Saints en Christ
DIX-SEPTIÈME JOUR
Sainteté et crucifixion
Je me
sanctifie moi-même pour eux afin qu'eux aussi
soient vraiment sanctifiés
(Jean XVII, 19.)
Il ajoute :
« Me voici, je viens pour faire ta
volonté. » C'est par
l'exécution de cette volonté que nous
avons été sanctifiés, par
l'oblation du corps de Christ. Car par une oblation
unique il a amené pour toujours à la
perfection ceux qui ont été
sanctifiés.
(Héb. X. 9,10,14.)
Ce fut dans sa prière de souverain
Sacrificateur, sur le chemin de
Gethsémané et du Calvaire, que
Jésus parla ainsi à son
Père : « Je me
sanctifie ». Il avait dit en parlant de
lui-même peu de temps auparavant :
« Le Fils que le Père a
sanctifié et qu'il a envoyé dans le
monde ».
(Jean X, 36). D'après le
langage de l'Écriture, la pensée que
ce que Dieu a sanctifié, l'homme doit aussi
le sanctifier, nous est familière. L'oeuvre
du Père sanctifiant le Fils est la base, le
fondement de l'oeuvre du Fils se sanctifiant
lui-même pour nous. Si sa sainteté
comme homme devait être une possession libre
et personnelle qu'il s'assimilait par une
détermination consciente et volontaire, il
ne suffisait pas qu'il fût sanctifié
par le Père : il devait se sanctifier
aussi lui-même.
Cette sanctification propre de notre Seigneur a
été l'oeuvre de toute sa vie, sans
doute ; mais elle atteint son point culminant,
et ressort avec une netteté toute
spéciale dans sa crucifixion. Les paroles
que nous avons tirées de
Hébreux X, 9, 10, 14 nous
disent clairement en quoi elle consiste. Le Messie
disait : « Voici je viens pour faire
ta volonté », et l'auteur de
l'épître ajoute :
« C'est par l'exécution de cette
volonté que nous avons été
sanctifiés..., par l'oblation du corps de
Christ ». L'offrande du corps de Christ,
voilà quelle était la volonté
de Dieu ; en exécutant cette
volonté il nous a sanctifiés. C'est
bien de l'exécution de cette volonté
par l'offrande de son propre corps qu'il parlait
quand il disait : « Je me sanctifie
moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient
vraiment sanctifiés ». L'abandon
de sa volonté à la volonté de
Dieu dans l'agonie de Gethsémané, et
l'exécution de cette volonté par une
obéissance allant jusqu'à la mort,
voilà ce qu'il faut entendre par :
Christ se sanctifiant lui-même et nous
sanctifiant avec lui. Essayons de comprendre
ceci.
La sainteté de Dieu nous est
révélée dans sa
volonté. La sainteté, même dans
l'Être divin, n'a aucune valeur morale si
elle n'est librement voulue. « Quoique
Fils, il a appris l'obéissance par les
choses qu'il a souffertes ».
(Héb. V, 8). En
Gethsémané, la lutte entre la
volonté de sa nature humaine et la
volonté divine atteindra son degré le
plus intense ; elle se manifeste dans un
langage qui nous fait presque trembler pour son
impeccabilité (sinlessness),
lorsqu'il parle de sa volonté en
opposition à la volonté de Dieu
(1). Mais le
combat est une victoire, parce qu'en
présence du sentiment très net de ce
que cela signifie d'avoir une volonté
à soi, il fait le sacrifice de cette
volonté et dit : « Ta
volonté soit faite ». Pour entrer
dans la volonté de Dieu il donne sa propre
vie, il révèle ainsi la loi de la
sanctification dans sa crucifixion.
La sainteté, c'est l'entrée pleine
et entière de notre volonté dans
celle du Seigneur. Ou plutôt, c'est
l'entrée de la volonté de Dieu en
nous pour faire mourir notre volonté propre.
La seule fin possible de notre volonté, et
le seul moyen d'en être
délivré, c'est la mort à cette
volonté sous le juste jugement de Dieu.
C'est en se livrant à la mort de la croix
que Christ se sanctifia lui-même, et qu'il
nous sanctifia avec lui, afin que nous soyons
véritablement sanctifiés.
