le salut, » l'amour de Celui qui donna son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle, toutes ces richesses de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs, avaient été présentées, et les coeurs avaient été pressés de les recevoir.
Mais, le coeur de la jeune fille dont je parle était rempli par les vanités de ce monde et par l'amour des plaisirs dont il offre la jouissance. Florissante de santé, voyant devant elle un long avenir, elle ne se souciait pas de Christ ; II ne trouvait pas d'entrée dans son âme.
Mais hélas ! son insouciance fut de courte durée. Combien est fragile cette santé, cette vie sur laquelle on compte ! La semaine n'était pas écoulée qu'elle fut atteinte d'une fièvre qui la mit aux portes du tombeau. Quelques jours auparavant, Christ lui faisait entendre les doux appels de sa grâce, et elle avait refusé de s'y rendre ; maintenant, il lui fallait comparaître devant un Juge redoutable.

Où. était cet avenir enchanteur que le diable avait fait briller devant elle pour l'empêcher de recevoir la parole de salut ? Disparu sans retour, pour faire place à un avenir de désespoir sans fin !

Écoutez ses dernières paroles, ô jeunes lecteurs enlacés peut-être comme elle l'avait été dans les pièges d'un ennemi trompeur. Ses frères et soeurs entouraient son lit de souffrances, mais elle, sensible seulement à la perte qu'elle avait faite en repoussant le salut que Dieu lui offrait,s'écriait : « Je suis perdue, je vais en enfer. » Puis, se tournant vers son frère aîné : « Lis-moi, lui dit-elle, quelques versets de la parole de Dieu. » Mais c'était trop tard, on ne tint pas compte de sa requête, et elle expira avec la pensée du terrible avenir qui s'ouvrait pour elle.

On pourrait croire que les frères et soeurs de cette jeune fille profitèrent de ce solennel avertissement. Mais combien sont subtiles les ruses de l'ennemi des âmes ! « C'est le délire qui la faisait parler ainsi, » suggéra-t-il, et leur coeur, ami du monde, écouta et accepta l'insinuation trompeuse du diable. Non, ce n'était pas le délire ; c'était la réalité effrayante de l'abîme qu'elle voyait ouvert devant elle, après avoir repoussé le seul bras qui pouvait l'y arracher.

Jeune homme ou jeune fille qui lisez ces lignes, ne faites pas comme les frères et soeurs de celle dont je vous ai dit la triste fin. C'est à vous personnellement que cet avertissement s'adresse. Écoutez maintenant la voix du Seigneur Jésus qui vous appelle à Lui pour vous donner la vie éternelle. Ne croyez pas le monde qui traite ces réalités solennelles de fables destinées seulement à effrayer. Ah ! certes, c'est une réalité que vous êtes un pécheur perdu ; c'est une réalité et une chose certaine que Jésus le Fils de Dieu est venu pour sauver ceux qui sont perdus ; c'est une réalité qu'il y a un ciel pour celui qui croit en Lui, et un étang de feu et de soufre pour ceux qui maintenant rejettent sa grâce.
On ne se moque pas de Dieu. Ce n'est pas sansraison qu'il nous a adressé l'appel pressant :

« AUJOURD'HUI, SI VOUS ENTENDEZ SA VOIX, N'ENDURCISSEZ PAS VOS COEURS. »

Correspondance

En quoi consiste le combat dont il est parlé dans Éphésiens VI, 10-20, et quelles sont les luttes qui y sont comprises ?

- L'Apôtre a développé, dans cette épître, quels sont, d'après les conseils éternels de Dieu et en vertu de sa grâce souveraine, les privilèges et les bénédictions que possède en Christ tout chrétien, le plus jeune dans la foi comme le plus avancé.
Ces privilèges sont ceux qui lui appartiennent ou comme individu, ou comme faisant partie de l'assemblée qui est le corps de Christ. Mais quels qu'ils soient, ils découlent du fait que Christ est actuellement assis dans les lieux célestes. C'est là que sont nos bénédictions. La position qui nous est faite devant Dieu en Christ est donc une position céleste, et, de plus, parfaite comme Lui-même est parfait.

