Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORT

pour la vérité de l'Évangile



LA  DERNIÈRE PERSÉCUTION, ET FOMENTÉE ET CONTINUÉE PAR LES PAPES CONTRE L'ÉGLISE CHRÉTIENNE,
 
DANS L'ESPACE DE QUELQUES CENTAINES D'ANNÉES. (suite)

GRÉGOIRE IX. eut pour son successeur Innocent quatrième, lequel tint un Concile à Lyon contre l'Empereur Frédéric, où il remit sur l'enclume cette pointe de foudre d'excommunication, grossièrement forgée au Concile de Latran, & l'aiguisa tellement qu'il lui fit trois pointes, ayant suscité les Français, Espagnols & Anglais contre l'Empereur.
Quant aux Allemands, il y avait longtemps qu'ils haïssaient leur Empereur par les artifices de ce Pape. Le formulaire de cette excommunication est au sixième des Décrétales,
De sententia & re judicata.
Et afin que le collège des Cardinaux (fort autorité & élevé par Nicolas second) fût reconnu, part tout l'ordre Ecclésiastique, par certaines
de
marques, Innocent ordonna qu'ils porteraient des chapeaux rouges & seraient montés sur des haquenées (juments) blanches quand ils iraient d'un lieu à un autre.
Parce qu
'aussi que le service de la vierge Marie était (apportait) de grands profits & de nombreux revenus, il institua une fête de la nativité pour elle, au mois de Septembre.

QUELQUE peu de temps après, Grégoire X. tint un autre Concile à Lyon, & pour hausser (élever) davantage le siège de Rome, il appela Michel Paléologue Empereur de Constantinople, qui se montra assez prompt à obéir, non pour amitié ou révérence qu'il portât au Pape, mais sous espérance d'obtenir le secours qui lui était nécessaire pour retenir l'Empire, dont il s'était emparé après avoir meurtri malheureusement Jean, fils de Théodore Lascaris, légitime Empereur, lequel il avait en charge.

En ce Concile, il fut disputé de cette question de savoir si le S. Esprit procède du Fils.
Le Pape voulait par ce moyen apaiser le différend entre les Églises Grecques & Latines sur ce point & attirer les Grecques sous le joug du siège Romain. Mais les Évêques qui étaient en Grèce rejetèrent ce qui fut arrêté en ce Concile avec telle véhémence, qu'ils excommunièrent de leurs Églises les députés qui avaient consenti aux Latins, & après leur mort ils ne voulurent pas permettre qu'ils fussent enterrés.

On traita principalement dans ce Concile des affaires de la guerre sainte, & le Pape faisant bien de l'empêcher, sous couleur de vouloir poursuivre cette guerre, il exigea des Ecclésiastiques les dîmes de tous leurs revenus pour cinq ans, tira d'entre les mains de l'Empereur Rodolphe l'Exarchat de Ravenne, qui est le pays de la Romagne, & presque tout ce que les Empereurs possédaient de reste en Italie.
Quoique cette libéralité de Rodolphe apaisa quelque peu les Papes..., toutefois les guerres ne furent pas du tout assoupies; car sitôt que Henri de Luxembourg & Louis de Bavière, Empereurs, voulurent mettre le pied en Italie, les Papes vomirent leur rage dessus eux aussi impétueusement que sur leurs devanciers.
Encore ne se contentèrent-ils pas de l'Italie, mais ils cherchèrent les occasions d'entraver & assujettir la France, pour rompre aisément après l'autorité & la puissance des Électeurs de l'Empire.

BONIFACE huitième essaya de subjuguer la France, commandant une levée de deniers pour la guerre sainte.
Le Roi Philippe refusa cette levée; le pape fut tellement irrité qu'il priva Philippe du royaume et l'adjugea au siège Romain: puis il se prît à tonner & foudroyer, défendant aux Français de rendre obéissance à un excommunié: item, il incita Albert, Duc d'Autriche, nouvellement élu Empereur, de courir sus à Philippe, afin que les Français et les Allemands s'entre-mangeassent par une nouvelle guerre. Il espérait ainsi qu'après avoir détourné les sujets de l'amour de leur Roi, & semé des divisions entre eux, il ferait en France ce que ses prédécesseurs avaient fait en Allemagne.

Mais le Roi, ayant prévenu & confermé (confirmé) les Français dans leur devoir envers lui, détourna & renversa ces machinations & les embûches de Boniface, lequel il fit prisonnier par un Italien nommé Sarra Colonne, & par Nogaret de Saint Félix, gentilhomme Français, qui le firent prisonnier dans la ville d'Anagnie, & le firent étrangler dans la prison pour un exemple nouveau, mais de très juste vengeance contre un Pape. Ce fut le remède qui éteignit l'ardente convoitise des Papes, tellement que depuis ils n'entrèrent pas en appétit de vouloir manger la France.

L'épitaphe de ce Boniface fut qu'il était parvenu au Papat (siège pontifical) comme un renard, avait régné comme un loup, & était mort comme un chien; car il avait frauduleusement supplanté Célestin cinquième, pour se mettre à sa place, où il avait fait toutes les méchancetés & cruautés qu'on saurait penser. Ce fut lui qui ramassa le sixième des Décrétales, & le fit ratifier au Concile de Lyon.
Son prédécesseur, Honoré quatrième, ne se contenta pas des décimes que Grégoire dixième avait imposées, mais demanda la quatrième partie de tous les revenus annuels.

CLÉMENT cinquième, successeur de Boniface, se peignit soi-même en ses Clémentines (Décrétales du pape Clément V), combien qu'aucuns écrivirent, qu'il se rétracta & les brûla.
Déjà, avant lui, on n'entendait retentir
dans les temples autres choses que messes à prix d'argent, avec des cérémonies profanes contre l'institution de la Cène de nôtre Seigneur, en les appliquant aux vivants & aux morts; l'adoration du pain était en vogue partout, tellement que chacun se venait rendre là, & se prosternait devant le pain élevé par le prêtre après la consécration, ferré & enfermé, puis appelé hostie à cause de leur nouveau sacrifice, devant la prison (le tabernacle) duquel aussi était entretenue une lampe continuellement ardente, comme à un dieu spécial, à la façon pratiquée jadis entre les païens au temple de Delphes.

Or, afin qu'il n'y eût rien à redire au service de ce dieu, outre les processions, solennités, pompes & fêtes ordonnées par Urbain quatrième, à la persuasion de Thomas d'Aquin, l'an mil deux cent soixante-quatre, Clément ratifia & conferma (confirma) le tout par l'autorité du Concile de Vienne.

Auparavant, Innocent troisième avait ordonné quelque chose de cela au Concile de Lyon. Après que les Papes eurent, par une rêverie superstitieuse, introduit cette idolâtrie, les peuples de la Chrétienté reçurent dévotement ce dieu de pâte, & amplifièrent tellement la dignité de son service, qu'il n'y avait honneur que pour lui entre eux: aussi était-il enclos dans des magnifiques ciboires dans leurs temples, & superbement élevé par dessus toutes les autres idoles.

CE Clément quitta Rome, & transporta le siège en Avignon, où il demeura l'espace de septante-cinq ans, dont vinrent les différends de l'élection des Papes. Car quelquefois, dans un même temps, il y avait deux ou trois Papes, l'un élu en un endroit, l'autre en un autre, et là-dessus c'était à déployer les moyens de fraude & de violence pour demeurer le maître, avec une ambition enragée & des cruautés les plus surprenantes du monde.

