LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. V
CINQUIÈME
ANNÉE 1878
LA SACRIFICATURE PRÉSENTE DE
CHRIST
Avant de parler du service qu'accomplit
actuellement le Seigneur comme notre
« grand souverain
sacrificateur, » examinons,
d'après la Parole de Dieu, quels sont ceux
pour qui s'exercent la sacrificature et
l'intercession de Christ.
Plusieurs pensent que Christ intercède
devant Dieu pour les pécheurs inconvertis,
afin que Dieu leur pardonne leurs
péchés et sauve leurs âmes.
C'est une notion tout à fait contraire
à l'Écriture, qui donne une fausse
idée de Dieu Lui-même, et qui porte
ainsi atteinte à la paix d'un grand nombre
de croyants. Il semblerait, d'après cette
pensée, que Dieu est contre le
pécheur, au lieu d'être pour
lui, et qu'il est besoin de beaucoup de
prières et de persuasion pour l'amener
à s'intéresser à une
âme, mais qu'enfin, par l'intercession de
Christ, II consent à le faire.
Or, en
Jean III, 16, nous lisons :
« Dieu a tant aimé le monde, qu'il
a donné son Fils unique. » C'est
donc Dieu qui, le premier, a pensé
au pécheur, et qui l'a tant
aimé que de livrer son Fils à la
mort de la croix, prouvant ainsi qu'il n'est pas
contre le pécheur, mais pour
lui, et qu'il n'a nul besoin que quelqu'un
émeuve son coeur en sa faveur. Le beau
passage de
2 Corinthiens V, 20, nous dit
aussi : « Dieu, pour ainsi dire,
exhortant par notre moyen ; » II
condescend Lui-même à exhorter les
pécheurs, afin qu'ils soient
réconciliés avec Lui ; II
n'attend donc pas que quelqu'un intercède
pour eux.
Hébreux VII, 24, 25, nous
montre quels sont ceux pour qui est la
sacrificature : « Mais
celui-ci (Christ), parce qu'il
demeure éternellement, a la sacrificature
qui ne se transmet pas. De là vient aussi
qu'il peut sauver entièrement ceux qui
s'approchent de Dieu par lui, étant toujours
vivant pour intercéder pour
eux. » Pour qui
intercède-t-Il ? Non pour les
inconvertis, mais pour ceux qui
« s'approchent de Dieu par
Lui. » Or, ceux-là sont des
croyants rendus « parfaits à
perpétuité » par
« une seule offrande, » savoir
celle du corps de Jésus-Christ faite une
fois pour toutes. L'expression « qui
s'approchent de Dieu » ne s'applique pas
à un pécheur qui vient à Dieu
pour être sauvé. Nous la retrouvons en
Hébreux X, 22, qui parle
évidemment de personnes sauvées, car
un pécheur ne saurait, dans ses
péchés, s'approcher d'un Dieu
saint.
Avant d'aller plus loin, voyons, d'après les
Écritures, quel est le fondement sur lequel
nous pouvons nous appuyer pour nous approcher de
Dieu. Cela est nécessaire, parce que
plusieurs enfants de Dieu, par manque de
connaissance, ignorent que la question de leurs
péchés a été
réglée, et ainsi ne savent pas ce que
c'est que d'être en sa sainte présence
dans une paix parfaite.
Lecteur, savez-vous ce que c'est qu'être sans
crainte en la présence d'un Dieu
saint ? Pouvez-vous dire : Je sais que
mes péchés sont ôtés
pour toujours de devant Lui ? Le chapitre X de
l'épître aux
Hébreux, vers. 1-22, nous
montre comment une âme peut ainsi s'approcher
de Dieu en sachant que ses péchés
sont pardonnés. Il est beau de voir la
quantité de témoignages que l'Esprit
de Dieu présente pour
assurer à nos pauvres coeurs que nos
péchés sont ôtés, et que
nous sommes rendus parfaits à
perpétuité ; puis comment II
nous invite à nous approcher de Dieu en
toute liberté. Dieu veut nous sauver
(vers. 10) ; Christ est venu
accomplir l'oeuvre qui nous sauve
(vers. 9), et le Saint-Esprit est
pour nous le témoin que cette oeuvre a
été acceptée et que nos
péchés sont ôtés pour
toujours
(vers. 15-17).
Le verset
12 nous dit : « Mais
celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les
péchés, s'est assis à
perpétuité à la droite de
Dieu. » On voit dans le livre du
Lévitique, chap. IV, 27-31,
que si un Juif avait péché par
erreur, et que ce péché fut venu
à sa connaissance, il devait apporter son
offrande. Selon la loi, « l'âme qui
péchera, mourra ; » la peine
du péché, c'était donc la
mort. L'homme qui avait péché
était-il mis à mort ? Non ;
Dieu avait pourvu à ce qu'il y eût un
substitut ; celui qui avait commis le
péché devait amener un chevreau, sur
la tête duquel il posait sa main, ce qui
signifiait que son péché était
transféré sur le chevreau ;
l'animal était égorgé... puis
on lit : « Et il lui sera
pardonné »
(vers. 29-31). C'est comme si Dieu
eût dit : « J'accepte la mort
de ce chevreau en place de celle de l'homme qui a
commis le péché. » L'animal
mourait pour l'homme, et celui-ci s'en allait
pardonné. Mais ce sacrifice n'était
que pour un seul péché ;
si l'Israélite venait à
pécher de nouveau, il devait amener un autre
sacrifice.
Voyez maintenant le contraste établi en
Hébreux X, 12, entre ce qui
avait lieu sous le régime de la loi, et ce
dont nous jouissons selon l'Évangile de la
grâce. Il est dit : « Mais
celui-ci (Christ), ayant offert un SEUL
sacrifice pour les péchés,
s'est assis à perpétuité
à la droite de Dieu. » Vous, cher
lecteur chrétien, croyez-vous que,
non-seulement un péché, mais
tous vos péchés ont
été placés sur Christ quand II
était suspendu à la croix, qu'il a
subi le jugement de ces péchés devant
Dieu, et les a tous ôtés une fois pour
toutes ? Remarquez que, s'ils n'ont pas
été ôtés alors, ils ne
peuvent jamais l'être, car il n'y a
qu'« un seul sacrifice pour les
péchés, et Christ ne peut mourir de
nouveau.
Il ne peut être question de
péchés passés, présents
ou futurs, car lorsque Christ mourut, ils
étaient tous futurs, et par cette
« seule offrande »,
lisons-nous, « il a rendu parfaits
à perpétuité ceux qui sont
sanctifiés »
(Hébreux X, 14). Ce n'est pas
pour un mois, ni pour un an, c'est à
perpétuité.
