Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LES SEPT PAROLES JÉSUS-CHRIST SUR LA CROIX




DEUXIÈME MÉDITATION.

  Et Jésus lui dit : En vérité je te dis qu'aujourd'hui tu seras avec moi en Paradis.Luc XXIII, 43

  Voici ce que dit l'Évangéliste, quelques lignes avant ce que nous venons de lire : On menait aussi deux autres hommes qui étaient des malfaiteurs, pour les faire mourir avec lui. Et quand on fut arrivé au lieu appelé Calvaire, on le crucifia là, lui et les malfaiteurs, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.
Cette association, mes frères, servit à manifester l'endurcissement où peut arriver le coeur de l'homme, au milieu même de tout ce qui devrait le toucher de componction, et donna lieu à Jésus de manifester aussi, alors qu'il était cloué à une croix, tout ce qu'il a de puissance sur les coeurs, et de miséricorde envers ceux qui vont à lui. C'est sur ce tableau que nous appelons votre attention en venant méditer avec vous la seconde parole du Seigneur Jésus sur la croix. Nul de nous, je l'espère, ne sera tenté de détourner avec dédain ses regards de ceux qui figurent à droite et à gauche du personnage principal, parce que ce sont des malfaiteurs.
Ce sont des hommes comme nous, nous sommes des pécheurs comme eux. L'un doit nous faire pitié bien plus que nous faire horreur, et l'autre doit exciter, je ne dirai pas notre envie, mais le désir de recevoir ce qu'il reçut de celui qui lui fit cette douce, cette consolante promesse : En vérité, je te dis que tu seras aujourd'hui avec moi dans le Paradis.

Seigneur ! qui prononças cette parole, tu nous montres aujourd'hui deux de nos semblables, dont l'un meurt en blasphémant contre toi, et l'autre, en recourant a ta miséricorde, et pour être ce jour-là même, réuni à toi dans ta gloire. O que ces deux croix plantées à côté de la tienne, qui seule peut nous sauver, que ces deux croix nous inspirent, l'une salutaire frayeur, l'autre, une salutaire confiance, qui nous fassent chercher et trouver notre refuge, en toi seul Dieu Sauveur et nous soumette dès à présent à ton empire, pour avoir part à ton Royaume céleste. Amen.

I.

  St.-Luc vient de raconter, que le peuple et les soldats romains, à la vue sans doute de cet écriteau mis en trois langues au-dessus de la croix, de Jésus-Christ : Celui-ci est le Roi des Juifs, l'insultaient et lui disaient : Si tu es le roi des Juifs, si tu es le Christ, l'élu de Dieu, sauve-toi toi-même. Et l'un des malfaiteurs crucifiés avec lui, dit encore l'Évangéliste, l'insultait aussi en disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi.


Pour l'ordinaire, ou du moins assez souvent, les malheureux qui portent sur l'échafaud la peine temporelle de leurs crimes, donnent à leurs derniers moments quelques signes de repentance. La perspective d'une mort inévitable et prochaine, le jugement qu'ils viennent de subir, et qui leur rappelle un tribunal plus redoutable que ceux des hommes, et où ils vont comparaître, cela leur arrache souvent quelque confession de leurs péchés, quelques prières pour recommander leur âme a Dieu ; et quand il en est autrement, cet endurcissement et cette insensibilité inspirent, semble-t-il, plus d'indignation contre eux, que les crimes mêmes, quelqu'atroces qu'ils puissent être, qui ont attiré sur eux la vengeance des lois.
Combien grand, direz-vous donc, est l'endurcissement de ce malfaiteur ! Point de prière, point de retour à Dieu, pas le moindre signe de repentance !
Mais, mes frères, combien est grand aussi l'endurcissement de tous ceux que Dieu châtie, en leur envoyant n'importe quelles épreuves, lorsqu'au lieu d'écouter la verge et celui qui l'a assignée, au lieu de dire comme l'autre de ces deux malfaiteurs : Nous souffrons ce que nos péchés méritent, ce qui est toujours vrai de tous les enfants d'Adam, lorsqu'au lieu de rentrer en eux-mêmes, de s'humilier, de songer à s'amender, à purifier leurs voies, ils endurcissent leur face et leur coeur, comme le roc et ne savent désirer que des consolations et des délivrances temporelles, comme le malfaiteur qui dit à Jésus : Sauve-toi toi-même et nous avec toi...
Le malheureux ! il emploie son dernier souffle de vie à outrager un compagnon d'infortune ; il semble chercher dans de basses injures un soulagement à ses propres douleurs. Il y a là, mes frères, un fonds de perversité, de dureté, dont la manifestation, sans doute, est rare sous une telle forme ; il y a là, je ne dirai pas un raffinement, mais bien plutôt un excès grossier de méchanceté, qui révolte, et qui fait involontairement détourner les regards de dessus cet homme. Puisse, mes frères, puisse la lecture de cet endroit de l'Évangile nous faire craindre de tomber ainsi dans l'endurcissement et l'impénitence finale !

