Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORT

pour la vérité de l'Évangile


LA LONGUE ET TRÈS CRUELLE PERSÉCUTION SOUS MAHOMET, EXERCÉE PAR LES SARRASINS ET TURCS CONTRE L'ÉGLISE DE JÉSUS CHRIST.


OR l'Église ne s'amenda nullement suite aux persécutions & châtiments de Dieu, mais au contraire elle empira. Car toutes sortes de sectes & hérésies, comme des Macédoniens, Nestoriens, Pélagiens, Eutychiens, & plusieurs autres (le récit desquelles serait ennuyeux) allaient s'augmentant de jour en jour, dont procédaient (entre les gens doctes principalement, & aussi entre les idiots (les illettrés) de grands débats, divisions, & révoltes partout l'Orient.

En Occident aussi s'élevaient l'Évêque & l'Église de Rome, sur toutes les autres Églises de la Chrétienté, expressément contre la doctrine du saint Évangile, & contre les écrits de saint Grégoire même, qui fut Pape. Pour ces causes Dieu laissait l'Église tomber en plus grands désordres, & sentir plus grièves (pesamment les) persécutions. Car l'an de Christ 613. fut fort renommé en Arabie un très méchant hypocrite & homme cauteleux (rusé), appelé Mahomet, les autres l'appellent Muhammat.

Celui-ci avait été marchand dès sa jeunesse, mais peu après il se vanta d'être prophète & envoyé de Dieu, auquel adhérèrent certains garnements (mauvais sujets) Juifs, & un Moine révolté & hérétique nommé Sergius, avec l'aide duquel il bâtit un nouveau livre & une nouvelle loi, laquelle il appela Alcoran, qui signifie assemblage de lois. Et par ainsi renonça manifestement à la S. Ecriture du vieil & nouveau Testament, par laquelle Dieu nous a donnée pour loi, & hors laquelle n'y a point de loi.

Mais Mahomet fit & dressa à ses Sarrasins & Turcs, & à tous ceux qui le croiraient, une nouvelle loi, laquelle est un amas de mensonges & blasphèmes: tellement que c'est merveille de voir comment des gens de quelque esprit & entendement ont jamais pu prendre goût à un tel babil sans ordre & sans fondement.

Mais en cela on voit un témoignage de l'ire (la colère) épouvantable de Dieu contre ceux qui ne se contentent pas de la doctrine de Jésus Christ & de l'Écriture sainte, lesquels ne voulant pas prêter foi à la vérité, sont (à bon droit) séduits, & croient à mensonge.

Ce diabolique & faux prophète Mahomet donc composa une religion toute contraire à celle de Christ.

Il confesse bien un seul Dieu Créateur du ciel & de la terre, lequel il faut invoquer et adorer seulement, et nul autre Dieu, ni idole, lesquelles les Sarrasins & Turcs haïssent extrêmement.
Mais il ne confesse pas, selon la Sainte Écriture, la distinction des personnes en une seule & indubitable essence divine, à savoir le Père, le Fils & le Saint-Esprit; mais il blasphème contre la sainte Trinité & la nie.

Il confesse bien aussi que Christ est un grand Prophète, & qu'il est né d'une sainte & chaste vierge, & qu'il est monté aux cieux.
Mais il ne confesse pas (en quoi consiste néanmoins la seule & vraie foi) que Jésus Christ soit le Fils éternel de Dieu, vrai Dieu & vrai homme, & le seul Médiateur entre Dieu & les hommes, lequel ait été crucifié, & soit mort pour nous, ressuscité, & qu'il soit à la dextre (droite) de Dieu le Père, ayant une même puissance avec Dieu le Père en cieux; mais il nie & blasphème contre tout ceci, & dit que Jésus Christ n'a point été crucifié.

Voilà pourquoi aussi il ne parle pas bien de la rémission des péchés, laquelle on acquiert tant seulement par la foi en Jésus Christ crucifié.
Il ne fait rien de cette foi, ni de la justification par la foi en Christ. Car il forge beaucoup d'autres moyens & services divins, pour acquérir félicité: ce qui se fait, dit-il, en jeûnant, priant, faisant aumône, en travaillant, endurant, & principalement en mourant vaillamment pour la foi de Mahomet, en guerres et batailles.

Il enseigne que les hommes peuvent accomplir la loi, & se sauver par les oeuvres.
Il y a aussi ses prêtres et moines, lesquels, comme il dit, peuventse sauver par leurs mérites.
Il confesse la résurrection des morts, mais il parle de la félicité & vie éternelle fort charnellement, comme si on avait en Paradis quelque grand plaisir corporel, en mangeant & buvant avec des belles femmes et filles, et jouissant de semblables plaisirs, comme si c'étaient là les îles fortunées.
Il méprise notre prédication & doctrine Évangélique & Apostolique, & nos assemblées.
Il fait circoncire tous ses disciples à la façon des Juifs. Il ne fait aucune estime de notre Baptême.
Il méprise & dégorge (vomit) des blasphèmes contre le S. Sacrement du corps & du sang de Christ, & contre l'institution de la S. Cène, ainsi que Jésus Christ l'a ordonnée.
Il rejette toute la discipline de l'Église.
Il a son assemblée à part, ses temples, ses ordonnances & cérémonies.
Il se repose le sixième jour de la semaine, à savoir, le vendredi, & a ses jeûnes, purgations (moyens pour se débarrasser de ses impuretés, ses péchés) & lavements. Il a ordonné qu'on prie cinq fois le jour.
Il n'invoque aucune créature, mais Dieu seulement, mais non pas au nom de Christ: voilà pourquoi une telle prière n'est point agréable à Dieu, parce qu'elle n'est faîte au Nom de Christ, ainsi que nous faisons en l'oraison dominicale, laquelle il rejette.
S. Jean dit que qui n'a le Fils n'a aussi le Père.

