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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORTpour la vérité de l'ÉvangileDANS L'ESPACE DE QUELQUES CENTAINES D'ANNÉES. (suite 2)
Témoins les deux inquisiteurs en France, du temps du grand Roi Français, Roched (1) & Richard, lesquels après avoir fait brûler une infinité de pauvres fidèles, furent finalement tous deux brûlés eux-mêmes en divers temps, bientôt l'un après l'autre, pour sodomie dans la ville de Toulouse, en l'an 1538.
Témoins
aussi les Cordeliers de Bruges, lesquels ayant été publiquement
exécutés par le feu, suite à des informations plus
que
suffisantes faites par le Magistrat Catholique Romain à leur charge,
en l'an 1578. ont été mis au catalogue des Martyrs par leurs
adhérents, si bien que l'on voit encore des tableaux en taille douce
en la ville de Rome où leurs beaux martyres sont représentés au
vif. Voilà le sommaire de ce qui s'est recueilli de l'histoire, dont on veut inférer (conclure) que l'Église de Dieu n'a pas cessée de subsister parmi les épaisses ténèbres de l'ignorance & apostasie Romaine; puisque Dieu a de tout temps suscité & maintenu un grand nombre de ses fidèles serviteurs qui se sont constamment opposés aux impostures de l'hypocrisie papale, & exposés à la mort pour maintenir la vérité de la doctrine Évangélique. Sans compter plusieurs autres gens érudits & craignant Dieu, lesquels n'ont pas tous eu le courage de s'opposer ouvertement aux idolâtries & aux superstitions de leur temps, mais ils ne sont pas lassés pourtant de gémir dans leurs cœurs pour l'horreur & la détestation dans laquelle ils avaient les intolérables abus qu'ils voyaient régner au milieu de ceux qu'ils estimaient être les pasteurs du peuple, tellement que Dieu par leur bouche a rendu beaucoup de témoignages à sa vérité.
Entre
lesquels on range même le bon saint Bernard, qui a vécu du temps où
l'on faisait la guerre à ces pauvres Albigeois; car bien que, comme
Moine & Abbé de Clervaux, il fût emporté avec les autres à
tenir ces pauvres gens pour hérétiques, puisqu'il reconnaissait le
Pape pour chef de l'Église, si ce n'est que parmi
ces
épaisses ténèbres, il ne se lassa pas d'enseigner dans
beaucoup de points la vérité de l'Évangile; si bien qu'il servit à
son siècle comme d'une lampe pour éclairer plusieurs qui aspiraient
à la pâture de la doctrine céleste. Et mêmes il écrivit de la prédestination & de la grâce de Jésus Christ contre les mérites des oeuvres & du franc arbitre, non autrement que (comme) s'il eût puisé sa doctrine de la source de Luther ou de Calvin. Qui plus est, en écrivant sur le sacrement de l'Eucharistie, il osa dire que c'est un signe qui en soi-même n'est rien, mais qu'il représente le corps de Christ, tout ainsi qu'une bague qui se donne, non pas au regard de la valeur de la bague en soi-même, mais seulement pour gage & témoignage de quelque investiture ou autre chose que l'on veut signifier. On y range pareillement Jean de Sarisburi, Anglais, qui vécut environ l'an 1157. & écrivit un livre nommé Obiurgatorium Clericorum, & un autre nommé Polycraticus, par lesquels il étrille tout le clergé, les appelant Scribes, Pharisiens, faux Docteurs, & disant que le Pape est du tout intolérable. Il est précédé d'Arnould, Évêque de Breste, qui, environ l'an 1127. avait galé (égratigné) les prêtres & leurs couronnes, disant que le glaive du Magistrat ne leur appartenait d'aucune façon; si bien que le Pape