Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. V
CINQUIÈME ANNÉE 1878

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
(3e Dialogue)

III
LA FOI ET LA PAROLE DE DIEU.

- Je suis bien aise de reprendre avec vous nos entretiens. Si je vous ai bien compris, c'est par un libre déploiement de la grâce de Dieu que les pécheurs sont sauvés.
- Dieu nous l'assure à maintes reprises. Il est écrit : « Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ ; vous êtes sauvés par la grâce » (Éphésiens II, 4, 5).
- Mais n'est-il pas dit aussi que c'est « par la foi ? »
- Oui, quelques lignes plus loin nous lisons : « Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu » (vers. 8).
- Ces paroles ne semblent-elles pas justement dire qu'il y a de notre part quelque chose à faire dans l'oeuvre du salut, c'est-à-dire de croire ? La grâce est du côté de Dieu, mais la foi ne dépend-elle pas en quelque sorte de notre volonté ? N'est-ce pas à cause de cela qu'elle est
sujette à des variations, et même qu'il y a des cas où elle disparaît entièrement ?
- Voilà bien des questions. J'essaierai d'y répondre par ordre, car il importe de ne pas les confondre. Nous examinerons ce que c'est que la foi, mais, avant tout, soyons assurés que la foi qui sauve, celle qui entre dans le plan du salut,cette foi-là, vient de Dieu. Tout ce qui est bon procède de Lui. C'est du reste ce qu'affirme très-nettement le passage que je vous citais : « Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. » Qu'est-ce qui est le don de Dieu ? « Cela », c'est-à-dire que vous êtes sauvés par la grâce, par la foi. S'il y avait quelque chose de vous, pourrait-on dire que c'est le don de Dieu ? Remarquez encore que dans le sens où la grâce sauve, elle donne et n'est pas donnée et par conséquent le don de Dieu, c'est bien la foi. C'est bien en effet par la foi que nous avons part au salut, mais, si elle vient de moi, la chose la plus excellente procède de mon propre fonds. En effet, la foi réalise Dieu, Christ, son oeuvre ; si elle provient de ma propre volonté, le salut tout entier en provient. Il n'en est pas ainsi selon la parole. Que dit Jean-Baptiste du Seigneur Jésus ? « Personne ne reçoit son témoignage. » Et le Seigneur dit à Nicodème : « Vous ne recevez pas notre témoignage » (Jean III, 32, 11).

