Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. V
CINQUIÈME ANNÉE 1878

LA QUESTION DE L'HOMME RICHE
« QUE FAUT-IL QUE JE FASSE POUR HÉRITER LA VIE ÉTERNELLE ? »

LA VIE ÉTERNELLE ! Quelles pensées sérieuses réveillent ces paroles ! La vie sur cette terre n'est que de quelques jours ; bientôt il faudra la déposer, et tout ce qui nous entoure ici aura passé sans retour. Alors commencera une tout autre existence, dont rien actuellement ne peut nous donner une idée ; mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il faudra nécessairement paraître devant Dieu. Comment s'assurer, après la mort, la vie éternelle, la jouissance sans fin du vrai bonheur dans la présence du Dieu vivant de qui tout bien procède ?
De semblables pensées agitaient sans doute le coeur du jeune homme riche lorsqu'il accourut et se jeta à genoux devant le Seigneur Jésus-Christ en lui disant : « Bon Maître, quel bien ferai-je pour avoir la vie éternelle ? » (Matthieu XIX, 16 ; Marc X, 17.)

Peut-être éprouva-t-il un certain soulagement en entendant le Seigneur lui rappeler les commandements, et qu'il crut pouvoir répondre, en toute bonne conscience : « Maître, j'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse. » Mais il y avait, dans les paroles de Jésus, un mot destiné à lui dévoiler la cause cachée de son inquiétude et à lui faire sentir plus que jamais le vide du coeur d'où provenait sa question : « Bon Maître, que ferai-je afin que j'hérite de la vie éternelle ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon, si ce n'est DIEU SEUL. »

Cette parole faisait crouler tout l'édifice des bonnes oeuvres et de la propre justice auxquelles le jeune homme s'était si fortement attaché. Il n'avait été occupé que du bien qui procède, de l'homme, et son coeur aimait à reconnaître chez autrui une bonté inhérente à la nature humaine, qui permît à sa conscience d'en admettre la possibilité chez lui-même. Voilà pourquoi il appela Jésus : « BON Maître. » II avait vécu honnêtement, il n'avait fait tort à personne, sa vie avait été pure aux yeux de ceux qui l'entouraient ; remplie peut-être de bonnes oeuvres, d'aumônes, etc. Mais cela pouvait-il suffire ? Sa conscience lui disait sourdement ce que sa question démontrait d'une manière éclatante : Non, NON ! Avec tant de bonnes qualités, il n'avait pas la vie éternelle, il ne savait même pas comment l'obtenir.

Quelle ne fut donc pas sa tristesse, lorsqu'il vit s'évanouir pour lui, à mesure que Jésus parlait pour la seconde fois, toute espérance fondée sur ce qu'il avait fait ! « Jésus, l'ayant regardé, l'aima et lui dit : Une chose te manque : va, vends tout ce que tu as, et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix. Et lui, affligé de cette parole, s'en alla tout triste, car il avait de grands biens. » C'était pourtant une parole d'amour que celle de Jésus. Il montrait au jeune homme riche ce qui retenait son coeur en captivité, ce qu'il fallait laisser pour saisir la vie éternelle, objet desa recherche. Mais le jeune homme ne peut accepter ce que le Seigneur lui propose ; il garde sa tristesse, et s'éloigne de Jésus...

C'est pour toi, cher lecteur, que ces paroles sont écrites. La question du jeune homme riche te concerne aussi. La considérerais-tu comme de peu d'intérêt ? Il n'en est point de plus solennelle. Voudrais-tu donc faire comme lui ? Où iras-tu si tu t'éloignes de Jésus ? Lui seul a les paroles de la vie éternelle. Il est lui-même la vie éternelle, et II donne cette vie à quiconque croit en Lui (Jean VI, 47, 68 ; 1 Jean V, 20 ; Jean III, 16).

Ah ! sans doute, il est dur pour la chair de renoncer à tout ce que l'on s'est figuré être, pour reconnaître qu'en soi, il n'y a rien de bon ; que l'on n'est qu'un pauvre être impuissant, coupable et perdu. Il est dur pour l'homme naturel de laisser là toute confiance en soi-même pour n'avoir d'espérance qu'en un Christ crucifié ; de renoncer à l'estime du monde pour charger la croix et porter l'opprobre du Christ. Mais c'est l'unique voie de la vie ; c'est Christ crucifié, Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu.

Viens donc sans tarder, maintenant que sa voix fait entendre son invitation de grâce. Quel sort terrible t'attend si tu méprises Celui qui te parle des cieux, et qui bientôt ébranlera « non-seulement la terre, mais aussi le ciel » (Hébreux XII, 26).
Quand les choses visibles et muables auront fini leur cours, que les cieux passeront avec un bruit sifflant et que les éléments embrasés serontdissous ; quand la terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement, où sera l'estime, l'honneur, l'approbation des hommes ? Où seront les richesses et les plaisirs ? Tout se sera évanoui comme un vain songe. - Et toi, où seras-tu ?
Alors sera dressé le tribunal inflexible de Celui qui amènera toute oeuvre en jugement. Quelle confusion te couvrira quand tu te rappelleras le mépris que tu auras fait de la grâce, de l'amour, de la patience de Celui qui t'invite aujourd'hui à le suivre, et qui, alors, sera assis pour te juger ! Ah ! que ton sort sera épouvantable quand, au bout du chemin large où tu auras préféré marcher, tu verras la perdition !
C'est pourquoi, afin de te sauver de cette fin terrible, II te dit : « Viens, suis-moi. » Tu demanderas peut-être : Qui est celui qui m'appelle ainsi à marcher dans un chemin si nouveau ?

Si l'on regarde à son apparence, il n'y avait rien en Lui à le voir qui fît qu'on le désirât (Esaïe LIII, 2). Il marcha sur la terre dans une condition humble ; il était « le charpentier », pour ceux au milieu desquels il fut élevé. Étranger ici-bas, il n'avait pas où reposer sa tête : Traité de séducteur et de rebelle par les docteurs, les sacrificateurs et les principaux de son peuple, il est « le méprisé et le rejeté des hommes. » C'est là celui qui te dit : « Suis-moi. »
De quel droit donc fait-il entendre un semblable appel ? Quelle est son autorité ?
Elle ne vient point de la terre ; ses droits coulent d'une source que le monde ne connaît pas.

