Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. V
CINQUIÈME ANNÉE 1878

« JE L'ACHÈVERAI (l'année) EN DANSANT »

Un des derniers jours de l'année, dans le salon d'une agréable villa située aux abords de la ville de..., quelques dames et demoiselles étaient réunies et s'entretenaient ensemble. Parmi elles se trouvait la nièce de la maîtresse de la maison, jeune fille chérie et admirée de son oncle et de sa tante qui l'avaient élevée comme leur propre enfant. Douée en effet des qualités les plus aimables cultivées et embellies par l'éducation distinguée qu'elle avait reçue, tout lui présageait pour ce monde un brillant avenir.

Dans le courant de la conversation, on vint à parler d'une réunion qui devait avoir lieu le 31 décembre, et dont le but était de passer en prières les dernières heures de l'année. Une des dames présentes demanda à la jeune fille si elle n'aimerait pas y venir.
Quelle absurde idée, pensa celle-ci. Passer la dernière heure de l'année dans la triste compagnie de chrétiens, et à une réunion de prières ! Non, cela ne s'accordait nullement avec ses idées de plaisir. Aussi refusa-t-elle sans hésiter, en ajoutant :
« Pour moi, je l'achèverai en dansant. »
Chacun de ses désirs était une loi pour ses parents trop indulgents, de sorte qu'un bal fut bientôt organisé pour le soir du 31 décembre.

Il arriva bientôt, ce jour attendu avec impatience par celle qui s'était promis d'achever l'année en dansant. Combien de plaisir elle se promettait. Préparatifs, billets d'invitation, arrangements de tous genres avaient occupé ses pensées et absorbé son temps depuis la conversation mentionnée plus haut.

Le soir était venu ; la réunion de prières avait commencé, et d'ardentes supplications s'élevaient à Dieu.
Bien différente était l'assemblée qui, à cette même heure, se réunissait dans les salons de l'élégante villa. Les voitures affluaient à la porte, tout resplendissait de l'éclat des lumières ; aux accents entraînants de la musique, les danses avaient déjà commencé.

Minuit approchait, quand soudain, sans cause apparente, une pâleur mortelle se répand sur le visage de la joyeuse et insouciante héroïne de cette fête.
Le bruit de la danse s'arrête, pendant qu'on la transporte, de la salle de bal, dans sa chambre. Un médecin, qui était présent, s'empresse de lui donner des soins. Peine inutile ! secours impuissants ! Le dernier coup de minuit n'avait pas sonné que l'âme immortelle de la jeune fille avait passé du temps dans l'éternité.

O vous, amis des plaisirs plutôt qu'amis de Dieu, dites-le-moi, ou est-elle allée ?
Répondez-moi, vous qui ne priez pas, âmes insouciantes et légères, qui ne cherchez qu'à satisfaire les désirs de vos coeurs ; vous qui négligez un si grand salut, ou qui méprisez et rejetez la grâce d'un Dieu Sauveur ; répondez : ou est-elle allée ?
Lecteur, si cette nuit même la mort venaitvous surprendre, votre âme s'en irait-elle auprès de Dieu où il y a des plaisirs pour jamais, ou bien serait-ce là où le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point ?
Vous avez été épargné jusqu'ici par la longue patience de Dieu. Voulez-vous persévérer encore dans votre indifférence et vous détourner de l'amour du Sauveur, de ses souffrances et de sa mort ?
Ne voulez-vous pas que l'on puisse dire de vous aujourd'hui : « Voici, il prie » ? ou bien vous faudra-t-il bientôt entendre cette parole : « Voyez contempteurs, et vous étonnez, et soyez anéantis ».
Le monde, pour s'étourdir et dans son désir d'échapper à l'appel solennel que fait entendre une telle fin, a peut-être dit de cette jeune fille : « Espérons qu'elle a été sauvée au dernier moment ». Puisse-t-il en être ainsi ! mais, comme le disait une personne qui fut témoin de la fin de cette courte existence : « C'était une bonne et aimable jeune fille, mais elle n'était pas prête à mourir. »
Oh ! puisse le récit de cette mort soudaine parler puissamment à votre âme ; puissiez-vous vous demander : « Où passerais-je l'éternité, si j'étais ainsi emporté ? »
Tiré du FAITHFUL WOKDS.

NE PAS RETARDER

Un jeune homme, se trouvant un jour avec un chrétien âgé, lui demanda combien de tempsavant sa mort un homme devait être prêt à la rencontrer. « Quelques minutes, » répondit le vieillard.
« Bien, » pensa le jeune homme, « j'ai donc tout le temps de jouir de la vie, et quand la fin sera là, je prierai Dieu de me recevoir dans sa miséricorde. »
« Mais, » continua son vieil ami, « quand pensez-vous mourir ? »
« Je l'ignore, » répliqua le jeune homme.
« Alors, » dit le serviteur de Dieu, « SOYEZ PRÊT MAINTENANT ; car vous ne savez pas combien d'instants vous avez encore à vivre. »
Qu'est-ce en effet que votre vie ? Elle n'est qu'une vapeur paraissant pour un peu de temps et puis disparaissant. Vous ne savez pas ce qui arrivera le jour de demain (Jacques IV, 14).

