LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. V
CINQUIÈME
ANNÉE 1878
L'ÂME ANXIEUSE ET SES
DIFFICULTÉS
(3e Dialogue)
III
LA FOI ET LA PAROLE DE DIEU.
- Je suis bien aise de reprendre avec vous nos
entretiens. Si je vous ai bien compris, c'est par
un libre déploiement de la grâce de
Dieu que les pécheurs sont
sauvés.
- Dieu nous l'assure à maintes reprises. Il
est écrit : « Dieu qui est
riche en miséricorde, à cause de son
grand amour dont il nous a aimés, alors
même que nous étions morts dans nos
fautes, nous a vivifiés ensemble avec le
Christ ; vous êtes sauvés par la
grâce »
(Éphésiens II, 4,
5).
- Mais n'est-il pas dit aussi que c'est
« par la
foi ? »
- Oui, quelques lignes plus loin nous lisons :
« Car vous êtes sauvés par
la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de
vous, c'est le don de Dieu »
(vers. 8).
- Ces paroles ne semblent-elles pas justement dire
qu'il y a de notre part quelque chose à
faire dans l'oeuvre du salut, c'est-à-dire
de croire ? La grâce est du
côté de Dieu, mais la foi ne
dépend-elle pas en quelque sorte de notre
volonté ? N'est-ce pas à cause
de cela qu'elle est
sujette à des variations, et même
qu'il y a des cas où elle disparaît
entièrement ?
- Voilà bien des questions. J'essaierai d'y
répondre par ordre, car il importe de ne pas
les confondre. Nous examinerons ce que c'est que la
foi, mais, avant tout, soyons assurés que la
foi qui sauve, celle qui entre dans le plan du
salut,cette foi-là, vient
de Dieu. Tout ce qui est bon procède de Lui.
C'est du reste ce qu'affirme très-nettement
le passage que je vous citais :
« Cela ne vient pas de vous, c'est le don
de Dieu. » Qu'est-ce qui est le don de
Dieu ? « Cela »,
c'est-à-dire que vous êtes
sauvés par la grâce, par la foi. S'il
y avait quelque chose de vous, pourrait-on dire que
c'est le don de Dieu ? Remarquez encore que
dans le sens où la grâce sauve, elle
donne et n'est pas donnée et par
conséquent le don de Dieu, c'est bien la
foi. C'est bien en effet par la foi que nous avons
part au salut, mais, si elle vient de moi, la chose
la plus excellente procède de mon propre
fonds. En effet, la foi réalise Dieu,
Christ, son oeuvre ; si elle provient de ma
propre volonté, le salut tout entier en
provient. Il n'en est pas ainsi selon la parole.
Que dit Jean-Baptiste du Seigneur
Jésus ? « Personne ne
reçoit son témoignage. » Et
le Seigneur dit à Nicodème :
« Vous ne recevez pas notre
témoignage »
(Jean III, 32,
11).
Quantité d'autres passages
établissent la même
vérité, savoir, que, bien loin que la
volonté de l'homme soit pour quelque chose
dans le salut, elle rejette la vérité
qui lui est présentée
(Jean III, 19 ;
I, 10, 11 ;
V, 40). D'un autre
côté, nous lisons : « A
tous ceux qui l'ont reçu, il leur a
donné le droit d'être enfants de
Dieu : savoir, à ceux qui croient en
son nom » ; et afin que l'on ne
s'imagine pas que cela provient de quelque
prérogative ou de quelque effort de la
volonté humaine, l'Esprit de Dieu ajoute
aussitôt :
« lesquels sont
nés, non pas de sang, ni de la
volonté de la chair, ni de la volonté
de l'homme, mais de Dieu »
(Jean I, 12, 13). Vous le voyez donc,
cher ami, tout, dans le salut, procède de
Dieu. Nous sommes fils de Dieu par la foi dans le
Christ Jésus
(Galates III, 26), et il serait
absurde de dire que nous pouvons nous engendrer
nous-mêmes.
- Où donc est la responsabilité de
l'homme, si même la foi, par laquelle seule
il peut saisir et s'approprier le salut, ne
dépend pas de lui ?
- C'est que la responsabilité ne
dépend pas de ce que l'homme peut ou ne peut
pas, elle dépend uniquement des droits de
Dieu sur nous. Le fait que je suis incapable de
payer une dette n'annule pas ma
responsabilité envers mon créancier,
ni ses droits sur moi.
- Je comprends maintenant et vous remercie de ces
explications, mais j'aimerais savoir d'où
vient la foi, comment Dieu la produit.
- La réponse nous est clairement
donnée en
Romains X, 17 : « La
foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par
la parole de Dieu. » La parole de Dieu a
la puissance de sauver nos âmes
(Jacques I, 21). C'est la parole de
Celui qui a dit : « Que la
lumière soit, et la lumière
fut »
(Genèse I, 3). Elle n'est pas
comme la parole des hommes. Quelqu'un vient me
raconter un fait, - si j'ai confiance en lui, je
crois ce qu'il me dit. Il faut d'abord la confiance
en la personne, avant de recevoir son
témoignage. Mais la parole de Dieu est
puissante pour porter la
conviction dans l'âme,
parce qu'elle s'adresse à la conscience
de celui qui l'entend. Elle est
« vivante e opérante et plus
pénétrante qu'aucune
épée à deux tranchants et
atteignant jusqu'à la division de
l'âme et de l'Esprit, des jointures et des
moelles, et elle discerne les pensées et les
intentions du coeur »
(Hébreux IV, 12). La foi
étant « de ce qu'on entend, et ce qu'on
entend par la parole, de Dieu », vous
voyez qu'à ce point de vue, elle est une
opération de l'Esprit de Dieu, et n'est
point sujette à toutes les fluctuations des
pensées purement humaines. La foi nous place
dans une relation positive avec Dieu, relation qui
ne peut paraître et disparaître, bien
qu'il soit vrai que je puis en avoir plus ou moins
conscience. Mais la relation subsiste. Cela vous
deviendra plus clair à mesure que nous
examinerons la nature de la foi, et sur quoi elle
repose.