Et maintenant, de même que le Père l'a
sanctifié, et que lui, en vertu de ce qu'il
a été sanctifié par le
Père, s'est approprié cette
sanctification et s'est sanctifié
lui-même pour nous, de même nous, qu'il
a sanctifiés, nous devons nous l'approprier.
Or, de même que Christ ne pouvait autrement
que par la crucifixion réaliser la
sanctification qu'il avait reçue du
Père, de même nous, nous ne pouvons
réaliser notre propre sanctification, que
nous avons en lui, que par ce même moyen. Sa
propre sanctification et la nôtre portent la
marque commune de la croix. Nous avons vu ailleurs
que l'obéissance est le chemin de la
sainteté ; maintenant, en Christ, nous
voyons que la parfaite obéissance est le
chemin de la parfaite sainteté. Et c'est une
obéissance jusqu'à la mort,
même jusqu'au don d'une vie, jusqu'à
la mort même de la croix. Et comme la
sanctification que Christ a conquise pour nous, en
faisant même l'offrande de son corps, porte
la marque de la mort, nous ne pouvons y participer,
nous ne pouvons entrer dans cette sanctification si
nous ne mourons à nous-mêmes et
à notre volonté. La crucifixion est
de chemin de la sanctification.
Cet enseignement est en harmonie avec tout ce que
nous avons vu jusqu'ici. La première
révélation de la sainteté de
Dieu à Moïse était
accompagnée déjà du
commandement :
« Ôte » (tes souliers de
tes pieds). Les louanges de Dieu dans le cantique
par lequel Moïse célèbre Dieu
comme magnifique en sainteté, digne de
louanges furent chantées sur les corps morts
des Égyptiens. Lorsque Moïse, sur le
Sinaï, reçut l'ordre de sanctifier la
montagne, il lui fut dit : « Si
quelqu’un la touche, animal ou homme, il ne
vivra point ». — « Si
même une bête touche la montagne, elle
sera lapidée ou transpercée d'un
trait ». La sainteté de Dieu est
une cause de mort pour tout ce qui est en contact
avec le péché. Ce n'était que
par une mort, par l'effusion du sang d'une victime
qu'il y avait accès au lieu très
saint. Christ a choisi la mort, même la mort
accompagnée de malédiction, afin de
se sanctifier pour nous, et de nous ouvrir la voie
de la sainteté, le chemin du lieu
très saint, l'accès au Dieu saint. Et
il en est encore de même. Personne ne peut
voir Dieu et vivre. Ce n'est que par la mort, la
mort du moi, la mort de notre nature charnelle, que
nous pouvons nous approcher de Dieu et le
contempler. Christ nous a ouvert le chemin.
À cette parole : « Personne
ne peut voir Dieu et vivre, il a
répondu : « Eh bien, que je
meure, ô Dieu ! mais il faut que je te
voie ». Oui, et que Dieu en soit
béni ! l'intérêt qui nous
lie à la personne de Christ est si
réel, et notre union avec lui si intime, que
nous pouvons vivre en sa mort. Dans la mesure
où jour après jour le moi est tenu
à la place de mort qui est la sienne, la vie
et la sainteté de Christ peuvent devenir
nôtres
(2).
Et où est la place de mort ? Et comment
la crucifixion qui conduit à la
sainteté et à Dieu peut-elle
s'accomplir en nous ? Grâces à
Dieu, ce n'est pas notre oeuvre ; ce n'est pas
une opération fatigante de crucifixion
propre. La crucifixion qui doit nous sanctifier est
un fait accompli. La croix de Christ porte ce
drapeau : « Tout est
accompli ! » Sur cette croix Christ
s'est sanctifié lui-même pour nous
afin que nous soyons sanctifiés en
vérité. Notre crucifixion comme notre
sanctification est une chose qui, en Christ, a
été complètement et
parfaitement accomplie. « Nous avons
été sanctifiés une fois pour
toutes par l'oblation du corps de
Christ ». — « Car par une
oblation unique il a amené pour toujours
à la perfection ceux qui ont
été sanctifiés.
