BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE XLVI
Le Frêne
II plante un
Frêne, et la pluie le fait
croître.
(Esaïe XLIV, 14.)
Le mot rendu ici par Frêne ne se
rencontre que cette seule fois dans la Bible ;
il n'est même pas considéré
comme la traduction exacte de l'original. Dans la
version des Septante et dans la Vulgate, ce mot est
rendu par Pin.
Quoi qu'il en soit, c'est l'un des
végétaux bibliques dont il n'est pas
possible de vérifier l'identité.
Le Frêne à manne (Ornus europoea),
est cultivé en Syrie, mais il n'est pas
reconnu pour être indigène ; du
reste la Palestine compte plusieurs espèces
de Frênes sauvages.
CHAPITRE XLVII
Le Baume de Galaad
N'y a-t-il point de
Baume en Galaad ? N'y a-t-il point là
de médecin ?
(Jér. VIII, 22.)
On croit que le Baume dont parle la Bible
est le produit de l'Arbre
à Baume (Amyris Opobalsamum), mais
aucune relation ancienne ou moderne ne mentionnant
celui-ci comme ayant crû en Galaad, des
doutes se sont élevés à ce
sujet.
L'historien Josèphe dit qu'on le cultivait
dans les environs de Jéricho et que, suivant
la tradition, c'était la reine de Saba qui
en avait apporté les graines lorsqu'elle
vint visiter le roi Salomon. L'Amyris était
originaire d'Arabie, d'où venait aussi,
dit-on, la reine de Saba.
Pline dit : « De tous les parfums,
le plus précieux est le Baume, qu'on ne
cultive qu'en Judée, et seulement dans deux
jardins du roi. »
Selon quelques auteurs, le Baume de la Bible serait
le Mastic, autre résine
odoriférante qu'on tire du Lentisque,
arbuste d'une famille voisine de l'Amyris.
D'après le docteur Royle, ce serait l'huile
de Zackum, que fournit le fruit du
Balanites oegyptiaca, arbre des
déserts d'Égypte et d'Arabie, qu'on
retrouve dans le Ghor ou vallée de
Jéricho ; cette huile passe pour avoir
des propriétés salutaires. Quoi qu'il
en soit, le Baume connu aujourd'hui sous le nom de
résine ou Baume de la Mecque, est bien le
produit de l'Amyris ou Balsamodendron,
arbrisseau à rameaux grêles et
tortueux ; on l'en tire par des incisions
artificielles. Il n'est pas moins estimé de
nos jours qu'autrefois.
Suivant Burckhardt, les Arabes le regardent comme
un tonique, et les pèlerins
les plus riches en mettent une
goutte dans la première tasse de café
qu'ils prennent le matin. Szafra et Beder, dans
l'Arabie heureuse, seraient les deux seules
localités où l'on puisse se procurer
ce produit dans toute sa pureté.
L'arbre s'appelle en arabe Beschen, et le
baume Balesan.
CHAPITRE XLVIII
L'Absinthe
Parce qu'ils ont
abandonné ma loi, ainsi a dit le Dieu,
d'Israël : Voici, je vais donner à
manger à ce peuple de l'Absinthe, et je leur
donnerai à boire de l'eau de fiel.
(Jér. IX, 13 -15.)
L'Absinthe et le fiel, emblèmes d'amertume
et de profonde souffrance morale, sont bien propres
à caractériser l'état de ceux
qui se sont éloignés de Dieu.
Notre Absinthe commune a une saveur assez
fortement amère pour être un type de
toutes les espèces de ce genre, mais ce
n'est pas l'Absinthe de l'Écriture, car elle
ne croît pas en Palestine. C'est probablement
de l'Artemisia judaïca ou Absinthe
de Judée qu'il est question dans nos
saints Livres ; elle est
commune dans les déserts de l'Arabie
Pétrée ; en Palestine, on la
trouve entre autres à Bethléem. Elle
est d'une extrême amertume et ses jeunes
pousses, ainsi que ses têtes de fleurs,
fournissent le Semen contra du commerce.
Comme les Juifs croyaient que les plantes
amères étaient
vénéneuses, la comparaison de
Jérémie était pour eux encore
plus saisissante que pour nous.
CHAPITRE XLIX
La Bruyère
Maudit soit l'homme qui
se confie en l'homme et qui de la chair fait son
bras, et duquel le coeur se retire de
l'Éternel. Car il sera comme la
Bruyère dans une lande, et il ne verra point
venir le bien ; mais il demeurera au
désert dans les lieux secs, dans une terre
salée et inhabitable.
(Jér. XVII, 5, 6.)
Nos traducteurs, en rendant le mot original par
Bruyère, semblent n'avoir eu d'autre
idée que de choisir la plante la plus
répandue chez nous dans les lieux incultes.
Mais comme la Bruyère commune (Calluna
Erica) ne se trouve pas en Syrie, il est
certain que l'écrivain sacré voulait
désigner une autre plante
à nous inconnue.
Quelques auteurs ont pensé que
c'était une espèce de
Genévrier de Phénicie.
Peut-être était-ce un petit
arbrisseau épineux aussi répandu sur
les collines de la Palestine que la Bruyère
l'est sur les nôtres, le Poterium
spinosum.
CHAPITRE L
Le Millet
Prends du froment, de
l'orge, des fèves, des lentilles, du Millet
et de l'épeautre, et lu les mettras dans un
vase et tu t'en feras du pain.
(Ézéch. IV, 9.)
Dans cette énumération de plantes
alimentaires, nous trouvons les espèces qui
encore aujourd'hui sont le plus abondamment
cultivées en Orient. Elles sont presque
toutes mentionnées à plusieurs
reprises dans l'Écriture, mais c'est ici le
seul endroit où le Millet soit
nommé.
Le Millet commun (Panicum miliaceum) est
semé quelquefois chez nous pour servir
à engraisser la volaille. On en importe en
Angleterre une grande quantité venant des
bords de la Méditerranée. Les graines
de cette plante sont parmi les plus petites d'entre
les céréales. Chaque tige en produit
tellement, que le nom de
miliaceum provient, dit-on, de ces
milliers de grains contenus dans le
même épi.
Pline fait dériver Panicum de sa
panicule de fleurs, et d'autres
écrivains de panis, parce qu'on a
fait aussi du pain de Millet.
Une plante analogue au Millet par son emploi, et
non moins répandue en Égypte et dans
les contrées chaudes et basses de la
Palestine, est le Sorgho (Holcus Sorghum),
appelé Doura par les Africains.
C'est une grande plante de deux à trois
mètres (6 à 9 pieds) de hauteur et
qui a le port du blé de Turquie. Ses graines
sont réunies en un corymbe ou tête
serrée, pesante et si fournie qu'une seule
suffit, dit-on, pour le repas d'une famille. On
moud ces graines et quelquefois on les rôtit.
Holcus Sorghum
(Sorgho)
La planche
représente une plante de Sorgho, et à
côté un épillet, ainsi que la fleur, soit
entière, soit dans sa coupe
verticale.
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