- En somme, la chose me paraît assez simple,
car il est dit dans l'épître aux
Romains X, 9,10 :
« Si tu confesses de la bouche
Jésus comme Seigneur, et que tu croies dans
ton coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre
les morts, tu seras sauvé. Car du coeur on
croit à justice, et de la bouche on fait
confession à salut. »
- Telle est en effet « la parole
de la foi », l'Évangile que
Paul prêchait. On croit à justice,
c'est-à-dire que celui qui croit est
justifié. Dieu compte la foi à
justice, comme l'apôtre l'explique au
chapitre IV de l'Épître
aux Romains.
- Vous voulez dire que celui qui croit en
Jésus est justifié par la grâce
de Dieu.
- Précisément.
Romains III, 26 nous le dit. Mais
nous avons à examiner quelle est
cette foi, parce que l'on se fait souvent à
cet égard de grandes et dangereuses
illusions. Remarquez cette expression croire
« du coeur ». La foi
répond directement à un besoin senti
dans l'âme ; elle ne consiste pas
simplement à reconnaître la
vérité de certains faits historiques.
Plusieurs s'imaginent que s'ils possèdent un
abrégé de l'histoire sainte, ou un
recueil de faits évangéliques, ils
ont de quoi sauver leur âme, surtout s'ils y
ajoutent quelques observances religieuses. Mais ils
se trompent grandement. On pourrait avoir mille
récits de la vie de Jésus, des
travaux des apôtres, ou de tels autres faits
historiques, et aucun ne serait la parole de Dieu.
Les Écritures ne sont pas purement et
simplement l'histoire de certains faits ; ce
qui en fait la puissance, c'est que l'histoire
qu'elles présentent est rapportée
d'une manière divine, car de saints hommes
de Dieu ont parlé, « étant
poussés par l'Esprit-Saint »
(2 Pierre I, 21). C'est cette parole
de Dieu écrite, connue sous le nom d'Ancien
et Nouveau Testament, qui s'adresse à la
conscience et « qui a la puissance de
sauver vos âmes. »
- Il me semble cependant que l'apôtre Pierre
présente des faits historiques à ceux
qui l'écoutaient dans la maison de Corneille
(Actes X).
- C'est vrai, mais il a bien soin en même
temps de leur dire que tous ces faits
étaient la parole que Dieu a
envoyée aux fils d'Israël,
« annonçant la bonne nouvelle de
la paix par
Jésus-Christ »
(vers. 36). Il les place ainsi
directement devant Dieu par le moyen de cette
parole, et c'est ce qu'il fallait pour leurs
consciences ; ensuite il résume
l'Évangile en en faisant une application
personnelle à ceux qui l'écoutaient,
disant : « Tous les prophètes
lui rendent témoignage que, par son nom,
quiconque croit en Lui reçoit la
rémission des
péchés. » Vous voyez que ce
n'était pas à leur connaissance de
faits historiques, mais au témoignage
unanime des prophètes, c'est-à-dire
aux saintes Écritures, que Pierre en
appelait, pour qu'ils eussent dans leur âme
l'assurance du pardon de tous leurs
péchés.
- Est-ce que les apôtres prêchaient
toujours de cette manière ?
- Oui, et nous en avons un autre exemple
remarquable : c'est le discours de Paul
à Antioche de Pisidie (Actes XIII). Il
s'adressait à des Juifs dans la synagogue.
Après avoir repassé plusieurs faits
connus de leur histoire nationale pour rappeler le
choix que Dieu avait fait de leurs pères,
ses soins envers eux et la promesse faite au roi
David et accomplie par la venue du Christ, il
ajoute : « Frères, fils
de la race d'Abraham, à vous et
à ceux qui parmi vous craignent Dieu, la
parole de ce salut est
envoyée. » Paul se sert de la
même expression que Pierre. Comme lui, il
rappelle la vie, la mort et la résurrection
du Sauveur ; puis il montre que tout s'est
accompli « comme il est
écrit, » et cite quelques
passages à l'appui de ce qu'il
avance : enfin il termine
par un avertissement solennel tiré du
prophète
Habacuc (I, 5). Son évangile
n'est autre chose que la présentation de la
parole de Dieu, ainsi qu'il est dit
(Actes XXVIII, 23) :
« II leur exposait la
vérité, en rendant témoignage
du royaume de Dieu, cherchant à les
persuader des choses concernant Jésus, et
par la loi de Moïse et par les
prophètes. » C'est en rapport
avec cela que les Béréens sont
loués pour avoir examiné chaque jour
les Écritures, afin de voir si les
choses que Paul disait étaient ainsi, et
« plusieurs donc d'entre eux
crurent », est-il ajouté
(Actes XVII, 11, 12).
- Je crois cependant me rappeler qu'à
Athènes, Paul ne dit rien de la parole de
Dieu.
- Les Athéniens étaient des
idolâtres et n'avaient pas encore entendu
parler du vrai Dieu. Paul fait donc tout simplement
appel à ce dont tout homme peut juger par
son intelligence touchant la puissance
éternelle de Dieu ; ensuite il place
leurs consciences devant Dieu en leur parlant du
jugement en justice de toute la terre
habitée, par l'homme que Dieu a
destiné à cela « : de quoi
II a donné une preuve certaine à
tous, l'ayant ressuscité d'entre les
morts. » La doctrine de la
résurrection est, comme Paul le montre
ailleurs, la vérité fondamentale de
l'Évangile. À elle seule, elle suffit
pour renverser toute la mythologie et la
philosophie des païens. Ceux aussi qui
prétendent nier les miracles se trouvent
confondus devant un fait qui n'admet pas d'autre
explication, sinon l'intervention
directe de Dieu. Pour le moment,
c'était assez pour les Athéniens,
mais assurément l'apôtre a dû
faire comprendre à tous ceux qui voulaient
l'écouter, comme il le dit plus tard aux
Corinthiens, que les choses qu'il leur
communiquait, il les avait reçues de Dieu
Lui-même, savoir, « que Christ est
mort pour nos péchés selon les
Écritures, et qu'il a été
enseveli, et qu'il a été
ressuscité le troisième jour selon
les Écritures »
(1 Corinthiens XV, 3,4).