Quantité d'autres passages établissent la même vérité, savoir, que, bien loin que la volonté de l'homme soit pour quelque chose dans le salut, elle rejette la vérité qui lui est présentée (Jean III, 19 ; I, 10, 11 ; V, 40). D'un autre côté, nous lisons : « A tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu : savoir, à ceux qui croient en son nom » ; et afin que l'on ne s'imagine pas que cela provient de quelque prérogative ou de quelque effort de la volonté humaine, l'Esprit de Dieu ajoute aussitôt : « lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu » (Jean I, 12, 13). Vous le voyez donc, cher ami, tout, dans le salut, procède de Dieu. Nous sommes fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus (Galates III, 26), et il serait absurde de dire que nous pouvons nous engendrer nous-mêmes.
- Où donc est la responsabilité de l'homme, si même la foi, par laquelle seule il peut saisir et s'approprier le salut, ne dépend pas de lui ?
- C'est que la responsabilité ne dépend pas de ce que l'homme peut ou ne peut pas, elle dépend uniquement des droits de Dieu sur nous. Le fait que je suis incapable de payer une dette n'annule pas ma responsabilité envers mon créancier, ni ses droits sur moi.
- Je comprends maintenant et vous remercie de ces explications, mais j'aimerais savoir d'où vient la foi, comment Dieu la produit.
- La réponse nous est clairement donnée en Romains X, 17 : « La foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole de Dieu. » La parole de Dieu a la puissance de sauver nos âmes (Jacques I, 21). C'est la parole de Celui qui a dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut » (Genèse I, 3). Elle n'est pas comme la parole des hommes. Quelqu'un vient me raconter un fait, - si j'ai confiance en lui, je crois ce qu'il me dit. Il faut d'abord la confiance en la personne, avant de recevoir son témoignage. Mais la parole de Dieu est puissante pour porter la conviction dans l'âme, parce qu'elle s'adresse à la conscience de celui qui l'entend. Elle est « vivante e opérante et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'Esprit, des jointures et des moelles, et elle discerne les pensées et les intentions du coeur » (Hébreux IV, 12). La foi étant « de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole, de Dieu », vous voyez qu'à ce point de vue, elle est une opération de l'Esprit de Dieu, et n'est point sujette à toutes les fluctuations des pensées purement humaines. La foi nous place dans une relation positive avec Dieu, relation qui ne peut paraître et disparaître, bien qu'il soit vrai que je puis en avoir plus ou moins conscience. Mais la relation subsiste. Cela vous deviendra plus clair à mesure que nous examinerons la nature de la foi, et sur quoi elle repose.
- En somme, la chose me paraît assez simple, car il est dit dans l'épître aux Romains X, 9,10 : « Si tu confesses de la bouche Jésus comme Seigneur, et que tu croies dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé. Car du coeur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut. »
- Telle est en effet « la parole de la foi », l'Évangile que Paul prêchait. On croit à justice, c'est-à-dire que celui qui croit est justifié. Dieu compte la foi à justice, comme l'apôtre l'explique au chapitre IV de l'Épître aux Romains.
- Vous voulez dire que celui qui croit en Jésus est justifié par la grâce de Dieu.
- Précisément. Romains III, 26 nous le dit. Mais nous avons à examiner quelle est cette foi, parce que l'on se fait souvent à cet égard de grandes et dangereuses illusions. Remarquez cette expression croire « du coeur ». La foi répond directement à un besoin senti dans l'âme ; elle ne consiste pas simplement à reconnaître la vérité de certains faits historiques. Plusieurs s'imaginent que s'ils possèdent un abrégé de l'histoire sainte, ou un recueil de faits évangéliques, ils ont de quoi sauver leur âme, surtout s'ils y ajoutent quelques observances religieuses. Mais ils se trompent grandement. On pourrait avoir mille récits de la vie de Jésus, des travaux des apôtres, ou de tels autres faits historiques, et aucun ne serait la parole de Dieu. Les Écritures ne sont pas purement et simplement l'histoire de certains faits ; ce qui en fait la puissance, c'est que l'histoire qu'elles présentent est rapportée d'une manière divine, car de saints hommes de Dieu ont parlé, « étant poussés par l'Esprit-Saint » (2 Pierre I, 21). C'est cette parole de Dieu écrite, connue sous le nom d'Ancien et Nouveau Testament, qui s'adresse à la conscience et « qui a la puissance de sauver vos âmes. »
- Il me semble cependant que l'apôtre Pierre présente des faits historiques à ceux qui l'écoutaient dans la maison de Corneille (Actes X).
- C'est vrai, mais il a bien soin en même temps de leur dire que tous ces faits étaient la parole que Dieu a envoyée aux fils d'Israël, « annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus-Christ » (vers. 36). Il les place ainsi directement devant Dieu par le moyen de cette parole, et c'est ce qu'il fallait pour leurs consciences ; ensuite il résume l'Évangile en en faisant une application personnelle à ceux qui l'écoutaient, disant : « Tous les prophètes lui rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en Lui reçoit la rémission des péchés. » Vous voyez que ce n'était pas à leur connaissance de faits historiques, mais au témoignage unanime des prophètes, c'est-à-dire aux saintes Écritures, que Pierre en appelait, pour qu'ils eussent dans leur âme l'assurance du pardon de tous leurs péchés.
- Est-ce que les apôtres prêchaient toujours de cette manière ?
- Oui, et nous en avons un autre exemple remarquable : c'est le discours de Paul à Antioche de Pisidie (Actes XIII). Il s'adressait à des Juifs dans la synagogue. Après avoir repassé plusieurs faits connus de leur histoire nationale pour rappeler le choix que Dieu avait fait de leurs pères, ses soins envers eux et la promesse faite au roi David et accomplie par la venue du Christ, il ajoute : « Frères, fils de la race d'Abraham, à vous et à ceux qui parmi vous craignent Dieu, la parole de ce salut est envoyée. » Paul se sert de la même expression que Pierre. Comme lui, il rappelle la vie, la mort et la résurrection du Sauveur ; puis il montre que tout s'est accompli « comme il est écrit, » et cite quelques passages à l'appui de ce qu'il avance : enfin il termine par un avertissement solennel tiré du prophète Habacuc (I, 5). Son évangile n'est autre chose que la présentation de la parole de Dieu, ainsi qu'il est dit (Actes XXVIII, 23) : « II leur exposait la vérité, en rendant témoignage du royaume de Dieu, cherchant à les persuader des choses concernant Jésus, et par la loi de Moïse et par les prophètes. » C'est en rapport avec cela que les Béréens sont loués pour avoir examiné chaque jour les Écritures, afin de voir si les choses que Paul disait étaient ainsi, et « plusieurs donc d'entre eux crurent », est-il ajouté (Actes XVII, 11, 12).
- Je crois cependant me rappeler qu'à Athènes, Paul ne dit rien de la parole de Dieu.
- Les Athéniens étaient des idolâtres et n'avaient pas encore entendu parler du vrai Dieu. Paul fait donc tout simplement appel à ce dont tout homme peut juger par son intelligence touchant la puissance éternelle de Dieu ; ensuite il place leurs consciences devant Dieu en leur parlant du jugement en justice de toute la terre habitée, par l'homme que Dieu a destiné à cela « : de quoi II a donné une preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts. » La doctrine de la résurrection est, comme Paul le montre ailleurs, la vérité fondamentale de l'Évangile. À elle seule, elle suffit pour renverser toute la mythologie et la philosophie des païens. Ceux aussi qui prétendent nier les miracles se trouvent confondus devant un fait qui n'admet pas d'autre explication, sinon l'intervention directe de Dieu. Pour le moment, c'était assez pour les Athéniens, mais assurément l'apôtre a dû faire comprendre à tous ceux qui voulaient l'écouter, comme il le dit plus tard aux Corinthiens, que les choses qu'il leur communiquait, il les avait reçues de Dieu Lui-même, savoir, « que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, et qu'il a été enseveli, et qu'il a été ressuscité le troisième jour selon les Écritures » (1 Corinthiens XV, 3,4).
- Sans doute que les apôtres, n'étant que des hommes, éprouvaient le besoin de s'appuyer d'une autorité supérieure à la leur.
- Il y avait plus que cela. La parole qu'ils annonçaient, ou, pour m'exprimer plus nettement, ce qu'ils disaient, était la parole de Dieu. Ils voulaient que la foi des croyants reposât non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu (1 Cor. II, 5). Ce que Paul annonçait était des choses données de Dieu, lesquelles, dit-il, nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit (1 Cor. II, 12, 13). Aussi rend-il grâces à Dieu de ce que les Thessaloniciens, en recevant la parole de sa prédication, avaient « accepté, non la parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, la parole de Dieu, laquelle aussi opère en vous qui croyez » (1 Thess. II, 13).
- Si je vous ai bien compris, vous voulez dire que la parole prêchée par les apôtres faisait toujours reposer les auditeurs sur un témoignage divin.
- Oui ; et je dirai même sur la 'parole écrite, car les Écritures sont les paroles qui procèdent de la bouche du Dieu vivant (Matthieu IV, 4). Elles nous viennent de sa part avec la même autorité que s'il nous parlait directement bouche à bouche. C'est le témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils qui, par l'Esprit, nous communique la vie éternelle (1 Jean V, 6-12).
Ce principe est de la plus haute importance, surtout de nos jours. Le Seigneur Jésus Lui-même en appelait constamment aux Écritures. Il était Dieu, II pouvait parler de son chef ; cependant II dit qu'il n'a pas parlé de Lui-même, mais que le Père qui l'avait envoyé, Lui avait commandé comment II devait parler et ce qu'il devait dire (Jean XII, 49). En quittant ses disciples, II arrête leurs pensées sur ce qui était écrit de Lui dans la loi de Moïse, et dans les prophètes et dans les psaumes. Il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Écritures et leur dit : « II est ainsi écrit, et ainsi il fallait que le Christ souffrît et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom à toutes les nations en commençant par Jérusalem » (Luc XXIV, 44-47). Le temps nous manquerait pour examiner ce que l'Ancien Testament nous enseigne à cet égard ; mais ce que j'ai avancé serait aussi abondamment confirmé par son témoignage. Le fait est que Dieu veut que la foi repose sur sa parole et uniquement sur elle. Ne comprenez-vous pas maintenant que sur ce fondement la foi est inébranlable ? Car la parole de Dieu, base de mon assurance, est vivante et permanente ; c'est la semence incorruptible qui régénère ; les deux et la terre passeront, mais elle demeure éternellement (Voyez 1 Pierre I, 23-25 ; Matthieu XXIV, 35).
- Tout ce que vous venez de dire m'a fort intéressé. Je le crois très-vrai et très-important, mais il me semble que vous n'avez pas encore complètement répondu à ma première question.
- Nous reprendrons le sujet s'il plaît à Dieu ; mais si vous avez bien compris sur quoi la foi repose, une grande partie de vos difficultés disparaîtront, car au lieu de chercher quelque assurance en vous-même, vous verrez qu'il faut la chercher et qu'on la trouve abondamment dans la parole immuable du Dieu vivant.