Adrien le chassa de Rome comme hérétique. Et Pierre de Blois, qui, de ce même temps, découvrit aussi le pot aux roses, écrivant que Rome était la vraie Babylone, de laquelle S. Jean avait prophétisé, que les officiers de la cour Papale n'étaient que harpies infernales (2), les prêtres veaux de Bethel, prêtres de Baal & idoles d'Égypte. Ils y ajoutent aussi un Nicolas Gaulois de Narbonne, qui fut quelque temps moine de l'ordre des Carmélites: parce qu'en fin ayant découvert les abominations de ces cloîtres, il publia à tout le monde leur feintetés (perfidies), écrivant dans un livre qu'il appelle la Sagette de feu qu'ils étaient des enfants réprouvés, citoyens de Sodome, contempteurs (dénigreur, dépréciateur) du Testament, séducteurs & la queue du dragon mentionné en l'Apocalypse. Laurent, docteur Anglais, à Paris, environ l'an 1275. & en l'an 1306. un Pierre Cassiodore, gentilhomme bien instruit, tâchèrent tous deux comme à l'envi de renverser la marmite. Gérard Sagarelli, de Parme, Dulcin de Navarre, en l'an 1314. Arnould de Villeneuve, en l'an 1315. crièrent haut & clair que Satan avait fait détourné le peuple de Christ & de la vérité; que la foi de ceux qui se nommaient Chrétiens n'était pas autre que celledes diables, & que les moines dans les cloîtres falsifiaient la doctrine de Christ, & menaient les pauvres Chrétiens en enfer; que les Théologiens avaient mêlé les songes des Philosophes avec la sainte Écriture; que les messes ne profitaient ni aux vivants ni aux morts, & que l'Antéchrist était à la porte. Cet Arnould de Villeneuve donna par écrit au Roi Jaques d'Aragon, & à son frère Frédéric , roi de Sicile, les apostasies & les exécrables abominations du siège Papal & de tout le clergé, démontrant qu'ils falsifiaient les Écritures & qu'ils les détournaient à (pour assouvir) leurs passions, exhortant les dits Rois à ce que sans avoir égard à l'état de l'Église d'alors, par lequel ils avaient été tellement scandalisés, qu'ils doutaient mêmes de la vérité de la Religion Chrétienne, ils s'adonnassent à lire soigneusement les Écritures, & à servir Dieu selon ses commandements, & non pas selon les traditions des hommes. À quoi ces Rois se résolurent fort constamment, ayant en abomination les abus du clergé de leur temps, & les tenant pour apostats de la vraie doctrine des Apôtres; ainsi qu'il apparaît dans les lettres écrites & les colloques tenus de part & d'autre. Tellement que Dieu faisait reluire la lumière de sa vérité, même dans les cœurs des Rois & des Princes de ce temps-là, malgré la corruption générale de l'Église. On fait aussi état de Michel Cefenas (Cesenans?), qui vécut environ l'an 1320. Car dès qu'il fût général des Cordeliers, il montra ouvertement qu'il n'approuvait nullement les abominations qui avaient alors la vogue au monde, écrivant que le Pape était l'Antéchrist, & les Prélats de l'Église Romaine la vraie paillarde de Babylone, enivrée du sang des saints. Et qu'il y avait deux Églises, l'une des méchants, en laquelle présidait le Pape, & l'autre des serviteurs de Dieu qui souffrait la persécution. Or quoi qu'il fût déposé de son état, il ne se lassa pas pour cela de maintenir sa doctrine jusqu'à la fin.
Comme
fit pareillement Petrus Johannis, Cordelier de ce même temps,
enseignant que le Pape était l'Antéchrist, & la synagogue
Romaine la grande Babylone; Et François Pétrarque, excellent poète
Italien, ayant vécu sous l'Empereur Charles 4. environ l'an 1360.