Bref, ils troublèrent tellement la Chrétienté, que non seulement l'Italie, agitée de ces tempêtes comme d'un continuel tremblement de terre, & ébranlée en ses propres entrailles, chancela, & se vit sur le point d'être accablée du tout; mais aussi les Empereurs & Rois Chrétiens furent tellement occupés à apaiser les débats de ces furieux, que les forces d'Occident furent épuisées & les Turcs commencèrent à avoir le dessus.

Le Concile de Pise démit deux Papes, & en créa un tiers. Celui de Constance, où Jean Hus & Hicrosme de Prague furent brûlés, & l'usage de la coupe en la Cène du Seigneur ôté à ceux qu'ils appellent laïcs & séculiers, dégrada trois Papes & en élut un quatrième.

Le Concile de Bâle ayant déclaré que le Pape était au-dessous du Concile, énerva la tyrannie Papale: ce qu'apercevant Eugène, il assigna le Concile à Ferrare, puis il le transporta de là à Florence, sans se soucier de ceux qui s'étaient assemblés à Bâle.

Dans ce Concile de Florence, Eugène fît tous ses efforts pour persuader les Grecs entre autres fables, celle du Purgatoire, & qu'ils reconnussent le Pontife Romain être l'Évêque universel.

L'Empereur Jean Paléologue, le Patriarche de Constantinople, quelques Évêques Grecs, Bessarion entre autres, s'accordèrent à ces articles: toutefois, ils rejetèrent tout à plat la transsubstantiation, laquelle on voulait alors faire approuver. Mais étant de retour en Grèce, Marc, Évêque d'Éphèse, & plusieurs autres, s'opposèrent à ce qui avait été accordé: & le tout fut tellement débattu, qu'ils furent contraints de se rétracter de ce qu'ils avaient approuvé, & le déclarer nul. Car en ce temps-là, & auparavant aussi, la doctrine des Églises Grecques était plus solide que celle des Latines.

Quoique l'Église Grecque ait été souillée par beaucoup d'erreurs, & soit tombée dans la triste servitude & horrible barbarie des Turcs… elle a été moins impure que la Romaine.
Sa servitude advint aussitôt après le retour de l'Empereur, Mahomet ayant emporté d'assaut la ville de Constantinople.
La plupart des erreurs de l'Église Grecque sont venues de l'Évêque de Rome, de qui elle les a tirées par le moyen de quelques moines, & à cause du voisinage.

Finalement, on en vint là que le Pape fut proclamé seigneur des Royaumes du monde, & il fut dit qu'il fallait croire à salut, que tous hommes doivent être sujets de l'Évêque de Rome.
Si quelqu'un niait cela, il était déclaré hérétique, comme fut Pierre des Vignes, du temps de l'Empereur Frédéric, Marsile de Padoue, Guillaume Occam
& autres sous l'empire de Louis de Bavière.

Puis après on disputa de l'autorité du Pape et du Concile, & savoir si le Pape devait être par dessus les Conciles: ce qu'aucuns (tous) soutenaient, alléguant que le Pape n'était responsable (ne devait rendre compte) à personne, parce qu'à cause de son siège & de sa dignité, il ne pouvait errer.
Tout cela est contenu aux Décrétales, en épîtres de Grégoire, au sixième de Boniface , en Clémentines & en Extravagantes
(Décrétale conservée à part, en dehors du corps du droit canonique).

Le Concile de Bâle régla la dernière question, et assujettit le Pape à la censure du Concile: ce qui fut ratifié par Nicolas cinquième, mais ses successeurs abolirent ce décret.

Ce même Concile ayant élu, en concurrence à Eugène , Amé Duc de Savoie, qui se fit appeler Félix cinquième, provoqua un schisme que Frédéric troisième apaisa finalement.

POUR conclure ce discours, la Chrétienté en vint là, qu'après la mort de Raoul & Adolphe, Rois des Romains, le Pape se vanta d'être Empereur, du temps d'Albert premier, l'an 1300. Car alors Boniface huitième remit sus l'an de jubilé (lequel néanmoins avait été abrogé par les Apôtres) promettant plénière indulgence & rémission des péchés à ceux qui allaient en pèlerinage à Rome.
En cette année du jubilé, Boniface se montra un jour, à toute la multitude du peuple, avec ses ornements pontificaux, & leur donna la bénédiction.
Le jour suivant, il se présenta en habit & accoutrement d'Empereur, voulant dire que la dignité Impériale & Papale,
& la toute-puissance civile & Ecclésiastique lui appartenait. De quoi Albert Krantz fait mention en son histoire de Saxe, livre 8. chap. 36.

Ce Pape aussi publia les Décrétales qui portent encore son nom, où il attribue encore plus impudemment que jamais, toute puissance aux Papes.

Sitôt après Boniface, Jean vingt-deuxième déclara & fit sentir à l'Empereur Louis quatrième, avec un extrême orgueil, cette puissance ou tyrannie. Car il l'excommunia, & lui fit mille outrages, lui jetant une grosse guerre sur les bras, durant laquelle fut répandue une mer de sang en Allemagne. Jean Aventin décrit amplement cette histoire, dans les Annales de Bavière, au septième livre.
Mais (dira quelqu'un) qu'ont de commun ces histoires des Papes & Empereurs & les accroissements de la puissance Papale, avec les persécutions de l'Église, desquelles nous avons entrepris
d'écrire?
Elles y conviennent
(elles s'y rapportent), & on ne peut-on parler de l'une sans faire mention de l'autre. Car ce sont les Papes qui ont suscité en ces derniers temps la plus grave persécution dans la Chrétienté, & que leurs prédécesseurs, à savoir les premiers Évêques de Rome, n'ont persécuté personne, mais plutôt ont enduré la persécution & le martyre. Ceux qui les suivirent ont été des pasteurs & des docteurs fidèles, qui se sont soumis & ont été obéissants aux Empereurs & au Magistrat, ils n'ont eu aucun domaine ni sujets, & n'ont pas été Princes; il faut donc que chacun entende par quel moyen, comment, pourquoi, & quand l'état des Papes s'est si vilainement changé, tellement (au point) que les derniers Papes ne ressemblent en rien aux premiers, s'étant ainsi
faits maîtres des Empereurs & des Rois, &devenus persécuteurs de l'Église.

Pourquoi ne tiendra-on pas pour des persécutions de l'Église tant de diverses & de cruelles guerres par lesquelles a été répandu tant de sang humain, & dont les Papes ainsi élus & puissants ont été cause?
Car tout ainsi qu'ils ont poussé les pauvres Chrétiens en guerres bien longues, dans des pays étrangers contre les Sarrasins & les Turcs, comme il a été dit ci devant, aussi n'ont-ils cessé d'émouvoir (de susciter) dans la Chrétienté toute sorte de persécution & de discorde.

Pourquoi ne dira-on pas que l'Église a été persécutée, quand les Empereurs Chrétiens & leurs obéissants sujets ont ainsi été maniés & plongés par les Papes dans leur propre sang, & ont été si rudement fouettés par ces fléaux de guerres, & par tant d'années, avec une si grande & inhumaine effusion de sang?

