LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. V
CINQUIÈME
ANNÉE 1878
« JE L'ACHÈVERAI
(l'année) EN DANSANT »
Un des derniers jours de l'année, dans le
salon d'une agréable villa située aux
abords de la ville de..., quelques dames et
demoiselles étaient réunies et
s'entretenaient ensemble. Parmi elles se trouvait
la nièce de la maîtresse de la maison,
jeune fille chérie et admirée de son
oncle et de sa tante qui l'avaient
élevée comme leur propre enfant.
Douée en effet des qualités les plus
aimables cultivées et embellies par
l'éducation distinguée qu'elle avait
reçue, tout lui présageait pour ce
monde un brillant avenir.
Dans le courant de la conversation, on vint
à parler d'une réunion qui devait
avoir lieu le 31 décembre, et dont le but
était de passer en prières les
dernières heures de l'année. Une des
dames présentes demanda à la jeune
fille si elle n'aimerait pas y venir.
Quelle absurde idée, pensa celle-ci. Passer
la dernière heure de l'année dans la
triste compagnie de chrétiens, et à
une réunion de prières ! Non,
cela ne s'accordait nullement avec ses idées
de plaisir. Aussi refusa-t-elle sans
hésiter, en ajoutant :
« Pour moi, je l'achèverai en
dansant. »
Chacun de ses désirs était une loi
pour ses parents trop indulgents, de sorte qu'un
bal fut bientôt organisé pour le soir
du 31 décembre.
Il arriva bientôt, ce jour attendu avec
impatience par celle qui s'était promis
d'achever l'année en dansant. Combien de
plaisir elle se promettait. Préparatifs,
billets d'invitation,
arrangements de tous genres
avaient occupé ses pensées et
absorbé son temps depuis la conversation
mentionnée plus haut.
Le soir était venu ; la réunion
de prières avait commencé, et
d'ardentes supplications s'élevaient
à Dieu.
Bien différente était
l'assemblée qui, à cette même
heure, se réunissait dans les salons de
l'élégante villa. Les voitures
affluaient à la porte, tout resplendissait
de l'éclat des lumières ; aux
accents entraînants de la musique, les danses
avaient déjà commencé.
Minuit approchait, quand soudain, sans cause
apparente, une pâleur mortelle se
répand sur le visage de la joyeuse et
insouciante héroïne de cette
fête.
Le bruit de la danse s'arrête, pendant qu'on
la transporte, de la salle de bal, dans sa chambre.
Un médecin, qui était présent,
s'empresse de lui donner des soins. Peine
inutile ! secours impuissants ! Le
dernier coup de minuit n'avait pas sonné que
l'âme immortelle de la jeune fille avait
passé du temps dans
l'éternité.
O vous, amis des plaisirs plutôt qu'amis de
Dieu, dites-le-moi, ou est-elle
allée ?
Répondez-moi, vous qui ne priez pas,
âmes insouciantes et légères,
qui ne cherchez qu'à satisfaire les
désirs de vos coeurs ; vous qui
négligez un si grand salut, ou qui
méprisez et rejetez la grâce d'un Dieu
Sauveur ; répondez : ou est-elle
allée ?
Lecteur, si cette nuit même la mort
venaitvous surprendre, votre
âme s'en irait-elle auprès de Dieu
où il y a des plaisirs pour jamais, ou bien
serait-ce là où le ver ne meurt point
et où le feu ne s'éteint
point ?
Vous avez été épargné
jusqu'ici par la longue patience de Dieu.
Voulez-vous persévérer encore dans
votre indifférence et vous détourner
de l'amour du Sauveur, de ses souffrances et de sa
mort ?
Ne voulez-vous pas que l'on puisse dire de vous
aujourd'hui : « Voici, il
prie » ? ou bien vous faudra-t-il
bientôt entendre cette parole :
« Voyez contempteurs, et vous
étonnez, et soyez
anéantis ».
Le monde, pour s'étourdir et dans son
désir d'échapper à l'appel
solennel que fait entendre une telle fin, a
peut-être dit de cette jeune fille :
« Espérons qu'elle a
été sauvée au dernier
moment ». Puisse-t-il en être
ainsi ! mais, comme le disait une personne qui
fut témoin de la fin de cette courte
existence : « C'était une
bonne et aimable jeune fille, mais elle
n'était pas prête à
mourir. »
Oh ! puisse le récit de cette mort
soudaine parler puissamment à votre
âme ; puissiez-vous vous demander :
« Où passerais-je
l'éternité, si j'étais ainsi
emporté ? »
Tiré du FAITHFUL WOKDS.
NE PAS RETARDER
Un jeune homme, se trouvant un jour avec un
chrétien âgé, lui demanda
combien de tempsavant sa mort un
homme devait être prêt à la
rencontrer. « Quelques
minutes, » répondit le
vieillard.
« Bien, » pensa le jeune homme,
« j'ai donc tout le temps de jouir de la
vie, et quand la fin sera là, je prierai
Dieu de me recevoir dans sa
miséricorde. »
« Mais, » continua son vieil
ami, « quand pensez-vous
mourir ? »
« Je l'ignore, »
répliqua le jeune homme.
« Alors, » dit le serviteur de
Dieu, « SOYEZ PRÊT
MAINTENANT ; car vous ne savez pas combien
d'instants vous avez encore à
vivre. »
Qu'est-ce en effet que votre vie ? Elle n'est
qu'une vapeur paraissant pour un peu de temps et
puis disparaissant. Vous ne savez pas ce qui
arrivera le jour de demain
(Jacques IV, 14).
Laissez-moi, à l'appui de ces paroles, vous
citer un fait.
Un mineur des houillères de Cornouailles,
qui avait entendu prêcher l'Évangile,
s'entretenait, après la réunion, avec
le prédicateur qui le pressait devenir
à Christ pour être sauvé.
