LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. V
CINQUIÈME
ANNÉE 1878
LA QUESTION DE L'HOMME RICHE
« QUE FAUT-IL QUE JE FASSE POUR
HÉRITER LA VIE
ÉTERNELLE ? »
LA VIE ÉTERNELLE ! Quelles
pensées sérieuses réveillent
ces paroles ! La vie sur cette terre n'est que
de quelques jours ; bientôt il faudra la
déposer, et tout ce qui nous entoure ici
aura passé sans retour. Alors commencera une
tout autre existence, dont rien actuellement ne
peut nous donner une idée ; mais ce
qu'il y a de certain, c'est qu'il faudra
nécessairement paraître devant Dieu.
Comment s'assurer, après la mort, la vie
éternelle, la jouissance sans fin du vrai
bonheur dans la présence du Dieu vivant de
qui tout bien procède ?
De semblables pensées agitaient sans doute
le coeur du jeune homme riche lorsqu'il accourut et
se jeta à genoux devant le Seigneur
Jésus-Christ en lui disant :
« Bon Maître, quel bien ferai-je
pour avoir la vie
éternelle ? »
(Matthieu XIX, 16 ;
Marc X, 17.)
Peut-être éprouva-t-il un certain
soulagement en entendant le Seigneur lui rappeler
les commandements, et qu'il crut pouvoir
répondre, en toute bonne conscience :
« Maître, j'ai gardé toutes
ces choses dès ma jeunesse. » Mais
il y avait, dans les paroles de Jésus, un
mot destiné à lui dévoiler la
cause cachée de son inquiétude et
à lui faire sentir plus que jamais le vide
du coeur d'où provenait sa question :
« Bon Maître, que ferai-je afin
que j'hérite de la vie
éternelle ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi
m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon, si ce
n'est DIEU SEUL. »
Cette parole faisait crouler tout l'édifice
des bonnes oeuvres et de la propre justice
auxquelles le jeune homme s'était si
fortement attaché. Il n'avait
été occupé que du bien qui
procède, de l'homme, et son coeur aimait
à reconnaître chez autrui une
bonté inhérente à la nature
humaine, qui permît à sa conscience
d'en admettre la possibilité chez
lui-même. Voilà pourquoi il appela
Jésus : « BON
Maître. » II avait
vécu honnêtement, il n'avait fait tort
à personne, sa vie avait été
pure aux yeux de ceux qui l'entouraient ;
remplie peut-être de bonnes oeuvres,
d'aumônes, etc. Mais cela pouvait-il
suffire ? Sa conscience lui disait sourdement
ce que sa question démontrait d'une
manière éclatante : Non,
NON ! Avec tant de bonnes qualités,
il n'avait pas la vie éternelle, il ne
savait même pas comment l'obtenir.
Quelle ne fut donc pas sa tristesse, lorsqu'il vit
s'évanouir pour lui, à mesure que
Jésus parlait pour la seconde fois, toute
espérance fondée sur ce qu'il avait
fait ! « Jésus, l'ayant
regardé, l'aima et lui dit : Une chose
te manque : va, vends tout ce que tu as, et
donne aux pauvres, et tu auras un trésor
dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant
chargé la croix. Et lui, affligé de
cette parole, s'en alla tout triste, car il avait
de grands biens. » C'était
pourtant une parole d'amour que celle de
Jésus. Il montrait au jeune homme riche ce
qui retenait son coeur en captivité, ce
qu'il fallait laisser pour saisir la vie
éternelle, objet desa
recherche. Mais le jeune homme ne peut accepter ce
que le Seigneur lui propose ; il garde sa
tristesse, et s'éloigne de
Jésus...
C'est pour toi, cher lecteur, que ces paroles sont
écrites. La question du jeune homme riche te
concerne aussi. La considérerais-tu comme de
peu d'intérêt ? Il n'en est point
de plus solennelle. Voudrais-tu donc faire comme
lui ? Où iras-tu si tu
t'éloignes de Jésus ? Lui seul a
les paroles de la vie éternelle. Il est
lui-même la vie éternelle, et II donne
cette vie à quiconque croit en Lui
(Jean VI, 47,
68 ;
1 Jean V, 20 ;
Jean III, 16).
Ah ! sans doute, il est dur pour la chair de
renoncer à tout ce que l'on s'est
figuré être, pour reconnaître
qu'en soi, il n'y a rien de bon ; que l'on
n'est qu'un pauvre être impuissant, coupable
et perdu. Il est dur pour l'homme naturel de
laisser là toute confiance en soi-même
pour n'avoir d'espérance qu'en un Christ
crucifié ; de renoncer à
l'estime du monde pour charger la croix et porter
l'opprobre du Christ. Mais c'est l'unique voie de
la vie ; c'est Christ crucifié, Christ
la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu.
Viens donc sans tarder, maintenant que sa voix fait
entendre son invitation de grâce. Quel sort
terrible t'attend si tu méprises Celui qui
te parle des cieux, et qui bientôt
ébranlera « non-seulement la
terre, mais aussi le ciel »
(Hébreux XII, 26).
Quand les choses visibles et muables auront fini
leur cours, que les cieux passeront avec un bruit
sifflant et que les éléments
embrasés
serontdissous ; quand la
terre et les oeuvres qui sont en elle seront
brûlées entièrement, où
sera l'estime, l'honneur, l'approbation des
hommes ? Où seront les richesses et les
plaisirs ? Tout se sera évanoui comme
un vain songe. - Et toi, où
seras-tu ?
Alors sera dressé le tribunal inflexible de
Celui qui amènera toute oeuvre en jugement.
Quelle confusion te couvrira quand tu te
rappelleras le mépris que tu auras fait de
la grâce, de l'amour, de la patience de Celui
qui t'invite aujourd'hui à le suivre,
et qui, alors, sera assis pour te
juger ! Ah ! que ton sort sera
épouvantable quand, au bout du chemin large
où tu auras préféré
marcher, tu verras la perdition !
C'est pourquoi, afin de te sauver de cette fin
terrible, II te dit : « Viens,
suis-moi. » Tu demanderas
peut-être : Qui est celui qui m'appelle
ainsi à marcher dans un chemin si
nouveau ?
Si l'on regarde à son apparence, il n'y
avait rien en Lui à le voir qui fît
qu'on le désirât
(Esaïe LIII, 2). Il marcha sur
la terre dans une condition humble ; il
était « le
charpentier », pour ceux au milieu
desquels il fut élevé.
Étranger ici-bas, il n'avait pas où
reposer sa tête : Traité de
séducteur et de rebelle par les docteurs,
les sacrificateurs et les principaux de son peuple,
il est « le méprisé et le
rejeté des hommes. » C'est
là celui qui te dit :
« Suis-moi. »
De quel droit donc fait-il entendre un semblable
appel ? Quelle est son
autorité ?
Elle ne vient point de la terre ; ses droits
coulent d'une source que le monde ne connaît
pas.
Celui qui parle ainsi, quelle que fût son
apparence aux yeux des hommes, est le FILS UNIQUE
DE DIEU. Toutes choses ont été faites
par Lui, et II les soutient par la parole de sa
puissance. Il est le resplendissement de la gloire
de Dieu et l'empreinte de sa substance ; par
Lui seul DIEU nous est révélé
(Jean I, 2, 3,
18 ;
Hébreux I, 2, 3). Il vint
habiter au milieu des hommes, plein de grâce
et de vérité, faisant briller,
à travers l'humble forme qu'il avait
revêtue, toute la gloire d'un Fils unique de
la part du Père
(Jean I, 14, 16).