Dans toute cette grande misère & calamité, les pauvres Rois & Empereurs Chrétiens ont souffert, & ont été tourmentés avec leurs adhérents; au contraire, les Papes avaient victoires, triomphaient, & faisaient leurs besognes, voire se sont tellement fondés (affermis) & fortifiés, qu'ils ne craignent plus personne, mais dominent & maîtrisent à leur appétit, sans aucune peur ni souci.


Pour certains, ces événements s'accordent avec ce que le Prophète Daniel avait prédit d'Antiochus, figure de l'Antéchrist, au 8. chap. vers. 23. & 24:

«Il se lèvera un Roi félon de face & entendu en subtilités. Sa force sera renforcée, non point toutefois par sa force. Il gâtera à merveilles, & prospérera, & exploitera, & détruira les puissants, & le peuple des saints. Et la tromperie sera avancée en sa main selon son intelligence, & se magnifiera en son cœur, & en gâtera plusieurs par la prospérité; il résistera contre le Seigneur des Seigneurs, mais il sera débrisé sans main.»

S'il fallait raconter toutes les grandes effusions de sang qui ont été causées les Papes dans les Royaumes de Sicile, Naples, & la Pouille, depuis Innocent 4. jusques à Clément 7. dans l'espace de 284. ans, en chassant tantôt les Allemands, & y mettant en possession les Français, puis attirant les Espagnols contre les Français, y appelant aussi derechef les Allemands, Français & Hongrois, & comment ils les mirent en discorde & dissension les uns contre les autres, il faudrait faire un gros livre.

Mais les histoires en parlent bien au long. Davantage, leur grande & injuste puissance ou tyrannie a attiré par d'autres moyens une très cruelle persécution & effusion de sang humain. Car les Papes s'étant emparé (comme il a été dit) de toute puissance Ecclésiastique & civile, élus par-dessus les Conciles, ils ont ensuite ordonné & disposé de la doctrine, de la foi & de la religion, des constitutions & des cérémonies de l'Église, à leur appétit: de là sont procédées (de là proviennent) les persécutions, d'autant plus que ceux qui contredisaient les ordonnances des Papes étaient incontinent (aussitôt) tenus & persécutés comme hérétiques.

Et c'est ce que j'appelle ici proprement (après les guerres susmentionnées) persécution des Papes contre les Chrétiens & contre l'Église Chrétienne, à cause de la foi & de la Religion, tout ainsi qu'en la primitive Église. Car comme les premiers fidèles ont été persécutés au commencement par les Empereurs, ainsi sont les derniers fidèles de la fin du monde persécutés par les Papes Romains.
Mais afin que ceci soit mieux entendu, on ne saurait nier que les erreurs &
les abus se sont fourrés dans l'Église depuis bien des temps, & non point du nôtre seulement, tellement (si bien) qu'à la longue on s'est accommodé à cela.

Depuis, le nombre de ces abus a augmenté & s'est fortifié, principalement par le moyen des Papes qui les ont mis en valeur pour que le monde les reçoive, puis les ils ont avancés & maintenus à coups d'épée, à tel point que plusieurs qui voyaient l'énormité de tant d'erreurs, n'osaient pourtant les contredire ouvertement, sachant bien que s'ils le faisaient, leur vie n'était plus à eux.

Le décret ou droit Canon recueilli par Gratien , & les 4. livres des sentences de Pierre Lombard, dont a été amplement parlé ci-dessus, furent les estançons (appuis) de la tyrannie & de la persécution papistique contre l'Église Chrétienne. Car si quelqu'un n'approuvait la monarchie du Pape & l'accord de l'Église, qu'ils appellent, & ne parlait pas le langage des Canoniques & des Scholastiques, tous se ruaient sur lui, & à l'aide du Pape & du bras séculier, le diffamaient partout, le persécutaient & l'opprimaient comme un hérétique.

À ce propos, il y a, dans leurs Décrétales, une loi faite par le Pape Lucius troisième, qui veut: Que ceux qui sont d'une autre opinion, touchant les sacrements... de l'Église Romaine, & tous ceux qui seront condamnés par les Papes, soient tenus pour des hérétiques & excommuniés. Puis l'exposition ajoute comment le Magistrat doit procéder contre de tels gens, & s'il ne le fait pas, comment il faut procéder contre un tel magistrat désobéissant: liv. 3. Tit. 7. de Haereticis, cap. ad abolendum, &c.

Après cela sont venus les Conciles, comme il a été dit aussi, lesquels étant à la dévotion du Pape, l'accord susmentionné s'est maintenu, & par ce moyen ils ont opprimé, défait & ruiné tout ceux qui s'opposaient au siège Romain. Car il fallait que tout ce qui était ordonné aux Conciles fût exécuté & mené à fin; & à cela étaient obligés les Magistrats, & tous ceux qui pouvaient porter armes.

Nous avons dit, ce qui est vérifié par les histoires, que les Papes pour confirmer leur domination temporelle ont rempli de sang l'Allemagne & l'Italie.
Quant à l'établissement des idolâtries
& des superstitions introduites peu à peu sous leur autorité dans l'Église du Seigneur, tous ceux qui ont voulu s'y opposer avant le temps de Wiclef, directement ou obliquement, ont eu de terribles assauts à soutenir.
En premier lieu,
dans ces temps défigurés par une ignorance brutale, il se trouvait peu d'hommes entendus, & si quelqu'un avait un peu de jugement, pour être seul ou bien peu suivi, force lui était de demeurer coi (silencieux), laissant aux moines & autres telles bêtes de brouiller le papier & de faire des contes à plaisir.
S'il était question de parler de ceux qu'ils appellent hérétiques, c'est à dire des ennemis de la Papauté, on les chargeait de crimes les plus horribles du monde, afin d'en rendre la mémoire
tout à fait odieuse & exécrable.

Ceux qui s'opposaient à l'erreur étaient eux-mêmes si tard dans la nuit, qu'ils avaient besoin que Dieu les fortifiât merveilleusement & les éclairât d'une faveur spéciale pour voir quelque (un peu le) jour dans une si profonde nuit: au moyen de quoi il ne faut pas trouver étrange si le nombre a été rare (s'ils furent si peu nombreux). Mais, par la grâce à Dieu il y en a toujours eu quelques-uns, alors même que les ténèbres d'idolâtrie semblaient avoir étouffé toute lumière, ont vu, comme à travers une petite fente, la lumière de salut & de vérité enclose (enfermée) dans la doctrine de l'Évangile.
De plus, l'Antéchrist, s'étant ainsi établi de longue main, a acquis tant de suppôts, qu'il est comme impossible de s'attacher à lui
sans qu'on ne reçoive des coups. Toutefois, les mensonges des moines & autres tels brouillons, ni l'épaisseur des ténèbres d'ignorance, ni la fureur du monde n'a peu empêcher que depuis que l'Évêque de Rome se fit déclarer chef universel de l'Église, il ne se soit trouvé gens de tous états en divers lieux qui ont détesté dans leur cœur premièrement, puis de vive voix, & mêmes par écrit, la tyrannie exercée par les Papes sur les corps & sur les consciences.