Quoique désireux de posséder le
salut, le mineur voulait renvoyer à un autre
moment, mais le serviteur de Dieu ayant
insisté en lui citant ces mots :
« C'est maintenant le temps
agréable ; c'est maintenant le jour du
salut »
(2 Corinthiens VI, 2), il se soumit
à la parole de Dieu, reçut par la foi
le salut qui lui était offert, et retourna
chez lui, louant Dieu pour son don ineffable.
Le lendemain, de bonne heure, il se rendit
àson travail habituel. Il
n'y était pas depuis longtemps, lorsqu'une
partie de la voûte s'écroula et
l'ensevelit sous les décombres. On
s'empressa de le dégager et il fut
remonté hors du puits, inanimé en
apparence. Cependant un des assistants, ayant vu
ses lèvres remuer, se pencha vers lui et
recueillit ces dernières paroles du
mourant : « Loué soit Dieu
qui m'a sauvé hier soir. » II
avait reçu le salut sans tarder, et quelques
heures après il était pour toujours
avec le Seigneur.
Cher lecteur, ne retardez pas. Le diable veut vous
induire à remettre à demain. Demain
n'est pas à vous, vous n'avez que l'instant
présent. Demain peut être pour vous la
mort, le sépulcre, l'étang de feu, le
gémissement éternel. Dieu ne dirait
pas « maintenant » s'il
n'y avait pas dans les délais un danger
terrible.
Cher lecteur, prêtez l'oreille à cette
voix d'avertissement et venez maintenant
à Jésus pour avoir la vie.
L'ÂME ANXIEUSE ET SES
DIFFICULTÉS
Dialogues
I
LE SALUT
- Comment puis-je savoir que le salut est pour
moi ?
- Croyez-vous que le Seigneur Jésus-Christ
est le Fils de Dieu, et qu'il est descendu dans ce
monde pour sauver des pécheurs ?
- Oui, je le crois, et je crois que je suis un
pécheur privé de la gloire de
Dieu ; mais je ne sais pas comment
m'approprier le salut ; il
mesemble qu'il doit y avoir un
moyeu d'être assuré individuellement
que l'on est sauvé.
- Vous avez raison. Voyons ce que la Parole de Dieu
dit à ce sujet. Y a-t-il une certaine classe
de personnes jouissant du salut, distinguées
d'autres qui n'ont pas ce
privilège ?
- Oui, cela est évident.
- En effet, elles sont appelées
indistinctement :
« fidèles, »
« saints, »
« enfants de Dieu ; »
la question est de savoir non ce que ces personnes
sont actuellement, mais ce qu'elles étaient
avant d'être sauvées, puis comment
elles sont entrées en relation avec le
Sauveur ! Prenons comme exemple l'apôtre
Paul ; aucun doute ne peut exister quant
à sa conversion et à son salut.
Que dit-il de lui-même ? Lisez dans la
première épître à
Timothée,
chap. I, vers. 13-14.
- « .... Moi qui auparavant étais
un blasphémateur, et un persécuteur,
et un outrageux ; mais miséricorde m'a
été faite parce que j'ai agi dans
l'ignorance, dans
l'incrédulité ; et la
grâce de notre Seigneur a surabondé
avec la foi et l'amour qui est dans le Christ
Jésus. »
- Quel était le caractère de Paul
avant sa conversion
- « Un blasphémateur, un
persécuteur et un
outrageux. »
- Précisément. Et vous voyez qu'il
fut délivré de cet état
uniquement par la grâce du Seigneur
Jésus-Christ. Il résume dans le
verset 15 la pleine confiance dont
son âme jouissait : « Cette
parole est certaine et digne de
touteacceptation, que le Christ
Jésus est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs, dont moi je suis le
premier. »
Vous le voyez. La grâce est pour ceux
qui, comme Paul, se reconnaissent
pécheurs. Avez-vous honte de faire
comme Lui ? Ne pouvez-vous pas vous appuyer
sur la grâce du Dieu Sauveur, et aller
à lui maintenant tel que vous
êtes : misérable et perdu ?
Pourquoi ne pas prendre la seule place où la
grâce de Dieu puisse vous
rencontrer ?
- N'y a-t-il donc rien à faire ?
- Rien que de vous abandonner entre les bras de sa
miséricorde. Écoutez ce que dit le
Seigneur Jésus :
« Ceux qui sont en bonne santé
n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui
se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est
que : Je veux miséricorde et non
sacrifice ; car je ne suis pas venu
appeler des justes, mais des
pécheurs »
(Matthieu IX, 12-13).
C'est la gloire de Dieu que d'exercer la
miséricorde
(Proverbes XXV, 2) ; seulement
sa justice réclame la vérité
et la sincérité chez le
pécheur : « Tu aimes la
vérité dans l'homme
intérieur, » dit le Psalmiste.
Cette « vérité »
est de confesser simplement et sincèrement
à Dieu ce qu'on est, et ce qu'on a
fait, lui dire les choses telles qu'elles sont.
Quand est-ce que David a joui du pardon de
son péché ? Lisez
2 Samuel XII, 13 :
« David dit à Nathan le
prophète : J'ai péché
contre l'Eternel. Et Nathan dit
à David : Aussi l'Éternel a fait
passer ton péché. »
Que dit Job lorsqu'il se voit réellement
dans la présence de Dieu ?
« J'avais ouï parler de toi, mais
maintenant mon oeil t'a vu ; c'est pourquoi
j'ai horreur de moi-même et je me repens sur
la poudre et sur la cendre. » C'est alors
qu'il jouit de la grâce de Dieu et qu'il
trouve la délivrance.
La Parole de Dieu abonde en déclarations
semblables. Il est écrit (
I Pierre III, 18) :
« Christ a souffert une fois pour les
péchés, lui juste pour les
injustes, afin de nous amener à
Dieu. »
Êtes-vous injuste ?
- Certes je le suis.
- N'êtes-vous donc pas l'un de ceux pour qui
Christ a souffert ? N'a-t-Il pas porté
vos péchés aussi dans son propre
corps sur le bois ?