« Dans la plénitude que le bon
plaisir du Père veut voir habiter en Christ,
la crucifixion de notre vieil homme, de la chair,
du monde, de nous-mêmes, tout est d'une
spirituelle réalité ; celui qui
désire Christ, qui le connaît et qui
l'accepte, reçoit tout pleinement en
lui.
Et comme le Christ, qui était auparavant
connu davantage comme Celui qui pardonne, qui
vivifie et qui sauve, est encore
réclamé par le pécheur,
ensuite comme Celui qui délivre de la
puissance du péché et qui sanctifie,
il vient et prend l'âme dans la communion de
ses souffrances et de sa mort. « Il s'est
montré... pour anéantir le
péché par son sacrifice »
(Héb. IX, 26), doit devenir
vrai pour nous comme pour Jésus. Il nous
révèle alors que cela fait partie du
salut qu'il nous offre d'être faits
participants par lui d'une volonté
entièrement consacrée à la
volonté de Dieu, d'une vie livrée
à la mort, et qui a été
délivrée de la mort par la puissance
de Dieu ; d'une vie dont la puissance et
l'esprit gisent précisément dans la
crucifixion de la volonté propre. Christ
révèle ces choses, et l'âme qui
le voit, qui y consent, qui fait l'abandon de sa
volonté et de sa vie, qui croit en
Jésus comme en Celui qui est sa mort et sa
vie tout à la fois, et en sa crucifixion
comme en une chose qui lui appartient en propre,
qui est son héritage, cette
âme-là entre dans la pleine jouissance
de ses biens et en expérimente la richesse.
Son langage est maintenant celui-ci :
« J'ai été crucifié
avec Christ, et je vis... Mais ce n'est plus moi
qui vis, c'est Christ qui vit en moi. La vie dont
je vis maintenant en la chair est une vie en la foi
du Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est
donné lui-même pour moi, une vie
d'acceptation journalière par la foi de
Celui qui vit en nous, en vertu d'une mort par
laquelle j'ai passé, et avec laquelle j'en
ai fini pour toujours ».
« Je me sanctifie moi-même pour eux
afin qu'ils soient aussi sanctifiés en
vérité ». —
« Je viens, ô Dieu ! pour
faire ta volonté ». Par cette
volonté, par laquelle la volonté de
Dieu a été accomplie en Christ,
« nous avons été
sanctifiés par l'oblation du corps de
Christ ». Comprenons bien ceci et
retenons-le fermement : Christ faisant le
sacrifice de sa volonté en
Gethsémané et acceptant la
volonté de Dieu en mourant ; Christ
exécutant cette volonté en
obéissant jusqu'à la mort de la
croix, voilà comment il s'est
sanctifié lui-même, et comment nous
avons été sanctifiés en
vérité. « C'est par cette
volonté que nous avons été
sanctifiés ». La mort à
soi-même, l'abandon complet, absolu de notre
vie propre avec sa volonté, sa propre
puissance et ses desseins, à la croix ;
et, dans la crucifixion de Christ, porter chaque
jour la croix, non une croix sur laquelle nous
devons encore être crucifiés, mais la
croix du Christ crucifié, avec le pouvoir
qu’elle a de faire mourir ce qui doit
être crucifié, voilà le secret
de la vie de sainteté, la vraie
sanctification.
Mourir à soi-même, abandonner
complètement, absolument notre vie propre,
notre volonté, nos énergies et nos
plans, et les livrer sur la croix, à la
crucifixion de Christ ; porter chaque jour sa
croix, non une croix sur laquelle nous devions
être crucifiés, mais la croix du
Christ crucifié avec le pouvoir qu’elle
a de faire mourir ce qui doit être
mortifié, voilà le secret de la vie
de sainteté, voilà la vraie
sanctification.
Croyant! est-ce là la sainteté que tu
cherches ? As-tu vu et as-tu reconnu que Dieu
seul est saint ? Que le moi est tout le
contraire de la sainteté, et qu'il n'y a pas
d'autre moyen d'être sanctifié, sinon
par le feu de la sainteté divine venant en
nous et y donnant la mort au moi.
« Portant toujours dans notre corps la
mort de Jésus, afin que la vie de
Jésus se montre aussi dans notre
corps », c'est là le chemin de
quiconque cherche à être vraiment
sanctifié, comme Christ s'est
sanctifié lui-même ;
sanctifié tout à fait comme
Jésus.