Celui qui parle ainsi, quelle que fût son apparence aux yeux des hommes, est le FILS UNIQUE DE DIEU. Toutes choses ont été faites par Lui, et II les soutient par la parole de sa puissance. Il est le resplendissement de la gloire de Dieu et l'empreinte de sa substance ; par Lui seul DIEU nous est révélé (Jean I, 2, 3, 18 ; Hébreux I, 2, 3). Il vint habiter au milieu des hommes, plein de grâce et de vérité, faisant briller, à travers l'humble forme qu'il avait revêtue, toute la gloire d'un Fils unique de la part du Père (Jean I, 14, 16).

Les hommes le méconnurent et le dédaignèrent ; mais Dieu l'a reconnu et glorifié comme son Fils bien-aimé (Matthieu III, 17 ; XVII, 5).
Quelle beauté dans sa personne adorable ! (Ps. XLV, 2.) Sur ses lèvres était la grâce (Luc IV, 22). « Jamais homme ne parla comme cet homme » (Jean VII, 46). Dans ses mains éclatait la puissance. Il guérit les malades ; les démons reconnaissent son pouvoir et s'enfuient à son commandement ; d'un mot II calme la tempête, et, devant Lui, la mort même rend ceux dont elle a fait sa proie.
Et dans son coeur, quel amour pour supporter, pour pardonner, pour essuyer les larmes ! Quelle sainteté dans la vie de Celui qui pouvait dire à ses plus acharnés adversaires : « Qui d'entre vous me convaincra de péché ? » (Jean VIII, 46.)
C'est le Fils de Dieu, - « la Parole faite chair. » N'a-t-il pas l'autorité de te dire : « Viens, suis-moi » ?

Pour entrer dans le chemin où II t'appelle, qu'as-tu à faire ?
Le premier pas, c'est d'estimer à leur juste valeur tes oeuvres, ta propre justice ; tout cela, aux yeux du Dieu très-saint, n'est que comme une chose souillée. Si tu oses jeter sur toi-même un regard vrai, tu confesseras qu'elles ne te satisfont même pas. Place-toi donc devant les saintes et justes exigences de Dieu, et reconnais, dans cette lumière qui découvre tout, que tu n'es qu'un être vil, un pécheur perdu, sans espoir en toi-même (Esaïe VI, 5). Ta place, ta vraie place, c'est d'être devant Lui comme celui qui, n'osant lever les yeux au ciel, disait : « O Dieu, sois apaisé envers moi, le pécheur. » Toutes tes oeuvres ne te serviront pas ; quoi que tu aies pu faire, quoi que tu fasses, tu ne peux par toi-même obtenir la vie éternelle.

Mais écoute ce que Lui a fait. Il a quitté la gloire du ciel pour descendre ici-bas dans l'humiliation la plus profonde, prenant la forme d'esclave, obéissant jusqu'à la mort de la croix. Pourquoi ? - Pour glorifier sur la terre le Dieu que tes péchés avaient offensé. Pour plus encore : S'il est monté sur la croix, s'il a crié dans l'angoisse de son âme : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné », c'est que, là, II mettait son âme en oblation pour, le péché ; là, II subissait la peine due au péché ; là, le juste souffrait pour les injustes ; là, II satisfaisait pleinement à ce qu'exigeait la justice de Dieu à l'égard du péché.

C'est pourquoi II peut te dire : « Viens » ; carDieu était en Christ réconciliant le monde avec Lui-même. « Viens », car c'est par Lui seul que tu peux avoir la vie éternelle. Tu n'as rien à faire que de venir, comme un pécheur perdu, à Celui qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu, et qui pour cela a accompli tout ce qu'il fallait. Viens donc, te dit-Il, et suis-moi.
Dans quelle voie le Seigneur veut-Il te conduire ? Il l'a dit au jeune homme riche « ... ayant chargé la croix. » Ce sentier pourrait-il être autre que celui qu'il a foulé Lui-même ? Ce n'est certes pas le chemin large de l'estime et de l'approbation du monde ; ni celui des honneurs, des richesses et des aises de la vie ; ce n'est pas le chemin où chacun suit sa propre volonté et marche dans la vanité de ses pensées.

Non, le chemin du Seigneur est étroit ; c'est un sentier de séparation, de renoncement et de mort à soi-même et au monde. Il l'a dit lui-même : « Quiconque ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple » (Luc XIV, 33). Celui qui y marche peut dire : « Qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde » (Galates VI, 14). Quoi d'étonnant si dans le sentier du Seigneur on rencontre la haine et l'opprobre du monde ?

Voudrais-tu là où Jésus a été méprisé, couvert d'ignominie et mis à mort, être mieux traité que lui ? « Tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc VI, 40). « Le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu » (1 Jean III, 1).
Mais, d'un autre côté, le chemin où Jésus t'appelle à le suivre est plein de lumière au milieu des ténèbres d'un monde qui ne connaît pas Dieu. Il est la lumière, et celui qui le suit ne marchera pas dans les ténèbres (Jean VIII, 12). C'est un sentier de paix : « Je vous donne ma paix, » a-t-Il dit aux siens. Là se trouvent ces fontaines d'eau vive qui rafraîchissent l'âme, qui répandent en elle, par la jouissance de la communion avec Dieu, une paix et une joie permanentes.

Et sais-tu où il a abouti, le chemin que le Fils de l'homme a parcouru ? À la croix sur la terre, oui ; mais à la gloire auprès de Dieu. Il a méprisé la honte, II a enduré la croix, et maintenant II est assis à la droite du trône de Dieu (Hébreux XII, 2), dans la gloire et la joie éternelles.
Voilà aussi le but pour ceux qui le suivent : Souffrir avec Lui maintenant, porter son opprobre pendant quelques jours, mais avec la paix et une joyeuse espérance dans le coeur ; et puis régner avec Lui, être pour toujours dans la présence ravissante de Celui à la droite duquel sont des plaisirs pour jamais et dont la face est un rassasiement de joie. Oh ! que peut être la légère tribulation d'un moment, devant un poids éternel de gloire ? (2 Corinthiens IV, 17.)

Laisse donc là tes oeuvres, les hommes avec leurs fausses appréciations, le monde avec sa vanité et ses convoitises. Un seul chemin conduit à la gloire, à la vie éternelle. C'est Jésus qui, parsa mort, te l'a ouvert. C'est Lui qui est le chemin, la vérité et la vie. Suis-le maintenant ; demain sera trop tard. Ne t'en va pas tout triste loin de la source des eaux vives, pour te creuser des citernes crevassées où tu ne trouveras rien qui puisse étancher ta soif. Suivre Christ, c'est la vie ; loin de Lui, c'est la mort, le jugement et les peines éternelles.
Ne veux-tu pas suivre Celui qui est la VIE ?

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
[Dialogue).