écrit ouvertement que Rome est
le nid des trahisons, l'avare Babylone, qui a Vénus & Bacchus
pour ses dieux, l'école d'erreurs, fontaine de douleurs &
Temple
d'hérésie. Bref, il apparaît
évidemment que même entre ceux qui ont été sujets au Pape, il y
en a toujours eu qui ont connu & détesté sa tyrannie, &
prié Dieu dans
leurs cœurs qu'il les en voulût délivrer. Il ne faut-il pas douter que Dieu ait touché le cœur de plusieurs d'entr'eux par son S. Esprit, & qu'il leur ait ouvert les yeux devant afin de les retirer de ce monde pour les faire espérer (connaître) parfaitement leur salut, par la seule vertu du sacrifice de l'Agneau, & renoncer à toutes les idolâtries & les superstitions de leur temps, qu'ils avaient déjà reconnues & aucunement détestées de leur vivant. Sans une multitude innombrable de ceux qui ayant été plus abondamment éclairés de la lumière des deux lampes, & arrosés de la sainte liqueur des deux olives, desquelles nous avons ci-dessus fait ample mention, se sont courageusement & avec une invincible force & vertu de l'Esprit de Dieu opposé aux abominations & sacrilèges de leur siècle, quoi qu'ils aient été injustement condamnés & persécutés pour hérétiques. Si comme environ l'an 1340. Me Conrad Hager en Allemagne qui, dans l'espace de vingt-quatre ans, enseigna ses paroissiens que la Messe n'était pas le sacrifice pour les péchés, & ne profitait ni aux vivants ni aux morts: tellement (à tel point) qu'il retira une grande multitude d'hommes de l'obéissance des Papes & de l'Église Romaine.
Les
exploits de guerre en France contre les Albigeois sont amplement
décrits par nos historiens. En voici le sommaire. Le
premier sujet de cette émeute fut causé
par le
mécontentement qu'avait le peuple contre les gens d'Église, indigné
de leur mauvaise vie. Du mécontentement naquit le mépris &
enfin
la querelle, & d'elle la guerre ouverte. Sur le rapport de son Légat, le Pape Innocent décrète une sentence d'excommunication contre le Comte Raymond, & à cet être (dans ce but) y envoie Pierre de Châteauneuf, Légat, pour la lui intimer (pour lui faire connaître), mais il fut tué. Innocent, extrêmement courroucé par ce meurtre, envoie de recharge Gallon, son Légat, & par lui dénonce au Roi Philippe, surnommé Auguste, de s'armer contre le Comte Raymond & ses peuples, comme contre des hérétiques & des ennemis jurés de l'Église; par le même moyen, il commande à Odun, Duc de Bourgogne, & à Guillaume, Comte de Nevers, de se joindre à cette guerre. L'assemblée se tint à Paris, où une grande troupe de gens d'Église aborda (discuta de ce sujet), & là, il fut résolu (décidé de faire) une croisade comme contre les infidèles. Les Archevêques de Toulouse, Rouen, Sens; les Évêques de Lisieux, de Bayeux, de Chartres, de Comminges, de Coserans, de Lodève, de Béziers, & plusieurs Abbés se croisent les premiers pour éteindre le feu avant qu'il passe outre (qu'il ne se répande plus loin). Simon, Comte de Montfort, près de Paris, brave & vaillant chevalier, issu d'un bâtard de Robert, Roi de France, est élu chef de cette levée pour laquelle tous contribuent en donnant une grande somme de deniers. Ce fut l'an 1210. que l’armée entre dans le Languedoc où le nom du Roi était respecté comme celui du Souverain; mais les villes ne voulaient ouvrir leurs portes à leurs ennemis armés qu'ils disaient abuser du nom du Roi. Ainsi au refus d'une volontaire ouverture, Simon menace de les assiéger.