HEUREUX PARCE QUE JE SAIS

Je fus appelé il n'y a pas longtemps à visiter un vieillard éprouvé par une grande pauvreté et par une maladie douloureuse qui le tenait continuellement alité. Dans de telles circonstances, on aurait pu s'attendre à rencontrer un visage sombre et un esprit abattu, mais non : la figure du vieillard était paisible, un doux sourire illuminait ses traits et témoignait d'un bonheur réel. On n'en pouvait douter, cet homme, pauvre, vieux et malade, était heureux. Chose étrange, n'est-ce pas ? mais vraie aussi.
Quelle était donc la cause de son bonheur ?

Ce n'étaient certes pas les circonstances où il se trouvait. Avait-il peut-être reçu l'assurance d'une prochaine guérison, ou bien la certitude que sa pauvreté allait être échangée contre de grandes richesses ? Nullement, ce ne fut pas ce qu'il me dit quand je m'informai de la cause de son bonheur. - II venait donc de recevoir de bonnes nouvelles touchant des personnes qu'il aimait et qu'il croyait perdues ? Non, ce n'était rien de semblable.

Le secret de son bonheur au milieu de toutes les circonstances les plus propres à attrister le coeur et à assombrir la vie, je vais vous le dire en employant ses propres paroles :
« Je suis heureux parce que je sais que le sang de Christ m'a purifié de tous mes péchés. »

Telle était la cause de son bonheur. Ses péchés, qui l'auraient banni à jamais de la présence de Dieu et l'auraient précipité dans la perdition éternelle ; ses péchés, dont il était incapable de se purifier par lui-même, - ils étaient tous effacés, et il le savait.
S'il n'en avait eu que l'espérance, sa joie eût été faible et vacillante ; mais parce qu'il le savait, parce qu'il en avait la certitude, il pouvait s'avancer vers l'avenir non-seulement sans crainte, mais avec joie.
Cher lecteur, savez-vous que vos péchés ont tous été effacés, que vous en êtes parfaitement purifié ?

