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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORTpour la vérité de l'ÉvangileLA
LONGUE ET TRÈS CRUELLE PERSÉCUTION SOUS MAHOMET, EXERCÉE PAR LES
SARRASINS ET TURCS CONTRE L'ÉGLISE DE JÉSUS CHRIST.
OR l'Église ne s'amenda nullement suite aux persécutions & châtiments de Dieu, mais au contraire elle empira. Car toutes sortes de sectes & hérésies, comme des Macédoniens, Nestoriens, Pélagiens, Eutychiens, & plusieurs autres (le récit desquelles serait ennuyeux) allaient s'augmentant de jour en jour, dont procédaient (entre les gens doctes principalement, & aussi entre les idiots (les illettrés) de grands débats, divisions, & révoltes partout l'Orient. En Occident aussi s'élevaient l'Évêque & l'Église de Rome, sur toutes les autres Églises de la Chrétienté, expressément contre la doctrine du saint Évangile, & contre les écrits de saint Grégoire même, qui fut Pape. Pour ces causes Dieu laissait l'Église tomber en plus grands désordres, & sentir plus grièves (pesamment les) persécutions. Car l'an de Christ 613. fut fort renommé en Arabie un très méchant hypocrite & homme cauteleux (rusé), appelé Mahomet, les autres l'appellent Muhammat. Celui-ci avait été marchand dès sa jeunesse, mais peu après il se vanta d'être prophète & envoyé de Dieu, auquel adhérèrent certains garnements (mauvais sujets) Juifs, & un Moine révolté & hérétique nommé Sergius, avec l'aide duquel il bâtit un nouveau livre & une nouvelle loi, laquelle il appela Alcoran, qui signifie assemblage de lois. Et par ainsi renonça manifestement à la S. Ecriture du vieil & nouveau Testament, par laquelle Dieu nous a donnée pour loi, & hors laquelle n'y a point de loi. Mais Mahomet fit & dressa à ses Sarrasins & Turcs, & à tous ceux qui le croiraient, une nouvelle loi, laquelle est un amas de mensonges & blasphèmes: tellement que c'est merveille de voir comment des gens de quelque esprit & entendement ont jamais pu prendre goût à un tel babil sans ordre & sans fondement. Mais en cela on voit un témoignage de l'ire (la colère) épouvantable de Dieu contre ceux qui ne se contentent pas de la doctrine de Jésus Christ & de l'Écriture sainte, lesquels ne voulant pas prêter foi à la vérité, sont (à bon droit) séduits, & croient à mensonge.
Ce
diabolique & faux prophète Mahomet donc composa une religion
toute contraire à celle de Christ. Il
confesse bien un seul Dieu Créateur du ciel & de la terre,
lequel il faut invoquer et adorer seulement, et nul autre Dieu, ni
idole, lesquelles les Sarrasins & Turcs haïssent extrêmement.
Il
confesse bien aussi que Christ est un grand Prophète, & qu'il
est né d'une sainte & chaste vierge, & qu'il est monté
aux
cieux.
Voilà
pourquoi aussi il ne parle pas bien de la rémission des péchés,
laquelle on acquiert tant seulement par la foi en Jésus Christ
crucifié.
Il
enseigne que les hommes peuvent accomplir la loi, & se sauver
par
les oeuvres.
Le
saint mariage est tout profané entre eux, car les hommes peuvent
prendre autant de femmes qu'ils veulent, lesquelles ils peuvent
rejeter, selon leur plaisir, faisant en cela grand tort aux femmes. Il faut entendre tout ce qu'ai dit jusques ici de Mahomet, de la superstition & religion des Turcs ainsi qu'ils l'observent aujourd'hui, sous le Turc.
Ce
que j'ai touché le plus brièvement qu'il m'a été possible, pour
ceux qui ne savent rien de la religion des Turcs, afin qu'ils en
eussent ici un petit sommaire.