Cela requiert quelque considération plus ample, tirée de diverses histoires comme s'enfuit (1).
Environ l'an 840. un bon & drôle personnage, nommé Bertramus, voyant diverses erreurs se glisser
dans les Églises, & que l'idolâtrie de la transsubstantiation commençait à se fortifier par l'ignorance & la lâcheté des Ecclésiastiques, publia un écrit dressé par le commandement de Charles le Chauve, Empereur & Roi de France, «De la prédestination;» avec un autre «Du corps & du sang de Christ,» où il propose la doctrine des Églises réformées & vraiment Chrétiennes.


Environ vingt ans après, un autre docteur appelle Jean l'Écossais, établi principal du collège d’Oxford écrivit aussi sur le même sujet, condamna l'erreur de la transsubstantiation, & eut même sentiment que Bertramus.

Leur doctrine, tirée des écrits de Saint Augustin, fut maintenue longtemps après par plusieurs de leurs disciples, qui continuèrent de temps en temps jusques à l'an 1040. Béranger, ministre en l'Église d'Angers, excellent personnage, maintint publiquement la doctrine des deux susnommés conforme à celle de l'Apôtre S. Paul, à la nature & la vérité du sacrement de la Cène, & au consentement orthodoxe de l'Église jusqu'au siècle de Charlemagne; il avait en France grand nombre de disciples.

Il fut assailli par les Papes d'alors, & finalement accablé par Nicolas 2. lequel dans un sien Concile à Rome tira une déclaration de Béranger, portant qu'après la consécration le pain & le vin posés sur l'autel ne sont pas seulement signes sacrés, mais aussi le vrai corps & sang de nôtre Seigneur Jésus Christ, lequel est sensuellement, non pas seulement en sacrement, mais en vérité, touché & rompu par les mains des Prêtres, & brisé par les dents des fidèles.

Nonobstant cette injuste violence, Béranger enseigna depuis la pure doctrine contraire à celle du Pape Nicolas, & écrivit contre cette sienne confession qui avait été tyranniquement extorquée de lui. Ce qui occasionna Lanfranc (2) d'écrire contre Béranger le livret qu'on trouve encore aujourd'hui, lequel n'étant pas assez ferme au gré des Romanistes, environ l'an 1200.

Le Pape Innocent troisième fit un décret bien exprès, auquel sous peine d'être déclaré hérétique fut enjoint à chacun de croire & de recevoir ce point de transsubstantiation entre les articles de la foi Chrétienne.
Puis après, par le moyen de ce nouvel article de foi papale, confirmé par le volume des sentences de Pierre Lombard, Évêque de Paris, publié environ l'an 1140. divisé en quatre livres, s'introduisit
dans les Églises d'Occident l'une des plus abominables idolâtries qui aient jamais été, à savoir l'adoration du pain au Sacrement.

Sitôt après elle fut accompagnée des quatre ordres de moines mendiants, suivis d'une infinité de superstitions, impiétés & détestables hypocrisies. Alors il semble avoir été accomplie la prédiction ou jussion (commandement) Apocalyptique au chap. 11. vers. 1. & 21. où un Ange dit à Jean:

«Lève-toi, & mesure le temple de Dieu, & l'autel, & ceux qui adorent.... Mais jette hors le parvis, qui est hors du temple, & ne le mesure point: car il est donné aux Gentils, & ils fouleront aux pieds la sainte Cité par quarante-deux mois, ou trois ans & demi, de mille deux cent soixante jours.»

Mais Dieu par sa miséricorde ne voulant pas perdre ses fidèles, qui sont son sanctuaire, suscita ses deux témoins pour prophétiser, c'est-à-dire annoncer la voie du salut par cet espace de quarante-deux mois, jusqu'à la venue du temps de rétablissement, après l'accomplissement des temps, du temps, & de la moitié du temps.

Car environ l'an 1152. parut en France Pierre Valdo, riche & notable bourgeois de Lyon, vivant sans reproche entre tous ceux qui le connaissaient. Celui-ci, touché par quelque accident fort particulier, donna tous ses biens aux pauvres, pour vaquer à prières & à la méditation des saintes Écritures, lesquelles il traduisit ou (comme aucuns disent) fit traduire en langue vulgaire Française, avec des annotations recueillies des docteurs anciens.

Après s'être soigneusement exercé dans cette étude des S. Ecritures, il enseigna la vérité qu'il y avait apprise à ses amis, les détournant de ces idolâtries & abominations qui étaient déjà trop en vogue, afin de les ramener à la teneur de l'alliance, par l'adoration d'un seul Dieu, & l'intercession d'un seul médiateur Jésus Christ: & là-dessus, il assembla un fort grand nombre de disciples, qui répandirent en peu d'années cette doctrine loin & près en divers pays de la Chrétienté, malgré les résistances, les puissances, les persécutions, les ruses & les pratiques des ennemis de la vérité.

Car comme sur l'interdiction qu'on leur avait faite de par l'Archevêque de Lyon, nommé le Sieur Jean de Belles-Majons (ou maisons) de ne prêcher davantage contre la doctrine reçue dans l'Église Romaine, ils eussent répondu qu'il fallait plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes.
Ils furent excommuniés, chassés, & (comme en parle le S. Esprit)
furent vaincus par la bête qui était montée de l'abîme, & même mis à mort; tellement que plusieurs d'entr'eux se retirèrent en Picardie, où plusieurs se convertirent à leur doctrine, non seulement une infinité de peuple, mais aussi une grande partie de la noblesse, si bien que quelque temps après, le Roi Philippe Auguste, irrité contre eux par les Évêques & les autres Ecclésiastiques, & voyant que pour leur grande multitude & l'accroissement presque incroyable il n'en pouvait venir à bout, prît les armes contre eux. Il les poursuivit à feu & à sang jusques à faire ruiner & raser trois cents maisons de gentilshommes qui les maintenaient, il détruisit quelques villes murées, & fit brûler un grand nombre d'hommes en Flandres, avec l'intention de les exterminer tous.

Ceci eut pour cause que de là ils se retirèrent en Allemagne, où leur doctrine fut aussi répandue en long & large, mais principalement dans tout le pays d’Alsace & le long du Rhin, où peu de temps après ils furent aussi cruellement persécutés par les Évêques de Mayence & de Strasbourg, dont l'un en fit brûler en une fois jusques à dix-huit, qui endurèrent fort constamment la mort, & une autre fois trente-cinq bourgeois de Mayence, brûlés en la ville de Binguen; un autre en fit brûler environ quatre-vingts tous ensemble à Strasbourg.
Ils furent finalement contraints se retirer en Autriche
& en Bohême, où on les nomma Picards, à cause qu'ils étaient venus de Picardie, & y répandirent tellement leur doctrine, que l'on trouva qu'environ l'an 1315. il y en eut en Autriche, dans la contrée de Passau , & aux environs de la Bohême, jusques à quatre vingts mille hommes qui en faisaient profession. Ils furent persécutés avec rigueur par les Jacobins.

