Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LES SEPT PAROLES JÉSUS-CHRIST SUR LA CROIX


CINQUIÈME MÉDITATION.

  Après cela, Jésus voyant que tout était déjà accompli, dit, afin que l'Écriture fût accomplie « J'ai soif ». Il y avait là un vase plein de vinaigre ; ils imbibèrent donc de vinaigre une éponge, ils la mirent autour d'une branche d'hysope, et ils la lui présentèrent à la bouche.Jean XIX, 28, 29.

  Les paroles que le Seigneur prononça sur la croix ne sont pas, au premier abord, aussi remarquables, aussi frappantes les unes que les autres. Supposons un voyageur, un homme étranger à ce qui arrive dans ce moment à Jérusalem, et qui traverse cette grande ville et continue son voyage. Il passe sur le Calvaire, il entend une des paroles du crucifié.
Est-ce le moment où il prononce cette belle prière : Père, pardonne-leur, ou bien est-ce lorsque le Sauveur dit à l'un de ses compagnons de supplice : Aujourd'hui, tu seras avec moi en Paradis.
Si notre voyageur a un coeur, s'il est capable de réfléchir, il éprouvera un sentiment d'admiration, ou tout au moins d'étonnement ; il ne s'éloignera pas, sans avoir reçu une impression, qui sera peut-être bientôt effacée, mais qui a du moins quelque chose de sérieux et de solennel.
À l'ouïe de ces mots : Voilà ton fils, voilà ta mère... des larmes eussent peut-être mouillé ses yeux, et sa pensée se fût reportée sur une mère, sur une épouse, ou sur des enfants laissés dans ses foyers.

Mais non ; il passe au moment ou Jésus dit : J'ai soif. Qu'éprouvera-t-il ? un mouvement de pitié pour un malheureux, pour un criminel, pensera-t-il, qui, vers la fin d'un long supplice, est dévoré d'une soif ardente et fiévreuse. Notre voyageur doublera sans doute le pas, pour se dérober plus vite à ces douloureux accents, à ce déchirant spectacle, qu'il aura bientôt oublié. Et pourtant, dans la réalité, reçue avec tout l'Évangile, cette parole n'est pas moins sérieuse, pas moins impressive que les autres.

Nous pouvons, chers frères, vous citer ici, non une supposition, mais un fait, mais un exemple réel, et qui nous est fourni par un sauvage. La première conversion qui vint réjouir et encourager les Évangélistes français dans le midi de l'Afrique, fut, au rapport de notre frère le missionnaire Casalis, celle d'un chef Bassouto, touché d'abord par ces mots : J'ai soif, et qui, bientôt après, se mit avec zèle à prêcher l'Évangile à ses compatriotes.
Nous n'en serons pas étonnés, après que nous nous serons rappelé les circonstances dans lesquelles cette parole fut prononcée, et quelques-unes des leçons quelle peut et doit nous donner. Arrêtons-nous donc au pied de la croix pour l'entendre. Et veuille l'Esprit de notre Dieu, que nous implorons au nom de celui qui dit : J'ai soif, allumer et entretenir en nous la soif des biens qu'il nous acquit, et le désir de vivre pour celui qui nous les acquit, pour celui qui nous a aimés. Amen.

I.

  Jésus voyant que tout était déjà accompli... ou comme on peut aussi traduire, que tout était bientôt accompli.... Cela peut s'entendre en général de tout ce que Jésus-Christ était venu faire ici-bas, de tout ce qu'il avait déjà fait pour le salut des pécheurs, pour notre salut ; puisque tout de suite après les choses racontées dans notre texte, et avant de rendre le dernier soupir, il prononça ces autres paroles, qui ouvrent un si vaste champ. Tout est accompli, ou plus littéralement : C'est accompli, paroles que nous réservons pour en faire, si le Seigneur le permet, le texte d'une autre méditation.