Que le Seigneur nous garde surtout de l'incrédulité qui se manifeste dans ces paroles : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi.
Cette incrédulité serait bien plus criminelle chez nous que chez ce malfaiteur. Élevé probablement dans les préjugés de sa nation et de son époque, il attendait sans doute un Messie vaillant et glorieux, qui devait rendre à Israël son indépendance, sa liberté et son pouvoir, et il ne veut pas reconnaître cet Oint du Seigneur dans celui qui va expirer, aussi bien que lui-même et à ses côtés, sur une croix.
Mais nous, il ne tient qu'à nous de savoir, que si Jésus ne s'est pas sauvé lui-même, c'est pour nous sauver ; que s'il ne s'est pas sauvé lui-même, c'est qu'il devait se rendre obéissant jusqu'à la mort et jusqu'à la mort de la croix, pour nous préserver de la mort éternelle, et boire jusqu'à la lie dans la coupe de la colère de Dieu, pour la détourner des lèvres de ceux qui croiraient en lui.
Oui, c'est parce qu'il ne s'est pas sauvé lui-même, qu'il est aujourd'hui proclamé Christ, et Sauveur par des rachetés de tout peuple, de toute langue et de toute nation, et nous qui voyons tant de prophéties accomplies en lui, et nous montrant, si nous ne voulons nous aveugler nous-mêmes, ce Christ, à qui tous les Prophètes rendent témoignage, que quiconque croit en lui recevra la rémission des péchés en son nom, ne serions-nous pas inexcusables, si nous ne lui disions avec un désir sincère de salut et avec une entière confiance : Tu es le Christ, toi qui ne t'es pas sauvé toi-même. Sauve-nous ! Hosanna ! ! À qui irions-nous, Seigneur ! Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Tu nous as rachetés à Dieu par ton sang.
Oui ! que le Seigneur nous donne de pouvoir ainsi l'invoquer d'une bouche que ne démente pas notre coeur ; de pouvoir lui dire en toute vérité : sauve-nous ! de lui dire : souviens-toi de moi, Seigneur, comme son autre compagnon de supplice.

II.

  Si les dispositions de l'un de ces deux malfaiteurs crucifiés avec le Seigneur Jésus ont lieu de nous révolter, ou plutôt de nous affliger, que l'exemple de son autre compagnon de supplice est à la fois instructif et consolant ! « Ses pieds et ses mains sont liés ; tout son corps est à la gêne », dit un ancien Docteur de l'Église, « il n'a de libre que le coeur et la langue ; et du coeur il croit à justice ; de la bouche, il fait confession à salut. »
Oui, il croit en Jésus, il confesse Jésus, alors que Jésus est supplicié comme lui, insulté par le peuple, par les soldats, par l'autre malfaiteur.
Il le reconnaît pour Seigneur et pour Roi, alors que la royauté de Jésus est inscrite sur une croix comme sujet de condamnation et de raillerie.

Le malfaiteur a été frappé sans doute de l'innocence de Jésus reconnue aussi par Pilate ; il a pu entendre cette belle prière : Père pardonne-leur. Enfin, il croit en Jésus, car il lui dit : Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras entré dans ton règne. Il a cru, et sa foi a déjà témoigné de son origine, et produit en lui les fruits qu'elle produit toujours, une vraie charité avec une entière franchise. Il a souci de l'âme de son compagnon. Ne crains-tu pas Dieu ? lui dit-il, et c'est, observons-le, mes frères, c'est sans s'élever en aucune manière au-dessus de lui, sa foi porte aussi pour fruit une véritable humilité, comme elle procède d'une sincère repentance. Nous, nous souffrons la peine de nos crimes, mais celui-ci n'a fait aucun mal.