Béziers
fut la première attaquée, mais avec un si effroyable succès,
qu'ayant été emportée de force, le sang y regorgea par la perte
d'au moins 60 000. personnes; elle
fut ensuite
pillée, saccagée, brûlée, désolée. Carcassonne néanmoins voulut résister, mais enfin elle fut prise par composition (selon accord), que les habitants sortiraient tous nus, leurs natures découvertes. Castelnau aussi voulut se roidir, mais à la fin elle se rendit, & Simon y fit brûler 50. hommes tous vifs, pour l'exemple. Albi se rend sans force. La Vaur (Lavaur), par la résolution de Gérarde, dame du lieu, voulut résister. Mais la ville fut prise par la force, & cette femme jetée dans un puits, puis, Amaulry, gentilhomme du pays, qui avait voulu tenir le siège contre Simon, fut pendu & étranglé. Ainsi Castres, Rabastens, Gaillac, la Caussade, Puy-Laurens, S. Antonin , S. Marcel se rendirent. Cahors suivit, mais Moissac se voulant opiniâtrer (résister), fut prise & saccagée.
Cette
subite exécution étonna le Comte Raymond , qui s'étant excusé au
Roi touchant la mort du Légat, & lui appartenant de si près
comme étant son beau-frère, attendait toute autre chose que de voir
une armée ennemie sur ses bras; & même la sentant lever
&
la voyant marcher, ne craignait rien de tel que ce qui fut exécuté
contre ses peuples.
Le
Roi Alphonse d'Aragon, les Comtes de Foix & de Comminges (3)
lui
amenèrent un grand peuple, animé par ces exemples à leur
conservation. La mort d'Alphonse fut ajoutée à la défaite, & ensuite la prise & le sac de Toulouse, où il fut tué 20 000. hommes par les victorieux. Les villes de Rouergue & d'Agenois, effrayées par ces grands châtiments, prennent le mors de la main de Simon. & lui rendirent obéissance. Cela advint l'an 1213. Le lieu de la bataille est diversement marqué, ou à Marcel ou à Mirebeau.
Après
une si étrange ruine, le Comte Raymond se voyant dépouillé de son
bien, se retira en Espagne, dans les États
d'Alphonse,
attendant la commodité (l'opportunité)
de rebâtir ses affaires. Innocent III. voyant aussi que Philippe qui avait bien eu le cœur de passer outre à la poursuite de Jean Roi d'Angleterre, malgré toutes ses interdictions, ne serait... par sa simple autorité, de remettre une pièce tant importante, assembler un grand & numéreux Concile, comme Oecuménique, pour faire ployer le Roi à sa volonté.
De
fait, les Patriarches de Jérusalem & de Constantinople y furent
en personne, & ceux d'Antioche & d'Alexandrie y
envoyèrent
leurs Ambassadeurs. Ayant repris haleine, ils se décident de rappeler leur Comte Raymond qui était en Espagne; ses affaires n'étaient pas encore tant désespérées que celles des Comtes de Viuarez, d'Avignon & de Die, où les armes de Simon n'étaient pas parvenues, ne fussent encore à son commandement. Raymond revient à Toulouse, assez bien accompagné des Arragonois qui l'aimaient, outre ce qu'ils étaient animés (en colère) de la mort de leur Roi. Revenu qu'il est, il fortifie la ville où Simon est tué d'un coup de pierre; si bien que son nouveau Comté, acquis par les titres susdits, ne lui dure guère. Il laisse néanmoins un fils nommé Guy, qui s'en porta pour Comte. Mais dès que Simon fut mort, l'exemple de Toulouse fit soulever la plus grande part des villes subjuguées (réduite à la soumission par la force): & Raymond fit tuer ce Guy, auquel son frère Amaulry succéda.