« Sanctifiés » veut dire
ici ceux que Dieu a mis à part en
sainteté pour le salut. Mais maintenant se
pose la question : Si nos péchés
sont ôtés et si nous sommes rendus
parfaits à perpétuité par
« une seule offrande, »
quel besoin y a-t-il d'un
sacrificateur ?
Or, quoique nous soyons sauvés, que la
question de nos péchés soit
réglée pour toujours, et que, pour la
foi, nous soyons assis « dans les lieux
célestes, dans le Christ
Jésus »
(Éphésiens II, 6), nous
ne sommes pas encore dans la gloire. Nous sommes,
en l'attendant, engagés
dans la traversée du désert, pleine
de difficultés, d'épreuves et de
dangers, et environnés de tous
côtés de la puissance de Satan. C'est
pourquoi Christ est à la droite de Dieu pour
y représenter devant Lui ceux qui sont
sauvés et les soutenir dans leur sentier au
milieu de ce monde, en leur donnant toute la
grâce nécessaire et l'aide au moment
opportun, et pour les sauver à travers
toutes les difficultés et les dangers du
voyage, jusqu'à ce que chacun d'eux soit
entré dans le repos « qui reste
pour le peuple de Dieu. » II s'occupe
d'eux devant Dieu, pour les amener tous sains et
saufs au terme de la carrière.
Mais, remarquez-le, ce n'est pas pour les
péchés, puisqu'il n'est sacrificateur
que pour ceux dont les péchés sont
ôtés pour toujours, ce qu'il a fait
une fois pour toutes lorsqu'il s'est offert
Lui-même
(Hébr. VII, 27). En
Hébr. VIII, 1, 2, nous lisons
qu'il est assis maintenant à la droite du
trône de la Majesté dans les cieux, et
qu'il est en même temps « ministre
des lieux saints. »
Dans l'épître aux Hébreux, le
Saint-Esprit nous conduit vers la personne du
Seigneur Jésus, et déploie devant
nous ses diverses gloires. Le chapitre I fait
ressortir sa gloire divine ; le chapitre II,
sa gloire comme Fils de l'homme ; puis
l'épître continue en démontrant
combien sa sacrificature est supérieure
à celle de l'ancienne Alliance ; et
enfin, au chapitre VIII, tout est
résumé par ces mots :
« Nous avons un tel souverain
sacrificateur. »
Lecteur, avez-vous jamais contemplé la
personne glorieuse de Christ, tel
qu'il est maintenant, à la droite de Dieu,
un Homme vivant glorifié (quoiqu'il soit
Dieu aussi), couronné de gloire et
d'honneur ? Pouvez-vous dire comme en
Hébreux II, 9 : « Je vois
Jésus i, non plus sur la terre, non dans le
tombeau, non pas même ressuscité sur
la terre, mais « couronné de
gloire et d'honneur s à la droite de
Dieu ? Bon nombre d'enfants de Dieu qui
connaissent l'oeuvre du Seigneur Jésus sur
la croix, ne pensent pas à la personne
glorieuse de Celui qui a accompli cette oeuvre, et
qui maintenant est « assis à la
droite du trône de la Majesté dans les
cieux. » Mais lorsqu'une fois l'âme
a saisi la gloire dont II est revêtu, combien
ne lui paraît-Il pas digne d'admiration comme
« ministre des lieux
saints » ! Qu'il est doux de penser
que Celui qui nous a aimés et qui s'est
donné Lui-même pour nous, vit
maintenant pour exercer son ministère en
notre faveur dans les parvis d'en haut !
Au
chapitre IX, vers. 24, nous le
voyons « paraître pour nous devant
la face de Dieu ; »
c'est-à-dire, qu'il nous représente
là dans tout ce que sa Personne a de
précieux, et qu'il y est notre justice
permanente devant Dieu.
Aaron, souverain sacrificateur du peuple
d'Israël, présente un beau type de ce
ministère du Seigneur Jésus
(Exode XXVIII, 9-12). Les noms des
enfants d'Israël étaient gravés
sur les deux pierres d'onyx placées sur les
épaules d'Aaron, ainsi que sur les douze
pierres précieuses fixées au
pectoral ; ces noms ne pouvaient être
effacés.
Le pectoral lui-même était
étroitement joint à l'éphod,
ou vêtement sacerdotal, de sorte qu'Aaron
portait les noms des enfants d'Israël
« continuellement devant
l'Éternel »
(vers. 29) ; il ne pouvait
entrer dans le lieu saint sans que Dieu se
souvînt d'Israël. De même, le
Seigneur Jésus, « notre grand
souverain sacrificateur, » porte
continuellement devant Dieu le nom de chaque
croyant.
Il y avait aussi sur le front d'Aaron une lame d'or
pur fixée sur la tiare, et sur laquelle
étaient gravés ces mots :
« La sainteté à
l'Éternel »
(vers. 36). L'or, dans les
Écritures, représente en
général la justice divine. Une
justice pure, parfaite, divine, et la
sainteté à l'Éternel,
voilà ce que, typiquement, rencontraient les
yeux de Dieu quand Aaron entrait dans le
tabernacle. Et maintenant, nous pouvons contempler
Christ, paraissant pour nous en justice devant
Dieu, dans toute la gloire de sa personne,
« saint, innocent, sans souillure,
séparé des
pécheurs »
(Hébr. VII, 26). Avec quelle
complaisance Dieu arrête ses regards sur
Lui ! La lumière divine peut Le
pénétrer de part en part, sans
trouver en Lui la moindre tache, la plus
légère souillure : il n'y a rien
en Lui qui ne réponde parfaitement aux
exigences de la nature de Dieu. Et chaque croyant
peut regarder en haut vers Lui et dire :
Voilà Celui qui me représente devant
Dieu !
Il ne sera pas sans utilité de rappeler ici
la distinction entre l'office de
« sacrificateur » et celui d'
« avocat, »
mentionné dans le
II° chap. de l'épître
de Jean. Ce dernier est en rapport
avec le péché que
peut commettre un enfant de Dieu, chose possible,
hélas ! mais qui ne devrait pas avoir
lieu ; car nous sommes appelés à
marcher comme Christ a marché
(1 Jean II, 6). Par la grâce de
Dieu, nous apprenons que ce manquement, ce
péché, n'interrompt ou ne
détruit pas la relation d'enfant qui
existe en vertu de la rédemption accomplie
par le Sauveur ; aussi l'office d'avocat
s'exerce-t-il « auprès du
PÈRE. » Or, il n'est pas question
de cette relation dans la sacrificature de
Christ ; celle-ci répond à la
nature même de DIEU, et a en vue notre
faiblesse humaine, en tenant compte de la
scène du monde que nous avons à
traverser en y rendant témoignage pour Dieu
et en luttant contre le mal. Elle n'est donc pas
quelque chose d'occasionnel, comme l'office
d'avocat. Notre faiblesse a constamment besoin du
grand Sacrificateur ; aussi est-Il
« toujours vivant » pour
s'intéresser à nous.