Les hommes le méconnurent et le
dédaignèrent ; mais Dieu l'a
reconnu et glorifié comme son Fils
bien-aimé
(Matthieu III, 17 ;
XVII, 5).
Quelle beauté dans sa personne
adorable !
(Ps. XLV, 2.) Sur ses lèvres
était la grâce
(Luc IV, 22). « Jamais
homme ne parla comme cet homme »
(Jean VII, 46). Dans ses mains
éclatait la puissance. Il guérit les
malades ; les démons reconnaissent son
pouvoir et s'enfuient à son
commandement ; d'un mot II calme la
tempête, et, devant Lui, la mort même
rend ceux dont elle a fait sa proie.
Et dans son coeur, quel amour pour supporter, pour
pardonner, pour essuyer les larmes ! Quelle
sainteté dans la vie de Celui qui pouvait
dire à ses plus acharnés
adversaires : « Qui d'entre vous me
convaincra de
péché ? »
(Jean VIII, 46.)
C'est le Fils de Dieu, - « la Parole
faite chair. » N'a-t-il pas
l'autorité de te dire :
« Viens,
suis-moi » ?
Pour entrer dans le chemin où II t'appelle,
qu'as-tu à faire ?
Le premier pas, c'est d'estimer à leur juste
valeur tes oeuvres, ta propre justice ; tout
cela, aux yeux du Dieu très-saint, n'est que
comme une chose souillée. Si tu oses jeter
sur toi-même un regard vrai, tu confesseras
qu'elles ne te satisfont même pas. Place-toi
donc devant les saintes et justes exigences de
Dieu, et reconnais, dans cette lumière qui
découvre tout, que tu n'es qu'un être
vil, un pécheur perdu, sans espoir en
toi-même
(Esaïe VI, 5). Ta place, ta
vraie place, c'est d'être devant Lui comme
celui qui, n'osant lever les yeux au ciel,
disait : « O Dieu, sois
apaisé envers moi, le
pécheur. » Toutes tes oeuvres ne
te serviront pas ; quoi que tu aies pu faire,
quoi que tu fasses, tu ne peux par toi-même
obtenir la vie éternelle.
Mais écoute ce que Lui a fait. Il a
quitté la gloire du ciel pour descendre
ici-bas dans l'humiliation la plus profonde,
prenant la forme d'esclave, obéissant
jusqu'à la mort de la croix.
Pourquoi ? - Pour glorifier sur la terre le
Dieu que tes péchés avaient
offensé. Pour plus encore : S'il est
monté sur la croix, s'il a crié dans
l'angoisse de son âme : « Mon
Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu
abandonné », c'est que, là,
II mettait son âme en oblation pour, le
péché ; là, II subissait
la peine due au péché ;
là, le juste souffrait pour les
injustes ; là, II satisfaisait
pleinement à ce qu'exigeait la justice de
Dieu à l'égard du
péché.
C'est pourquoi II peut te dire :
« Viens » ;
carDieu était en Christ
réconciliant le monde avec Lui-même.
« Viens », car c'est par
Lui seul que tu peux avoir la vie éternelle.
Tu n'as rien à faire que de venir, comme un
pécheur perdu, à Celui qui est venu
chercher et sauver ce qui était perdu, et
qui pour cela a accompli tout ce qu'il fallait.
Viens donc, te dit-Il, et suis-moi.
Dans quelle voie le Seigneur veut-Il te
conduire ? Il l'a dit au jeune homme riche
« ... ayant chargé la
croix. » Ce sentier pourrait-il
être autre que celui qu'il a foulé
Lui-même ? Ce n'est certes pas le chemin
large de l'estime et de l'approbation du
monde ; ni celui des honneurs, des richesses
et des aises de la vie ; ce n'est pas le
chemin où chacun suit sa propre
volonté et marche dans la vanité de
ses pensées.
Non, le chemin du Seigneur est étroit ;
c'est un sentier de séparation, de
renoncement et de mort à soi-même et
au monde. Il l'a dit lui-même :
« Quiconque ne renonce pas à tout
ce qu'il a ne peut être mon
disciple »
(Luc XIV, 33). Celui qui y marche
peut dire : « Qu'il ne m'arrive pas
à moi de me glorifier, sinon en la croix de
notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le
monde m'est crucifié, et moi au
monde »
(Galates VI, 14). Quoi
d'étonnant si dans le sentier du Seigneur on
rencontre la haine et l'opprobre du
monde ?
Voudrais-tu là où Jésus a
été méprisé, couvert
d'ignominie et mis à mort, être mieux
traité que lui ? « Tout
disciple accompli sera comme son
maître »
(Luc VI, 40). « Le monde ne
nous connaît pas, parce
qu'il ne l'a pas connu »
(1 Jean III, 1).
Mais, d'un autre côté, le chemin
où Jésus t'appelle à le suivre
est plein de lumière au milieu des
ténèbres d'un monde qui ne
connaît pas Dieu. Il est la lumière,
et celui qui le suit ne marchera pas dans les
ténèbres
(Jean VIII, 12). C'est un sentier de
paix : « Je vous donne ma
paix, » a-t-Il dit aux siens. Là
se trouvent ces fontaines d'eau vive qui
rafraîchissent l'âme, qui
répandent en elle, par la jouissance de la
communion avec Dieu, une paix et une joie
permanentes.
Et sais-tu où il a abouti, le chemin que le
Fils de l'homme a parcouru ? À la croix
sur la terre, oui ; mais à la gloire
auprès de Dieu. Il a méprisé
la honte, II a enduré la croix, et
maintenant II est assis à la droite du
trône de Dieu
(Hébreux XII, 2), dans la
gloire et la joie éternelles.
Voilà aussi le but pour ceux qui le
suivent : Souffrir avec Lui maintenant, porter
son opprobre pendant quelques jours, mais avec la
paix et une joyeuse espérance dans le
coeur ; et puis régner avec Lui,
être pour toujours dans la présence
ravissante de Celui à la droite duquel sont
des plaisirs pour jamais et dont la face est un
rassasiement de joie. Oh ! que peut être
la légère tribulation d'un moment,
devant un poids éternel de gloire ?
(2 Corinthiens IV, 17.)
Laisse donc là tes oeuvres, les hommes avec
leurs fausses appréciations, le monde avec
sa vanité et ses convoitises. Un seul chemin
conduit à la gloire, à la vie
éternelle. C'est Jésus qui,
parsa mort, te l'a ouvert. C'est
Lui qui est le chemin, la vérité et
la vie. Suis-le maintenant ; demain
sera trop tard. Ne t'en va pas tout triste loin
de la source des eaux vives, pour te creuser des
citernes crevassées où tu ne
trouveras rien qui puisse étancher ta soif.
Suivre Christ, c'est la vie ; loin de Lui,
c'est la mort, le jugement et les peines
éternelles.
Ne veux-tu pas suivre Celui qui est la VIE ?
L'ÂME ANXIEUSE ET SES
DIFFICULTÉS
[Dialogue).