- Sans doute que les apôtres, n'étant
que des hommes, éprouvaient le besoin de
s'appuyer d'une autorité supérieure
à la leur.
- Il y avait plus que cela. La parole qu'ils
annonçaient, ou, pour m'exprimer plus
nettement, ce qu'ils disaient, était la
parole de Dieu. Ils voulaient que la foi des
croyants reposât non sur la sagesse des
hommes, mais sur la puissance de Dieu
(1 Cor. II, 5). Ce que Paul
annonçait était des choses
données de Dieu, lesquelles, dit-il,
nous parlons, non point en paroles
enseignées de sagesse humaine, mais en
paroles enseignées de l'Esprit
(1 Cor. II, 12, 13). Aussi rend-il
grâces à Dieu de ce que les
Thessaloniciens, en recevant la parole de sa
prédication, avaient
« accepté, non la parole des
hommes, mais, ainsi qu'elle l'est
véritablement, la parole de Dieu,
laquelle aussi opère en vous qui
croyez »
(1 Thess. II, 13).
- Si je vous ai bien compris, vous voulez dire que
la parole prêchée par les
apôtres faisait toujours reposer les
auditeurs sur un témoignage
divin.
- Oui ; et je dirai même sur la
'parole écrite, car les Écritures
sont les paroles qui procèdent de la bouche
du Dieu vivant
(Matthieu IV, 4). Elles nous viennent
de sa part avec la même autorité que
s'il nous parlait directement bouche à
bouche. C'est le témoignage que Dieu a rendu
au sujet de son Fils qui, par l'Esprit, nous
communique la vie éternelle
(1 Jean V, 6-12).
Ce principe est de la plus haute importance,
surtout de nos jours. Le Seigneur Jésus
Lui-même en appelait constamment aux
Écritures. Il était Dieu, II pouvait
parler de son chef ; cependant II dit qu'il
n'a pas parlé de Lui-même, mais que le
Père qui l'avait envoyé, Lui avait
commandé comment II devait parler et ce
qu'il devait dire
(Jean XII, 49). En quittant ses
disciples, II arrête leurs pensées sur
ce qui était écrit de Lui dans
la loi de Moïse, et dans les prophètes
et dans les psaumes. Il leur ouvrit l'intelligence
pour comprendre les Écritures et leur
dit : « II est ainsi
écrit, et ainsi il fallait que le
Christ souffrît et qu'il ressuscitât
d'entre les morts le troisième jour, et que
la repentance et la rémission des
péchés fussent prêchées
en son nom à toutes les nations en
commençant par Jérusalem »
(Luc XXIV, 44-47). Le temps nous
manquerait pour examiner ce que l'Ancien Testament
nous enseigne à cet égard ; mais
ce que j'ai avancé serait aussi abondamment
confirmé par son témoignage. Le fait
est que Dieu veut que la foi repose sur sa parole
et uniquement sur elle. Ne comprenez-vous pas
maintenant que sur ce fondement
la foi est inébranlable ? Car la parole
de Dieu, base de mon assurance, est vivante
et permanente ; c'est la semence
incorruptible qui
régénère ; les deux et la
terre passeront, mais elle demeure
éternellement (Voyez
1 Pierre I, 23-25 ;
Matthieu XXIV, 35).
- Tout ce que vous venez de dire m'a fort
intéressé. Je le crois
très-vrai et très-important, mais il
me semble que vous n'avez pas encore
complètement répondu à ma
première question.
- Nous reprendrons le sujet s'il plaît
à Dieu ; mais si vous avez bien compris
sur quoi la foi repose, une grande partie de vos
difficultés disparaîtront, car au lieu
de chercher quelque assurance en vous-même,
vous verrez qu'il faut la chercher et qu'on la
trouve abondamment dans la parole immuable du Dieu
vivant.
HEUREUX PARCE QUE JE SAIS
Je fus appelé il n'y a pas longtemps
à visiter un vieillard éprouvé
par une grande pauvreté et par une maladie
douloureuse qui le tenait continuellement
alité. Dans de telles circonstances, on
aurait pu s'attendre à rencontrer un visage
sombre et un esprit abattu, mais non : la
figure du vieillard était paisible, un doux
sourire illuminait ses traits et témoignait
d'un bonheur réel. On n'en pouvait douter,
cet homme, pauvre, vieux et malade, était
heureux. Chose étrange, n'est-ce pas ?
mais vraie aussi.
Quelle était donc la cause de son
bonheur ?
Ce n'étaient certes pas les circonstances
où il se trouvait. Avait-il peut-être
reçu l'assurance d'une prochaine
guérison, ou bien la certitude que sa
pauvreté allait être
échangée contre de grandes
richesses ? Nullement, ce ne fut pas ce qu'il
me dit quand je m'informai de la cause de son
bonheur. - II venait donc de recevoir de bonnes
nouvelles touchant des personnes qu'il aimait et
qu'il croyait perdues ? Non, ce n'était
rien de semblable.
Le secret de son bonheur au milieu de toutes les
circonstances les plus propres à attrister
le coeur et à assombrir la vie, je vais vous
le dire en employant ses propres paroles :
« Je suis heureux parce que je sais
que le sang de Christ m'a purifié de
tous mes
péchés. »
Telle était la cause de son bonheur. Ses
péchés, qui l'auraient banni à
jamais de la présence de Dieu et l'auraient
précipité dans la perdition
éternelle ; ses péchés,
dont il était incapable de se purifier par
lui-même, - ils étaient tous
effacés, et il le savait.
S'il n'en avait eu que l'espérance, sa joie
eût été faible et
vacillante ; mais parce qu'il le savait, parce
qu'il en avait la certitude, il pouvait
s'avancer vers l'avenir non-seulement sans crainte,
mais avec joie.