Non-seulement II nous représente devant
Dieu, mais II sympathise avec nous
(Hébr. IV, 15,16) ; et II
intercède aussi pour nous
(Hébr. VII, 25) ; non
pour que nos péchés soient
ôtés, car cette question a
été réglée à la
croix, mais II intercède pour nous dans nos
faiblesses et nos infirmités, nous soutenant
ainsi continuellement ; car « II
peut sauver entièrement
(c'est-à-dire, jusqu'à
l'achèvement de la course, à travers
tous les dangers et les difficultés du
chemin) ceux qui s'approchent de Dieu par
Lui. »
On le voit dans le cas de Pierre ; le Seigneur
pria pour lui, afin que sa foi ne
défaillît pas
(Luc XXII, 32). Le Seigneur a
été un homme ici-bas ; II a
foulé le sentier de la foi, étant
éprouvé de toutes
manières ; II a su ce que
c'était que d'être
fatigué ; II a souffert la faim et la
soif ; II a soupiré ; II a
pleuré ; II fut aussi tenté par
Satan.
Pour nous, nous sommes attirés et
amorcés par nos propres convoitises, parce
qu'il y a du péché en nous ;
pour Lui, la tentation vint toujours du dehors.
Jamais II n'a été tenté du
dedans : ce serait un blasphème de le
penser, car II était saint dès sa
naissance et sans péché. Tout en Lui
était la pureté même. Mais le
Seigneur a été dans ce monde comme
homme et a passé à travers les
tentations de Satan et les épreuves
auxquelles nous sommes assujettis ; c'est
pourquoi II peut sympathiser avec nous dans ces
choses : « en ce qu'il a souffert
Lui-même, étant tenté, II est
à même de secourir ceux qui sont
tentés »
(Hébr. II, 18).
Supposez que vous ayez été conduit
par l'Esprit de Dieu dans une certaine voie, et que
Satan vous sollicite de l'abandonner à cause
des difficultés et des souffrances que vous
y rencontrez. Le Seigneur peut sympathiser avec
vous en cela, car II a été
tenté de cette manière comme homme
ici-bas, et II vous secourra tout comme II
sympathisera avec vous dans la tentation.
Il y a encore une bénédiction
spéciale qui se rattache à la place
glorieuse de Jésus à la droite de
Dieu : c'est que nous avons accès
directement au trône de Dieu même,
parce que nous avons un tel « grand
souverain sacrificateur »
(Hébr. IV, 14-16). En y
allant, nous faisons l'expérience que c'est
un trône de grâce, où nous
recevons miséricorde, et où nous
trouvons grâce pour avoir du secours au
moment opportun. Quelle place merveilleuse pour
être aidés, que le trône de Dieu
Lui-même !
Enfin, le Seigneur Jésus s'occupe activement
du culte que nous rendons ; Il conduit les
louanges de l'assemblée
(Hébr. II, 12). Comparez aussi
Exode XXVIII, 38 avec
Hébr. XIII, 15. Aaron portait
l'iniquité des saintes offrandes des enfants
d'Israël... pour les rendre agréables
à l'Éternel. Le sacrifice du
chrétien est la louange et l'adoration. Il
est vrai que, comme chrétiens, nous avons
été « rendus capables de
participer au lot des saints dans la
lumière. » Toutefois, nous avons
encore du péché en nous, et combien
souvent soit imperfections, soit
péché, ne sont-ils
mêlés, avec notre culte. Il est
précieux alors pour l'âme de penser
que tout va à Dieu par Christ ;
c'est-à-dire, qu'il présente nos
louanges à Dieu dans toute la bonne odeur et
l'excellence de sa personne (1).
Quand le pèlerinage du désert sera
terminé et nous quitterons cette demeure
terrestre pour celle d'en haut, le repos
éternel « qui reste
pourle peuple de
Dieu, » alors il n'y aura plus besoin de
sacrificateur.
Puisse l'Esprit de Dieu, cher lecteur, vous diriger
à considérer dans toute sa gloire le
souverain Sacrificateur de notre profession, qui
est incessamment occupé de nous pour nous
conduire à travers le désert, qui
nous représente fidèlement devant
Dieu, et est toujours vivant pour intercéder
pour nous, jusqu'au moment où, chacun
étant amené à la gloire, II
jouira du travail de son âme et en sera
rassasié.
LES DEUX
MÉPRISÉS
(Luc VII, 36-50.)
Il y a deux manières d'apprécier
les choses : on peut les considérer au
point de vue de l'homme naturel qui juge par
l'extérieur, par ce qui tombe sous les sens
ou par ce qui peut être saisi par les
facultés naturelles, comme aussi par ce qui
convient à ses passions et ses convoitises,
ou bien on envisage les choses au point de vue de
Dieu. Dans ce. dernier cas, c'est la foi qui est en
exercice pour saisir l'appréciation que Dieu
porte sur les faits ou les personnes, et l'on
comprend que cette appréciation
différera du tout au tout de celle de
l'homme pécheur qui, par nature, est
opposé à Dieu.
L'Écriture nous présente de nombreux
exemples de cette différence entre le
jugement porté par l'homme et celui que
porte la foi.
Au chapitre
XXV du 1er livre de Samuel, nous
voyons David poursuivi par Saül,
entouré d'une troupe
d'hommes sans aveu et méprisables aux yeux
du monde
(1 Samuel XXII, 1-2), et
considéré par le riche Nabal comme un
serviteur qui s'est rebellé contre le roi
son maître. Nabal le traite comme tel avec le
dernier mépris et la plus grande rudesse. En
effet, aux yeux de l'homme du monde, rien ne
pouvait recommander ni justifier le fugitif David.
Mais Abigaïl, femme de Nabal, voit David tout
autrement. Pour elle, il est, comme aux yeux de
Dieu, le roi élu par l'Éternel, celui
qui doit régner sur Israël, et elle le
traite, en conséquence, avec toute
déférence et respect, quelle que soit
sa position actuelle.
Nous trouvons quelque chose d'analogue dans le
récit que rapportent les versets de Luc
placés en tête de ces lignes.
Le pharisien qui avait invité Jésus
à venir manger chez lui, était loin
de voir dans le Seigneur ce qu'avait trouvé
en Lui la pauvre pécheresse qui pleurait
à ses pieds. Pour Simon, Jésus
n'était qu'un homme comme un autre ; il
doutait même qu'il pût Lui accorder le
titre de prophète
(vers. 39) ; il estimait sans
doute Lui avoir fait honneur en L'invitant à
sa table.
Voyez au contraire la pauvre femme qui,
méprisée de tous, était
entrée chez le pharisien. Elle ne dit rien
à Jésus ; elle ne lui donne
aucun titre pour attirer son attention ; elle
se tient derrière, à ses pieds
qu'elle arrose de larmes ; elle les essuie
avec ses propres cheveux ; elle les couvre de
baisers et les oint du parfum qu'elle avait
apporté. Scène touchante aux yeux de
la foi,mais
incompréhensible pour Simon et ses
amis !