Le saint mariage est tout profané entre eux, car les hommes peuvent prendre autant de femmes qu'ils veulent, lesquelles ils peuvent rejeter, selon leur plaisir, faisant en cela grand tort aux femmes.
Il a défendu de manger la chair de pourceau à la façon des Juifs, & de boire du vin. Mais les riches font d'excellents breuvages, avec lesquels ils s'enivrent comme avec le vin.
Et tout ceci est la doctrine du diable, laquelle saint Paul a prédit.

Il faut entendre tout ce qu'ai dit jusques ici de Mahomet, de la superstition & religion des Turcs ainsi qu'ils l'observent aujourd'hui, sous le Turc.

Ce que j'ai touché le plus brièvement qu'il m'a été possible, pour ceux qui ne savent rien de la religion des Turcs, afin qu'ils en eussent ici un petit sommaire.
Qui est celui qui ne voit pas ici ouvertement, comme Dieu, par son juste jugement, a châtié le monde, permettant qu'une si perverse & détestable religion vînt en avant et prît tel accroissement, comme nous voyons? Or faut-il qu'un chacun de nous entende & sache outre cela, le commencement de cette cruelle & longue persécution qui dure encore, de cette fausse & perverse religion de Mahomet contre la sainte Église & religion Chrétienne?

CE meurtrier, séducteur du monde, & faux prophète Mahomet, fit croire à ses gens que les Sarrasins étaient les vrais enfants & héritiers de Sara femme d'Abraham. Et qu'à eux appartenaient les promesses faites à Abraham , & que sa semence posséderait & dominerait tout le monde.
C'est ainsi que les Sarrasins devaient vaillamment empoigner les armes, & occuper tous les royaumes de la terre, comme leur propre héritage.

Les Sarrasins ont été un peuple rude & barbare en Arabie, lesquels du commencement étaient nommés Agaréniens.
Ils ont été aux gages des Romains qu'ils aidèrent dans les guerres contre les Perses. Mais ayant une fois été outragés par le maître de champ de l'Empereur en les payant & qui usa de ces termes: «Qui pourrait donner assez d'argent à ces vilains chiens?» ils délaissèrent les Romains, & ensuite par le conseil de leur capitaine Homar, ils élurent Mahomet leur prince & ce d'autant plus volontiers qu'il les avait si bien instruits... qu'ils n'étaient point descendus & nommés de la servante Agar Agaréniens, mais Sarrasins de Sara, & pour autant qu'ils étaient seigneurs & héritiers de tous les royaumes; ceci advînt l'an de Christ 823.

Incontinent que ce garnement (mauvais sujet) & séditieux Mahomet parvînt au gouvernement, il commença à avancer sa religion avec les armes, la dressant en plusieurs pays, persécutant & anéantissant la religion Chrétienne, ce qui dura neuf ans, jusqu'à l'an de Christ 632.

IL promettait, à tous ceux qui suivraient sa religion, grande félicité, honneur, domination, victoire, richesse, & après cette vie un paradis avec de grands plaisirs, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. À cause de cela, il eut une grande suite, parce qu'en ce commencement tout lui venait à souhait, car le commun peuple se range volontiers du côté où il y a grande apparence, victoire & richesses; il a en horreur la croix, les afflictions & les souffrances.

Par ce moyen, il fit commandement qu'on persécutât tous ceux qui diraient mal de son Alcoran (Coran), de quoi il s'ensuivit une grande révolte contre la foi Chrétienne, & persécution contre les Chrétiens. Voici donc quel est le commencement du royaume des Sarrasins.

Après la mort de Mahomet, les Sarrasins nommèrent leurs princes Amyras, titre qui vaut autant que celui d'Empereur.
On trouve le nom de ces Amyras & leurs conquêtes dans l'histoire jusqu'à l'an de Christ 870. Car ils menèrent grandes guerres, obtinrent victoire & gagnèrent de grandes batailles contre les Empereurs de Constantinople, & d'autres Rois & Seigneurs.

Ils occupèrent la Perse, Babylone, la Syrie, & la ville de Jérusalem. Ainsi furent-ils victorieux en Asie & en Afrique; ils appelèrent leurs princes Soldans ou Sultans & Caliphes qui est à dire souverains seigneurs & Capitaines.