II
L'ELECTION ET LA GRÂCE
(Suite)

- J'ai été profondément intéressé par ce que vous m'avez déjà dit au sujet de l'élection de Dieu ; mais je désirerais en savoir davantage. Il me paraît difficile de concilier la responsabilité du pécheur avec la souveraineté du Dieu tout-puissant, qui fait ce qu'il veut.
- Cher ami, nous n'avons rien du tout à concilier. Il nous faut prendre simplement les choses telles que Dieu nous les présente. La foi ne raisonne pas sur ce qu'il fait, mais se remet à Lui et se confie en sa parole. Ses pensées ne sont pas nos pensées, et ses voies ne sont pas nos voies ; autant que les cieux sont élevés pardessus la terre, autant ses voies sont élevées - par-dessus nos voies, et ses pensées par-dessus nos pensées (Esaïe LV, 8-9).
- Je le comprends. Cependant il me sembleque les voies de Dieu doivent se justifier à nos yeux. N'est-il pas dit qu'il n'y a pas d'injustice dans le Tout-Puissant ?
- Certainement ; c'est la réponse qu'Élihu fit à Job qui prétendait que Dieu avait renversé le droit. Mais vous voyez, par cet exemple, combien il faut être élevé au-dessus de toute recherche de nous-mêmes pour comprendre les voies de Dieu. Job était un homme intègre, mais il se trompait en pensant que son intégrité pouvait le recommander aux yeux de Dieu. Ce n'est pas que Dieu n'en tînt pas compte ; au contraire.
Mais, comme tout autre homme pécheur, Job avait besoin de la grâce. La perfection absolue convient seule à la présence de Dieu, et la perfection ne se trouve pas en nous. D'un autre côté, Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais plutôt qu'il se détourne de son train, et qu'il vive (Ézéchiel XVIII, 23 ; voyez aussi ! Timothée II, 4 ; 2 Pierre III, 9).
- Comment donc Dieu exerce-t-il sa souveraineté ?
- Nous allons le voir. Dans les paroles d'Élihu qui traitent de ce sujet (Job XXXIII), deux choses nous sont présentées. D'abord, « Dieu sera toujours plus grand que l'homme mortel. » Ensuite, lorsque Dieu, par de grandes épreuves, a rabaissé la fierté de l'homme et touché son coeur, II a pitié de lui et dit : « Garantis-le, afin qu'il ne descende pas dans la fosse ; j'ai trouvé la propitiation. »
Ainsi Dieu exerce sa souveraineté en faisantgrâce au pécheur. C'est ce qui amène celui-ci à faire sa confession, comme nous le lisons aux vers. 27, 28 : « Il regardera vers les hommes et dira : J'avais péché, j'avais renversé le droit, et cela ne m'avait point profité ; mais Dieu a garanti mon âme, afin qu'elle ne passât point par la fosse, et ma vie voit la lumière. » N'est-on pas heureux de reconnaître que tout vient de Dieu, de sa pure grâce ?
- Oui ; et j'éprouve toujours du bien en entendant parler de la grâce ; mais j'aimerais savoir pourquoi Dieu doit exercer sa souveraineté en faisant grâce.
Parce que tous les hommes sont pécheurs. Il est dit que « l'Écriture a renfermé toutes choses sous le péché, afin que la promesse, sur le principe de la foi en Jésus-Christ, fût donnée à ceux qui croient » (Galates III, 22). Or, là où il est question d'une promesse, il s'agit de la souveraineté de Dieu, n'est-ce pas ?
- Si je vous comprends bien, vous voulez dire qu'une promesse n'est pas méritée par celui qui la reçoit, et ne dépend que de la bonne volonté de celui qui la fait.
- Précisément. Dieu, étant tout-puissant et souverain, peut promettre ce qu'il veut. C'est ce qu'il a fait pour Abraham ; et la promesse qu'il lui a donnée est absolument sans condition, c'est-à-dire qu'elle ne dépend que de Dieu seul.
- Quelle est donc cette promesse ?
- Nous la lisons au chapitre XII de la Genèse, où Dieu dit à Abraham : « En toi toutesles nations de la terre seront bénies. » L'apôtre, dans le chapitre III des Galates, explique que la « bénédiction » appartient à celui qui croit en Jésus-Christ. C'est sur. le principe de la foi qu'elle est donnée. Il nous montre aussi qu'elle comprend deux choses : d'abord la justification du pécheur (vers. 8, 24), ensuite le don du Saint-Esprit à celui qui est justifié, et qui, par suite de sa foi, est un « enfant de Dieu » (vers. 14, 26).
- Nous avons bien lieu, je le vois, de bénir Dieu qui nous donne gratuitement la vie éternelle. Comment aurions-nous pu l'avoir autrement ?
- En effet, cher ami ; et remarquez encore qu'au moment où Dieu fit cette promesse à Abraham, toutes les nations avaient déjà abandonné Dieu, et étaient tombées dans l'idolâtrie. L'homme ne cesse de pécher contre Dieu, et Dieu, au lieu de le punir comme il le mérite, se retire dans sa souveraineté pour lui faire grâce.
- Tout cela est bien beau, mais il me semble qu'il y a une limite à la bénédiction, au moins dans son application ; car ce n'est que « ceux qui croient » qui y ont part.
- Vous avez parfaitement raison, et il ne peut pas en être autrement. La justice de Dieu exigeait avant tout que le péché fût ôté ; pour cela II a envoyé son Fils. Maintenant il faut honorer le Fils et croire en Lui pour entrer dans la communion des pensées de Dieu. Pourrait-il y avoir quelque bonheur pour une âme qui vivrait éternellement sans jouir de la communion avec leDieu qui est l'auteur de la vie ? L'Écriture a dit formellement : « Le juste vivra par la foi » (Habacuc II, 4). Votre conscience ne vous dit-elle pas qu'il faut tôt ou tard avoir affaire avec Dieu ?
- Oui, mais puisque Dieu agit en grâce maintenant, on est heureux d'aller à Lui à présent pour être justifié, au lieu d'attendre pour être jugé.
- Certainement. La grâce est la clef de toutes ses voies envers nous actuellement. « La loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ » (Jean I, 17).
- N'y a-t-il pas aussi un passage qui dit que la grâce de Dieu apporte le salut ?
- Oui, c'est Tite II, 11 ; et il est ajouté qu'elle « est apparue à tous les hommes. » Examinons maintenant aussi l'épître aux Romains. Nous y trouverons très-clairement établies les vérités qui viennent de nous occuper. Les quatre premiers chapitres exposent avec beaucoup de détails le principe que nous avons vu dans l'épître aux Galates, savoir que l'Écriture a renfermé toutes choses sous le péché, afin que la bénédiction soit donnée sur le principe de la grâce. L'apôtre montre par les Écritures que tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu ; ensuite que nous sommes justifiés gratuitement par la grâce de Dieu, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ; enfin que ceux qui sont justifiés sont ceux qui croient en Jésus-Christ. Puis, au chapitre IX, il établit encore, par les Écritures,qu'une bénédiction, quelle qu'elle soit, est un effet du propos arrêté de Dieu, de sa pure grâce, qui exclut toute prétention que l'homme pourrait avoir de la mériter ou de la gagner par lui-même.
- Mais voilà précisément ce qui me semble ôter à l'homme sa responsabilité.