Qu'est-ce qui portait cette femme à agir
d'une manière si extraordinaire aux yeux du
monde ? C'est qu'elle avait découvert
en Jésus ce que le pharisien ne savait pas y
voir : le Sauveur que Dieu avait envoyé
à son peuple. À travers l'humble
apparence du Seigneur, et malgré le
mépris que plusieurs déversaient sur
Lui, elle avait discerné Celui auprès
de qui seul elle pouvait trouver la grâce
dont son coeur sentait profondément le
besoin. Quelle valeur n'attachait-elle donc pas
à la personne de Jésus !
D'où provenait une si grande
différence dans l'appréciation
qu'elle et Simon faisaient du Seigneur ?
Simplement de ceci : le pharisien jugeait de
Christ selon l'homme, tandis que la pauvre
pécheresse l'appréciait par la foi,
selon Dieu, et trouvait en Lui l'amour de Dieu
répondant aux besoins pressants de son
âme altérée.
Il en est encore de même aujourd'hui. La foi
seule nous fait connaître ce qu'est
Jésus pour le pécheur perdu. Elle
seule le fait apprécier au coeur comme LE
DON DE DIEU
(Jean IV, 10).
Quant à ceux qui envisagent Jésus au
point de vue de l'homme, que discernent-ils en
Lui ? Hélas ! rien de particulier.
C'est un homme comme un autre, et même moins
qu'un autre, car, selon l'Écriture,
« il n'y a en lui ni forme ni
apparence » (Esaïe LUI, 2), rien qui
attire le regard de la chair, rien qui puisse
satisfaire le coeur naturel ; II était
« le MÉPRISÉ des
hommes. »
Aussi voyons-nous Simon manquer envers
Luiaux égards que
commandaient envers des hôtes les coutumes de
ces temps, comme le Seigneur le lui reproche :
« Je suis entré dans ta maison, et
tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes
pieds ;... tu ne m'as point donné de
baiser ;... tu n'as pas oint ma tête
d'huile. »
Mais cette femme de mauvaise vie,
méprisée de tous, avait saisi et
possédait par la foi le secret de Dieu
touchant son Fils. Sa conscience était
éveillée quant à ses nombreux
péchés, son coeur sentait le besoin
de la grâce ; or, là où se
trouvent ces choses, là se développe
l'intelligence spirituelle. Voilà pourquoi
elle fait précisément ce qui
convenait à la personne glorieuse aux pieds
de laquelle elle se tenait prosternée. Celui
que les Juifs méconnaissaient était
tout pour son âme. En Lui, elle avait vie,
richesses et bonheur ; le posséder lui
suffisait.
Pour ce qui est des témoins de cette
scène émouvante, à quelle
distance morale ne sont-ils pas de la pauvre
pécheresse ! Ils restent
entièrement étrangers à ce qui
se passe devant eux. Ils n'ont de pensées
que pour accuser Celui qui, seul sur la terre,
avait l'autorité de pardonner les
péchés. Des neuves de grâce
découlaient du sein de Celui qui
était le méprisé et le
rejeté, et se répandaient dans le
coeur de la pécheresse que la foi avait
amenée à cette divine source ;
mais eux ne le voyaient pas !
C'est l'incrédulité à
l'égard de la personne de Christ qui
laissait ces hommes froids et indifférents
devant un déploiement si merveilleux de
lagrâce. Ils ne croyaient
pas en Lui, et ainsi ils ne comprenaient, ni son
amour dont ils ne se souciaient pas, ni les motifs
qui l'avaient fait descendre de la gloire du ciel
au milieu de la scène de péché
et de misère que présente ce
monde.
Au contraire, cette femme, si misérable aux
yeux du monde, attirée vers Jésus par
la grâce que sa foi avait découverte
en Lui, n'est pas déçue dans son
attente. Elle a la joie et la consolation
ineffables de recueillir des lèvres
mêmes du Seigneur le précieux
témoignage qui ôtait tout fardeau de
son âme et la remplissait de confiance et de
paix. « Tes péchés te sont
pardonnés, » lui dit
Jésus ; et comme si c'était trop
peu, afin aussi de fermer la bouche à ses
contredisants, Il ajoute : « Ta foi
t'a sauvée, va-t'en en paix. »
Chose admirable que la rencontre, dans la maison du
pharisien, de ces deux personnes
méprisées l'une et l'autre !
C'est ainsi que la sagesse de Dieu conduit les
choses et montre la gloire de sa grâce dans
ce que les hommes n'estiment point
(1 Corinthiens I). Pensez-vous que ce
fût un déshonneur pour Christ
d'être méconnu par un honorable
pharisien et reconnu par une misérable
femme ? Oh ! non, c'était sa
gloire. Il était venu chercher et sauver ce
qui était perdu, et son vrai
caractère était ainsi
manifesté. Loin d'être un obstacle au
déploiement de la riche et souveraine
grâce de Dieu, les nombreux
péchés de la femme étaient ce
qui l'attirait et en démontrait l'absolue
nécessité.
O vous donc qui soupirez après le pardon,
comprenez bien que ce n'est que
par la grâce seule que vous pouvez le
posséder. Ce n'est qu'en reconnaissant que
vous êtes tout aussi mauvais, tout aussi
indignes que la pécheresse dont nous venons
de parler, que vous apprécierez ce qu'est
Celui qui est venu sauver les pécheurs
perdus. Si vous avez quelque prétention
d'être juste, si vous avez quelque confiance
en vous-même, vous serez porté
à dire : Je n'ai besoin de rien, et,
comme Simon le pharisien, vous vous priverez
volontairement de la grâce qui seule peut
sauver et rendre heureux. Chose terrible que de
rejeter la grâce qui apporte le salut, quand
elle nous est présentée et offerte
gratuitement !
Lecteur, comment appréciez-vous
Christ ? Qu'est-Il pour vous ? Le
voyez-vous encore avec indifférence, comme
Simon, ou l'avez-vous saisi par la foi comme votre
précieux et unique Sauveur ?
JEUNE ET FORTE
[L'article suivant nous a été
envoyé du midi de la France, avec les
quelques paroles d'introduction qui se trouvent en
tête.]
Cher frère en Christ,
La lecture de l'article (2) de votre
journal intitulé : « Dernières
paroles d'une jeune fille, » m'a
rappelé un fait à peu près
semblable qui s'est passé dans l'endroit
où je demeure. Maintes fois, en parlant aux
âmes, je le leur ai cité pour leur
montrer le danger que courent ceux qui repoussent
le salut que Dieu offre aux pécheurs.
Une jeune fille d'une vingtaine d'années
était venue assister à une
réunion où était
annoncél'Évangile.
