Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. V
CINQUIÈME ANNÉE 1878

LE TRIBUNAL DE CHRIST

Le chapitre V de la 2e épître aux Corinthiens exerce souvent les âmes qui ne sont pas bien affermies dans la grâce.

Premièrement, le lecteur doit remarquer ce fait que la pensée du tribunal de Christ est si loin d'inspirer de la frayeur à l'apôtre qu'il ne pense pas du tout à lui-même, quand le tribunal est devant ses yeux par la foi. Ce qu'il y avait de terrible dans ce tribunal ne s'adressait pas à lui comme s'il était lui-même un objet du jugement qui s'y exécutait ; Puni est tellement en dehors de l'influence de cette frayeur, quant à sa propre conscience, que l'effet est simplement de ranimer son zèle, et de le pousser à prêcher aux pécheurs. Je peux sentir ce qu'il y a de solennel dans la condamnation à mort d'un criminel ; mais si je ne suis pas le criminel, je n'ai pas la moindre pensée que la sentence s'applique à moi-même : elle peut me pousser à exhorter les autres qui pourraient être en danger de suivre le train de vie qui a amené le criminel à cette triste fin.

Mais, dira-t-on, comment peut-on penser, non pas à un trône de grâce, mais au jugement et rester en dehors de la frayeur que celui-ci inspire ? Voici la réponse : le juge qui siège sur le tribunal est ma justice ; II juge d'après la justice qui Lui est propre, la justice divine. Or cette justice est la mienne, je suis la justice d'après laquelle il juge : elle ne peut se condamner. De plus c'est Jésus qui est juge ; or II a porté lui-même les péchés pour lesquels j'aurais dû être jugé ; II ne peut me les imputer, car ce serait se renier lui-même. Il est le témoin que ces péchés sont expiés et abolis. Je ne peux craindre devant un tel juge.

Mais de plus, comment et en quel état est-ce que j'arrive devant le tribunal ? Le Seigneur a dit : « Je m'en vais vous préparer une place, et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que, là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » Christ vient lui-même nous chercher pour que nous nous trouvions devant son tribunal ; et en y arrivant ainsi, comment puis-je craindre ? Mais encore, quand Christ nous prendra ainsi à lui, il transformera ce corps vil, selon la ressemblance de son corps glorieux ; j'arrive donc déjà glorifié devant le tribunal et Christ est venu me chercher pour être avec lui. Il est évident que pour le croyant le tribunal ne peut produire l'effet de frayeur et de crainte qu'il doit inspirer au pécheur qui ne connaît pas Christ : le Jésus qui y siège en juge est déjà auparavant devenu Sauveur à l'égard des péchés qui auraient dû être jugés ; et plus encore, II est notre justice.

Est-ce que le tribunal reste donc sans effet sur l'âme ? - Nullement. Si Christ a anticipé le jugement pour le croyant, en se livrant à la mort pour lui, pour les péchés qui auraient été l'objet du jugement, le croyant réalise par la foi ce jugement dans son âme ; il est manifesté à Dieu selon l'immuable sainteté de ce jugement ; celui-ci produit son effet dans sa conscience : maintenant tout y est jugé, selon ce jugement-là.
La pensée du tribunal n'est pas effrayante, parce que le Rédempteur y siège ; mais elle est sanctifiante, et c'est ce qu'il faut pour nous.

Je crois aussi que notre manifestation devant le tribunal de Christ sera très-précieuse pour nous. Quand maintenant je tourne mes regards en arrière sur ma vie passée, maintenant, dis-je, que je suis parfaitement réconcilié avec Dieu et que ma conscience est purifiée, toute cette vie devient pour mon coeur la scène des voies de Dieu à mon égard : sa patience, sa bonté, son intervention en ma faveur, pauvre être que je suis, la manière dont II m'a soutenu et relevé quand j'étais tombé, la manière dont II m'a fait échapper à des dangers connus et inconnus, dont II m'a instruit, dirigé, formé par sa grâce, fait contribuer toutes choses à mon bien ; en un mot, toutes ses voies de sainte grâce se déploient devant mes yeux.

Je les vois imparfaitement, sans doute, mais quand je connaîtrai comme je suis connu, quand je repasserai non-seulement dans la sûreté de la grâce, mais dans la perfection de la gloire, toutes les voies de Dieu, que de sujets d'adoration j'y trouverai ! Quel Dieu je connaîtrai par ces voies ; quelle instruction s'y trouve pour me le faire connaître ; quel puissant moyen de recueillir dans mon coeur étonné et éclairé d'éternelles actions de grâces : nous connaîtrons comme nous sommes connus ! Quel rapprochement de Dieudans l'intimité de ses pensées longtemps peu saisies, mais qui seront alors des preuves d'un amour qui n'a jamais manqué !
Ainsi cette manifestation devant le tribunal de Christ, que la conscience non purifiée craindrait, sera une très-grande bénédiction, un privilège pour le racheté.

( « Études sur la Parole de Dieu ». )
Fragment

DIEU EST AMOUR. En ceci a été manifesté l'amour de Dieu pour nous, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui ; en ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés » (1 Jean IV, 8-10).

Dieu s'est révélé en Christ. C'est à la croix surtout que Dieu a manifesté sa sainteté parfaite et son amour ineffable. Il ne peut tenir le coupable pour innocent, II ne peut passer légèrement par-dessus le péché. Mais Christ, « le Juste, » a pris sur Lui toutes nos offenses, et a pleinement satisfait à toutes les exigences de la justice de Dieu ; II a souffert pour nos péchés, afin de nous amener à Dieu. Les péchés étant ainsi ôtés, Dieu est maintenant libre de déployer envers le pécheur repentant tous les trésors inépuisables de sa grâce et de sa gloire. Dieu nous fait approcher de Lui comme enfants, - objets du même amour dont II aime Christ.

LA LOI DES DIX COMMANDEMENTS EST-ELLE UNE RÈGLE DE VIE ? (1)

Beaucoup de personnes, tout en admettant bien que nous ne pouvons pas obtenir la vie par la loi, soutiennent en même temps que la loi est la règle de notre vie. Mais l'Apôtre déclare que « tous ceux qui sont sous le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction » (Galates III, 10). Peu importe leur condition individuelle : s'ils sont sur le terrain de la loi, ils' sont nécessairement sous la malédiction.
Quelqu'un dira peut-être : « Je suis régénéré, je ne suis donc pas exposé à la malédiction ; » mais si la régénération ne transporte pas un homme hors du terrain de la loi, elle ne peut le placer au delà des limites de la malédiction.