Ils passèrent aussi en Italie, en Espagne & en France, où ils pillèrent, gâtèrent, brûlèrent, & emmenèrent tout ce qu'ils purent. On ne saurait assez suffisamment raconter les cruautés exercées contre l'Église de Christ, aussi longtemps, & dans tant de pays, & combien de sang fut répandu. Car il n'y a pas longtemps que les Sarrasins furent jetés hors d'Espagne, à savoir l'an 1487. par le Roy Ferdinand le grand.
Ils furent déchassés (expulsés) d'Afrique l'an 1517. mais les Turcs se fourrèrent en leur place, car ce fut Selym (Sélim) Empereur des Turcs qui les dénicha.

À ceci, on peut aussi rapporté la grande boucherie & l'effusion du sang, qu'on appelle la guerre sainte, dans laquelle les Chrétiens s'efforcèrent de recouvrer, des mains des Sarrasins & Mahométistes, la ville de Jérusalem & le saint sépulcre. Mais les pauvres Chrétiens ne firent autre chose, sinon de perdre le saint sépulcre, en allant faire leurs propres fosses (creuser leurs propres tombes) par cette guerre mal conduite. Ils attirèrent affliction, détresse, & grande persécution sur leur dos de pauvres Chrétiens qui étaient en Orient, & par ainsi furent consumer presque tous ceux qui étaient de reste.

... Je ferai ici un petit sommaire, pour avoir un plus grand éclaircissement de la grande, très longue & cruelle persécution des Sarrasins contre l'Église Chrétienne.

L'an de Christ 1094. vint d'Orient un ermite Amyras des Sarrasins nommé Pierre d'Amiens, lequel se plaignant aux Princes, Seigneurs, & tout à chacun, des grandes afflictions, tyrannies & misères qu'enduraient les Chrétiens en Orient, par les Sarrasins & Mahométistes, il disait qu'il fallait que les Chrétiens d'Occident y pourvussent, & délivrassent les Chrétiens d'Orient, avec quelque grande armée, & missent sous le joug les Sarrasins.

Le Pape Urbain 2. disciple de Grégoire 7. assembla un grand Concile à Clermont, ordonnant que les Chrétiens iraient, avec une grande force, assaillir les Sarrasins, gagner (reprendre) Jérusalem et le Saint Sépulcre et délivrer de la tyrannie les Chrétiens.

Ce concile fut fort dommageable à toute la Chrétienté & eut une telle fin comme celle de laquelle il est fait mention au premier livre des Rois, au dernier chap. Car il n'y eut point de bonheur, & non seulement les Chrétiens ne furent pas soulagés de leur tyrannie, mais ils furent tués en grand nombre, foulés, persécutés, & oppressés beaucoup plus excessivement qu'ils n'étaient auparavant.

Et combien il y eut beaucoup d'excellents personnages, qui, poussés par la bonne volonté, suivirent cette guerre, quoiqu'ils n'avaient point de fondement, ni de commandement dans l'Écriture sainte, pour qu'ils arrachent de la puissance des Sarrasins Jérusalem & le Saint sépulcre, & pour commencer une si grande & dangereuse guerre.
Et quoique l'on fît quelques grandes conquêtes, elles ne furent pas de longue durée, ne pouvant garder ce qu'ils avaient gagné. C'est ainsi que la condition des pauvres Chrétiens empira de beaucoup. Ce concile fut tenu l'an 1095.

Incontinent (sans tarder) après le Concile, Pierre l'Ermite commença la levée & la guerre, & mena beaucoup de milliers d'hommes par la Hongrie en Asie, lesquels le suivirent d'un grand courage, cependant il ne fit rien qui eut durée.
Ce premier voyage de guerre fut du tout malheureux. Il y eut bientôt après deux prêtres séditieux & turbulents, appelés par les historiens Volckmar & Goschard, lesquels assemblèrent une grande multitude de fainéants dans l'intention de les conduire en Asie, & commencer la seconde guerre. Mais étant arrivés en Hongrie, pillant & ravageant, les Hongrois les estimaient plus méchants que les Sarrasins mêmes, tellement que s'étant assemblés ils combattirent toute cette racaille.

L'an de grâce 1090. Godefroi & Baudoin de Bouillon frères, princes fort renommés, & Ducs de Lorraine, commencèrent la troisième guerre en Asie. Ils assemblèrent cent mille chevaux, & trois cent mille piétons, & gagnèrent beaucoup de villes renommées en Asie, avec la ville de Jérusalem.
L'Abbé d'Ursperg dit qu'il y eut une telle effusion de sang, que dans le temple même les chevaux étaient au sang jusques aux paturons (1*). Jérusalem étant gagnée, l'an de Christ 1099. elle fut établie la ville capitale du nouveau royaume Chrétien en Orient, & le Duc Godefroi fut élu Roi, lequel ayant régné un an, sept Princes ou Rois lui succédèrent au Royaume qui domineront environ cent ans: puis l'an 1189. tout fut perdu derechef.

Le bruit étant venu d'Orient que Jérusalem avait été gagnée, & qu'on y avait dressée un Royaume, plusieurs désiraient fort y aller. Car ils avaient espérance de devenir riches & grands seigneurs. À cause de quoi Guillaume Duc de Poitiers se croisa l'an onze cent un, & y alla avec cent mille hommes. Ce fut le quatrième voyage, lequel ne fut guère heureux aussi: il n'en retourna au pays guère plus de mille.