Remarquez bien que je ne vous demande pas si vous espérez aller au ciel après cette vie, ninon plus si vous croyez que Dieu est miséricordieux. Je ne vous demande pas si vous faites tous vos efforts pour être sauvé en accomplissant des cérémonies ou des ordonnances religieuses ; je ne m'informe pas même si vous priez afin d'obtenir le pardon de vos péchés.

Ce que je vous demande sérieusement et solennellement, c'est : Savez-vous que vos péchés sont ôtés, ou ne le savez-vous pas ? Si votre réponse est négative, je ne sais pas comment vous vous préparez à rencontrer un Dieu dont les yeux sont trop purs pourvoir le mal. Comment espérez-vous pouvoir échapper au jugement et à la ruine éternelle ?
Votre position et les circonstances de votre vie sont peut-être tout autres que celles du vieil infirme. Il se peut que vous jouissiez d'une bonne santé, que vous soyez dans l'abondance, que vous ayez des amis sincères et une aimable famille, en un mot, que tout ce qui vous entoure prospère, de sorte que vous ayez un coeur joyeux et un visage serein.
Mais possédez-vous par toutes ces choses un bonheur durable ? Est-ce que votre joie est telle que la mort même ne puisse vous la ravir ? Pourriez-vous dire, si vous aviez la certitude de n'avoir plus que cinq minutes de vie : « Je suis heureux ? »

Le pauvre vieillard pouvait le dire ; son bonheur était porté à la perfection par l'arrivée du messager que vous redoutez : la mort l'introduisait auprès du Seigneur pour être toujours avec Lui et tel que Lui, dans une gloire et une félicité éternelles.
Vous dites peut-être : « Oh ! pour moi, je crois au Seigneur Jésus-Christ ; mais je n'ose pas dire que tous mes péchés sont effacés ; ce serait de la présomption. » Eh bien, mon cher lecteur, je n'hésite pas à vous répondre que, si vous croyiez Dieu, vous devriez pouvoir dire avec certitude que vos péchés sont effacés ou « ôtés, » puisque sa parole affirme positivement que le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché (1 Jean I, 7 ; II, 2).
Ce serait de la présomption, dites-vous, d'affirmer que nous savons que nous sommes sauvés. Mais où y a-t-il le plus de présomption, croire Dieu ou douter de sa parole ? Pour moi, lorsque Dieu déclare que celui qui croit au Fils a la vie éternelle, je n'ose pas dire que je crois au Fils, sans être assuré de mon salut. Le langage de toute personne qui croit simplement la déclaration de Dieu est celui-ci : Je suis heureux, parce que je sais que le sang de Jésus-Christ m'a purifié de tous mes péchés.

Que Dieu, dans sa grâce infinie, veuille ouvrir les yeux de votre entendement pour voir la rédemption parfaite qui est dans le sang de Christ, c'est-à-dire, la rémission entière de tous vos péchés, et puissiez-vous, ayant cru Dieu, être rendu capable de dire comme notre pauvre vieillard malade : « Je suis heureux, parce que je sais que le sang de Christ m'a purifié de tous mes péchés. »

LA REINE DE SÉBA
(Lisez I Rois X, 1-10.)

Le Seigneur disait aux foules : « Une reine du Midi se lèvera au jugement avec les hommes de cette génération et les condamnera ; car elle vint des bouts de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici, il y a ici plus que Salomon » (Luc XI, 31). Il établit donc ici une comparaison entre Lui et Salomon, mais en montrant de combien II le surpasse en excellence. Salomon, en effet, est le type du Seigneur Jésus-Christ dans le règne de paix et de gloire qu'il inaugurera bientôt sur la terre (Voyez Psaume LXXII).

Trois choses avaient attiré la reine de Séba auprès de Salomon : sa sagesse, ses richesses et le nom de l'Éternel qui lui avait dispensé tous ces biens.
Or Christ est la sagesse de Dieu (1 Corinthiens I, 24) ; en Lui se déploient toutes les richesses de la grâce et de la gloire de Dieu (Éphésiens II, 7 ; III, 8, 16) ; Dieu l'a couronné de gloire et d'honneur (Hébreux II, 9), l'a fait asseoir à sa droite (I, 13) et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom (Philippiens II, 9, 10). Enfin Christ nous a révélé le nom de Dieu, comme Père (Jean XVII, 26). Oui, « il y a ici plus que Salomon » ; puissent nos âmes être attirées vers Celui qui est « plus beau qu'aucun des fils des hommes » sur les lèvres duquel la grâce est répandue, que Dieu a béni éternellement et dont le trône est à toujours et à perpétuité (Psaume XLV).
La reine de Séba vint pour éprouver le roi Salomon par des questions obscures. Salomon, suivant la sagesse que Dieu lui avait donnée, était en état de résoudre tout ce qu'elle pouvait lui proposer.

Il y a pour l'âme des questions obscures, impossibles à résoudre, insondables pour l'intelligence humaine, et qui cependant sont d'une importance vitale, éternelle. En Jésus seul se trouve la solution. Il n'y a rien de ce qui peut être dans le coeur, rien de ce qui le trouble et l'agite à quoi il ne puisse donner une réponse qui satisfait pleinement.