Cher lecteur, savez-vous que vos
péchés ont tous
été effacés, que vous en
êtes parfaitement purifié ?
Remarquez bien que je ne vous demande pas si vous
espérez aller au ciel après cette
vie, ninon plus si vous croyez
que Dieu est miséricordieux. Je ne vous
demande pas si vous faites tous vos efforts pour
être sauvé en accomplissant des
cérémonies ou des ordonnances
religieuses ; je ne m'informe pas même
si vous priez afin d'obtenir le pardon de vos
péchés.
Ce que je vous demande sérieusement et
solennellement, c'est : Savez-vous que
vos péchés sont ôtés, ou
ne le savez-vous pas ? Si votre réponse
est négative, je ne sais pas comment vous
vous préparez à rencontrer un Dieu
dont les yeux sont trop purs pourvoir le mal.
Comment espérez-vous pouvoir échapper
au jugement et à la ruine
éternelle ?
Votre position et les circonstances de votre vie
sont peut-être tout autres que celles du
vieil infirme. Il se peut que vous jouissiez d'une
bonne santé, que vous soyez dans
l'abondance, que vous ayez des amis sincères
et une aimable famille, en un mot, que tout ce qui
vous entoure prospère, de sorte que vous
ayez un coeur joyeux et un visage serein.
Mais possédez-vous par toutes ces
choses un bonheur durable ? Est-ce que votre
joie est telle que la mort même ne puisse
vous la ravir ? Pourriez-vous dire, si vous
aviez la certitude de n'avoir plus que cinq minutes
de vie : « Je suis
heureux ? »
Le pauvre vieillard pouvait le dire ; son
bonheur était porté à la
perfection par l'arrivée du messager que
vous redoutez : la mort l'introduisait
auprès du Seigneur pour être
toujours avec Lui et tel que
Lui, dans une gloire et une félicité
éternelles.
Vous dites peut-être :
« Oh ! pour moi, je crois au
Seigneur Jésus-Christ ; mais je n'ose
pas dire que tous mes péchés sont
effacés ; ce serait de la
présomption. » Eh bien, mon cher
lecteur, je n'hésite pas à vous
répondre que, si vous croyiez Dieu,
vous devriez pouvoir dire avec certitude que
vos péchés sont effacés ou
« ôtés, »
puisque sa parole affirme positivement que le sang
de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de
tout péché
(1 Jean I, 7 ;
II, 2).
Ce serait de la présomption, dites-vous,
d'affirmer que nous savons que nous sommes
sauvés. Mais où y a-t-il le plus de
présomption, croire Dieu ou douter de sa
parole ? Pour moi, lorsque Dieu déclare
que celui qui croit au Fils a la vie
éternelle, je n'ose pas dire que je crois au
Fils, sans être assuré de mon salut.
Le langage de toute personne qui croit simplement
la déclaration de Dieu est celui-ci :
Je suis heureux, parce que je sais
que le sang de Jésus-Christ m'a
purifié de tous mes
péchés.
Que Dieu, dans sa grâce infinie, veuille
ouvrir les yeux de votre entendement pour voir la
rédemption parfaite qui est dans le sang de
Christ, c'est-à-dire, la rémission
entière de tous vos
péchés, et puissiez-vous, ayant cru
Dieu, être rendu capable de dire comme notre
pauvre vieillard malade : « Je suis
heureux, parce que je sais que le sang de
Christ m'a purifié de tous mes
péchés. »
LA REINE DE SÉBA
(Lisez
I Rois X, 1-10.)
Le Seigneur disait aux foules :
« Une reine du Midi se lèvera au
jugement avec les hommes de cette
génération et les condamnera ;
car elle vint des bouts de la terre pour entendre
la sagesse de Salomon, et voici, il y a ici plus
que Salomon »
(Luc XI, 31). Il établit donc
ici une comparaison entre Lui et Salomon, mais en
montrant de combien II le surpasse en excellence.
Salomon, en effet, est le type du Seigneur
Jésus-Christ dans le règne de paix et
de gloire qu'il inaugurera bientôt sur la
terre (Voyez
Psaume LXXII).
Trois choses avaient attiré la reine de
Séba auprès de Salomon : sa
sagesse, ses richesses et le nom de
l'Éternel qui lui avait dispensé tous
ces biens.
Or Christ est la sagesse de Dieu
(1 Corinthiens I, 24) ; en Lui
se déploient toutes les richesses de la
grâce et de la gloire de Dieu
(Éphésiens II, 7 ;
III, 8,
16) ; Dieu l'a couronné
de gloire et d'honneur
(Hébreux II, 9), l'a fait
asseoir à sa droite
(I, 13) et Lui a donné un nom
au-dessus de tout nom
(Philippiens II, 9, 10). Enfin Christ
nous a révélé le nom de Dieu,
comme Père
(Jean XVII, 26). Oui, « il
y a ici plus que Salomon » ;
puissent nos âmes être
attirées vers Celui qui est « plus
beau qu'aucun des fils des hommes » sur
les lèvres duquel la grâce est
répandue, que Dieu a
béni éternellement et dont le
trône est à toujours et à
perpétuité
(Psaume XLV).
La reine de Séba vint pour éprouver
le roi Salomon par des questions obscures. Salomon,
suivant la sagesse que Dieu lui avait
donnée, était en état de
résoudre tout ce qu'elle pouvait lui
proposer.
Il y a pour l'âme des questions obscures,
impossibles à résoudre, insondables
pour l'intelligence humaine, et qui cependant sont
d'une importance vitale, éternelle. En
Jésus seul se trouve la solution. Il n'y a
rien de ce qui peut être dans le coeur, rien
de ce qui le trouble et l'agite à quoi il ne
puisse donner une réponse qui satisfait
pleinement.
Premièrement, il y a la question du
péché. Comment une créature
coupable et souillée, sur laquelle
pèse une juste condamnation, et qui est
éloignée de Dieu, pourra-t-elle
être pardonnée et purifiée, de
manière à être en paix avec
Dieu, à s'approcher de Lui sans crainte et
jouir du bonheur de sa présence ?