« La grâce de Dieu qui apporte le
salut, » l'amour de Celui qui donna son
Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne
périsse pas, mais qu'il ait la vie
éternelle, toutes ces richesses de la
miséricorde de Dieu envers les
pécheurs, avaient été
présentées, et les coeurs avaient
été pressés de les
recevoir.
Mais, le coeur de la jeune fille dont je parle
était rempli par les vanités de ce
monde et par l'amour des plaisirs dont il offre la
jouissance. Florissante de santé, voyant
devant elle un long avenir, elle ne se souciait pas
de Christ ; II ne trouvait pas d'entrée
dans son âme.
Mais hélas ! son insouciance fut de
courte durée. Combien est fragile cette
santé, cette vie sur laquelle on
compte ! La semaine n'était pas
écoulée qu'elle fut atteinte d'une
fièvre qui la mit aux portes du tombeau.
Quelques jours auparavant, Christ lui faisait
entendre les doux appels de sa grâce, et elle
avait refusé de s'y rendre ;
maintenant, il lui fallait comparaître devant
un Juge redoutable.
Où. était cet avenir enchanteur que
le diable avait fait briller devant elle pour
l'empêcher de recevoir la parole de
salut ? Disparu sans retour, pour faire place
à un avenir de désespoir sans
fin !
Écoutez ses dernières paroles,
ô jeunes lecteurs enlacés
peut-être comme elle l'avait
été dans les pièges d'un
ennemi trompeur. Ses frères et soeurs
entouraient son lit de souffrances, mais elle,
sensible seulement à la perte qu'elle avait
faite en repoussant le salut que Dieu lui
offrait,s'écriait :
« Je suis perdue, je vais en
enfer. » Puis, se tournant vers son
frère aîné :
« Lis-moi, lui dit-elle, quelques versets
de la parole de Dieu. » Mais
c'était trop tard, on ne tint pas compte de
sa requête, et elle expira avec la
pensée du terrible avenir qui s'ouvrait pour
elle.
On pourrait croire que les frères et soeurs
de cette jeune fille profitèrent de ce
solennel avertissement. Mais combien sont subtiles
les ruses de l'ennemi des âmes !
« C'est le délire qui la faisait
parler ainsi, » suggéra-t-il, et
leur coeur, ami du monde, écouta et accepta
l'insinuation trompeuse du diable. Non, ce
n'était pas le délire ;
c'était la réalité effrayante
de l'abîme qu'elle voyait ouvert devant elle,
après avoir repoussé le seul bras qui
pouvait l'y arracher.
Jeune homme ou jeune fille qui lisez ces lignes, ne
faites pas comme les frères et soeurs de
celle dont je vous ai dit la triste fin. C'est
à vous personnellement que cet avertissement
s'adresse. Écoutez maintenant la voix
du Seigneur Jésus qui vous appelle à
Lui pour vous donner la vie éternelle. Ne
croyez pas le monde qui traite ces
réalités solennelles de fables
destinées seulement à effrayer.
Ah ! certes, c'est une réalité
que vous êtes un pécheur perdu ;
c'est une réalité et une chose
certaine que Jésus le Fils de Dieu est venu
pour sauver ceux qui sont perdus ; c'est une
réalité qu'il y a un ciel pour celui
qui croit en Lui, et un étang de feu et de
soufre pour ceux qui maintenant rejettent sa
grâce.
On ne se moque pas de Dieu. Ce n'est pas
sansraison qu'il nous a
adressé l'appel pressant :
« AUJOURD'HUI, SI VOUS
ENTENDEZ SA VOIX, N'ENDURCISSEZ PAS VOS
COEURS. »
Correspondance
En quoi consiste le combat dont il est
parlé dans
Éphésiens VI, 10-20,
et quelles sont les luttes qui y sont
comprises ?
- L'Apôtre a développé, dans
cette épître, quels sont,
d'après les conseils éternels de Dieu
et en vertu de sa grâce souveraine, les
privilèges et les bénédictions
que possède en Christ tout chrétien,
le plus jeune dans la foi comme le plus
avancé.
Ces privilèges sont ceux qui lui
appartiennent ou comme individu, ou comme faisant
partie de l'assemblée qui est le corps de
Christ. Mais quels qu'ils soient, ils
découlent du fait que Christ est
actuellement assis dans les lieux célestes.
C'est là que sont nos
bénédictions. La position qui nous
est faite devant Dieu en Christ est donc une
position céleste, et, de plus, parfaite
comme Lui-même est parfait.
Être saints et irréprochables devant
Dieu en amour, comme il convient à sa
nature ; adoptés pour Lui-même
comme ses enfants par Jésus-Christ ;
rendus agréables dans le
Bien-Aimé ; héritiers en Christ
de toutes choses ; scellés du
Saint-Esprit de la promesse comme arrhes de notre
héritage, pour une pleine
rédemption ; et, afin que nous
puissions jouir de ces choses, ayant la
rédemption par son sang, la rémission
des fautes, vivifiés avec Christ,
ressuscites et assis dans les lieux célestes
dans le Christ Jésus ; voilà ce
qui nous appartient individuellement.
Puis, membres de l'assemblée qui est son
corps, unis pour avoir ensemble accès
auprès du Père par un seul
Esprit ; édifiés sur le
fondement des apôtres et prophètes,
pour être ensemble une habitation de Dieu par
l'Esprit ; comme tels, comprendre avec tous
les saints quelle est la largeur, et la longueur,
et la profondeur, et la hauteur, - et
connaître l'amour du Christ, qui surpasse
toute connaissance ; manifestant ainsi la
sagesse de Dieu dans les lieux célestes et
devant refléter sa gloire aux siècles
des siècles ; maintenant objets de
l'amour et des soins de Christ jusqu'à ce
qu'il se présente à Lui-même
l'assemblée glorieuse, sans tache ni ride,
voilà nos privilèges bénis
comme membres de l'assemblée.
L'Apôtre demande à Dieu, le
Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
le Père de gloire, que les saints puissent
connaître ces privilèges magnifiques,
les réaliser et eu jouir par la foi.
Deplus, il leur montre que de
leur position doit découler une marche qui
soit en harmonie avec ce qui leur est donné
en Christ, une marche céleste qui glorifie
Dieu.
Mais il y a des adversaires doués d'une
énergie et d'une volonté puissantes
pour le mal ; exerçant leur influence
et leur pouvoir sur un monde plongé dans les
ténèbres et dont ils se servent en le
dominant ; adversaires qui, dans le domaine
des choses spirituelles, s'opposent au
chrétien et l'attaquent, moins par une
action ouverte que par leurs artifices, par la
subtilité d'un esprit
pénétrant. (Voyez aussi
2 Cor. XI, 14.)
Ils cherchent à fourvoyer et à
égarer nos esprits quant à la
vérité, pour fausser notre
position ; ils s'efforcent de détourner
nos affections du ciel vers la terre,
d'ébranler notre confiance pour nous
empêcher de jouir des
bénédictions qui nous appartiennent
et qui résultent de notre position parfaite
devant Dieu en Christ, et ils tentent de nous
entraver dans la réalisation d'une marche
céleste, séparée du monde,
dans la sainteté pratique qui convient
à notre appel céleste et dans
laquelle seule nous jouissons de la communion avec
Dieu.