Premièrement, il y a la question du péché. Comment une créature coupable et souillée, sur laquelle pèse une juste condamnation, et qui est éloignée de Dieu, pourra-t-elle être pardonnée et purifiée, de manière à être en paix avec Dieu, à s'approcher de Lui sans crainte et jouir du bonheur de sa présence ? À cela, Jésus seul répond parfaitement. Il a fait la paix par le sang de sa croix (Colossiens I, 20) ; en Lui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce (Éphésiens I, 7) ; nous sommes lavés de nos péchés dans son sang (Apocalypse I, 5) ; par une seule offrande II a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés, et Dieu ne se souvient plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités (Hébreux X, 14,17). Réconciliés ainsi, nous avons accès auprès duPère par un seul Esprit (Éphésiens II, 18), une pleine liberté pour entrer en la présence de Dieu (Hébreux X, 19).

Puis vient une autre question obscure. La mort est là qui met fin à toute activité sur la scène de ce monde et qui introduit dans un domaine inconnu. Quand l'esprit naturel veut soulever le voile qui couvre cet avenir, il ne rencontre que ténèbres ; une seule chose reste certaine pour la conscience, c'est que derrière la mort se trouve quelque chose de redoutable - le jugement devant Dieu. - Qui enlèvera à la mort, ses terreurs ? Qui fera resplendir la lumière dans cette obscurité profonde ? - Jésus seul, a Par la mort (celle qu'il a endurée), II a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable, afin qu'il délivrât tous ceux qui par la crainte de la mort étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude » (Hébreux II, 14, 15). Il a « annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité par l'Évangile » (2 Timothée I, 10). Il a ôté l'aiguillon de la mort, le péché, de sorte que celui qui croit en Lui peut dire : O mort, où est ton aiguillon ? Où est, ô hadès, ta victoire ? (1 Corinthiens XV, 55, 56.) Il dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point, à jamais » (Jean XI, 25, 26). Et quant au jugement, II dit aussi : « Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort àla vie » (Jean V, 24), II n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Romains VIII, 1).

La vie ne présente rien que d'incertain et d'agité, rien que trouble et ennui, point de repos réel ; le coeur soupire après quelque chose de permanent et qui le satisfasse entièrement. Où trouverai-je donc un repos ferme, assuré, durable, au-dessus des circonstances et que rien ne pourra atteindre ? Où rencontrerai-je un amour que rien n'altère, et un objet vraiment digne de toute affection ? Jésus répond : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu XI, 28). En Lui, dans son oeuvre parfaite, dans son amour invariable, dans sa sympathie profonde, dans la perfection de sa personne, je trouve le repos de ma conscience, le repos pour mon coeur, et de quoi asseoir mes affections. Si par la foi je lui appartiens, Il est toujours vivant, toujours actif en ma faveur, rien ne peut me séparer de son amour et me ravir de sa main (Hébreux VII, 25 ; Romains VIII, 35 ; Jean X, 28).

Ainsi tout ce qui a toujours occupé et agité l'homme sans trouver de solution, trouve en Jésus une réponse parfaite. Nous avons tout en Lui, en qui toute la plénitude de la Déité habite corporellement (Colossiens II, 9).
L'âme étant en paix avec Dieu, le coeur en repos et satisfait d'avoir trouvé un objet digne de toutes ses affections, toute question ayant trouvé sa solution, on peut, comme la reine deSéba, pénétrer plus avant et en toute liberté dans la connaissance des richesses, de l'ordre et du bonheur qui règne et se répand autour du vrai Salomon. L'âme apprend à connaître quelle est l'habitation de Dieu par l'Esprit, édifiée sur le fondement des apôtres et prophètes (Éphésiens II, 20-22), elle prend son plaisir dans les saints et les gens de la maison de Dieu parmi lesquels elle a trouvé sa place, elle contemple cet holocauste agréable à Dieu, « le Christ qui nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éphésiens V, 2). Elle entre dans le secret du sanctuaire, elle contemple la présence ravissante de l'Éternel, elle visite soigneusement son palais (Psaume XXVII, 4). et, regardant, à face découverte, la gloire du Seigneur, elle découvre à chaque moment en Christ de nouveaux sujets de louange et d'adoration.

Tout ce que d'autres peuvent dire, n'est rien en comparaison de la réalité : il faut venir, comme la reine de Séba, et voir des yeux de l'homme spirituel, ouverts parla foi, ce que l'oeil n'a point vu, et que l'oreille n'a pas ouï, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment, la sagesse de Dieu qu'il nous a révélée par son Esprit (1 Corinthiens II, 9, 10). Voyant toute cette gloire, « elle fut toute ravie en elle-même. » Combien plus l'âme qui contemple la gloire de Christ, une gloire comme d'un Fils unique de la part du Père ! (Jean I, 14.) Ainsi Jean qui entend la voix de l'Époux, en est tout réjoui etsa joie est accomplie (Jean III, 29). Ainsi Paul, ravi à la vue de tout de qu'il a trouvé en Christ, dit : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré Lui-même pour moi (Galates II, 20). Pour moi, dit-il encore, vivre c'est Christ (Philippiens I, 21). Et Pierre écrivant aux croyants : « Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse (1 Pierre I, 8). Jean écrivait aux chrétiens touchant la manifestation de Christ, la vie éternelle et la communion avec Dieu, afin que leur joie fût accomplie (1 Jean I, 1-4). Aussi, dans le ravissement où il se trouve devant l'amour de Dieu en Christ, il s'écrie : Voyez de quel amour le Père nous a fait don que nous soyons appelés enfants de Dieu. Nous l'aimons parce qu'il nous aima le premier (1 Jean III, 1; IV, 19). Et les saints, voyant passer devant eux la gloire de Christ comme fidèle témoin, premier-né d'entre les morts et prince des rois de la terre, pleins d'un saint transport dans le sentiment de ce qu'il est pour eux, disent : « À celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, - et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; - à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen ! » (Apocalypse I, 5, 6.)