Or quoique Jérusalem fut conquise par les Chrétiens, les Sarrasins ne se lassèrent pourtant pas de continuer la guerre avec le secours qu'ils avaient. Ils pressaient les Chrétiens de si près qu'ils furent contraints de demander secours, tellement que saint Bernard, Abbé de Clervaux, se méfia de cette guerre, & voyagea d'un côté & d'autre, exhortant les Princes & Seigneurs qu'ils les secourussent.

Il fit tant que l'Empereur Conrad troisième & Louis troisième (1) Roi de France, Frédéric Duc de Suaube (2), & Wolt Duc de Bavière, avec d'autres Princes & Seigneurs, entreprirent la cinquième guerre, & prennent le chemin de Jérusalem avec grandes forces. Mais ils ne firent rien, & y eut telle mortalité dans ces pays étranges, qu'à grand-peine les Princes purent se sauver. Ce grand appareil & voyage fut en l'an du Seigneur 1147.

Peu après Jérusalem fut derechef (comme il en a été fait mention ci-dessus) gagnée par les Sarrasins qui firent subir une très grande perte avec grande effusion de sang des Chrétiens...

Incontinent (Aussitôt) que cette mauvaise nouvelle fut apportée en Occident, l'Empereur Frédéric Barberousse, Philippe Roi de France, & Richard Roi d'Angleterre, avec plusieurs autres Princes & Seigneurs, se croisèrent derechef & entreprirent le sixième voyage de guerre en Orient, l'an de Christ 1189. avec grande puissance, mais ils ne firent rien sinon que l'excellent Prince l'Empereur Frédéric se noya et que tout le camp fut défait par maladie; ceux qui réchappèrent (desquels le nombre n'était pas grand) s'en retournèrent en fort mauvais équipage.

Après tout cela se croisèrent derechef (qui fut pour la 7. fois) les deux puissants Rois de France & d'Angleterre, l'an de Christ 1191. Ils allèrent en Asie, & y perdirent un grand peuple, & furent contraints de laisser Jérusalem aux Sarrasins.

L'an de Christ 1198. le Duc Henri, fils de Frédéric Barberousse, passa en Syrie pour faire la huitième guerre: mais il s'en retourna bientôt sans rien faire, & avec grande perte.

Après tout ceci, le Pape Innocent troisième, homme téméraire, fin & cauteleux (hypocrite) jusqu'au bout, voulut se mêler de cette guerre, l'an 1215. & convoqua un Concile à Rome, des plus grands qui ait jamais été, où il tâcha d'avancer cette affaire, mais il mourut sur ces entrefaites, & lui succéda Honorius troisième, lequel n'était pas moins ardent que son prédécesseur, en outre il forgea en sa cervelle, comme un faux prophète, que saint Pierre lui avait révélé que Jérusalem serait recouvrée, & regagnée durant son gouvernement.

Sur cela commença la neuvième guerre & voyage devant Acon, qui s'appelait autrefois Ptolémaïs.
Damiette fut bien gagnée, mais avec plus grand dommage que de profit. Car un an après, à savoir 1223. elle fut reconquise par les Sarrasins. Bref, on n'y gagna guère, & toutes choses allaient en empirant.

L'an du Seigneur 1228. l'Empereur Frédéric, second de ce nom, prince fort sage, excellent & victorieux, entreprit la dixième guerre, & passa en Syrie, défît beaucoup des ennemis, prît plusieurs villes renommées, & Jérusalem aussi.

Mais pendant que ce bon Empereur était empêché (occupé) à faire la guerre contre les infidèles, le Pape Grégoire 9. s'en va pour se saisir de l'Apouille que Frédéric avait eue par succession en héritage: à cause de quoi il fut contraint de faire un accord désavantageux avec le Soldan (le Prince), puis de se retirer. L'Abbé d'Ursperg taxe (note) le fait de ce Pape, en sa Chronique, & à bon droit.

L'an de Christ, 1248. Louis, Roi de France, accompagné de ses deux frères, Robert & Charles, fit le onzième voyage en Syrie avec une puissante armée & bien équipée. Mais ils n'eurent pas meilleure encontre que les autres par le passé. Car Robert fut tué, Charles pris par le Soldan (le Prince), l'armée défaite, à grand-peine put sauver le Roi Louis avec peu de gens.

L'an du Seigneur 1270. le Roi Louis s'apprêta derechef pour passer en Afrique contre les Sarrasins. C'est le douzième voyage.
Mais la peste se prît en son camp, à tel point qu'il y demeura avec un de ses fils (car il y était allé avec trois de ses fils) & peu de ses gens retournèrent sains & saufs.