À cela, Jésus seul répond
parfaitement. Il a fait la paix par le sang de sa
croix
(Colossiens I, 20) ; en Lui nous
avons la rédemption par son sang, la
rémission des fautes selon les richesses de
sa grâce
(Éphésiens I, 7) ;
nous sommes lavés de nos
péchés dans son sang
(Apocalypse I, 5) ; par une
seule offrande II a rendu parfaits à
perpétuité ceux qui sont
sanctifiés, et Dieu ne se souvient plus
jamais de leurs péchés ni de leurs
iniquités
(Hébreux X, 14,17).
Réconciliés ainsi, nous avons
accès auprès
duPère par un seul Esprit
(Éphésiens II, 18), une
pleine liberté pour entrer en la
présence de Dieu
(Hébreux X, 19).
Puis vient une autre question obscure. La mort est
là qui met fin à toute
activité sur la scène de ce monde et
qui introduit dans un domaine inconnu. Quand
l'esprit naturel veut soulever le voile qui couvre
cet avenir, il ne rencontre que
ténèbres ; une seule chose reste
certaine pour la conscience, c'est que
derrière la mort se trouve quelque chose de
redoutable - le jugement devant Dieu. - Qui
enlèvera à la mort, ses
terreurs ? Qui fera resplendir la
lumière dans cette obscurité
profonde ? - Jésus seul, a Par la mort
(celle qu'il a endurée), II a rendu
impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort,
c'est-à-dire le diable, afin qu'il
délivrât tous ceux qui par la crainte
de la mort étaient, pendant toute leur vie,
assujettis à la servitude »
(Hébreux II, 14, 15). Il a
« annulé la mort et a fait luire
la vie et l'incorruptibilité par
l'Évangile »
(2 Timothée I, 10). Il a
ôté l'aiguillon de la mort, le
péché, de sorte que celui qui croit
en Lui peut dire : O mort, où est ton
aiguillon ? Où est, ô
hadès, ta victoire ?
(1 Corinthiens XV, 55, 56.) Il
dit : « Moi, je suis la
résurrection et la vie : celui qui
croit en moi, encore qu'il soit mort vivra ;
et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point,
à jamais »
(Jean XI, 25, 26). Et quant au
jugement, II dit aussi : « Celui qui
entend ma parole et qui croit celui qui m'a
envoyé, a la vie éternelle et ne
vient pas en jugement, mais il est
passé de la mort
àla vie »
(Jean V, 24), II n'y a aucune
condamnation pour ceux qui sont dans le
Christ Jésus »
(Romains VIII, 1).
La vie ne présente rien que d'incertain et
d'agité, rien que trouble et ennui, point de
repos réel ; le coeur soupire
après quelque chose de permanent et qui le
satisfasse entièrement. Où
trouverai-je donc un repos ferme, assuré,
durable, au-dessus des circonstances et que rien ne
pourra atteindre ? Où rencontrerai-je
un amour que rien n'altère, et un objet
vraiment digne de toute affection ?
Jésus répond : « Venez
à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui
êtes chargés, et moi, je vous donnerai
du repos »
(Matthieu XI, 28). En Lui, dans son
oeuvre parfaite, dans son amour invariable, dans sa
sympathie profonde, dans la perfection de sa
personne, je trouve le repos de ma conscience, le
repos pour mon coeur, et de quoi asseoir mes
affections. Si par la foi je lui appartiens, Il est
toujours vivant, toujours actif en ma faveur, rien
ne peut me séparer de son amour et me ravir
de sa main
(Hébreux VII, 25 ;
Romains VIII, 35 ;
Jean X, 28).
Ainsi tout ce qui a toujours occupé et
agité l'homme sans trouver de solution,
trouve en Jésus une réponse parfaite.
Nous avons tout en Lui, en qui toute la
plénitude de la Déité habite
corporellement
(Colossiens II, 9).
L'âme étant en paix avec Dieu, le
coeur en repos et satisfait d'avoir trouvé
un objet digne de toutes ses affections, toute
question ayant trouvé sa solution, on peut,
comme la reine deSéba,
pénétrer plus avant et en toute
liberté dans la connaissance des richesses,
de l'ordre et du bonheur qui règne et se
répand autour du vrai Salomon. L'âme
apprend à connaître quelle est
l'habitation de Dieu par l'Esprit,
édifiée sur le fondement des
apôtres et prophètes
(Éphésiens II, 20-22),
elle prend son plaisir dans les saints et les gens
de la maison de Dieu parmi lesquels elle a
trouvé sa place, elle contemple cet
holocauste agréable à Dieu,
« le Christ qui nous a aimés et
s'est livré lui-même pour nous comme
offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de
bonne odeur »
(Éphésiens V, 2). Elle
entre dans le secret du sanctuaire, elle contemple
la présence ravissante de l'Éternel,
elle visite soigneusement son palais
(Psaume XXVII, 4). et, regardant,
à face découverte, la gloire du
Seigneur, elle découvre à chaque
moment en Christ de nouveaux sujets de louange et
d'adoration.
Tout ce que d'autres peuvent dire, n'est rien en
comparaison de la réalité : il
faut venir, comme la reine de Séba, et voir
des yeux de l'homme spirituel, ouverts parla foi,
ce que l'oeil n'a point vu, et que l'oreille n'a
pas ouï, et qui n'est pas monté au
coeur de l'homme, ce que Dieu a
préparé pour ceux qui l'aiment, la
sagesse de Dieu qu'il nous a
révélée par son Esprit
(1 Corinthiens II, 9, 10). Voyant
toute cette gloire, « elle fut toute
ravie en elle-même. » Combien plus
l'âme qui contemple la gloire de Christ, une
gloire comme d'un Fils unique de la part du
Père !