- Je voudrais en avoir la pleine
assurance ?
- Mais quelle assurance plus grande et plus
parfaite pouvez-vous avoir que celle que vous donne
la parole de Dieu ? Vous ne pensez pas pouvoir
aider Dieu à compléter votre
salut ! Christ n'a-t-il pas fait toute
l'oeuvre ?
- Je le crois sincèrement.
- Il est écrit : « Ayant fait
par lui-même la purification des
péchés, il s'est assis à la
droite de la Majesté dans les hauts
lieux. » Sa position d'être
« assis » montre clairement que
son oeuvre est finie, en sorte « qu'il ne
reste plus de sacrifice pour les
péchés. » II faut regarder
à celui-là seul. - Mais je crains que
vous ne soyez à
larecherche de quelque bien en
vous-même, de quelque chose qui puisse vous
recommander aux yeux de Dieu ? Ou bien, que
vous attendiez quelque preuve intérieure que
votre salut est accompli ?
- Peut-être est-ce bien cela.
- Eh bien, cher ami, cette preuve, vous ne l'aurez
jamais. Voudriez-vous refuser de vous asseoir sur
le terrain solide de la parole éternelle de
Dieu, pour vous établir sur le sable mouvant
de votre coeur rusé et trompeur ? Dieu
vous ouvre une porte de salut maintenant :
ne voulez-vous pas y entrer simplement comme
Saul de Tarse (plus tard l'apôtre Paul), et
tant d'autres ?
Encore un mot : vous avez dit que vous vous
croyez pécheur. Comment le
savez-vous ? N'est-ce pas par la parole de
Dieu ?
- En effet, c'est par elle que j'ai
été convaincu de
péché.
- Dieu en soit béni. Si donc par cette
parole, la parole du Dieu vivant, vous avez
été amené à la
conviction que vous êtes pécheur, la
même parole vous assure que le
péché est ôté par le
sacrifice de Christ. Dieu veut que vous ayez
affaire directement à Lui. C'est pour
cela qu'il a envoyé son Fils. Mais Dieu n'a
pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il
jugeât le monde, mais afin que le monde
fût sauvé par Lui. Celui qui
croit en Lui ne viendra pas en jugement.
(Jean III, 14-18 ;
V, 24-25).
L'AMOUR INVARIABLE DU SAUVEUR
« Tu as abandonné ton premier
amour. » « Voici, je me tiens
à la porte et je frappe. »
Le Saint-Esprit, dans les chapitres II et III de
l'Apocalypse, nous présente le tableau
complet de l'Église de Dieu sur la terre, au
point de vue de sa responsabilité, de son
témoignage public, et de sa
fidélité envers Celui « qui
s'est donné lui-même pour nous, afin
qu'il nous rachetât de toute iniquité
et qu'il purifiât pour Lui-même un
peuple acquis, zélé pour les bonnes
oeuvres »
(Tite II, 13-14).
Sans entrer dans les détails,
arrêtons-nous un moment sur le commencement
et la fin de cette merveilleuse portion des
Écritures, qui fait ressortir d'une
manière si précieuse l'amour
invariable du Seigneur et sa
fidélité, quelle qu'ait
été l'infidélité de
l'Église professante à travers tant
de siècles.
Quelques mots, dans ce qui est écrit
à la première
« Église » ou
assemblée, celle d'Éphèse,
montrent quel a été le point de
départ de tous les égarements dans
lesquels a glissé la
chrétienté, comme le témoigne
son histoire. Il y avait beaucoup de bonnes choses
que le Seigneur reconnaît : des oeuvres,
du travail, de la patience et des souffrances
endurées pour le nom de Christ ; mais
le Seigneur ajoute : « J'ai
contre toi que tu as abandonné ton premier
amour. » Le vrai mobile de tout
dévouement chrétien n'existait plus,
et cela au commencement même de la
chrétienté. L'extérieur
était encore beau, maisil
y avait un mal caché qui n'a pas
manqué de produire les fruits les plus
amers, et qui a ouvert la porte à toute
sorte de corruption. Le « premier
amour, » où Christ était
tout pour ses rachetés, était
déjà abandonné ; c'est
là ce qu'il y avait déplus sensible
pour le coeur du Seigneur.
Les premiers chapitres des Actes nous font
connaître les remarquables effets de cet
amour dans les saints à
Jérusalem : « La multitude de
ceux qui avaient cru était un coeur
et une âme, et nul ne disait
d'aucune des choses qu'il possédait qu'elle
fût à lui ; mais toutes choses
étaient communes entre eux. »
L'amour de Christ absorbait tout et
remplaçait toute autre considération.
L'apôtre Paul aussi dit qu'il se souvenait
sans cesse « de l'oeuvre de foi,
du travail d'amour, de la patience
d'espérance de notre Seigneur
Jésus-Christ » qui
caractérisaient les chrétiens,
récemment convertis, de Thessalonique (
1 Thessaloniciens I, 3). Tel avait
été le début, brillant d'une
sainte beauté. Mais à
Éphèse, si l'on trouvait encore ce
qui se montre au dehors, les oeuvres, le
travail, la patience, - la source de toute
vraie activité, « la foi,
l'espérance et l'amour »,
était tarie.
Faut-il donc s'étonner si dans la suite tout
est allé de mal en pis ? Lorsque le
coeur cesse d'être affectionné au
Seigneur, il ne saurait plus y avoir de
fidélité dans la marche, et le mal
s'accentue toujours plus.
Aussi la dernière phase de l'Église
professante est-elle la plus triste de toutes.
C'est un état de complète
indifférence que le Seigneur ne
peutsupporter. Son oeil
pénétrant cherche en vain un seul
trait qu'il puisse approuver. L'appréciation
qu'il forme de cet état s'exprime par ces
paroles solennelles : « Je connais
tes oeuvres, que tu n'es ni froid ni
bouillant ; je voudrais que tu fusses ou froid
ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es
tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant,
je vais te vomir de ma bouche. »
Voilà où conduit l'abandon du premier
amour.