Laissez-moi, à l'appui de ces paroles, vous citer un fait.
Un mineur des houillères de Cornouailles, qui avait entendu prêcher l'Évangile, s'entretenait, après la réunion, avec le prédicateur qui le pressait devenir à Christ pour être sauvé. Quoique désireux de posséder le salut, le mineur voulait renvoyer à un autre moment, mais le serviteur de Dieu ayant insisté en lui citant ces mots : « C'est maintenant le temps agréable ; c'est maintenant le jour du salut » (2 Corinthiens VI, 2), il se soumit à la parole de Dieu, reçut par la foi le salut qui lui était offert, et retourna chez lui, louant Dieu pour son don ineffable.

Le lendemain, de bonne heure, il se rendit àson travail habituel. Il n'y était pas depuis longtemps, lorsqu'une partie de la voûte s'écroula et l'ensevelit sous les décombres. On s'empressa de le dégager et il fut remonté hors du puits, inanimé en apparence. Cependant un des assistants, ayant vu ses lèvres remuer, se pencha vers lui et recueillit ces dernières paroles du mourant : « Loué soit Dieu qui m'a sauvé hier soir. » II avait reçu le salut sans tarder, et quelques heures après il était pour toujours avec le Seigneur.

Cher lecteur, ne retardez pas. Le diable veut vous induire à remettre à demain. Demain n'est pas à vous, vous n'avez que l'instant présent. Demain peut être pour vous la mort, le sépulcre, l'étang de feu, le gémissement éternel. Dieu ne dirait pas « maintenant » s'il n'y avait pas dans les délais un danger terrible.

Cher lecteur, prêtez l'oreille à cette voix d'avertissement et venez maintenant à Jésus pour avoir la vie.

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
Dialogues

I
LE SALUT

- Comment puis-je savoir que le salut est pour moi ?
- Croyez-vous que le Seigneur Jésus-Christ est le Fils de Dieu, et qu'il est descendu dans ce monde pour sauver des pécheurs ?
- Oui, je le crois, et je crois que je suis un pécheur privé de la gloire de Dieu ; mais je ne sais pas comment m'approprier le salut ; il mesemble qu'il doit y avoir un moyeu d'être assuré individuellement que l'on est sauvé.
- Vous avez raison. Voyons ce que la Parole de Dieu dit à ce sujet. Y a-t-il une certaine classe de personnes jouissant du salut, distinguées d'autres qui n'ont pas ce privilège ?
- Oui, cela est évident.
- En effet, elles sont appelées indistinctement : « fidèles, » « saints, » « enfants de Dieu ; » la question est de savoir non ce que ces personnes sont actuellement, mais ce qu'elles étaient avant d'être sauvées, puis comment elles sont entrées en relation avec le Sauveur ! Prenons comme exemple l'apôtre Paul ; aucun doute ne peut exister quant à sa conversion et à son salut.
Que dit-il de lui-même ? Lisez dans la première épître à Timothée, chap. I, vers. 13-14.
- « .... Moi qui auparavant étais un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux ; mais miséricorde m'a été faite parce que j'ai agi dans l'ignorance, dans l'incrédulité ; et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l'amour qui est dans le Christ Jésus. »
- Quel était le caractère de Paul avant sa conversion
- « Un blasphémateur, un persécuteur et un
outrageux. »
- Précisément. Et vous voyez qu'il fut délivré de cet état uniquement par la grâce du Seigneur Jésus-Christ. Il résume dans le verset 15 la pleine confiance dont son âme jouissait : « Cette parole est certaine et digne de touteacceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier. »
Vous le voyez. La grâce est pour ceux qui, comme Paul, se reconnaissent pécheurs. Avez-vous honte de faire comme Lui ? Ne pouvez-vous pas vous appuyer sur la grâce du Dieu Sauveur, et aller à lui maintenant tel que vous êtes : misérable et perdu ? Pourquoi ne pas prendre la seule place où la grâce de Dieu puisse vous rencontrer ?
- N'y a-t-il donc rien à faire ?
- Rien que de vous abandonner entre les bras de sa miséricorde. Écoutez ce que dit le Seigneur Jésus :
« Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est que : Je veux miséricorde et non sacrifice ; car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matthieu IX, 12-13).
C'est la gloire de Dieu que d'exercer la miséricorde (Proverbes XXV, 2) ; seulement sa justice réclame la vérité et la sincérité chez le pécheur : « Tu aimes la vérité dans l'homme intérieur, » dit le Psalmiste. Cette « vérité » est de confesser simplement et sincèrement à Dieu ce qu'on est, et ce qu'on a fait, lui dire les choses telles qu'elles sont.
Quand est-ce que David a joui du pardon de son péché ? Lisez 2 Samuel XII, 13 : « David dit à Nathan le prophète : J'ai péché contre l'Eternel. Et Nathan dit à David : Aussi l'Éternel a fait passer ton péché. »
Que dit Job lorsqu'il se voit réellement dans la présence de Dieu ? « J'avais ouï parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu ; c'est pourquoi j'ai horreur de moi-même et je me repens sur la poudre et sur la cendre. » C'est alors qu'il jouit de la grâce de Dieu et qu'il trouve la délivrance.
La Parole de Dieu abonde en déclarations semblables. Il est écrit ( I Pierre III, 18) : « Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu. »
Êtes-vous injuste ?
- Certes je le suis.
- N'êtes-vous donc pas l'un de ceux pour qui Christ a souffert ? N'a-t-Il pas porté vos péchés aussi dans son propre corps sur le bois ?
- Je voudrais en avoir la pleine assurance ?
- Mais quelle assurance plus grande et plus parfaite pouvez-vous avoir que celle que vous donne la parole de Dieu ? Vous ne pensez pas pouvoir aider Dieu à compléter votre salut ! Christ n'a-t-il pas fait toute l'oeuvre ?
- Je le crois sincèrement.
- Il est écrit : « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. » Sa position d'être « assis » montre clairement que son oeuvre est finie, en sorte « qu'il ne reste plus de sacrifice pour les péchés. » II faut regarder à celui-là seul. - Mais je crains que vous ne soyez à larecherche de quelque bien en vous-même, de quelque chose qui puisse vous recommander aux yeux de Dieu ? Ou bien, que vous attendiez quelque preuve intérieure que votre salut est accompli ?
- Peut-être est-ce bien cela.
- Eh bien, cher ami, cette preuve, vous ne l'aurez jamais. Voudriez-vous refuser de vous asseoir sur le terrain solide de la parole éternelle de Dieu, pour vous établir sur le sable mouvant de votre coeur rusé et trompeur ? Dieu vous ouvre une porte de salut maintenant : ne voulez-vous pas y entrer simplement comme Saul de Tarse (plus tard l'apôtre Paul), et tant d'autres ?
Encore un mot : vous avez dit que vous vous croyez pécheur. Comment le savez-vous ? N'est-ce pas par la parole de Dieu ?
- En effet, c'est par elle que j'ai été convaincu de péché.
- Dieu en soit béni. Si donc par cette parole, la parole du Dieu vivant, vous avez été amené à la conviction que vous êtes pécheur, la même parole vous assure que le péché est ôté par le sacrifice de Christ. Dieu veut que vous ayez affaire directement à Lui. C'est pour cela qu'il a envoyé son Fils. Mais Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui ne viendra pas en jugement. (Jean III, 14-18 ; V, 24-25).