CE
meurtrier, séducteur du monde, & faux prophète Mahomet, fit
croire à ses gens que les Sarrasins étaient les vrais enfants &
héritiers de Sara femme d'Abraham. Et qu'à eux appartenaient les
promesses faites à Abraham , & que sa semence posséderait
&
dominerait tout le monde.
Les
Sarrasins ont été un peuple rude & barbare en Arabie, lesquels
du commencement étaient nommés Agaréniens. Incontinent que ce garnement (mauvais sujet) & séditieux Mahomet parvînt au gouvernement, il commença à avancer sa religion avec les armes, la dressant en plusieurs pays, persécutant & anéantissant la religion Chrétienne, ce qui dura neuf ans, jusqu'à l'an de Christ 632. IL promettait, à tous ceux qui suivraient sa religion, grande félicité, honneur, domination, victoire, richesse, & après cette vie un paradis avec de grands plaisirs, ainsi qu'il a été dit ci-dessus. À cause de cela, il eut une grande suite, parce qu'en ce commencement tout lui venait à souhait, car le commun peuple se range volontiers du côté où il y a grande apparence, victoire & richesses; il a en horreur la croix, les afflictions & les souffrances. Par ce moyen, il fit commandement qu'on persécutât tous ceux qui diraient mal de son Alcoran (Coran), de quoi il s'ensuivit une grande révolte contre la foi Chrétienne, & persécution contre les Chrétiens. Voici donc quel est le commencement du royaume des Sarrasins.
Après
la mort de Mahomet, les Sarrasins nommèrent leurs princes Amyras,
titre qui vaut autant que celui
d'Empereur. Ils occupèrent la Perse, Babylone, la Syrie, & la ville de Jérusalem. Ainsi furent-ils victorieux en Asie & en Afrique; ils appelèrent leurs princes Soldans ou Sultans & Caliphes qui est à dire souverains seigneurs & Capitaines.
Ils
passèrent aussi en Italie, en Espagne & en
France,
où ils pillèrent, gâtèrent, brûlèrent, & emmenèrent tout
ce qu'ils purent. On ne saurait assez suffisamment raconter les
cruautés exercées contre l'Église de Christ, aussi
longtemps, & dans tant de pays, &
combien de sang fut
répandu. Car il n'y a pas longtemps que les Sarrasins furent jetés
hors d'Espagne, à savoir l'an 1487. par le Roy Ferdinand le grand. À ceci, on peut aussi rapporté la grande boucherie & l'effusion du sang, qu'on appelle la guerre sainte, dans laquelle les Chrétiens s'efforcèrent de recouvrer, des mains des Sarrasins & Mahométistes, la ville de Jérusalem & le saint sépulcre. Mais les pauvres Chrétiens ne firent autre chose, sinon de perdre le saint sépulcre, en allant faire leurs propres fosses (creuser leurs propres tombes) par cette guerre mal conduite. Ils attirèrent affliction, détresse, & grande persécution sur leur dos de pauvres Chrétiens qui étaient en Orient, & par ainsi furent consumer presque tous ceux qui étaient de reste. ... Je ferai ici un petit sommaire, pour avoir un plus grand éclaircissement de la grande, très longue & cruelle persécution des Sarrasins contre l'Église Chrétienne. L'an de Christ 1094. vint d'Orient un ermite Amyras des Sarrasins nommé Pierre d'Amiens, lequel se plaignant aux Princes, Seigneurs, & tout à chacun, des grandes afflictions, tyrannies & misères qu'enduraient les Chrétiens en Orient, par les Sarrasins & Mahométistes, il disait qu'il fallait que les Chrétiens d'Occident y pourvussent, & délivrassent les Chrétiens d'Orient, avec quelque grande armée, & missent sous le joug les Sarrasins. Le Pape Urbain 2. disciple de Grégoire 7. assembla un grand Concile à Clermont, ordonnant que les Chrétiens iraient, avec une grande force, assaillir les Sarrasins, gagner (reprendre) Jérusalem et le Saint Sépulcre et délivrer de la tyrannie les Chrétiens. Ce concile fut fort dommageable à toute la Chrétienté & eut une telle fin comme celle de laquelle il est fait mention au premier livre des Rois, au dernier chap. Car il n'y eut point de bonheur, & non seulement les Chrétiens ne furent pas soulagés de leur tyrannie, mais ils furent tués en grand nombre, foulés, persécutés, & oppressés beaucoup plus excessivement qu'ils n'étaient auparavant.