Et, quoique plusieurs historiens les accusent de plusieurs crimes & erreurs, dont leurs ennemis les chargeaient à tort, comme de l'innocence de Lucifer, de leurs douze Apôtres, qui tous les ans entraient une fois en paradis, & je ne sais quelles autres telles badineries: on voit manifestement, par les écrits même de ceux qui ainsi les blâment, que l'occasion de les condamner pour hérétiques n'était autre, sinon:

- parce qu'ils maintenaient que la messe était une méchante corruption de la S. Cène du Seigneur;
- que l'hostie était une idole forgée par les hommes,
- que l'Église Romaine était entièrement abâtardie & pleine d'infidélité & d'idolâtrie;
- que les traditions de l'Église n'étaient que superstitions & inventions humaines;
- que le Pape n'était pas le Chef de l'Église;
- avec autres semblables articles pour lesquels plusieurs d'entr'eux souffrirent fort constamment (fermement) avec joie & allégresse, le supplice du feu.

Pour tout cela, il fut impossible de tout extirper, vu que les historiens racontent que d'eux est procédée la compagnie & la doctrine des Bohémiens, maintenue par les écrits de Jean Hus & de Jérôme de Prague. Laquelle doctrine a dû... toujours duré malgré les persécutions qu'on leur ait suscitées, et cela jusqu'au temps de Luther, après l'an 1517. alors que les 42. mois de leur témoignage ont été accomplis.

D'autre part, comme plusieurs d'entr'eux furent des le commencement épars (dispersés) deçà delà, leur doctrine se répandit aussi par la Lombardie, de là en Sicile & au royaume de Naples, où elle a duré d'âge en âge jusqu'à nôtre temps, lorsqu'en Calabre étant fortifiés par la doctrine de Luther, de Calvin & d'autres ministres des Églises, environ l'an 1563. ou 64. on en a fait mourir un grand nombre.

D'autre part, alors que la doctrine de Valdo avançait, Dieu suscita d'autres personnages en Provence & en Languedoc dont les trois principaux furent Arnould, Esperon & Joseph; les disciples desquels furent nommés Arnoldistes, Espéronistes & Josephistes.

D'autres, à cause que leur doctrine fut premièrement reçue en Albi, furent communément appelés Albigeois, d'autres les nommaient Agennois, d'autres Begards, de façon que d'une part les Vaudois & de l'autre les Albigeois étaient comme les deux olives ou les deux lampes, desquelles parle S. Jean, Apoc. 11. 4. dont la graisse & la lumière se répandirent par tous les bouts de la terre.

De ce même pas suivit aussitôt Pierre de Bruis, dont plusieurs les nommèrent Pierre Brusiens, auquel succéda en doctrine un nommé Henri; l'un avait été Prêtre & l'autre Moine. Ils enseignèrent dans les Évêchés d'Arles, d'Ambrun, de Die & de Gap; d'où étant chassés ils furent reçus à Toulouse. Si bien que malgré la mort de Pierre Bruis, brûlé comme hérétique à S. Gilles, près de Nîmes, toutefois leur doctrine se répandit par tout le Languedoc & la Gascogne, au Comté de Fois, Querci, Agenois, Bourdelois, & presque dans tout le Languedoc, & dans le Comté d'Ingrane, qu'on appelle aujourd'hui le Comtat de Venice (3), dont Avignon est la capitale.

Ainsi la Provence reçut cette même doctrine, presque généralement partout. Et les villes de Cahors, de Narbonne, de Carcassonne, de Rhodais, d'Agen, de Magères, de Toulouse, d'Avignon & de Montauban, de S. Antonin, de Puy-Laurens, de Castres, de Ménerbes (4), Béziers, Beaucaire, Lombes, Pamiers, & le pays de Bigorne en furent remplis, sans compter plusieurs autres villes qui les favorisaient, comme Tarascon, Marseille, Perces d'Agénois, Marmande & Bordeaux.

Au moyen de quoi cette doctrine se répandit encore plus avant d'un côté jusqu'en Espagne & Angleterre, & de l'autre jusqu'en Allemagne, en Bohême, Hongrie, Moravie, Dalmatie & même en Italie: tellement que quelque diligence que fussent les Papes (quelque fut leur zèle), avec tout leur clergé & l'assistance des Princes & des Magistrats séculiers, pour les extirper, premièrement par disputes (débats contradictoires), puis par proscriptions, bannissements, excommunications, publication de croisades, d'indulgences & de pardons à tous ceux qui leur feraient la guerre; finalement par toutes sortes de tourments, de feux, de flammes, gibets & cruelle effusion de sang, tellement que tout le monde en fut mis en trouble; ils ne purent jamais empêcher que les éclats n'en volassent & furent dispersés au long & au large presque par tous les bouts de la terre.

Ils avaient leurs Ministres ou Pasteurs, & leurs Diacres partout, ils tenaient leurs écoles en quelques endroits de la Lombardie, là où ceux d'Alsace envoyaient des collectes & des subsides, pour les entretenir, & des jeunes gens pour y être élevés dans la connaissance du vrai Dieu.

Aussi célébraient-ils leurs assemblées tant de jour que de nuit, selon que la rigueur des persécutions le leur permettait. Ils établissaient des Églises dans plusieurs lieux, ainsi qu'appert (qu'il apparaît) par l'exemple d'un Barthélémi , natif de Carcassonne, qui en Bulgarie, Croatie, Dalmatie & Hongrie, dressa des Églises & institua des Ministres, comme le raconte Matthaeus Paris, le nommant leur Pape & Évêque, & alléguant à ce propos la lettre que l'Évêque du Port, Légat du Pape, en ces quartiers, écrivit à l'Archevêque de Rouen & à ses suffragants, demandant secours & assistance contre eux, jusques à ce que finalement ils furent contraints de se retirer dans les déserts, suivant la Prophétie de l'Apocalypse, chap. 12. disant que la femme enceinte qui enfanta le fils mâle, & est la vraie Eglise de Dieu, serait tellement persécutée par le dragon (qui jetterait de l'eau, comme un fleuve, de sa gueule après elle pour l'engloutir), qu'elle serait contrainte de s'enfuir au désert, où elle serait nourrie pour un temps, & par des temps, & par la moitié d'un temps, ou bien par l'espace de 42. mois ou de 1260. jours, qui est un même nombre. En prenant un temps pour un an séculier, ou un siècle (c'est à dire pour un temps de l'âge d'un homme, qui est de 100. ans) il revient à 350. ans.

Or il est certain que, comme dès que la publication de la croisade fut faite par le Pape Innocent troisième & ses successeurs contre les Albigeois, plusieurs Princes de la Chrétienté s'armèrent & leur coururent après.
Une
grande abondance de fleuves que le dragon avait vomis, c'est-à-dire une grande multitude de peuples & de nations (ainsi que le S. Esprit même l'expose) fut assemblée par le moyen des Papes pour les engloutir; (car les histoires racontent que par diverses fois il s'assembla un si grand nombre de croisés de toutes nations contre eux, que personne, auparavant n'avait vu si grande multitude de peuple en armes, comptant chacune dans leurs armées le nombre de quatre-vingts ou de cent mille hommes;).