L'AMOUR INVARIABLE DU SAUVEUR

« Tu as abandonné ton premier amour. » « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. »

Le Saint-Esprit, dans les chapitres II et III de l'Apocalypse, nous présente le tableau complet de l'Église de Dieu sur la terre, au point de vue de sa responsabilité, de son témoignage public, et de sa fidélité envers Celui « qui s'est donné lui-même pour nous, afin qu'il nous rachetât de toute iniquité et qu'il purifiât pour Lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes oeuvres » (Tite II, 13-14).
Sans entrer dans les détails, arrêtons-nous un moment sur le commencement et la fin de cette merveilleuse portion des Écritures, qui fait ressortir d'une manière si précieuse l'amour invariable du Seigneur et sa fidélité, quelle qu'ait été l'infidélité de l'Église professante à travers tant de siècles.

Quelques mots, dans ce qui est écrit à la première « Église » ou assemblée, celle d'Éphèse, montrent quel a été le point de départ de tous les égarements dans lesquels a glissé la chrétienté, comme le témoigne son histoire. Il y avait beaucoup de bonnes choses que le Seigneur reconnaît : des oeuvres, du travail, de la patience et des souffrances endurées pour le nom de Christ ; mais le Seigneur ajoute : « J'ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour. » Le vrai mobile de tout dévouement chrétien n'existait plus, et cela au commencement même de la chrétienté. L'extérieur était encore beau, maisil y avait un mal caché qui n'a pas manqué de produire les fruits les plus amers, et qui a ouvert la porte à toute sorte de corruption. Le « premier amour, » où Christ était tout pour ses rachetés, était déjà abandonné ; c'est là ce qu'il y avait déplus sensible pour le coeur du Seigneur.

Les premiers chapitres des Actes nous font connaître les remarquables effets de cet amour dans les saints à Jérusalem : « La multitude de ceux qui avaient cru était un coeur et une âme, et nul ne disait d'aucune des choses qu'il possédait qu'elle fût à lui ; mais toutes choses étaient communes entre eux. » L'amour de Christ absorbait tout et remplaçait toute autre considération. L'apôtre Paul aussi dit qu'il se souvenait sans cesse « de l'oeuvre de foi, du travail d'amour, de la patience d'espérance de notre Seigneur Jésus-Christ » qui caractérisaient les chrétiens, récemment convertis, de Thessalonique ( 1 Thessaloniciens I, 3). Tel avait été le début, brillant d'une sainte beauté. Mais à Éphèse, si l'on trouvait encore ce qui se montre au dehors, les oeuvres, le travail, la patience, - la source de toute vraie activité, « la foi, l'espérance et l'amour », était tarie.

Faut-il donc s'étonner si dans la suite tout est allé de mal en pis ? Lorsque le coeur cesse d'être affectionné au Seigneur, il ne saurait plus y avoir de fidélité dans la marche, et le mal s'accentue toujours plus.
Aussi la dernière phase de l'Église professante est-elle la plus triste de toutes. C'est un état de complète indifférence que le Seigneur ne peutsupporter. Son oeil pénétrant cherche en vain un seul trait qu'il puisse approuver. L'appréciation qu'il forme de cet état s'exprime par ces paroles solennelles : « Je connais tes oeuvres, que tu n'es ni froid ni bouillant ; je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. » Voilà où conduit l'abandon du premier amour.
Mais le Seigneur ne change pas comme l'homme ; même dans l'état de choses que représente Laodicée, II ne se lasse point et fait les derniers efforts pour appeler l'attention de quiconque a des oreilles pour écouter.