Jésus
donc voyant que tout était déjà ou bientôt accompli... cela peut s'entendre aussi dans ce sens, c'est qu'il ne restait plus beaucoup à accomplir de ces oracles par lesquels les Prophètes avaient annoncé le Christ et son oeuvre, de ces prophéties qui, à commencer par l'officier de la reine d'Éthiopie, devaient amener tant d'intelligences, tant d'âmes à l'Évangile.
Depuis quelques heures que Jésus est sur la croix, combien n'a-t-il pas déjà accompli de ces prophéties !
Ses pieds et ses mains sont percés, ses habits partagés, sa robe a été tirée au sort. Ses ennemis, autour de sa croix, l'insultent par les mêmes paroles, presque mot pour mot, que plus de mille ans auparavant David avait mises dans leur bouche : II se repose, disent-ils, sur l'Éternel, que l'Éternel le délivre et le sauve, s'il a mis en lui son affection, et Jésus lui-même a prononcé les mêmes paroles, par lesquelles David a commencé ce Psaume XXII, ces paroles que nous avons déjà méditées ensemble, mes chers frères : Eloï ! Eloï ! lama sabackthani ; Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ?

Maintenant il va bientôt rendre le dernier soupir, et il retient ses forces défaillantes, jusqu'à ce qu'il ait accompli la seule prophétie, qui ne l'ait pas encore été, et qui doit l'être encore avant la mort de Jésus : Afin donc que l'Écriture fût accomplie, il dit : J'ai soif, et les soldats en lui présentant, au bout d'une verge d'hysope, une éponge imbibée de vinaigre, accomplissent, sans le savoir, la prédiction de David, dans un autre de ses Psaumes prophétiques, dans le LXIXe : Ils m'ont donné du fiel pour mon repas, et dans ma soif, ils m'ont abreuvé de vinaigre.
Au commencement de son supplice, on lui avait présenté du vinaigre mêlé avec du fiel. Alors, il n'en voulut point boire, sans doute parce que le but et l'effet de ce breuvage était d'étourdir celui qui le prenait, et d'amortir en lui le sentiment de la douleur, et que Jésus voulait conserver toutes ses forces, et souffrir en entier, et si l'on ose ainsi dire de bonne foi toutes ces douleurs, toutes ces langueurs qu'il prenait sur lui, afin de nous délivrer des douleurs éternelles ; qu'il voulait, en un mot, pour parler le langage de l'Écriture, goûter, savourer la mort. Mais maintenant, zélé pour la Parole de son Père, qui était, dit le Prophète, au dedans de ses entrailles, ne voulant pas qu'un seul mot, un seul iota, un seul accent de cette divine Parole tombât en terre sans s'accomplir ;... afin que l'Écriture fût accomplie, Jésus dit : J'ai soif.

Et nous, chers frères, quels enseignements recueillerons-nous de ce mot prononcé dans de telles circonstances, dans un tel but ? Regardons-nous l'Écriture comme toute divinement inspirée ?
Nous la chérirons comme David ; comme notre Maître, nous l'aurons au dedans de nos entrailles, dans notre coeur. Nous ne tiendrons pour peu important rien de ce qu'elle raconte, rien de ce qu'elle enseigne, rien de ce qu'elle commande.
En particulier nous ne négligerons pas l'étude des prophéties, trop oubliées par des gens même pieux et éclairés, et par d'autres, étudiées trop exclusivement peut-être, avec trop d'imagination, avec un esprit trop prévenu, et trop attaché à son propre sens ; et si nous ne pouvons comprendre toutes les prophéties, ni savoir comment ni quand seront accomplies, celles qui ne le sont pas encore, nous étudierons à fond et nous saluerons pour ainsi dire avec joie celles de l'Ancien Testament dont l'accomplissement est indiqué dans le Nouveau par Jésus-Christ et par ses Apôtres. Et si nous apprécions pour nos propres âmes la grâce d'avoir reçu la Parole de Dieu, nous déploierons notre activité, notre zèle, nos efforts, pour qu'elle soit connue, appréciée de tous, comme de nous-mêmes ; nous aspirerons par nos voeux, nous contribuerons par nos prières, par nos dons, autant que nous le pourrons, à avancer ces temps heureux, où cette Parole du Seigneur, qui déjà maintenant court sur la terre avec beaucoup de vitesse, la couvrira tout entière comme le fond de la mer est recouvert par les eaux, et surtout nous aspirerons à la rendre honorable devant tous, par notre obéissance, par notre soumission à la volonté de Dieu qui l'a dictée.