Mais le Seigneur ne change pas comme l'homme ;
même dans l'état de choses que
représente Laodicée, II ne se lasse
point et fait les derniers efforts pour appeler
l'attention de quiconque a des oreilles pour
écouter.
Pour l'assemblée de Laodicée, le
Seigneur n'occupe pas la place indiquée par
la promesse faite à « deux ou
trois assemblés en son nom »
(Matthieu XVIII, 20). Il est
dehors et non plus « au milieu
d'eux. » Mais II se tient à la
porte, et Il frappe.
« Si quelqu'un entend ma
voix », dit-Il, « et qu'il
ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai
avec lui, et lui avec moi. »
Combien est précieux cet amour fidèle
qui sollicite jusqu'au dernier moment ; qui
attend patiemment que quelque pauvre âme
l'écoute, pour la tirer du milieu de la
ruine universelle et de cet état
d'indifférence qui ne se soucie plus de
Christ ni de ses intérêts. Quelque
mauvais que soit l'état de cette
Église professante qui se réclame du
nom du Sauveur sans avoir le moindre coeur pour
lui, il y a encore communion avec le Seigneur pour
celui qui Lui ouvre la
porte.
L'indifférence et la tiédeur vont
continuellement en augmentant et
caractérisent d'une manière
spéciale les jours où nous
vivons ; preuve palpable que nous sommes dans
les tout derniers temps. Et vous le voyez, cher
lecteur, il ne sert de rien de se prévaloir
du nom de chrétien, si le coeur est
loin de Christ. On peut tromper les hommes par les
apparences, mais on ne se joue pas de Dieu qui
sonde tout ce qui est dans le coeur et qui
apprécie les motifs de nos actes. Si l'amour
du Seigneur est constant et fidèle, malheur
à quiconque le méprise ! Il y a
un « maintenant » divin :
c'est le jour de la grâce ; bienheureux
celui qui en profite. Le Seigneur dit :
« Si quelqu'un entend ma voix et
qu'il ouvre la porte, Rentrerai chez
lui. » C'est une parole tout
individuelle, ne voulez-vous pas
l'écouter ? Ne voulez-vous pas ouvrir
maintenant ?
Quant à l'avenir, II dit aussi :
« Je vais te vomir de ma
bouche. » Attendrez-vous le moment
où s'exécutera ce terrible
jugement ? À quoi bon se dire
« chrétien » quand on
n'a point la réalité du
christianisme, puisque le Seigneur désavoue
et rejette avec dégoût ce qui, tout en
se parant de son saint nom, ne montre que de
l'indifférence envers Lui ?
« Luttez pour entrer par la porte
étroite », dit le Seigneur
Jésus
(Luc XIII, 24-27), « car
beaucoup, je vous le dis, chercheront à
entrer et ne le pourront pas. Dès que le
maître de la maison se sera levé, et
aura fermé la porte, et que vous, vous vous
serez mis à vous tenir au dehors et à
heurter à la porte, en
disant : Seigneur, ouvre-nous ! et que
Lui, répondant, vous dira : Je ne vous
connais pas ni ne sais d'où vous êtes,
alors vous vous mettrez à dire : Nous
avons mangé et bu en ta présence, et
tu as enseigné dans nos rues. Et il
dira : Je vous dis, je ne vous connais pas ni
ne sais d'où vous êtes ;
retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers
d'iniquité. »
Mon cher lecteur, écoutez maintenant la voix
du Seigneur ; ne méprisez pas sa parole
qui vous avertit ; ne vous contentes pas d'une
vaine profession de christianisme. Voyez combien
est grande sa grâce. Malgré toute
notre infidélité, lui reste
fidèle
(2 Timothée II, 13). La
conduite de l'Église professante ne fait que
mettre d'autant plus en évidence l'amour
invariable du Seigneur. Oh ! soyez du petit
nombre de ceux qui écoutent sa voix et qui
lui ouvrent la porte. Il condescend à
prendre cette place de suppliant venant heurter
à la porte, précisément dans
les plus mauvais jours. C'est alors qu 'II nous
sollicite avec le plus d'ardeur.
Mais les temps se hâtent ; la voix du
Seigneur fait entendre son dernier appel dans un
monde qui ne veut pas de Lui. Où serez-vous
quand la porte de la grâce sera
fermée ?
L'ÂME ANXIEUSE ET SES
DIFFICULTÉS
(Dialogue).
II
L'ELECTION ET LA GRÂCE
- N'est-il pas vrai que les âmes
sauvées sont élues de Dieu ?
- Évidemment. Ce n'est d'ailleurs qu'un
résultat de cette
omniscience de Dieu dont le Psaume CXXXIX nous
parle avec beaucoup de détails.
- Comment donc puis-je savoir si je suis du nombre
des élus de Dieu ?
- Permettez-moi d'abord de vous demander ce que
vous entendez par le mot
« élu » ?
N'est-ce pas quelqu'un qui est choisi pour
être sauvé ?
- Oui ; d'après
2 Timothée II, 10 ;
Romains VIII, 33, on voit que le mot
est employé pour désigner les
chrétiens, les fidèles, ceux qui sont
sauvés ; mais c'est une expression qui
rappelle surtout les pensées de Dieu
à leur égard, et par
conséquent les soins qu'il leur prodigue. Or
ces pensées ne sont pas venues après
coup, elles ne sont ni récentes, ni
nouvelles, car il est dit :
« Élus selon la
préconnaissance de Dieu le Père, en
sainteté de l'Esprit »
(1 Pierre I, 2), puis :
« Selon qu'il nous a élus en Lui
(en Christ) avant la fondation du monde,
pour que nous fussions saints et
irréprochables devant Lui en
amour »
(Éphésiens I, 4).
L'élection de la part de Dieu est donc un
fait incontestable, mais nous avons à
examiner quelle en est la nature.