Pour l'assemblée de Laodicée, le Seigneur n'occupe pas la place indiquée par la promesse faite à « deux ou trois assemblés en son nom » (Matthieu XVIII, 20). Il est dehors et non plus « au milieu d'eux. » Mais II se tient à la porte, et Il frappe. « Si quelqu'un entend ma voix », dit-Il, « et qu'il ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi. »

Combien est précieux cet amour fidèle qui sollicite jusqu'au dernier moment ; qui attend patiemment que quelque pauvre âme l'écoute, pour la tirer du milieu de la ruine universelle et de cet état d'indifférence qui ne se soucie plus de Christ ni de ses intérêts. Quelque mauvais que soit l'état de cette Église professante qui se réclame du nom du Sauveur sans avoir le moindre coeur pour lui, il y a encore communion avec le Seigneur pour celui qui Lui ouvre la porte.

L'indifférence et la tiédeur vont continuellement en augmentant et caractérisent d'une manière spéciale les jours où nous vivons ; preuve palpable que nous sommes dans les tout derniers temps. Et vous le voyez, cher lecteur, il ne sert de rien de se prévaloir du nom de chrétien, si le coeur est loin de Christ. On peut tromper les hommes par les apparences, mais on ne se joue pas de Dieu qui sonde tout ce qui est dans le coeur et qui apprécie les motifs de nos actes. Si l'amour du Seigneur est constant et fidèle, malheur à quiconque le méprise ! Il y a un « maintenant » divin : c'est le jour de la grâce ; bienheureux celui qui en profite. Le Seigneur dit : « Si quelqu'un entend ma voix et qu'il ouvre la porte, Rentrerai chez lui. » C'est une parole tout individuelle, ne voulez-vous pas l'écouter ? Ne voulez-vous pas ouvrir maintenant ?

Quant à l'avenir, II dit aussi : « Je vais te vomir de ma bouche. » Attendrez-vous le moment où s'exécutera ce terrible jugement ? À quoi bon se dire « chrétien » quand on n'a point la réalité du christianisme, puisque le Seigneur désavoue et rejette avec dégoût ce qui, tout en se parant de son saint nom, ne montre que de l'indifférence envers Lui ?
« Luttez pour entrer par la porte étroite », dit le Seigneur Jésus (Luc XIII, 24-27), « car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas. Dès que le maître de la maison se sera levé, et aura fermé la porte, et que vous, vous vous serez mis à vous tenir au dehors et à heurter à la porte, en disant : Seigneur, ouvre-nous ! et que Lui, répondant, vous dira : Je ne vous connais pas ni ne sais d'où vous êtes, alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné dans nos rues. Et il dira : Je vous dis, je ne vous connais pas ni ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité. »

Mon cher lecteur, écoutez maintenant la voix du Seigneur ; ne méprisez pas sa parole qui vous avertit ; ne vous contentes pas d'une vaine profession de christianisme. Voyez combien est grande sa grâce. Malgré toute notre infidélité, lui reste fidèle (2 Timothée II, 13). La conduite de l'Église professante ne fait que mettre d'autant plus en évidence l'amour invariable du Seigneur. Oh ! soyez du petit nombre de ceux qui écoutent sa voix et qui lui ouvrent la porte. Il condescend à prendre cette place de suppliant venant heurter à la porte, précisément dans les plus mauvais jours. C'est alors qu 'II nous sollicite avec le plus d'ardeur.
Mais les temps se hâtent ; la voix du Seigneur fait entendre son dernier appel dans un monde qui ne veut pas de Lui. Où serez-vous quand la porte de la grâce sera fermée ?

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
(Dialogue).

II
L'ELECTION ET LA GRÂCE

- N'est-il pas vrai que les âmes sauvées sont élues de Dieu ?
- Évidemment. Ce n'est d'ailleurs qu'un résultat de cette omniscience de Dieu dont le Psaume CXXXIX nous parle avec beaucoup de détails.
- Comment donc puis-je savoir si je suis du nombre des élus de Dieu ?
- Permettez-moi d'abord de vous demander ce que vous entendez par le mot « élu » ?
N'est-ce pas quelqu'un qui est choisi pour être sauvé ?
- Oui ; d'après 2 Timothée II, 10 ; Romains VIII, 33, on voit que le mot est employé pour désigner les chrétiens, les fidèles, ceux qui sont sauvés ; mais c'est une expression qui rappelle surtout les pensées de Dieu à leur égard, et par conséquent les soins qu'il leur prodigue. Or ces pensées ne sont pas venues après coup, elles ne sont ni récentes, ni nouvelles, car il est dit : « Élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l'Esprit » (1 Pierre I, 2), puis : « Selon qu'il nous a élus en Lui (en Christ) avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour » (Éphésiens I, 4). L'élection de la part de Dieu est donc un fait incontestable, mais nous avons à examiner quelle en est la nature.
- Je vois bien, en effet, que la pensée de Dieu est arrêtée de toute éternité ; mais c'est là précisément ce qui cause ma difficulté. S'il en est ainsi, je suis privé de toute force pour obtenir le salut. Que puis-je faire si je ne suis pas élu ?
- Vous avez raison ; mais votre question montre que vous n'avez pas encore saisi le salut tel que Dieu nous le présente dans sa parole.