Et
combien il y eut beaucoup d'excellents personnages, qui, poussés par
la bonne volonté, suivirent cette guerre, quoiqu'ils n'avaient
point de fondement, ni de commandement dans
l'Écriture
sainte, pour qu'ils arrachent de la puissance des
Sarrasins
Jérusalem & le Saint sépulcre, & pour
commencer une
si grande & dangereuse guerre.
Incontinent
(sans
tarder) après le
Concile, Pierre l'Ermite commença la levée & la guerre,
&
mena beaucoup de milliers d'hommes par la Hongrie
en Asie,
lesquels le suivirent d'un grand courage, cependant il
ne fit
rien qui eut durée.
L'an
de grâce 1090. Godefroi & Baudoin de Bouillon frères, princes
fort renommés, & Ducs de Lorraine, commencèrent la troisième
guerre en Asie. Ils assemblèrent cent mille chevaux, & trois
cent mille piétons, & gagnèrent beaucoup de villes renommées
en Asie, avec la ville de Jérusalem. Le bruit étant venu d'Orient que Jérusalem avait été gagnée, & qu'on y avait dressée un Royaume, plusieurs désiraient fort y aller. Car ils avaient espérance de devenir riches & grands seigneurs. À cause de quoi Guillaume Duc de Poitiers se croisa l'an onze cent un, & y alla avec cent mille hommes. Ce fut le quatrième voyage, lequel ne fut guère heureux aussi: il n'en retourna au pays guère plus de mille. Or quoique Jérusalem fut conquise par les Chrétiens, les Sarrasins ne se lassèrent pourtant pas de continuer la guerre avec le secours qu'ils avaient. Ils pressaient les Chrétiens de si près qu'ils furent contraints de demander secours, tellement que saint Bernard, Abbé de Clervaux, se méfia de cette guerre, & voyagea d'un côté & d'autre, exhortant les Princes & Seigneurs qu'ils les secourussent. Il fit tant que l'Empereur Conrad troisième & Louis troisième (1) Roi de France, Frédéric Duc de Suaube (2), & Wolt Duc de Bavière, avec d'autres Princes & Seigneurs, entreprirent la cinquième guerre, & prennent le chemin de Jérusalem avec grandes forces. Mais ils ne firent rien, & y eut telle mortalité dans ces pays étranges, qu'à grand-peine les Princes purent se sauver. Ce grand appareil & voyage fut en l'an du Seigneur 1147. Peu après Jérusalem fut derechef (comme il en a été fait mention ci-dessus) gagnée par les Sarrasins qui firent subir une très grande perte avec grande effusion de sang des Chrétiens... Incontinent (Aussitôt) que cette mauvaise nouvelle fut apportée en Occident, l'Empereur Frédéric Barberousse, Philippe Roi de France, & Richard Roi d'Angleterre, avec plusieurs autres Princes & Seigneurs, se croisèrent derechef & entreprirent le sixième voyage de guerre en Orient, l'an de Christ 1189. avec grande puissance, mais ils ne firent rien sinon que l'excellent Prince l'Empereur Frédéric se noya et que tout le camp fut défait par maladie; ceux qui réchappèrent (desquels le nombre n'était pas grand) s'en retournèrent en fort mauvais équipage. Après tout cela se croisèrent derechef (qui fut pour la 7. fois) les deux puissants Rois de France & d'Angleterre, l'an de Christ 1191. Ils allèrent en Asie, & y perdirent un grand peuple, & furent contraints de laisser Jérusalem aux Sarrasins. L'an de Christ 1198. le Duc Henri, fils de Frédéric Barberousse, passa en Syrie pour faire la huitième guerre: mais il s'en retourna bientôt sans rien faire, & avec grande perte. Après tout ceci, le Pape Innocent troisième, homme téméraire, fin & cauteleux (hypocrite) jusqu'au bout, voulut se mêler de cette guerre, l'an 1215. & convoqua un Concile à Rome, des plus grands qui ait jamais été, où il tâcha d'avancer cette affaire, mais il mourut sur ces entrefaites, & lui succéda Honorius troisième, lequel n'était pas moins ardent que son prédécesseur, en outre il forgea en sa cervelle, comme un faux prophète, que saint Pierre lui avait révélé que Jérusalem serait recouvrée, & regagnée durant son gouvernement.
