Saints en Christ
DIX-HUITIÈME JOUR
Sainteté et foi
En sorte
qu’ils reçoivent par la foi en mot le pardon des
péchés, et une part avec ceux qui ont
été sanctifiés
(1).
(Act. XXVI, 18.)
Plus nous étudions l'Écriture
à la lumière du Saint-Esprit, ou
pratiquons par sa divine puissance la vie
chrétienne, plus aussi nous sommes
profondément convaincus de la place unique
et centrale que la foi occupe dans le plan de Dieu
pour notre salut. Et nous apprenons aussi à
comprendre qu'il est bon et juste qu'il en soit
ainsi : la nature même des choses
l'exige. Parce que Dieu est un Être spirituel
et invisible, chacune des révélations
qu'il nous donne de Lui-même, soit :
dans ses oeuvres, soit dans sa Parole, soit dans
son Fils, réclame de nous la foi. La foi est
le sens spirituel de l'âme ; elle est
pour elle ce que les sens sont pour le corps ;
par elle seule nous entrons en communication et en
contact avec Dieu.
La foi est cette humilité d'âme qui
attend dans le silence pour écouter, pour
comprendre, pour accepter ce que Dieu dit,
pour recevoir, pour retenir, pour posséder
ce que Dieu donne et ce qu'il opère. Par la
foi nous laissons entrer Dieu, que dis-je ?
Nous l'accueillons lui-même, lui, le Vivant,
dans notre coeur, afin qu'il y fasse sa demeure, et
qu'il devienne notre vie même. Quoique nous
pensions le bien savoir, nous avons toujours
à apprendre à nouveau cette
vérité pour en faire une application
toujours plus profonde et plus complète,
c'est que, dans la vie chrétienne, la foi
est la première chose, la chose qui
plaît à Dieu et qui attire sur nous
ses bénédictions. Et parce que la
sainteté est la gloire suprême de
Dieu, et la suprême bénédiction
qu'il a en réserve pour nous, c'est tout
spécialement dans la vie de la
sainteté que nous sommes appelés
à vivre uniquement de foi.
Le Seigneur parle ici de « ceux qui sont
sanctifiés par la foi en lui »
(2).
Lui-même est notre sanctification, comme il
est notre justification ; pour l'une comme
pour l'autre, Dieu demande la foi ; et l'une
et l'autre sont également accordées
immédiatement à la foi. Le participe
« sanctifiés » n'est pas
le présent, comme s'il indiquait une oeuvre
qui se poursuit, mais le passé défini
indiquant un acte accompli une fois pour toutes.
Lorsque nous croyons en Christ, nous recevons le
Christ tout entier, notre justification et notre
sanctification : nous sommes
immédiatement acceptés de Dieu comme
justes et comme saints en lui. Dieu nous compte et
nous appelle, ce que nous sommes réellement,
des « sanctifiés en
Christ ». C'est lorsque, nous arrivons
à voir ce que Dieu voit, lorsque notre foi
saisit ceci : c'est que la vie sainte de
Christ est nôtre, qu'elle est devenue notre
propriété véritable, qu'elle
doit être acceptée ainsi par nous, et
que nous devons nous l'approprier par un usage
journalier, c'est alors que nous serons vraiment
rendus capables de vivre de la vie à
laquelle Dieu nous appelle, la vie des
sanctifiés en Jésus-Christ. Nous
serons alors dans la vraie position dans laquelle
ce qui est appelé la sanctification
progressive peut s'opérer. Ce sera alors,
dans la vie de tous les jours, l'application de la
puissance de la vie sainte qui nous a
été préparée en
Jésus, et qui, dans notre union avec lui,
est devenue notre possession présente et
permanente, puissance qui agit en nous selon la
mesure de notre foi
(3).
À ce point de vue, il est évident que
la foi a une double opération à
accomplir. La foi est la démonstration des
choses qu'on ne voit point, et qui cependant
existent véritablement dans le moment
présent ; elle est une ferme
persuasion des choses qu'on espère, mais
qui ne sont pas encore présentes. En
tant que démonstration des choses qu'on ne
voit point, elle se réjouit en Christ, notre
parfaite sanctification, comme en une possession
présente, actuelle. Par la foi, je regarde
simplement à ce que Christ est, tel que la
Parole nous l'a révélé par le
Saint-Esprit. Réclamant comme ma
propriété tout ce qu'il est, je sais
que sa sainteté, sa nature et sa vie sainte
sont à moi ; je suis un saint ;
par la foi en lui, j'ai été
sanctifié.