II
L'ELECTION ET LA GRÂCE (Suite)
- J'ai été profondément
intéressé par ce que vous m'avez
déjà dit au sujet de
l'élection de Dieu ; mais je
désirerais en savoir davantage. Il me
paraît difficile de concilier la
responsabilité du pécheur avec la
souveraineté du Dieu tout-puissant, qui fait
ce qu'il veut.
- Cher ami, nous n'avons rien du tout à
concilier. Il nous faut prendre simplement les
choses telles que Dieu nous les présente. La
foi ne raisonne pas sur ce qu'il fait, mais se
remet à Lui et se confie en sa parole. Ses
pensées ne sont pas nos pensées, et
ses voies ne sont pas nos voies ; autant que
les cieux sont élevés pardessus la
terre, autant ses voies sont élevées
- par-dessus nos voies, et ses pensées
par-dessus nos pensées
(Esaïe LV, 8-9).
- Je le comprends. Cependant il me
sembleque les voies de Dieu
doivent se justifier à nos yeux. N'est-il
pas dit qu'il n'y a pas d'injustice dans le
Tout-Puissant ?
- Certainement ; c'est la réponse
qu'Élihu fit à Job qui
prétendait que Dieu avait renversé le
droit. Mais vous voyez, par cet exemple, combien il
faut être élevé au-dessus de
toute recherche de nous-mêmes pour comprendre
les voies de Dieu. Job était un homme
intègre, mais il se trompait en pensant que
son intégrité pouvait le recommander
aux yeux de Dieu. Ce n'est pas que Dieu n'en
tînt pas compte ; au contraire.
Mais, comme tout autre homme pécheur, Job
avait besoin de la grâce. La
perfection absolue convient seule à la
présence de Dieu, et la perfection ne se
trouve pas en nous. D'un autre côté,
Dieu ne désire pas la mort du
pécheur, mais plutôt qu'il se
détourne de son train, et qu'il vive
(Ézéchiel XVIII,
23 ; voyez
aussi ! Timothée II, 4 ;
2 Pierre III, 9).
- Comment donc Dieu exerce-t-il sa
souveraineté ?
- Nous allons le voir. Dans les paroles
d'Élihu qui traitent de ce sujet
(Job XXXIII), deux choses nous sont
présentées. D'abord, « Dieu
sera toujours plus grand que l'homme
mortel. » Ensuite, lorsque Dieu, par de
grandes épreuves, a rabaissé la
fierté de l'homme et touché son
coeur, II a pitié de lui et dit :
« Garantis-le, afin qu'il ne descende pas
dans la fosse ; j'ai trouvé la
propitiation. »
Ainsi Dieu exerce sa souveraineté en
faisantgrâce au
pécheur. C'est ce qui amène celui-ci
à faire sa confession, comme nous le lisons
aux vers.
27, 28 : « Il
regardera vers les hommes et dira : J'avais
péché, j'avais renversé le
droit, et cela ne m'avait point
profité ; mais Dieu a garanti mon
âme, afin qu'elle ne passât point par
la fosse, et ma vie voit la
lumière. » N'est-on pas heureux de
reconnaître que tout vient de Dieu, de sa
pure grâce ?
- Oui ; et j'éprouve toujours du bien
en entendant parler de la grâce ; mais
j'aimerais savoir pourquoi Dieu doit exercer sa
souveraineté en faisant grâce.
Parce que tous les hommes sont pécheurs. Il
est dit que « l'Écriture a
renfermé toutes choses sous le
péché, afin que la promesse,
sur le principe de la foi en
Jésus-Christ, fût donnée
à ceux qui croient »
(Galates III, 22). Or, là
où il est question d'une promesse, il s'agit
de la souveraineté de Dieu, n'est-ce
pas ?
- Si je vous comprends bien, vous voulez dire
qu'une promesse n'est pas
méritée par celui qui la
reçoit, et ne dépend que de la bonne
volonté de celui qui la fait.
- Précisément. Dieu, étant
tout-puissant et souverain, peut promettre ce qu'il
veut. C'est ce qu'il a fait pour Abraham ; et
la promesse qu'il lui a donnée est
absolument sans condition, c'est-à-dire
qu'elle ne dépend que de Dieu seul.
- Quelle est donc cette promesse ?
- Nous la lisons au chapitre
XII de la Genèse, où
Dieu dit à Abraham : « En toi
toutesles nations de la terre
seront bénies. » L'apôtre,
dans le chapitre III des Galates, explique que la
« bénédiction »
appartient à celui qui croit en
Jésus-Christ. C'est sur. le principe de la
foi qu'elle est donnée. Il nous
montre aussi qu'elle comprend deux choses :
d'abord la justification du pécheur
(vers. 8,
24), ensuite le don du Saint-Esprit
à celui qui est justifié, et qui, par
suite de sa foi, est un « enfant de
Dieu »
(vers. 14,
26).
- Nous avons bien lieu, je le vois, de bénir
Dieu qui nous donne gratuitement la vie
éternelle. Comment aurions-nous pu l'avoir
autrement ?
- En effet, cher ami ; et remarquez encore
qu'au moment où Dieu fit cette promesse
à Abraham, toutes les nations avaient
déjà abandonné Dieu, et
étaient tombées dans
l'idolâtrie. L'homme ne cesse de
pécher contre Dieu, et Dieu, au lieu de le
punir comme il le mérite, se retire dans sa
souveraineté pour lui faire grâce.
- Tout cela est bien beau, mais il me semble qu'il
y a une limite à la
bénédiction, au moins dans son
application ; car ce n'est que
« ceux qui croient » qui y ont
part.
- Vous avez parfaitement raison, et il ne peut pas
en être autrement. La justice de Dieu
exigeait avant tout que le péché
fût ôté ; pour cela II a
envoyé son Fils. Maintenant il faut honorer
le Fils et croire en Lui pour entrer dans la
communion des pensées de Dieu. Pourrait-il y
avoir quelque bonheur pour une âme qui
vivrait éternellement sans jouir de la
communion avec leDieu qui est
l'auteur de la vie ? L'Écriture a dit
formellement : « Le juste vivra par
la foi »
(Habacuc II, 4). Votre conscience ne
vous dit-elle pas qu'il faut tôt ou tard
avoir affaire avec Dieu ?
- Oui, mais puisque Dieu agit en grâce
maintenant, on est heureux d'aller à Lui
à présent pour être
justifié, au lieu d'attendre pour être
jugé.
- Certainement. La grâce est la clef de
toutes ses voies envers nous actuellement.
« La loi a été
donnée par Moïse ; la grâce
et la vérité vinrent par
Jésus-Christ »
(Jean I, 17).
- N'y a-t-il pas aussi un passage qui dit que la
grâce de Dieu apporte le salut ?
- Oui, c'est
Tite II, 11 ; et il est
ajouté qu'elle « est apparue
à tous les hommes. » Examinons
maintenant aussi l'épître aux Romains.