Philippe,
qui aimait mieux cette belle province pour lui que
pour les
enfants de Simon de Montfort, était néanmoins bridé par l'autorité
du Pape & du Concile. Il envoie donc son fils Louis en
Languedoc
pour l'assurer à son obéissance; mais à peine eut-il pris quelque
château que la mort de son père le rappela, & ses affaires le
retinrent quelque temps; si bien que le Comte
Raymond &
ses sujets de Languedoc eurent loisir de recueillir leurs esprits. Voyons quelques autres pièces de l'histoire de France touchant les Albigeois. Comme
le Pape voulait redresser la persécution à main armée contre eux,
Louis IX. petit-fils de Philippe Auguste, Roi de France, ne voulut
permettre qu'on leur fît guerre, disant qu'il fallait les persuader
par la raison &
non
point contraindre par la force. Dont il
en fut ainsi
environ l'an 1227. jusques à l'an 1328. Les guerres fomentées par les artifices des Papes en Orient pour conquêter (conquérir) la terre sainte, la querelle de Boniface 8. contre le Roi Philippe le Bel, les cruelles dissensions Guelfes & Gibellines en Italie, dont les Papes voulaient (comme il est arrivé) chasser les Empereurs, & dresser un puissant patrimoine ou domaine à S. Pierre, comme ils parlent, tout cela contribuèrent à donner du repos aux fidèles, surnommés depuis plus communément Vaudois; plusieurs familles desquels se retirèrent dans les vallées & les montagnes de Savoie, du Piémont, Viuarez, Diois & de Provence, où la principale semence se garda à Lormarin, Mérindol, Cabrières, comme il sera vu dans les histoires décrites ci-après selon l'ordre des temps.
Sous
le règne de Philippe Auguste, environ l'an 210., 24. Albigeois
furent exécutés à mort dedans Paris, à cause de la Religion. Un nommé Beghard fut brûlé à Erford en Allemagne, l'an 1218. & un Diacre à Oxford en Angleterre, l'an 1222, sans remonter vers la fin du siècle précèdent, qui vit mettre à mort très grand nombre de Vaudois & Albigeois surnommés par mépris calomnieux Publicains, Cathares ou Puritains, Paterins, & rejetés par autres sobriquets de la populace ignorante.
Mais
nous laissons passer un autre acte mémorable de la tyrannie de
l'Antéchrist en ces mêmes temps, tel qu'il s'enfuit.
Il
fut impossible de détourner ce bon personnage de son opinion, ni par
menaces, ni par flatteries: mais il prît résolution en lui de
mourir plutôt que de se rétracter, & c'est ainsi qu'il
fut livré par les Évêques au bras séculier. La flamme commençant à monter, ce bon personnage criait au milieu du feu d'une façon effrayante. Le Prince ému de ce cri tant horrible s'approcha encore du patient pour l'induire (le conduire) à avoir pitié de lui-même. Il commanda donc que le bois fût soudainement ôté & le feu éteint. Puis s'approchant de plus près commença à parler fort doucement à ce personnage, promettant de lui sauver la vie s'il voulait le croire, et qui plus est ajoutait ceci à sa promesse, qu'il lui serait donné tous les jours du revenu du Roi trois pièces d'argent pour s'entretenir le reste de sa vie.
Derechef,
ce vaillant Martyr du Seigneur refusa ces belles offres, démontrant
ainsi que son cœur était plus ardent après les biens célestes
qu'après les douceurs & les flatteries de
ce monde. L'an 1330. Eckhard, Jacopin Allemand, fut brûlé pour la confession de la vérité. Bref, il n'y pas eut d'homme qui s'opposât aux superstitions extraditions de l'Antéchrist, à qui grands & petits ne courussent après, comme ils ont encore plus furieusement continué après, comme le montre les récits des livres suivants. OUTRE
ces efforts de Satan contre l'Église du Seigneur par le glaive des
percuteurs, il ne faut pas
oublier l'autre glaive dans
la main des hérétiques, lesquels donnèrent beaucoup plus de peine
à l'Église que toutes les persécutions du dehors. OR il n'y a pas d'article de la loi, ni de la foi, ni de la prière, ni des sacrements, que ces anciens hérétiques n'aient pollué & falsifié, les uns d'une sorte, les autres d'une autre. Surtout lorsque les fidèles regardaient sans cesse à Jésus Christ, Fils éternel du Père Éternel, vrai Dieu & vrai homme, dans une seule personne, un seul Sauveur, Prophète, Roi & Sacrificateur de l'Église. Cela a toujours été le but que Satan a visé de brouiller & d'abolir par ses instruments, s'adressant tantôt à la nature divine, tantôt à la nature humaine, puis à la personne, séparant ou confondant les natures, & finalement, surtout en ces derniers temps, à ses offices. Mais comme ce puissant Roi fortifia les siens au milieu de tous les assauts & les tourments des persécuteurs des corps pour persévérer la confession de son saint Nom, aussi suscita-t-il, de temps en temps, dans son Église quelques bons personnages qui s'opposèrent de vive voix & par écrit, avec heureux succès, aux cavillations (procédés frauduleux), calomnies & blasphèmes des hérétiques: tellement qu'aussitôt que Satan avait mis aux champs quelque telle bande pour assaillir la Jérusalem céleste, le Seigneur lui envoyait peu après au-devant de lui quelques vaillants champions qui repoussaient les coups, au point que les élus de Dieu sont toujours demeurés à couvert, & les hérétiques confus, périssant très malheureusement pour la plupart, comme les histoires Ecclésiastiques en font foi.