Rappelons-nous, mes frères, une parole du Seigneur en Gethsémané : Comment, dit-il à son disciple qui voulait le défendre, comment s'accompliraient les Écritures, qui disent qu'il faut que cela arrive ainsi ! ces Écritures qui disaient, qu'il devait souffrir avant d'entrer dans sa gloire. Eh bien ! si ces Écritures qui disent : L'homme est né pour être agité comme l'oiseau pour voler. C'est par beaucoup d'afflictions qu'il faut entrer dans le royaume de Dieu, si ces Écritures doivent s'accomplir par beaucoup d'afflictions, d'agitations, de sujets de peine dans notre coeur, dans notre famille, dans notre patrie, victoire à la Parole de Dieu, à la volonté de Dieu !

Si pour remplir les devoirs auxquels nous appellent évidemment ces saintes Écritures, il faut nous imposer de douloureux sacrifices, faire violence à nos sentiments les plus chers, les plus doux ; s'il faut, comme le dit Jésus, nous arracher un oeil, nous couper un bras, victoire à la Parole de Dieu, à la volonté de Dieu ! Amour et respect à la Parole de Dieu, à la volonté de Dieu ! Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté, comme il est écrit dans le Livre. J'ai pris plaisir à faire ta volonté. Ta loi est au-dedans de moi. Ta volonté soit faite et non la mienne.

Mes frères, sont-ce là nos sentiments, notre zèle, notre amour pour la Parole de Dieu, pour la volonté de Dieu ? Et bien plutôt, hélas ! n'avons-nous pas à nous humilier, en méditant ainsi cette parole prononcée par notre Maître, afin que l'Écriture fût accomplie : J'ai soif. N'avons-nous pas à désirer, n'avons-nous pas à lui demander qu'il nous donne une portion de l'esprit qui l'animait quand il la prononça ?

II.

  J'ai soif... Le Seigneur n'a pas prononcé cette parole seulement pour accomplir l'Écriture ; car, si jamais aucune parole de Jésus-Christ ne fut prononcée en vain, sans un but sérieux, élevé, jamais, non plus, et par là même aucune ne fut prononcée qui ne fût conforme à la vérité. J'ai soif, dit-il ; c'est qu'il a réellement soif, comme aurait pu le sentir et le dire un de nous.

Je ne sais, chers frères, si vous éprouvez la même impression que moi, et je crois pourtant que oui, tant elle me semble naturelle. Jamais, quant à moi, je ne me sens si vivement touché en pensant a Jésus-Christ, en lisant dans l'Évangile quelque chose de la vie de Jésus-Christ, que lorsque l'Évangile nous le montre semblable à nous dans les détails de la vie, dans les affections du coeur, dans les besoins mêmes terrestres ou matériels, dans les infirmités de la nature humaine corporelle ; non seulement quand nous le voyons pleurer vers le tombeau de Lazare qu'il va bientôt ressusciter, ou quand il est en Gethsémané, troublé, agité, effrayé, l'âme triste jusqu'à la mort ; mais aussi quand nous lisons, qu'il était près de défaillir au milieu d'une foule entassée dans un local étroit, pour recueillir ses enseignements ou ses bienfaits, ou quand nous le voyons, au fort de l'orage, dormir sur un oreiller, dans une barque, fatigué, épuisé qu'il est d'une vie dépensée sans relâche, à prêcher, à enseigner, a guérir, à répondre à tous venants, amis, disciples, ennemis, malades, pécheurs, à aller de lieu en lieu faisant du bien ; quand nous le voyons s'asseoir, las de la marche et de la chaleur de midi, au bords du puits de Jacob, et là, recru, altéré, demander à boire à une femme de Sichem.