Partout nous y voyons que le salut est un effet de la pire grâce de Dieu ; que nous n'avons rien à faire pour l'obtenir, mais qu'il faut recevoir simplement ce que Dieu nous donne gratuitement ; c'est lorsque nous étions encore sans force que Christ est mort pour des impies (Romains V, 6). Dieu ne demande pas que nous fassions ou que nous donnions quelque chose. Ce que nous méritions, c'est la mort, gages du péché ; mais le DON de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. Tout est de Dieu. Je vous parle librement, car je ne pense pas que vous soyez de ceux qui cherchent à rejeter sur Dieu la faute de leur condamnation, en disant : « Tant pis si nous ne sommes pas élus. » Parler ainsi n'est pas seulement une impiété ; c'est un manque de véracité, le vain effort d'un coeur qui veut cacher son dessein arrêté de persévérer dans un état de rébellion contre Dieu.
- Je ne voudrais certes pas tenir un pareil langage. Je crois que Dieu est amour ; mais il me semble voir que la grâce n'est accessible qu'à quelques-uns, tandis que d'autres s'en trouvent privés. Comment puis-je être assuré que je ne suis pas de ces derniers ?
- Il faut d'abord bien comprendre que la grâce de Dieu est là pour tous, en vertu de l'oeuvre que Christ a opérée une fois pour toutes et qui a satisfait à toutes les exigences de la justice divine. Il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Christ Jésus, dont l'oeuvre a été accomplie à l'égard de Dieu d'un côté, et,de l'autre, à l'égard des hommes comme tels. Car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité. » En conséquence, nous lisons que Christ s'est donné en rançon pour tous (1 Timothée II, 3-6). L'apôtre Pierre rappelle aussi aux fidèles que, si le Seigneur semble retarder l'accomplissement final de toutes ses précieuses promesses, c'est qu'il est patient, ne voulant pas qu'aucun pécheur périsse, mais que tous viennent à la repentance ; nous devons donc estimer que la patience du Seigneur est salut (voyez 2 Pierre III, 9, 15). Paul dit clairement que la justice de Dieu par la foi de Jésus-Christ est « envers tous », est présentée à tous, mais elle n'a de résultat pratique qu'en ceux qui croient (Romains III, 22).
- Ainsi, d'après vous, la volonté de Dieu est que le salut soit présenté à tous indistinctement.
- Non pas d'après moi, mais d'après le témoignage constant de la parole de Dieu.
- Comment donc se fait-il que tant de personnes n'en profitent pas ?
- Par la même raison que si un homme riche et bienfaisant faisait une invitation générale, engageant quiconque le voudrait à venir participer à un banquet, il est plus que probable que bien des personnes, pour une raison ou une autre, n'y viendraient pas. Le Seigneur Lui-même le dit dans la parabole que nous trouvons au chapitre XIV de l'évangile de Luc. Le souper était grand, l'invitation libre, mais les conviés s'excusèrent unanimement, et même ceux qui, à la fin, sontentrés, y furent contraints. Assurément cela parle à notre conscience : nous n'aimons pas avoir affaire à Dieu, même sur le pied de la grâce ; nous préférons notre propre volonté et le péché.
- Il faut donc me repentir du péché pour pou voir venir à Dieu ?
- Non pas. La repentance est elle-même un effet de la grâce de Dieu qui a déjà saisi le coeur. C'est la bonté de Dieu qui nous y pousse (Romains II, 4).
- Mais j'ai toujours pensé que c'était mon repentir qui m'ouvrirait la porte du salut que Dieu donne.
- Vous vous trompez entièrement. D'abord, comme je vous l'ai montré par la parole de Dieu, cette porte est déjà ouverte, et elle reste ouverte, à cause du seul sacrifice du Seigneur Jésus-Christ, par qui la propitiation est faite devant Dieu. C'est la justice de Dieu qui la maintient ouverte aussi longtemps que dure le jour de la grâce ; car cette justice a été satisfaite par la mort de Christ. « Ayant fait par Lui-même la purification des péchés, il s'est assis, et demeure assis à perpétuité à la droite de Dieu » (Hébreux I, 3 ; X, 12). Voilà ce qui vous ouvre le chemin du salut ; c'est la grâce de Dieu, et non pas votre repentir, quelque sincère qu'il soit, et précieux d'ailleurs comme un fruit nécessaire de la grâce reçue dans le coeur.
Ensuite, permettez-moi de vous dire que vous n'avez pas le droit de « penser » quoi que ce soit dans les choses de Dieu, à moins que Dieu ne vous le dise dans sa parole. « Ses pensées ne sont pas nos pensées », est-il écrit. Notre sagesse et notre bonheur consistent à croire simplement ce que Dieu nous dit.
- Nous lisons pourtant qu'il y a de la joie au ciel pour un pécheur qui se repent.
- C'est vrai ; mais là n'est pas la question.
La repentance est nécessaire, mais d'où vient-elle, et quand a-t-elle lieu ? Est-ce avant ou après que la grâce de Dieu a saisi le coeur ? Les paraboles de Luc XV, où l'expression se trouve, nous le disent clairement. Que fait la brebis perdue pour retourner dans la maison du berger ?
- Rien ; c'est le berger qui la cherche et qui l'y apporte.
- Et que fait la pièce de monnaie perdue pour être trouvée ?
- Rien non plus ; et cela me semble encore plus frappant. Elle ne pouvait rien faire. C'est la femme qui se donne beaucoup de peine pour la chercher, et qui la trouve.
- Et cependant c'est à cela que le Seigneur applique le terme de repentance, lorsqu'il dit qu'il y a ainsi de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
- C'est vrai ; combien cela est beau ! Je n'avais jamais compris ainsi ce passage.
- La troisième parabole entre plus avant dans les détails de l'oeuvre de la grâce. Elle nous montre le père, apercevant le premier son fils quand il est encore loin, courant à sa rencontre et se jetant à son cou, bien qu'il fût encore couvertde haillons. Le fils ne connaissait pas encore l'amour de son père, lorsque, poussé par l'excès de sa misère, il vient seulement réclamer une place de mercenaire. Il ignorait le coeur de son père, il ne pensait pas que son père pouvait pardonner, et n'osait pas espérer qu'il le ferait pleinement, bien moins encore s'attendait-il à être introduit dans la relation et les privilèges de fils. Nos pauvres coeurs limitent toujours la bonté de Dieu, nous pensons qu'il est tel que nous. C'est l'expérience tout inattendue que nous faisons de son amour qui fait que notre âme ose enfin lever les yeux vers Lui pour eu sonder les infinies profondeurs. Lorsque le fils prodigue se trouve entre les bras de son père, il faut bien qu'il mette de côté la pensée d'être traité comme un des « mercenaires » ; c'eût été faire insulte à son père. Mais il confesse son péché ; il parle de son absolue indignité à celui qui le couvre de baisers. Jamais, assurément, il n'avait autant senti le vrai caractère de son iniquité ; jamais il n'avait vu avec autant de clarté la grandeur de son péché contre un père dont l'amour était si grand.
- Je crois comprendre maintenant. Vraiment l'amour de Dieu est merveilleux, il attire le coeur. J'avais tort de m'occuper autant de l'élection.
- L'élection de Dieu est aussi une vérité précieuse ; nous en reparlerons, mais il faut l'envisager à sa place, sans quoi la vérité de Dieu serait faussée. En attendant, il est important de comprendre qu'il n'y a rien d'arbitraire dans l'oeuvre
de Dieu. La propitiation pour les péchés étantfaite, Dieu est conséquent avec Lui-même en présentant le salut à tous, en sorte que quiconque croit est sauvé. Les passages de la parole de Dieu qui disent cela, sont nombreux : Jean III, 16-18, 36 ; V, 24, 25 ; VI, 40 ; X, 27-30. Voilà quelques versets tirés de l'évangile de Jean qui parle aussi de l'élection d'une manière plus catégorique peut-être qu'aucune autre partie des Écritures. Mais nulle part non plus nous ne voyons plus clairement proclamée la responsabilité du pécheur d'écouter ce que Dieu dit. Quel est d'ailleurs le signe auquel se reconnaît une brebis de Christ ? « Mes brebis, » dit le Seigneur, « écoutent ma voix. » Rien n'est plus clair et plus décisif.