- L'apôtre répondra bientôt à cette difficulté qui, après tout, n'en est pas une ; car Dieu, est libre d'ouvrir à des pécheurs une porte de grâce où II veut, comme il veut et quand II veut. Cela ne diminue en rien la responsabilité de ceux qui ont péché contre Lui ; au contraire, elle est augmentée pour ceux qui refusent d'écouter sa parole. Mais continuons l'examen du chapitre IX. (Vers. 7-9) : La parole de la promesse faite à Abraham restreint la bénédiction au fils de Sara, c'est-à-dire à Isaac, en sorte que tous les autres enfants d'Abraham s'en trouvent exclus. Le seul titre à la bénédiction est donc la promesse de Dieu.
(Vers. 10-13) : Mais il y a plus. Dieu montre le même principe s'appliquant dans un autre sens aux enfants d'Isaac. Nous serions disposés à penser que ceux d'entre nous qui ne se conduisent pas bien doivent être exclus de la bénédiction, en d'autres termes, nous baserions volontiers la bénédiction sur un principe légal. Dieu fait tout le contraire : « Avant que les enfants (d'Isaac) fussent nés et qu'ils eussent rien fait de bon ou de mauvais, afin que le propos selon l'élection de Dieu demeurât, non point sur le principe des oeuvres, mais de celui qui appelle, il fut dit à Rebecca : Le plus grand sera asservi auplus petit ; ainsi qu'il est écrit : « J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Ésaü. »
On ne peut donc mettre en avant ni les droits d'une descendance naturelle de la souche de la bénédiction, ni le principe légal des oeuvres méritoires. Lorsque Dieu bénit, II le fait sur le principe de la grâce souveraine, et sur ce principe seulement.
(Vers. 14-16) : « Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l'injustice en Dieu ? Qu'ainsi n'advienne ! car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à celui à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc ce n'est pas de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. » Si vous lisez attentivement le magnifique passage de l'Exode (chapitre XXXIII) d'où est tirée la citation que fait l'apôtre, vous verrez quelle lumière il jette sur le sujet. Le peuple d'Israël avait péché contre Dieu de la manière la plus grossière en élevant le veau d'or au milieu du camp. L'Éternel avait menacé de les consumer tous en un moment ; mais, après l'intercession de Moïse, Il se réserve le droit de faire miséricorde à qui II veut. C'est la seule base sur laquelle on puisse s'approcher de Lui, et nous avons à Le bénir qu'il en soit ainsi.
- Vous voulez dire sans doute que tout effort humain est exclu.
- Certainement. Tout est du Dieu « qui fait MISÉRICORDE. » Si quelqu'un pense trouver Dieu, ou le ciel, ou le vrai bonheur, sur un autre principe, il court au-devant de sa ruine, bienque la grâce de Dieu puisse le supporter très-longtemps. Nous le voyons aux vers. 17, 18, par ce qui est dit de Pharaon : « Car l'Écriture dit à Pharaon : C'est pour cela même que je t'ai suscité, pour montrer en toi ma puissance, et pour que mon nom soit publié dans toute la terre. Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » Bienheureux celui qui, après avoir entendu la parole de Dieu, recherche sa grâce de la seule manière dont il peut la trouver, c'est-à-dire, comme un pécheur perdu. Il éprouvera la vérité de cette parole bénie : « Celui qui vient à moi, je ne le mettrai point dehors. »
Nous trouverons maintenant votre question très-nettement formulée au verset 19 : « Tu me diras donc : Pourquoi se plaint-il encore : car qui est-ce qui a résisté à sa volonté ? »
La réponse ne se fait pas attendre : l'Esprit de Dieu repousse l'objection avec indignation : « Mais plutôt, toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu ? La chose formée dira-t-elle à celui qui l'a formée : Pourquoi m'as-tu ainsi faite ? Le potier n'a-t-il pas pouvoir sur l'argile pour faire de la même masse un vaisseau à honneur et un autre à déshonneur ? Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience les vaisseaux de colère tout préparés pour la destruction ; - et afin de faire connaître les richesses de sa gloire dans des vaisseaux de miséricorde qu'il a préparés d'avance pour lagloire... ? lesquels aussi il a appelés, non-seulement d'entre les Juifs, mais aussi d'entre les nations... » Lorsque Dieu veut montrer sa colère, II supporte avec une grande patience les vaisseaux de colère. Cela est assurément un effet de sa grâce, et nous montre qu'il ne se hâte pas d'exécuter le jugement. Mais combien cette grâce brille d'un vif éclat lorsqu'il nous dit qu'il a préparé pour la gloire les pauvres vaisseaux de miséricorde qui ne méritaient que le jugement !
« ... Car Dieu a renfermé tous (Juifs et nations) dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous » (Romains XI, 32). C'est cette vérité qui fait éclater en actions de grâces le coeur du bienheureux apôtre : « O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies introuvables ! Car, qui a connu la pensée du Seigneur ou qui a été son conseiller ? ou qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu ? Car de Lui et par Lui, et pour Lui sont toutes choses ! À Lui soit la gloire éternellement ! Amen. »
« AUJOURD'HUI » est encore son jour de grâce, et II fait proclamer pour celui qui a des oreilles pour entendre : « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que QUICONQUE croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. »
- Il est précieux d'être sauvé uniquement par la grâce selon le propos arrêté de Dieu, - mais ne pensez-vous pas que, par une proclamation aussi nette de la grâce, il n'y ait du danger à ce que l'on soit encouragé à continuer dans le péché, ou bien à passer très-légèrement sur le péché ?
- La question est posée et il y est répondu négativement dans le chapitre VI de l'épître aux Romains. Il ne peut y avoir du danger à marcher dans le chemin que Dieu nous indique dans sa parole. Bien loin de traiter légèrement le péché, c'est la connaissance de la grâce, plus que toute autre chose, qui nous fait comprendre combien le péché est horrible.
- Je voudrais pouvoir sentir en moi-même cette sainte horreur du péché.
- Un tel désir vient de Dieu, cher ami ; et c'est en croissant dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur Jésus-Christ, que vous en recevrez l'accomplissement. Mais il ne faut pas s'attendre à avoir ces sentiments avant de venir au Sauveur. Quant à la marche chrétienne, il est dit que le péché ne dominera pas sur nous parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce (Romains VI, 14). Un coeur saisi par l'amour de Dieu ne peut pas demeurer dans le péché. « Nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous ; Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui. En ceci est consommé l'amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement, c'est que, comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde... Nous l'aimons parce que Lui nous a aimés le premier » (1 Jean IV, 16-19).