Oui, certes, du coeur il croit à justice ; de la bouche il fait confession à salut. Aussi celui qui sait toutes choses et qui connaît ce qui est dans le coeur de l'homme, voit bien qu'il y a ici plus et mieux que cette confession purement extérieure de laquelle il dit lui-même : Tous ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur ! n'entreront pas au royaume des deux.
Il le voit bien ; car le malfaiteur ne l'a pas plutôt salué Seigneur ! que Jésus lui répond : En vérité, je te dis, que tu seras aujourd'hui avec moi en Paradis. En vérité : c'est la promesse de celui dont toutes les promesses sont oui et amen en lui.

Mais n'est-elle pas déjà accomplie cette promesse ? Cet homme n'est-il pas déjà en Paradis, à côté de Jésus en qui il a cru, de Jésus qu'il aime ? et tout meurtris que sont ses membres, tout cloué qu'il est sur ce bois, n'est-il pas, ainsi que plus d'une fois nous avons vu le fidèle sur un lit de douleur et de mort, n'est-il pas déjà assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ ?
Certes, il faudrait parler la langue des bienheureux, pour rendre la joie que dut éprouver ce pauvre homme, mais riche en la foi, riche en Dieu, quand il entendit ces douces paroles : En vérité, je te dis, que tu seras aujourd'hui avec moi en Paradis.

O puissions-nous, mes frères, puissions-nous les entendre retentir dans nos coeurs de la part de Jésus, à l'heure où il nous faudra entendre aussi cette voix : Fils des hommes, retournez. Dispose de la maison, car tu vas mourir ! Oui, puissions-nous alors, par une vraie foi en celui qui maintenant est dans son règne, puissions-nous sentir la mort dépouillée de son aiguillon, et nous écrier avec l'Apôtre : 0 sépulcre ! ou est ta victoire ?

Mais à présent sommes-nous donc encore fondés à vous dire ce qu'ajouté le même Apôtre : Soyons fermes et inébranlables, frères bien-aimés ; abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que notre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur ?
Avons-nous à vous parler encore, et pouvons-nous même vous parler encore de travail, d'oeuvre, de persévérance ?
Ne voilà-t-il pas un homme qui va être en Paradis avec Jésus-Christ et qui n'a travaillé qu'a mal faire, qui, jusqu'ici du moins, semble n'avoir persévéré qu'à mal faire.

Prenons garde, mes frères, de ne pas tirer de cet exemple des conséquences dangereuses, mais fausses conséquences.
Non ; cet exemple ne renferme rien qui puisse autoriser qui que ce soit à compter sur quelques moments d'une repentance tardive, rien qui dispense qui que ce soit de se préparer de bonne heure à une mort chrétienne, par un sérieux amendement et par une vie chrétienne.
L'Évangile ne nous dit pas que cet homme ait connu et pratiqué l'art funeste de se tromper soi-même, en comptant sur la miséricorde de Dieu, lorsqu'on n'est pas décidé à ne plus en abuser.
L'Évangile ne nous dit pas que le Seigneur ait envoyé à cet homme, de bonne heure et à plusieurs fois, des appels, des messages, des avertissements de la grâce, et qu'il ait dit : Va-t-en pour le présent ; quand j'aurai le loisir, je te rappellerai.
L'Évangile ne nous dit pas si cet homme, pendant son jugement, et dans sa prison, n'avait pas déjà pensé à ses péchés, au salut de son âme, au jugement de Dieu, comme les paroles qu'il adresse à son compagnon de supplice le rendent bien probable.

Voyez ensuite, chers frères, si, à bien des égards, cet homme n'est pas, pour se convertir à l'heure de la mort, dans une position beaucoup plus favorable, qu'un grand nombre de ceux qui ont longtemps renvoyé de s'amender, qui renvoient encore, et qui renverront encore jusqu'à la fin de leur vie, et qui finiront leur vie non sur une croix, sur un échafaud, mais dans leur maison, dans leur lit, au milieu de leurs amis et de leurs parents.