Voilà le premier aspect de la
sanctification : regarder à ce qui est
une chose accomplie, une absolue
réalité. En tant que ferme persuasion
des choses espérées, cette foi
atteint, par l'assurance de l'espérance
quant à l'avenir, des choses que je ne vois
pas encore et dont je ne fais pas
l'expérience ; et elle réclame
jour après jour de Christ, notre
sanctification, ce qui est nécessaire pour
la pratique de la sainteté, « pour
que je sois saint dans toute ma
conduite ».
Et voici le second aspect de la
sanctification : je compte sur Christ pour que
dans une expérience personnelle, il me
remplisse graduellement, incessamment, et selon les
besoins de chaque instant de toutes les richesses
qui ont été amassées pour nous
dans sa plénitude « C'est à
lui que vous devez d'être en
Jésus-Christ, qui a été fait
sagesse pour nous par la volonté de Dieu,
ainsi que justice, sainteté et
délivrance ». (Oltramare). Sous
son premier aspect, la foi dit :
« Je sais que je suis en lui et que toute
sa sainteté est mienne » ;
sous son second aspect, elle ajoute :
« Je m'assure en lui pour la grâce
et la force qui me sont nécessaires à
chaque instant pour vivre d'une vie
sainte ».
Et cependant, il est à peine besoin de le
dire, ces deux aspects n'en font qu'un. Car c'est
un seul et même Jésus qui est notre
sanctification, soit que nous le
considérions à la lumière de
ce qu'il a été fait pour nous, une
fois pour toutes, soit que, comme résultat
de ce qu'il a été fait pour nous,
nous le considérions dans ce qu'il devient
pour notre expérience journalière. Et
c'est aussi une seule et même foi qui,
à mesure qu'elle apprend mieux à
connaître Jésus, à l'adorer,
à se réjouir en lui comme en Celui
qui nous a été fait de la part de
Dieu sanctification, et en qui nous avons
été sanctifiés, devient plus
hardie pour attendre l'accomplissement de chacune
des promesses de Dieu pour la vie de chaque jour,
plus forte aussi pour réclamer et attendre
de Dieu la victoire sur tout péché.
La foi en Jésus est le secret d'une vie
sainte : toute sainte conduite, toutes nos
actions vraiment saintes, sont le fruit de la foi
en Jésus, comme en Celui qui est notre
sainteté.
Nous savons comment la foi agit, et quels sont ses
grands obstacles dans ce qui concerne la
justification. Il est bon que nous nous rappelions
que les mêmes dangers se rencontrent dans
l'exercice de la foi qui sanctifie que dans celui
de la foi qui justifie. La foi en Dieu est
et demeure opposée à la confiance
en soi-même, spécialement dans
son vouloir et son faire. Tout effort
pour faire quelque chose par nous-mêmes
entrave la foi. La foi regarde à Dieu qui
seule opère, et elle s'abandonne à sa
puissance comme à une puissance qui nous a
été révélée en
Christ, par l'Esprit ; elle laisse Dieu
produire en nous la volonté et
l'exécution. La foi doit agir : sans
les oeuvres, elle est morte ; elle n'arrive
à la perfection que par les oeuvres.
Ainsi que Paul le dit : « En
Jésus-Christ, ce qui importe, c'est la foi
agissante par la charité ».
(Gal. V, 6). Mais ces oeuvres que la
foi en l'action de Dieu inspire et produit sont
bien différentes des oeuvres dans lesquelles
le croyant dépense ses meilleurs efforts
pour n'arriver qu'à constater son
échec, son impuissance. La vraie vie de
sainteté, la vie de ceux qui sont
sanctifiés en Christ, a ses racines et sa
force dans le sentiment permanent d'une
complète impuissance, dans la
plénitude de repos d'une âme qui se
confie en la puissance et en la vie divines, enfin,
dans un abandon complet de soi-même au
Sauveur, dans cette foi qui consent à
n'être rien, afin qu'il soit tout. Il peut
paraître impossible de discerner ou de
décrire la différence qui existe
entre le travail qui vient de nous-mêmes, et
le travail qui vient de Christ par la foi ;
mais si nous savons seulement que cette
différence existe ; si nous apprenons
à nous défier de nous-mêmes et
à compter sur Christ agissant en nous, le
Saint-Esprit nous introduira aussi dans ce
« secret de l'Éternel ».