Ainsi furent-ils à la longue tellement harassés, matés & abattus, ayant leurs villes saccagées, leur pays détruit & ravagé, les hommes, femmes & enfants misérablement tués par plusieurs milliers, qu'ils furent finalement contraints de se retirer aux déserts, comme dans les Alpes de Savoie, du Piémont, & dans les montagnes de Dauphiné, de Calabre, de Bohême, & en Pologne, en Livonie & d'autres pays déserts, où ils ont depuis leurs Églises & leurs prédications en petites troupes, étant revêtus de sacs, c'est-à-dire en tristesse & en deuil jusques à nôtre siècle, ainsi qu'il appert (apparaît) par les déclarations que ceux de Cabrières, de Mérindol & leurs associés firent à la Cour de Parlement en Provence, en vertu des lettres patentes du Roi, remontrant (démontrant) que la doctrine, & la manière de vivre qu'ils tenaient, leur avait été enseignée de père en fils, depuis l'an mil deux cent: tellement que ce temps de 350. ans a été justement accompli, en comptant depuis qu'ils commencèrent à être persécutés jusques à la restauration des Églises, faite de nôtre temps par la doctrine de l'Évangile.

Car il est certain que durant le temps de 350. ans, qui sont les trois jours & demi, ou les quarante-deux mois mentionnés dans l'Apocalypse, les habitants de la terre ont triomphé avec grande joie & liesse, & toutes sortes de congratulations les uns envers les autres, pour avoir (à leur avis) vaincu, extirpé, & comme du tout déracinés ces deux témoins de Christ, qu'ils appelaient Albigeois, Bégards, Lollards, Turelupins, & celle des Vaudois, ou pauvres de Lyon, Picards, Bohémiens (car ainsi les nommait-on) qui avaient tourmenté les habitants de la terre, mis le règne de leur Souverain Seigneur & Chef en grand branle (agitation), lesquels on fit mourir par grosses troupes pour en exterminer la race: si bien qu'environ l'an 1304. on en brûla à Paris en une fois jusqu'au nombre de cent quatorze; mais au bout de ces trois jours & demi, c'est-à-dire de ces 350. ans, qui fut environ l'an de nôtre Seigneur 1517. ou 18. l'esprit de vie procédant de Dieu les a ressuscités & a remis leur doctrine sur pied; si bien qu'une grande frayeur & un épouvantement tomba sur les habitants de la terre qui les virent; & une voix du ciel les a séparés d'avec le reste du monde, & les a rappelés au ciel, dont est venu un grand tremblement de terre, & une générale émotion & le trouble parmi le monde, lequel doit être suivi de la trompette du septième Ange, par laquelle toute domination & gloire sera rendue à Dieu & à Jésus Christ.

Il est vrai que les docteurs papistiques maintiennent que ces gens ne sauraient avoir été témoins ou Prophètes de Dieu, puisque, non seulement ils ont eu des opinions contraires à l'Église Romaine, mais, en plus ils ont été infectés de l'opinion des Manichéens touchant deux Principes ou Dieux; ils ont du tout méprisé & rejeté les Évangiles & le Baptême des enfants.
Et mêmes ils se sont abandonnés à plusieurs vilaines & abominables souillures de paillardises & sodomies, ainsi que frère Pierre des Vallées Sarnay (5), moine de l'ordre de Cîteaux, a mis par écrit, ayant dédié son histoire au Pape troisième, depuis suivi par plusieurs historiens, qui ont confirmé le même discours après lui.
On voit clairement que son histoire a été falsifiée par le translateur (traducteur, rapporteur), ou quelque autre de même farine (6); puis qu'au deuxième chapitre il fait mention des Calvinistes, disant qu'ils nomment les cloches tabourins
(petit tambour) du Pape.

Quoi qu'il en soit, on répond là dessus, premièrement que quant à la doctrine, il est manifeste que ce sont des calomnies qu'on leur a imposées. Et de ce fait, il se trouve plusieurs autres Chroniqueurs & historiens plus graves (sérieux) & véritables, qui convainquent ce maître moine de menterie (mensonge); voire... Papyrius Masson (7).

Encore que partout cet auteur se découvre être un ennemi mortel des Albigeois, & qu'en ses Annales il suive le fil de l'histoire dudit Pierre des Vallées; si est-ce qu'en récitant (racontant) les erreurs des Albigeois, il ne les charge d'autre chose, sinon: Quòd docebant templa dirui, cruces deiici oportere : in Eucharistia verum Christi corpus non esse: preces ad Deum pro mortuis frustra fieri, c'est-à-dire qu'il fallait ruiner les temples & abattre les croix; que le corps de Christ n'est point dans l'hostie, & qu'il ne faut point prier pour les trépassés.

Ainsi est-il aisé à tout homme versé en histoires, avec quelque jugement, de voir d'où ces blâmes ont pris leur origine; car on sait qu'en ce même temps les Papes avaient publié pour article de foi, que quiconque voudrait maintenir que l'Empereur eût reçut sa puissance immédiatement de Dieu, sans être sujet au Pape, serait tenu pour Manichéen, comme s'il soutenait qu'il y eût deux principes ou deux souveraines puissances dépendantes immédiatement de Dieu.

Or comme les Albigeois maintenaient ouvertement cette doctrine, ce frère Pierre des Vallées, & plusieurs autres caphards (8) après lui, pour obéir à l'ordonnance du Pape, prennent de là cette occasion pour les accuser d'être Manichéens, & d'établir deux principes.
Et d'ailleurs, parce qu'ils enseignaient la doctrine de la prédestination & de l'élection gratuite de Dieu, ils les blâmèrent, comme s'ils eussent introduit une fatale nécessité de toutes choses, à la façon des Manichéens; encore aujourd'hui ils calomnient ainsi les fidèles sous ce même prétexte. Et davantage, comme ils rejetaient la messe
& les livres qui en étaient écrits sur elle, ils dirent qu'ils rejetaient les livres des Évangiles & des Épîtres, à cause que dans les missels il n'y a quelques lopins (portions) d'Évangiles & d'Épîtres de saint Paul, que
l'on nommait alors les saints Évangiles.

Et pareillement, comme souvent ils étaient contraints de différer le Baptême des enfants, à cause que leurs ministres étaient dispersés en raison de l'âpreté des persécutions, de sorte que plusieurs ne pouvaient recevoir Baptême, sinon après être venus en âge; on leur mettait dessus qu'ils rejetaient le Baptême des enfants; alors qu'à la vérité on découvre par la déposition & le témoignage de plusieurs graves (sérieux) auteurs de ce temps-là, qui ont mêmes été leurs ennemis, & de plusieurs autres depuis, qui ont recherché la vérité plutôt que les calomnies, que leur doctrine ne fût jamais autre que celle de ceux qui s'appellent aujourd'hui évangéliques ou réformés, sauf que par aventure plusieurs simples gens parmi eux, pour ne pouvoir faire baptiser leurs enfants par des ministres de la parole de Dieu, vinrent à croire que le baptême des enfants n'était ou pas profitable ou pas du tout nécessaire. Il semble, par le témoignage de saint Bernard, qu'aucuns d'entr'eux étaient de cette opinion.

Mais quant au reste, on trouve encore aujourd'hui de leurs livres écrits en parchemin, dans l'ancienne langue Provençale & du Languedoc; par exemple la prière à la sainte Trinité, faite en façon de rythme, qui commence ainsi: O Dio, paire eternal poissant, conforta me, &c.

Leur confession faite au Roi des Rois, qui commence:
O Dio de li Rey, & Seignor de li Seignor, yo mi confesso à tu
, car yo foi cel peccador que t'ay mot offendu, &c.