Sur la croix, ce malfaiteur est certain qu'il n'a que peu de moments à vivre, et il les emploie tout entiers à penser à son salut, à chercher le salut. Et parmi ceux qui ne seront pas cités au Tribunal de Christ par une mort subite et imprévue, ou par une maladie prompte et violente, mais par une de ces maladies qui semblent laisser le plus de temps pour se reconnaître, et pour se tourner vers Dieu, combien n'en est-il pas, qui conserveront l'espoir de la guérison jusqu'à leur dernier soupir ; combien n'y en a-t-il pas de ceux que les médecins, les parents, les amis entretiendront jusqu'à la fin dans cette dangereuse illusion ? Combien, qui, partagés entre le soin d'affaires temporelles, plus ou moins compliquées ou urgentes, la crainte et la douleur de devoir se séparer de plus d'un objet d'affection, et le sentiment de leur maux, pourront à peine donner quelques instants au salut de leur âme immortelle, de leur âme qui va bientôt comparaître devant Dieu ?

Enfin le cas de ce malfaiteur qui se convertit à côté de Jésus-Christ est un de ces cas qui font l'exception et non la règle. Et ne dirait-on pas, mes frères, que c'est tout exprès pour nous en avertir, qu'un autre homme, dans la même position et en même temps montre des sentiments tout opposés ?
Serions-nous tentés de prendre à faux ce qui se passe d'un côté de Jésus, tournons-nous de l'autre côté, et à deux pas de Jésus et de ce mourant qui le confesse, qui confesse ses péchés, qui croit et qui prie, voyez un autre mourant qui s'en va sans confesser Jésus, sans confesser ses péchés, sans prier et sans croire.
À côté de la même source de délivrance ouverte pour le péché et pour la souillure, l'un y puise des eaux avec joie, l'autre voudrait autant qu'il est en lui la souiller et la ternir.
Sommes-nous autorisés à dire : « Un des deux se convertit à la mort ; espérons (1). » Oui, mais à condition de dire aussi : « Un seul se convertit à la mort ; craignons ».
Craignons que l'espoir de mourir comme l'un ne nous mène à mourir comme l'autre. Ne tardons pas à chercher notre unique refuge sur la croix, et auprès de celui qui sauve les pécheurs, afin qu'il nous donne de montrer une vraie foi par les fruits d'un sincère amendement.
Craignons de l'éloigner de nous, en nous éloignant de lui lorsqu'il nous appelle et si nous désirons pouvoir lui dire à notre heure suprême : Seigneur, souviens-toi de moi, et si nous souhaitons qu'il réponde alors à notre coeur : Aujourd'hui, tu seras avec moi en Paradis, ... aujourd'hui aussi, si nous entendons sa voix, n'endurcissons pas nos coeurs, ne différons pas de ranger notre âme captive à l'obéissance de Christ, de notre Seigneur, de notre Roi.

Le malfaiteur converti l'a salué Seigneur et Roi. Il ne peut dans ce moment, tout près d'expirer, il ne peut servir d'effet et d'action, celui qu'il vient de prendre pour maître. Mais comment pensez-vous qu'il eût voulu le servir, s'il eût pu vivre encore quelque temps sur la terre, si Jésus eût fait en sa faveur le miracle que l'autre malfaiteur avait demandé, s'il l'eût fait descendre de la croix ?

Quelle eût été la vie de cet homme en qui celui qui sonde les coeurs et les reins, avait vu une foi sincère et un vrai désir de son règne ?
Que dit la Parole de Dieu de la véritable foi ? Elle opère par la charité ; on la montre par les oeuvres.
Que dit la Parole de Dieu du règne de Jésus ? Ton sceptre est un sceptre d'équité. Il est le Prince de paix. Mon règne, dit-il, n'est pas de ce monde ; et quel est le caractère de ses sujets ? Quiconque, dit-il, est pour la vérité entend ma voix. Ceux-là seulement entreront dans le Royaume des cieux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux.

Qu'aurait-il donc fait cet homme sauvé par Jésus-Christ en son corps et en son âme ? N'eût-il pas cherché avant tout à connaître toujours mieux la vérité qui est en Christ, afin d'être affranchi du péché, à contribuer à la gloire du Seigneur, à étendre son règne ? Ne l'eut-on pas vu renoncer, je ne dis pas seulement aux crimes qui l'avaient amené sur la croix, à la vie licencieuse et déréglée, qui sans doute avait précédé et accompagné ces crimes, mais à la pensée même de faire le moindre tort à ses semblables ? N'eût-il pas cherché à leur faire du bien, à les amener par ses exhortations, et plus encore par son exemple aux pieds de ce Jésus dont il avait éprouvé la miséricorde, au pied de cette croix, où il avait trouvé le salut ; et après avoir déjà vu de si près les portes du Paradis, n'eût-il pas conservé toujours ce souvenir sur la terre, pour ne pas s'attacher aux convoitises et aux vanités d'un monde qui passe, et pour avoir dans le ciel son trésor et son coeur ?