Mais qu'est-ce que la loi a affaire avec la régénération ? Où trouvons-nous qu'il soit question de la régénération dans le chapitre XX du livre de l'Exode ? La loi n'a qu'une seule question à adresser à l'homme, question courte, sérieuse et directe, savoir : « Es-tu ce que tu devrais être ? » Si la réponse est négative, la loi ne peut que lancer ses terribles anathèmes et tuer l'homme. Et qui reconnaîtra plus promptement et plus profondément qu'il n'est, en lui-même, rien moins que ce qu'il devrait être, sinon l'homme vraiment régénéré ? Ainsi, s'il est sous la loi, il est inévitablement sous la malédiction. Il n'est paspossible que la loi rabatte de ses exigences, ni qu'elle se mêle avec la grâce. Les hommes, sentant qu'ils ne peuvent parvenir à s'élever jusqu'à la mesure de la loi, cherchent toujours à rabaisser celle-ci jusqu'à eux, mais c'est en vain. La loi demeure ce qu'elle est, dans toute sa pureté, sa majesté et son austère inflexibilité ; et elle n'accepte rien de moins qu'une obéissance absolument parfaite ; et quel est l'homme régénéré ou irrégénéré qui puisse entreprendre d'obéir ainsi ?
On dira : « Nous avons la perfection en Christ. » Cela est vrai ; mais ce n'est pas par la loi, c'est par la grâce, et nous ne pouvons absolument pas confondre les deux économies.

L'Écriture nous enseigne clairement que nous ne sommes pas justifiés par la loi ; mais la loi n'est pas non plus la règle de notre vie. Ce qui ne peut que maudire, ne peut jamais justifier ; ce qui ne peut que tuer, ne peut pas être ce qui règle et gouverne la vie. Un homme pourrait tout aussi bien essayer de faire fortune par le bilan qui le constitue en faillite.

Le chapitre XV des Actes nous apprend comment le Saint-Esprit répond à toute tentative qu'on voudrait faire de placer les croyants gentils sous la loi, comme règle de vie : « Quelques-uns de la secte des pharisiens qui avaient cru s'élevèrent, disant qu'il les faut circoncire et leur commander de garder la loi de Moïse » (vers. 5). « Et une grande discussion s'étant élevée, Pierre se leva et leur dit : Hommes frères, vous savez vous-mêmes que, dès les jours d'autrefois, Dieum'a choisi entre vous, afin que les nations ouïssent par ma bouche la parole de l'évangile et qu'elles crussent. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en voulant mettre sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ? » (vers. 7-10.) Ce langage est grave et sérieux. Dieu ne voulait pas qu'on « mît un joug sur le cou » de ceux dont les coeurs avaient été affranchis par l'évangile de paix ; il voulait plutôt les exhorter à se tenir fermes dans la liberté du Christ et à ne pas être « de nouveau retenus sous un joug de servitude » (Gal. V, 1).

Comment pourrions-nous admettre la pensée que Dieu voulût gouverner par la loi ceux qu'il a reçus en grâce ? « Nous croyons, dit Pierre, par la grâce du Seigneur Jésus, être sauvés de la même manière qu'eux aussi » (Actes XV, 11). Les Juifs qui avaient reçu la loi, et les Gentils qui ne l'avaient pas reçue, devaient tous désormais être « sauvés par grâce. » Ils sont placés « sous la grâce, » et de plus, sont exhortés « à croître dans la grâce » (Romains VI, 14 ; 2 Pierre III, 18).
Enseigner autre chose, c'était tenter Dieu. Ces pharisiens renversaient les fondements mêmes de la foi du chrétien ; et c'est ce que font tous ceux qui veulent mettre les croyants sous la loi.

Écoutez le langage énergique et les accents de juste indignation dont le Saint-Esprit se sert, à l'égard de ces docteurs de la loi : « Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même » (Galates V, 12).

Les pensées du Saint-Esprit sont-elles changées au sujet de cette question ?
Il est donc évident que la loi n'est ni le fondement de la vie pour le pécheur, ni la règle de la vie pour le chrétien. Christ est tous les deux. Il est notre vie et la règle de notre vie. La loi ne peut que maudire et tuer. Christ est notre vie et notre justice ; II a été fait malédiction pour nous en étant pendu au bois ; II descendit dans le lieu où le pécheur gisait, dans la mort et le jugement ; et nous ayant, par sa mort, déchargés de tout ce qui était, ou pouvait être contre nous, il est devenu, en résurrection, la source de la vie et le fondement de la justice pour tous ceux qui croient en son nom.
Possédant ainsi la vie et la justice en lui, nous sommes appelés à marcher, non pas seulement comme la loi l'ordonne, mais à « marcher comme Lui a marché » (1 Jean II, 6).

Il paraîtra presque superflu d'affirmer que tuer, commettre adultère, dérober, sont des actes directement opposés à la morale chrétienne. Mais si un chrétien réglait sa vie d'après ces commandements-là, ou d'après le décalogue tout entier, produirait-il ces fruits précieux et délicats dont nous parle l'épître aux Éphésiens ? Les dix commandements amèneraient-ils un voleur à ne plus voler, mais à travailler afin d'avoir de quoi donner ? Transformeraient-ils jamais un voleur en un homme laborieux et honorable ? Non, assurément. La loi dit : « Tu ne déroberas point ; » mais dit-elle aussi : « Va, donne à manger à tonennemi, habille-le et bénis-le ? Va, et réjouis par ta bienveillance, par tes actes de bonté, le coeur de celui qui n'a jamais cherché qu'à te nuire ? » Non, elle ne le dit point. Malgré cela, si moi, chrétien, j'étais sous la loi comme règle, elle ne ferait autre chose que me maudire et me tuer. Comment cela se fait-il si la sainteté chrétienne est tellement plus élevée ? Parce que je suis faible, et que la loi ne me donne aucune force, ne me témoigne aucune miséricorde. La loi exige de la force de quelqu'un qui n'en a aucune, et elle le maudit s'il n'en peut montrer. L'évangile donne de la force à celui qui n'en a pas, et le bénit dans la manifestation de cette force.