Et quoiqu'il n'y eut aucun heurt, bonne-en-contre ni fermeté en cette malheureuse guerre (laquelle avait été commencée par l'avis & à l'instigation d'un ermite, & par l'ordonnance du Concile de Clermont, aussi par la sollicitation & instance continuelle des Papes turbulents, qui cependant avançaient de plus dans plus leurs superstitions & désarçonnaient mêmes l'Empereur, les Rois & les Princes) & que chacun aperçoive (reconnaisse) ouvertement que Dieu n'y voulait donner aucune bonne issue, quoique Jérusalem fut alors perdue, & que les pauvres Chrétiens en Occident fussent rudement traités, & que ces guerres avaient plutôt aggravé leur persécution qu'autrement.
Toutefois, ces malencontreux Papes n'étaient point contents de tant de sang répandu, ni ne voulaient ployer sous tant de pernicieux événements. Car Grégoire 10. assembla un grand Concile à Lyon l'an 1272. & tâcha de faire une nouvelle croisade.
Mais il n'en put venir à bout, car la calamité & la perte tant des biens que des personnes avait déjà été assez grande.

Matthieu Paulmier écrit dans sa chronique: «Après que plusieurs milliers de Chrétiens furent massacrés par les Sarrasins en Syrie, ceux qui étaient de reste sortir en grande frayeur hors du pays.»

Ceci est advenu (arrivé) l'an 1291. en laquelle année Paul Émile (3) & les Chroniques de France mettent la fin de cette guerre sacrée ou plutôt exécrable, laquelle dura environ 196. ans.
À grand-peine trouverat-on dans l'histoire une telle guerre, comme celle par laquelle un moine fut le premier motif, avec l'aide des Conciles & des Papes, au grand dommage (au grand malheur) de toute la Chrétienté & des pauvres Chrétiens.

Quant à ce Pierre l'Ermite, dont quelques-uns font grand cas, les autres doutent, & à bon droit, de savoir si c'est un homme, ou un malin esprit; plusieurs disent que c'était un hypocrite.
Voilà ce que j'avais à dire touchant la persécution des Sarrasins; j'ajouterai maintenant quelque chose de la persécution des Turcs.

La persécution des Turcs envahit la Chrétienté quand & (?) celle des Sarrasins.
Les Turcs sont peuples Tartares, qui l'an 764. abandonnèrent leur pays, & passant les détroits Caspiens vinrent se jeter en Asie, où ils s'arrêtèrent, & se mirent aux gages des Sarrasins pour leur servir en guerre.
Avec le temps les choses leur dirent si bien qu'environ l'an mille cinquante un ils élurent les Princes d'entre eux, lesquels ont toujours depuis affligé & tourmenté les pauvres Chrétiens: car les Turcs avaient tous embrassé la religion de Mahomet.

Il n'y a point de doute que Dieu n'ait suscité les Turcs, peuples cruels & superstitieux, pour fouetter les Chrétiens. Car comme du temps de Salomon, le nombre de ses ennemis dans son royaume commença à s'augmenter quand il abandonna la Loi du Seigneur & fit bâtir les temples des idoles pour ses femmes: ainsi quand le Pape Boniface 8. commença à se bander (se raidir) contre la religion Chrétienne en prenant de la loi judaïque l'an du jubilé, qu'il remit sus , (quoique Christ y eût mis fin, & que ce rétablissement anéantit aussi le mérite de la mort de Jésus Christ) en ce même temps donc, à savoir l'an 1300. commença à croître & à devenir forte cette verge de fer, à savoir Othoman, Prince des Turcs. Il avait été berger de son premier état & de lui descendent les Princes, Rois, Empereurs des Turcs, qui..., depuis ce temps-là & jusqu'à présent, affligent & tourmentent les Chrétiens, & achèvent de détruire ce que les Sarrasins avaient laissé: Ils ont dressé un royaume si puissant, qu'il n'y a pas de force au monde qui le puisse subjuguer (le contrôler, le dominer).

Le Turc a étendu son Empire de en long & large, & a fort endommagé, misérablement déchassé (chassé) & mis à mort les Grecs qui étaient Chrétiens, & sujets de l'Empire de Constantinople.

L'an 1328. Orchanes, fils d'Othoman, fut élu empereur des Turcs. Il suivit les traces de son père, & tourmenta grièvement (gravement) les Chrétiens.
Il assiégea la ville de Nicée, à laquelle l'Empereur de Constantinople voulant donner secours, l'armée des Chrétiens fut déconfite, la ville rendue,
& tous les Chrétiens qui étaient dedans cruellement traités.

L'an 1350. Amurath premier succéda à son père Orchanes, & fut le troisième prince des Turcs. Celui-ci passa la mer avec sa gendarmerie (troupe), prît Hadrianopoli, la Serbie & la Bulgarie. Et comme les Princes Chrétiens voulaient l'en chasser, ils furent défaits avec leur armée par le Turc.

L'an 1373. commença à régner le quatrième prince des Turcs, Bajazet premier, lequel fit des maux sans fin à la Chrétienté. Entre ses autres faits, il tint le siège devant Constantinople durant l'espace de huit ans.
L'empereur de Constantinople ayant demandé aide aux Princes Chrétiens. Charles sixième Roi de France. & Sigsmond, Roi de Hongrie, Jean Duc de Bourgogne, Robert Duc de Bavière, & beaucoup d'autres Princes & Seigneurs lui envoyèrent un secours de huitante mille hommes (80.000), lesquels furent tous déconfits par le Turc, le jour de Saint Michel, près de Nicopoli, l'an 1395.