Être saints et irréprochables devant Dieu en amour, comme il convient à sa nature ; adoptés pour Lui-même comme ses enfants par Jésus-Christ ; rendus agréables dans le Bien-Aimé ; héritiers en Christ de toutes choses ; scellés du Saint-Esprit de la promesse comme arrhes de notre héritage, pour une pleine rédemption ; et, afin que nous puissions jouir de ces choses, ayant la rédemption par son sang, la rémission des fautes, vivifiés avec Christ, ressuscites et assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ; voilà ce qui nous appartient individuellement.
Puis, membres de l'assemblée qui est son corps, unis pour avoir ensemble accès auprès du Père par un seul Esprit ; édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, pour être ensemble une habitation de Dieu par l'Esprit ; comme tels, comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, et la longueur, et la profondeur, et la hauteur, - et connaître l'amour du Christ, qui surpasse toute connaissance ; manifestant ainsi la sagesse de Dieu dans les lieux célestes et devant refléter sa gloire aux siècles des siècles ; maintenant objets de l'amour et des soins de Christ jusqu'à ce qu'il se présente à Lui-même l'assemblée glorieuse, sans tache ni ride, voilà nos privilèges bénis comme membres de l'assemblée.

L'Apôtre demande à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, que les saints puissent connaître ces privilèges magnifiques, les réaliser et eu jouir par la foi. Deplus, il leur montre que de leur position doit découler une marche qui soit en harmonie avec ce qui leur est donné en Christ, une marche céleste qui glorifie Dieu.

Mais il y a des adversaires doués d'une énergie et d'une volonté puissantes pour le mal ; exerçant leur influence et leur pouvoir sur un monde plongé dans les ténèbres et dont ils se servent en le dominant ; adversaires qui, dans le domaine des choses spirituelles, s'opposent au chrétien et l'attaquent, moins par une action ouverte que par leurs artifices, par la subtilité d'un esprit pénétrant. (Voyez aussi 2 Cor. XI, 14.)
Ils cherchent à fourvoyer et à égarer nos esprits quant à la vérité, pour fausser notre position ; ils s'efforcent de détourner nos affections du ciel vers la terre, d'ébranler notre confiance pour nous empêcher de jouir des bénédictions qui nous appartiennent et qui résultent de notre position parfaite devant Dieu en Christ, et ils tentent de nous entraver dans la réalisation d'une marche céleste, séparée du monde, dans la sainteté pratique qui convient à notre appel céleste et dans laquelle seule nous jouissons de la communion avec Dieu.

De là la nécessité de la lutte ; ce que nous venons de dire en indique suffisamment la nature, comme le font aussi du reste les diverses parties de l'armure complète de Dieu, dont il faut nous revêtir pour pouvoir résister.
Mais nous n'avons pas seulement à nous défendre pour maintenir nos privilèges et en jouir en demeurant fermes dans la vérité, dans la justice, la paix, la foi, la certitude d'un salut parfait, il nous faut aussi aller en avant et attaquer les ennemis pour détruire les forteresses, les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance toujours plus parfaite de Dieu, et amener toute pensée captive à l'obéissance du Christ (2 Corinthiens X, 3-5). Pour cela, il faut prendre l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. Par elle, nous pouvons répondre à chacun comme il faut, confondre ceux qui s'opposent, atteindre les consciences. Mais elle doit être maniée par l'Esprit ; il ne faut donc point l'attrister, et il faut vivre dans la dépendance de Dieu par la prière, combattant ensemble d'une même âme, avec la foi de l'Évangile, par des prières pour tous les saints ; il faut mettre de côté ce qui est de nous, ne pas prendre soin de la chair pour satisfaire ses convoitises, n'avoir à coeur que la gloire de Christ et ses intérêts.

Veuille le Seigneur nous donner d'être de ceux qui combattent, sans s'embarrasser des affaires de la vie, pour ne plaire qu'a Celui qui nous a enrôlés ; et puissions-nous, après avoir tout surmonté, demeurer fermes.

LA CROIX DU CHRIST
ou
SAGESSE ET PUISSANCE

(1. Corinthiens I, 17-31.)

Il n'y a, pour l'homme, rien de plus important que la croix du Christ. C'est à la croix qu'aboutissent tous les conseils de la grâce de Dieu envers une race coupable ; là sont déployées de la manière la plus merveilleuse sa sagesse et sa puissance ; l'oeuvre qui y fut accomplie est la base de toute bénédiction ; elle est et elle demeurera dans l'éternité le monument indestructible de l'amour de notre Dieu Sauveur.