(suite)

SAVOUREZ ET VOYEZ QUE LE SEIGNEUR EST BON

Oh ! que bienheureux est l'homme qui se confie en lui ! (Ps. XXXIV, 8.)

La grâce agit envers tous les hommes sur ce seul fondement commun, c'est qu'ils sont pécheurs ; elle nivelle leur condition morale, et ne se présente qu'à ceux qui ont besoin (Luc V, 31, 32). C'est précisément ce que l'homme ne peut souffrir, car ce qu'il cherche toujours à faire, c'est d'établir une différence entre la justice et l'injustice dans l'homme, afin de pouvoir revêtir un certain caractère devant les autres. Mépriser la justice qui vient de Dieu et exaltercelle qui vient de l'homme, ce sont deux choses qui vont toujours ensemble.

D'un autre côté, on a quelquefois la pensée que la grâce suppose que Dieu passe sur le péché. Mais non : tout au contraire ! La grâce suppose que le péché est une chose tellement mauvaise, que Dieu ne saurait le tolérer. S'il était au pouvoir de l'homme, après avoir été injuste et mauvais, d'amender ses voies de manière à subsister devant Dieu, il n'y aurait aucun besoin de grâce. Le fait même que Dieu est plein de grâce montre que le péché est une chose tellement mauvaise, que l'homme étant pécheur, son état est un état de ruine complète et sans ressource, - et que la grâce seule (la pure et souveraine grâce) peut venir au-devant de lui et répondre à ses besoins.

Voici comment s'est manifesté le triomphe de la grâce : c'est que lorsque l'inimitié de l'homme eut rejeté Jésus de la terre, l'amour de Dieu introduisit le salut par cet acte même, - intervenant pour faire l'expiation des péchés de ceux qui l'avaient rejeté. En présence de l'entier développement du péché de l'homme, la foi voit la plus complète manifestation de la grâce de Dieu. Où la foi voit-elle la plus grande profondeur du péché de l'homme et de son inimitié contre Dieu ? À LA CROIX ; et du même coup d'oeil elle y découvre toute l'étendue du triomphe de l'amour et de la miséricorde de Dieu envers l'homme. La lance du soldat, qui perça le côté de Jésus, n'en fit sortir que ce qui parle de pardon.