Oui, l'âme en paix, sans crainte, est ravie en la présence de son Seigneur. Et comme la reinede Séba versa devant Salomon ses richesses, son or et ses parfums, ses pierres précieuses ; comme plus tard les Mages venus d'Orient adorèrent le petit enfant et lui offrirent des dons, de l'or, de l'encens et de la myrrhe ; comme Marie oignit les pieds de Jésus avec un parfum de nard pur de grand prix, ainsi l'âme offre sans cesse un sacrifice de louanges, le fruit des lèvres qui bénissent son nom, elle offre des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ. Suivant l'exhortation de l'apôtre, celui qui, ayant été justifié par la foi, jouit de la paix et de la faveur de Dieu, pour qui il n'y a point de condamnation, que rien ne peut séparer de l'amour de Christ, celui-là présente son corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, dans une marche digne de Lui, pour Lui plaire à tous égards. Et bientôt, dans la gloire, nous nous prosternerons devant Celui qui est assis sur le trône et qui vit aux siècles des siècles ; nous jetterons devant Lui les couronnes dont sa grâce nous aura couronnés ; la louange et l'adoration rempliront à jamais nos coeurs.

Lecteur, êtes-vous venu de loin, de la contrée distante où vous retenaient vos péchés, vers Jésus dont le nom, l'amour et la puissance pour sauver ont été proclamés devant vous ? Avez-vous fait sa connaissance personnelle ? Avez-vous été, êtes-vous ravi en vous-même en contemplant la grâce, l'amour, les richesses, la gloire et la beauté de ce précieux Sauveur ?
Oh ! puisse le désir de nos coeurs être de leconnaître toujours mieux, Lui, et d'être bientôt avec Lui, transformés à son image, le voyant tel qu'il est, Lui étant faits semblables !

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
(3me Dialogue.)

III
LA FOI ET LA PAROLE DE DIEU.
(Suite)

- Vous m'avez promis que nous reprendrions notre entretien sur la foi. À mesure que je saisis mieux ce que vous me dites, il me semble que je sors de moi-même pour me remettre plus entièrement à Dieu.
- Que Dieu en soit béni, cher ami. Il n'y a rien de plus précieux que de voir comment Dieu veut absolument nous amener à ne dépendre que de Lui seul. « Dans sa présence, il y a une plénitude de joie. » Toutes les expériences et les épreuves par lesquelles II fait passer ses enfants ont pour but de leur apprendre que « l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de DIEU » (Deutéronome VIII, 3). C'est en affirmant ce grand principe que le Seigneur Jésus-Christ Lui-même a vaincu Satan, et qu'il a commencé son ministère public dans ce monde (Matthieu IV, 4). Il en est pour la marche chrétienne comme pour le salut. La parole de Dieu saisit l'âme et l'amène au Sauveur ; c'est ensuite la même parole qui nourrit et dirige l'âme. « Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier » (Psaume CXIX, 105) ; « par la parole de tes lèvres, je me suis donné garde de la conduite de l'homme violent » (Psaume XVII, 4).