& leurs sept Articles de foi, dont la préface commence ainsi:
Les Articles de la se Catholica son set, par liqual li cor de li elcit son enlumena à creire totas à quellas cosas que son necessaras à l'incaminant al règne de la benurange eternal, &c.

Et plusieurs autres livres & discours semblables, comme par exemple le traité des dix Commandements, l'échelle de Jacob, contenant les trente degrés pour monter au ciel, les quatre paradis, la noble leçon contenant le sommaire de l'histoire du Vieil & du Nouveau Testament, les traités des tribulations des justes, de la consolation, du mépris que l'homme doit avoir de soi-même pour parvenir à la vie éternelle; & plusieurs sermons écrits en la même langue, qui découvrent manifestement l'impudente fausseté des calomnies que les moines leur ont imposé, & montrent à vue d'œil qu'ils ont eu en très grande révérence la parole de Dieu, contenue dans les livres sacrés du Vieil & du Nouveau Testament, n'ayant rien rejeté que les traditions des Papes, qui n'ont point de fondement en l'Écriture.

Qui plus est, on trouve même par les statuts & les ordonnances faites contre eux au concile de Toulouse, & publiées l'an 1229. par un Diacre, Cardinal & Légat du Pape, nommé Romain, que tant s'en faut qu'ils aient rejeté les saintes Écritures, qu'au contraire il leur fut... expressément défendu de les avoir & de les lire en langue vulgaire, on permettait seulement des bréviaires ou quelque psautier en latin, sous ombre (prétexte) que la fréquente lecture & la connaissance desdits livres les rendait hérétiques.

Et ce moine qui n'a pas eu honte de les calomnier si effrontément, se démentant, vient lui-même taxer le Comte de Toulouse, qu'il n'allait nulle part sans le Nouveau Testament, ce qu'encore d'autres ont témoigné dans leurs écrits.

Ainsi l'histoire que l'on trouve encore pour aujourd'hui, écrite à la main en rythme Provençale, par un gentilhomme qui a toujours assisté à la guerre contre eux, montre évidemment que toutes les erreurs que l'on leur attribuait de ce temps-là consistaient en ce qu'ils tenaient le Pape de Rome pour l'Antéchrist, & l'Église Romaine pour la grande paillarde décrite dans l'Apocalypse; qu'ils rejetaient l'adoration du Sacrement, l'invocation des saints trépassés, le service des images, des reliquaires des os morts, & autres superstitions forgées par l'Église Romaine, sous titre de parole non écrite: comme du purgatoire, du sacrifice de la messe, de l'intercession des saints, des pèlerinages, reliquaires, vœux de continence, règles de moineries, etc. autres choses semblables.

Ajoutons que les disputes (débats contradictoires) qui ont été tenues de ce temps-là contre eux, dans les villes de Verseil, d'Anduze & de Pamier, le découvrent fort évidemment; mais sur toutes les autres celle de Montréal (9), qui a été la plus solennelle & qui a duré quinze jours, dans laquelle de la part du Pape étaient députés (envoyés) Pierre de Castelnau, légat & moine de Cîteaux, Rodolphe aussi envoyé du Pape, Didacq ou Jaques, Évêque d'Osuicq (10), & son Chanoine Dominic (qui ont été les deux premiers auteurs de l'ordre des Jacopins ou Dominicains).

Et de la part des Albigeois, Pond Jordain, Arnould d'Auerisan, Arnould Othon, & Philebert Caslieus ou Philebert Calleux (car ainsi était-il nommé dans l'histoire de Toulouse) & Benoît Thermes: & y présidèrent deux gentilshommes, Bernard Villeneuve & Bernard Arrens, & deux autres, Raymond Gondi & Arnould Riberia (dont les originaux sont encore aujourd'hui en être), que leur doctrine s'accordait en tout & par tout avec celle que maintiennent les protestants d'aujourd'hui.

Et même le thème qui y fut proposé à disputer de leur part était:
Que
l'Église Romaine n'était pas sainte, ni l'épouse de Jésus Christ, mais l'Église du Diable, & la Babylone que saint Jean décrit en l'Apocalypse, mère de toute fornication, souillure du sang des Saints.

Ajoutons aussi que Jaques de Riberia, secrétaire du Roi, parlant de leurs erreurs, ne leur impose autre chose que ce qu'ils soutiennent dans leurs dites disputes (débats contradictoires), & que le Seigneur n'approuvait point ce que l'Église Romaine approuvait, & que Christ ou ses Apôtres n'avaient pas ordonné la Messe, mais que c'était une invention humaine, avec autres choses semblables.

Comme pareillement l'Abbé Pierre de Clugny, qui a vécu de leur temps, dans ses Épîtres, où il tâche de réfuter leur doctrine, ne leur impose autres articles, sinon qu'ils maintiennent que le corps & le sang de Christ ne sont pas offerts en la Messe; qu'une telle oblation ne sert pas au salut des âmes; que la substance du pain & du vin n'est pas changée réellement; que les messes, oraisons & aumônes pour les trépassés ne profitent de rien; que les préfixes & les moines qui brûlent en la fournaise d'impudicité se devraient marier; que les croix ne doivent point être adorées, & que tant de croix qui servent à superstition devraient plutôt être ôtées.

Pareillement S. Bernard, vivant en ce même temps, encore qu'il confesse, comme par ouï (entendu) dire, qu'il y avait des hérétiques qui, en leurs assemblées, exerçaient paillardise, toutefois il n'en charge pas les Albigeois, n'alléguant contre eux autre chose, sinon qu'ils se moquent des prières & des oblations pour les morts, des invocations des saints, des excommunications des préfixes, des pèlerinages, des bâtiments des Églises, des observations des jours de fêtes, consécrations du chrême & de l'huile, bref de toutes les traditions ou ordonnances Ecclésiastiques.

Et mêmes Vincent de Beauvais (dans son miroir historial), autrement assez libéral à assurer (propager) mensonges & fables, ne les accuse d'autre chose, sinon de ce qu'ils tenaient le Pape pour l'Antéchrist, & son Église pour la Babylone décrite en l'Apocalypse, rejetaient la transsubstantiation, le purgatoire, l'invocation des saints, le franc arbitre, la moinerie & d'autres superstitions de l'Église Romaine.

Tellement que c'est une chose toute manifeste que les blâmes qu'on leur a imposés outre cela ne sont que calomnies inventées pour les rendre odieux au peuple. Car quant aux Vaudois que l'on a aussi appelés pauvres de Lyon, Picards & Paterins, Passagers, Lollards & Turelupins; puisque par le témoignage de tous les historiens on trouve que les Bohémiens ont reçu leur doctrine, on ne saurait ignorer ce qu'elle a été de point en point, vu que nous en avons les témoignages d'Aeneas Sylvius , qui a été lui même Pape de Rome, nommé Pie second, & de Jean Dubraw, Évêque d'Olmus, dans leurs histoires de Bohême, lesquels décrivent fort particulièrement leur doctrine, ni plus ni moins que s'ils l'eussent extraite de mot à mot des livres de Jean Calvin ou de Martin Luther.