Je m'éloigne de la grâce, si j'ai le moindre doute ou la moindre hésitation quant à l'amour de Dieu ; alors mon langage sera : Je suis malheureux, parce que je ne suis pas ce que j'aimerais être. Je devrais plutôt demander : Dieu est-Il ce que j'aimerais qu'il fût ? Jésus est-Il tout ce que je puis désirer ? Si la conscience de ce que nous sommes, - de ce que nous trouvons en nous-mêmes - produit, tout en nous humiliant, quelque autre effet que celui d'augmenter en nous un sentiment d'adoration à cause de ce que Dieu est, nous ne sommes pas sur le terrain de la pure grâce. - ? La foi ne prend jamais pour son objet ce qui est dans notre coeur, mais la révélation que Dieu a faite de lui-même en grâce. Si nous nous arrêtons à mi-chemin, et que nous ne voyions rien que la loi, cela ne fera que nous montrer notre condamnation, et nous prouver que nous sommes « sans force ; » si Dieu permet que nous voyions notre véritable état, c'est justement là que la grâce vient nous rencontrer.

La grâce de Dieu est tellement illimitée, si riche, si parfaite, que si nous quittons pour un seul instant la présence de Dieu, nous ne pouvons plus en avoir vraiment conscience ; nous sommes sans force pour la saisir, et si nous essayons de la connaître en dehors de sa présence, nous ne ferons que la changer en dissolution.

La grâce suppose tout le péché et tout le mal qui est en nous ; et elle est la révélation bénie que, par le moyen de Jésus, tout ce péché et tout ce mal ont été ôtés. Un seul péché est plus horrible devant Dieu que ne le sont pour nous mille péchés, et même tous les péchés du monde. Et pourtant, tandis que nous avons pleinement la conscience de ce que nous sommes, ce que Dieu a bien voulu être envers nous, c'est AMOUR ! En même temps, il faut nous rappeler que le but et l'effet nécessaires de la grâce sont d'amener nos âmes en communion avec Dieu ; - de nous sanctifier en nous faisant connaître et aimer Dieu. Ainsi, la connaissance de la grâce est la vraie source de la sanctification.

Un homme peut voir le péché comme une chose mortelle ; il peut voir que rien de ce qui souille ne saurait entrer dans la présence de Dieu ; sa conscience peut avoir été amenée à une vraie conviction de péché ; mais ce n'est pas là « goûter que le Seigneur est bon. » C'est une bonne chose que d'être amené même à ce point, reconnaissant que le Seigneur est juste ; mais il ne faut pas s'arrêter là ; car sans la grâce on serait conduit au désespoir. Je ne puis pas dire que Dieu devrait être plein de grâce ; mais je puis dire, si j'ignore la grâce, qu'il devrait me rejeter, comme pécheur, loin de sa présence, parce qu'il est juste. Ainsi nous voyons qu'il faut apprendre ce que Dieu est envers nous, non par nos propres pensées, mais par ce que Lui a révélé : II est « le Dieu de toute grâce. » Dès que j'ai compris que je suis un homme pécheur, et que c'est parce que le Seigneur connaissait toute l'étendue et tout l'odieux de mon péché, qu'il est venu jusqu'à moi, dès ce moment, j'aicompris ce qu'est la grâce. La foi me fait voir que Dieu est plus grand que mon péché. « Dieu signale son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pêcheurs, Christ est mort pour nous. » Aussitôt que je crois que Jésus est le Fils de Dieu, je vois que Dieu est venu jusqu'à moi parce que j'étais un pécheur et que je ne pouvais aller à lui. C'est là la grâce.

Dieu, voyant le sang de son Fils, en est pleinement satisfait ; et si j'en suis satisfait, c'est là ce qui glorifie Dieu. Mais le Sauveur que j'ai connu comme donnant sa vie pour moi, est le même Seigneur à qui j'ai affaire tous les jours de ma vie ; et toutes ses voies avec moi découlent de ce même principe de grâce. Si je désire connaître ce qu'est son amour, je l'apprends à la croix ; II s'est donné lui-même pour moi, afin que toute la plénitude et toute la joie qui sont en lui fussent à moi. Et i] faut que je l'apprenne toujours, comme un enfant nouvellement né, désirant le lait spirituel et pur, afin que je croisse par son moyen. Le grand secret de la croissance, c'est de regarder au Seigneur comme étant plein de grâce. Qu'il est précieux et qu'il est fortifiant de savoir que Jésus, à cette heure même, a toujours et exerce toujours le même amour envers moi que lorsqu'il mourut sur la croix pour moi ! C'est là une vérité que nous devrions appliquer dans les circonstances ordinaires et journalières de la vie. Supposez, par exemple, que j'aie un mauvais caractère que je surmonte avec peine ; si je place cela devant Jésus, une puissance sortira de luipour répondre à mes besoins. La foi devrait toujours être ainsi en exercice contre la tentation, au lieu de mes propres efforts, qui seront toujours insuffisants. Mais l'homme naturel en nous ne veut jamais permettre que Christ soit l'unique source de toute force et de toute bénédiction. Supposez que je ne sois pas en communion avec le Seigneur, l'homme naturel dira : II faut que je corrige la cause de tout cela, avant que je puisse aller à Lui. Mais II est bon, et si nous le savons, il s'agit de retourner à Lui immédiatement, absolument tels que nous sommes, puis de nous humilier profondément devant Lui. Ce n'est qu'en Lui, et comme venant de Lui, que nous trouverons ce qui restaurera notre âme. L'humilité en sa présence est la seule vraie humilité. Si nous reconnaissons en sa présence ce que nous sommes, nous trouverons qu'il ne nous montrera rien que grâce.