Nous y trouverons très-clairement
établies les vérités qui
viennent de nous occuper. Les quatre premiers
chapitres exposent avec beaucoup de détails
le principe que nous avons vu dans
l'épître aux Galates, savoir que
l'Écriture a renfermé toutes choses
sous le péché, afin que la
bénédiction soit donnée sur le
principe de la grâce. L'apôtre montre
par les Écritures que tous ont
péché et n'atteignent pas à la
gloire de Dieu ; ensuite que nous sommes
justifiés gratuitement par la grâce de
Dieu, par la rédemption qui est dans le
Christ Jésus ; enfin que ceux qui sont
justifiés sont ceux qui croient en
Jésus-Christ. Puis, au
chapitre IX, il établit
encore, par les
Écritures,qu'une
bénédiction, quelle qu'elle soit, est
un effet du propos arrêté de Dieu, de
sa pure grâce, qui exclut toute
prétention que l'homme pourrait avoir de la
mériter ou de la gagner par
lui-même.
- Mais voilà précisément ce
qui me semble ôter à l'homme sa
responsabilité.
- L'apôtre répondra bientôt
à cette difficulté qui, après
tout, n'en est pas une ; car Dieu, est
libre d'ouvrir à des pécheurs une
porte de grâce où II veut, comme il
veut et quand II veut. Cela ne diminue en rien la
responsabilité de ceux qui ont
péché contre Lui ; au contraire,
elle est augmentée pour ceux qui refusent
d'écouter sa parole. Mais continuons
l'examen du chapitre IX.
(Vers. 7-9) : La parole de la
promesse faite à Abraham restreint la
bénédiction au fils de Sara,
c'est-à-dire à Isaac, en sorte que
tous les autres enfants d'Abraham s'en trouvent
exclus. Le seul titre à la
bénédiction est donc la promesse
de Dieu.
(Vers. 10-13) : Mais il y a
plus. Dieu montre le même principe
s'appliquant dans un autre sens aux enfants
d'Isaac. Nous serions disposés à
penser que ceux d'entre nous qui ne se conduisent
pas bien doivent être exclus de la
bénédiction, en d'autres termes, nous
baserions volontiers la bénédiction
sur un principe légal. Dieu fait tout le
contraire : « Avant que les enfants
(d'Isaac) fussent nés et qu'ils eussent rien
fait de bon ou de mauvais, afin que le propos selon
l'élection de Dieu demeurât, non point
sur le principe des oeuvres, mais de celui qui
appelle, il fut dit à Rebecca : Le plus
grand sera asservi auplus
petit ; ainsi qu'il est écrit :
« J'ai aimé Jacob, et j'ai
haï Ésaü. »
On ne peut donc mettre en avant ni les droits d'une
descendance naturelle de la souche de la
bénédiction, ni le principe
légal des oeuvres méritoires. Lorsque
Dieu bénit, II le fait sur le principe de la
grâce souveraine, et sur ce principe
seulement.
(Vers. 14-16) : « Que
dirons-nous donc ? Y a-t-il de l'injustice en
Dieu ? Qu'ainsi n'advienne ! car il dit
à Moïse : Je ferai
miséricorde à celui à qui je
fais miséricorde, et j'aurai compassion de
qui j'ai compassion. Ainsi donc ce n'est pas de
celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu
qui fait miséricorde. » Si vous
lisez attentivement le magnifique passage de
l'Exode
(chapitre XXXIII) d'où est
tirée la citation que fait l'apôtre,
vous verrez quelle lumière il jette sur le
sujet. Le peuple d'Israël avait
péché contre Dieu de la
manière la plus grossière en
élevant le veau d'or au milieu du camp.
L'Éternel avait menacé de les
consumer tous en un moment ; mais,
après l'intercession de Moïse, Il se
réserve le droit de faire miséricorde
à qui II veut. C'est la seule base sur
laquelle on puisse s'approcher de Lui, et nous
avons à Le bénir qu'il en soit
ainsi.
- Vous voulez dire sans doute que tout effort
humain est exclu.
- Certainement. Tout est du Dieu « qui
fait MISÉRICORDE. » Si
quelqu'un pense trouver Dieu, ou le ciel, ou le
vrai bonheur, sur un autre principe, il court
au-devant de sa ruine, bienque
la grâce de Dieu puisse le supporter
très-longtemps. Nous le voyons aux
vers. 17, 18, par ce qui est dit de
Pharaon : « Car l'Écriture
dit à Pharaon : C'est pour cela
même que je t'ai suscité, pour montrer
en toi ma puissance, et pour que mon nom soit
publié dans toute la terre. Ainsi donc il
fait miséricorde à qui il veut, et il
endurcit qui il veut. » Bienheureux celui
qui, après avoir entendu la parole de Dieu,
recherche sa grâce de la seule manière
dont il peut la trouver, c'est-à-dire, comme
un pécheur perdu. Il éprouvera la
vérité de cette parole
bénie : « Celui qui vient
à moi, je ne le mettrai point
dehors. »
Nous trouverons maintenant votre question
très-nettement formulée au
verset 19 : « Tu me
diras donc : Pourquoi se plaint-il
encore : car qui est-ce qui a
résisté à sa
volonté ? »
La réponse ne se fait pas attendre :
l'Esprit de Dieu repousse l'objection avec
indignation : « Mais plutôt,
toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre
Dieu ? La chose formée dira-t-elle
à celui qui l'a formée :
Pourquoi m'as-tu ainsi faite ? Le potier
n'a-t-il pas pouvoir sur l'argile pour faire de la
même masse un vaisseau à honneur et un
autre à déshonneur ? Et si Dieu,
voulant montrer sa colère et faire
connaître sa puissance, a supporté
avec une grande patience les vaisseaux de
colère tout préparés pour la
destruction ; - et afin de faire
connaître les richesses de sa gloire dans des
vaisseaux de miséricorde qu'il a
préparés d'avance pour
lagloire... ? lesquels
aussi il a appelés, non-seulement d'entre
les Juifs, mais aussi d'entre les
nations... » Lorsque Dieu veut montrer sa
colère, II supporte avec une grande patience
les vaisseaux de colère. Cela est
assurément un effet de sa grâce, et
nous montre qu'il ne se hâte pas
d'exécuter le jugement. Mais combien cette
grâce brille d'un vif éclat lorsqu'il
nous dit qu'il a préparé pour la
gloire les pauvres vaisseaux de
miséricorde qui ne méritaient que le
jugement !
« ... Car Dieu a renfermé tous
(Juifs et nations) dans la
désobéissance, afin de faire
miséricorde à tous »
(Romains XI, 32). C'est cette
vérité qui fait éclater en
actions de grâces le coeur du bienheureux
apôtre : « O profondeur des
richesses, et de la sagesse, et de la connaissance
de Dieu ! Que ses jugements sont insondables
et ses voies introuvables ! Car, qui a connu
la pensée du Seigneur ou qui a
été son conseiller ? ou qui lui
a donné le premier, et il lui sera
rendu ? Car de Lui et par Lui, et pour Lui
sont toutes choses ! À Lui soit la
gloire éternellement !
Amen. »
« AUJOURD'HUI » est encore son
jour de grâce, et II fait proclamer pour
celui qui a des oreilles pour entendre :
« Dieu a tellement aimé le monde,
qu'il a donné son Fils unique, afin que
QUICONQUE croit en lui ne périsse pas, mais
qu'il ait la vie éternelle. »
- Il est précieux d'être sauvé
uniquement par la grâce selon le propos
arrêté de Dieu, - mais ne pensez-vous
pas que, par une proclamation
aussi nette de la grâce, il n'y ait du danger
à ce que l'on soit encouragé à
continuer dans le péché, ou bien
à passer
très-légèrement sur le
péché ?