La loi présente la vie comme but de l'obéissance ; l'Évangile donne la vie comme le seul fondement véritable d'obéissance...
Mais, demandera-t-on, « la loi n'est-elle pas parfaite ? Et si elle est parfaite, que voulez-vous de plus ? » - La loi est divinement parfaite ; c'est même à cause de sa perfection qu'elle maudit ceux qui ne sont pas parfaits lorsqu'ils essayent de subsister par elle. « La loi est spirituelle ; mais moi je suis charnel. » II nous est impossible de nous faire une idée juste de la perfection et de la spiritualité de la loi. Mais alors, cette loi parfaite étant mise en contact avec l'humanité déchue, cette loi spirituelle rencontrant « la pensée de la chair, » ne peut « produire » que « la colère » et « l'inimitié » (Rom. IV, 15 ; VIII, 7). Pourquoi ? Est-ce parce que la loi n'est pas parfaite ? - Au contraire, c'est parce qu'elle l'est et que l'hommeest pécheur. Si l'homme était parfait, il accomplirait la loi selon toute sa perfection spirituelle sans qu'il y eût aucun besoin de lui imposer la loi ; et même l'apôtre nous enseigne que si nous sommes de vrais croyants, bien que portant encore en nous une nature corrompue, « la justice de la loi est accomplie en nous qui ne marchons point selon la chair, mais selon l'esprit » (Romains VIII, 4). « Celui qui aime les autres a accompli la loi... L'amour ne fait point de mal au prochain ; l'amour donc est la somme de la loi s (Romains XIII, 8-10 ; comparez Galates V, 14, 22-23). Si j'aime quelqu'un, je ne lui déroberai pas ce qui lui appartient ; loin de là, je chercherai à lui faire tout le bien que je pourrai. Tout cela est clair et facile à comprendre pour une âme spirituelle, et confond ceux qui veulent faire de la loi le principe de vie pour le pécheur, ou la règle de la vie pour le croyant.

Le chrétien marche selon l'Esprit. « Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont les fils de Dieu » (Romains VIII, 14).
Or la loi n'a pas été donnée pour régler l'Esprit ; elle a été imposée à des hommes dans la chair, laquelle, de fait, elle n'a nullement réussi à brider. Au contraire, la chair est excitée au mal par la loi, et sa vraie nature, qui est l'opposition à Dieu, se trouve ainsi manifestée. « Par la loi est donnée la connaissance du péché ; par elle, le péché devient excessivement pécheur » (Romains III, 20 ; VII, 13).
De toute manière donc, il est évident que, sile chrétien n'a que la loi comme règle et comme mobile, jamais il ne pourra marcher comme un enfant de Dieu ; mais béni soit Dieu, il a autre chose ; il a le Saint-Esprit qui occupe ses pensées de Christ et qui le rend conforme à ce divin modèle.

Imposer la loi comme règle de vie à un chrétien pour qui elle n'est pas faite, a pour effet pratique de rabaisser considérablement le niveau moral de sa marche, en lui permettant une certaine conformité avec le monde dans une foule de choses que la grâce de Christ lui ferait rejeter avec dégoût. La loi, par exemple, me permet de faire valoir mes droits ; mais Christ ne l'a pas fait : II s'y est toujours refusé, et II nous enseigne à l'imiter en souffrant plutôt les torts, en nous remettant entre les mains de Dieu avec tout ce qui nous concerne (1 Corinthiens VI, 7 ; 1 Pierre II, 20-25).
Mais il y a, pour le chrétien qui se place ainsi sous la loi, un effet plus sérieux encore : c'est qu'il se prive de la jouissance de l'adoption. Cela nous est montré avec beaucoup de détails dans l'épître aux Galates. Il est impossible qu'une personne réellement affranchie se conduise par une loi faite pour un état d'esclavage. L'apôtre, prévoyant les effets désastreux de cette tendance à se placer sous la loi, luttait contre elle de toutes ses forces, jusqu'à dire dans l'anxiété de son âme pour ses chers Galates : « Je suis en perplexité à votre sujet... Je crains quant à vous que peut-être je n'aie travailléen vain pour vous » (chap. IV, 11-20). Nous recommandons vivement à nos lecteurs l'étude attentive de cette épître, en nous bornant pour le moment à en citer encore deux passages :
« Maintenant ayant connu Dieu, ou plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? » (IV, 9.)
« Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi ; vous êtes déchus de la grâce. Car nous, par l'Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l'espérance de la justice » (V, 4, 5).

Que Dieu nous accorde de marcher par l'Esprit, en nous occupant de Christ, de sa résurrection et de ses souffrances pour que nous portions le cachet de l'homme céleste dont nous trouvons le modèle en l'apôtre Paul, dans l'épître aux Philippiens.

L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS
(3me Dialogue.)

III
LA FOI ET LA PAROLE DE DIEU.
(Suite 2)