L'apôtre Paul avait un sentiment profond de la valeur de la croix du Christ. Son coeur en était rempli ; son ardent désir était de la faire connaître, il avait reçu une mission pour cela ; mais pour que l'éclat des grandes et saintes vérités qu'elle proclame ne fût pas amoindri et que la croix de Christ ne fût pas rendue vaine, il n'avait recours ni aux séductions de l'éloquence, ni aux artifices du raisonnement et de la sagesse humaine ; sa parole et sa prédication étaient « en démonstration de l'Esprit et de puissance. ».

En effet, la parole de la croix n'a pas cet éclat extérieur qui plaît à l'homme naturel. La sagesse de Dieu ne donne pas une vaine satisfaction à la curiosité de l'intelligence. Elle s'adresse à la conscience ; voilà pourquoi l'homme qui compte sur sa propre justice ou sur sa propre sagesse, traite de folie la prédication de la croix.
Quel triste symptôme de ce qu'est le coeur ! Lecteur ! si telle est votre appréciation de la croix du Christ, si vous estimez que c'est une chose bonne tout au plus à occuper les esprits faibles, écoutez le terrible verdict que Dieu porte sur vous : « Vous êtes de ceux qui périssent. »

Comprenez-le bien : de ceux qui périssent, c'est-à-dire qui seront plongés dans un malheur sans fin ! Oh ! puissiez-vous saisir cette vérité que vous avez besoin d'être sauvé, que vos nombreux péchés vous exposent à la condamnation ; que la croix du Christ est votre seul remède, parce que là Christ s'est chargé des péchés de ceux qui croient en Lui ! Puisse ainsi la parole de la croix devenir pour vous ce qu'elle est en effet, « la puissance de Dieu » pour sauver ceux qui croient.

Quelle puissance n'a-t-il pas fallu pour tirer les mondes du néant ? Dieu l'a fait par sa parole et voilà pourquoi on le nomme le Tout-Puissant. Mais pour détruire les oeuvres du diable, - le péché qui a séparé l'homme de Dieu, la mort, juste conséquence du péché, le jugement redoutable qui le suit, quelle puissance autrement grande a dû être déployée ! C'est à la croix qu'elle s'est exercée, quand Christ y a été cloué ; là il a triomphé des principautés et des autorités ; là, par sa mort, il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable ; là il s'est offert pour l'abolition du péché. C'est ainsi que Christ crucifié est Lui-même la puissance de Dieu. La parole de la croix estcelle qui fait connaître et proclame l'oeuvre qu'il a accomplie, et, reçue dans le coeur par la foi, elle fait passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la puissance de Satan à Dieu.

Quelle oeuvre étonnante ! bien autrement merveilleuse que de créer des mondes. Oui, autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant le salut des âmes, création nouvelle et spirituelle, est au-dessus de la création matérielle. Voilà pourquoi la parole de la croix est appelée « la puissance de Dieu. »

L'avez-vous écoutée et reçue, cette parole ? en avez-vous éprouvé dans vos coeurs l'efficace ? Cher lecteur, par elle seule nous obtenons le salut.
C'est aussi par cette parole seulement que Dieu peut être véritablement connu. Par sa sagesse, l'homme sage du monde ne peut connaître Dieu. À cela il y a deux raisons :

D'abord, Dieu est infini, et l'homme est borné. Dieu est le Créateur et l'homme n'est qu'une créature faible et dépendante. L'homme par son intelligence naturelle peut arriver à connaître le domaine des choses créées qui tombent sous ses sens. Mais pour que Dieu soit connu de la créature, il faut que Lui-même daigne se révéler à elle.

De plus, l'homme a péché ; par là s'est élevée entre Dieu et lui une barrière, de sorte qu'il ne peut dans son état actuel avoir communion avec Dieu et entrer dans ses pensées.
Voilà pourquoi la parole qui révèle Dieu à l'homme est aussi celle qui le sauve, en le réconciliant avec Lui, et en le rapprochant de Celui qui est la source de la vie et du bonheur.
Mais, pour cela, il faut que l'homme prenne sa vraie place : il doit reconnaître qu'il est pécheur, qu'il a perdu tout droit à connaître Dieu, et à s'approcher de Lui pour jouir de sa présence ; qu'il est privé de toute puissance pour y parvenir, et qu'il n'a rien à attendre que d'une grâce toute gratuite.