***

« Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains V, 8).

LA PORTE

Un dimanche soir, ayant ouvert ma Bible au chapitre X de l'évangile de Jean, mes yeux s'arrêtèrent sur ces paroles : « Je suis la porte ; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé. » En même temps ma pensée se porta sur une jeune fille récemment entrée à notre service et qui semblait préoccupée du salut de son âme.
L'ayant fait chercher, je lui dis : Lydie, je désire vous lire un verset de la Bible. Écoutez : « Je suis la porte (c'est Jésus qui parle) ; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé. »
Je vis que son attention était éveillée ; elle me regardait avec sérieux pendant que je lisais lentement. Je continuai :
- Tous ceux qui entrent par cette porte, c'est-à-dire par Jésus-Christ, sont sauvés.
Comprenez-vous cela, Lydie ? Mais si quelqu'un n'entre pas par elle, il est perdu. Perdu ! saisissez-vous bien ce que cela veut dire ?
- Oui, répondit-elle avec un peu d'hésitation.
- Lydie, êtes-vous sauvée ou perdue ?
- Perdue ! dit-elle d'une voix tremblante.
- Perdue ! repris-je ; perdue quand la porte est grande ouverte devant vous, quand le sang du bon Berger a été versé pour vous sauver et que lavoix du Seigneur Jésus lui-même vous appelle à entrer et à trouver le pardon, la paix et la sécurité ! Perdue quand le Berger lui-même attend à la porte pour vous prendre par la main, vous introduire, vous serrer sur son coeur, comme un de ceux qui étaient perdus et qu'il a trouvés !

Elle fondit en larmes. La parole avait pénétré et son coeur était brisé. Je priai avec elle, puis je lui dis : « Allez maintenant seule dans votre chambre ; jetez-vous telle que vous êtes dans les bras de Jésus qui mourut pour des pécheurs. Ouvrez-Lui tout votre coeur ; II ne vous repoussera pas. Allez droit à la porte, et II vous sauvera ce soir même, car II a dit : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi ! »

La jeune fille le fit, et ce ne fut pas en vain. Certainement, « Dieu est le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (Hébreux XI, 6). Quand elle ressortit de sa chambre, elle était sauvée. Ce même soir, elle confessa à une femme chrétienne de la maison ce que le Seigneur avait fait pour son âme.
Elle n'était plus « loin », mais rapprochée par le sang de Christ ; non plus « dehors », mais entrée pour entendre la voix de Jésus et pour trouver tout ce dont son âme avait besoin.

Et vous, lecteur, êtes-vous ou non entré par la porte ? SAUVÉ, OU encore PERDU ?
Tiré du FAITHFUL WORDS.

LA LUMIÈRE AU TEMPS DU SOIR

L'entrée de tes paroles illumine. (PSAUME CXIX, 130).

- Chère Anna, tire un peu le rideau, que je puisse voir le soleil se coucher, et approche ta chaise de mon lit ; puis lis-moi quelque chose, - quelque chose qui me fasse du bien.
Et la jeune malade poussa un douloureux soupir, en se tournant avec inquiétude sur sa couche, et en suivant, d'un regard fatigué, les mouvements de sa soeur. Celle-ci s'empressa d'accomplir les désirs de la malade, qui tourna les yeux vers la fenêtre, par laquelle le soleil, se couchant avec une splendeur inaccoutumée pour un jour d'hiver, jetait ses derniers rayons.
Mais ce n'était ni à la lumière du soleil, ni à aucune lumière terrestre que songeait la jeune fille, car elle murmura à voix basse : - « Au temps du soir, il y aura de la lumière (Zacharie XIV, 7), » .... de la lumière ! Oh ! Anna, ajouta-t-elle, le soir est arrivé pour moi, mais il n'y a pas de lumière.

La soeur se rapprocha encore, prit dans ses mains la petite main brûlante qui reposait sur la couverture, et, comme elle regardait avec tendresse la figure troublée de celle qui lui était si chère, ses yeux réfléchirent le même trouble.
Pendant quelques moments elles se turent ;leurs mains se serrèrent plus étroitement, puis la jeune fille malade rompit de nouveau le silence.
- Chère Anna, parle-moi sincèrement ; si tu étais mourante comme je le suis, aurais-tu peur ? Ne cherche pas à me dire que je me trompe, ma chérie. Je sais que je vais mourir.... J'ai entendu tout ce que le docteur a dit hier... Ne sois pas fâchée, ma petite soeur, il vaut mieux que je le sache, car sans cela je ne l'aurais pas deviné. Je ne suis pourtant pas si malade ? - Son regard semblait interroger, comme si elle eût été bien aise d'apprendre qu'elle s'était trompée, quelle qu'eût été l'assurance de ses premières paroles.

Muette et le coeur navré, Anna baissa la tête. Le coup de mort avait été porté, le soir précédent, à toutes les espérances relatives à cette jeune vie. Le médecin de la maison, qui connaissait la malade depuis sa naissance, et qui l'aimait comme son propre enfant, avait dit : Elle ira encore une ou deux semaines au plus, moins peut-être, si la maladie continue à faire d'aussi rapides progrès.