Sur
cela commença la neuvième guerre & voyage devant Acon, qui
s'appelait autrefois Ptolémaïs. L'an du Seigneur 1228. l'Empereur Frédéric, second de ce nom, prince fort sage, excellent & victorieux, entreprit la dixième guerre, & passa en Syrie, défît beaucoup des ennemis, prît plusieurs villes renommées, & Jérusalem aussi. Mais pendant que ce bon Empereur était empêché (occupé) à faire la guerre contre les infidèles, le Pape Grégoire 9. s'en va pour se saisir de l'Apouille que Frédéric avait eue par succession en héritage: à cause de quoi il fut contraint de faire un accord désavantageux avec le Soldan (le Prince), puis de se retirer. L'Abbé d'Ursperg taxe (note) le fait de ce Pape, en sa Chronique, & à bon droit. L'an de Christ, 1248. Louis, Roi de France, accompagné de ses deux frères, Robert & Charles, fit le onzième voyage en Syrie avec une puissante armée & bien équipée. Mais ils n'eurent pas meilleure encontre que les autres par le passé. Car Robert fut tué, Charles pris par le Soldan (le Prince), l'armée défaite, à grand-peine put sauver le Roi Louis avec peu de gens.
L'an
du Seigneur 1270. le Roi Louis s'apprêta derechef pour passer en
Afrique contre les Sarrasins. C'est le douzième voyage. Et
quoiqu'il
n'y eut aucun heurt, bonne-en-contre ni fermeté en cette malheureuse
guerre (laquelle avait été commencée par l'avis & à
l'instigation d'un ermite, &
par
l'ordonnance du Concile de Clermont, aussi par la sollicitation
&
instance continuelle des Papes turbulents, qui cependant avançaient
de plus dans
plus leurs superstitions & désarçonnaient mêmes l'Empereur,
les Rois & les Princes) & que
chacun aperçoive (reconnaisse)
ouvertement que Dieu n'y voulait donner aucune bonne issue, quoique
Jérusalem fut alors perdue, & que les pauvres Chrétiens en
Occident fussent rudement traités, & que ces guerres avaient
plutôt aggravé leur persécution qu'autrement. Matthieu Paulmier écrit dans sa chronique: «Après que plusieurs milliers de Chrétiens furent massacrés par les Sarrasins en Syrie, ceux qui étaient de reste sortir en grande frayeur hors du pays.»
Ceci
est advenu (arrivé)
l'an
1291. en laquelle année Paul Émile (3) & les Chroniques de
France mettent la fin de cette guerre sacrée ou plutôt exécrable,
laquelle dura environ 196. ans.
Quant
à ce Pierre l'Ermite, dont quelques-uns font grand
cas, les
autres doutent, & à bon droit, de savoir si
c'est un
homme, ou un malin esprit; plusieurs disent que c'était un
hypocrite.