C'est seulement ainsi que l'on connaît Dieu. Le monde, par la sagesse, ne l'a pas connu. Tel a été l'arrêt de la sagesse divine. Je sais bien que, malgré cela, l'homme, dans son orgueil, n'en conserve pas moins les prétentions les plus absolues à connaître et même à juger Dieu. Mais cela est impossible. Sa puissance éternelle et sa divinité se discernent, il est vrai, par le moyen de l'intelligence, par les choses qui sont faites, et celui qui nie Dieu est un insensé. Mais le chapitre 1er des Romains nous dit ce qu'ont fait les hommes, bien qu'ayant sous leurs yeux la création qui proclame l'existence de Dieu : « Ils sont devenus vains dans leurs raisonnements, et leur coeur destitué d'intelligence a été rempli de ténèbres ; se disant sages, ils sont devenus fous ; et ils ont changé la gloire « Dieu incorruptible en la ressemblance de l'homme corruptible, et d'oiseaux, et de quadrupèdes, et de reptiles. » Voilà où le péché a conduit l'homme, et les plus grands philosophes de l'antiquité, ceux qui prenaient ou acceptaient le nom de sages, au milieu de la civilisation la plus avancée, n'ont pu niredresser les erreurs vulgaires de leur temps, ni parvenir pour eux-mêmes à une notion vraie de Dieu.
Et de nos jours, à quoi sont arrivés par leur raison ceux qui, ne voulant pas se courber devant la parole de la croix, prétendent connaître Dieu et la sagesse ? Le panthéisme, pour qui tout est Dieu, le matérialisme qui ne voit rien au delà de ce qui tombe sous les sens, sont la fin où amènent les vains raisonnements ; à moins que, désespérant de rien connaître, on n'arrive à dire comme Pilate : Qu'est-ce que la vérité ? Quelques-uns, ne pouvant échapper à la conviction qu'il y a un Dieu, au lieu de le chercher dans sa parole, se le forgent pour ainsi dire à leur fantaisie.

Non, cher lecteur, c'est en vain que vous vous efforcerez de connaître Dieu par vous-même ; II restera un Dieu caché et redoutable pour votre conscience. Vous ne pouvez savoir ce qu'il est que s'il se révèle Lui-même. Il l'a fait, et votre affaire maintenant n'est pas de juger cette révélation et Celui qui daigne vous la communiquer, mais, dans l'humilité qui convient à une créature faible et ignorante, vous devez écouter et recevoir ce qu'il veut bien vous dire.
Combien ne devriez-vous pas être heureux d'avoir une telle révélation ! Que vous dit la raison du plus sage touchant votre avenir éternel, touchant ce qui s'ouvre au delà de ce moment mystérieux et solennel qu'on appelle la mort ? Dieu est miséricordieux, dites-vous ; je réponds : Dieu est juste. Ah ! ne vous faites pas un Dieu qui ne serait pas le vrai. Si vous n'étiez pas séparé de Dieu et par conséquent dans un état de péché, ne le connaîtriez-vous pas ? L'ignorance où vous êtes de Lui prouve votre misère, Mais dans sa grâce II s'est révélé ; et ce n'est pas pour vous condamner ; non, c'est pour vous « sauver. » N'est-ce pas de la plus haute importance ?

Souvent on veut bien s'occuper de connaître Dieu, mais c'est pour ajouter quelque chose aux connaissances que l'on possède déjà. On fait de Dieu un objet d'étude, comme s'il s'agissait de beaux-arts, de science et de littérature. Et l'on oublie que l'on est devant le Dieu vivant qui peut sauver et perdre ! On oublie que l'on n'est qu'un misérable pécheur perdu ; que si Dieu a bien voulu se révéler, se faire connaître, c'est qu'il Lui a plu de « SAUVER » ce qui était dans un état de ruine absolu, et que la seule attitude qui nous convient est celle de coupables qu'il veut réconcilier, de mendiants qu'il consent à enrichir.