Il faut avoir été dans des circonstances analogues, et entendu prononcer un semblable arrêt, pour comprendre la douleur profonde des parents de la jeune fille. Quelle tristesse saisit le coeur lorsqu'on apprend que la vie pour laquelle on donnerait volontiers la sienne, décline sûrement et rapidement ; que ni l'amour, ni les plus tendres soins ne peuvent empêcher de se rompre « le câble d'argent » qui attache à laterre l'être chéri, mais que bientôt, bientôt le départ qui semble si terrible sera là !
Un sanglot à moitié étouffé avait été la réponse d'Anna aux dernières paroles de sa soeur. Chacune pensait à l'autre. Puis comme un flot de lumière d'or remplissait la chambre, la malade répéta sa question :
- Serais-tu effrayée, Anna ? dis-le-moi.
- Je ne le sais pas, mon Hélène chérie ; c'est si difficile à dire d'avance. Je ne pense pas que je le fusse ; et, dit-elle à voix plus basse, tu connais Jésus, et Jésus sera avec toi pour te faire passer à travers ce moment.
- Mais je ne suis pas sûre ; et pense donc, Anna, c'est pour toujours ! Toujours ! Je ne dois pas me tromper maintenant. Oh ! comment faire pour être sûre ? Et tremblante d'une émotion qui amenait quelques couleurs sur son pâle visage, elle se souleva sur son coude, et fixa sur sa soeur un regard anxieux.
- Chère Hélène, répondit Anna, ne sommes-nous pas toutes deux venues à Jésus ? Nous avons lu ensemble dans sa parole ce qu'elle nous dit de son amour et de son désir de nous recevoir. Tu te rappelles le jour où nous avons appris que nous étions des pécheresses qui avaient besoin d'un Sauveur, et nous sommes venues à Jésus. Je n'ai jamais eu de doutes depuis ce moment, et je ne pensais pas que tu en eusses eu.
- Je n'ai jamais eu la même certitude que toi, Anna. Hier soir, quand j'ai entendu le docteur dire que je mourrais bientôt, oh ! j'ai étési effrayée ! J'étais quelquefois heureuse, quand nous chantions ensemble des hymnes, et surtout lorsque je reçus la lettre de A... avec les versets de l'Écriture qui répondaient à mes doutes. Il me semblait parfois que tout était bien clair, puis les doutes revenaient ; et maintenant, j'ai tellement peur, et je ne puis trouver de soulagement.
- Regarde à Jésus, chère Hélène, dit sa soeur d'une voix tremblante, sachant à peine quelles paroles trouver dans sa profonde tendresse, sa douleur et son anxiété.
- Oui, mais, Anna, II pourrait m'oublier. J'ai connu si peu de chose de Lui, et je ne l'ai pas servi. Je ne le connais pas assez, Anna, pour pouvoir mourir tranquille Il pourrait me laisser... C'est comme si j'avais à traverser une large et profonde rivière, et j'ai peur de descendre seule dans ses eaux toutes noires.
Ces paroles furent dites d'une voix convulsive ; son faible corps tremblait comme dans Une angoisse mortelle. L'éternité dans toute sa réalité était devant elle ; chacune des choses auxquelles elle s'était attachée sur la terre échappait à son étreinte, et, dans son âme, il n'y avait pas la certitude que des bras éternels s'étendaient pour la soutenir.

Lecteur, avez-vous jamais, dans les ténèbres et le silence de la nuit, loin de tout oeil humain, contemplé l'éternité en face, seul avec Dieu, sans cette assurance qui donne la paix, que votre vie était cachée avec Christ en Dieu ; quesa vie, sa joie, sa maison étaient vôtres ? S'il en est ainsi, si vous avez vu l'éternité dans toute sa solennelle réalité, vous comprendrez quelque chose de l'angoisse d'âme de cette jeune fille. Je dis quelque chose parce que, probablement, vous n'avez jamais été sur les limites qui séparent le temps de l'éternité, avec la certitude qu'il n'y avait plus qu'un très-petit nombre de soirs avant que, pour vous, le temps eût fini son cours et que l'éternité eût commencé.

Ces deux jeunes soeurs, dont celle qui se mourait était l'aînée, avaient été depuis peu de temps réveillées au sentiment de leurs péchés et de leur ruine morale, et du besoin qu'elles avaient d'être sauvées. Anna, la plus jeune, avec une foi toute simple, avait saisi Jésus comme son Sauveur ; dans sa mort, dans l'aspersion de son sang, elle avait vu l'expiation pour ses péchés. Il n'avait surgi dans son coeur ni questions, ni doutes. Au moment même où elle avait découvert les besoins de son âme, Celui qui seul peut y répondre s'était présenté à elle ; elle l'avait reçu, et, pleine de confiance, elle s'était attachée à Lui. Il en avait été tout autrement d'Hélène. Quoique réveillée et sentant sa misère, elle n'avait jamais jusqu'alors mis à nu son âme devant Jésus, afin qu'il répondît à tout. Il y avait eu dans son coeur des réserves, dans son esprit des doutes et des raisonnements, et maintenant que la mort était devant elle, elle ne connaissait pas assez Jésus, comme elle le disait, pour pouvoir mourir tranquille.

Hélène avait cessé de parler. Pendant un moment Anna resta la tête appuyée sur ses mains, demandant intérieurement au Seigneur Jésus, en qui elle se confiait avec tant de simplicité, de venir dissiper les ténèbres de l'âme de sa soeur. Puis elle dit : Hélène, Jésus ne veut pas te laisser descendre seule dans les eaux sombres et profondes ; II ira avec toi. Je le connais assez pour savoir qu'il ne t'oubliera, ni ne t'abandonnera jamais, si tu te confies en Lui. Je voudrais savoir mieux te parler, mais je sais qu'il y a dans la Bible un verset qui dit qu'il ne laissera jamais aucun de ceux qui sont venus à Lui. Si seulement je pouvais le trouver.

La jeune mourante était retombée sur ses oreillers, mais elle se souleva de nouveau, et dit avec véhémence : Trouve-le, Anna, et montre-le-moi dans la Bible elle-même, sans cela je ne puis le croire. Oh ! si seulement il était dit qu'il ne me laissera jamais ! - Et son agitation intérieure se peignait par l'éclat brûlant de ses joues.
Effrayée des conséquences que pouvait avoir une semblable excitation, Anna chercha à calmer sa soeur.
- Ne veux-tu pas, lui dit-elle, essayer de te reposer un peu ? Demain je trouverai le passage et je te le lirai.
- Demain ! répondit Hélène ; je ne serai peut-être plus ici demain, mais en enfer. Il a dit : « Elle peut passer tout d'un coup, » ajouta-t-elle, en rappelant les paroles mêmes du médecin.

Après quelques instants, elle reprit : Celavaut encore mieux pour moi, Anna, que d'être là à penser toute seule, comme cela est arrivé tout ce temps, quoique tu n'en aies rien su. Je ne puis avoir de repos jusqu'à ce que je sois sûre que Jésus veut m'avoir et qu'il ne me laissera point.
Anna sentit la vérité de ces paroles, et, ouvrant sa Bible, elle se mit à chercher soigneusement les versets qu'elle désirait ; mais elle était encore très-jeune dans la foi, et connaissait peu les Écritures. Page après page, elle parcourut le précieux volume, examina et chercha avec anxiété, mais en vain, tandis que sa soeur suivait tous ses mouvements avec une attente fiévreuse.