Y a-t-il de la méfiance et de la détresse en votre esprit ? voyez si ce n'est pas parce que vous dites encore : Moi, moi, et que vous perdez de vue la grâce de Dieu. Mieux vaut penser à ce que Dieu est, que penser à ce que nous sommes. Regarder ainsi à nous-mêmes, c'est réellement, au fond, de l'orgueil. Ce n'est pas avoir pleinement la conscience que nous ne valons absolument rien. Jusqu'à ce que nous le voyions, nous ne détournons jamais entièrement nos yeux de nous-mêmes pour ne regarder qu'à Dieu. Quelquefois, peut-être, la considération du mal qui est en nous pourra être un moyen pour nous enseigner en partie ce qu'est ce mal ; mais il n'enest pas moins vrai que ce n'est pas tout ce qui est nécessaire. En regardant à Christ, c'est notre privilège de nous oublier nous-mêmes. La vraie humilité ne consiste pas tant à entretenir une mauvaise opinion de nous-mêmes, qu'à ne pas penser du tout à nous-mêmes. Je suis trop mauvais pour qu'il vaille la peine de penser à moi ; ce dont j'ai besoin, c'est de m'oublier moi-même et de regarder à Dieu, qui est, en vérité, digne de TOUTES mes pensées. Avons-nous besoin d'être humiliés à l'égard de nous-mêmes ? Soyons assurés que, de cette manière, nous le serons.

Si nous pouvons dire « qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite pas de bien, » nous avons bien assez longtemps pensé à nous-mêmes. Pensons donc à Celui qui a eu sur nous « des pensées de paix, et non pas d'adversité, » bien avant que nous ayons jamais pensé à nous-mêmes. Considérons ce que sont ses pensées de grâce à notre égard, et saisissons les paroles de la foi : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »

LE BIJOUTIER INCRÉDULE

Je demeurais, il y a quelques années, près d'un bijoutier que je voyais souvent travailler dans un petit cabinet au fond de son jardin. C'était un homme très-réservé, qui se souciait à peine de me saluer. Je m'aventurai cependant un jour à lui faire quelques remontrances sur l'habitude qu'il avait de jurer constamment ; mais
il se mit en grande colère, proférant encore plus d'imprécations, et s'en alla en disant qu'il était libre d'agir et de parler comme il lui semblait bon. Une autre fois, lorsqu'un de ses amis lui parla à cause de sa terrible habitude, il répondit : « Qu'on me laisse tranquille. Je n'aime pas que l'on me sermonne ainsi, je suis en bonne santé ; mes affaires vont bien, jamais je n'ai eu le moindre trouble ; de quoi m'inquiéterais-je ? »

Bientôt après, il put faire l'expérience de cette parole : « Ne te vante pas du jour du lendemain » (Proverbes XXVII, 1). Épreuves sur épreuves fondirent sur lui comme les vagues d'une soudaine tempête après le calme. Sa femme lui fut enlevée subitement ; puis il perdit successivement plusieurs de ses enfants. Quelque robuste qu'il fût, il ne se remit jamais de ces coups réitérés, mais il s'accrochait toujours avec force à la pensée que la mort n'était pas encore si proche pour lui.

Un jour, un ami, prenant occasion de ses afflictions, le suppliait de chercher Dieu, à la miséricorde duquel il avait si longtemps fermé son coeur, lui rappelant aussi que les pertes douloureuses qu'il avait faites étaient des avertissements que Dieu lui adressait. « J'ai encore bien le temps, » répondit-il, « croyez-vous donc que je sois sur le point de mourir ? »
Mais peu de temps s'était écoulé, qu'une grave maladie le couchait sur un lit de douleur. Un matin qu'il se réveillait d'un pesant sommeil, on l'entendit s'écrier : « Seigneur, aie pitié de moi ! Oh ! qu'ai-je fait pour être ainsi affligé ettourmenté ? » Mais bientôt ce pauvre malheureux repoussait de toutes ses forces l'idée d'une autre vie. « II n'y a point d'enfer, » répétait-il, « et s'il y a un Dieu, Il me pardonnera quand j'arriverai au lieu où II habite. » Tous les efforts tentés pour l'amener à croire la parole de Dieu furent inutiles.

Le dimanche avant sa mort, un ami essaya de lui lire la Bible, mais le malade se mit dans une telle fureur, que le visiteur se vit obligé de quitter la chambre en toute hâte ; trois jours après vint sa dernière heure. Midi avait sonné, lorsque tout à coup, les yeux démesurément ouverts, il s'écria avec l'accent de la terreur : « Ils viennent, ils viennent ! Au secours ! Au secours ! Oh ! n'y a-t-il personne qui veuille me secourir ? O Dieu, ne veux-tu pas me secourir ? Faut-il que j'aille dans ce terrible lieu, auquel je n'ai pas voulu croire ? Oui, oui ; les voilà, ils s'avancent, ils me saisissent. Au secours ! au secours ! » Et il retomba mort sur son lit.

« Parce que j'ai crié, et que vous avez refusé d'ouïr... parce que vous avez rejeté tout mon conseil, et que vous n'avez pas agréé que je vous reprisse ; aussi je me rirai de votre calamité ; je me moquerai quand votre effroi surviendra » (Proverbes 1, 24-26).
« Ne vous séduisez pas, on ne se moque pas de Dieu » (Galates VI, 7).
(Faithful Words.)


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CORRESPONDANCE - Question sur Éphésiens VI, 10-20
LA CROIX DU CHRIST ou SAGESSE ET PUISSANCE (1. Corinthiens I, 17-31.)
 

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