Les oeuvres de la foi sont les oeuvres de
Christ.
De même que la foi est entravée par
les efforts personnels, de même elle l'est
par le désir de voir et de sentir.
« Si tu crois, tu
verras » ; le Saint-Esprit scellera
notre foi par une divine expérience, nous
verrons la gloire de Dieu. Mais ceci est son
oeuvre ; la nôtre est, lorsque, tout
paraît sombre et froid, en présence de
tout ce que la nature et l'expérience
témoignent, de croire cependant en
Jésus à chaque instant, comme en
Celui qui est notre sanctification, et une
sanctification parfaitement suffisante, en laquelle
nous sommes rendus parfaits devant Dieu. Des
plaintes sur ce que nous ne sentons pas, sur notre
faiblesse, sur l'engourdissement qui nous gagne
servent rarement à quelque chose ;
c'est l'âme qui renonce à s'occuper
d'elle-même, de sa propre faiblesse ou de la
force de l'ennemi, et qui ne regarde qu'à ce
que Jésus est, à ce qu'il a promis de
faire, c'est cette âme, dis-je, qui
progrès sera en sainteté et qui
connaîtra une marche Joyeuse, de victoire en
victoire. « L'Éternel
lui-même combattra pour vous ».
Cette pensée si souvent
répétée en parlant du pays
dont la possession avait été promise
à Israël est l'aliment de la foi ;
dans le sentiment de sa faiblesse, en
présence de ses puissants ennemis, la foi
entonne le chant du vainqueur. Lorsque Dieu
paraît ne pas faire ce pourquoi nous avions
eu confiance en lui, c'est
précisément le moment pour la foi de
se glorifier en lui.
Il n'y a peut-être rien qui
révèle davantage le vrai
caractère de la foi comme la joie et
la louange. Vous faites à un enfant la
promesse d'un cadeau pour le lendemain,
immédiatement il vous dit :
« Merci ! » et il est
heureux. Le joyeux merci prouve combien
réellement votre promesse est entrée
dans son coeur. Nous pouvons être saints,
parce que Jésus, le Puissant, Celui qui aime
d'un amour infini est notre sainteté. La
louange exprimera notre foi ; la louange la
prouvera aussi ; la louange la fortifiera.
« Le peuple que je me suis formé
publiera mes louanges ». —
« Alors ils crurent à ses paroles,
et ils chantèrent sa louange ». La
louange nous ramènera à la foi, nous
verrons que nous n'avons plus qu'une chose à
faire : aller de l'avant dans une foi qui se
confie sans cesse et qui loue sans cesse. C'est
dans un attachement plein d'amour et vivant pour
Jésus, un attachement qui se réjouit
en lui et le loue sans cesse pour ce qu'il est pour
nous, que la foi se prouve à
elle-même, et qu'elle reçoit la
puissance de la sainteté.
« Sanctifiés par la foi en
moi ». Oui, par la foi en
moi ». C'est un Jésus
personnel et vivant qui s'offre à nous,
lui-même dans toute la richesse de sa
puissance et de son amour, lui, comme l'objet, la
force, la vie de notre foi. Il nous dit que si nous
voulons être saints, saints toujours et en
toutes choses, nous devons avoir une seule chose en
vue : être toujours et
entièrement pleins de foi en lui. La foi est
l'oeil de l'âme, la force par laquelle nous
pouvons discerner la présence de
l'invisible lorsqu'il vient se donner à
nous. Non seulement, la foi voit, mais elle
s'approprie, elle s'assimile les choses
divines ; aussi, que notre âme se
recueille pour que le Saint-Esprit, qui habite en
nous, vivifie et fortifie cette foi pour laquelle
il nous a été donné.
La foi est l'abandon, la reddition de notre
être tout entier ; c'est l'acte par
lequel nous nous livrons à Jésus,
afin qu'il puisse faire son oeuvre en nous, nous
nous donnons à lui, afin de vivre de sa vie,
et que sa volonté se fasse en nous ; en
accomplissant cet acte d'abandon, nous ferons cette
expérience que c'est lui qui se donne
entièrement à nous, en prenant
complètement possession de nous. La foi sera
donc une puissance, la puissance
d'obéissance pour faire la volonté de
Dieu, « notre très sainte
foi », — « la foi des
saints ». Et nous comprendrons combien
est simple, pour le coeur droit, le secret de la
sainteté : Jésus, lui seul. Nous
sommes en lui, qui est notre sanctification ;
lui personnellement est notre
sainteté ; et la vie de la foi en lui,
pour qui le reçoit et le possède,
doit être nécessairement une vie de
sainteté. Jésus dit :
« Sanctifiés par la foi en
moi ».