- Je vois bien, en effet, que la pensée de
Dieu est arrêtée de toute
éternité ; mais c'est là
précisément ce qui cause ma
difficulté. S'il en est ainsi, je suis
privé de toute force pour obtenir le salut.
Que puis-je faire si je ne suis pas
élu ?
- Vous avez raison ; mais votre question
montre que vous n'avez pas encore saisi le salut
tel que Dieu nous le présente dans sa
parole.
Partout nous y voyons que le salut est un effet de
la pire grâce de Dieu ; que nous
n'avons rien à faire pour l'obtenir,
mais qu'il faut recevoir simplement ce que Dieu
nous donne gratuitement ; c'est lorsque nous
étions encore sans force que Christ
est mort pour des impies
(Romains V, 6). Dieu ne demande pas
que nous fassions ou que nous donnions quelque
chose. Ce que nous méritions, c'est la mort,
gages du péché ; mais le
DON de grâce de Dieu, c'est la vie
éternelle dans le Christ Jésus notre
Seigneur. Tout est de Dieu. Je vous parle
librement, car je ne pense pas que vous soyez de
ceux qui cherchent à rejeter sur Dieu la
faute de leur condamnation, en disant :
« Tant pis si nous ne sommes pas
élus. » Parler ainsi n'est pas
seulement une impiété ; c'est un
manque de véracité, le vain effort
d'un coeur qui veut cacher son dessein
arrêté de persévérer
dans un état de rébellion contre
Dieu.
- Je ne voudrais certes pas tenir un pareil
langage. Je crois que Dieu est amour ; mais il
me semble voir que la grâce n'est accessible
qu'à quelques-uns, tandis que d'autres s'en
trouvent privés. Comment puis-je être
assuré que je ne suis pas de ces
derniers ?
- Il faut d'abord bien comprendre que la
grâce de Dieu est là pour tous,
en vertu de l'oeuvre que Christ a
opérée une fois pour toutes et qui a
satisfait à toutes les exigences de la
justice divine. Il y a un seul
médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme
Christ Jésus, dont l'oeuvre a
été accomplie à l'égard
de Dieu d'un côté,
et,de l'autre, à
l'égard des hommes comme tels. Car
« Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés et viennent à la
connaissance de la
vérité. » En
conséquence, nous lisons que Christ s'est
donné en rançon pour tous
(1 Timothée II, 3-6).
L'apôtre Pierre rappelle aussi aux
fidèles que, si le Seigneur semble retarder
l'accomplissement final de toutes ses
précieuses promesses, c'est qu'il est
patient, ne voulant pas qu'aucun pécheur
périsse, mais que tous viennent
à la repentance ; nous devons donc
estimer que la patience du Seigneur est salut
(voyez
2 Pierre III, 9,
15). Paul dit clairement que la
justice de Dieu par la foi de Jésus-Christ
est « envers tous », est
présentée à tous, mais elle
n'a de résultat pratique qu'en ceux qui
croient
(Romains III, 22).
- Ainsi, d'après vous, la volonté de
Dieu est que le salut soit présenté
à tous indistinctement.
- Non pas d'après moi, mais d'après
le témoignage constant de la parole de
Dieu.
- Comment donc se fait-il que tant de personnes
n'en profitent pas ?
- Par la même raison que si un homme riche et
bienfaisant faisait une invitation
générale, engageant quiconque le
voudrait à venir participer à un
banquet, il est plus que probable que bien des
personnes, pour une raison ou une autre, n'y
viendraient pas. Le Seigneur Lui-même le dit
dans la parabole que nous trouvons au
chapitre XIV de l'évangile de
Luc. Le souper était grand,
l'invitation libre, mais les
conviés s'excusèrent unanimement, et
même ceux qui, à la fin,
sontentrés, y furent
contraints. Assurément cela parle
à notre conscience : nous n'aimons pas
avoir affaire à Dieu, même sur le pied
de la grâce ; nous
préférons notre propre volonté
et le péché.
- Il faut donc me repentir du péché
pour pou voir venir à Dieu ?
- Non pas. La repentance est elle-même un
effet de la grâce de Dieu qui a
déjà saisi le coeur. C'est la
bonté de Dieu qui nous y pousse
(Romains II, 4).
- Mais j'ai toujours pensé que
c'était mon repentir qui m'ouvrirait la
porte du salut que Dieu donne.
- Vous vous trompez entièrement. D'abord,
comme je vous l'ai montré par la parole de
Dieu, cette porte est déjà
ouverte, et elle reste ouverte, à cause
du seul sacrifice du Seigneur Jésus-Christ,
par qui la propitiation est faite devant
Dieu. C'est la justice de Dieu qui la maintient
ouverte aussi longtemps que dure le jour de la
grâce ; car cette justice a
été satisfaite par la mort de Christ.
« Ayant fait par Lui-même la
purification des péchés, il s'est
assis, et demeure assis à
perpétuité à la droite de
Dieu »
(Hébreux I, 3 ;
X, 12). Voilà ce qui vous
ouvre le chemin du salut ; c'est la
grâce de Dieu, et non pas votre repentir,
quelque sincère qu'il soit, et
précieux d'ailleurs comme un fruit
nécessaire de la grâce reçue
dans le coeur.
Ensuite, permettez-moi de vous dire que vous n'avez
pas le droit de « penser » quoi
que ce soit dans les choses de Dieu, à moins
que Dieu ne vous le dise dans sa parole.
« Ses pensées ne sont pas nos
pensées », est-il écrit.
Notre sagesse et notre bonheur consistent à
croire simplement ce que Dieu nous dit.
- Nous lisons pourtant qu'il y a de la joie au ciel
pour un pécheur qui se repent.
- C'est vrai ; mais là n'est pas la
question.
La repentance est nécessaire, mais
d'où vient-elle, et quand a-t-elle
lieu ? Est-ce avant ou après que la
grâce de Dieu a saisi le coeur ? Les
paraboles de
Luc XV, où l'expression se
trouve, nous le disent clairement. Que fait la
brebis perdue pour retourner dans la maison du
berger ?