(Jean I, 14.) Ainsi Jean qui entend
la voix de l'Époux, en est tout
réjoui etsa joie est
accomplie
(Jean III, 29). Ainsi Paul, ravi
à la vue de tout de qu'il a trouvé en
Christ, dit : « Je ne vis plus, moi,
mais Christ vit en moi ; et ce que je vis
maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la
foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui
s'est livré Lui-même pour moi
(Galates II, 20). Pour moi, dit-il
encore, vivre c'est Christ
(Philippiens I, 21). Et Pierre
écrivant aux croyants :
« Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu,
vous aimez ; et, croyant en lui, quoique
maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous
réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse
(1 Pierre I, 8). Jean écrivait
aux chrétiens touchant la manifestation de
Christ, la vie éternelle et la communion
avec Dieu, afin que leur joie fût accomplie
(1 Jean I, 1-4). Aussi, dans le
ravissement où il se trouve devant l'amour
de Dieu en Christ, il s'écrie : Voyez
de quel amour le Père nous a fait don que
nous soyons appelés enfants de Dieu. Nous
l'aimons parce qu'il nous aima le premier
(1 Jean III, 1;
IV, 19). Et les saints, voyant
passer devant eux la gloire de Christ comme
fidèle témoin, premier-né
d'entre les morts et prince des rois de la terre,
pleins d'un saint transport dans le sentiment de ce
qu'il est pour eux, disent :
« À celui qui nous aime et qui
nous a lavés de nos péchés
dans son sang, - et il nous a faits un royaume, des
sacrificateurs pour son Dieu et Père ;
- à lui la gloire et la force aux
siècles des siècles !
Amen ! »
(Apocalypse I, 5, 6.)
Oui, l'âme en paix, sans crainte, est ravie
en la présence de son Seigneur. Et comme la
reinede Séba versa devant
Salomon ses richesses, son or et ses parfums, ses
pierres précieuses ; comme plus tard
les Mages venus d'Orient adorèrent le petit
enfant et lui offrirent des dons, de l'or, de
l'encens et de la myrrhe ; comme Marie oignit
les pieds de Jésus avec un parfum de nard
pur de grand prix, ainsi l'âme offre sans
cesse un sacrifice de louanges, le fruit des
lèvres qui bénissent son nom, elle
offre des sacrifices spirituels agréables
à Dieu par Jésus-Christ. Suivant
l'exhortation de l'apôtre, celui qui, ayant
été justifié par la foi, jouit
de la paix et de la faveur de Dieu, pour qui il n'y
a point de condamnation, que rien ne peut
séparer de l'amour de Christ,
celui-là présente son corps en
sacrifice vivant, saint et agréable à
Dieu, dans une marche digne de Lui, pour Lui plaire
à tous égards. Et bientôt, dans
la gloire, nous nous prosternerons devant Celui qui
est assis sur le trône et qui vit aux
siècles des siècles ; nous
jetterons devant Lui les couronnes dont sa
grâce nous aura couronnés ; la
louange et l'adoration rempliront à jamais
nos coeurs.
Lecteur, êtes-vous venu de loin, de la
contrée distante où vous retenaient
vos péchés, vers Jésus dont le
nom, l'amour et la puissance pour sauver ont
été proclamés devant
vous ? Avez-vous fait sa connaissance
personnelle ? Avez-vous été,
êtes-vous ravi en vous-même en
contemplant la grâce, l'amour, les richesses,
la gloire et la beauté de ce précieux
Sauveur ?
Oh ! puisse le désir de nos coeurs
être de leconnaître
toujours mieux, Lui, et d'être bientôt
avec Lui, transformés à son image, le
voyant tel qu'il est, Lui étant faits
semblables !
L'ÂME ANXIEUSE ET SES
DIFFICULTÉS
(3me Dialogue.)
III
LA FOI ET LA PAROLE DE DIEU. (Suite)
- Vous m'avez promis que nous reprendrions notre
entretien sur la foi. À mesure que je saisis
mieux ce que vous me dites, il me semble que je
sors de moi-même pour me remettre plus
entièrement à Dieu.
- Que Dieu en soit béni, cher ami. Il n'y a
rien de plus précieux que de voir comment
Dieu veut absolument nous amener à ne
dépendre que de Lui seul.
« Dans sa présence, il y a une
plénitude de joie. » Toutes les
expériences et les épreuves par
lesquelles II fait passer ses enfants ont pour but
de leur apprendre que « l'homme ne vivra
pas de pain seulement, mais de toute parole qui
sort de la bouche de DIEU »
(Deutéronome VIII, 3). C'est
en affirmant ce grand principe que le Seigneur
Jésus-Christ Lui-même a vaincu Satan,
et qu'il a commencé son ministère
public dans ce monde
(Matthieu IV, 4). Il en est pour la
marche chrétienne comme pour le salut. La
parole de Dieu saisit l'âme et l'amène
au Sauveur ; c'est ensuite la même
parole qui nourrit et dirige l'âme.
« Ta parole est une lampe à mon
pied, et une lumière à
mon sentier »
(Psaume CXIX, 105) ;
« par la parole de tes lèvres, je
me suis donné garde de la conduite de
l'homme violent »
(Psaume XVII, 4).
Or Christ est personnellement l'expression de ce
que Dieu est. Il est « la
Parole. »
C'est là ce que la foi saisit. Elle n'a donc
pas seulement ce qui la place dans un rapport
direct avec Dieu, mais en même temps elle
trouve en Christ un objet, une personne vivante
propre à attirer et à absorber toutes
les affections divines produites parle Saint-Esprit
dans le coeur. C'est Celui dont l'apôtre Paul
disait : « II m'a aimé et
s'est donné Lui-même pour
moi »
(Galates II, 20) ; et
encore : « Je sais qui j'ai
cru, et je suis persuadé qu'il a la
puissance de garder ce que je lui ai confié
jusqu'à ce jour-là »
(2 Timothée I, 12). Qu'il est
précieux de se savoir entre les mains d'un
tel Sauveur. Il met sa vie pour ses brebis, puis II
dit : « Je les connais, ... et elles
me suivent, et moi, je leur donne la vie
éternelle, et elles ne périront
jamais ; et personne ne les ravira de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est
plus grand que tous, et personne ne peut les ravir
de la main de mon Père »
(Jean X, 15,
27-29).