Il s'est sanctifié lui-même pour nous
afin que nous puissions nous-mêmes être
sanctifiés en vérité. Oui,
notre sanctification a pour fondement et pour
racines sa propre sanctification ; elle repose
sur la sanctification de Christ. Et nous sommes en
lui. Les racines secrètes de notre
être sont plantées en Christ d'une
manière plus profonde que nous ne pouvons le
voir ou le sentir, il est notre cep, Celui
qui nous porte et qui nous vivifie. Comprenons par
la foi, d'une manière et dans une mesure qui
dépasse de beaucoup ce que nous pouvons
comprendre, d'une manière éminemment
réelle et divine, que nous sommes en Celui
qui s'est sanctifié pour nous. Demeurons
donc où Dieu lui-même nous a
placés.
« Soyez saints, car je suis
saint ».
O Père saint ! je te
bénis pour cette précieuse Parole,
pour cette oeuvre bénie de ton Fils
bien-aimé. Dans son intercession pour nous,
tu entends sans cesse cette parole de son
admirable prière :
« Je me sanctifie moi-même
pour eux, afin qu'eux aussi soient vraiment
sanctifiés ». O tendre
Père ! je te prie de me fortifier
puissamment par ton Esprit, afin que dans une foi
vivante je sois rendu capable d'accepter la
sainteté que tu as préparée
pour moi en mon Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, et que je la vive. Donne-moi
l'intelligence spirituelle pour que je comprenne ce
que signifie qu' « il s'est
sanctifié lui-même »,
que ma sanctification est assurée dans la
sienne, et afin que, comme par la foi j'habite en
lui, sa puissance protège ma vie
entière. Que sa sanctification soit vraiment
la loi et la vie de la mienne ! Que l'abandon
qu'il a fait à ta volonté paternelle
de sa propre volonté, que sa continuelle
dépendance et son obéissance soient
la racine et la force de ma propre
sanctification ! Que la mort de Christ au
monde et au péché soit ma
règle journalière ! Par-dessus
tout, o mon Père ! fais que Christ
lui-même, Christ qui s'est sanctifié
pour moi, soit mon repos, ma confiance, mon
appui ! Il s'est sanctifié pour moi,
afin que moi aussi je sois vraiment
sanctifié. Bien-aimé Sauveur, comment
pourrai-je assez te bénir, t'aimer, te
glorifier pour cette grâce merveilleuse. Tu
t'es donné toi-même tellement que je
suis maintenant saint en toi. Je me donne à
toi, afin qu'en toi je sois rendu vraiment saint.
Amen, Seigneur Jésus ! Amen.
1° « Si quelqu'un veut venir
après moi, qu'il renonce à
soi-même, qu'il se charge de sa croix, et
qu'il me suive ». Jésus, par ces
paroles, veut nous dire que notre vie devra
être le pendant de la sienne, y compris la
crucifixion. Le commencement d'une pareille vie,
c'est le renoncement à soi-même,
afin que Christ en prenne la place. Les Juifs
n'ont pas voulu renoncer à eux-mêmes,
mais « ils ont renié le Saint et
le Juste ; ils ont fait mourir le Prince de la
vie ». Le choix à faire est encore
aujourd'hui entre le Christ et le moi. Renions
l'être souillé, le moi, faisons-le
mourir.
2° Les pas à faire dans ce chemin sont
les suivants : d'abord une décision
délibérée, mûrie, que le
moi sera livré à la mort ; puis
l'abandon de nous-mêmes au Christ
crucifié, afin qu'il nous fasse participants
de sa crucifixion ; ensuite,
« sachant que notre vieil homme est
crucifié », la foi qui dit ;
« Je suis crucifié avec
Christ », et la force de vivre comme un
crucifié, et ne plus se glorifier, sinon en
la croix de Christ.
3° La pensée centrale de tout ceci est
que : Nous sommes en Christ, qui a
renoncé à sa volonté, en a
fait le sacrifice, et a fait la volonté de
Dieu. Par le Saint-Esprit, l'esprit qui
était en lui est en nous ; la
volonté du moi est crucifiée, et nous
vivons dans la volonté de Dieu.
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