- La question est posée et il y est
répondu négativement dans le chapitre
VI de l'épître aux Romains. Il ne peut
y avoir du danger à marcher dans le chemin
que Dieu nous indique dans sa parole. Bien loin de
traiter légèrement le
péché, c'est la connaissance de la
grâce, plus que toute autre chose, qui nous
fait comprendre combien le péché est
horrible.
- Je voudrais pouvoir sentir en moi-même
cette sainte horreur du péché.
- Un tel désir vient de Dieu, cher
ami ; et c'est en croissant dans la
grâce et dans la connaissance du Seigneur
Jésus-Christ, que vous en recevrez
l'accomplissement. Mais il ne faut pas s'attendre
à avoir ces sentiments avant de venir au
Sauveur. Quant à la marche
chrétienne, il est dit que le
péché ne dominera pas sur nous parce
que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la
grâce
(Romains VI, 14). Un coeur saisi par
l'amour de Dieu ne peut pas demeurer dans le
péché. « Nous avons connu
et cru l'amour que Dieu a pour nous ; Dieu est
amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en
Dieu et Dieu en lui. En ceci est consommé
l'amour avec nous, afin que nous ayons toute
assurance au jour du jugement, c'est que, comme il
est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde...
Nous l'aimons parce que Lui nous a aimés le
premier »
(1 Jean IV, 16-19).
***
« Dieu constate son amour à lui
envers nous, en ce que, lorsque nous étions
encore pécheurs, Christ est mort pour
nous »
(Romains V, 8).
LA PORTE
Un dimanche soir, ayant ouvert ma Bible au
chapitre X de l'évangile de
Jean, mes yeux s'arrêtèrent sur ces
paroles : « Je suis la porte ;
si quelqu'un entre par moi, il sera
sauvé. » En même temps ma
pensée se porta sur une jeune fille
récemment entrée à notre
service et qui semblait préoccupée du
salut de son âme.
L'ayant fait chercher, je lui dis : Lydie, je
désire vous lire un verset de la Bible.
Écoutez : « Je suis la porte
(c'est Jésus qui parle) ; si quelqu'un
entre par moi, il sera
sauvé. »
Je vis que son attention était
éveillée ; elle me regardait
avec sérieux pendant que je lisais
lentement. Je continuai :
- Tous ceux qui entrent par cette porte,
c'est-à-dire par Jésus-Christ, sont
sauvés.
Comprenez-vous cela, Lydie ? Mais si quelqu'un
n'entre pas par elle, il est perdu. Perdu !
saisissez-vous bien ce que cela veut
dire ?
- Oui, répondit-elle avec un peu
d'hésitation.
- Lydie, êtes-vous sauvée ou
perdue ?
- Perdue ! dit-elle d'une voix tremblante.
- Perdue ! repris-je ; perdue quand la
porte est grande ouverte devant vous, quand le sang
du bon Berger a été versé pour
vous sauver et que lavoix du
Seigneur Jésus lui-même vous appelle
à entrer et à trouver le pardon, la
paix et la sécurité ! Perdue
quand le Berger lui-même attend à la
porte pour vous prendre par la main, vous
introduire, vous serrer sur son coeur, comme un de
ceux qui étaient perdus et qu'il a
trouvés !
Elle fondit en larmes. La parole avait
pénétré et son coeur
était brisé. Je priai avec elle, puis
je lui dis : « Allez maintenant
seule dans votre chambre ; jetez-vous telle
que vous êtes dans les bras de Jésus
qui mourut pour des pécheurs. Ouvrez-Lui
tout votre coeur ; II ne vous repoussera pas.
Allez droit à la porte, et II vous sauvera
ce soir même, car II a dit :
« Je ne mettrai point dehors celui qui
vient à moi ! »
La jeune fille le fit, et ce ne fut pas en vain.
Certainement, « Dieu est le
rémunérateur de ceux qui le
cherchent »
(Hébreux XI, 6). Quand elle
ressortit de sa chambre, elle était
sauvée. Ce même soir, elle
confessa à une femme chrétienne de la
maison ce que le Seigneur avait fait pour son
âme.
Elle n'était plus
« loin », mais
rapprochée par le sang de Christ ;
non plus « dehors », mais
entrée pour entendre la voix de
Jésus et pour trouver tout ce dont son
âme avait besoin.
Et vous, lecteur, êtes-vous ou non
entré par la porte ? SAUVÉ, OU
encore PERDU ?
Tiré du FAITHFUL WORDS.
LA LUMIÈRE AU TEMPS DU
SOIR
L'entrée de tes paroles illumine.
(PSAUME CXIX, 130).
- Chère Anna, tire un peu le rideau, que je
puisse voir le soleil se coucher, et approche ta
chaise de mon lit ; puis lis-moi quelque
chose, - quelque chose qui me fasse du bien.
Et la jeune malade poussa un douloureux soupir, en
se tournant avec inquiétude sur sa couche,
et en suivant, d'un regard fatigué, les
mouvements de sa soeur. Celle-ci s'empressa
d'accomplir les désirs de la malade, qui
tourna les yeux vers la fenêtre, par laquelle
le soleil, se couchant avec une splendeur
inaccoutumée pour un jour d'hiver, jetait
ses derniers rayons.
Mais ce n'était ni à la
lumière du soleil, ni à aucune
lumière terrestre que songeait la jeune
fille, car elle murmura à voix basse :
- « Au temps du soir, il y aura de la
lumière
(Zacharie XIV, 7), » ....
de la lumière ! Oh ! Anna,
ajouta-t-elle, le soir est arrivé pour moi,
mais il n'y a pas de lumière.
La soeur se rapprocha encore, prit dans ses mains
la petite main brûlante qui reposait sur la
couverture, et, comme elle regardait avec tendresse
la figure troublée de celle qui lui
était si chère, ses yeux
réfléchirent le même
trouble.
Pendant quelques moments elles se
turent ;leurs mains se
serrèrent plus étroitement, puis la
jeune fille malade rompit de nouveau le
silence.
- Chère Anna, parle-moi
sincèrement ; si tu étais
mourante comme je le suis, aurais-tu
peur ? Ne cherche pas à me dire
que je me trompe, ma chérie. Je sais que je
vais mourir.... J'ai entendu tout ce que le docteur
a dit hier... Ne sois pas fâchée, ma
petite soeur, il vaut mieux que je le sache, car
sans cela je ne l'aurais pas deviné. Je ne
suis pourtant pas si malade ? - Son
regard semblait interroger, comme si elle eût
été bien aise d'apprendre qu'elle
s'était trompée, quelle qu'eût
été l'assurance de ses
premières paroles.
Muette et le coeur navré, Anna baissa la
tête. Le coup de mort avait été
porté, le soir précédent,
à toutes les espérances relatives
à cette jeune vie. Le médecin de la
maison, qui connaissait la malade depuis sa
naissance, et qui l'aimait comme son propre enfant,
avait dit : Elle ira encore une ou deux
semaines au plus, moins peut-être, si la
maladie continue à faire d'aussi rapides
progrès.