- Oh ! combien j'aimerais avoir toujours cette
douce assurance !
- Et pourquoi ne l'auriez-vous pas toujours, cher
ami ? En qui se trouve-t-elle, en vous ou en
Christ ?
- Pas en moi-même, assurément. Je ne
sens que trop que je suis toujours vacillant.
- En effet, il n'existe aucun sujet de
confianceen nous-mêmes.
Mais le mot que vous venez de prononcer me semble
faire voir la source de vos difficultés.
Vous pensez, n'est-ce pas, que l'on peut croire
aujourd'hui et ne pas croire demain ? et
qu'ainsi on est sauvé un jour, et que l'on
peut être perdu le jour suivant.
- Il me le semble.
- Vous vous faites donc un sauveur de votre
foi ?
- Non, mais je vois que les promesses de Dieu sont
pour la foi, et je trouve que ma foi n'est
nullement stable. Je crains de n'avoir pas
la foi du coeur.
- D'abord, cher ami, retenez bien que la base de
notre assurance devant Dieu n'est nullement la foi,
mais la parole de Dieu. Vous pouvez saisir plus ou
moins ce qui est l'objet de la foi, et par
conséquent en jouir plus ou moins, mais
l'assurance est fondée, non sur vos
sentiments, mais sur ce que Dieu a dit.
Quant à la foi du coeur, voici en quoi
elle diffère de la foi d'intelligence. Par
l'intelligence, on saisit des faits qui sont en
dehors de nous, et dans lesquels on peut ne prendre
aucun intérêt. Le coeur, au contraire,
cherche en Dieu ce qui répond aux besoins
qu'il a fait naître par son Esprit. Lorsque
sa parole, éclairant mes
ténèbres, m'a fait voir ce que je
suis devant Lui, un misérable pécheur
perdu, j'ai besoin d'un Sauveur ; alors
elle me montre aussi en Dieu l'amour qui a
donné son Fils ; elle me montre en
Christ Celui qui a accompli l'oeuvre qui, en
glorifiant Dieu, sauvele
pécheur. L'amour de Dieu dissipe ainsi
toutes mes craintes ; par l'oeuvre de Christ,
qui m'a lavé de mes péchés, me
voilà à l'aise devant Dieu ;
j'aime sa présence où j'ai
trouvé la grâce, et non le
jugement.
- Ah ! oui, en effet, tout cela est
précieux et ravit l'âme.
- Eh bien, cher ami, il faut en rester là,
et ne pas vous occuper de votre foi, dont
vous ne serez, du reste, jamais satisfait, car la
foi, par laquelle nous saisissons les choses de
Dieu, reste toujours infiniment au-dessous de ce
qui en est l'objet. Mais nous pouvons nous reposer
dans le fait que « toutes choses sont du
Dieu qui nous a réconciliés avec
Lui-même par Christ »
(2 Corinthiens V, 18). C'est Dieu qui
a opéré ; ce n'est pas nous.
Mais n'est-il pas parlé de personnes qui,
ayant cru et ayant été converties,
sont tombées et ne peuvent plus se
repentir ?
Je vois que vous faites allusion au
chapitre VI de l'Épître aux
Hébreux, qui a déjà
exercé tant d'âmes, et il n'est pas
mauvais que les coeurs soient labourés
profondément. Mais d'abord, si ce passage
parle en effet d'une classe de personnes qui sont
tombées, il n'y est parlé ni de foi,
ni de conversion ; et, en y regardant de
près, ce chapitre ne fait qu'affermir et
établir dans l'assurance celui qui regarde
à Dieu. En effet, nous y trouvons le
contraste frappant entre celui qui jouit des plus
grands privilèges sans avoir la vie
(vers. 4, 5), et celui qui,
sans confiance en
lui-même, comme le meurtrier involontaire
d'autrefois dans la ville de refuge, a couru pour
saisir l'espérance qui lui est
proposée et qui repose sur
l'immutabilité des conseils de Dieu et
l'oeuvre accomplie de Christ
(vers. 9, 10,
17-20). Celui qui n'a fait que jouir
de privilèges extérieurs, si grands
soient-ils, peut tomber ; nous en avons des
exemples en Balaam, Judas et les Juifs, qui eurent
la présence du Seigneur, ses miracles, et,
plus tard, le Saint-Esprit, agissant en puissance
devant eux -, celui qui se repose sur la parole et
le serment de Dieu, et qui voit Jésus au
dedans du voile comme son précurseur, est
gardé par la puissance de Dieu, par la foi,
pour le salut qui va être
révélé.
Mais vous lirez sans doute avec
intérêt sur ce
chapitre VI des Hébreux
l'extrait suivant qui contribuera à lever
vos difficultés :
« II est question dans ce passage de
personnes qui glissent dans l'apostasie
après avoir joui de tous les
privilèges et de la puissance de
l'Évangile, sauf la nouvelle naissance et
l'habitation ? en elles du Saint-Esprit par
lequel on est scellé pour le jour de la
rédemption.
« À ceux qui, dans le
judaïsme, avaient rejeté le Messie
lorsqu'il était sur la terre, Dieu donnait
une ressource dans la repentance et la
rémission des péchés
(Actes III, 13-15,
17-20) ; mais si alors,
étant entrés dans l'assemblée
chrétienne, ils abandonnaient le Christ
ressuscité et glorifié, il n'y avait
plus de ressource de grâce. Il n'y avait pas
un troisième état
deChrist qui put répondre
à la position dans laquelle ils se
plaçaient.
« II n'est pas question ici d'une
personne surprise et entraînée dans le
péché ; ni même du cas si
terrible de quelqu'un qui
persévérerait dans le
péché. Il s'agit d'un mal tout autre.
Ceux dont il est parlé pouvaient avoir une
conduite aussi exacte, aussi morale et aussi
religieuse que possible, mais après avoir
confessé Jésus comme le Christ
après l'effusion du Saint-Esprit, ils
étaient retournés en arrière
vers les éléments juifs.