LES
principaux patriarches de ces hérétiques anciens ont été Simon le
Magicien, Valentin, Cerdon, Artemon, Novatus & Arius. Quant aux fidèles Docteurs de l'Église, qui se sont courageusement & heureusement opposés à ces malins esprits, les livres d'une partie de ces derniers sont en lumière que les vrais Chrétiens se servent encore aujourd'hui dans de nombreuses occasions contre les hérésies renaissantes. Vrai
est que ce que l'on dit qu'il ne se trouvera pas
d'homme qui soit parfait, ce
qui
se peut aussi se
rapporter en quelque sorte à ces saints personnages, qui, en
travaillant à l'œuvre du Seigneur sur un fondement très précieux
& très ferme, y ont parfois jeté du foin &
d'autres
matières de peu de durée, & mêlé un peu beaucoup de la misère
de leurs temps avec des matières bien solides & par eux
dextrement (avec
dextérité)
agencées. Entre tous ceux qui ont grandement servi à l'Église Chrétienne dans leur temps, saint Augustin, Évêque Africain, mérite d'être ramentu (rappelé), pour les grandes grâces que le Seigneur lui départit, lesquelles ce personnage cultivé, modeste & craignant Dieu fit merveilleusement bien valoir.
Ce
n'est pas pour exclure les autres qui se sont courageusement employés
& dont les écrits font encore aujourd'hui preuve d'une
érudition, piété & affection singulière; mais celui-là
semble emporter le prix entre tous les instruments dont il a plu à
Dieu de se servir jadis pour l'ornement &
pour la défense
de son Église. Voici donc ses paroles, en faisant mention de ce qui était advenu dans ce saccagement de Rome où les Chrétiens n'avaient été nullement épargnés dans leurs biens ni dans leurs corps.
«LES
Chrétiens (dit-il) ont perdu tout ce qu'ils avaient. Ont-ils perdu
la Foi, la crainte de Dieu, les biens de l'homme intérieur qui est
riche au ciel? Ainsi donc, les fidèles qui ont perdu les biens terriens dans ce saccagement fait par les Goths, les possédaient, comme ce riche au dedans & pauvre au dehors les avait enseignés, c'est à dire usant de ce monde comme n'en usant point. (1. Cor. 7.31)
Ils
ont pu dire avec ce personnage si gravement éprouvé, &
toutefois victorieux: Afin que ce bon serviteur eût de grands biens, il s'est assujetti à la volonté de son maître, pour être riche en son âme en la suivant, & de ne point se contrister (s'attrister) en laissant en ce monde les choses qu'il devait quitter, mourant tôt après. Or, ces gens “infirmes” qui étaient tant soit peu attachés aux biens terriens, encore qu'ils ne les préférassent point à Christ, ont néanmoins senti, en les perdant, quelle faute ils avaient faite en y mettant leur affection. Car ils ont reçu de la tristesse selon qu'ils s'étaient enfermés dans leurs douleurs, comme nous l'avons montré ci-dessus par les mots de l'Apôtre.