La
persécution des Turcs envahit la Chrétienté quand & (?) celle
des Sarrasins. Il n'y a point de doute que Dieu n'ait suscité les Turcs, peuples cruels & superstitieux, pour fouetter les Chrétiens. Car comme du temps de Salomon, le nombre de ses ennemis dans son royaume commença à s'augmenter quand il abandonna la Loi du Seigneur & fit bâtir les temples des idoles pour ses femmes: ainsi quand le Pape Boniface 8. commença à se bander (se raidir) contre la religion Chrétienne en prenant de la loi judaïque l'an du jubilé, qu'il remit sus , (quoique Christ y eût mis fin, & que ce rétablissement anéantit aussi le mérite de la mort de Jésus Christ) en ce même temps donc, à savoir l'an 1300. commença à croître & à devenir forte cette verge de fer, à savoir Othoman, Prince des Turcs. Il avait été berger de son premier état & de lui descendent les Princes, Rois, Empereurs des Turcs, qui..., depuis ce temps-là & jusqu'à présent, affligent & tourmentent les Chrétiens, & achèvent de détruire ce que les Sarrasins avaient laissé: Ils ont dressé un royaume si puissant, qu'il n'y a pas de force au monde qui le puisse subjuguer (le contrôler, le dominer). Le Turc a étendu son Empire de en long & large, & a fort endommagé, misérablement déchassé (chassé) & mis à mort les Grecs qui étaient Chrétiens, & sujets de l'Empire de Constantinople. L'an
1328. Orchanes, fils d'Othoman, fut élu empereur des Turcs. Il
suivit les traces de son père, &
tourmenta
grièvement (gravement)
les Chrétiens. L'an 1350. Amurath premier succéda à son père Orchanes, & fut le troisième prince des Turcs. Celui-ci passa la mer avec sa gendarmerie (troupe), prît Hadrianopoli, la Serbie & la Bulgarie. Et comme les Princes Chrétiens voulaient l'en chasser, ils furent défaits avec leur armée par le Turc.
L'an
1373. commença à régner le quatrième prince des Turcs, Bajazet
premier, lequel fit des maux sans fin à la Chrétienté. Entre ses
autres faits, il tint le siège devant Constantinople durant
l'espace de huit ans. L'an 1399. parvînt au gouvernement Mahomet, cinquième prince des Turcs; il gagna une grande bataille contre Sigsmond Roi d'Hongrie à Colombec l'an 1409. & fit beaucoup de maux aux Chrétiens. Puis l'an 1416. Amurath second fut sixième Empereur des Turcs. Celui-ci fit la guerre à Ladislas Roi d'Hongrie & de Pologne. Dieu fit la grâce à Ladislas qu'il vainquit Amurath, & le contraignit à faire une paix, fort avantageuse pour les Chrétiens. Cette paix fut confirmée tant d'un côté que d'autre avec serment. Les affaires des Chrétiens se portaient assez bien contre le Turc, pourvu que le Pape Eugène quatrième les eut laissés en état dans lequel elles étaient. Mais il envoya Julien Césarin son Légat en Hongrie, qui donna à entendre au Roi Ladislas qu'il n'était point tenu & obligé de garder le serment qu'il avait juré & la foi donnée au Turc: d'autant plus qu'il ne fallait faire aucune paix avec les infidèles & les hérétiques, & qu'on n'était pas tenu de leur tenir foi ni promesse aucune.
Il
y en avait aussi plusieurs autres qui sollicitaient
le Roi
Ladislas qu'il poursuivit son aventure, & bon événement pour le
bien & l'utilité de la Chrétienté, qu'il lui serait bien aisé
de dompter le Turc déjà tout effrayé qui était aussi pour lors
assailli de Carmaniens avec lesquels il était en
guerre. Amurath
vint au-devant de
lui
avec quatre-vingt mille hommes, reprochant fort aux Chrétiens leur
parjure & leur rupture de foi: puis il
tua le bon jeune Prince qui avait été séduit, ainsi
que plusieurs
Seigneurs & une grande part de la noblesse: &
comme
Platine (4) témoigne dans la vie d'Eugène quatrième, trente mille
Chrétiens demeurèrent sur le champ. Cette bataille fut donnée le
dixième de Novembre l'an 1444.