- Après vos explications, il me semble mieux comprendre le chapitre VI de l'épître aux Hébreux, quoique j'aie encore besoin de quelques éclaircissements. De plus, j'ai trouvé dans la même épître deux autres passages qui ne me paraissent pas tout à fait en accord avec ce que vous m'avez dit de la foi. L'un de ces passages se trouve au chapitre X ; il y est parlé d'une « pleine assurance de foi », et en outre nous y trouvons de terribles menaces de jugement contre ceux qui pèchent volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité. L'autre passage est dans le chapitre XI ; il y est dit que, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. Cela ne semble-t-il pas poser la foi comme condition préalable sans laquelle on ne peut rien recevoir de Dieu ? Pour moi, je ne puis m'empêcher souvent de frissonner en pensant à l'avenir ; quel sort terrible serait le mien si ma foi venait à manquer, ou si je commettais ce péché irrémissible.
- Laissez-moi vous dire tout d'abord, cher ami, que je suis bien aise de voir que maintenant vos difficultés ne proviennent plus de vos propres expériences, mais de ce que vous ne saisissez pas la portée de certains passages de la Parole de Dieu. Il est ainsi plus facile de répondre, puisque nous suivons un guide infaillible ; car j'aime à croire que telle est votre pensée à l'égard
des Écritures.
- Assurément ; elles sont pour moi revêtues tout entières de l'autorité de Dieu.
- Eh bien, je puis vous dire, pour commencer, que si seulement vous vouliez laisser entièrement de côté votre « vous-même » et regarder à Christ seul, tous vos doutes disparaîtraient aussitôt.
- Combien j'en serais heureux ! J'ai tellement besoin de sentir sous mes pieds un terrain solide. Mais, comme vous l'avez dit, notre seul guideinfaillible est la Parole de Dieu, et quand j'y trouve des passages tels que ceux que je vous ai cités, j'en suis à me demander si je possède bien cette foi ferme, à toute épreuve ; - ou bien, je ne comprends peut-être pas encore bien ce que c'est.
- Pour répondre, je vous ferai remarquer que si, en effet, l'épître aux Hébreux est comme un traité détaillé sur la foi, il n'y a point d'écriture où le Saint-Esprit ne détourne autant nos regards de tout homme et de toute chose pour les arrêter sur Christ seul. C'est Christ qui répond à toute ombre, tout type, toute figure de l'ancienne alliance ; c'est Lui qui les remplace et, par conséquent, les met de côté, exactement comme la présence d'une personne vivante rend inutile le portrait qui la représente. Moïse, Josué, Aaron, Melchisédec, les sacrificateurs et les sacrifices, ont eu leur temps et leur utilité pour présenter quelques côtés de la gloire de Jésus ; mais ils ont passé comme des ombres pour faire place au « corps » qui est Christ (Colossiens II, 17). Quant à la portée morale de tout cet enseignement pour nos âmes, on la trouve résumée dans ces paroles : « Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi » (Hébreux XII, 2).
- Ah ! c'est bien là ce que je voudrais pou voir faire toujours.
- Je le crois, cher ami ; mais le fait est que vous ne cessez de regarder au dedans de vous-même pour trouver la foi dans votre coeur, au lieu de regarder à Christ qui la produit par son Esprit. Jamais vous ne pourrez vous former une idée juste de la foi, si, pour en apprécier les effets vous persistez à vouloir sonder votre propre coeur.
- La foi doit cependant se manifester par certains effets.
- Cela va sans dire ; mais laissez aux autres le soin de juger de ces effets en vous. Quand Moïse eut été sur la montagne avec Dieu, il ne s'aperçut point que son visage était devenu resplendissant, mais les Israélites le virent bien. Il en doit être de même pour nous, et c'est ce qui aura lieu, si nous nous occupons de Christ seul.
L'arbre n'a pas à juger de ses propres fruits. Ce qu'il lui faut pour en produire, c'est une nourriture et un milieu convenables ; les fruits sont alors la preuve qu'il s'est approprié ce qui lui a été fourni du dehors. De même nous sommes enracinés et fondés dans l'amour de Dieu en recevant Christ dans le coeur (Éphésiens III, 17), et l'atmosphère dans laquelle nous sommes enveloppés comme chrétiens est celle de la grâce (Romains VI, 14). En Christ nous apprenons ce que Dieu est pour nous ; en contemplant Christ glorifié nous sommes transformés moralement en son image (2 Corinthiens III, 18).
- J'aime à vous entendre me présenter ce côté de la vérité. Mon âme s'en trouve toute rafraîchie.
- Oui, parce que cela vous sort de vous-même. Mais alors pourquoi retournez-vous toujours à votre misérable « moi » ? Vous voudriez le trouver capable d'accomplir quelque chose, le faire en quelque sorte meilleur qu'il n'est. Dieune nous a-t-il cependant pas montré quel cas II en fait, comment II le juge, précisément au moment où II nous révèle sa justice dont II nous revêt ? (Voyez Romains III). Mais la profondeur de notre ruine ne fait que rehausser les richesses de cette grâce qui est venue chercher des êtres tels que nous pour les placer avec Christ dans la gloire. C'est ce que nous voyons dans ce pauvre brigand qui demeurera à jamais un exemple mémorable de la grâce. Il ne cherchait pas minutieusement en lui-même les effets de sa foi. Il regarde à Jésus, et Jésus le prend tel qu'il est et lui dit : « En vérité, je te dis qu'aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. »
- Merveilleuse grâce, en effet !
- Voilà pourtant la juste expression de la grâce qui sauve chacun de nous, et souvenez-vous, cher ami, que c'est Christ qui a payé le prix de ce salut, oui, le prix selon la justice absolue. Qui peut dire les angoisses inexprimables de ces heures de ténèbres par lesquelles II a passé ? C'est de là que la lumière a resplendi pour nous, et Christ nous l'a fait connaître dans sa résurrection. « II est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rom. IV, 25).
- Oui, mais pour ceux qui croient.
- Sans doute ; mais non pas exactement comme vous l'entendez. Plus vous ferez attention aux passages mêmes qui vous présentent des difficultés, plus vous verrez qu'elles proviennent de l'idée que vous attachez à la foi et qui ne se trouve pas dans l'Écriture. Vous ne pouvez vous défaire de la pensée que la foi est un effort ou une série d'efforts que nous faisons pour saisir ce que Dieu nous donne gratuitement. Nous avons déjà vu que cette idée n'est pas du tout juste ; nous verrons ce qu'en disent déplus les passages dont vous avez parlé. « Le juste vivra de foi » est un principe invariable, mais quant à la source de la foi, elle, est en Dieu, et non pas en nous. - Mais reprenons les passages par ordre. C'est d'abord le chapitre VI de l'Épître aux Hébreux, n'est-ce pas ?
- Oui ; il est dit au verset 10 : « Dieu n'est pas injuste pour oublier votre oeuvre ». Cela ne veut-il pas dire qu'ils avaient travaillé ?
- Certainement, mais non pour obtenir quelque chose auprès de Dieu. Lisons la fin du verset : « Dieu n'est pas injuste pour oublier votre oeuvre et l'amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore. - » Ne voyez-vous pas que dans leur « oeuvre », qui était de « servir les saints », le mobile qui faisait agir ces chrétiens, était un amour qui remplissait déjà leurs coeurs ? Cet amour ne venait-il pas de Dieu ? Et son déploiement n'était-il pas une preuve pratique qu'ils se comptaient eux-mêmes au nombre des saints, avec lesquels ils étaient heureux de s'identifier dans leurs souffrances ? (Voyez chapitre X, 33, 34.) Voilà à quoi l'Esprit de Dieu en appelle, en les engageant à persévérer avec patience jusqu'au bout. Ils témoignaient d'un grand dévouement et je comprends que Dieu n'ait pas voulu l'oublier.
- Oui, et ce qu'il y a d'important à remarquer, c'est que ce dévouement est celui de quelqu'un qui souffre volontiers pour un membre chéri de sa famille. Toute la souffrance possible ne vous ferait pas devenir membre d'une telle famille, mais si vous l'êtes, vous serez heureux de participer à ses joies ainsi qu'à ses douleurs. Mais vous, au contraire, vous voudriez sentir en vous cet esprit de dévouement pour vous assurer que vous êtes membre de la famille. N'est-ce pas courir après une chimère ?
- Votre comparaison est juste. Je vois que, pour avoir le courage de souffrir, il faut être bien persuadé que l'on est de la famille.
- C'est évident, et cette persuasion est fondée uniquement sur la parole de DIEU. Mais la fin du chapitre nous dit davantage ; elle nous montre que Dieu n'a rien épargné pour nous donner une certitude positive. Pour cela le Saint-Esprit prend l'exemple d'Abraham. Ce patriarche nous est présenté dans les Écritures comme le grand modèle de la foi, « le père des croyants » ; il est écrit de lui que sa foi lui fut comptée à justice ; et ici, Dieu fait voir très-clairement sur quel fondement reposait la foi d'Abraham. Dieu lui
fit une promesse, puis II y ajouta un serment.
- Mais Dieu ne nous parle pas directement comme à Abraham.
- Dans un sens, non ; mais cependant par sa parole II s'adresse à nous tout aussi directement qu'à Abraham. En effet, nous lisons : « Ce n'est pas pour lui seul qu'il a été écrit que celalui a été compté, mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d'entre les morts Jésus notre Seigneur » (Romains IV, 22-25). Et ici, il est écrit : « Dieu, voulant en cela montrer plus abondamment aux héritiers de la promesse l'immutabilité de son conseil, est intervenu par un serment, afin que par deux choses immuables (c'est-à-dire sa promesse et son serment), dans lesquelles il était impossible que Dieu mentît, nous ayons une ferme consolation, nous qui nous sommes enfuis pour saisir l'espérance proposée, laquelle nous avons comme une ancre de l'âme sûre et ferme. » Voilà donc le vrai fondement de la foi, ce qui fait que l'on peut avoir une « pleine assurance de foi. » II n'y a là rien qui soit de nature à élever l'homme, tout est de Dieu. Cette foi que Dieu reconnaît parce qu'elle vient de Lui, produit d'abord le sentiment de la crainte du juste jugement de Dieu, et, en cela, elle se rattache intimement à notre véritable état de pécheur devant Lui ; puis elle trouve sa ressource en Dieu qui nous a proposé cette « espérance », cette voie de délivrance par l'oeuvre de Christ. Il est nécessaire que l'âme saisisse ce double aspect de la vérité pour être amenée dans la pleine jouissance de la paix ; la vérité quant au pécheur et à sa culpabilité ; et la vérité quant à Dieu. Nous avons mérité le jugement, mais Dieu, par sa pure grâce, nous sauve sur le principe de la justice accomplie par l'oeuvre de Christ.