Oh ! comprenez-le bien, cher lecteur, ce n'est pas de connaissance intellectuelle que vous avez besoin, mais de salut pour votre âme perdue à cause du péché. Et ce salut, « il a plu à Dieu » de l'opérer. C'est pour son coeur une oeuvre agréable. C'est l'homme perdu qui a occupé la pensée de Dieu. C'est pour chercher et sauver ce qui était perdu qu'il a envoyé son Fils dans le monde. Les pécheurs, les misérables, les malades, voilà ceux qui intéressaient et attiraient le coeur du Fils de Dieu sur la terre. Lui, le possesseurde toutes choses, a laissé sa gloire pour aller à la recherche de la brebis qui s'était égarée. Et c'est encore l'oeuvre précieuse et chère au coeur de Dieu que de faire proclamer qu'il lui plaît de sauver ceux qui croient.
Mais cette oeuvre de l'amour de Dieu s'accomplit par ce qui semble folie à l'homme naturel. C'est par la prédication de « Christ crucifié, aux Juifs occasion de chute, aux nations folie ». Et que pourrait-il y avoir cependant qui réponde mieux aux réels besoins de l'âme ? Elle est perdue ; elle a besoin de délivrance : elle est éloignée de Dieu ; elle a besoin de paix.

Aucune doctrine destinée à l'intelligence ne peut délivrer ni donner la paix avec Dieu. Christ crucifié le peut seul. Il assurera l'âme qui croit, le pardon des péchés qu'il a portés en son corps sur le bois. Il lui donne la paix qu'il a faite en versant son sang sur la croix en expiation pour le péché. Voilà pourquoi si une âme est troublée, comme celle du geôlier de Philippes, et s'écrie : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? la parole de Dieu ne lui présente pas des doctrines, mais une personne, Jésus-Christ. « Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé. »

Paul avait affaire avec deux classes d'hommes bien distinctes, que rebutait sa prédication. Elles manifestent toutes deux ce qu'est l'homme naturel qui ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu. C'étaient d'une part les Juifs, pleins d'orgueil à cause de leurs privilèges religieux, et ne voulant reconnaître que ce qui seprésentait avec la puissance extérieure des miracles ; d'un autre côté, il y avait les Grecs, qui, fiers de leurs sages et de leurs nombreuses écoles de philosophie, prétendaient n'admettre que ce qui se légitimait à leur raison. Les premiers se scandalisaient quand on leur annonçait que le Christ, le Messie qu'ils attendaient revêtu d'une gloire terrestre, était mort, pendu au bois, entre deux malfaiteurs ; les autres ne voyaient que folie dans un enseignement qui leur présentait dans un homme mort sur la croix le Fils de Dieu, qui pouvait seul leur révéler Dieu. Il fallait, pour les uns comme pour les autres, s'humilier et renoncer à toute prétention de la chair pour arriver à connaître vraiment Dieu. Il en est encore de même, il faut recevoir « Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. »

II est la puissance de Dieu. Nous avons déjà vu que par Lui, avant qu'il s'abaissât sur la terre, toutes choses furent créées, et qu'il les soutient par sa parole puissante. Lorsque sa gloire était voilée par la chair dont II avait bien voulu se revêtir, toutes choses Lui obéissaient, mais c'est sur la croix que nous voyons Christ la puissance de Dieu d'une manière plus magnifique et plus profonde.
Dans le fait même de sa mort, Christ montre une puissance divine. Il avait, disait-il aux Juifs, le pouvoir de laisser sa vie et le pouvoir de la reprendre (Jean X, 18). Personne ne pouvait la lui ôter. Aussi est-il entré dans la mort par cette puissance qui était en Lui. Il est mort volontairement, sa force étant en son entier. Il pousse en expirant un grand cri pour attester sa puissance et sa volonté de donner sa vie ; et cela est si frappant que le centenier qui le gardait est obligé de le reconnaître et de dire : « Certainement cet homme était Fils de Dieu » (Marc XV, 39).
Et par cette mort sur la croix, scandale aux Juifs et folie pour les Grecs, la triomphante puissance de Dieu en Christ rendait impuissant le diable, abolissait le péché, annulait la mort, détruisait la barrière qui empêchait l'homme d'approcher du Dieu juste et saint ; l'oeuvre était achevée par laquelle Dieu peut introduire dans le ciel, en sa présence, des êtres qui ne méritaient que l'enfer.