- Rien ; c'est le berger qui la cherche et qui
l'y apporte.
- Et que fait la pièce de monnaie perdue
pour être trouvée ?
- Rien non plus ; et cela me semble encore
plus frappant. Elle ne pouvait rien faire. C'est la
femme qui se donne beaucoup de peine pour la
chercher, et qui la trouve.
- Et cependant c'est à cela que le Seigneur
applique le terme de repentance, lorsqu'il dit
qu'il y a ainsi de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se repent.
- C'est vrai ; combien cela est beau ! Je
n'avais jamais compris ainsi ce passage.
- La troisième parabole entre plus avant
dans les détails de l'oeuvre de la
grâce. Elle nous montre le père,
apercevant le premier son fils quand il est encore
loin, courant à sa rencontre et se jetant
à son cou, bien qu'il fût encore
couvertde haillons. Le fils ne
connaissait pas encore l'amour de son père,
lorsque, poussé par l'excès de sa
misère, il vient seulement réclamer
une place de mercenaire. Il ignorait le
coeur de son père, il ne pensait pas que son
père pouvait pardonner, et n'osait pas
espérer qu'il le ferait pleinement, bien
moins encore s'attendait-il à être
introduit dans la relation et les privilèges
de fils. Nos pauvres coeurs limitent
toujours la bonté de Dieu, nous pensons
qu'il est tel que nous. C'est l'expérience
tout inattendue que nous faisons de son amour qui
fait que notre âme ose enfin lever les yeux
vers Lui pour eu sonder les infinies profondeurs.
Lorsque le fils prodigue se trouve entre les bras
de son père, il faut bien qu'il mette de
côté la pensée d'être
traité comme un des
« mercenaires » ;
c'eût été faire insulte
à son père. Mais il confesse son
péché ; il parle de son absolue
indignité à celui qui le couvre de
baisers. Jamais, assurément, il n'avait
autant senti le vrai caractère de son
iniquité ; jamais il n'avait vu avec
autant de clarté la grandeur de son
péché contre un père dont
l'amour était si grand.
- Je crois comprendre maintenant. Vraiment l'amour
de Dieu est merveilleux, il attire le coeur.
J'avais tort de m'occuper autant de
l'élection.
- L'élection de Dieu est aussi une
vérité précieuse ; nous
en reparlerons, mais il faut l'envisager à
sa place, sans quoi la vérité de Dieu
serait faussée. En attendant, il est
important de comprendre qu'il n'y a rien
d'arbitraire dans l'oeuvre
de Dieu. La propitiation pour les
péchés
étantfaite, Dieu est
conséquent avec Lui-même en
présentant le salut à tous, en
sorte que quiconque croit est sauvé.
Les passages de la parole de Dieu qui disent cela,
sont nombreux :
Jean III, 16-18,
36 ;
V, 24, 25 ;
VI, 40 ;
X, 27-30. Voilà quelques
versets tirés de l'évangile de Jean
qui parle aussi de l'élection d'une
manière plus catégorique
peut-être qu'aucune autre partie des
Écritures. Mais nulle part non plus nous ne
voyons plus clairement proclamée la
responsabilité du pécheur
d'écouter ce que Dieu dit. Quel est
d'ailleurs le signe auquel se reconnaît une
brebis de Christ ? « Mes
brebis, » dit le Seigneur,
« écoutent ma voix. »
Rien n'est plus clair et plus décisif.
(suite)
SAVOUREZ ET VOYEZ QUE LE SEIGNEUR EST
BON
Oh ! que bienheureux est l'homme qui se
confie en lui !
(Ps. XXXIV, 8.)
La grâce agit envers tous les hommes sur ce
seul fondement commun, c'est qu'ils sont
pécheurs ; elle nivelle leur
condition morale, et ne se présente
qu'à ceux qui ont besoin
(Luc V, 31, 32). C'est
précisément ce que l'homme ne
peut souffrir, car ce qu'il cherche toujours
à faire, c'est d'établir une
différence entre la justice et l'injustice
dans l'homme, afin de pouvoir revêtir un
certain caractère devant les autres.
Mépriser la justice qui vient de Dieu et
exaltercelle qui vient de
l'homme, ce sont deux choses qui vont toujours
ensemble.
D'un autre côté, on a quelquefois la
pensée que la grâce suppose que
Dieu passe sur le péché. Mais
non : tout au contraire ! La
grâce suppose que le
péché est une chose tellement
mauvaise, que Dieu ne saurait le tolérer.
S'il était au pouvoir de l'homme,
après avoir été injuste et
mauvais, d'amender ses voies de manière
à subsister devant Dieu, il n'y aurait aucun
besoin de grâce. Le fait même
que Dieu est plein de grâce montre que
le péché est une chose tellement
mauvaise, que l'homme étant pécheur,
son état est un état de ruine
complète et sans ressource, - et que la
grâce seule (la pure et souveraine
grâce) peut venir au-devant de lui et
répondre à ses besoins.
Voici comment s'est manifesté le triomphe
de la grâce : c'est que lorsque
l'inimitié de l'homme eut rejeté
Jésus de la terre, l'amour de Dieu
introduisit le salut par cet acte même, -
intervenant pour faire l'expiation des
péchés de ceux qui l'avaient
rejeté. En présence de l'entier
développement du péché de
l'homme, la foi voit la plus complète
manifestation de la grâce de Dieu. Où
la foi voit-elle la plus grande profondeur du
péché de l'homme et de son
inimitié contre Dieu ? À LA
CROIX ; et du même coup d'oeil elle y
découvre toute l'étendue du triomphe
de l'amour et de la miséricorde de Dieu
envers l'homme. La lance du soldat, qui
perça le côté de Jésus,
n'en fit sortir que ce qui parle de
pardon.