Il faut avoir été dans des
circonstances analogues, et entendu prononcer un
semblable arrêt, pour comprendre la douleur
profonde des parents de la jeune fille. Quelle
tristesse saisit le coeur lorsqu'on apprend que la
vie pour laquelle on donnerait volontiers la
sienne, décline sûrement et
rapidement ; que ni l'amour, ni les plus
tendres soins ne peuvent empêcher de se
rompre « le câble
d'argent » qui attache à
laterre l'être
chéri, mais que bientôt, bientôt
le départ qui semble si terrible sera
là !
Un sanglot à moitié
étouffé avait été la
réponse d'Anna aux dernières paroles
de sa soeur. Chacune pensait à l'autre. Puis
comme un flot de lumière d'or remplissait la
chambre, la malade répéta sa
question :
- Serais-tu effrayée, Anna ?
dis-le-moi.
- Je ne le sais pas, mon Hélène
chérie ; c'est si difficile à
dire d'avance. Je ne pense pas que je le
fusse ; et, dit-elle à voix plus basse,
tu connais Jésus, et Jésus sera avec
toi pour te faire passer à travers ce
moment.
- Mais je ne suis pas sûre ; et
pense donc, Anna, c'est pour toujours !
Toujours ! Je ne dois pas me tromper
maintenant. Oh ! comment faire pour être
sûre ? Et tremblante d'une
émotion qui amenait quelques couleurs sur
son pâle visage, elle se souleva sur son
coude, et fixa sur sa soeur un regard anxieux.
- Chère Hélène,
répondit Anna, ne sommes-nous pas toutes
deux venues à Jésus ? Nous avons
lu ensemble dans sa parole ce qu'elle nous dit de
son amour et de son désir de nous recevoir.
Tu te rappelles le jour où nous avons appris
que nous étions des pécheresses qui
avaient besoin d'un Sauveur, et nous sommes venues
à Jésus. Je n'ai jamais eu de doutes
depuis ce moment, et je ne pensais pas que tu en
eusses eu.
- Je n'ai jamais eu la même certitude que
toi, Anna. Hier soir, quand j'ai entendu le docteur
dire que je mourrais bientôt, oh ! j'ai
étési
effrayée ! J'étais quelquefois
heureuse, quand nous chantions ensemble des hymnes,
et surtout lorsque je reçus la lettre de
A... avec les versets de l'Écriture qui
répondaient à mes doutes. Il me
semblait parfois que tout était bien clair,
puis les doutes revenaient ; et maintenant,
j'ai tellement peur, et je ne puis trouver de
soulagement.
- Regarde à Jésus, chère
Hélène, dit sa soeur d'une voix
tremblante, sachant à peine quelles paroles
trouver dans sa profonde tendresse, sa douleur et
son anxiété.
- Oui, mais, Anna, II pourrait m'oublier. J'ai
connu si peu de chose de Lui, et je ne l'ai pas
servi. Je ne le connais pas assez, Anna, pour
pouvoir mourir tranquille Il pourrait me
laisser... C'est comme si j'avais à
traverser une large et profonde rivière, et
j'ai peur de descendre seule dans ses eaux toutes
noires.
Ces paroles furent dites d'une voix
convulsive ; son faible corps tremblait comme
dans Une angoisse mortelle.
L'éternité dans toute sa
réalité était devant
elle ; chacune des choses auxquelles elle
s'était attachée sur la terre
échappait à son étreinte, et,
dans son âme, il n'y avait pas la certitude
que des bras éternels s'étendaient
pour la soutenir.
Lecteur, avez-vous jamais, dans les
ténèbres et le silence de la nuit,
loin de tout oeil humain, contemplé
l'éternité en face, seul avec
Dieu, sans cette assurance qui donne la paix, que
votre vie était cachée avec Christ en
Dieu ; quesa vie, sa joie,
sa maison étaient vôtres ? S'il
en est ainsi, si vous avez vu
l'éternité dans toute sa solennelle
réalité, vous comprendrez quelque
chose de l'angoisse d'âme de cette jeune
fille. Je dis quelque chose parce que,
probablement, vous n'avez jamais été
sur les limites qui séparent le temps de
l'éternité, avec la certitude qu'il
n'y avait plus qu'un très-petit nombre de
soirs avant que, pour vous, le temps eût fini
son cours et que l'éternité eût
commencé.
Ces deux jeunes soeurs, dont celle qui se mourait
était l'aînée, avaient
été depuis peu de temps
réveillées au sentiment de leurs
péchés et de leur ruine morale, et du
besoin qu'elles avaient d'être
sauvées. Anna, la plus jeune, avec une foi
toute simple, avait saisi Jésus comme son
Sauveur ; dans sa mort, dans l'aspersion de
son sang, elle avait vu l'expiation pour ses
péchés. Il n'avait surgi dans son
coeur ni questions, ni doutes. Au moment même
où elle avait découvert les besoins
de son âme, Celui qui seul peut y
répondre s'était
présenté à elle ; elle
l'avait reçu, et, pleine de confiance, elle
s'était attachée à Lui. Il en
avait été tout autrement
d'Hélène. Quoique
réveillée et sentant sa
misère, elle n'avait jamais jusqu'alors mis
à nu son âme devant Jésus, afin
qu'il répondît à tout. Il y
avait eu dans son coeur des réserves, dans
son esprit des doutes et des raisonnements, et
maintenant que la mort était devant elle,
elle ne connaissait pas assez Jésus, comme
elle le disait, pour pouvoir mourir
tranquille.
Hélène avait cessé de parler.
Pendant un moment Anna resta la tête
appuyée sur ses mains, demandant
intérieurement au Seigneur Jésus, en
qui elle se confiait avec tant de
simplicité, de venir dissiper les
ténèbres de l'âme de sa soeur.
Puis elle dit : Hélène,
Jésus ne veut pas te laisser descendre seule
dans les eaux sombres et profondes ; II ira
avec toi. Je le connais assez pour savoir qu'il ne
t'oubliera, ni ne t'abandonnera jamais, si tu te
confies en Lui. Je voudrais savoir mieux te parler,
mais je sais qu'il y a dans la Bible un verset qui
dit qu'il ne laissera jamais aucun de ceux qui sont
venus à Lui. Si seulement je pouvais le
trouver.
La jeune mourante était retombée sur
ses oreillers, mais elle se souleva de nouveau, et
dit avec véhémence : Trouve-le,
Anna, et montre-le-moi dans la Bible
elle-même, sans cela je ne puis le croire.
Oh ! si seulement il était dit qu'il ne
me laissera jamais ! - Et son agitation
intérieure se peignait par l'éclat
brûlant de ses joues.
Effrayée des conséquences que pouvait
avoir une semblable excitation, Anna chercha
à calmer sa soeur.
- Ne veux-tu pas, lui dit-elle, essayer de te
reposer un peu ? Demain je trouverai le
passage et je te le lirai.
- Demain ! répondit
Hélène ; je ne serai
peut-être plus ici demain, mais en enfer.
Il a dit : « Elle peut passer
tout d'un coup, » ajouta-t-elle, en
rappelant les paroles mêmes du
médecin.
Après quelques instants, elle reprit :
Celavaut encore mieux pour moi,
Anna, que d'être là à penser
toute seule, comme cela est arrivé tout ce
temps, quoique tu n'en aies rien su. Je ne puis
avoir de repos jusqu'à ce que je sois
sûre que Jésus veut m'avoir et qu'il
ne me laissera point.