Ne semble-t-il pas alors que nous sommes plus assurés de l'amour qu'il a pour nous, amour qui l'a fait s'humilier et s'assujettir à un tel point, lui qui était en forme de Dieu ?
Ne semble-t-il pas que nous sommes plus assurés de la compassion, de la sympathie qu'il aura pour nous, dans ces infirmités, dans ces besoins, dans ces larmes, dans ces craintes, dans lesquelles il peut se mettre à notre place ? Non, nous n'avons pas un souverain sacrificateur, qui ne puisse compatir à nos infirmités. Dans toutes nos angoisses, il a été en angoisse. Y a-t-il donc besoin, et n'est-ce pas faire injure à notre seul Médiateur, Jésus-Christ homme, que de chercher d'autres Médiateurs dans les saints, dans la bienheureuse Vierge Marie, avec lesquels on prétend devoir être plus à son aise, auxquels on s'imagine pouvoir mieux ouvrir sou coeur ?
Est-ce donc pour rien que Jésus-Christ s'est fait notre frère ? Et quand il serait prouvé, ce qui ne l'est point, que ces prétendus médiateurs connaissent quelque chose de ce qui nous intéresse, en est-il un qui, comme Jésus, puisse connaître nos maux et nos besoins, en même temps avec la science de celui qui nous a faits, et avec l'expérience, la sympathie de celui qui fut semblable à nous. Celui qui sur la croix, s'écria : J'ai soif, ne doit-il pas obtenir toute notre confiance, comme il a droit à tout notre amour et à toutes nos adorations ?
Mais quelle vertu sanctifiante et consolante, dans toutes nos misères et dans celles des autres, ne doivent pas avoir cette confiance, et le souvenir, la pensée de cette parole : J'ai soif ?

Vous avez peut-être lu, ou entendu citer ce que disait un malade chrétien, dont je ne puis vous rapporter les propres expressions, mais la pensée et le sentiment toutefois : « Ah ! le Seigneur a souffert bien plus que moi. Il avait comme moi une soif brûlante, mais on ne lui donna que du vinaigre, et moi, des mains amies me présentent un breuvage qui rafraîchit doucement mes lèvres. »
Puissions-nous penser, sentir ainsi dans tous nos maux ! Et, quand nous serions abandonnés comme Jésus, souffrants comme lui, (ah ! ce sera toujours bien moins que lui, qui souffrait pour nous tous), puissions-nous lui dire du coeur, sinon des lèvres : Seigneur ! tu as souffert, toi le saint et le juste, toi le Roi des rois, toi par qui et pour qui sont toutes choses, tu as souffert et tu as voulu souffrir pour moi ; tu as dû implorer de la pitié de tes créatures un triste et chétif soulagement ; et moi, une de tes créatures, moi pécheur, je ne voudrais pas souffrir ! je me roidirais contre la souffrance, je m'irriterais contre ceux qui me la font subir ! je dirais : C'est assez, c'est trop !
Ah ! préserve-moi d'un impie murmure ; fortifie et humilie à la fois, ton faible et orgueilleux enfant. Ploie-le sous ta main, et surtout mets dans son coeur par ton Esprit l'assurance que ni la faim, ni la soif, ni la nudité, ni aucune affliction ne peut le séparer de ton amour. Qu'ainsi, toujours il me souvienne, ô mon Sauveur ! de cette parole sortie de ta bouche, dans ton amour, sur la croix : J'ai soif !