Il
fallait aussi qu'ils apprennent par expérience, ce que la parole
n'avait pu les persuader. Au reste, quand l'Apôtre dit:
Ceux
qui ont ainsi gouverné leurs biens ont beaucoup gagné en perdant
peu & ont eu plus de contentement des richesses que
ceux qui
les ont conservées en ne les donnant pas alaigrement (de
bon coeur), que de tristesse pour des
biens vite
perdus pour avoir voulu les garder soigneusement. «Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la teigne & la rouillure gâtent tout, & où les larrons (voleurs) percent & dérobent; mais amassez-vous des trésors au ciel, où la teigne & la rouillure ne gâtent rien & où les larrons (voleurs) ne percent ni ne dérobent, car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur;» Ceux-ci ont connu au temps de l'affliction combien ils avaient sagement bien fait de ne mépriser ce docteur véritable, fidèle & invincible gardien de leur trésor. Et, s'ils se sont réjouis d'avoir caché leurs richesses dans un lieu dont l'ennemi ne pouvait approcher, combien plus certainement & assurément se sont-ils réjouis, étant eux-mêmes recueillis dans ce lieu, où l'on ne les pouvait nullement les attraper?
À
ce propos, Paulin, Évêque de Nole, notre bon ami, étant fort riche
des biens du monde, très pauvre de volonté & de très sainte
vie, se trouvant entre les mains des Barbares, quand Nole fut
saccagée, priait en son cœur en cette sorte, comme il le nous a
déclaré depuis:
Ceux
qui, au contraire, se sont repentis de n'avoir point
suivi ce
conseil, ont appris, par l'expérience, ce qu'ils n'avaient pas
sagement pourpensé (réfléchi)
auparavant. Mais (dira quelqu'un) plusieurs bons Chrétiens ont été
tourmentés pour déceler (révéler)
leurs biens aux ennemis. » La longue famine a dévoré beaucoup de Chrétiens; soit; mais aussi les vrais fidèles ont converti cela à leur usage par une sainte patience. Car la faim fait comme une maladie, sauvant le corps des misères de ce monde. Elle a appris aux survivants à vivre plus sobrement & jeûner plus longuement. Mais plusieurs Chrétiens ont été tués, & grand nombre ont été exterminés par des supplices vilains & cruels. Si la mort est une chose étrange, tant il y a, qu'il faut que toutes créatures vivantes dans ce monde passent par là. Je sais bien que nul n'est mort qui ne dut mourir quelquefois. Que chaut-il (que m'importe-t-il) en fin de la vie, si elle a été longue ou brève?
Car
ce qui n'est plus n'est pire, ni meilleur, ni plus grand. Quel
intérêt y a-il de quelle sorte de mort on meure, puisqu'on ne peut
contraindre le mort à mourir encore une fois? Et vu qu'une infinité
de morts menacent chacun tous les jours, à cause des divers
accidents de cette vie, autant de temps que l'incertitude des choses
à venir dure, je demande lequel des deux est meilleur, ou souffrir
une mort pour une fois en mourant, ou en craindre cent mille en
vivant?
Ceux
donc qui sont nécessairement obligés à mourir ne se doivent pas
beaucoup soucier par quel accident ils mourront, mais où ils seront
contraints d'aller après la mort. Mais les corps des fidèles n'ont pu être ensevelis lors de ces horribles massacres. La vraie foi ne craint pas tel accident, se souvenant des choses susdites, & que les bêtes charognières ne nuiront point aux corps qui doivent ressusciter, de la tête desquels ne périra pas un seul cheveu. Aussi la vérité ne dirait pas: «Ne craignez point ceux qui tuent le corps & ne peuvent tuer l'âme, (Matt. 10. 28.)» si ce que les ennemis ont voulu faire des corps massacrés nuisait d'une façon quelconque au bien de la vie avenir.