Je m'éloigne de la grâce, si
j'ai le moindre doute ou la moindre
hésitation quant à l'amour de
Dieu ; alors mon langage sera : Je suis
malheureux, parce que je ne suis pas ce que
j'aimerais être. Je devrais plutôt
demander : Dieu est-Il ce que
j'aimerais qu'il fût ? Jésus
est-Il tout ce que je puis
désirer ? Si la conscience de ce que
nous sommes, - de ce que nous trouvons en
nous-mêmes - produit, tout en nous humiliant,
quelque autre effet que celui d'augmenter en nous
un sentiment d'adoration à cause de ce que
Dieu est, nous ne sommes pas sur le terrain de la
pure grâce. - ? La foi ne prend jamais
pour son objet ce qui est dans notre coeur, mais la
révélation que Dieu a faite de
lui-même en grâce. Si nous nous
arrêtons à mi-chemin, et que nous ne
voyions rien que la loi, cela ne fera que
nous montrer notre condamnation, et nous prouver
que nous sommes « sans
force ; » si Dieu permet que
nous voyions notre véritable état,
c'est justement là que la grâce
vient nous rencontrer.
La grâce de Dieu est tellement
illimitée, si riche, si parfaite, que si
nous quittons pour un seul instant la
présence de Dieu, nous ne pouvons plus en
avoir vraiment conscience ; nous sommes sans
force pour la saisir, et si nous essayons de la
connaître en dehors de sa présence,
nous ne ferons que la changer en dissolution.
La grâce suppose tout le
péché et tout le mal qui est
en nous ; et elle est la
révélation bénie que, par le
moyen de Jésus, tout ce
péché et tout ce mal ont
été ôtés. Un seul
péché est plus
horrible devant Dieu que ne le
sont pour nous mille péchés, et
même tous les péchés du monde.
Et pourtant, tandis que nous avons pleinement la
conscience de ce que nous sommes, ce que Dieu a
bien voulu être envers nous, c'est
AMOUR ! En même temps, il faut nous
rappeler que le but et l'effet nécessaires
de la grâce sont d'amener nos
âmes en communion avec Dieu ; - de nous
sanctifier en nous faisant connaître et aimer
Dieu. Ainsi, la connaissance de la grâce est
la vraie source de la sanctification.
Un homme peut voir le péché comme une
chose mortelle ; il peut voir que rien de ce
qui souille ne saurait entrer dans la
présence de Dieu ; sa conscience peut
avoir été amenée à une
vraie conviction de péché ; mais
ce n'est pas là « goûter que
le Seigneur est bon. » C'est une bonne
chose que d'être amené même
à ce point, reconnaissant que le Seigneur
est juste ; mais il ne faut pas
s'arrêter là ; car sans la
grâce on serait conduit au désespoir.
Je ne puis pas dire que Dieu devrait
être plein de grâce ;
mais je puis dire, si j'ignore la grâce,
qu'il devrait me rejeter, comme pécheur,
loin de sa présence, parce qu'il est
juste. Ainsi nous voyons qu'il faut
apprendre ce que Dieu est envers nous, non par nos
propres pensées, mais par ce que Lui a
révélé : II est
« le Dieu de toute
grâce. » Dès que j'ai
compris que je suis un homme pécheur,
et que c'est parce que le Seigneur
connaissait toute l'étendue et tout l'odieux
de mon péché, qu'il est venu
jusqu'à moi, dès ce moment,
j'aicompris ce qu'est la
grâce. La foi me fait voir que Dieu
est plus grand que mon péché.
« Dieu signale son amour envers nous, en
ce que, lorsque nous étions encore
pêcheurs, Christ est mort pour
nous. » Aussitôt que je crois que
Jésus est le Fils de Dieu, je vois que Dieu
est venu jusqu'à moi parce que
j'étais un pécheur et que je ne
pouvais aller à lui. C'est là
la grâce.
Dieu, voyant le sang de son Fils, en est pleinement
satisfait ; et si j'en suis satisfait, c'est
là ce qui glorifie Dieu. Mais le Sauveur que
j'ai connu comme donnant sa vie pour moi, est le
même Seigneur à qui j'ai affaire tous
les jours de ma vie ; et toutes ses voies avec
moi découlent de ce même principe de
grâce. Si je désire connaître ce
qu'est son amour, je l'apprends à la
croix ; II s'est donné lui-même
pour moi, afin que toute la plénitude et
toute la joie qui sont en lui fussent à moi.
Et i] faut que je l'apprenne toujours, comme un
enfant nouvellement né, désirant le
lait spirituel et pur, afin que je croisse par son
moyen. Le grand secret de la croissance, c'est de
regarder au Seigneur comme étant plein de
grâce. Qu'il est précieux et qu'il
est fortifiant de savoir que Jésus,
à cette heure même, a toujours et
exerce toujours le même amour envers moi que
lorsqu'il mourut sur la croix pour moi ! C'est
là une vérité que nous
devrions appliquer dans les circonstances
ordinaires et journalières de la vie.
Supposez, par exemple, que j'aie un mauvais
caractère que je surmonte avec peine ;
si je place cela devant Jésus, une puissance
sortira de luipour
répondre à mes besoins. La foi
devrait toujours être ainsi en exercice
contre la tentation, au lieu de mes propres
efforts, qui seront toujours insuffisants. Mais
l'homme naturel en nous ne veut jamais permettre
que Christ soit l'unique source de toute
force et de toute bénédiction.
Supposez que je ne sois pas en communion avec le
Seigneur, l'homme naturel dira : II faut que
je corrige la cause de tout cela, avant que je
puisse aller à Lui. Mais II est bon,
et si nous le savons, il s'agit de retourner
à Lui immédiatement, absolument tels
que nous sommes, puis de nous humilier
profondément devant Lui. Ce n'est qu'en Lui,
et comme venant de Lui, que nous trouverons ce qui
restaurera notre âme. L'humilité en sa
présence est la seule vraie humilité.