Ne nous semble-t-il pas, chers frères, que si nous eussions entendu ce cri du Seigneur Jésus, nous eussions voulu le soulager, lui donner quelque chose de mieux que du vinaigre ?
Eh bien ! vous savez qui il a désigné à nos soins, à nos secours ; en sa place : Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'aurez pas toujours. Vous aurez toujours des pauvres, et quand vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien.
Vous savez ce qu'il dira au dernier jour à ceux qu'il mettra à sa droite : J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire... En vérité, je vous dis qu'en tant que vous avez fait ces choses à l'un des plus petits d'entre mes frères, vous me les avez faites à moi-même.
Vous savez ce qu'il a dit aussi, étant encore dans le monde : Un verre d'eau froide, donné en mon nom, ne demeurera pas sans récompense. Qu'ainsi encore, qu'ainsi toujours il ne nous souvienne, ô Jésus ! de cette parole sortie de ta bouche, dans ton amour, sur la croix : J'ai soif.

J'ai soif.... Ces mots nous ont déjà rappelé que dans une occasion bien différente, le Sauveur, éprouvant ce même besoin, demanda à boire à une femme sur le bord d'un puits. Mais ne nous rappellerons-nous point ce qu'il dit alors à cette femme ? Quiconque boira de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus soif ; mais l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau vive, qui jaillira jusque dans la vie éternelle.

Mes frères, l'homme est toujours altéré, il a toujours soif de quelque chose. Qui que tu sois, cher compagnon de voyage :

« Dans le désert, où tu poursuis ta route » et où tu dresses tes tentes, tu te creuses toujours des puits, tu cherches toujours des fontaines. De quoi as-tu soif ? Des choses du monde ? Eh bien ! quiconque boit de cette eau aura encore soif. Tu ne seras jamais content ; tu désireras toujours plus ; ton âme ne sera pas remplie ; elle est de plus grande mesure.
Après avoir bu cette eau, souvent avec tourment, tu seras comme celui qui a soif, et qui songe qu'il boit... et quand il est réveillé, il est las, et son âme est altérée ; et puis il faut sortir de ce monde d'où tu ne peux rien emporter, comme tu n'y as rien apporté.
Mais, cher compagnon de voyage, j'espère que tu as soif de quelque chose de mieux ; je puis sans témérité juger de toi d'après moi-même ; la même soif travaille ou a travaillé tous les enfants d'Adam. Oui, nous avons tous une âme immortelle, et qui sent toujours, une fois ou une autre, que nous sommes faits pour quelque chose de mieux que manger, boire, bâtir, semer, planter, amasser de l'argent, ou même orner notre esprit de connaissances humaines, ou même ouvrir notre coeur aux affections terrestres les plus douces et les plus pures.
Et puis nous avons tous une conscience qui, au moins par intervalles, se sent mal à l'aise dans le péché, troublée par la crainte du châtiment, troublée par le péché lui-même, désireuse de meilleures choses, désireuse de pardon et de sainteté ; forcée de reconnaître que cela vaudrait mieux même pour ce monde, pour cette vie et surtout que sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur. Que faire ? Laissons ces citernes que nous creusons, où nous puisons, à fleur de terre, et dont les moins impures ne donnent qu'une eau qui tourne souvent à l'amertume. Écoutons la voix qui nous crie : Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus soif. Celui qui parle ainsi, où est-il ? Le voilà sur la croix, celui qui dit aujourd'hui : J'ai soif, comme pourrait le dire l'un de nous, mais qui, étant Dieu manifesté en chair peut apaiser notre soif, et faire jaillir pour nous des sources, où nous pourrons puiser des eaux avec joie.
Et c'est pour cela même qu'il est sur cette croix où il dit : J'ai soif, afin que l'Écriture soit accomplie.
C'est pour cela même que depuis 4000 ans les Écritures lui rendent témoignage.
C'est pour cela que sous les ombrages d'Eden, sous les tentes de Mamré, dans les palais de Sion et de Babylone, à Adam, à Abraham, à David, à Daniel, à Esaïe, à tous les Prophètes, ont été prononcés pour être répétés de la part de Dieu, ces oracles du Messie, dont le dernier, (au moins pour ce qui regarde sa vie mortelle), s'est accompli en Golgotha, au moment où il a dit : J'ai soif et où on lui a donné du vinaigre.