Guy de Perpignant, inquisiteur de la foi & Évêque de Lodève, dans le livre qu'il a intitulé les fleurs des Chroniques, raconte fort particulièrement l'histoire de Pierre Valdo, &, dans son livre des hérésies, particularise les opinions des Vaudois, sans aucunement les charger d'autre chose, sinon qu'ils maintenaient que l'Église Romaine avait délaissé la foi de Jésus Christ , était la paillarde Babylonique, & le figuier stérile, lequel le Seigneur avait jadis maudit; & qu'il ne fallait pas obéir au Pape, comme n'étant nullement chef de l'Église; que la moinerie était une charogne puante, & les vœux de celle-ci, des caractères & marques de la grande bête; que le purgatoire, les messes & les dédicaces des temples, la vénération des saints & la commémoration des morts n'étaient qu'inventions des diables & des trappes (pièges) d'avarice.
Bref, on voit par la déposition de tous leurs plus grands ennemis qu'ils ne se sont
jamais opposés à aucune doctrine contenue dans les saintes Ecritures, mais seulement aux traditions des Papes, amenées sous le nom de l'Eglise, que les docteurs papistes confessent n'être point contenues dans la parole écrite, les nommant pour cet effet parole non écrite.

Et touchant le blâme des souillures & les abominations dont plusieurs ont voulu les charger au regard de leur vie & de leurs comportements, on voit aussi clairement que ce ne sont que pieuses fraudes, c'est à dire dévotes fraudes & impostures que l'on a controuvé (imaginé) contre eux pour les rendre odieux, & empêcher qu'on ne vînt à rechercher quelle était leur doctrine, de peur que cela n'apportât du préjudice aux intrigues papistiques, suivant la coutume ancienne de l'Église Romaine, pratiquée de tout temps.

Je dis aussi bien du temps des anciens Pontifes Pompiliens & Capitolins que des modernes Vaticans.
Car on ne peut ignorer que jadis à Rome on chargeait les pauvres Chrétiens de ce
que dans leurs assemblées de nuit ils mangeaient des enfants, & se prostituaient à toute impudicité & paillardise; qu'ils adoraient la tête d'un âne, dont ils furent appelés Asinarij, ainsi que l'on voit clairement en l'Apologétique de Tertullien.

Et de nôtre temps je n'en veux autre preuve que le témoignage de Charles le Quint, en l'édit qu'il a fait contre Luther & sa doctrine, en l'an 1522. en la ville de Worms, lequel a été la source & le fondement de tous les autres édits qui, depuis ont été faits, tant par ledit Empereur que par son fils le Roi Philippe, contre ceux de la Religion.

Voilà comme il dit avoir été informé, à savoir:
Que Luther maintient qu'il ne doit y avoir supériorité ni obéissance quelconque, rejetant & réprouvant tout ordre politique & ecclésiastique; afin que le peuple ne soit conduit à se rebeller contre ses supérieurs, temporels & spirituels, & ne s'adonne à battre,
à meurtrir, dérober, ruiner & gâter tout au feu & à l'épée, à la manifeste (l'évidente) ruine du bien général de toute la Chrétienté.

Davantage: Il établit une manière de vivre, par laquelle il est loisible à chacun de faire tout ce qui lui plaît, à la façon des bêtes brutes, & des hommes qui sont sans loi, détestant & méprisant toutes lois tant temporelles que spirituelles, &c.

C'est en vertu de ces informations que le Roi d'Espagne a fait une si cruelle & sanglante guerre contre les Provinces unies des pays bas, sans que personne n'ait voulu prendre connaissance s'il était ainsi à la vérité ou non, ayant condamné à une mort ignominieuse ceux qui, par humbles remontrances & supplications, tâchèrent de l'informer de la vérité, & fait mourir mêmes les principaux seigneurs du pays que l'on y envoya comme ambassadeurs ou députés du peuple & de la noblesse, voire de la gouvernante & du conseil d'état, pour lui remontrer (prouver) leur innocence.

Ce n'est pas donc pas étonnant si dans ce temps-là, lors que presque tout le monde généralement avait ses yeux bandés du voile de l'ignorance, & le col pressé du joug de la superbe tyrannie des Papes, l'on forgeait ces faux blâmes & calomnies contre ceux qui tâchaient de s'opposer à une cruauté si barbare, & de ramener la vérité de l'Évangile dans la lumière, les chargeant de toutes les calomnies que l'on pouvait imaginer, jusqu'à les nommer tous sorciers, Vaudois, pour rendre leur nom détestable envers le pauvre peuple; comme si ces pauvres gens-là eussent été sorciers & enchanteurs.

Et mêmes on osait bien maintenir que, comme monstres, ils avaient quatre rangées de dents, avec plusieurs autres semblables menteries.

Cependant, il est notoire que non seulement les plus saints & plus graves (sérieux) historiens les déchargent de ces faux blâmes, en témoignant qu'ils avaient en abomination toutes souillures & corporelles & spirituelles; mêmes le nom qu'on leur donnait communément les justifie assez, en ce qu'on les nommait partout les bons hommes, à cause de la rondeur & la sincérité par laquelle ils se comportaient envers chacun.
Et le sieur de Haillan (11), qui autrement les blâme extrêmement au regard de leur doctrine, leur rend néanmoins ce véritable témoignage au regard de leur vie, disant:
Que bien qu'ils eussent des mauvaises opinions... et qu'elles ne suscitèrent pas tant la haine du Pape, & des grands contre eux, que leur liberté du langage dont ils usaient pour blâmer les vices & les dissolutions des Princes & des Ecclésiastiques, & même à taxer les vices & les actions des Papes: tellement que cela fut (dit-il) le principal point qui les mit en haine universelle, & qui les chargea de plus de méchantes opinions qu'ils n'en avaient.

Par là, on voit que la haine & la détestation, dans laquelle ils avaient les vices, était la cause de ce qu'on les persécutait si cruellement; tant s'en faut qu'ils aient été entachés de ces vilenies dont aucun des flatteurs du Pape veulent les charger dans leurs fausses histoires.

Et de fait, s'ils eussent été infectés de sodomies, d'adultères, de paillardises ou d'autres semblables pollutions qui sont les plus belles fleurs qui ornent les tiares, mitres & chapeaux Catholiques Romains, les saints pères eussent bientôt ouvert les entrailles de leur miséricorde pour les recevoir au giron de leur douce mère, qui n'est que trop seconde de semblables enfants; & mêmes les inquisiteurs ne leur eussent jamais voulu faire la guerre pour des choses auxquelles ils sont ordinairement sujets eux-mêmes.


Table des matières

1) Ce qui suit, jusqu'à la page 64, 2e colonne, alinéa, ne se trouve que dans l'édition de 1619.

2) Archevêque de Cantorbéry, a écrit un Livre sur le corps et le sang de notre Seigneur.

3) Le comtat Venaissin.

4) Petite ville à 32 kilomètres d'Avignon, dans le Vaucluse.

5) Pierre de Vaux-Cernay a écrit en latin l'histoire de la croisade contre les Albigeois, traduite dans les Mémoires sur l'histoire de France, de Guizot.

6) On appelle proverbialement & figurément, Gens de même farine, Des gens qui sont sujets à mêmes vices, ou qui sont de même cabale.

7) Né en 1544 dans le Forez, mort en 1611.

8) Celui qui montre en l'extérieur apparence d'homme dévot et religieux, et ne l'est point en l'intérieur.

9) Près de Carcassonne.

10) Diego, évêque d'Osma.

11) Historiographe de Charles IX et de Henri III, mort en 1610.

 

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