L'an 1399. parvînt au gouvernement Mahomet, cinquième prince des Turcs; il gagna une grande bataille contre Sigsmond Roi d'Hongrie à Colombec l'an 1409. & fit beaucoup de maux aux Chrétiens.

Puis l'an 1416. Amurath second fut sixième Empereur des Turcs. Celui-ci fit la guerre à Ladislas Roi d'Hongrie & de Pologne. Dieu fit la grâce à Ladislas qu'il vainquit Amurath, & le contraignit à faire une paix, fort avantageuse pour les Chrétiens. Cette paix fut confirmée tant d'un côté que d'autre avec serment.

Les affaires des Chrétiens se portaient assez bien contre le Turc, pourvu que le Pape Eugène quatrième les eut laissés en état dans lequel elles étaient. Mais il envoya Julien Césarin son Légat en Hongrie, qui donna à entendre au Roi Ladislas qu'il n'était point tenu & obligé de garder le serment qu'il avait juré & la foi donnée au Turc: d'autant plus qu'il ne fallait faire aucune paix avec les infidèles & les hérétiques, & qu'on n'était pas tenu de leur tenir foi ni promesse aucune.

Il y en avait aussi plusieurs autres qui sollicitaient le Roi Ladislas qu'il poursuivit son aventure, & bon événement pour le bien & l'utilité de la Chrétienté, qu'il lui serait bien aisé de dompter le Turc déjà tout effrayé qui était aussi pour lors assailli de Carmaniens avec lesquels il était en guerre.
Tellement (tant et si bien) que ce jeune Prince, de bonne & de simple nature, se laissant persuader il rompit l'appointement (son engagement) contre toute honnêté & serment, & sortit derechef en bataille contre le Turc, se campant entre le Danube & la ville de Varne.

Amurath vint au-devant de lui avec quatre-vingt mille hommes, reprochant fort aux Chrétiens leur parjure & leur rupture de foi: puis il tua le bon jeune Prince qui avait été séduit, ainsi que plusieurs Seigneurs & une grande part de la noblesse: & comme Platine (4) témoigne dans la vie d'Eugène quatrième, trente mille Chrétiens demeurèrent sur le champ. Cette bataille fut donnée le dixième de Novembre l'an 1444.
Si quelqu'un veut avoir une plus ample instruction du dommage & de la perte que reçut alors la Chrétienté, qu'il lise Antoine Bonfinius (5) dans l'histoire de Hongrie, Dec. 3. liv. 6.


Mais Amurath ne se contenta pas de cela, car il s'en alla peu après tout droit en Grèce, où il déconfit le frère de l'Empereur de Constantinople avec toute son armée. Il brûla aussi & fourragea (ravagea) tout le pays qu'on appelle la Morée.
Les Chrétiens qui échappèrent la mort, furent emmenés prisonniers en misérable servitude. Voilà comme les Chrétiens furent gentiment secourus par ce sanglant & déloyal conseil du Pape Eugène.

Après ces grands inconvénients (événements fâcheux) & ces persécutions excessives, Dieu envoya par son juste jugement encore une grande misère & une calamité sur les pauvres Chrétiens, car en l'an 1450. régna Mahomet deuxième, septième Prince des Turcs, fils d'Amurath.
Celui-ci, à cause de ses conquêtes, fut surnommé le Grand, & premier Empereur des Turcs, parce qu'il arracha vaillamment, des mains des Chrétiens, l'ancien Empire qui avait été leur depuis le temps de Constantin , dans l'espace de 1121. ans, dans la puissance des Chrétiens, & le réduisit sous la puissance des Turcs. Car l'an 1453. il assiégea Constantinople, ville impériale & la principale de la Chrétienté.
L'ayant environnée de bien près, pendant cinquante jours, il lui donna l’assaut avec toutes ses forces, le vingt-neuvième jour de Mai. L'assaut dura depuis le matin jusque sur le tard: finalement la ville fut emportée dans cet assaut.
On ne saurait raconter les cruautés, vilenies, & méchancetés commises par ces cruels Turcs, sans aucune pitié & compassion, contre les pauvres Chrétiens.

L'Empereur Constantin (Constantin XI Paléologue), qui fut accablé parmi la foule des fuyants, en fut tiré, puis décapité, sa tête fichée au bout d'une pique, & ainsi portée par toute la ville, en spectacle & risée, voire au grand déshonneur des Chrétiens. L'on écrit qu'il y eut quarante mille Chrétiens tués, & cent cinquante milles misérablement emmenés & vendus.

Nauclère (6) en son histoire, Générat. 49. décrit au long la misère & calamité de cette persécution... Jean Aventin (7), historien, écrit que ce Mahomet le grand, outre les deux Empires de Trébizonde & de Constantinople, gagna sur les Chrétiens douze royaumes & 200. villes de marque.

L'an 1469. il vint en Styrie devant Grets, & les Chrétiens furent tellement épouvantés & perdus qu'ils se mirent à fuir depuis Salzbourg jusques à Munich en Bavière, et se hâtaient tellement que plusieurs enfants tombant des charrettes furent laissés en chemin. Ce qui peu après fut appelé la fuite de devant les Turcs.