La courte après-midi de janvier s'était écoulée, le dernier rayon du soleil s'était éteint, et Anna, penchée sur sa petite Bible, s'efforçait encore de lire à la lueur vacillante du foyer, quand la servante entra, apportant le courrier du soir.
Il y avait plusieurs lettres et paquets, mais une petite brochure, attachée avec un bout de cordon vert, sembla seule attirer l'attention et éveiller l'intérêt de la jeune malade. Dès que la servante fut sortie, après avoir allumé la lampe et tiré les rideaux : - Anna, dit Hélène à sa soeur, peut-être Dieu m'envoie-t-Il un message par ce petit livre, comme II l'a déjà fait auparavant pour nous deux. Ouvre-le pour moi.

Certainement c'était le Seigneur qui, dans son amour plein de tendresse pour ce pauvre coeur anxieux et fatigué, lui envoyait ce messager silencieux. Dans une circonstance qui sembleraitde bien peu d'importance, on pouvait voir que son coeur miséricordieux avait tout arrangé, et que sa main avait tout conduit.

La brochure renfermait l'histoire touchante de la conversion du jeune docteur. Vraisemblablement, sans intention de la part de l'expéditeur, mais sûrement selon le dessein de Celui qui compte même les cheveux de notre tête, le papier qui enveloppait le petit livre était replié à une page, qui, dès qu'Anna eut ôté l'enveloppe, se présenta d'elle-même à ses regards. Les premières lignes qui frappèrent les yeux de la jeune fille furent : « Écoutez ses propres paroles, lui dis-je : Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père (Jean X, 27-29). Ne vous donne-t-Il pas là la réponse qu'il vous faut (1) »

Avec un sentiment profond d'amour, mêlé d'admiration et de louange, la jeune fille lut le paragraphe et la question qui la termine ; question qui était précisément celle que son coeur adressait à sa soeur.
- Voilà, Hélène, voilà, dit-elle, les versets mêmes que j'essayais de trouver. Dieu te les a envoyés directement. Maintenant, ne les croiras-tu pas ? La crainte, la surprise, l'espérance et unelueur de soulagement se reflétaient tour à tour et semblaient se combattre sur le visage d'Hélène.
- Donne-moi le livre, Anna, murmura-t-elle doucement ; donne-moi aussi mon Nouveau Testament, et place la lampe près de moi ; puis laisse-moi un moment seule. Ne crains rien, ma soeur chérie ; je te promets de sonner si je me sens mal, ou si j'ai besoin de toi.
Anna se leva et fit ce que sa soeur désirait.

Une heure se passa, sans que la sonnette se fît entendre. Anna n'osait entrer ; mais quand une autre heure se fut écoulée, elle se glissa vers la porte et l'ouvrit doucement. Pas le plus léger bruit ne se faisait entendre. Elle avança silencieusement, craignant presque de regarder vers le lit. Mais ses frayeurs n'avaient aucun fondement ; le spectacle qui s'offrit à elle remplit son coeur de joie. Hélène dormait paisiblement ; sur ses lèvres un peu entrouvertes reposait un léger sourire, et sa jeune figure portait une expression de paix sans mélange qu'Anna n'y avait jamais vue auparavant.
Tout à côté d'elle, était placée la petite brochure, et la lampe jetait sa pleine lumière sur la page où se lisaient les précieux versets de la parole de Dieu ; tandis que la main de la jeune fille tenait son Nouveau Testament ouvert au dixième chapitre de l'Évangile de Jean. Elle avait voulu chercher et avait trouvé elle-même les paroles bénies du Seigneur, et la paix dont elles avaient rempli son coeur avait aussi donné du repos à son corps.

Anna s'assit doucement et attendit, jusqu'à ce qu'enfin la pensée la saisît, que peut-être sa soeur ne se réveillerait plus. Elle se leva pleine d'anxiété, pour aller appeler sa mère et les autres personnes de la famille, demandant ardemment au Seigneur qu'au moins une parole, une seule, des lèvres d'Hélène, lui donnât l'assurance qu'elle avait trouvé le repos que Jésus donne à chacun de ceux qui, fatigués et chargés, sont venus à Lui.
Le Seigneur lui donna, comme II se plaît à le faire, beaucoup plus qu'elle ne Lui avait demandé.

Son mouvement, si léger fût-il, avait réveillé Hélène. Elle ouvrit les yeux, et, voyant sa soeur, lui dit avec un sourire de bonheur : Anna, il me semble avoir été dans le ciel. - « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. » Ainsi, II est venu pour me sauver, moi ; car cola veut dire chaque pécheur ; et il n'est pas question pour moi de me tenir attachée à Lui, ou de le bien servir, ou de le connaître beaucoup, quoique ce soit mon désir. Il dit : « Je les connais ; » cela suffit. Il me connaît donc bien, II sait aussi toute nia méchanceté, et cependant II dit : « Personne ne les ravira de ma main. » Cela doit signifier que, même moi, je ne puis m'ôter de sa main. Oh ! combien II est bon ! Oui, cela est suffisant, même pour mourir.

Des larmes d'une profonde et sainte joie remplissaient leurs yeux ; des louanges et des actions de grâces montaient de leurs coeurs.
- As-tu vu cela tout d'un coup, chère Hélène ? dit Anna à sa soeur.
- Non, pas immédiatement. Quand tu as lu ces versets, j'ai senti qu'il pouvait y avoir quelque chose pour moi. J'étais sûre que c'était le Seigneur lui-même qui avait envoyé ce message juste en ce moment, et je désirais être seule avec Lui pour être mise bien au clair. Alors je ne sais quoi, Satan, je suppose, vint comme murmurer à mon oreille : « Oui, II garde ses propres brebis ; mais si tu n'en es pas une ? » Je fus alors plus malheureuse que jamais, car j'avais eu des lueurs d'espérance. Dans mon angoisse, je tournais les pages du petit livre pour voir si celui dont il y est parlé avait eu les mêmes craintes que moi, et mes regards tombèrent sur ces paroles : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. » Oh ! combien fut doux pour moi ce mot « les pécheurs. » Si je ne suis pas une de ses brebis, je suis une pécheresse, dis-je à haute voix, et Jésus est venu pour sauver les pécheurs. Satan même ne peut me disputer ce nom, ni nier le droit de Jésus à me sauver, .... et ceux qu'il sauve, II les tient ferme..... Je suis étonnée de ne pas l'avoir vu auparavant, mais... O Anna, quel soulagement quand la paix vient après de telles angoisses !