Anna sentit la vérité de ces paroles,
et, ouvrant sa Bible, elle se mit à chercher
soigneusement les versets qu'elle
désirait ; mais elle était
encore très-jeune dans la foi, et
connaissait peu les Écritures. Page
après page, elle parcourut le
précieux volume, examina et chercha avec
anxiété, mais en vain, tandis que sa
soeur suivait tous ses mouvements avec une attente
fiévreuse.
La courte après-midi de janvier
s'était écoulée, le dernier
rayon du soleil s'était éteint, et
Anna, penchée sur sa petite Bible,
s'efforçait encore de lire à la lueur
vacillante du foyer, quand la servante entra,
apportant le courrier du soir.
Il y avait plusieurs lettres et paquets, mais une
petite brochure, attachée avec un bout de
cordon vert, sembla seule attirer l'attention et
éveiller l'intérêt de la jeune
malade. Dès que la servante fut sortie,
après avoir allumé la lampe et
tiré les rideaux : - Anna, dit
Hélène à sa soeur,
peut-être Dieu m'envoie-t-Il un message par
ce petit livre, comme II l'a déjà
fait auparavant pour nous deux. Ouvre-le pour
moi.
Certainement c'était le Seigneur qui, dans
son amour plein de tendresse pour ce pauvre coeur
anxieux et fatigué, lui envoyait ce messager
silencieux. Dans une circonstance qui
sembleraitde bien peu
d'importance, on pouvait voir que son coeur
miséricordieux avait tout arrangé, et
que sa main avait tout conduit.
La brochure renfermait l'histoire touchante de la
conversion du jeune docteur. Vraisemblablement,
sans intention de la part de l'expéditeur,
mais sûrement selon le dessein de Celui qui
compte même les cheveux de notre tête,
le papier qui enveloppait le petit livre
était replié à une page, qui,
dès qu'Anna eut ôté
l'enveloppe, se présenta d'elle-même
à ses regards. Les premières lignes
qui frappèrent les yeux de la jeune fille
furent : « Écoutez ses
propres paroles, lui dis-je : Mes brebis
écoutent ma voix, et moi je les connais, et
elles me suivent, et moi, je leur donne la vie
éternelle, et elles ne périront
jamais ; et personne ne les ravira de
ma main. Mon Père, qui me les a
données, est plus grand que tous, et
personne ne peut les ravir de la main de mon
Père
(Jean X, 27-29). Ne vous donne-t-Il
pas là la réponse qu'il vous faut
(1) ? »
Avec un sentiment profond d'amour,
mêlé d'admiration et de louange, la
jeune fille lut le paragraphe et la question qui la
termine ; question qui était
précisément celle que son coeur
adressait à sa soeur.
- Voilà, Hélène, voilà,
dit-elle, les versets mêmes que j'essayais de
trouver. Dieu te les a envoyés directement.
Maintenant, ne les croiras-tu pas ? La
crainte, la surprise, l'espérance et
unelueur de soulagement se
reflétaient tour à tour et semblaient
se combattre sur le visage
d'Hélène.
- Donne-moi le livre, Anna, murmura-t-elle
doucement ; donne-moi aussi mon Nouveau
Testament, et place la lampe près de
moi ; puis laisse-moi un moment seule. Ne
crains rien, ma soeur chérie ; je te
promets de sonner si je me sens mal, ou si j'ai
besoin de toi.
Anna se leva et fit ce que sa soeur
désirait.
Une heure se passa, sans que la sonnette se
fît entendre. Anna n'osait entrer ; mais
quand une autre heure se fut écoulée,
elle se glissa vers la porte et l'ouvrit doucement.
Pas le plus léger bruit ne se faisait
entendre. Elle avança silencieusement,
craignant presque de regarder vers le lit. Mais ses
frayeurs n'avaient aucun fondement ; le
spectacle qui s'offrit à elle remplit son
coeur de joie. Hélène dormait
paisiblement ; sur ses lèvres un peu
entrouvertes reposait un léger sourire, et
sa jeune figure portait une expression de paix sans
mélange qu'Anna n'y avait jamais vue
auparavant.
Tout à côté d'elle,
était placée la petite brochure, et
la lampe jetait sa pleine lumière sur la
page où se lisaient les précieux
versets de la parole de Dieu ; tandis que la
main de la jeune fille tenait son Nouveau Testament
ouvert au dixième chapitre de
l'Évangile de Jean. Elle avait voulu
chercher et avait trouvé elle-même les
paroles bénies du Seigneur, et la paix dont
elles avaient rempli son coeur avait aussi
donné du repos à son
corps.
Anna s'assit doucement et attendit, jusqu'à
ce qu'enfin la pensée la saisît, que
peut-être sa soeur ne se réveillerait
plus. Elle se leva pleine d'anxiété,
pour aller appeler sa mère et les autres
personnes de la famille, demandant ardemment au
Seigneur qu'au moins une parole, une seule, des
lèvres d'Hélène, lui
donnât l'assurance qu'elle avait
trouvé le repos que Jésus donne
à chacun de ceux qui, fatigués et
chargés, sont venus à Lui.
Le Seigneur lui donna, comme II se plaît
à le faire, beaucoup plus qu'elle ne Lui
avait demandé.
Son mouvement, si léger fût-il, avait
réveillé Hélène. Elle
ouvrit les yeux, et, voyant sa soeur, lui dit avec
un sourire de bonheur : Anna, il me semble
avoir été dans le ciel. -
« Le Christ Jésus est venu dans le
monde pour sauver les
pécheurs. » Ainsi, II est
venu pour me sauver, moi ; car cola
veut dire chaque pécheur ; et il n'est
pas question pour moi de me tenir attachée
à Lui, ou de le bien servir, ou de le
connaître beaucoup, quoique ce soit mon
désir. Il dit : « Je les
connais ; » cela suffit. Il me
connaît donc bien, II sait aussi toute nia
méchanceté, et cependant II
dit : « Personne ne les
ravira de ma main. » Cela doit signifier
que, même moi, je ne puis m'ôter de sa
main. Oh ! combien II est bon ! Oui, cela
est suffisant, même pour mourir.
Des larmes d'une profonde et sainte joie
remplissaient leurs yeux ; des louanges et des
actions de grâces montaient de leurs
coeurs.
- As-tu vu cela tout d'un coup, chère
Hélène ? dit Anna à sa
soeur.
- Non, pas immédiatement. Quand tu as lu ces
versets, j'ai senti qu'il pouvait y avoir quelque
chose pour moi. J'étais sûre que
c'était le Seigneur lui-même qui avait
envoyé ce message juste en ce moment, et je
désirais être seule avec Lui pour
être mise bien au clair. Alors je ne sais
quoi, Satan, je suppose, vint comme murmurer
à mon oreille : « Oui, II
garde ses propres brebis ; mais si tu
n'en es pas une ? » Je fus alors
plus malheureuse que jamais, car j'avais eu des
lueurs d'espérance. Dans mon angoisse, je
tournais les pages du petit livre pour voir si
celui dont il y est parlé avait eu les
mêmes craintes que moi, et mes regards
tombèrent sur ces paroles :
« Cette parole est certaine et digne de
toute acceptation, que le Christ Jésus est
venu dans le monde pour sauver les
pécheurs. » Oh !
combien fut doux pour moi ce mot « les
pécheurs. » Si je ne suis
pas une de ses brebis, je suis une
pécheresse, dis-je à haute
voix, et Jésus est venu pour sauver les
pécheurs. Satan même ne peut me
disputer ce nom, ni nier le droit de Jésus
à me sauver, .... et ceux qu'il sauve, II
les tient ferme..... Je suis étonnée
de ne pas l'avoir vu auparavant, mais... O Anna,
quel soulagement quand la paix vient après
de telles angoisses !