Mais le passage que nous examinons va plusloin et nous montre un troisième sujet d'assurance : c'est que Jésus est entré dans la présence immédiate de Dieu comme notre « précurseur », étant devenu souverain sacrificateur pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédec. Voilà une chose que n'avait pas Abraham. Nous, nous savons que la rédemption est accomplie et que Jésus qui l'a opérée, est à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. Si nous sommes faibles, notre souverain sacrificateur est fidèle : II ne nous abandonnera jamais, et nous pouvons nous remettre à Lui pour toutes les difficultés du temps présent.
- Il est bien consolant d'avoir un tel sacrificateur pour prendre soin de nous et s'occuper constamment de nous devant Dieu.
- En effet, sans Lui nous ne pourrions pas faire un pas en avant, même comme chrétiens. Il est ressuscité d'entre les morts, Lui, le grand pasteur des brebis, et maintenant qu'il est établi sur la maison de Dieu dans ce caractère de grand sacrificateur, nous pouvons nous approcher de Dieu en tout temps sans crainte (Hébr. X, 19-22).
- Cela est très-précieux ; mais d'où vient que, dans ce même chapitre, il soit parlé de pécher volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité ? Qu'est-ce que ce péché volontaire ?
- Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un péché en particulier. Il est vrai que l'on rapproche souvent de ce passage ce qui est dit dans les Évangiles du blasphème contre le Saint-Esprit, péché qui ne sera jamais pardonné. Mais ce n'est
pas ce dont il est question ici, bien que danscertains cas les deux choses puissent se trouver réunies. Le blasphème contre le Saint-Esprit consistait à attribuer à l'action du démon la puissance divine manifestée par le Seigneur Jésus-Christ (Marc III, 28-30). Mais ce qui est rappelé dans le chapitre X des Hébreux, relativement au contempteur de la loi de Moïse, montre qu'il s'agit dans ce passage du crime d'avoir méprisé ou rejeté le christianisme après en avoir eu la connaissance. Le péché particulier qui témoignait du mépris de la loi de Moïse et qui a été frappé d'un si terrible châtiment, était une chose qui aurait facilement passé inaperçue : c'était d'avoir ramassé du bois le jour du sabbat (Nombres XV, 32-36). La sentence de mort fut aussitôt exécutée contre le transgresseur. Cet exemple a été sans nul doute choisi pour faire ressortir la gravité du mal ; car l'offense, petite en elle-même, était évidemment la manifestation d'un état d'âme où régnait la rébellion contre Dieu et le mépris de ses commandements : c'est en cela que consistait le péché qui était ainsi puni sans miséricorde.