L'an 1481. il eut pour successeur Bajazet second Empereur, et 8. Prince des Turcs, depuis Othoman. Celui-ci persécuta sans fin les Chrétiens. Il se jeta en la Valachie, puis en Hongrie, mit les Chrétiens en déroute près la rivière Morave, coupa le nez aux prisonniers.

Il fît la guerre aux Vénitiens & envoya son Bassa (Pacha) appelé Scender, au pays de Friul, où il gâta & saccagea tout, aussi emmena-t-il plusieurs Chrétiens avec lui, et en fit assommer & hacher en pièces plus de 4000. sur le bord de la rivière de Tiliavent. Ce Bajazet exerça une infinité d'autres cruautés contre les Chrétiens.

L'an 1512. commença à régner le neuvième Prince & troisième Empereur des Turcs, Selym, premier du nom; celui-ci extermina tous les Sarrasins & Mamelucs, & fit pendre ignominieusement leur dernier Sultan nommé Tomombey, le 13. jour d'Avril 1517.
Il gagna aussi la grande ville du Caire & tout le pays d'Égypte, Ainsi arrivèrent la puissance des Empereurs Turcs dans trois puissants empires, de Trébizonde, Constantinople & d'Égypte: & devenait, de jour en jour, ce bâton & ce glaive apprêtés contre les Chrétiens, plus fort & plus puissant.

L'an 1519. Solyman premier, fils de Selym, succéda à son père. Ce fut le dixième prince & le quatrième Empereur des Turcs. Il prît Belgrade, ville très forte & chef de toute la Hongrie, l'an 1521.
Il assiégea l'île de Rhodes, l'an 1523. & la contraignit de se rendre.
Il déconfit l'an 1526. Louis Roi d'Hongrie, avec toute son armée.
Il s'avança l'an 1529. jusques en Autriche, & assiégea Vienne ville capitale & comme il ne la pût prendre, il fit un dommage incomparable au pays, en brûlant, gâtant, tuant & emmenant un nombre infini de Chrétiens.

L'an 1537. il défît pour la seconde fois les Chrétiens en Hongrie & prît incontinent (sans tarder) après, à savoir, l'an 1541. Bude principale ville d'Hongrie & tout le royaume aussi.
Mais, puisque la mémoire de ces choses est fraîche, principalement
dans l'esprit de ceux qui se souviennent de ce qui est advenu depuis cinquante ans, je me suis contenté de cotter (d'indiquer) seulement le temps. Aussi n'a-t-on pas encore oublié les maux qu'il fit à la Chrétienté en Hongrie un peu devant sa mort, l'an 1566, quand il gagna Sigeth, tua & emmena tant de pauvres Chrétiens.

ON a essayé de savoir quel Prince était Selym, second fils de Solyman, le cinquième Empereur & onzième Prince des Turcs, de la race des Othomans.
Il commença à régner l'an 1570. Et tôt après il occupa le noble royaume de Chypre, tourmentant & massacrant un nombre infini de Chrétiens, sans compter ceux qu'il emmena dans une dure, âpre & perpétuelle servitude.

On ne peut rien espérer de mieux de ses successeurs. Je sais bien qu'il y en aura qui s'ébahiront (s'étonneront) du dénombrement des persécutions des Sarrasins & des Turcs, lesquelles ils ne mettent point au nombre des persécutions, mais estiment que se furent plutôt des guerres civiles & générales, fort différentes des anciennes persécutions sous les Empereurs contre l'Église Chrétienne, laquelle pour lors ne se mit en défense contre les Empereurs ses persécuteurs, mais volontairement et en toute patience se soumit aux bannissements & à la mort.

Notons que la doctrine & la Religion était beaucoup plus pure & plus simple dans l'Église Chrétienne de ce temps-là, comme il a été dit au commencement de ce livre, qu'elle n'est de notre temps en l'Église Romaine.
Et de vrai, il y a grande différence entre les hommes et la Religion du temps passé, & celle de nôtre temps, comme il a été dit: néanmoins, il n'y a rien qui empêche que les persécutions sous les Sarrasins & Turcs ne puissent être nommées persécutions des Chrétiens.
Mais ces persécutions des Turcs & des Sarrasins ont plus de convenance avec les captivités de l'ancien peuple de Dieu, qu'avec les premières persécutions de l'Église Chrétienne. Car il y avait entre le peuple d'Israël & de Juda beaucoup de gens de bien & fidèles, qui étaient tourmentés par les Assyriens & Babyloniens; mais il y en avait encore plus qui adhéraient à la religion de Baal & de Jéroboam, lesquels néanmoins voulaient avoir le nom d'être serviteurs du Dieu d'Israël, & ennemis de la superstition des Assyriens: tous ceux-ci étaient emmenés ensemble.