O mon cher lecteur, connaissez-vous Christ ainsi, Christ, la puissance de Dieu ?
Mais en même temps il est rendu manifeste que Christ est la sagesse de Dieu. La croix nous montre de quelle manière admirable Dieu concilie les exigences de sa sainteté et de sa justice avec les désirs de son amour.
Comment le Dieu juste pardonnera-t-il au pécheur ? Comment pourra-t-il l'introduire en sa sainte présence ? La croix donne la réponse. Là, je vois Christ prenant mes péchés, se chargeant de mes iniquités, et subissant dans sa sainte personne le châtiment qui m'était dû. La justice de Dieu exerce sur Lui le jugement contre le péché, de sorte que maintenant Dieu est trouvé juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus. AinsiIl est mort pour nos offenses et par Lui les croyants sont amenés à Dieu, purifiés par son sang et pouvant subsister devant le Dieu trois fois saint. La propitiation a été faite.

Telle est la voie admirable de la sagesse de Dieu manifestée en la croix de Christ. Là, se voit, d'un côté, la ruine absolue de l'homme, qui nécessite un semblable remède, et, d'un autre, le déploiement magnifique de la sainteté, de la justice et de l'amour de Dieu. Où est la sagesse humaine dont les profondes conceptions auraient pu découvrir un plan aussi simple et aussi merveilleux pour sauver l'homme ?

Connaître Dieu et l'homme, voilà la fin de la sagesse. La croix seule la présente d'une manière divine. Là j'apprends ce que je suis, là seulement m'est révélé ce qu'est Dieu.

Oh ! combien sont anéanties ainsi toutes les orgueilleuses prétentions de l'homme ! Toute sa force, tout son génie sont impuissants pour le sauver ; toute sa sagesse est incapable de trouver la voie qui conduit à Dieu. Il faut se reconnaître fou, faible, vil, méprisable, n'étant rien devant Dieu qu'un pauvre misérable être ruiné et perdu, il faut se mettre à sa vraie place ; Mais alors, voilà Christ, Christ crucifié, en qui nous trouvons toute grâce, toute richesse, toute gloire. Quel trésor ! « Celui qui se glorifie désormais, ne se glorifie que dans le Seigneur. »
Dieu ne veut pas. que ceux envers lesquels II a ainsi montré sa puissance et sa sagesse manquent de rien. En Christ, ils trouvent toutes lesrichesses morales, et c'est non-seulement pour les puissants et les nobles ou les sages, mais pour les plus faibles et les plus petits.

Christ est notre sagesse. Par Lui nous connaissons Dieu, son caractère, ses voies, ses pensées, ses conseils. Quelle philosophie nous donnera cela ?
Il est notre justice. Nous avons besoin d'une justice parfaite pour nous tenir devant Dieu. Or, ceux qui croient en Christ ont revêtu Christ ; nous sommes rendus agréables à Dieu dans son Bien-Aimé.
Pour être avec le Dieu saint devant lequel les Séraphins se voilent la face, nous avons besoin de sainteté et d'une sainteté constante. Christ est toujours notre sainteté ; nous sommes en Lui devant Dieu.

Christ est aussi notre rédemption. En Lui nous avons déjà la rédemption quant à l'âme ; mais nous attendons l'adoption, savoir la rédemption du corps. Maintenant nous jouissons par la foi du salut de nos âmes ; bientôt II viendra pour délivrer aussi nos corps en les transformant et les rendant conformes au corps de sa gloire. Parfait et précieux Sauveur ! 0 mon cher lecteur, si vous ne pouvez encore dire : « Ce trésor m'appartient aussi, » que Dieu veuille ouvrir vos yeux et toucher vos coeurs pour voir et saisir en Christ crucifié, sa puissance et sa sagesse, pour que vous ayez part aux richesses de sa grâce !


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique




(1) II ne faut pas oublier que l'épître aux Hébreux présente le culte, ainsi que les autres vérités, au point de vue des perfections divines. L'expression la plus élevée du culte est en rapport avec la révélation du nom du PÈRE, - nom qui ne se trouve pas dans cette épître, - et monte au Père directement par le Saint-Esprit, communiqué à l'enfant de Dieu. Voyez Jean IV, 23, 24.

(2) Voyez vol. IV, p. 215.

 

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