De même, si, ayant reçu la connaissance de la vérité on rejetait le christianisme complètement et de propos délibéré, il n'y avait plus de sacrifice pour les péchés. En effet, tout le chapitre montre qu'il n'y a qu'un seul sacrifice pour le péché, celui qui a été offert une fois pour toutes ; c'est donc en vain que l'on chercherait quelque autre moyen d'échapper au jugement inévitable qui fondra sur les méchants.
- Mais n'est-il pas dit que celui qui a ainsi péché volontairement, avait été sanctifié par le sang de l'alliance, et cette expression ne suppose-t-elle pas la conversion ?
- Je ne le pense pas. Nous voyons, d'après le chapitre IX, vers. 19, 20, que la « sanctification », dans ce sens, peut être purement extérieure. Tout le peuple d'Israël se trouvait sous l'effet de cette sanctification lorsque, la loi ayant été lue, Moïse avait fait aspersion avec du sang et de l'eau sur le livre et sur tout le peuple. Cela donne au passage que nous considérons une portée très-solennelle et d'une application tout à fait actuelle. Partout on entend dire du bien du christianisme ; on reconnaît les bienfaits qu'il a apportés dans le monde, les avantages qu'il présente pour la société et les rapports des nations entre elles, etc. Mais est-on pour cela soumis de coeur au Fils de Dieu ? Hélas ! les hommes qui parlent le plus haut en faveur des avantages
temporels du christianisme, sont ceux qui traînent la gloire divine du Seigneur Jésus dans la poussière de la terre, et qui Le rabaissent au niveau d'un simple homme, rejetant ainsi le Fils de Dieu. En vain prétend-on exalter la bonté de Dieu et se confier en sa miséricorde dont on se fait une fausse idée, en disant qu'il est trop bon pour punir éternellement les méchants. La parole de Dieu nous montre ce qui attend celui qui outrage l'Esprit de grâce, et elle ajoute que c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.
- Je ne saisis pas bien et j'aimerais savoir pourquoi ces avertissements solennels se trouvent dans le courant de l'épître aux Hébreux,
- En premier lieu, ils étaient nécessaires à ces chrétiens qui, sortis du judaïsme, et exposés aux persécutions, étaient ébranlés et tentés de retourner à l'ancien ordre de choses que Dieu avait mis de côté et d'où ils étaient sortis. Mais ensuite, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, remarquez qu'il est de toute nécessité pour la paix et la joie de l'âme que la vie entière du croyant, dans tous ses détails, soit d'accord avec l'espérance qui lui est proposée. À quoi sert-il de dire que je cherche le repos de Dieu, si mes efforts tendent à me bien établir et à trouver le repos dans un monde qui a rejeté Christ. De là l'importance d'insister à persévérer avec patience jusqu'au bout. « Nous avons besoin de patience, afin qu'ayant fait la volonté de Dieu, nous recevions les choses promises. En même temps il faut se garder de tout ce qui pourrait détourner de Christ notre coeur et nos pensées. Le chapitre VI nous met en garde contre le danger de chercher en nous-mêmes un sujet quelconque d'assurance ; le chapitre X a pour but de nous empêcher de trouver d'autre assurance que dans le sacrifice du Seigneur Jésus-Christ offert une fois pour toutes. C'est une oeuvre accomplie, en vertu de laquelle nous avons une pleine liberté d'entrer dans la présence de Dieu en « pleine assurance de foi. » Pour la même raison, Dieu demande une soumission complète de nos coeurs à Lui et à sa parole, et plus les jours deviennent « périlleux », plus nous avons besoin de nous exhorter les uns les autres pour que rien ne manque de ce côté-là, et pour que les fruits de l'amour abondent.

Je pense que vous comprendrez aussi par là pourquoi il est dit que sans la foi il est impossible de plaire à Dieu (chapitre XI, 6) ; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. » II s'agit premièrement d'avoir la conviction que nous ne sommes rien et que nous ne pouvons rien par nous-mêmes ; mais puisque Dieu nous a ouvert la porte de la grâce et qu'il nous invite à entrer, nous pouvons comprendre que toute l'oeuvre est de Lui et de Lui seul. Nous avons affaire à Lui directement et personnellement. Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent ; qu'il en soit à jamais béni !

Tous les témoins de la foi ont chacun un précieux mot d'encouragement pour ceux qui les suivent dans le chemin que Dieu a tracé, et qui, avec eux, regardent vers le but placé devant leurs yeux. Ne nous arrêtons donc pas à moitié chemin, mais avançons avec bon courage, « courant avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant Lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Hébreux XII, 1,2).

LA MORT : ET APRÈS ?

« Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, - et après cela le jugement, ainsi le Christ aussi ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent » (Hébreux IX, 27-28).

Personne ne conteste que la mort ne soit le lot commun de l'humanité ; mais qu'elle soit près de nous, qu'elle puisse nous atteindre avant même que l'heure présente soit écoulée, voilà une pensée que l'on n'aime pas à aborder, et que l'on éloigne ordinairement le plus possible. Dieu, cependant, nous donne à cet égard, de temps à autre, les plus solennels avertissements.

Peu de semaines se sont écoulées depuis la terrible catastrophe dont la plupart d'entre nous ont sans doute entendu parler, et qui a eu rarement son égale, surtout quand on considère les circonstances dans lesquelles elle s'est produite. C'était un mardi soir. Un de ces grands bateaux à vapeur, construits expressément pour les parties de plaisir sur la Tamise à Londres, revenait d'une excursion, ayant à bord près de 750 personnes, précieuse cargaison d'âmes immortelles ! Il y avait là des familles entières ; nombre de femmes et d'enfants surtout.

Le voyage de plaisir touchait à son terme, encore une heure et l'on débarquait. Chacun pensait au moment où il rentrerait dans sa demeure pour se reposer et se préparer aux travaux habituels du lendemain. On voguait ainsi paisiblement sur une eau tranquille, quand, tout à coup,un choc terrible ébranla tout le bâtiment, et avant que la plupart eussent eu le temps de gagner le pont, le bruit des eaux se précipitant avec violence dans la cale annonçait que l'on sombrait. Le flanc du navire venait d'être enfoncé par la proue d'un énorme vapeur en fer qui descendait le fleuve. Moins de cinq minutes après, le bateau de plaisir disparaissait dans les eaux profondes, et la majeure partie des passagers y trouvaient une mort presque instantanée. Environ la sixième partie seulement furent sauvés d'une manière ou d'une autre ; plus de six cents périrent dans le sombre fleuve.

Quelle plume serait capable de décrire l'horreur des quelques moments que dura cette scène épouvantable ! Cris de terreur et d'agonie qui se faisaient entendre de toutes parts ; désespoir de ceux qui, avant de périr eux-mêmes, voyaient engloutir sous leurs yeux les êtres qui leur étaient le plus chers sans pouvoir leur porter secoure ; désespoir non moins grand de ceux qui, en échappant à la mort, laissaient dans les eaux des personnes chéries ! Quels déchirements de coeur, quelles angoisses !

D'entre ces six cents qui étaient partis le matin joyeux et pleins d'entrain, lequel songeait à une mort si prochaine ? Si on leur avait dit qu'aucun ne rentrerait le soir dans sa demeure, qui l'aurait cru ? Périr dans les eaux d'un fleuve paisible, tout près de la rive, par un beau soir d'été, quand tout semblait inviter à la confiance et à la joie, était-ce une chose possible ?

Cher lecteur, cet avertissement s'adresse à vous et à moi. La mort est là ; plus près que nous ne le pensons. À quelle porte va-t-elle d'abord frapper ? Que chacun se demande : Est-ce MOI qu'elle doit rencontrer le premier ? Suis-je PRÊT à cette rencontre ? Dieu a dit : « II est réservé aux hommes de mourir une fois. » Et APRÈS ?