« Le cas supposé est en
réalité une complète
renonciation de la vérité
chrétienne.
« Nous avons la description d'un
chrétien professant qui a
extérieurement tous les plus grands
privilégiés de l'Évangile,
mais nullement d'un homme converti. Pas un mot
n'implique ici la conversion, ni la vie. Par
contre, on trouve les plus fortes expressions
employées à dessein pour montrer que
ces personnes possédaient les plus grands
privilèges extérieurs, sous la forme
et dans la mesure abondante où Dieu les
dispensa après l'ascension du
Seigneur ; il y a connaissance, joie et
puissance, mais rien qui indique la vie
spirituelle.
« Être
éclairé » n'est en
aucun sens la nouvelle naissance sans laquelle nul
ne peut voir le royaume de Dieu, ni y entrer. C'est
l'effet produit par l'Évangile sur une
âme plongée dans les
ténèbres de l'ignorance ; la
clarté projetée dans l'intelligence
par Celui qui est la seule vraie lumière.
Mais cette clarté n'est pas la
vie.
« Ils avaient goûté
« le don
céleste » ; ce
n'était plus le Messie sur la terre, comme
lorsque ses disciples l'entouraient, mais Christ
monté en haut ; non Christ selon la
chair, mais Christ ressuscité et
glorifié à la droite de Dieu, dans le
ciel.
« Ils étaient devenus
« participants de
l'Esprit-Saint. » L'Esprit de Dieu
habitait dans l'assemblée, qui est la maison
de Dieu
(Éphésiens II,
22 ;
1 Corinthiens III, 16), et
là, manifestait sa puissance par des dons et
des effets extérieurs. L'Esprit-Saint
pénétrait pour ainsi dire toute
l'atmosphère de la maison de Dieu. Chacun de
ceux qui confessaient le Seigneur et faisaient
profession d'être chrétiens, devenait
ainsi participant de l'Esprit-Saint. Il n'est pas
le moins du monde question d'une personne
née de Dieu, de quelqu'un en qui habite
l'Esprit de Dieu ou qui est scellée par cet
Esprit, mais il s'agit de la part que l'on avait
dans cet immense privilège : la
présence du Saint-Esprit au milieu de
l'assemblée.
« Ensuite, ils avaient
« goûté la bonne parole
de Dieu. s Or, un homme, sans être
converti, peut, nous le savons, éprouver les
plus fortes émotions en entendant
l'Évangile et en jouir jusqu'à un
certain point. Le Seigneur ne parle-t-Il pas de
ceux qui entendent la parole et la reçoivent
avec joie, mais qui n'ont pas de racine en
eux-mêmes et ne sont que pour un temps ?
(Marc IV, 17.) Et n'en avons-nous pas
un exemple en Agrippa ?
(Actes XXVI.) Il n'y a rien qui
empêche l'esprit naturel
d'admirer la merveilleuse beauté des
vérités proclamées par le
christianisme, sans que le coeur et la conscience
soient atteints. Il y en a plus d'un exemple.
« En dernier lieu, il est dit qu'ils ont
goûté « les miracles du
siècle à venir. » Des
miracles s'accomplissaient qui rendaient
témoignage à la victoire du Messie
sur Satan, anticipation partielle de la pleine et
glorieuse délivrance qui caractérise
le siècle à venir, où le
Messie chassera entièrement la puissance de
l'ennemi. On se trouvait là au milieu de ces
manifestations de puissance ; mais cela
donnait-il la vie ? Si peu que l'on pouvait
même être doué de cette
puissance sans être connu de Christ et
n'être que « des ouvriers
d'iniquité »
(Matthieu VII, 22, 23).
« Nous pouvons donc, dans ce passage,
donner à chaque expression la plus grande
force possible, mais aucune ne signifiera ni la
vie, ni la nouvelle naissance, ni le sceau du
Saint-Esprit. Il y a tout en fait de
privilèges, sauf la vie spirituelle, la vie
en Christ, ou ce qui en est le sceau en nous.
« Ce passage veut donc dire que quelqu'un
peut avoir joui des dons et des privilèges
les plus élevés, soit dans son
intelligence, soit en puissance extérieure,
et cependant tout abandonner et devenir même
le plus ardent ennemi de Christ. En fait, c'est le
résultat naturel.
« Tel avait été le triste
cas de plusieurs. Pour eux-mêmes, quant
à ce qui les concernait, ils crucifiaient le
Fils de Dieu et l'exposaient à
l'opprobre,
répétant, le sachant et le voulant,
le crime commis par la nation d'Israël. Aussi
le renouvellement à la repentance
était-il impossible pour eux.
« Pourquoi ? Ils avaient eu les plus
fortes preuves et avaient joui des plus grands
privilèges de l'Évangile, et ils
s'étaient détournés de Christ
afin de retourner au judaïsme. Que restait-il
pour eux ? Supposons qu'un homme eût
été l'adversaire du Messie quand
Celui-ci était sur la terre, il y avait
encore pour un tel homme une ouverture de
grâce venant d'en haut. Il était
possible que ce même homme, qui avait
rejeté le Christ dans sa vie terrestre,
eût les yeux ouverts et reçût
Christ monté dans la gloire. Ce fut le cas
de Saul de Tarse, qui reçut Christ en
réalité. Mais si un tel homme (je
parle de quelqu'un qui est entré dans les
privilèges extérieurs) abandonnait
ensuite Christ glorifié, il n'y avait pas de
nouvelle position dans laquelle Christ pût
lui être présenté.
« Que restait-il donc pour ceux qui,
après avoir fait profession de
christianisme, rejetaient Christ dans toute la
plénitude de sa grâce et la hauteur de
gloire où Dieu l'avait placé comme
homme devant Lui ? Quel moyen y avait-il de
les amener à la repentance ? Il n'y en
avait point. Il ne restait que Christ venant en
jugement. Or, l'apostasie, tôt ou tard, doit
tomber sous ce jugement. C'est ce que nous
enseignent les versets
7 et 8 du même
chapitre. »
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