Si
d'aventure quelque étourdi veut maintenir qu'avant la mort il ne
faut point craindre les meurtriers qui tuent le corps, mais qu'après
la mort il faut craindre qu'ils n'empêchent d'ensevelir le corps
qu'ils ont tué, il s'oppose à Christ quand
il dit
que ceux qui tuent le corps ne peuvent faire d'avantage puisque
ce
serait faux, s'ils ont tant de pouvoir sur les corps morts. Il
est dit au Ps.
79, 2. 3.:
«Ils ont donné les corps morts de tes serviteurs pour viande aux
oiseaux du ciel, & la chair de tes débonnaires aux bêtes de la
terre. Ils ont répandu leur
sang comme de
l'eau
à l'entour de Jérusalem, & il
n'y avait personne qui les ensevelit.» Si la précieuse sépulture sert à quelque chose au méchant, il s'ensuit que le pauvre est malheureux s'il est pauvrement enterré, ou s'il ne l'est point du tout. Ce riche vêtu d'écarlate (Luc. 16. 19.) a été pompeusement enseveli par une troupe de ses serviteurs, en la présence des hommes; mais ce pauvre, tout couvert de plaies, a été beaucoup plus magnifiquement enseveli par les Anges en la présence du Seigneur, étant porté, non point en un tombeau de marbre, mais au sein d'Abraham, &c. »
Mais plusieurs disent que les Chrétiens ont été emmenés captifs.
Pour vrai, c'est un accident pitoyable s'ils ont été menés quelque
part où ils n'aient pu trouver leur Dieu. Il y a dans
l'Écriture sainte de grandes consolations contre un tel
inconvénient. Les trois jeunes hommes ont été en captivité,
Daniel & d'autres Prophètes semblablement (Dan.
2.);
mais le
Dieu consolateur n'a pas été loin d'eux. Ainsi donc
celui-là n'a pas abandonné les siens sous la domination d'un peuple
barbare & toutefois humain, de même qu'il a
été près
de son serviteur Jonas dans le ventre du poisson.
Nos
adversaires aiment mieux se moquer de tels miracles que les croire,
&
toutefois ils tiennent pour vrai ce que leurs livres racontent du
renommé harpeur (harponneur)
Arion, qui étant jeté dans la mer, fut porté sur le
dos
d'un Dauphin, & arriva finalement à bon
port. Au
reste, ceux qui s'élèvent contre elle quand elle est tombée en
quelque affliction, lui demandent: Où est ton Dieu? (Ps.
42. 4.)
alors,
ils répondent eux-mêmes: Où sont leurs dieux, au temps de
l'adversité, qui, pour l'éviter, les adorent? Nous avons beaucoup d'autres consolations proposées dans les écrits des autres docteurs de l'Église, mais parce que ci-après le sommaire en sera proposé dans divers endroits, & que ce premier livre sert de préface aux suivants, notre intention principale ayant toujours été d'arrêter les fidèles dans ces recueils à la considération de l'état de l'Église de Dieu depuis le temps de Wiclef en ça (jusqu'à maintenant), il n'est pas besoin de nous étendre davantage sur ce point. Ajoutons ici ce mot, quant à la doctrine de l'Église primitive Chrétienne, qu'elle a été fondée sur la parole de Dieu, & malgré les efforts de Satan par les persécuteurs, hérétiques apostats, & par l'Antéchrist, les fidèles ont toujours retenu ce fondement: Que Jésus Christ est le seul moyen par qui nous obtenons rémission des péchés, grâce devant Dieu, & vie éternelle en corps & en âme sur les cieux. MAIS au reste ceux qui se sont ainsi furieusement attachés aux membres de Jésus Christ, ont senti dans la vie présente même son juste courroux, ce dont il nous faut traiter maintenant, & parler aussi sur tout de ce qui est advenu aux principaux persécuteurs de l'Église ancienne; car quant à ceux qui ont couru sus aux fidèles en ces derniers temps, ils sont marqués en divers endroits des livres suivants, & point n'est besoin de répéter une même chose. |
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