Je vous laisse, mes frères, vous appliquer ces choses. Nous ne sommes pas de ceux que le monde appelle des malfaiteurs ; mais nous faisons tous le mal, nous sommes tous des pécheurs, à qui la Parole de Dieu dit solennellement : Amendez-vous, et vous convertissez ; car le Royaume des cieux approche ; nous sommes tous des habitants d'un monde qui passe avec sa convoitise, sachant qu'il y a un monde à venir et éternel, un Royaume des cieux, où Jésus est entré après l'avoir acquis aux siens par son sang précieux, mais sachant aussi que notre Roi aime la justice et hait l'iniquité.

On nous dit et on nous répète de sa part : Je vous conjure, comme étrangers et voyageurs, de vous abstenir des passions de la chair, qui font la guerre à l'âme. Je vous exhorte, par les compassions de Dieu, à lui offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ce qui est votre service raisonnable ; et le Roi lui-même nous dit des cieux : Celui qui vaincra je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j'ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône. Aujourd'hui, si nous entendons sa voix, n'endurcissons point nos coeurs.

Nous devons, mes frères, aller bientôt à la table du Seigneur faire la commémoration de sa croix, au pied de laquelle nous vous avons rassemblés aujourd'hui. O qu'il nous préserve d'y aller avec des dispositions le moins du monde semblables à celle de cet homme qui ne sut pas reconnaître le Christ, parce qu'il était sur une croix !
Qu'il nous préserve d'y porter l'insensibilité de cet homme, qui ne pense pas à ses péchés, au milieu de tout ce qui devait l'y faire penser, et aux côtés mêmes de Jésus.
Qu'il nous préserve d'y porter des coeurs, qui doutent de son pouvoir pour nous sauver, comme cet homme qui disait : Si tu es le Christ, sauve-nous. Puissent, au contraire, les paroles du malfaiteur converti exprimer notre désir du règne de Jésus, notre confiance en Jésus. Alors la réponse de Jésus à ce malfaiteur croyant exprimera les promesses qui nous seront renouvelées à sa table, comme du haut de sa croix.
« Oui, Seigneur, lui dirons-nous, Seigneur, souviens-toi de moi dans ton règne. Voici un pauvre pécheur qui n'a été que trop longtemps, trop souvent sourd ou insensible a ta voix. Mais, à cette heure du moins, il sent ses péchés, ta sainteté, ta miséricorde. Toi, tu n'as commis aucun péché, et si tu as été immolé, c'est pour me racheter par ton sang, moi qui, si je souffrais ce que mes péchés méritent, serais éternellement condamné. Mais après avoir mis ta vie en oblation pour le péché, tu es entré dans ton règne.
Tu as une souveraine puissance sur toutes choses, et sur tous les coeurs. Seigneur, souviens-toi de moi, pour attirer mon coeur à toi par ta grâce, en sorte que moi, je me souvienne toujours de toi, et de ce que tu dis à tes disciples la veille de ta mort, avant la douloureuse agonie de Gethsémané : il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ; vous serez mes amis, si vous faites tout ce que je vous commande. »

Irons-nous, chers et bien-aimés frères, irons-nous à sa table avec de tels sentiments ? Irons-nous avec cette assurance réelle, quoiqu'encore faible peut-être, que nous nous souvenons de lui, et qu'il se souviendra de nous, sentant combien cette assurance, combien notre foi a encore besoin d'accroissement, mais nous disant aussi : Celui qui n'a point épargné son Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui ?
Alors le Sauveur de nos âmes répondra à notre coeur : Tu seras avec moi en Paradis. Si aujourd'hui, au départ de cette table, de cette assemblée, ton âme t'était redemandée, il te sera fait selon ta foi, tu entreras dans la joie de ton Seigneur par la foi en son nom, et si pour que tu le glorifies encore, il te laisse cette vie qui, si longue qu'elle puisse être, passera comme le jour d'aujourd'hui, tu seras toujours avec lui, il te prendra par la main droite et te conduira par son conseil, et à la fin il t'introduira dans la gloire ! Dieu le veuille, Dieu le fasse pour chacun de nous et pour nous tous. Amen !


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(1) Quesnet.

 

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