Et maintenant, vous qui êtes altérés, venez aux eaux. Avez-vous soif de pardon, de sainteté ? Il a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ; son sang purifie nos consciences des oeuvres mortes, afin que nous puissions servir le Dieu vivant. Avez-vous soif de bonheur, mais d' « un vrai bonheur qui dure, » soif de vie et d'immortalité ? Le Fils de l'homme est élevé comme le serpent au désert, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Avez-vous soif... ?
Ah ! lui-même a soif de votre bonheur, de votre sanctification, de votre salut. Eh ! pourquoi serait-il ainsi descendu du ciel, lui qui était riche, venu ici-bas se faire pauvre, sinon afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches, sinon pour chercher et sauver ce qui était perdu ? Ah ! ne le rejetez plus désormais, vous qui ne l'avez pas encore reçu. À qui iriez-vous, et où iriez-vous ? Allez à lui sans plus balancer, sans plus tarder ; le temps est court, la fin est proche, les ombres s'allongent, la nuit vient.

Et vous, qui l'avez reçu ! malgré vos nombreuses misères, vous avez fait, et vous ferez, à divers degrés sans doute, mais tous, l'expérience de ce qu'il dit à la Samaritaine : L'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau vive qui jaillira jusques dans la vie éternelle. L'eau qu'il donne ainsi c'est son St.-Esprit, comme il nous l'explique lui-même. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein : or il disait cela de l'Esprit que recevraient ceux qui croiraient en lui. Oui cet Esprit devient en ceux qui l'ont reçu une source d'eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle. Il fortifie dans leurs coeurs la foi par laquelle ils ont la vie éternelle. Il est les arrhes de leur héritage, qui est la vie éternelle.
Et puis cet Esprit forme des fleuves d'eau vive qui sortent de leur sein ; bonnes oeuvres, vertus chrétiennes, témoignage d'une vraie foi, et de l'Esprit de Dieu qui habite en eux.
De cette eau vive la source ne tarit point. Elle coule toujours à pleins bords à nos côtés. Il suffit de demander, pour pouvoir y puiser à grande mesure. C'est à quoi nous manquons trop souvent, chers frères ; nous ne nous souvenons pas assez, que comme les enfants d'Israël au désert, le rocher qui est Christ nous suit toujours ; que pour être abreuvés, il suffit de le frapper, et qu'il faut le frapper non avec défiance, comme Moïse le fit une fois, mais avec une pleine et juste confiance.

Seigneur ! rends plus vivante et plus entière en nous cette confiance. Donne nous, augmente en nous la soif de ta Parole, de ton Esprit, de ton amour, de ton salut, soif de sainteté, soif de la vie éternelle, soif dont tu as dit toi-même : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ; ils seront rassasiés.
Dans ce monde, il nous faudra peut-être encore, comme toi, être abreuvés de vinaigre, ou endurer quelques moments la soif. Tu le permets, pour faire « soupirer notre âme, Seigneur, après tes ruisseaux » et pour nous faire ensuite mieux goûter l'eau vive que tu donnes aux tiens, pour nous faire dire avec un de tes anciens serviteurs dans notre pays : « Une seule goutte a tant de douceur ; quelle sera la douceur de la fontaine (1? »

O que nous puissions dire pour dernier cri : Mon âme a soif du Dieu Fort et vivant, et alors, Seigneur Jésus, Viens ! Viens nous prendre avec toi et nous faire entrer, là où toi-même qui as eu soif à cause de nous ici-bas, tu nous feras entendre ces paroles, que tu as dictées à ton Disciple bien-aimé : C'est fait... Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. Je donnerai gratuitement à boire de la source d'eau vive à celui qui a soif.
Amen !

 


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1 Mireouer du monde. Lausanne, 1845, p. 236.

 

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