Mais
Amurath ne se contenta pas de cela, car il s'en alla peu
après
tout droit en Grèce, où il déconfit le frère de l'Empereur de
Constantinople avec toute son armée. Il brûla aussi & fourragea
(ravagea)
tout le pays
qu'on appelle la Morée. Après
ces grands inconvénients (événements
fâcheux) & ces persécutions excessives,
Dieu envoya par son juste jugement encore une grande misère &
une calamité sur les pauvres Chrétiens, car en
l'an
1450. régna Mahomet deuxième, septième Prince des Turcs, fils
d'Amurath. L'Empereur Constantin (Constantin XI Paléologue), qui fut accablé parmi la foule des fuyants, en fut tiré, puis décapité, sa tête fichée au bout d'une pique, & ainsi portée par toute la ville, en spectacle & risée, voire au grand déshonneur des Chrétiens. L'on écrit qu'il y eut quarante mille Chrétiens tués, & cent cinquante milles misérablement emmenés & vendus. Nauclère (6) en son histoire, Générat. 49. décrit au long la misère & calamité de cette persécution... Jean Aventin (7), historien, écrit que ce Mahomet le grand, outre les deux Empires de Trébizonde & de Constantinople, gagna sur les Chrétiens douze royaumes & 200. villes de marque. L'an 1469. il vint en Styrie devant Grets, & les Chrétiens furent tellement épouvantés & perdus qu'ils se mirent à fuir depuis Salzbourg jusques à Munich en Bavière, et se hâtaient tellement que plusieurs enfants tombant des charrettes furent laissés en chemin. Ce qui peu après fut appelé la fuite de devant les Turcs. L'an 1481. il eut pour successeur Bajazet second Empereur, et 8. Prince des Turcs, depuis Othoman. Celui-ci persécuta sans fin les Chrétiens. Il se jeta en la Valachie, puis en Hongrie, mit les Chrétiens en déroute près la rivière Morave, coupa le nez aux prisonniers. Il fît la guerre aux Vénitiens & envoya son Bassa (Pacha) appelé Scender, au pays de Friul, où il gâta & saccagea tout, aussi emmena-t-il plusieurs Chrétiens avec lui, et en fit assommer & hacher en pièces plus de 4000. sur le bord de la rivière de Tiliavent. Ce Bajazet exerça une infinité d'autres cruautés contre les Chrétiens.
L'an
1512. commença à régner le neuvième Prince & troisième
Empereur des Turcs, Selym, premier du nom; celui-ci extermina tous
les Sarrasins & Mamelucs, & fit pendre ignominieusement
leur
dernier Sultan nommé Tomombey, le 13. jour d'Avril 1517.
L'an
1519. Solyman premier, fils de Selym, succéda à son père. Ce fut
le dixième prince & le quatrième Empereur
des Turcs. Il
prît Belgrade, ville très forte & chef de toute la Hongrie,
l'an 1521. L'an
1537. il défît pour la seconde fois les Chrétiens en Hongrie &
prît incontinent (sans
tarder)
après, à savoir, l'an 1541. Bude principale ville d'Hongrie &
tout le royaume aussi.