De là la nécessité de la
lutte ; ce que nous venons de dire en indique
suffisamment la nature, comme le font aussi du
reste les diverses parties de l'armure
complète de Dieu, dont il faut nous
revêtir pour pouvoir résister.
Mais nous n'avons pas seulement à nous
défendre pour maintenir nos
privilèges et en jouir en demeurant fermes
dans la vérité, dans la justice, la
paix, la foi, la certitude d'un salut parfait, il
nous faut aussi aller en avant et attaquer les
ennemis pour détruire les forteresses, les
raisonnements et toute hauteur qui
s'élève contre la connaissance
toujours plus parfaite de Dieu, et amener toute
pensée captive à l'obéissance
du Christ
(2 Corinthiens X, 3-5). Pour cela, il
faut prendre l'épée de l'Esprit, qui
est la parole de Dieu. Par elle, nous pouvons
répondre à chacun comme il faut,
confondre ceux qui s'opposent, atteindre les
consciences. Mais elle doit être
maniée par l'Esprit ; il ne faut donc
point l'attrister, et il faut vivre dans la
dépendance de Dieu par la prière,
combattant ensemble d'une même âme,
avec la foi de l'Évangile, par des
prières pour tous les saints ; il faut
mettre de côté ce qui est de nous, ne
pas prendre soin de la chair pour satisfaire ses
convoitises, n'avoir à coeur que la gloire
de Christ et ses intérêts.
Veuille le Seigneur nous donner d'être de
ceux qui combattent, sans s'embarrasser des
affaires de la vie, pour ne plaire qu'a Celui qui
nous a enrôlés ; et
puissions-nous, après avoir tout
surmonté, demeurer fermes.
LA CROIX DU CHRIST
ou
SAGESSE ET PUISSANCE
(1. Corinthiens I, 17-31.)
Il n'y a, pour l'homme, rien de plus important
que la croix du Christ. C'est à la croix
qu'aboutissent tous les conseils de la grâce
de Dieu envers une race coupable ; là
sont déployées de la manière
la plus merveilleuse sa sagesse et sa
puissance ; l'oeuvre qui y fut accomplie est
la base de toute bénédiction ;
elle est et elle demeurera dans
l'éternité le monument indestructible
de l'amour de notre Dieu Sauveur.
L'apôtre Paul avait un sentiment profond de
la valeur de la croix du Christ. Son coeur en
était rempli ; son ardent désir
était de la faire connaître, il avait
reçu une mission pour cela ; mais pour
que l'éclat des grandes et saintes
vérités qu'elle proclame ne fût
pas amoindri et que la croix de Christ ne fût
pas rendue vaine, il n'avait recours ni aux
séductions de l'éloquence, ni aux
artifices du raisonnement et de la sagesse
humaine ; sa parole et sa prédication
étaient « en démonstration
de l'Esprit et de puissance. ».
En effet, la parole de la croix n'a pas cet
éclat extérieur qui plaît
à l'homme naturel. La sagesse de Dieu ne
donne pas une vaine satisfaction à la
curiosité de l'intelligence. Elle s'adresse
à la conscience ; voilà
pourquoi l'homme qui compte sur sa propre justice
ou sur sa propre sagesse, traite de folie la
prédication de la
croix.
Quel triste symptôme de ce qu'est le
coeur ! Lecteur ! si telle est votre
appréciation de la croix du Christ, si vous
estimez que c'est une chose bonne tout au plus
à occuper les esprits faibles,
écoutez le terrible verdict que Dieu porte
sur vous : « Vous êtes de
ceux qui périssent. »
Comprenez-le bien : de ceux qui
périssent, c'est-à-dire qui
seront plongés dans un malheur sans
fin ! Oh ! puissiez-vous saisir cette
vérité que vous avez besoin
d'être sauvé, que vos nombreux
péchés vous exposent à la
condamnation ; que la croix du Christ est
votre seul remède, parce que là
Christ s'est chargé des péchés
de ceux qui croient en Lui ! Puisse ainsi la
parole de la croix devenir pour vous ce qu'elle est
en effet, « la puissance de
Dieu » pour sauver ceux qui croient.
Quelle puissance n'a-t-il pas fallu pour tirer les
mondes du néant ? Dieu l'a fait par sa
parole et voilà pourquoi on le nomme le
Tout-Puissant. Mais pour détruire les
oeuvres du diable, - le péché qui a
séparé l'homme de Dieu, la mort,
juste conséquence du péché, le
jugement redoutable qui le suit, quelle puissance
autrement grande a dû être
déployée ! C'est à la
croix qu'elle s'est exercée, quand Christ y
a été cloué ; là
il a triomphé des principautés et des
autorités ; là, par sa mort, il
a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la
mort, c'est-à-dire le diable ;
là il s'est offert pour l'abolition du
péché. C'est ainsi que Christ
crucifié est Lui-même la puissance de
Dieu. La parole de la croix
estcelle qui fait connaître
et proclame l'oeuvre qu'il a accomplie, et,
reçue dans le coeur par la foi, elle fait
passer des ténèbres à la
lumière, de la mort à la vie, de la
puissance de Satan à Dieu.
Quelle oeuvre étonnante ! bien
autrement merveilleuse que de créer des
mondes. Oui, autant les cieux sont
élevés au-dessus de la terre, autant
le salut des âmes, création nouvelle
et spirituelle, est au-dessus de la création
matérielle. Voilà pourquoi la parole
de la croix est appelée « la
puissance de Dieu. »
L'avez-vous écoutée et reçue,
cette parole ? en avez-vous
éprouvé dans vos coeurs
l'efficace ? Cher lecteur, par elle seule nous
obtenons le salut.
C'est aussi par cette parole seulement que Dieu
peut être véritablement connu. Par sa
sagesse, l'homme sage du monde ne peut
connaître Dieu. À cela il y a deux
raisons :
D'abord, Dieu est infini, et l'homme est
borné. Dieu est le Créateur et
l'homme n'est qu'une créature faible et
dépendante. L'homme par son intelligence
naturelle peut arriver à connaître le
domaine des choses créées qui tombent
sous ses sens. Mais pour que Dieu soit connu de la
créature, il faut que Lui-même daigne
se révéler à elle.
De plus, l'homme a péché ;
par là s'est élevée entre
Dieu et lui une barrière, de sorte qu'il ne
peut dans son état actuel avoir communion
avec Dieu et entrer dans ses pensées.