Or Christ est personnellement l'expression de ce que Dieu est. Il est « la Parole. »
C'est là ce que la foi saisit. Elle n'a donc pas seulement ce qui la place dans un rapport direct avec Dieu, mais en même temps elle trouve en Christ un objet, une personne vivante propre à attirer et à absorber toutes les affections divines produites parle Saint-Esprit dans le coeur. C'est Celui dont l'apôtre Paul disait : « II m'a aimé et s'est donné Lui-même pour moi » (Galates II, 20) ; et encore : « Je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié jusqu'à ce jour-là » (2 Timothée I, 12). Qu'il est précieux de se savoir entre les mains d'un tel Sauveur. Il met sa vie pour ses brebis, puis II dit : « Je les connais, ... et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (Jean X, 15, 27-29).
- Oh ! combien j'aimerais avoir toujours cette douce assurance !
- Et pourquoi ne l'auriez-vous pas toujours, cher ami ? En qui se trouve-t-elle, en vous ou en Christ ?
- Pas en moi-même, assurément. Je ne sens que trop que je suis toujours vacillant.
- En effet, il n'existe aucun sujet de confianceen nous-mêmes. Mais le mot que vous venez de prononcer me semble faire voir la source de vos difficultés. Vous pensez, n'est-ce pas, que l'on peut croire aujourd'hui et ne pas croire demain ? et qu'ainsi on est sauvé un jour, et que l'on peut être perdu le jour suivant.
- Il me le semble.
- Vous vous faites donc un sauveur de votre foi ?
- Non, mais je vois que les promesses de Dieu sont pour la foi, et je trouve que ma foi n'est nullement stable. Je crains de n'avoir pas
la foi du coeur.
- D'abord, cher ami, retenez bien que la base de notre assurance devant Dieu n'est nullement la foi, mais la parole de Dieu. Vous pouvez saisir plus ou moins ce qui est l'objet de la foi, et par conséquent en jouir plus ou moins, mais l'assurance est fondée, non sur vos sentiments, mais sur ce que Dieu a dit. Quant à la foi du coeur, voici en quoi elle diffère de la foi d'intelligence. Par l'intelligence, on saisit des faits qui sont en dehors de nous, et dans lesquels on peut ne prendre aucun intérêt. Le coeur, au contraire, cherche en Dieu ce qui répond aux besoins qu'il a fait naître par son Esprit. Lorsque sa parole, éclairant mes ténèbres, m'a fait voir ce que je suis devant Lui, un misérable pécheur perdu, j'ai besoin d'un Sauveur ; alors elle me montre aussi en Dieu l'amour qui a donné son Fils ; elle me montre en Christ Celui qui a accompli l'oeuvre qui, en glorifiant Dieu, sauvele pécheur. L'amour de Dieu dissipe ainsi toutes mes craintes ; par l'oeuvre de Christ, qui m'a lavé de mes péchés, me voilà à l'aise devant Dieu ; j'aime sa présence où j'ai trouvé la grâce, et non le jugement.
- Ah ! oui, en effet, tout cela est précieux et ravit l'âme.
- Eh bien, cher ami, il faut en rester là, et ne pas vous occuper de votre foi, dont vous ne serez, du reste, jamais satisfait, car la foi, par laquelle nous saisissons les choses de Dieu, reste toujours infiniment au-dessous de ce qui en est l'objet. Mais nous pouvons nous reposer dans le fait que « toutes choses sont du Dieu qui nous a réconciliés avec Lui-même par Christ » (2 Corinthiens V, 18). C'est Dieu qui a opéré ; ce n'est pas nous. Mais n'est-il pas parlé de personnes qui, ayant cru et ayant été converties, sont tombées et ne peuvent plus se repentir ?
Je vois que vous faites allusion au chapitre VI de l'Épître aux Hébreux, qui a déjà exercé tant d'âmes, et il n'est pas mauvais que les coeurs soient labourés profondément. Mais d'abord, si ce passage parle en effet d'une classe de personnes qui sont tombées, il n'y est parlé ni de foi, ni de conversion ; et, en y regardant de près, ce chapitre ne fait qu'affermir et établir dans l'assurance celui qui regarde à Dieu. En effet, nous y trouvons le contraste frappant entre celui qui jouit des plus grands privilèges sans avoir la vie (vers. 4, 5), et celui qui, sans confiance en lui-même, comme le meurtrier involontaire d'autrefois dans la ville de refuge, a couru pour saisir l'espérance qui lui est proposée et qui repose sur l'immutabilité des conseils de Dieu et l'oeuvre accomplie de Christ (vers. 9, 10, 17-20). Celui qui n'a fait que jouir de privilèges extérieurs, si grands soient-ils, peut tomber ; nous en avons des exemples en Balaam, Judas et les Juifs, qui eurent la présence du Seigneur, ses miracles, et, plus tard, le Saint-Esprit, agissant en puissance devant eux -, celui qui se repose sur la parole et le serment de Dieu, et qui voit Jésus au dedans du voile comme son précurseur, est gardé par la puissance de Dieu, par la foi, pour le salut qui va être révélé.

Mais vous lirez sans doute avec intérêt sur ce chapitre VI des Hébreux l'extrait suivant qui contribuera à lever vos difficultés :
« II est question dans ce passage de personnes qui glissent dans l'apostasie après avoir joui de tous les privilèges et de la puissance de l'Évangile, sauf la nouvelle naissance et l'habitation ? en elles du Saint-Esprit par lequel on est scellé pour le jour de la rédemption.

« À ceux qui, dans le judaïsme, avaient rejeté le Messie lorsqu'il était sur la terre, Dieu donnait une ressource dans la repentance et la rémission des péchés (Actes III, 13-15, 17-20) ; mais si alors, étant entrés dans l'assemblée chrétienne, ils abandonnaient le Christ ressuscité et glorifié, il n'y avait plus de ressource de grâce. Il n'y avait pas un troisième état deChrist qui put répondre à la position dans laquelle ils se plaçaient.

« II n'est pas question ici d'une personne surprise et entraînée dans le péché ; ni même du cas si terrible de quelqu'un qui persévérerait dans le péché. Il s'agit d'un mal tout autre. Ceux dont il est parlé pouvaient avoir une conduite aussi exacte, aussi morale et aussi religieuse que possible, mais après avoir confessé Jésus comme le Christ après l'effusion du Saint-Esprit, ils étaient retournés en arrière vers les éléments juifs.
« Le cas supposé est en réalité une complète renonciation de la vérité chrétienne.

« Nous avons la description d'un chrétien professant qui a extérieurement tous les plus grands privilégiés de l'Évangile, mais nullement d'un homme converti. Pas un mot n'implique ici la conversion, ni la vie. Par contre, on trouve les plus fortes expressions employées à dessein pour montrer que ces personnes possédaient les plus grands privilèges extérieurs, sous la forme et dans la mesure abondante où Dieu les dispensa après l'ascension du Seigneur ; il y a connaissance, joie et puissance, mais rien qui indique la vie spirituelle.