Un sourire d'une beauté plus que terrestre illuminait ses traits ; elle ferma les yeux, non pour dormir, mais comme pour s'absorber dans le bonheur qu'elle venait de trouver.

Hélène vécut encore quelques semaines. Il semblait que l'entrée de la parole de Dieu, non-seulement avait donné à son âme de la lumière au temps du soir, mais même quelque force à son corps, comme si la joie de son coeur l'eût élevée au-dessus de la douleur et de la faiblesse.

Un jour qu'avec beaucoup de chaleur elle parlait de Jésus à une jeune amie, sa mère entra et, voyant son regard si brillant et si animé, elle dit : - Eh bien, Hélène, je crois qu'après tout nous te reverrons en bonne santé. - Oui, mère chérie, répondit-elle ; Jésus m'a guérie... Non comme tu l'entends, ajouta-t-elle ; je vais au pays dont les habitants ne diront plus : Je suis malade, - et, ce qui est meilleur, je vais vers Jésus.

Hélène ne pouvait pas garder pour elle-même le trésor qu'elle avait trouvé. Son coeur était plein d'un ardent désir d'être le moyen de le faire partager à d'autres ; d'être le canal de communication entre un Dieu qui donne et des coeurs misérables, même s'ils ne connaissent pas leurs besoins.
Pour elle, la vie, la mort, l'éternité, et pardessus tout Christ, étaient des réalités. Elle souhaitait vivement que ceux qu'elle connaissait et aimait n'attendissent pas à leur lit de mort pour voir ainsi toutes choses sous leur vrai jour.
- Mon seul regret en mourant, disait-elle un jour à sa soeur, est que l'éternité même né peut nous conférer l'honneur d'être du côté de Jésus quand tout le monde est contre Lui ; de lui plairepar une marche sincère et vraie ; mais toi, chère Anna, tu as encore le temps de Lui être fidèle, d'être tout entière à Jésus, et tu pourras jouir de sa parole : « Ce qui était en son pouvoir, elle l'a fait » (Marc XIV, 8). Je serai heureuse de l'entendre dire cela de toi en le jour de Christ.

Enseignée par le Saint-Esprit, qui prend de ce qui est à Christ pour nous l'annoncer, elle apprit beaucoup durant ces quelques semaines si rapidement écoulées. Toutes les fois que cela était possible, elle demandait avec instances qu'on lui lût la parole de Dieu, ou bien elle la lisait elle-même.
- Je désire connaître de Jésus tout ce que je puis, avant d'aller auprès de Lui, disait-elle à sa soeur, la confidente de toutes ses pensées, et pour l'âme de laquelle ces jours étaient un temps de profit réel. C'était Hélène qui enseignait maintenant, non qu'elle voulût prendre cette place, mais les eaux vives dont Jésus avait rempli son âme jaillissaient sans cesse, rafraîchissant et fortifiant tous ceux qui l'approchaient.

Au commencement de février, il devint évident, même à ceux qui essayaient encore de se faire illusion, qu'Hélène déclinait rapidement. Ses souffrances étaient intenses, au point qu'Anna même, qui lui était attachée par les liens d'une affection plus qu'ordinaire entre soeurs, ne pouvait pas désirer qu'elle restât plus longtemps ici-bas. Cependant la jeune patiente supportait tout sans une plainte, bien différente de ce qu'elle était quelques mois auparavant,lorsque, pleine de vie et d'entrain, favorite de chacun, elle avait, malgré son coeur aimant et généreux, tant de peine à rencontrer sans impatience ce qui venait contrarier sa volonté et ses désirs. Bien différente était-elle aussi de la malade qui, quelques semaines plus tôt, gémissait fatiguée, misérable et ne trouvant pas le repos. Mais quel docteur enseigne comme Jésus quand on vient apprendre de Lui ?
- Comment peux-tu le supporter, ma chère enfant ? lui disait sa mère avec un coeur brisé, un jour que la douleur était encore plus forte qu'à l'ordinaire.
- « Il s'est livré LUI-MÊME pour moi (Galates II, 20), » répondit-elle simplement ; Lui-même, Lui-même, répéta-t-elle.

Plusieurs fois, durant ces semaines, elle demanda qu'on lui lût encore le récit qui avait été le moyen de lui apporter la paix. « Le message que Dieu m'a adressé » ; c'est ainsi qu'elle le nommait.
Sa fin arriva avant que fût écoulée la première moitié de février. Ceux qui l'aimaient et l'entouraient de leurs soins, avaient craint que ses dernières souffrances ne fussent terribles, mais ce fut doucement et paisiblement que Jésus la prit à Lui.
Le soleil couchant répandait sa lumière d'or, comme le jour où, cinq semaines auparavant, Hélène, dans son amère angoisse, disait à sasoeur la terreur et l'épouvante de son âme. Elle semblait se rappeler ces instants, car, tournant ses regards vers le couchant enflammé, elle murmura doucement : « Au temps du soir... et Jésus est la lumière.... La cité n'a pas besoin de... »
Elle s'arrêta ; un sourire radieux plein d'un intense bonheur éclairait ses traits ; il y eut encore un léger mouvement, un faible soupir, et l'esprit affranchi d'Hélène se trouvait en la présence de Celui qui est la lumière du ciel, et qui avait illuminé son jeune coeur durant les sombres heures de la souffrance et de la mort. « Absente du corps, présente avec le Seigneur », elle goûtait ce que c'est d'être avec Jésus, dans le Paradis.

O vous qui venez de lire cette simple histoire d'Hélène, connaissez - vous Jésus « assez pour mourir » ?

Connaître quelque chose de Lui ne suffit pas ; parler de Lui, chanter des hymnes à son nom, n'est pas assez. Pour rencontrer paisiblement la mort, il faut que je sache que, sur la croix du Calvaire, II a pleinement glorifié Dieu, et entièrement ôté mes péchés, de sorte que je puis me tenir en la présence de Dieu, sans un seul péché sur moi. Pour rencontrer joyeusement la mort, j'ai besoin de connaître plus encore ; savoir la Personne de Celui vers qui je vais ; de Le connaître non-seulement comme Celui qui donne à ma conscience le repos quand la terrible accusation de péché est portée contre moi ; mais comme la portion bénie et pleinement satisfaisante de mon coeur.


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(1) Voir SALUT DE DIEU, vol. IV (1877), p. 70.

 

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