Voilà pourquoi la parole qui
révèle Dieu à l'homme est
aussi celle qui le sauve, en le
réconciliant avec Lui, et en le rapprochant
de Celui qui est la source de la vie et du
bonheur.
Mais, pour cela, il faut que l'homme prenne sa
vraie place : il doit reconnaître qu'il
est pécheur, qu'il a perdu tout droit
à connaître Dieu, et à
s'approcher de Lui pour jouir de sa
présence ; qu'il est privé de
toute puissance pour y parvenir, et qu'il n'a rien
à attendre que d'une grâce toute
gratuite.
C'est seulement ainsi que l'on connaît Dieu.
Le monde, par la sagesse, ne l'a pas connu. Tel a
été l'arrêt de la sagesse
divine. Je sais bien que, malgré cela,
l'homme, dans son orgueil, n'en conserve pas moins
les prétentions les plus absolues à
connaître et même à juger Dieu.
Mais cela est impossible. Sa puissance
éternelle et sa divinité se
discernent, il est vrai, par le moyen de
l'intelligence, par les choses qui sont faites, et
celui qui nie Dieu est un insensé. Mais le
chapitre 1er des Romains nous dit ce qu'ont fait
les hommes, bien qu'ayant sous leurs yeux la
création qui proclame l'existence de
Dieu : « Ils sont devenus vains dans
leurs raisonnements, et leur coeur destitué
d'intelligence a été rempli de
ténèbres ; se disant sages, ils
sont devenus fous ; et ils ont changé
la gloire « Dieu incorruptible en la
ressemblance de l'homme corruptible, et d'oiseaux,
et de quadrupèdes, et de
reptiles. » Voilà où le
péché a conduit l'homme, et les plus
grands philosophes de l'antiquité, ceux qui
prenaient ou acceptaient le nom de sages, au milieu
de la civilisation la plus avancée, n'ont pu
niredresser les erreurs vulgaires
de leur temps, ni parvenir pour eux-mêmes
à une notion vraie de Dieu.
Et de nos jours, à quoi sont arrivés
par leur raison ceux qui, ne voulant pas se courber
devant la parole de la croix, prétendent
connaître Dieu et la sagesse ? Le
panthéisme, pour qui tout est Dieu, le
matérialisme qui ne voit rien au delà
de ce qui tombe sous les sens, sont la fin
où amènent les vains
raisonnements ; à moins que,
désespérant de rien connaître,
on n'arrive à dire comme Pilate :
Qu'est-ce que la vérité ?
Quelques-uns, ne pouvant échapper à
la conviction qu'il y a un Dieu, au lieu de le
chercher dans sa parole, se le forgent pour ainsi
dire à leur fantaisie.
Non, cher lecteur, c'est en vain que vous vous
efforcerez de connaître Dieu par
vous-même ; II restera un Dieu
caché et redoutable pour votre conscience.
Vous ne pouvez savoir ce qu'il est que s'il se
révèle Lui-même. Il l'a fait,
et votre affaire maintenant n'est pas de juger
cette révélation et Celui qui daigne
vous la communiquer, mais, dans l'humilité
qui convient à une créature faible et
ignorante, vous devez écouter et recevoir ce
qu'il veut bien vous dire.
Combien ne devriez-vous pas être heureux
d'avoir une telle révélation !
Que vous dit la raison du plus sage touchant votre
avenir éternel, touchant ce qui s'ouvre au
delà de ce moment mystérieux et
solennel qu'on appelle la mort ? Dieu est
miséricordieux, dites-vous ; je
réponds : Dieu est juste. Ah ! ne
vous faites pas un Dieu qui ne
serait pas le vrai. Si vous
n'étiez pas séparé de Dieu et
par conséquent dans un état de
péché, ne le connaîtriez-vous
pas ? L'ignorance où vous êtes de
Lui prouve votre misère, Mais dans sa
grâce II s'est
révélé ; et ce n'est pas
pour vous condamner ; non, c'est pour vous
« sauver. » N'est-ce pas
de la plus haute importance ?
Souvent on veut bien s'occuper de connaître
Dieu, mais c'est pour ajouter quelque chose aux
connaissances que l'on possède
déjà. On fait de Dieu un objet
d'étude, comme s'il s'agissait de
beaux-arts, de science et de littérature. Et
l'on oublie que l'on est devant le Dieu vivant
qui peut sauver et perdre ! On oublie que
l'on n'est qu'un misérable pécheur
perdu ; que si Dieu a bien voulu se
révéler, se faire connaître,
c'est qu'il Lui a plu de
« SAUVER » ce qui était
dans un état de ruine absolu, et que la
seule attitude qui nous convient est celle de
coupables qu'il veut réconcilier, de
mendiants qu'il consent à enrichir.
Oh ! comprenez-le bien, cher lecteur, ce n'est
pas de connaissance intellectuelle que vous avez
besoin, mais de salut pour votre âme
perdue à cause du péché. Et ce
salut, « il a plu à
Dieu » de l'opérer. C'est pour
son coeur une oeuvre agréable. C'est l'homme
perdu qui a occupé la pensée de Dieu.
C'est pour chercher et sauver ce qui
était perdu qu'il a envoyé son Fils
dans le monde. Les pécheurs, les
misérables, les malades, voilà ceux
qui intéressaient et attiraient le coeur du
Fils de Dieu sur la terre. Lui, le
possesseurde toutes choses, a
laissé sa gloire pour aller à la
recherche de la brebis qui s'était
égarée. Et c'est encore l'oeuvre
précieuse et chère au coeur de Dieu
que de faire proclamer qu'il lui plaît de
sauver ceux qui croient.
Mais cette oeuvre de l'amour de Dieu s'accomplit
par ce qui semble folie à l'homme naturel.
C'est par la prédication de
« Christ crucifié, aux Juifs
occasion de chute, aux nations folie ».
Et que pourrait-il y avoir cependant qui
réponde mieux aux réels besoins de
l'âme ? Elle est perdue ; elle a
besoin de délivrance : elle est
éloignée de Dieu ; elle a besoin
de paix.
Aucune doctrine destinée à
l'intelligence ne peut délivrer ni donner la
paix avec Dieu. Christ crucifié le peut
seul. Il assurera l'âme qui croit, le pardon
des péchés qu'il a portés en
son corps sur le bois. Il lui donne la paix qu'il a
faite en versant son sang sur la croix en expiation
pour le péché. Voilà pourquoi
si une âme est troublée, comme celle
du geôlier de Philippes, et
s'écrie : Que faut-il que je fasse pour
être sauvé ? la parole de Dieu ne
lui présente pas des doctrines, mais une
personne, Jésus-Christ.
« Crois au Seigneur Jésus-Christ,
et tu seras sauvé. »
Paul avait affaire avec deux classes d'hommes bien
distinctes, que rebutait sa prédication.