Un sourire d'une beauté plus que terrestre
illuminait ses traits ; elle ferma les yeux,
non pour dormir, mais comme pour s'absorber dans le
bonheur qu'elle venait de
trouver.
Hélène vécut encore quelques
semaines. Il semblait que l'entrée de la
parole de Dieu, non-seulement avait donné
à son âme de la lumière au
temps du soir, mais même quelque force
à son corps, comme si la joie de son coeur
l'eût élevée au-dessus de la
douleur et de la faiblesse.
Un jour qu'avec beaucoup de chaleur elle parlait de
Jésus à une jeune amie, sa
mère entra et, voyant son regard si brillant
et si animé, elle dit : - Eh bien,
Hélène, je crois qu'après tout
nous te reverrons en bonne santé. - Oui,
mère chérie,
répondit-elle ; Jésus m'a
guérie... Non comme tu l'entends,
ajouta-t-elle ; je vais au pays dont les
habitants ne diront plus : Je suis malade, -
et, ce qui est meilleur, je vais vers
Jésus.
Hélène ne pouvait pas garder pour
elle-même le trésor qu'elle avait
trouvé. Son coeur était plein d'un
ardent désir d'être le moyen de le
faire partager à d'autres ;
d'être le canal de communication entre un
Dieu qui donne et des coeurs misérables,
même s'ils ne connaissent pas leurs
besoins.
Pour elle, la vie, la mort,
l'éternité, et pardessus tout Christ,
étaient des réalités. Elle
souhaitait vivement que ceux qu'elle connaissait et
aimait n'attendissent pas à leur lit de mort
pour voir ainsi toutes choses sous leur vrai
jour.
- Mon seul regret en mourant, disait-elle un jour
à sa soeur, est que l'éternité
même né peut nous conférer
l'honneur d'être du côté de
Jésus quand tout le monde est contre
Lui ; de lui plairepar une
marche sincère et vraie ; mais toi,
chère Anna, tu as encore le temps de Lui
être fidèle, d'être tout
entière à Jésus, et tu pourras
jouir de sa parole : « Ce qui
était en son pouvoir, elle l'a
fait »
(Marc XIV, 8). Je serai heureuse de
l'entendre dire cela de toi en le jour de
Christ.
Enseignée par le Saint-Esprit, qui prend de
ce qui est à Christ pour nous l'annoncer,
elle apprit beaucoup durant ces quelques semaines
si rapidement écoulées. Toutes les
fois que cela était possible, elle demandait
avec instances qu'on lui lût la parole de
Dieu, ou bien elle la lisait elle-même.
- Je désire connaître de Jésus
tout ce que je puis, avant d'aller auprès de
Lui, disait-elle à sa soeur, la confidente
de toutes ses pensées, et pour l'âme
de laquelle ces jours étaient un temps de
profit réel. C'était
Hélène qui enseignait maintenant, non
qu'elle voulût prendre cette place, mais les
eaux vives dont Jésus avait rempli son
âme jaillissaient sans cesse,
rafraîchissant et fortifiant tous ceux qui
l'approchaient.
Au commencement de février, il devint
évident, même à ceux qui
essayaient encore de se faire illusion,
qu'Hélène déclinait
rapidement. Ses souffrances étaient
intenses, au point qu'Anna même, qui lui
était attachée par les liens d'une
affection plus qu'ordinaire entre soeurs, ne
pouvait pas désirer qu'elle restât
plus longtemps ici-bas. Cependant la jeune patiente
supportait tout sans une plainte, bien
différente de ce qu'elle était
quelques mois
auparavant,lorsque, pleine de
vie et d'entrain, favorite de chacun, elle avait,
malgré son coeur aimant et
généreux, tant de peine à
rencontrer sans impatience ce qui venait contrarier
sa volonté et ses désirs. Bien
différente était-elle aussi de la
malade qui, quelques semaines plus tôt,
gémissait fatiguée, misérable
et ne trouvant pas le repos. Mais quel docteur
enseigne comme Jésus quand on vient
apprendre de Lui ?
- Comment peux-tu le supporter, ma chère
enfant ? lui disait sa mère avec un
coeur brisé, un jour que la douleur
était encore plus forte qu'à
l'ordinaire.
- « Il s'est livré LUI-MÊME
pour moi
(Galates II, 20), »
répondit-elle simplement ;
Lui-même, Lui-même,
répéta-t-elle.
Plusieurs fois, durant ces semaines, elle demanda
qu'on lui lût encore le récit qui
avait été le moyen de lui apporter la
paix. « Le message que Dieu m'a
adressé » ; c'est ainsi
qu'elle le nommait.
Sa fin arriva avant que fût
écoulée la première
moitié de février. Ceux qui
l'aimaient et l'entouraient de leurs soins, avaient
craint que ses dernières souffrances ne
fussent terribles, mais ce fut doucement et
paisiblement que Jésus la prit à
Lui.
Le soleil couchant répandait sa
lumière d'or, comme le jour où, cinq
semaines auparavant, Hélène, dans son
amère angoisse, disait à
sasoeur la terreur et
l'épouvante de son âme. Elle semblait
se rappeler ces instants, car, tournant ses regards
vers le couchant enflammé, elle murmura
doucement : « Au temps du soir... et
Jésus est la lumière.... La
cité n'a pas besoin de... »
Elle s'arrêta ; un sourire radieux plein
d'un intense bonheur éclairait ses
traits ; il y eut encore un léger
mouvement, un faible soupir, et l'esprit affranchi
d'Hélène se trouvait en la
présence de Celui qui est la lumière
du ciel, et qui avait illuminé son jeune
coeur durant les sombres heures de la souffrance et
de la mort. « Absente du corps,
présente avec le Seigneur », elle
goûtait ce que c'est d'être avec
Jésus, dans le Paradis.
O vous qui venez de lire cette simple histoire
d'Hélène, connaissez - vous
Jésus « assez pour
mourir » ?
Connaître quelque chose de Lui ne suffit
pas ; parler de Lui, chanter des hymnes
à son nom, n'est pas assez. Pour rencontrer
paisiblement la mort, il faut que je sache
que, sur la croix du Calvaire, II a pleinement
glorifié Dieu, et entièrement
ôté mes péchés, de sorte
que je puis me tenir en la présence de Dieu,
sans un seul péché sur moi.
Pour rencontrer joyeusement la mort, j'ai
besoin de connaître plus encore ; savoir
la Personne de Celui vers qui je vais ; de Le
connaître non-seulement comme Celui qui donne
à ma conscience le repos quand la terrible
accusation de péché est portée
contre moi ; mais comme la portion
bénie et pleinement satisfaisante de mon
coeur.
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