« Être éclairé » n'est en aucun sens la nouvelle naissance sans laquelle nul ne peut voir le royaume de Dieu, ni y entrer. C'est l'effet produit par l'Évangile sur une âme plongée dans les ténèbres de l'ignorance ; la clarté projetée dans l'intelligence par Celui qui est la seule vraie lumière. Mais cette clarté n'est pas la vie.

« Ils avaient goûté « le don céleste » ; ce n'était plus le Messie sur la terre, comme lorsque ses disciples l'entouraient, mais Christ monté en haut ; non Christ selon la chair, mais Christ ressuscité et glorifié à la droite de Dieu, dans le ciel.

« Ils étaient devenus « participants de l'Esprit-Saint. » L'Esprit de Dieu habitait dans l'assemblée, qui est la maison de Dieu (Éphésiens II, 22 ; 1 Corinthiens III, 16), et là, manifestait sa puissance par des dons et des effets extérieurs. L'Esprit-Saint pénétrait pour ainsi dire toute l'atmosphère de la maison de Dieu. Chacun de ceux qui confessaient le Seigneur et faisaient profession d'être chrétiens, devenait ainsi participant de l'Esprit-Saint. Il n'est pas le moins du monde question d'une personne née de Dieu, de quelqu'un en qui habite l'Esprit de Dieu ou qui est scellée par cet Esprit, mais il s'agit de la part que l'on avait dans cet immense privilège : la présence du Saint-Esprit au milieu de l'assemblée.

« Ensuite, ils avaient « goûté la bonne parole de Dieu. s Or, un homme, sans être converti, peut, nous le savons, éprouver les plus fortes émotions en entendant l'Évangile et en jouir jusqu'à un certain point. Le Seigneur ne parle-t-Il pas de ceux qui entendent la parole et la reçoivent avec joie, mais qui n'ont pas de racine en eux-mêmes et ne sont que pour un temps ? (Marc IV, 17.) Et n'en avons-nous pas un exemple en Agrippa ? (Actes XXVI.) Il n'y a rien qui empêche l'esprit naturel d'admirer la merveilleuse beauté des vérités proclamées par le christianisme, sans que le coeur et la conscience soient atteints. Il y en a plus d'un exemple.

« En dernier lieu, il est dit qu'ils ont goûté « les miracles du siècle à venir. » Des miracles s'accomplissaient qui rendaient témoignage à la victoire du Messie sur Satan, anticipation partielle de la pleine et glorieuse délivrance qui caractérise le siècle à venir, où le Messie chassera entièrement la puissance de l'ennemi. On se trouvait là au milieu de ces manifestations de puissance ; mais cela donnait-il la vie ? Si peu que l'on pouvait même être doué de cette puissance sans être connu de Christ et n'être que « des ouvriers d'iniquité » (Matthieu VII, 22, 23).

« Nous pouvons donc, dans ce passage, donner à chaque expression la plus grande force possible, mais aucune ne signifiera ni la vie, ni la nouvelle naissance, ni le sceau du Saint-Esprit. Il y a tout en fait de privilèges, sauf la vie spirituelle, la vie en Christ, ou ce qui en est le sceau en nous.

« Ce passage veut donc dire que quelqu'un peut avoir joui des dons et des privilèges les plus élevés, soit dans son intelligence, soit en puissance extérieure, et cependant tout abandonner et devenir même le plus ardent ennemi de Christ. En fait, c'est le résultat naturel.

« Tel avait été le triste cas de plusieurs. Pour eux-mêmes, quant à ce qui les concernait, ils crucifiaient le Fils de Dieu et l'exposaient à l'opprobre, répétant, le sachant et le voulant, le crime commis par la nation d'Israël. Aussi le renouvellement à la repentance était-il impossible pour eux.

« Pourquoi ? Ils avaient eu les plus fortes preuves et avaient joui des plus grands privilèges de l'Évangile, et ils s'étaient détournés de Christ afin de retourner au judaïsme. Que restait-il pour eux ? Supposons qu'un homme eût été l'adversaire du Messie quand Celui-ci était sur la terre, il y avait encore pour un tel homme une ouverture de grâce venant d'en haut. Il était possible que ce même homme, qui avait rejeté le Christ dans sa vie terrestre, eût les yeux ouverts et reçût Christ monté dans la gloire. Ce fut le cas de Saul de Tarse, qui reçut Christ en réalité. Mais si un tel homme (je parle de quelqu'un qui est entré dans les privilèges extérieurs) abandonnait ensuite Christ glorifié, il n'y avait pas de nouvelle position dans laquelle Christ pût lui être présenté.

« Que restait-il donc pour ceux qui, après avoir fait profession de christianisme, rejetaient Christ dans toute la plénitude de sa grâce et la hauteur de gloire où Dieu l'avait placé comme homme devant Lui ? Quel moyen y avait-il de les amener à la repentance ? Il n'y en avait point. Il ne restait que Christ venant en jugement. Or, l'apostasie, tôt ou tard, doit tomber sous ce jugement. C'est ce que nous enseignent les versets 7 et 8 du même chapitre. »


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique



Page suivante:
 

- haut de page -