Elles manifestent toutes deux ce qu'est l'homme
naturel qui ne reçoit pas les choses qui
sont de l'Esprit de Dieu. C'étaient d'une
part les Juifs, pleins d'orgueil à cause de
leurs privilèges religieux, et ne voulant
reconnaître que ce qui
seprésentait avec la
puissance extérieure des miracles ;
d'un autre côté, il y avait les Grecs,
qui, fiers de leurs sages et de leurs nombreuses
écoles de philosophie, prétendaient
n'admettre que ce qui se légitimait à
leur raison. Les premiers se scandalisaient quand
on leur annonçait que le Christ, le Messie
qu'ils attendaient revêtu d'une gloire
terrestre, était mort, pendu au bois, entre
deux malfaiteurs ; les autres ne voyaient que
folie dans un enseignement qui leur
présentait dans un homme mort sur la croix
le Fils de Dieu, qui pouvait seul leur
révéler Dieu. Il fallait, pour les
uns comme pour les autres, s'humilier et renoncer
à toute prétention de la chair pour
arriver à connaître vraiment Dieu. Il
en est encore de même, il faut recevoir
« Christ la puissance de Dieu et la
sagesse de Dieu. »
II est la puissance de Dieu. Nous avons
déjà vu que par Lui, avant qu'il
s'abaissât sur la terre, toutes choses furent
créées, et qu'il les soutient par sa
parole puissante. Lorsque sa gloire était
voilée par la chair dont II avait bien voulu
se revêtir, toutes choses Lui
obéissaient, mais c'est sur la croix que
nous voyons Christ la puissance de Dieu d'une
manière plus magnifique et plus
profonde.
Dans le fait même de sa mort, Christ montre
une puissance divine. Il avait, disait-il aux
Juifs, le pouvoir de laisser sa vie et le pouvoir
de la reprendre
(Jean X, 18). Personne ne pouvait la
lui ôter. Aussi est-il entré dans la
mort par cette puissance qui était en Lui.
Il est mort volontairement, sa
force étant en son entier. Il pousse en
expirant un grand cri pour attester sa puissance et
sa volonté de donner sa vie ; et cela
est si frappant que le centenier qui le gardait est
obligé de le reconnaître et de
dire : « Certainement cet homme
était Fils de Dieu »
(Marc XV, 39).
Et par cette mort sur la croix, scandale aux Juifs
et folie pour les Grecs, la triomphante puissance
de Dieu en Christ rendait impuissant le diable,
abolissait le péché, annulait la
mort, détruisait la barrière qui
empêchait l'homme d'approcher du Dieu juste
et saint ; l'oeuvre était
achevée par laquelle Dieu peut introduire
dans le ciel, en sa présence, des
êtres qui ne méritaient que
l'enfer.
O mon cher lecteur, connaissez-vous Christ ainsi,
Christ, la puissance de Dieu ?
Mais en même temps il est rendu manifeste que
Christ est la sagesse de Dieu. La croix nous montre
de quelle manière admirable Dieu concilie
les exigences de sa sainteté et de sa
justice avec les désirs de son amour.
Comment le Dieu juste pardonnera-t-il au
pécheur ? Comment pourra-t-il
l'introduire en sa sainte présence ? La
croix donne la réponse. Là, je vois
Christ prenant mes péchés, se
chargeant de mes iniquités, et subissant
dans sa sainte personne le châtiment qui
m'était dû. La justice de Dieu exerce
sur Lui le jugement contre le péché,
de sorte que maintenant Dieu est trouvé
juste et justifiant celui qui est de la foi de
Jésus. AinsiIl est mort
pour nos offenses et par Lui les croyants sont
amenés à Dieu, purifiés par
son sang et pouvant subsister devant le Dieu trois
fois saint. La propitiation a été
faite.
Telle est la voie admirable de la sagesse de Dieu
manifestée en la croix de Christ. Là,
se voit, d'un côté, la ruine absolue
de l'homme, qui nécessite un semblable
remède, et, d'un autre, le
déploiement magnifique de la
sainteté, de la justice et de l'amour de
Dieu. Où est la sagesse humaine dont les
profondes conceptions auraient pu découvrir
un plan aussi simple et aussi merveilleux pour
sauver l'homme ?
Connaître Dieu et l'homme, voilà la
fin de la sagesse. La croix seule la
présente d'une manière divine.
Là j'apprends ce que je suis, là
seulement m'est révélé ce
qu'est Dieu.
Oh ! combien sont anéanties ainsi
toutes les orgueilleuses prétentions de
l'homme ! Toute sa force, tout son
génie sont impuissants pour le sauver ;
toute sa sagesse est incapable de trouver la voie
qui conduit à Dieu. Il faut se
reconnaître fou, faible, vil,
méprisable, n'étant rien devant Dieu
qu'un pauvre misérable être
ruiné et perdu, il faut se mettre à
sa vraie place ; Mais alors, voilà
Christ, Christ crucifié, en qui nous
trouvons toute grâce, toute richesse, toute
gloire. Quel trésor ! « Celui
qui se glorifie désormais, ne se glorifie
que dans le Seigneur. »
Dieu ne veut pas. que ceux envers lesquels II a
ainsi montré sa puissance et sa sagesse
manquent de rien. En Christ, ils trouvent toutes
lesrichesses morales, et c'est
non-seulement pour les puissants et les nobles ou
les sages, mais pour les plus faibles et les plus
petits.
Christ est notre sagesse. Par Lui nous
connaissons Dieu, son caractère, ses voies,
ses pensées, ses conseils. Quelle
philosophie nous donnera cela ?
Il est notre justice. Nous avons besoin
d'une justice parfaite pour nous tenir devant Dieu.
Or, ceux qui croient en Christ ont revêtu
Christ ; nous sommes rendus agréables
à Dieu dans son Bien-Aimé.
Pour être avec le Dieu saint devant lequel
les Séraphins se voilent la face, nous avons
besoin de sainteté et d'une sainteté
constante. Christ est toujours notre
sainteté ; nous sommes en Lui
devant Dieu.
Christ est aussi notre rédemption. En
Lui nous avons déjà la
rédemption quant à l'âme ;
mais nous attendons l'adoption, savoir la
rédemption du corps. Maintenant nous
jouissons par la foi du salut de nos
âmes ; bientôt II viendra pour
délivrer aussi nos corps en les transformant
et les rendant conformes au corps de sa gloire.
Parfait et précieux Sauveur ! 0 mon
cher lecteur, si vous ne pouvez encore dire :
« Ce trésor m'appartient
aussi, » que Dieu veuille ouvrir vos yeux
et toucher vos coeurs pour voir et saisir en Christ
crucifié, sa puissance et sa sagesse, pour
que vous ayez part aux richesses de sa
grâce !
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