Si nous reconnaissons en sa présence ce que
nous sommes, nous trouverons qu'il ne nous montrera
rien que grâce.
Y a-t-il de la méfiance et de la
détresse en votre esprit ? voyez si ce
n'est pas parce que vous dites encore : Moi,
moi, et que vous perdez de vue la grâce de
Dieu. Mieux vaut penser à ce que Dieu
est, que penser à ce que nous sommes.
Regarder ainsi à nous-mêmes, c'est
réellement, au fond, de l'orgueil. Ce n'est
pas avoir pleinement la conscience que nous ne
valons absolument rien. Jusqu'à ce que
nous le voyions, nous ne détournons jamais
entièrement nos yeux de nous-mêmes
pour ne regarder qu'à Dieu. Quelquefois,
peut-être, la considération du mal qui
est en nous pourra être un moyen pour nous
enseigner en partie ce qu'est ce mal ; mais il
n'enest pas moins vrai que ce
n'est pas tout ce qui est nécessaire. En
regardant à Christ, c'est notre
privilège de nous oublier nous-mêmes.
La vraie humilité ne consiste pas tant
à entretenir une mauvaise opinion de
nous-mêmes, qu'à ne pas penser du
tout à nous-mêmes. Je suis trop
mauvais pour qu'il vaille la peine de penser
à moi ; ce dont j'ai besoin, c'est de
m'oublier moi-même et de regarder à
Dieu, qui est, en vérité, digne de
TOUTES mes pensées. Avons-nous besoin
d'être humiliés à
l'égard de nous-mêmes ? Soyons
assurés que, de cette manière, nous
le serons.
Si nous pouvons dire « qu'en moi,
c'est-à-dire en ma chair, il n'habite pas de
bien, » nous avons bien assez
longtemps pensé à nous-mêmes.
Pensons donc à Celui qui a eu sur nous
« des pensées de paix, et non pas
d'adversité, » bien avant
que nous ayons jamais pensé à
nous-mêmes. Considérons ce que sont
ses pensées de grâce à
notre égard, et saisissons les paroles de la
foi : « Si Dieu est pour nous, qui
sera contre nous ? »
LE BIJOUTIER INCRÉDULE
Je demeurais, il y a quelques années,
près d'un bijoutier que je voyais souvent
travailler dans un petit cabinet au fond de son
jardin. C'était un homme
très-réservé, qui se souciait
à peine de me saluer. Je m'aventurai
cependant un jour à lui faire quelques
remontrances sur l'habitude qu'il avait de jurer
constamment ; mais
il se mit en grande colère, proférant
encore plus d'imprécations, et s'en alla en
disant qu'il était libre d'agir et de parler
comme il lui semblait bon. Une autre fois,
lorsqu'un de ses amis lui parla à cause de
sa terrible habitude, il répondit :
« Qu'on me laisse tranquille. Je n'aime
pas que l'on me sermonne ainsi, je suis en bonne
santé ; mes affaires vont bien, jamais
je n'ai eu le moindre trouble ; de quoi
m'inquiéterais-je ? »
Bientôt après, il put faire
l'expérience de cette parole :
« Ne te vante pas du jour du
lendemain »
(Proverbes XXVII, 1). Épreuves
sur épreuves fondirent sur lui comme les
vagues d'une soudaine tempête après le
calme. Sa femme lui fut enlevée
subitement ; puis il perdit successivement
plusieurs de ses enfants. Quelque robuste qu'il
fût, il ne se remit jamais de ces coups
réitérés, mais il s'accrochait
toujours avec force à la pensée que
la mort n'était pas encore si proche pour
lui.
Un jour, un ami, prenant occasion de ses
afflictions, le suppliait de chercher Dieu,
à la miséricorde duquel il avait si
longtemps fermé son coeur, lui rappelant
aussi que les pertes douloureuses qu'il avait
faites étaient des avertissements que Dieu
lui adressait. « J'ai encore bien le
temps, » répondit-il,
« croyez-vous donc que je sois sur le
point de mourir ? »
Mais peu de temps s'était
écoulé, qu'une grave maladie le
couchait sur un lit de douleur. Un matin qu'il se
réveillait d'un pesant sommeil, on
l'entendit s'écrier :
« Seigneur, aie pitié de
moi ! Oh ! qu'ai-je fait pour être
ainsi affligé
ettourmenté ? »
Mais bientôt ce pauvre malheureux repoussait
de toutes ses forces l'idée d'une autre vie.
« II n'y a point d'enfer, »
répétait-il, « et s'il y a
un Dieu, Il me pardonnera quand j'arriverai au lieu
où II habite. » Tous les efforts
tentés pour l'amener à croire la
parole de Dieu furent inutiles.
Le dimanche avant sa mort, un ami essaya de lui
lire la Bible, mais le malade se mit dans une telle
fureur, que le visiteur se vit obligé de
quitter la chambre en toute hâte ; trois
jours après vint sa dernière heure.
Midi avait sonné, lorsque tout à
coup, les yeux démesurément ouverts,
il s'écria avec l'accent de la
terreur : « Ils viennent, ils
viennent ! Au secours ! Au secours !
Oh ! n'y a-t-il personne qui veuille me
secourir ? O Dieu, ne veux-tu pas me
secourir ? Faut-il que j'aille dans ce
terrible lieu, auquel je n'ai pas voulu
croire ? Oui, oui ; les voilà, ils
s'avancent, ils me saisissent. Au secours ! au
secours ! » Et il retomba mort sur
son lit.
« Parce que j'ai crié, et que vous
avez refusé d'ouïr... parce que vous
avez rejeté tout mon conseil, et que vous
n'avez pas agréé que je vous
reprisse ; aussi je me rirai de votre
calamité ; je me moquerai quand votre
effroi surviendra »
(Proverbes 1, 24-26).
« Ne vous séduisez pas, on ne se
moque pas de Dieu » (Galates VI, 7).
(Faithful Words.)
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