ON
a essayé de savoir quel Prince était Selym, second
fils de
Solyman, le cinquième Empereur & onzième Prince des Turcs, de
la race des Othomans. On ne peut rien espérer de mieux de ses successeurs. Je sais bien qu'il y en aura qui s'ébahiront (s'étonneront) du dénombrement des persécutions des Sarrasins & des Turcs, lesquelles ils ne mettent point au nombre des persécutions, mais estiment que se furent plutôt des guerres civiles & générales, fort différentes des anciennes persécutions sous les Empereurs contre l'Église Chrétienne, laquelle pour lors ne se mit en défense contre les Empereurs ses persécuteurs, mais volontairement et en toute patience se soumit aux bannissements & à la mort. Notons
que la doctrine & la Religion était beaucoup plus pure &
plus simple
dans
l'Église Chrétienne de ce temps-là, comme il a été dit au
commencement de ce livre, qu'elle n'est de notre temps en l'Église
Romaine. Ainsi en captivités, dans les tourments, les persécutions & les guerres des Sarrasins et Turcs, plusieurs de ceux qui ont souffert ces persécutions, ont été des gens de bien, bien affectionnés à la Religion Chrétienne, & vrais membres de Christ: mais aussi y en avait-il plusieurs, & plus qu'il ne serait de besoin, qui étaient plongés dans l'erreurs & les superstitions de l'Église Romaine, lesquels toutefois voulaient être appelés bons Chrétiens, & mourir en ennemis de la religion de Mahomet. Tous ceux-ci ont enduré & ont été persécutés ensemble. C'est ainsi que ceux du peuple ancien, qui furent emmenés, & persécutés par les Assyriens & Babyloniens, sont nommés dans la sainte Écriture même, le peuple & les serviteurs de Dieu; ils sont aussi nommés Israël & Juda: ce n'est pas à dire pourtant que leurs erreurs, leurs péchés & leurs transgressions aient été excusés & approuvés. Comme aussi dans ces guerres des Sarrasins & des Turcs contre la Chrétienté, j'appelle Chrétiens ceux qui portent le nom de Christ, à cause de quoi ils sont aussi persécutés par les Turcs: de ce qu'ils s'appellent Chrétiens, c'est à dire, pour la haine que les Turcs ont contre la religion Chrétienne: quoiqu'il y ait beaucoup à dire dans plusieurs touchant la pureté & la simplicité de la foi Chrétienne; cependant, les erreurs de l'Église Romaine ne sont pas excusées en sorte que ce soit (en raison de la persécution). Or premièrement, le diable, qui prend un merveilleux plaisir à l'effusion de sang, a poussé les Sarrasins et les Turcs à une telle tyrannie, guerre & persécution; puis après la haine de la religion Chrétienne, il leur a donné le grand désir de dominer, d'assembler de grands biens & des richesses, pour vivre en voluptés, désirs, & pour avancer la fausse & méchante religion de Mahomet & induire les Turcs à commettre telles cruautés. Voilà ce que j'ai eu à dire en bref touchant les persécutions des Sarrasins & des Turcs. Il serait bien à souhaiter que tous ceux qui veulent de fait & de nom être Chrétiens, reconnussent fermement que cette pesante tyrannie Turqueste est un vrai fléau dont Dieu s'est servi, pour voir si nous voulons nous amender & recevoir la doctrine Chrétienne purement, avec un plus grand zèle & si nous ne voulons pas vivre plus Chrétiennement que nous n'avons fait jusques à présent. Si cela ne se faisait, il faudra attendre encore de plus grandes calamités que par le passé.
Mais
pour revenir, touchant ces persécutions des Sarrasins & des
Turcs, à ce point duquel il a été fait mention du commencement,
&
depuis toujours aussi: Qui niera que le pays & les Églises, lesquelles S. Paul Apôtre avait converties à la foi Chrétienne, n'aient toutes été détruites par cette vilaine & exécrable bête de Mahomet, & que sa puante & méchante abomination n'y ait été dressée partout? Qui
sera assez
profane &
téméraire,
en
voyant que Dieu tolère, par son juste jugement, telles choses des
Turcs, alors qu'il
aurait pu nous en garder,
qu'il
vienne débattre avec Dieu, pour vouloir savoir pourquoi il endure
une telle effusion de sang, & qu'il arrive
tant de misères, afflictions & détresses à tant de pauvres
Chrétiens depuis
si longtemps? Pourquoi il ne foudroie du ciel cette puissance
Turqueste, faisant ouvrir la terre pour engloutir toute cette
abomination? Outre
cela il a prédit par la bouche du Prophète Daniel, & Christ
même aussi dans
l'Évangile, que la dernière persécution qui précédera le jour du
jugement sera si grande, qu'il n'y en aura jamais eu de telle. |
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