Oui, lecteur : Et APRÈS ? qu'y a-t-il, qu'est-ce qui vous attend ?
Dieu a dit : « APRÈS LA MORT, LE JUGEMENT. » Si vous étiez appelé à comparaître maintenant devant le Dieu parfaitement saint, seriez-vous en mesure de répondre aux exigences de sa sainteté ? Quelqu'un à qui Dieu Lui-même avait rendu le témoignage d'être intègre, disait : « Comment l'homme mortel se justifierait-il devant le Dieu Fort ? Si Dieu veut plaider avec lui, de mille articles il ne saurait Lui répondre sur un seul x> (Job IX, 2, 3). Que lui diriez-vous donc ? Reconnaître que vous êtes coupable, que vous avez suivi votre propre volonté et commis ce que Dieu nomme des « péchés », voilà tout ce que vous pourriez faire. Et ce qu'il y a de plus sérieux, c'est que, jusqu'à ce jour, vous avez méprisé sa grâce et renvoyé à un autre moment d'accepter le salut que Dieu dans son amour a préparé pour vous et vous a présenté.

« Après la mort, le jugement. » Qui sera le Juge dans ce moment solennel ? Dieu, nous dit sa parole, a remis le jugement au Fils ; oui, à son Fils qui est venu sur la terre afin de souffrir et de mourir pour le péché, son Fils que leshommes ont crucifié entre deux brigands et que vous, vous avez méprisé jusqu'ici. 0 lecteur, sachez-le, Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui est mort et qui est ressuscité, qui est actuellement à la droite de la Majesté dans les hauts lieux, Jésus-Christ, le Fils de l'homme glorifié, va revenir sur cette terre. Il va « rendre à chacun selon que sera son oeuvre » (Apocalypse XXII, 12). Qu'il sera terrible le jugement de celui qui, jusqu'au bout, aura persisté à mépriser le Fils de Dieu, Celui par qui seul Dieu nous a ouvert une porte de salut et devant lequel tout genou doit se ployer.

Que faire pour échapper à ce sort redoutable, à ce jugement réservé aux pécheurs ? Le même Dieu, cher lecteur, qui a prononcé ces paroles solennelles : « Après la mort, le jugement, » donne aussi une réponse pleinement satisfaisante à toute âme anxieuse d'échapper.
Christ a été offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs. Bienheureux celui qui le croit, et qui, plein de confiance en l'efficacité de cette oeuvre de grâce, va maintenant à Dieu pour lui faire une pleine confession de tout ce qu'il a sur la conscience. Pour lui, il y a une délivrance complète aujourd'hui ; car Christ a déjà souffert, et, par la volonté de Dieu, le croyant est sanctifié par l'offrande du corps de Jésus-Christ faite une fois pour toutes (Hébreux X, 10).
Quelle paix, quelle tranquillité, quel repos pour la conscience et le coeur de celui qui croit en Jésus ! Ses péchés sont pardonnés ; il est en règle avec le Dieu vivant. Que la mort arrive, fût-ce de la manière la plus imprévue, la plus subite, il peut la rencontrer sans crainte et se trouver en la présence de son Dieu sauveur, dont il a connu et goûté l'amour ineffable pendant sa vie sur la terre. Pour lui l'aiguillon de la mort, c'est-à-dire le péché, n'existe plus, car Christ, dans sa mort, l'a ôté. Ce qui lui est réservé, c'est ce « salut » parfait qui sera manifesté au retour du Seigneur Jésus-Christ, lorsqu'il sera changé en l'image glorieuse de son Sauveur.

Mais la relation avec Christ dans laquelle le croyant est entré par la foi, fait plus encore. Elle le délivre même du commun lot des hommes sur la terre, car Christ peut revenir d'un moment à l'autre. « II apparaîtra une seconde fois » sans qu'il soit question du péché. Cette question-là a été réglée une fois pour toutes lors de sa première venue, quand II a été manifesté pour l'abolition du péché par le sacrifice de Lui-même (Hébreux IX, 26). À sa seconde venue, II apparaîtra « à salut à ceux qui l'attendent. » Tous ceux qui attendent le Seigneur, ayant été purifiés par son sang précieux, seront alors « changés dans son image » (Philippiens III, 20-21). Il n'y a pas de « jugement » pour eux. Les croyants qui se trouveront vivants sur la terre quand le Seigneur viendra, ne passeront pas par la mort, et, de fait, ils sont aussi délivrés du jugement qui suit la mort.
Les morts en Christ ressusciteront et les vivantsseront transmués et tous ensemble monteront à la rencontre du Seigneur, étant changés en sa ressemblance. Il n'y aura sur aucun d'eux pas une tache qui puisse blesser la sainte présence de Dieu. Ils auront en outre la joie immense de connaître jusqu'à quel point et de quelle manière Dieu lui-même aura été glorifié dans leur salut opéré par Christ.

Et remarquez-le, c'est le privilège du chrétien de se compter toujours parmi les vivants qui restent à la venue du Seigneur. En d'autres termes, le chrétien n'attend pas la mort, mais il attend du ciel le Fils de Dieu. Si la mort survient, elle le trouve tout prêt à partir pour être avec Christ ; mais l'espérance de son coeur est de voir Jésus tel qu'il est, et de Lui être rendu semblable (1 Jean III, 2).
Voilà la part bienheureuse de celui qui croit en Jésus. Est-ce la vôtre, mon cher lecteur ? Connaissez-vous Jésus comme le Sauveur de votre âme ? L'attendez-vous comme le Sauveur de votre corps ? S'il n'en est pas ainsi, il faut que vous le. rencontriez comme votre Juge. Quel sort terrible pour vous ? Si vous n'attendez pas Christ comme Sauveur, il faut que vous attendiez la mort, et APRÈS LA MORT ?.... Que reste-t-il ?... « LE JUGEMENT. »

Oh ! pendant qu'il en est encore temps, écoutez la voix d'avertissement qui vous est adressée. Ne renvoyez pas d'un instant la question du salut de votre âme immortelle. Avant que la mort ne vienne jusqu'à votre porte, hâtez-vousde chercher un éternel refuge dans les bras du Sauveur.
Bientôt l'année sera écoulée, mais si court que soit l'intervalle qui nous sépare de l'année nouvelle, qui d'entre nous, cher lecteur, est assuré de l'atteindre ; quand bien même le Seigneur Jésus ne serait pas venu auparavant ? Aujourd'hui c'est le jour favorable, le meilleur, peut-être l'unique moment pour vous d'aller auprès du Seigneur pour recevoir de Lui la vie, le pardon et le repos pour votre âme.