« Soyez saints, car je suis
saint ».
Bien-aimé Sauveur, j'ai vu
une fois de plus avec un coeur plein d'une
respectueuse adoration ce que tu veux être
pour moi. C'est en toi, et dans une vie de sainte
communion avec toi que je puis devenir saint. C'est
dans une vie de simple attachement à ta
personne divine, dans une vie de foi en toi et
d'amour pour toi, Jésus, d'abandon et de
consécration à toi, que tu deviens
mon tout et que tu me rends participant de
toi-même et de ta sainteté.
Seigneur Jésus, je crois en toi, subviens
à mon incrédulité. Je te
confesse ce qui reste en moi
d'incrédulité ; et je compte sur
ta présence pour que tu en fasses la
conquête et que tu la fasses
disparaître de mon coeur. Mon âme
regarde continuellement vers toi afin de voir
toujours mieux combien c'est toi qui es ma vie et
ma sainteté, Tu élargis mon coeur
afin que je me réjouisse en toi comme en
Celui qui est mon tout, et que j'aie
l'assurance que c'est toi-même qui prends
possession de ce coeur et qui le remplis, comme un
temple, de ta gloire. Tu m'enseignes à
comprendre que quelque faibles, humaines et
décevantes que puissent être mes
expériences, ton Saint-Esprit est la force
de ma foi, qu'il me fait grandir dans une confiance
plus forte et plus profonde en toi, en qui je suis
saint. O mon Sauveur ! je prends la parole de
ce jour : « Sanctifié
par la foi en moi », comme une
nouvelle révélation de ton amour et
de ce que cet amour se propose de faire pour moi.
En toi est la puissance de ma
sainteté ; en toi la puissance de ma
foi. Que ton nom soit béni de ce que tu m'as
donné une place parmi ceux dont tu parles
quand tu dis :
« Sanctifiés par la foi en
moi ». Amen.
1° Souvenons-nous que ce n'est pas
seulement la foi qui se sert de Christ pour la
sanctification, mais toute foi vivante qui a le
pouvoir de sanctifier. Tout ce qui nous jette
souillés aux pieds de Jésus, tout ce
qui exige de notre part une foi intense et simple,
que ce soit une épreuve de foi, ou une
prière de foi, ou une oeuvre de foi, tout
cela aide à nous rendre saints, parce que
tout cela nous met en contact avec Jésus, le
Saint.
2° Ce n'est que par le Saint-Esprit que Christ
et sa sainteté nous sont jour après
jour révélés, faits
nôtres, en une possession véritable.
Et la foi qui les reçoit est aussi du
Saint-Esprit. Livrez-vous en simplicité de
coeur et avec confiance à son action. Ne
soyez point effrayés comme si vous ne
pouviez croire ; vous avez en vous
« l'Esprit de foi », vous avez
par conséquent le pouvoir de croire. Et il
vous est permis, que dis-je ? vous pouvez
demander à Dieu qu'il vous fortifie
puissamment par son Esprit dans l'homme
intérieur ; car la foi qui
reçoit Christ est celle qui demeure et qui
ne faiblit pas.
3° Je n'ai de foi que dans la mesure que j'ai
l'Esprit. N'est-ce pas désormais que ce qui
m'est le plus nécessaire, c'est que je vive
entièrement sous l'action du
Saint-Esprit ?
4° Comme l'oeil en voyant est réceptif,
cède à l'objet qui est placé
devant lui afin d'en recevoir l'impression, ainsi
la foi est l'impression que Dieu produit sur
l'âme quand il s'en approche. La foi
d'Abraham ne fut-elle pas le résultat du
fait que Dieu s'était approché de
lui, et lui avait parlé, l'impression que
Dieu avait faîte sur lui ?
Recueillons-nous pour contempler le divin
mystère de Christ, notre
sainteté ; sa présence attendue
et adorée produira la foi.
C'est-à-dire que l'Esprit qui procède
de lui dans ceux qui s'attachent à lui sera
de la foi.
5° La sainteté en Jésus,
et non par ton effort, la puissance du
péché brisée par la
grâce seule. La sainteté de Dieu
en toi, sa beauté sur ton front, ce sera
la joie de ton pèlerinage, ce sera ta
portion ici-bas.
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