Ainsi en captivités, dans les tourments, les persécutions & les guerres des Sarrasins et Turcs, plusieurs de ceux qui ont souffert ces persécutions, ont été des gens de bien, bien affectionnés à la Religion Chrétienne, & vrais membres de Christ: mais aussi y en avait-il plusieurs, & plus qu'il ne serait de besoin, qui étaient plongés dans l'erreurs & les superstitions de l'Église Romaine, lesquels toutefois voulaient être appelés bons Chrétiens, & mourir en ennemis de la religion de Mahomet.

Tous ceux-ci ont enduré & ont été persécutés ensemble. C'est ainsi que ceux du peuple ancien, qui furent emmenés, & persécutés par les Assyriens & Babyloniens, sont nommés dans la sainte Écriture même, le peuple & les serviteurs de Dieu; ils sont aussi nommés Israël & Juda: ce n'est pas à dire pourtant que leurs erreurs, leurs péchés & leurs transgressions aient été excusés & approuvés.

Comme aussi dans ces guerres des Sarrasins & des Turcs contre la Chrétienté, j'appelle Chrétiens ceux qui portent le nom de Christ, à cause de quoi ils sont aussi persécutés par les Turcs: de ce qu'ils s'appellent Chrétiens, c'est à dire, pour la haine que les Turcs ont contre la religion Chrétienne: quoiqu'il y ait beaucoup à dire dans plusieurs touchant la pureté & la simplicité de la foi Chrétienne; cependant, les erreurs de l'Église Romaine ne sont pas excusées en sorte que ce soit (en raison de la persécution).

Or premièrement, le diable, qui prend un merveilleux plaisir à l'effusion de sang, a poussé les Sarrasins et les Turcs à une telle tyrannie, guerre & persécution; puis après la haine de la religion Chrétienne, il leur a donné le grand désir de dominer, d'assembler de grands biens & des richesses, pour vivre en voluptés, désirs, & pour avancer la fausse & méchante religion de Mahomet & induire les Turcs à commettre telles cruautés.

Voilà ce que j'ai eu à dire en bref touchant les persécutions des Sarrasins & des Turcs. Il serait bien à souhaiter que tous ceux qui veulent de fait & de nom être Chrétiens, reconnussent fermement que cette pesante tyrannie Turqueste est un vrai fléau dont Dieu s'est servi, pour voir si nous voulons nous amender & recevoir la doctrine Chrétienne purement, avec un plus grand zèle & si nous ne voulons pas vivre plus Chrétiennement que nous n'avons fait jusques à présent. Si cela ne se faisait, il faudra attendre encore de plus grandes calamités que par le passé.

Mais pour revenir, touchant ces persécutions des Sarrasins & des Turcs, à ce point duquel il a été fait mention du commencement, & depuis toujours aussi:
Qui est celui, tant pervers soit-il, qui osera dire que la Religion de Mahomet est la vraie, & celle des Chrétiens fausse, parce que les Turcs prospèrent dans leurs entreprises, oppriment les Chrétiens en méprisant & outrageant leur foi & leur Religion?

Qui niera que le pays & les Églises, lesquelles S. Paul Apôtre avait converties à la foi Chrétienne, n'aient toutes été détruites par cette vilaine & exécrable bête de Mahomet, & que sa puante & méchante abomination n'y ait été dressée partout?

Qui sera assez profane & téméraire, en voyant que Dieu tolère, par son juste jugement, telles choses des Turcs, alors qu'il aurait pu nous en garder, qu'il vienne débattre avec Dieu, pour vouloir savoir pourquoi il endure une telle effusion de sang, & qu'il arrive tant de misères, afflictions & détresses à tant de pauvres Chrétiens depuis si longtemps? Pourquoi il ne foudroie du ciel cette puissance Turqueste, faisant ouvrir la terre pour engloutir toute cette abomination?
Mais les causes pour lesquelles Dieu bon, juste, saint
& véritable, permet ceci, sont grandes & diverses.

Outre cela il a prédit par la bouche du Prophète Daniel, & Christ même aussi dans l'Évangile, que la dernière persécution qui précédera le jour du jugement sera si grande, qu'il n'y en aura jamais eu de telle.
Or le jour du jugement, la délivrance de tous les fidèles, leur glorification, le grand & excellent loyer qui leur est apprêté, n'est pas loin. Seigneur Jésus, aie pitié de ton Église affligée, console-la
& lui donne secours en ses dernières, épouvantables, & horribles persécutions & confusions.


Table des matières

1*) «Partie de la jambe du cheval située entre le boulet et la couronne et correspondant à la première phalange» — source: http://atilf.atilf.fr/  
1) Septième
2) Souabe
3) Historien italien, nommé par Charles VIII chroniqueur du roi, mort en 1529.
4) Historien né en 1421, près de Crémone; on a de lui: In vitassuinmorum pontificumopus.
5) Né près d'Ancône (1427-1502), fut appelé par Mathias Corvin en Hongrie, et écrivit pour lui Rerum Ungaricarum décades très.   
6) Chroniqueur allemand, né en Souabe, mort vers 1510. On lui doit une
Chronique du monde depuis la création jusqu'en 1500.

7) Son vrai nom était Jean Thurmayer; il naquit, vers 1470, dans la basse Bavière à Abensberg (Aventinum), d'où son nom. Il a écrit une Histoire de Bavière.
 

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