Venez donc sans tarder un moment de plus. Le Seigneur a dit : « Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé NE VIENDRA PAS EN JUGEMENT, mais IL EST PASSÉ DE LA MORT A LA VIE » (Jean V, 24).

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA PARABOLE DES DEUX FILS
(Lisez Matthieu XXI, 28-32.)

Cette parabole, qui ne se trouve que dans l'Évangile de Matthieu, fut prononcée par le Seigneur à l'occasion d'une question que lui avaient adressée dans le temple les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple. « Par quelle autorité, lui disent-ils, fais-tu ces choses et qui t'a donné cette autorité ? » Jésus avait récemment chassé du temple ceux qui y vendaient et y achetaient. Les chefs du peuple qui auraientdû garder le saint lieu et qui avaient manqué à leur devoir en permettant qu'il fût ainsi profané, se sentent devant Jésus en présence d'une autorité qui les condamne et qui par conséquent froisse leur orgueil.

Jésus ne répond pas à leur question, mais II leur demande : « Le baptême de Jean, d'où était-il ? du ciel ou des hommes ? » Jean avait été envoyé devant le Seigneur pour préparer ses voies. Reconnaître la mission divine de Jean-Baptiste, c'était donc admettre l'autorité divine du Seigneur Jésus, auquel Jean avait rendu témoignage. C'est ce que ne voulaient pas faire les principaux sacrificateurs et les anciens. Mais d'un autre côté, craignant le peuple qui tenait Jean pour un prophète, ils préférèrent dire qu'ils n'en savaient rien. Puis donc qu'eux, chefs du peuple, avouent ne pouvoir répondre à cette question, de quel droit demanderaient-ils à Jésus de leur faire connaître la nature et la source de son autorité ? Leur réponse même les juge. Mais le Seigneur veut en même temps faire encore appel à leur conscience, et c'est alors qu'il leur adresse la parabole qui va nous occuper.

Le Seigneur y esquisse de la manière la plus simple l'état du coeur de l'homme déchu dans toutes les manifestations variées de son caractère. Les deux fils représentent les deux classes de personnes qui se trouvent dans la société : la première renferme ceux qui au dehors paraissent respectables ; la seconde, ceux qui, ne suivant que leur propre volonté, ne tiennent compte nide leurs devoirs envers Dieu et leurs semblables, ni même des convenances de la société. Cette dernière classe est désignée habituellement dans les évangiles par l'expression « publicains et prostituées. » Mais quelle que soit la différence entre ces deux classes de personnes, quels que puissent être les degrés ou les nuances de justice ou de droiture qui les distinguent, l'obéissance à Dieu est un principe qui leur est inconnu. (Je parle des nommes tels qu'ils sont par nature, avant que la grâce de Dieu ait agi dans leur coeur.) Les uns, qui tiennent à leur position dans la société, prétendent faire la volonté de Dieu, mais ne la font pas ; les autres s'y refusent nettement.

Un seul homme n'a jamais dévié du sentier de l'obéissance : c'est le Seigneur Jésus-Christ. Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, afin d'accomplir la volonté de Dieu, et afin que ses voies de grâce envers les hommes pussent avoir lieu selon la justice. Il a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu. Il est venu pour chercher et sauver les pécheurs.

On comprend pourquoi ceux qui se confient dans leurs bonnes oeuvres et dans le caractère moral qu'ils ont toujours conservé vis-à-vis des hommes, ont tant de peine à se soumettre à Dieu, en acceptant la grâce qu'il leur offre. Au contraire, lorsque cette même grâce de Dieu et la vue de son amour manifesté dans le don de son Fils, viennent à briller dans l'âme de ceux qui ont ouvertement marché dans la désobéissance,leur coeur est brisé et ils se repentent. C'est là ce qui irrite ceux qui ont toujours prétendu faire la volonté de Dieu, car ils se voient devancés dans son royaume par des êtres souillés, par des pécheurs pour lesquels ils n'ont jamais eu que du mépris.

Cette parabole du Seigneur nous enseigne deux choses : en premier lieu que nul homme n'a jamais fait la volonté de Dieu ; et secondement que ceux-là seuls la font, qui se détournent de leur train de méchanceté et de désobéissance pour entrer dans une relation nouvelle avec Dieu comme Père et marcher avec joie devant sa face. Les sacrificateurs eux-mêmes sont obligés de reconnaître que c'est le premier des deux enfants qui fit la volonté du père.
Jésus ajoute ensuite ces paroles : « En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu dans la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru ; mais les publicains et les prostituées l'ont cru ; et vous, l'ayant vu, vous n'en avez pas eu du remords ensuite pour le croire. »

Cher lecteur, quelle est votre position vis-à-vis de Dieu ? Avez-vous quelque prétention de faire la volonté de Dieu tout en vivant loin de lui ? Ou bien avez-vous reconnu la méchanceté invétérée de votre coeur qui n'entend le commandement de Dieu que pour dire avec une résolution inflexible : « Je ne veux pas » ? La grâce de Dieu parle encore. Aujourd'hui est un jour de salut. Celui-là en profite qui, plein de remordsen voyant sa vie passée, se tourne vers Dieu et croit sa parole. Il y a de l'espérance sur ce pied-là, même pour le « propre juste » qui abandonne ses prétentions. Le pécheur repentant trouve sa place au festin préparé par le Roi pour les noces de son fils, comme Jésus le montre dans le chapitre suivant (Matthieu XXII, 1-14). Pourriez-vous résister plus longtemps à cette grâce surprenante qui, pour pouvoir pardonner au pécheur, a su ôter les péchés d'une manière conforme à la justice absolue de Dieu ? Celui qui est venu nous annoncer la paix avec Dieu, une paix permanente devant Lui, pour que le pécheur repentant en jouisse pleinement, - c'est le Seigneur Jésus qui s'est donné Lui-même en sacrifice pour le péché. « Par sa meurtrissure nous avons la guérison. »


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique



Page précédente:
L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS - (3e Dialogue) La foi et la Parole de Dieu.
HEUREUX PARCE QUE JE SAIS
LA REINE DE SÉBA
L'ÂME ANXIEUSE ET SES DIFFICULTÉS - (3me Dialogue.) - (Suite)
Page suivante:


(1) L'article suivant est extrait pour la plus grande partie des « Notes sur le livre de l'Exode » par C.-H. M., 3" éd. 1877.

 

- haut de page -